Encore enchantés de la journée de la veille (on ne s’attendait pas à une telle intensité, reconnaissons-le) c’est bien prévenus et mieux préparés que votre duo de serviteurs de choc se prépare à attaquer cette deuxième et dernière partie. La journée est déjà plus dense (deux fois plus de concerts que la veille !) et s’annonce riche en attentes autant qu’en découvertes… C’est sous un soleil radieux (qui ne nous aura pas quitté de tout le week end) que l’on rentre donc dans l’enceinte du Z7, motivés et prêts à en découdre.
HUMULUS
A midi pile on y est accueillis par les riffs bien lourds de Humulus : le trio transalpin n’est pas connu pour sa finesse, auréolé d’une réputation de gros bourrins fans de bière avant tout (les “Tankard du stoner” entend-on ici ou là…). Même si on n’est pas non plus au complet opposé de cette image d’Epinal (la passion du groupe pour le nectar houblonné est quand même TRES présente, à l’image de ces bouteilles à l’effigie du groupe qui traînent à leurs pieds – on n’est jamais si bien servis que par soi-même ! – qui une fois vidées sont même recyclées en bottlenecks improvisés) on découvre sur scène un trio plus riche en nuances. La musique du groupe se caractérise surtout par son efficacité, servie par une interprétation sans faille, solide. Certes, quelques passages sont moins performants (notamment sur des sections instru mid-tempo un peu moins prenantes et moins originales aussi) mais globalement on déguste cette introduction avec un plaisir non feint, et le stoner costaud des italiens nous donne la banane. On notera d’ailleurs que le public dès l’ouverture quasi matinale du festival est déjà dense. On est habitués en festival parfois à entamer la journée avec des groupes de qualité moindre, ce ne fut le cas ni hier ni aujourd’hui sur le festival, la barre étant haute dès le début !
MESSA
Deuxième formation de la journée, deuxième groupe transalpin et deuxième concert sur la scène extérieure : c’est au tour des Italiens, qui assurent l’ouverture de la campagne européenne de Dopethrone (pour les premières dates), de prendre place sur les planches à pile poil 13 heures. Petit bémol : quand l’horloge du clocher du village de Pratteln (ah ouais, nous avons attendu la sixième édition pour aller nous balader dans le village coincé entre les collines et les industries chimiques) sonne, nous voyons débouler le tourbus à la bourre dans le parking réservé aux groupes. La bureaucratie légendaire des fonctionnaires des douanes (suisses et italiennes) a contribué – à sa manière – à la prestation de Messa. Installé en un temps record, le groupe tirant sur le doom n’a, au final, que raccourci son show d’un seul titre, gagnant, au fil des morceaux, en intensité et éclipsant de leur prestance scénique les désagréments liés à leur arrivée tardive. Dans son t-shirt à l’effigie d’une vieille gloire du metal scandinave, Sara, la frontwoman à la rouge crinière, envoûte son public, même si la lumière de ce jour radieux ne constitue pas l’ambiance la plus propice pour savourer ce style musical auquel la noirceur sied comme un gant. L’encens brûlant sur le bord de la Side Stage a aussi contribué à l’atmosphère d’un concert assuré de main de maître par un groupe rompu à l’exercice scénique, qui aura déployé son doom assez abordable sans le confort d’un soundcheck voire d’un linecheck : chapeau c’t’équipe ! Mention spéciale à la vocaliste hors pairs qui fera encore parler d’elle à l’avenir vues ses compétences (et aussi au chauffeur-videur de van qui a limité les dégâts potentiels liés à ce départ décalé non prévu).
