AWESOME MACHINE – février 2002


Encore un groupe en provenance des nordiques et prolifiques contrées suédoises, The Awesome Machine est un quatuor encore peu (re)connu, et pourtant au potentiel énorme. Compositeurs et musiciens émérites, ils se démarquent d’un traditionnel stoner rock auquel ils ont trop souvent été affiliés en le distillant avec des sonorités inédites, un son incroyable et une puissance étourdissante. A l’occasion de la sortie de “Under the influence”, discussion avec le sympathique Tobbe… Laissez-vous bercer par cette incroyable machine !

 

Pourrais-tu te présenter et présenter brièvement le groupe ?

Tobbe : Je m’appelle Tobbe Bovik, je suis le batteur de la machine… Le groupe existe depuis quatre ans, nous avons changé de bassiste et de batteur une fois, et le groupe est constitué de Anders à la basse, Christian à la guitare, Lasse au chant, et moi-même. Nous avons signé un contrat avec le label People Like You (ndlr : le vrai nom du label est ‘I used to fuck people like you in prison’ records…) en 1999 et avons sorti notre premier album ‘… It’s Ugly Or Nothing’ au printemps 2000. Nous avions auparavant auto-produit et sorti un 10″. Nous avons fait une grosse tournée en compagnie de Karma To Burn en décembre 2000, passant en Allemagne, Hollande, France, Belgique… C’était génial ! Il me tarde tant la prochaine tournée… En rentrant chez nous, nous avons immédiatement commencé à composer de nouvelles chansons pour l’album “Under The Influence” qui vient de sortir… Voilà, c’est là qu’on en est aujourd’hui ! J’imagine…

Je me suis toujours demandé d’où venait cet étrange nom de groupe…

Oh c’est une histoire marrante en fait… Les fondateurs du groupe (Christian et Stefan le premier bassiste) voulaient un nom de groupe en trois mots et voulaient avoir “The” dedans car tous les groupes les plus cools des sixties avaient “The” dans leur nom. Stefan trouvait que “Machine”était un mot plutôt cool, ils avaient donc “The Machine”. Puis un jour ils sont allés voir Kiss en concert, et en plein milieu du concert, Paul Stanley a crié au public “You’re AWESOME !” (“Vous êtes incroyables !”). Christian et Stefan se sont alors regardés et se sont dit “Ça y est ! The Awesome Machine…” En conclusion, on doit un verre à Paul Stanley !

Tu ne faisais pas partie du groupe à ses débuts, dans quelles circonstances l’as-tu rejoint ?

J’ai joué dans plusieurs autres groupes depuis que j’ai commencé à jouer de la batterie (en 1986… Pfiou, je me fais vieux ! Hahaha !). Le groupe dans lequel je jouais avant The Awesome Machine s’appelait Feel, mais des problèmes personnels ont empêché le groupe de continuer. Christian a appelé chez moi un jour par hasard, et j’en ai profité pour lui dire de parler de moi si jamais il entendait parler d’un groupe qui cherchait un batteur. Le lendemain il m’a rappelé et m’a dit : “Hey ! J’ai un groupe pour toi ! Ça s’appelle The Awesome Machine !” Je lui ai répondu : “Hey, mais c’est ton groupe ?” – “Ouais je sais… On vire notre batteur.” J’ai écouté une démo de “God Damn Evil” (qui fait partie des chansons du dernier album d’ailleurs) et j’ai été sidéré par ce son de guitare si heavy ! Une semaine plus tard je rejoignais donc TAM, et à peine un an plus tard c’est le bassiste Stefan qui a décidé de partir pour terminer ses études… Alors j’ai appelé un vieux pote, Anders, avec qui j’avais joué dans mon premier groupe, et il a accepté de nous rejoindre. Et voilà !

 

J’ai été très impressionné par ton jeu de batterie sur des chansons comme “Desire” ou “One”, soit de par leur rapidité ou bien leur rythme particulier… Elles doivent être assez difficiles à jouer, est-ce un problème lorsqu’il s’agit de jouer ces chansons live ?

