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Publié par Laurent On hésite, pour justifier cette interview fleuve de Steve Hennessey, l’emblématique leader des canadiens de Sheavy, à invoquer l’obligation d’informer, le devoir de mémoire, ou… l’égoïsme ! En effet, une bonne part du staff de Desert-Rock a fait ses armes dans le monde du stoner aux sons de Electric Sleep, Synchronized et autres Celestial Hi-Fi. Du coup, on aurait probablement pu faire plus synthétique et tronquer cette conversation pour servir une interview plus “digeste”, mais on s’est dit que dans tous les cas, cette plongée absolument inédite (essayez de trouver ça ailleurs…) dans la vie, la “tête” et le fonctionnement de ce groupe et de cet artiste pour le moins atypiques méritait d’être connue et appréciée à sa juste valeur, brute de décoffrage, sans filtre …
Quel est le statut de SHEAVY aujourd’hui ? Comment résumerais-tu l’activité du groupe ?
Je dirais que le groupe est dans une sorte de demi-repos. A titre personnel je ne suis pas à Terre-Neuve [ndlr : l’île canadienne où vivent Steve et le groupe] en ce moment, je prends des cours de mécanique dans le Minnesota, c’est un programme de formation de deux ans. Toutefois, le groupe est dans une configuration très solide en ce moment. Jason Williams [batteur] et Glenn Tizzard [basse] sont des mecs géniaux. Evan Chalker [guitariste] et moi-même écrivons des riffs à distance l’un de l’autre. J’espère que Barry Peters, qui a joué sur “Moons In Penumbra”, nous aidera à nouveau à la guitare sur le prochain disque. Bref, à l’évidence on ne jamme pas énormément en ce moment, mais lorsque je suis à la maison, on joue environ une fois par semaine.
A l’évidence SHEAVY ne vous fait pas vivre et vous avez tous des métiers à côté. Est-ce que cette situation vous convient ?
Je peux répondre au nom de chacun : on adorerait tous faire de la musique à longueur de journée. Mais les réalités d’adultes nous en empêchent. Ce n’est pas une mauvaise chose d’ailleurs… C’est juste que ça te force à définir les priorités dans ta vie. L’important est que nous parvenions toujours à faire de la nouvelle musique dans ce contexte.
Peut-on évacuer rapidement une question récurrente : on te dit souvent que ta voix est assez proche de celle de Ozzy a ses débuts… Comment le vis-tu ?
Oh tu sais, depuis notre première démo, enregistrée sur un vieux 4-pistes, on comparait ma voix à celle d’Ozzy. Alors si en plus tu doubles ou triples mes pistes de voix, et que tu ajoutes une touche de chorus et de delay, alors ça peut sonner très proche d’Ozzy. Mais ça se passe vraiment uniquement dans la tête : si tu écoutes mes vocaux et les siens côte à côte, tu peux effectivement constater qu’ils sont proches dans le style, mais finalement assez distincts. Mais ce n’est que mon opinion bien sûr. Je me suis tellement habitué aux comparaisons avec Ozzy au fil des ans que je suis simplement flatté que l’on puisse citer mon nom dans la même phrase que celui du Madman ! Ma voix est ce qu’elle est. Bénédiction ou malédiction, je n’en sais rien. Les gens disent que je sonne comme Ozzy… et bien j’ai appris à vivre avec ! Hahaha
SHEAVY est littéralement absent du web (un site d’une page), de tous les médias sociaux (pas de page web officielle, twitter, bandcamp ou autre…). Est-ce un souhait du groupe ?
Je pense que la cause principale est tout simplement qu’à titre personnel je n’éprouve pas d’intérêt pour tout ça, j’essaye de vivre ma vie “offline” autant que possible. Les autres membres du groupe sont libres, mais ils ne poussent pas non plus dans ce sens. On n’essaye pas d’être particulièrement secrets pour autant. Une page fan a été créée sur facebook à laquelle ils participent occasionnellement. Tu sais, les groupes existaient bien avant l’âge digital et les gens trouvaient moyen d’être “connectés” à l’époque, il y avait des cercles musicaux, ça se faisait différemment… En fait, je veux juste faire de la musique. C’est l’unique raison qui me donne envie d’être dans un groupe.
