ASG – avril 2014

La venue d’ASG au Desertfest de Berlin nous a permis de réaliser une grande première dans l’histoire, déjà longue, de Desert-Rock.com : une interview de groupe par un fan hardcore de celui-ci. Cette première a été réalisée par notre pote William (merci à lui) en notre compagnie dans les loges de l’Astra. Les quatre étasuniens originaires de Caroline du Nord étaient plutôt relax lorsque nous avons longuement échangé de manière informelle et détendue. Jason, Andy, Scott et Jonah étaient d’un calme étonnant si l’on compare à ce que nous avons constaté sur scène quelques minutes plus tard alors que le groupe foutait le feu à la salle berlinoise. Un bon moment passé en compagnie de gens ouverts et touchés par l’analyse de leur art qu’en a fait un de leurs aficionados. Enjoyez les réponses de Jason (chant) et d’Andy (bassiste) alors que leurs deux acolytes restaient quelque peu en retrait, sans doute extenués par la tournée européenne…

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William : C’est un vrai plaisir que de vous rencontrer car “Blood Drive“ tourne en continu ces derniers temps chez moi. Vous jouez ce soir l’un de vos derniers shows en Europe pour cette tournée, je vous devine fatigués…

…Juste un petit peu.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui à Berlin ?

Jason : Nous ne connaissons pas vraiment cette ville. Nous allons bien. C’est cool que la fin de la tournée s’approche. Le début est bien aussi remarque. Il nous reste cette nuit, une date en Hollande puis le Desertfest de Londres. Ensuite nous rentrons à la maison.

Est-ce votre première tournée européenne ?

Andy : Non, il s’agit de la deuxième.

Appréciez-vous cette tournée ?

Les deux : Oui, généralement oui.

“Blood Drive“ est votre quatrième album, le premier sur Relapse : un nouveau deal vous concernant, considérez-vous celui-ci comme une étape décisive dans votre carrière ?

Jason : Je pense que dans un sens oui. Il s’agit aussi de notre dernière production ; la meilleure à ce jour. Un truc de fou sur lequel nous avons pu faire tout ce que nous désirions.

Etes-vous toujours satisfaits du résultat ?

Jason : Oui, nous sommes toujours satisfaits et pouvons encore l’écouter au terme de cette tournée (rires). Bien sûr, six mois après tu peux te dire qu’il aurait fallu faire telle ou telle chose différemment, mais nous l’apprécions toujours tel qu’il est.

Si vous le comparez avec les plaques précédentes, il semble que votre producteur – Matt Hyde – a fait un son plus accompli. Est-ce le cas ?

Jason : Je pense et espère que ça l’est. Nous avons appris beaucoup de lui dans ce domaine et à propos du processus de composition puis d’enregistrement. Parce que, en ce qui me concerne, chanter ne vient pas naturellement ; il m’a aidé à progresser sur de nouveaux registres.

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Combien de temps vous a pris le processus depuis la composition jusqu’à l’enregistrement pour cet album ?

Andy : Quelques morceaux sont plus anciens, mais nous pouvons estimer qu’il nous aura fallu un peu plus d’un an. Quand nous étions en Europe durant l’été 2012 il était quasiment écrit et il nous restait encore un mois de travail en Californie.
Jason : Entre mai et juin 2012 le gros du travail était fait.

Quand vous le comparez avec vos albums précédents : était-ce plus de travail ?

Jason : La même chose, je dirai. Quelques titres sont venus en un claquement de doigt, mais d’autres ont demandé plus de temps et de travail.

Je vous suis avec d’autres personnes qui, comme moi, trouvent ce disque très accompli, un peu comme s’il était parfait.

Jason : Je pense que cet album est très personnel ; je ne le vois pas être passé en arrière-fond durant une soirée.

Vous pensez qu’il est plus intellectuel que vos sorties précédentes ?

Tous : Nous l’espérons [rires] : il est très intelligent.