GLANVILLE
Le club des cinq de Darmstadt donne le coup d’envoi de son set à peine la prestation extérieure de Messa achevée (pas le temps de siroter un café avec des bulles pour les inconditionnels des bars). Les Allemands dépucèlent la Main Stage pour ce second jour en explorant un registre hard rock aux relents fort vintage. Ces gens citent le grand Rudolph de leurs compatriotes Scorpions, c’est vous dire l’inspiration des gars. Vu le style, et l’heure peut-être aussi, le public est clairsemé, malgré le dynamisme déployé sur scène. Il faut avouer que les Teutons touchent bien leur bille question technique et qu’ils ne semblent pas débuter (ah ouais on se sent entre contemporains avec ce genre de combos), mais question fréquentation on verra nettement plus impressionnant dans la journée. Les qualités du groupe sont clairement hors de cause parce que ça balance et c’est catchy. Le problème c’est le style qui visiblement ne touche ni les amateurs de fuzz, ni les inconditionnels de doom et pas franchement les bourrins présents dans la place. Au final, on ne se fait pas carrément chier, mais en vrai le combo et ses attitudes de rockstar ne nous touchent pas vraiment, et quand on considère les gens autour de nous on s’autorise à penser que Glanville rencontrerait un meilleur accueil de la part du public dans d’autres rassemblements musicaux plus orientés metal.
THE WELL
On a bien usé les deux excellentes galettes de The Well et on ne cache pas notre enthousiasme d’enfin voir le trio texan sur les planches, où il se fait trop rare (en tout cas sur le Vieux Continent). Il n’y a pas besoin de plus de 3 ou 4 accords pour nous rassurer quant à la qualité d’interprétation et à l’énergie développée sur scène. A croire que c’est dans leurs ADN (il doit y avoir un sacré paquet de trucs chimiques dans leur lait, faut dire), les combos texans ont généralement ce “truc en plus”, cette dynamique singulière et souvent débridée, cette assurance qui en fait de terribles machines de scène (cf. Duel, Dixie Witch, Mothership, Honky, Wo fat…). The Well confirme l’appartenance à cette lignée tout en proposant un heavy rock plus nuancé et moins nerveux : piochant dans des influences clairement old school, une main côté heavy doom US, l’autre main dans le proto-heavy rock 70s, le groupe propose une mixture aiguisée et emballante qui semble ravir le public. Scéniquement, le trio est impeccable, sans surjouer, en pleine capacité d’embarquer un public : Lisa assure peinard une rythmique galopante à grands coups de Rickenbacker et des lignes vocales impeccables, parfois aidée par Ian Graham, entre deux poignées de riffs cinglants et de soli réjouissants. On notera l’insertion de quelques samples ici ou là qui permettent de densifier les compos du trio (dans certains cas ces ajouts en live sont un peu foutraques, reconnaissons-le). Et ca déroule ainsi pendant 45 minutes qu’on ne voit pas passer, devant un public bien tassé qui lui aussi semble prendre son pied (en particulier les deux gros blaireaux hilares au premier rang et tout à fait confiants dans leur pouvoir comique qui se lanceront leur peluche requin pendant une bonne partie du set…).
ANCESTORS
Le moins que l’on puisse dire c’est que durant cette journée, on aura passé agréablement d’un style à l’autre et que, entre nous, on y aura trouvé notre compte la plupart du temps. Avec le style très progressif du quatuor californien, nous nous sommes lovés dans un cocon aérien baigné de volutes bleutées ; le quatuor de la Cité des Anges a dû user les productions de David Gilmour ainsi que celles de Roger Waters jusqu’à la corde pour en extraire ses influences principales. Un peu à la rencontre d’Earthless et de Monkey 3, les Américains déploient des titres qui s’étalent dans la durée en empruntant tous à un moment ou à un autre un chemin intimiste qui était souligné par l’impassibilité de ses membres ainsi que par un jeu de lumière résolument sombre (les photographes de l’assistance ont apprécié). Cette prestation planante (et parfois pompier) de quarante minutes a trouvé son public elle aussi même si vos deux serviteurs n’ont pas réellement été transcendés par le combo de Los Angeles qui demeure toutefois des plus intéressants sur disque. Leur set aura eu le mérite d’explorer un style assez en retrait de la programmation 2018 du Up In Smoke de cette année, mais clairement pas hors sujet pour les festivaliers. Au rayon rencontre du troisième type, quatre autres types allaient eux aussi nous emmener hors du cadre sur la scène extérieure, et nous avions hâte d’aller jeter un coup d’œil sur la suite des festivités.