Ce n’est pas anodin : l’une des conséquences est qu’il est aussi difficile de rentrer en contact avec le groupe, ou d’être informé sur l’actualité du groupe, une chose qui est désormais facile et normal chez la plupart des groupes…
Je n’ai jamais entendu que des fans ne parvenaient pas à rentrer en contact avec nous. La page fan de facebook rend possible de contacter les membres actuels ou anciens du groupe. Mais je comprends ta remarque. Pourrions-nous développer notre présence sur le web ? Assurément. Mais en toute franchise, je n’ai pas beaucoup de temps à y consacrer. Si on avait un compte Twitter j’imagine que je pourrai raconter aux gens ce que j’apprends durant mes cours, par exemple, mais est-ce que ça les intéresserait ? Et quel rapport avec le Groupe ? Alors je te pose une autre question : est-ce qu’un groupe peut ne pas être assez intéressant pour les média sociaux ? Si oui, alors SHEAVY est ce groupe ! Hahaha.
Pour être plus pragmatique, te rends-tu compte que cette absence peut même être préjudiciable au groupe, qui voit ainsi des gens avoir du mal à se procurer les sorties du groupe, par exemple ?
Sheavy pourrait effectivement être plus transparent sur son activité. Je n’ai pas de compte facebook, donc je ne vois même pas l’activité de la page fans. Si un truc cool y apparaît, les mecs me le font suivre par mail. Notre site web est minimaliste, mais à chaque fois que je m’y atèle, me revient à l’esprit l’un des principes qui me tient à cœur : moins c’est plus ! Une part de moi se satisferait totalement d’une page vide avec le nom du groupe et une adresse de courrier, pour voir si les gens écriraient, héhé… J’adore avoir du courrier et écrire des lettres, tu sais ! Je comprends la frustration d’aimer un groupe et de ne constater qu’il a sorti un album cinq mois après sa sortie… Est-ce qu’on va s’améliorer là-dessus ? Peut-être. Je vais au moins mettre tous les disques de Sheavy depuis “Republic” sur Bandcamp d’ici au printemps. Sache que je n’ai même pas de lecteur MP3, mais j’ai cru comprendre que certaines personnes avaient des trucs dans le genre, hahaha.
A ce titre, le groupe est plutôt atypique dans le paysage musical actuel. Comment vis-tu le séisme que vit l’industrie musicale depuis plusieurs années ?
Ca va te surprendre, mais je pense vraiment qu’il n’y a jamais eu de meilleure période pour faire de la musique. La technologie digitale rend les choses faciles et bon marché. La contrepartie, c’est qu’il y a tant de musique désormais que c’est difficile de se faire remarquer. C’est facile de mettre en vente sa musique en MP3, mais il faut être Taylor Swift ou Kanye West pour en vivre. Peut-être que le facteur Darwin interviendra, et que seuls les groupes qui bossent le plus, qui font des tournées et qui savent se vendre obtiendront le plus grand succès. Le retour à la mode du vinyl est cool, mais est-ce que ça atteindra un niveau suffisant pour en vendre des millions comme avant, et que les groupes pourront en vivre comme avant ? Je n’en sais rien. Mais dans le contexte actuel, je pense que tourner et être efficace sur scène sont les éléments clés du succès. Prends SHEAVY par exemple. Pour d’innombrables raisons, nous ne faisons pas de tournées : gosses, métiers, crédits, le fait qu’on n’ait ni management ni promoteur de tournée… Du coup il ne nous reste que les ventes de disque, et ce n’est pas brillant. Nous avons fait fabriquer à peine 300 copies de notre dernier CD. Nous gagnons environ $6 pour chaque vente, ce qui nous rapporterait au maximum $1 800 si on les vend tous. Or le disque nous a coûté $4 000 à produire et fabriquer. Inutile d’avoir fait Maths Sup’ pour comprendre que c’est une catastrophe financière. Mais on le fait juste par amour de la musique. Le business nous passe complètement au dessus de la tête.