Vous parlez de souffrance, de naissance, de mort de renaissance ; très intéressant pour moi…

Jason : …pour nous aussi ; il s’agit en fait d’expériences humaines…

…j’ai noté quelques passages en lien avec la renaissance. Vous insistez spécialement sur ce thème…

Andy : C’est une expérience humaine ; nous avons écrit au sujet des expériences humaines en général ; à propos de ce que nous faisons, ce que nous voulons et où nous allons.

Vos textes me rappellent les textes de certains poètes français du XIXème siècle comme Charles Baudelaire. Le connaissez-vous ?

Jason : Non, je ne le connais pas.

Et pourtant, ces textes me font penser aux “Fleurs Du Mal“. Voici ces textes en français et en anglais pour inspirer peut-être vos prochaines compositions [William lui offre un livre]. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les lectures et les films qui vous influencent ?

Jason : je ne lis pas beaucoup.
Andy : je lis pas mal surtout de la science-fiction ; des choses à propos de la terre et du ciel comme par exemple “2001 L’Odyssée De L’Espace“ qui est un bon bouquin et j’affectionne particulièrement les films de Wes Anderson.

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Pouvez-vous dire que vous êtes un groupe spécial ?

En cœur : Non, nous sommes des rednecks.

Comment vous organisez-vous pour le processus de composition de vos morceaux ?

Andy : Il s’agit d’un travail collectif qui dépend de l’instant, des vibes etc. L’un d’entre nous vient avec une idée, la propose aux autres et ça évolue ensuite.

Est-ce parce que vous êtes pessimistes envers la France qu’on ne vous y a pas vu lors de cette tournée avec Anciients ?

Jason : Non pas vraiment. Je suis pessimiste envers l’espèce humaine en général qui devient de plus en plus en colère.

Est-ce que les textes que vous écrivez sont directement inspirés de votre existence propre ?

Jason : Non, il s’agit de choses imaginées et nous nous interdisons le prosélytisme.

On a pu lire sur la chronique sur Desert-Rock de votre dernier opus : “ ça percute, ça caresse, ça intrigue, mais au final, ça accroche.“ Qu’en pensez-vous ?

Jason : Nous sommes d’accords avec ça. Quand tu écris tu veux aussi te toucher en tant qu’auditeur.

Vous écoutez donc vos propres productions ?

Jason : Oui absolument.

Même les plus anciens ?

Andy : Oh oui ! Nous le faisons.

La tournée est presque terminée ; vous avez livré une dizaine de prestations dans des lieux très différents. Dans quelle ville avez-vous eu les meilleurs retours du public ?

Jason : Le Roadburn était incontestablement incroyable.

Vous n’avez pas joué en France. Vous n’aimez pas les Français ?

Jason : Non, ce n’est pas du tout ça. C’est difficile avec ces festivals, les deux Desertfest et le Roadburn, de trouver un endroit dispo avec le nombre de groupes en tournée simultanément. Nous reviendrons plus tard.
Andy : Nous avons joué à Paris la dernière fois et le public était super !

Par le passé vous vous êtes produits avec Motörhead, Orange Goblin, Valient Thorr, Graveyard et Year Long Disaster. Quel groupe vous a marqué ?

Jason : Motörhead étaient exceptionnels et Lemmy est une rockstar. Quand il pénètre quelque part tout le monde se retourne. Il est très intelligent, sympa et drôle.

Vous appréciez Orange Goblin ?

Jason : Yeah yeah yeah nous les avons vu à Copenhague il y a quelques jours.

Pensez-vous que le business du vinyle va sauver l’industrie musicale ?

Andy : L’aspect collection est sympa, mais nous ignorons s’ils en vendent assez. Je n’ai pas de tourne-disque personnellement ; c’est un truc de collectionneur et Jason n’a même pas une copie du split avec Karma To Burn.

Si vous deviez n’emporter que quelques albums avec vous sur une ile déserte (rock ?) lesquels prendriez-vous ?

Jason : Lynyrd Skynyrd et Jane’s Addiction
Andy : Led Zeppelin et Black Sabbath.

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