THE NEW DEATH CULT
Inconnu de nos services, TNDC (comme on dit dans les milieux qui s’y autorisent) avait pas mal piqué notre curiosité en raison des grimages en cours sur ses membres durant les instants qui précédèrent leur set, voire aussi depuis que nous avions découvert leurs tronches à l’annonce de leur participation à la fête. Nous avons donc quitté l’univers planant régnant sans partage durant le show d’Ancestors pour nous faire télescoper par quatre rockers à la tenue de scène nous rappelant fortement Punish Yourself (vous voyez le genre de référence qu’on utilise sur un site dédié au stoner…). Les jeunes d’Oslo misent sur le visuel et franchement il n’y a pas à tortiller du cul : ça fonctionne régulièrement auprès d’un public rock peu sectaire, mais sur ce coup-ci leur répertoire entre Muse (nous vous laissons constater que nos références ratissent mainstream) et My Chemical Romance (nous allons cesser ici de citer des références qui pourraient discréditer une partie de notre rédaction et générer une lapidation en règle lors d’un prochain festival) n’a clairement pas provoqué de grosses turgescences sous la ceinture des spectateurs. Alpha, Beta, Gamma et Delta quittèrent l’estrade en avance et dans une indifférence certaine sans même que le moindre zozo aviné ne réclame un rappel. Dur ! Dur car c’est plus une erreur de casting qu’une mauvaise prestation qui a provoqué ce rejet massif du répertoire nerveux d’un quatuor fort dynamique sur scène. Ils n’avaient pas leur place ici, mais l’ont certainement auprès d’autres tribus de la grande famille du rock, et nous leur souhaitons vraiment le meilleur pour la suite auprès d’un public plus en lien avec leur style.
NAXATRAS
On a beau apprécier la discographie du trio grec, on sait aussi, tandis qu’on se dirige vers la main stage, que les groupes évoluant dans ce style musical jouent sur la corde raide, en équilibre précaire entre immersion trippante enthousiasmante et set ennuyeux et laborieux étiré en longueur via des pseudos jams mal inspirés. Vos serviteurs n’ayant jamais eu l’occasion de capter le groupe sur les planches auparavant, nous voyons nos doutes balayés au bout de quelques minutes, devant le simple constat d’une sorte de vague bienheureuse qui se déploie dans le public, qui ondule béatement pendant trois beaux quarts d’heure. Les trois jeunes musiciens, baignant dans un light show très bien étudié, déploient tranquillement un savoir faire remarquable, fait d’un talent d’interprétation inattaquable, et d’une inspiration dans les compos qui fait toute la puissance du set : basculant de passages psyche à des plans plus lourds, parfois chargés en grosses doses d’un space rock classieux, le groupe prend son public par le col et ne le lâche plus. Les quelques interventions sympathiques de John Vagenas ne viennent jamais complètement rompre l’enchantement des titres, parmi lesquels le groupe nous propose un avant goût de son prochain album à travers un morceau inédit. On ressort de cette expérience avec la farouche conviction qu’un nouveau grand groupe est en train d’émerger dans ce genre musical exigeant.