De quels groupes te sens-tu proche aujourd’hui ? Musicalement ou humainement ?
Ouh là, mec, mes goûts musicaux sont très variés. Au niveau des groupes heavy, j’aime beaucoup des groupes comme Converge ou Pallbearer ces derniers temps. J’ai vu Converge live il y a quelques années et ça m’a vraiment marqué. Billy Anderson a fait un super travail sur le dernier album de Pallbearer. Ces harmonies vocales sont superbes. Sinon, j’écoute beaucoup de David Bowie, de Roxy Music. J’adore. J’écoute beaucoup la bande originale du film Velvet Goldmine depuis plusieurs mois [ndlr : sorte de revival glam rock]. Je me suis découvert une certaine affection pour Gary Numan récemment aussi, il a de super compos. Tu vois, en ce moment j’écoute ce genre de trucs.
Sinon, étant donné que nous ne tournons que rarement, je dirais que nous n’avons jamais vraiment eu l’opportunité de vraiment sympathiser avec d’autres groupes. St John [la ville où il réside] a plein de groupes, tous très proches, et je suis pote avec des dizaines de mecs là-bas. J’imagine qu’on partage une frustration commune d’être tous bloqués sur cette petite île de l’Atlantique Nord, ça crée des liens ! Hahaha.
Vous jouez live si rarement que ça ?
Hummm… Je dirais qu’en moyenne ces dernières années, on joue environ un show par an. Et quand on joue, c’est dans le bar de Glenn Tizzard, notre bassiste.
Mais ça n’a pas toujours été le cas… Je me souviens que vous avez même joué en Europe il y a plusieurs années.
Oui on y a tourné un peu en 1998 (UK et Pays-Bas) et 2005 (UK et Allemagne). Nous y étions parvenus grâce au soutien de Rise Above, notre label de l’époque. Mais nous n’avons plus de label, de management ou de promoteur depuis 2006, donc obligatoirement, on se consacre plus à nos albums qu’aux tournées désormais.
Mais tu ne voudrais pas changer ça et reprendre le chemin de la scène ?
Si, j’adorerais, mais il faudrait que tout le monde dans le groupe puisse se le permettre. Nous faisons tout ce que nos vies nous permettent de faire. Comme je te disais, je suis sûr que si la musique nous permettait de gagner nos vies, nous ne ferions rien d’autre que tourner. Hélas, nos vies sont différentes.
Tu nous as parlé de St. John, ta ville, comme un élément important de la vie de SHEAVY, et d’un bassin musical important. On a du mal à le croire quand on regarde la configuration de cette ville…
St John a environ 200 000 habitants, c’est plutôt petit, mais on a une grande quantité de musiciens très talentueux. Trouver des gens avec qui jouer de la musique est vraiment facile. Evidemment, beaucoup sont déjà dans un ou deux groupes en même temps, mais tu n’auras aucune difficulté à trouver un mec prêt à tout pour jouer coûte que coûte. Grâce à ces mecs géniaux que tu retrouves cités dans les crédits de nos albums, j’ai pu maintenir SHEAVY en vie. D’ailleurs, ça n’est que depuis ces dernières années que je me suis progressivement impliqué dans la composition, car auparavant c’était Dan Moore et Keith Foley qui écrivaient les chansons, je ne m’occupais que des paroles. Ces derniers temps, le travail de composition est plus partagé au sein du groupe.
Tu parlais de tous les musiciens qui ont joué dans SHEAVY, comment expliques-tu que dans un monde où tous les groupes voient des conflits internes (“divergences musicales” ou autres) tu sembles avoir maintenu des liens amicaux avec tous ces musiciens ?