Merci ! Ouais, “Desire” est géniale… La rythmique est en 5/4 et se termine par une sorte de solo de batterie où mon pied droit frappe si fort que ma jambe me fait mal pendant des jours à chaque fois que je la joue ! En fait je ne sais pas si je la jouerai live, on est en train de la répéter ces jours-ci… Peut-être la jouerons-nous avec un arrangement différent, je ne sais pas. Ce n’est pas tant qu’elle soit difficile à jouer en fait ; c’est juste qu’elle est éreintante ! On a joué “One” live pour la première fois vendredi dernier lors de la “release party” de l’album et ça a très bien marché… Certaines chansons sont faites pour rester sur l’album et ne pas forcément être jouées en concert, d’autres sont faites pour jouer en public. Mais j’ai confiance en tous les membres du groupe, nous ne sommes peut-être pas les meilleurs musiciens du monde, mais nous travaillons vraiment bien ensemble et on sait comment ‘groover’ ensemble…

Est-ce que vous pensez à la façon dont les chansons vont ressortir en live lorsque vous composez ? Et est-ce que vous avez tendance à composer des passages plus faciles à jouer en concert, ou bien est-ce que vous préférez les passages plus délicats qui représentent plus de “challenge” ?

Eh bien… Un peu des deux en fait ! J’aime les défis justement, je pense que c’est le seul moyen de progresser, que cela soit à la batterie, à la guitare ou bien même au chant. Mais d’un autre coté, il est souvent préférable de garder certaines chansons aussi simples que possible, comme “God Damn Evil” par exemple : on pourrait gâcher le groove du morceau en improvisant des breaks de batterie ou autre, et il faut toujours garder en tête ce qui est bon pour la chanson. Mais j’essaye bien entendu de jouer les chansons le mieux possible en concert.

On remarque facilement que ton jeu de batterie est très subtil, très varié, et je me demandais quels batteurs avaient pu t’influencer dans cette voie ?

Oh j’ai été influencé par beaucoup de batteurs en quinze ans de pratique de la batterie… Mais ma principale influence, mon gourou en quelque sorte, c’est le regretté Mr. John Bonham des incroyables Led Zeppelin. Il savait vraiment comment frapper une batterie Ludwig pour la faire sonner au mieux… Il était incroyable. Il est vraiment mort trop tôt. Mais j’essaye de piocher des influences un peu partout. Il y a quelques années j’ai été estomaqué par le jeu de Brant Bjork (Kyuss). Et auparavant j’ai aussi beaucoup aimé Tommy Lee, Tommy Aldridge, Ian Paice.

Toujours en ce qui concerne les influences, ce qui est marquant dans la musique de The Awesome Machine c’est qu’on ne discerne pas un genre précis ou une influence majeure dans vos chansons, et là encore je serais curieux de connaître vos influences en tant que groupe ?

Wow, franchement je ne saurais trop dire… Je pense que ça vient des goûts différents de tous les membres du groupe. Regarde Lasse, par exemple, il est fan de Tool, Anders adore Thin Lizzy, Christian est dingue de Creedance Clearwater, tandis que moi j’écoute énormément de musique psychédélique des sixties… Notre son si particulier est aussi dû au fait que nous utilisons le même matériel tout le temps. Tant que tu nous laisses la possibilité de jouer sur notre matériel, tu peux être sûr que tu retrouveras le son TAM. Et puis notre inspiration pour composer est différente chaque jour, nous n’écrivons pas pour nous inscrire dans un genre… Le genre se crée tout seul à partir de la chanson au besoin !

Pour clore ce sujet des influences, peux-tu nous expliquer le titre de votre album, “Under The Influence” ?

Trouver un titre pour un album est toujours le plus difficile… Nous avions le choix parmi de nombreuses propositions de titres, et celui-ci provient d’Anders et nous trouvions qu’il sonnait bien. L’auditeur peut lui-même choisir le nom à placer à la fin de la phrase “Under The Influence” (“Sous l’influence”…) : nous pourrions tout aussi bien être sous l’influence d’une musique, de la vie, du sexe, de drogues (ce n’est pas vraiment le cas, mais si tu trouves que ça correspond à la chanson, alors pas de problème…), bref n’importe quoi… C’est très ouvert.