CHILD
Encore un peu embrumés par la prestation envoûtante et immersive du trio grec, c’est vers un autre trio que l’on se dirige, avec envie : les Australiens de Child ont toujours proposé des prestations live remarquables, basées sur une production vinylique tout aussi enthousiasmante. La formation emmenée par Mathias Northway entame un set classieux devant une assistance dense et intéressée. Malheureusement, les esprits et les corps semblent lourds et engourdis par la séance précédente sur la main stage (et se préparent sans doute aussi à l’assaut en 5 temps qui s’annonce juste ensuite), et ils ne répondent pas plus que par une attention soutenue, voire quelques phénomènes ondulatoires disséminés. Victime probable d’un créneau espace-temps défavorable, voire d’un alignement des planètes malheureux, nos trois larrons ne déméritent pourtant pas : leur hard rock fuzzé riche en plans psyche et blues est exécuté à la perfection. Un peu à l’image de Radio Moscow et de son frontman, Northway est un guitariste-vocaliste surdoué, propagateur d’un feeling indécent et d’un touché à la guitare sans pareille, qui mène sa barque avec une humilité tangible (voir la place accordée à ses compères) et un talent incontestable. Ses soli sont délicieux et on n’en perd pas une goutte. Malheureusement, on constate nous-même notre propre incapacité à s’immerger pleinement dans ce set… Parfois, on n’a juste pas la clé, et l’alchimie ne passe pas, sans qu’on ne puisse comprendre pourquoi. Un groupe remarquable, une prestation irréprochable, mais une date qui ne restera pas dans les annales.
ELDER
Elder sera le premier acte du quinté de folie qui a animé cette dernière journée de la manifestation (réjouissez-vous les enfants : on passe à trois jours dès l’an prochain). Le public était chaud bouillant pour cette suite d’anthologie et lorsque le – désormais – quatuor de Boston a ramené ses miches sur scène il régnait une ambiance des plus électriques dans la halle. Du côté de vos envoyés sur place c’était aussi la fête du slip vu que la prestation berlinoise à laquelle nous avions assisté il y a quelques mois nous avait bien laissé sur le cul ! Il faut dire que nous sommes assez fans de la bande de Nick DiSalvo (certainement pas le nom le plus simple à porter à Boston vu la proximité sonore avec Albert) et que la formule en quatuor qui nous avait tant fait nous interroger avant de la jauger sur pièce avait fini par nous convaincre. La foule des grands jours était au rencard et Elder a déroulé le grand jeu une heure durant en misant sur son jovial bassiste, Jack Donovan, pour assurer la partie un peu plus visuelle du spectacle tant ses compères sont focalisés sur la technique qu’ils déploient live. Tout comme d’habitude, le groupe de la Nouvelle-Angleterre a été ahurissant et comme à l’accoutumé nous avons été envoûtés par leur prestation dont le point d’orgue a été une nouvelle fois « Compendium » : l’énorme composition qui a largement contribué à placer Lore parmi les productions qui ont marqué le renouveau du style que nous chérissons en le désamarrant de ses ports d’attache scandinave ou californiens originels. Merci à ces lascars : ils sont magiques !
DOPETHRONE
Celles et ceux d’entre nous qui ont assisté à la prestation du trio québécois au dernier Hellfest sont restés sur un sentiment… d’inachevé, dirons-nous. Notre attente est donc double à l’entame de ce set des slutcheux (!!) de Dopethrone : d’une part prendre enfin la torgnole tant espérée en juin dernier, et d’autre part évaluer aussi la part de progrès dans la carrière du groupe, que malheureusement vos serviteurs n’avaient pas vus sur les planches depuis trop longtemps. Avouons-le tout-de-go : sur les deux objectifs, les résultats auront dépassé nos espérances. Armés d’un son redoutable, délicieusement gras et profondément lourd (pour l’anecdote, les déflagrations déclencheront même l’alarme du tour bus du groupe, garé derrière la scène…), les cartouches disséminées sans lever le pied par les canadiens font des dégâts considérables sur un public plus que consentant. Il faut dire que la set list est habile et audacieuse en même temps, proposant une poignée de beaux glaviots issus de leur récent Transcanadian Anger (mention spéciale au salement groovy “Tweak Jabber”), mais faisant quasiment l’impasse sur le pourtant puissant Hochelaga (seulement “Scum Fuck Blues”, quand même) pour plutôt mettre l’emphase sur le plus ancien mais néanmoins brutal Dark Foil, avec des brulots comme “Tap Runner”. Petite cerise sur le gâteau glaireux, leur copine Julie monte sur scène pour partager les vocaux avec Vince comme elle le fait sur albums pour “Zombie Powder” et “Miserabilist”, sauf qu’elle reste finalement une bonne part du set. L’idée est audacieuse (le groupe passe donc une large part de son set en format quatuor) mais réussie, le brin de voie délicieusement dégueulasse de Julie se mariant à la perfection au timbre subtilement déchiré de Vincent, pour des contrepoints du meilleur mauvais goût. La fosse, subtilement haranguée par Vincent pour qu’ils se jettent les uns sur les autres, ne se fait pas prier, et le mosh pit ne faiblit pas pendant presque une heure, duquel jaillissent slammers et stage divers occasionnels (chassés de scène à coups de pieds au cul). Un groupe au top de sa forme, un public ravi de se lâcher, ce set fut une totale réussite.
