Valient Thorr, 5 août 2013, Volcom Ramprock, Anglet, France

Dans un contexte très similaire, et à l’initiative des mêmes gars très cools, on avait assisté il y a quelques années à un concert de Karma To Burn avec les musiciens suspendus sur une plateforme en bois de 2 m² au bord d’une rampe de skate. L’événement de ce soir transpire le même feeling : concert gratuit, bières gratuites, des rampes de skate à gogo (le concert se déroule dans les bureaux mêmes de Volcom, qui disposent au rez de chaussée d’un énorme hangar dédié aux skaters), une pub minimale (via facebook et le bouche à oreilles “local”)… Coefficient coolitude au top !

En arrivant sur place, confirmation : à quelques encablures de la plage, le soleil cogne encore, l’endroit est rempli de skaters, tout le monde est relax… Les musiciens du groupe viennent taper la discute, on voit même le bassiste Nitewolf s’essayer à la grande rampe de skate avant le concert ! La configuration de la scène, en revanche, fait un peu peur : une mini estrade de vingt centimètres de haut, une mini-table de mixage rudimentaire (reliée aux micros par un câble suspendu au plafond !), quatre ampoules de couleur posées sur un pied en fond de scène en guise de lightshow, deux enceintes sur pieds en plus des amplis… Roots ! Vers 22h, le groupe monte sur scène sur le modeste “Ainsi parlait Zarathoustra” de Strauss et entame avec un virulent “Heatseeker”, un titre assez ancien au coefficient percussif non négligeable. La suite sera à l’avenant : le rapide “Infinite lives”, le classique “Goveruptcy”. Puis le groupe nous délivre les premiers titres issus de son dernier opus, à commencer par le martial “Master Collider”.


Scéniquement, le spectacle offert par le quintette est toujours aussi spécial : déjà, ils se la donnent devant ces quelques dizaines de spectateurs comme si les bonhommes étaient en tête d’affiche devant 100 000 personnes. Chaque solo est arraché comme si leur vie en dépendait, chaque ligne vocale est éructée avec rage, chaque frappe de caisse claire est violemment asséné… Evidemment, même si les chœurs constituent une composante importante de la musique de VT, c’est Valient Himself au chant qui mène la barque : le charisme inéluctable du chanteur perturbe d’abord, son physique approximatif (cheveux longs, calvitie naissante, bide velu protubérant, chaussures de catcheurs sur jean moulant…) n’évoquant pas forcément le bellâtre de base. Ses vocaux en revanche sont inattaquables : dans un registre puissant, il donne l’impression de hurler tout le temps, mais n’est jamais mal à l’aise dès que des passages plus mélodiques sont nécessaires (il nous fera même penser à feu-Bon Scott sur certains passages). Au-delà de sa performance vocale, il faut le voir courir dans tous les sens, haranguer les gars du premier rang, faire asseoir tout le public pour le rejoindre et le faire “pomper”… la communication avec le public est continue. Par ailleurs, il sait aussi rendre à César ce qui est à César, et par la même rendre hommage au Dieu guitare : il faut le voir s’agenouiller et se prosterner devant ses gratteux dès lors qu’ils crachent un solo stellaire comme ils en ont le secret. Car il serait temps de leur rendre honneur : la paire de gratteux de Valient Thorr est énorme, aussi à l’aise sur les rythmiques que sur les innombrables soli, impeccablement exécutés. Une belle paire de shredders, portée de mains de maîtres par un Nitewolf toujours dans le registre de la force brute derrière sa basse.

Niveau set list, on a droit à plus d’une douzaine de morceaux (plus d’une heure de set), issus de toute la carrière du groupe. Les moments forts seront bien sûr le terrible “Double crossed”, ou encore les mélodiques “Torn apart” et “No strings attached” issus du dernier album. Quand le groupe termine son set par le furieux “Sleeper awakes” et son refrain-hymne, enquillé du classique “Tough customer”, tout le monde a le sourire et voit le groupe quitter la scène un peu triste, mais rassasié. C’est mal compter sur nos gaillards : Valient Himself remonte seul sur scène, vite rejoint par ses collègues pour exécuter (c’est le cas de le dire) un “Mask of sanity” définitif, qui aurait manqué à cette set list par ailleurs impeccable. On notera à cette occasion l’attitude remarquable des américains, qui, face à un public plutôt peu nombreux (plusieurs dizaines de spectateurs, une centaine peut-être, skaters compris…), n’hésite pas à remonter sur scène pour jouer un titre initialement non prévu, pour faire plaisir à un public conquis, à peine musicalement défloré.

Bref, une fort bonne soirée, comme on aimerait en voir plus : une sorte de démarche désintéressée, ouverte, une expérience à part… Merci Volcom pour organiser ça !

Laurent

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