 

Que représente la pochette de l’album ?

C’est l’une des roues d’un tank de la seconde Guerre Mondiale… C’est une super photo qu’a prise mon ex-petite amie il y a quelques années, et lorsque je l’ai vue, je me suis immédiatement dit : “Wow, il faut absolument qu’on utilise cette photo !” J’ai ensuite trouvé cette photo de vitre cassée qui s’adaptait bien au concept, et que nous avons mise sur le CD lui-même. Nous voulions que l’auditeur/auditrice se sente après l’écoute de l’album comme s’il ou elle s’était fait(e) écraser par quelque chose d’aussi puissant qu’un tank ! C’est toute l’essence de The Awesome Machine…

Comment composez-vous, est-ce le fruit de jams ou bien composez-vous séparément ?

Très souvent ça vient de jams… On adoooore jammer ! On peut rester des heures dans une salle de répétition à jammer sur le même riff… et on enregistre tout. On a une sorte de magnétophone spécial qui nous permet d’enregistrer jusqu’à huit heures… d’affilée si on veut ! On en ressort ensuite les meilleures parties et on commence à développer la chanson. Nous formons d’abord la structure de la chanson, puis Lasse essaye d’y placer quelques paroles par- ci, par-là… Ensuite nous retirons les parties superflues pour descendre si possible sous les cinq minutes. Mais c’est généralement Christian ou Anders qui proposent les premières idées de riffs…

Il y a plusieurs invités spéciaux sur l’album, qui sont-ils et comment se sont-ils retrouvés impliqués dans l’album ?

Nous étions tous d’accord sur le fait que nous voulions des invités sur l’album. Nous avons donc commencé à appeler plein de musiciens dans différents groupes. Nous avons donc invité Ralph Gyllenhammar le chanteur de Mustasch, qui grogne sur ‘Emotion Water’ et fait des choeurs sur “God Damn Evil”. C’était génial ! Il est venu au studio après avoir descendu une bouteille de whisky à lui seul ! Il a trouvé un jouet dans le studio, une petite voiture en plastique, avec une aiguille dessous. En fait tu peux mettre la petite voiture sur un disque et écouter la musique en laissant la voiture rouler dessus en rond ! Bref, on avait mis le “Sergent Pepper” des Beatles comme ça par terre et Ralph est devenu complètement cinglé ! Il a failli se mettre à pleurer… Il n’arrêtait pas de dire : “C’est incroyable… putain c’est incroyable…”, et puis il est rentré dans la cabine d’enregistrement et a crié comme un malade. On a aussi invité Anders Iwers du groupe Tiamat qui joue un solo/duo de guitare avec Christian à la fin de “Kick”. On a été aussi super content d’avoir Jesper et Bjorn d’In Flames pour jouer un solo de guitare chacun à la fin de “Under The Veil”… Le truc le plus cool est que tous ces groupes sont de Gotheburg comme nous ! On adore ces groupes et nous avons toujours été amis, donc les choisir a été un processus très naturel en fait. Les mecs d’In Flames par exemple ont un type de jeu tout à fait différent du nôtre, ce qui rend l’album d’autant plus intéressant…

Vous avez produit l’album vous-mêmes, est-ce que vous n’avez jamais jugé utile d’avoir un point de vue extérieur lors de l’enregistrement ?