WITCHCRAFT
Après la débauche de sauvagerie livrée par Dopethrone devant un pit des plus animés, retour indoor pour l’avant-dernier acte à s’y produire : Witchcraft est dans la place et on est au taquet. Il faut dire qu’on avait loupé les Suédois en 2013 à Berlin en raison d’une défection de dernière minute (on s’était consolé avec des remplaçants de grande classe : Troubled Horse vus l’an dernier ici-même, et ça avait été mortel) et que nous apprécions pas mal le boulot du groupe d’Örebro qui a prouvé avec Nucleus, sorti il y a deux ans, que nous devions encore compter sur eux (pour ne rien vous cacher nous les pensions morts) ! Les 5 vikings ont ratissé dans leur répertoire de toute beauté pour nous enchanter avec leur stoner qui se décline alternativement de manière apaisée et de manière plus énergique (on ne va pas se mentir ça paraissait quand-même un poil calme entre les deux formations qui les encadraient sur la Side Stage). Ces gars assurent encore et toujours lorsqu’ils déclinent leurs morceaux sur scène et franchement ils nous en ont foutu plein la gueule tant leur prestation était techniquement maîtrisée. On notera aussi que Pelander n’occupe plus uniquement le rôle de vocaliste inspiré et talentueux qu’il est, mais aussi celui de troisième guitariste désormais (ses déplacements sont donc un peu plus limités qu’à l’époque où il se baladait partout sur la scène). L’accent a été mis sur la masterpiece Legend avec cinq titres dont le majestueux « It’s Not Because Of You » qui n’a pas pris une seule ride, l’intense « Dead End » et surtout l’entrée sur scène sur « Deconstruction » qui est une perle dans le genre bien traditionnel et soutenu. Une performance de haut vol pour un combo qui ne cesse de progresser sans altérer une formule qui nous est si chère !
