YOB, PALLBEARER – 6 octobre 2014 – Toulouse (Dynamo)

Satisfaction en rentrant dans la Dynamo, une très bonne salle Toulousaine, en constatant le remplissage très honnête du lieu. Il était en effet bien difficile de prédire comment se matérialiserait la notoriété toute relative et très underground de Yob en nos terres. Une bonne chose, donc. La soirée commence bien.

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Quand Pallbearer prend la scène après nous avoir fait poireauter une bonne heure après l’ouverture des portes, les bonhommes, mornes à souhait, prennent quelques minutes tranquilles pour accorder leurs instruments, sans mot dire. Puis le set débute dans la même austérité, propice il est vrai à leur doom introspectif. Les titres sont tous joués sur un tempo pachydermique, les montagnes de grattes étant occasionnellement percées par les vocaux de Brett Campbell. La communication avec le public est presque inexistante, le quatuor enchaînant leur poignée de titres longs et épiques sans réelle interruption. Tout ceci est très lourd, mais un peu monotone dans l’interprétation, à l’image de la prestation toute en sobriété (terme politiquement correct pour dire qu’il a presque l’air de s’ennuyer…) de Campbell. Heureusement les pauses de guitar hero de Devin Holt et l’énergie de Joseph Rowland (qui vit le set avec intensité, chantant les paroles sans micro tout au long du concert) maintiennent la tension tout du long. Reste un manque de relief sur la longueur un peu ennuyeux de la part des collègues de label de Yob. Au bout de trois quarts d’heure de set, Campbell décoche une petite vanne sur la « stomach flu » du batteur, mais surtout annonce la fin du set d’un solennel « we’ve only got one more song, but we’re gonna make it worthy », avant de se lancer dans le fiévreux « Foreigner », bien entendu, un titre puissant et envoûtant, probablement leur titre phare. Le final, propice à des avalanches de soli en harmonie parfaitement exécutés, avec un fond de samples de flûte discrets, vaut son pesant de cacahouètes. Le morceau passe bien et, clairement, remonte la barre d’un set de bonne qualité, mais qui aurait pu sinon sombrer dans l’ennui, après quasiment une heure.

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L’heure de Yob sonne enfin. Le trio tant attendu monte sur scène et, dans l’illusion d’une mise en place instrumentale improvisée, construit en réalité pendant quelques minutes l’introduction de « Ball Of Molten Head », par apport progressif des différentes nappes instrumentales. Montée en tension expresse pour un titre bien enlevé, qui donnera bien le ton d’une soirée pesante (dans le bon sens du terme). Ce titre qui a une bonne décennie dans les dents s’inclut bien dans une set list qui donne la part belle aux titres récents, dont trois (des quatre) chansons du petit dernier Clearing The Path To Ascend seront jouées ce soir – à commencer par le très lourd « In Our Blood » qui finit de construire la chape de plomb qui pèsera ensuite pendant une heure et demie sur le public ravi. Chaque titre tapant entre les dix minutes et le gros quart d’heure, l’engagement des musiciens est forcément la clé du dispositif live, et cet engagement ce soir est infaillible. Évidemment Mike Scheidt, entre rage pure, concentration, introspections extatiques, est le frontman que l’on attendait, mais aussi le chef d’orchestre d’un trio qu’il pilote continuellement. Mais ses collègues ne sont pas en reste, et tandis que Rieseberg à la batterie est plus concentré qu’expressif, le bassiste Travis Foster ne manque ni d’énergie ni d’efficacité dans son rôle crucial en rythmique. Même si Scheidt rencontre quelques difficultés techniques sur ce titre (il se reposera sur la base rythmique de ses collègues le temps de bidouiller ses branchements), son efficacité est indiscutable. Le rageur « Nothing To Win » vient par la suite terrasser un public qui est désormais complètement immergé, voire même noyé, la bave aux lèvres et la nuque hochante. « The Lie That Is Sin » s’incorpore lui aussi parfaitement dans le set, propice à une démonstration vocale du chanteur, impeccable de puissance dans des registres variés. La fin de ce titre voit le chanteur s’adresser au public pour le prévenir que, désespoir, il ne reste que deux titres à jouer. Mais, nous prévient-il, ils seront « méga extrêmes ». Les trois américains s’engagent alors dans un sentier dont peu de monde ressortira indemne, à savoir l’aventureux « Marrow », méandre émotionnel imparable sur disque, dont la retranscription live apporte, qui l’eut cru, une dimension encore différente. Le titre déroule ses différentes séquences pendant vingt bonnes minutes, tour à tour mélodiques et puissantes, créant une tension qui atteint là son paroxysme dans cette soirée qui n’en manquait pourtant pas. A ce stade, le public est dans un état de transe difficilement concevable : les visages pointent souvent vers le ciel, les yeux fermés, ou alors le regard dans le vide. Les corps, quant à eux, ondulent dans tous les sens, comme foudroyés sur place à chaque frappe de Aaron Rieseberg.

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Petit couac à l’issue de ce moment de forte émotion (propice à des applaudissements nourris), le groupe doit attendre quelques instants que la table de mixage reboote (elle aura sans doute été victime de surchauffe suite à la déferlante d’énergie encaissée), propice à une vanne de Scheidt (« it’s modern technology »…). Puis c’est le quart d’heure de « Adrift in the Ocean », petit bijou issu de leur album Atma, qui vient clôturer le set, alternant séquences atmosphériques presque tribales et passages de pure puissance doom. Sitôt le set fini, et avant même de plier leur matos, les bonhommes viendront copieusement saluer leur public, à l’image de Mike Scheidt, qui viendra s’asseoir sur un retour devant la scène pour venir discuter avec qui le veut bien, signer des disques, répondre aux questions, etc… Une conclusion en douceur en quelque sorte pour une soirée qui fut riche en émotions.

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