Eh bien, nous ne sommes pas parvenus à trouver un producteur disponible au moment d’enregistrer l’album. Nous avons donc pris la décision de le produire nous-mêmes, car nous savions vraiment très bien ce que nous voulions obtenir… Nous voulions enregistrer un album qui plaise non seulement aux fans de ‘stoner rock’, mais aussi et surtout aux gens qui aiment juste le bon gros rock’n’roll. À mon avis la présence d’un producteur n’aurait fait que retarder la sortie de l’album et aurait causé plus d’engueulades en studio ! Cela ne signifie pas que nous ne voulons plus jamais enregistrer avec un producteur, mais pour cette fois cela ne nous convenait tout simplement pas… Mais tu as raison, c’est toujours bon d’avoir l’opinion de quelqu’un d’extérieur au groupe, c’est important. Nous avons donc réalisé de nombreux mixes ‘tests’ afin de faire écouter à nos amis et recueillir leur opinion avant de réaliser le mixage final.

 

J’ai entendu dire que vous avez envisagé il y a quelques temps de ne pas inclure certains titres sur l’album de manière à ce que tout l’album puisse rentrer sur un vinyl 33 tours. Comment cela se fait-il ? Est-ce que le support vinyl est important pour vous ou bien est-ce une exigence de votre maison de disques ?

On adore le vinyl mec ! Nous sommes vraiment reconnaissants à notre maison de disques de sortir nos albums en vinyl… Lorsque l’album a été terminé, nous avions 54 minutes de musique, ce qui est trop pour un 33 tours. Nous avons donc commencé à réfléchir à quelles chansons nous pourrions mettre de coté. Mais nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord, il restait donc une unique option : dire à notre maison de disques que nous voulions un double vinyl ! Quand nous avons proposé d’y rajouter notre premier 10″ en face 4, ils ont dit “OK, allons-y !”.

Est-il vrai que vous avez déjà composé et enregistré plusieurs nouveaux morceaux tandis que cet album n’était même pas encore sorti ? Vous vous ennuyez déjà ou quoi ?

(rires) On est vite frustré ! On a enregistré l’album en août, puis il ne sort qu’en février… Que faire entre temps ? Ecrire de nouvelles chansons ! Nous avons de nouvelles idées sans arrêt et nous avons la possibilité d’utiliser un petit studio pas trop cher dans la ville natale d’Anders, donc… Le résultat n’est pas parfait, mais ça sonne bien ! Et puis c’est bien d’avoir la possibilité d’enregistrer des chansons sitôt après les avoir composées, ça te donne immédiatement une idée de la manière dont elles vont ressortir sur album, la manière dont sonne tel riff de guitare ou tel break de batterie, si ça convient ou pas à la chanson. Nous avons déjà deux chansons prêtes et enregistrées, l’une apparaîtra sur un 7″ finlandais sur un label qui s’appelle World records, accompagnée d’un remix complètement différent d’une des chansons qui figure sur l’album.

Quels sont vos plans pour les mois à venir ? Il y a votre tournée avec les excellents Mushroom River Band, est-ce que vous prévoyez de venir en France et en Suisse avec eux ?

Avant cette tournée on va jouer autant que possible en Suède, chez nous, puis nous partons pour Londres le 24 avril. Je crois que la Suisse est prévue, je ne me rappelle plus ce qu’il en est pour la France… Mais on ne sait jamais, de nouvelles dates se rajoutent chaque jour ! Nous avons joué à Nancy au cours de notre dernière tournée, et c’était génial ! C’était au sous-sol d’un vieux petit bar, probablement la plus petite salle dans laquelle nous n’aillons jamais joué !

Et après cette tournée, que prévoyez-vous ? Une tournée américaine peut-être ? Ou bien déjà un nouvel album ?

Nous adorerions tourner aux Etats-Unis mais nous n’avons aucun plan dans ce sens pour le moment… Nous aimerions jouer dans quelques festivals ici en Suède et au Danemark. Puis il sera temps de composer et enregistrer un nouvel album, mais je ne pense pas qu’il sorte avant l’été 2003. Nous essayerons de sortir quelques 7″ et singles en attendant.

Pour conclure l’interview, que souhaiterais-tu dire à nos lecteurs ?

Achetez l’album, écoutez-le à fond sur votre chaîne hi-fi, ouvrez une bière et ressentez le groove !! On se voit en tournée très bientôt !

février 2002 par Laurent.

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