ACID KING
La fin de ce Up in Smoke sera doom ou ne sera pas, qu’on se le dise. Et à ce jeu là, difficile de faire mieux que ce qui nous est proposé ce soir, et en premier lieu les vétérans de Acid King. La première étape comme à chaque fois avec Acid King consiste à évaluer les forces en présence : qui Lori a-t-elle embarqué cette fois pour l’épauler en tournée ? On retrouve en premier lieu Rafa, batteur extraordinaire de Black Cobra, que l’on retrouve comme souvent chez Acid King… à la basse ! Il faut dire que le cogneur est aussi un excellent bassiste (comme tous ceux qui se sont succédés sur ce poste au sein du Roi Acide) qui délivre une prestation excitante et enivrante pendant presque une heure de set. A la batterie, un petit nouveau dans cette formation : Bil Bowman, frappeur déja entendu derrière les fûts des très intéressants Hornss, un autre groupe de San Francisco. Bref, là non plus, rien à redire. Reste donc à la maîtresse des lieux Lori de fixer la tendance de ce soir. Et elle est en forme, donc tout va bien. Fidèle à elle-même, sans trop en faire, elle balance ses riffs sur-fuzzés lents et lourds et aligne des vocaux lancinants et hantés dont elle a le secret. Elle est impeccable, là où on l’attend. Dans une niche de doom old school fiévreux, Acid King devient petit à petit l’un des derniers gardiens du temple, une référence inamovible qui, sans jamais transcender complètement le genre, en apporte une interprétation toujours infaillible et hautement jouissive. Encore un excellent moment…
ELECTRIC WIZARD
On prend les presque mêmes et on recommence : comme en 2016, il revient aux Britanniques de mettre un point final au Up In Smoke sur la grande scène. Bien évidemment, vu le pédigrée de cette équipe, il y a du monde dans la place malgré les crêpages de chignon qui ont animé les réseaux sociaux à la sortie du petit dernier, Wizard Bloody Wizard. De cette dernière production, ils tireront le très lent « See You In Hell » avec son groove diablement efficace. Comme autre nouveauté : nous retrouvons sur scène un nouveau bassiste (encore !) ayant rejoint le quatuor depuis peu ; le garçon se débrouille correctement sur son instrument et scéniquement il est comme les trois-quarts du groupe : dans une obscurité certaine. Seul le père Oborn est parfois mis en valeur par des spots verts car visuellement ce sont les projections interlopes que cette formation aime à proposer en fond des scène qui captent les regards (en plus de Liz – la guitariste – je vous vois venir bande d’obsédés !). On souligne que ces grands professionnels étaient sur place aux aurores afin de veiller à ce que le système dispensant ses animations soit réglé aux petits oignons tout comme le son de leurs instruments ; ils ont soundchecké alors que la plupart des festivaliers étaient encore dans les bras de Morphée (c’est aussi ça la rock’n’roll attitude). Question setlist, rien de bien extraordinaire, mais une flopée de valeurs sûres alignées après avoir passé l’énorme « Procreation (Of The Wicked) » de Celtic Frost sur la sono, un titre qui fait partie intégrante du folklore local. On s’est tapé « The Chosen Few » que nous avions capté pour vous au Hellfest (coupure pub : vous le retrouverez facilement sur notre chaîne YouTube) et l’énorme « Incense For The Damned » qui a bastonné correct entre les murs du Z7. Pas franchement cascadeur comme choix de la part des programmateurs, Electric Wizard demeure néanmoins un bon groupe de scène qui a fédéré la plupart des festivaliers durant son set prouvant ainsi non seulement son statut d’icône d’un certaine approche du doom, mais aussi sa capacité à rassembler des amateurs de sensations plus épicées ou plus apaisées et c’est ça aussi la communauté stoner.
Le festoche se termine sur ces accords pachydermiques et une énième prestation de haute volée. A l’heure des bilans, on reste soufflé par la qualité de cette édition : alors que l’affiche pouvait apparaître sur le papier hétérogène et risquée, dans les faits il y aura eu très peu de points faibles, et au contraire des révélations, voire même des groupes pourtant déja vus et revus qui ont proposé des prestations au sommet de leur savoir faire. Rajoutez à celà une nouvelle configuration ajoutant une seconde scène à très grande capacité, dotée d’un son impeccable (sur les deux scènes, et quasiment sur tous les concerts du week-end), et toujours cette bonne ambiance dans le public (pas de prise de tête, sourires, respect…), et vous obtenez ce qui, selon vos serviteurs, est peut-être bien la meilleure édition de ce festival depuis sa création… On signe direct pour l’an prochain, où on nous annonce déjà une édition désormais sur 3 jours !
*** NOTRE VIDEO REPORT DE LA JOURNEE DE FESTIVAL : ***
Chris & Laurent
(photos Laurent)
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