C’est vrai, je ne sais pas l’expliquer, je suppose que c’est en quelque sorte le syndrome d’une petite communauté, mais je veux aussi penser que c’est lié au fait qu’on a eu un sacré paquet de mecs supers dans ce groupe. Pour la plupart, tous ceux qui ont quitté le groupe l’ont fait en bons termes et bons rapports avec les autres membres du groupe. Je peux dire sans ambiguïté que ce groupe n’a jamais été victime du moindre drame ou crise. On déteste ça. Les amis, y’a que ça de vrai, mec.
Comme tu le disais, tu as pris à titre personnel, petit à petit, le contrôle de la plupart des aspects du groupe : la composition, la production des disques, le son, l’artwork, etc… Comment expliques-tu cette évolution ?
Ca me fait du mal de le reconnaître, mais je suis devenu une sorte de “control freak” concernant nos albums. On peut aussi dire que ça vient d’une sorte d’implication et de sens de l’engagement en tant que producteur, toujours est-il que je ne m’engage jamais dans l’élaboration d’un album sans en avoir au préalable la vision claire de ce à quoi il doit ressembler ou comment il doit sonner. Je crois que le seul motif d’insatisfaction de Glenn [Tizzard] sur le dernier album est que les deux “z” dans son nom sont trop collés l’un à l’autre… “Mais les “z” accolés font partie de la vision, bon sang ! Ne te mèle pas de ça, connard !” Il s’est excusé de cette remarque quand il est sorti de l’hosto… Je déconne bien sûr, mais c’est une bonne image : j’ai effectivement tout fait jusqu’à choisir les polices de caractère. C’est plus facile de procéder ainsi, ça coûte moins cher et c’est plus pratique. J’aime tout ce qu’il y a à faire autour de la conception d’un disque : ça va du son de batterie jusqu’à la composition graphique de l’ensemble. Ca m’éclate, mec ! Je ne me drogue pas, donc comment pourrais-je m’éclater autant autrement ? [sourire]
Je me demande comment tes collègues au sein du groupe vivent cette situation, où clairement tu es derrière chaque composante du groupe…
Je pense que pour Sheavy je suis une sorte de dictateur bénévole. Bon, j’ai mis une boîte de suggestions à la sortie de notre local de répétition, mais je ne lis jamais son contenu, je m’en fous ! Héhéhé… J’adorerais que tout le monde ait un intérêt et une implication intense, ça me rendrait la vie plus facile. Mais soyons honnêtes : la motivation de la plupart des musiciens est de jouer de leur instrument et de s’éclater à faire de la musique. Je ne dis pas que ce n’est pas fun de passer quinze heures sous Photoshop pour travailler sur l’artwork, mais ça n’intéresse pas forcément tout le monde… Ca vaut pour toutes les activités dont je te parlais tout à l’heure. Je n’ai en réalité jamais vu le moindre groupe où chaque musicien a la même motivation. D’ailleurs de mon point de vue ce scénario de travail est sans doute très inconfortable : obtenir le moindre consensus doit être un calvaire, la moindre décision un cauchemar à obtenir… Dan Moore me dit souvent : “Steve, le groupe n’est pas une démocratie”. Qui suis-je pour le contredire ? [sourire]
Tes disques sortent sur un label appelé “Dallas Tarr Records”, un label qu’on aurait cru provenir du sur des Etats-Unis… Or on ne trouve aucune info sur ce label.
Normal mec, Dallas Tarr est un peu un label bidon. C’est un truc créé uniquement pour SHEAVY, et je pense que ça ne changera pas. Je continue à l’utiliser juste pour rendre hommage à Rennie Squires, le mec responsable d’avoir fait connaître SHEAVY. Sans Ren, il n’y aurait jamais eu de contrat avec Rise Above Records, et le groupe aurait disparu il y a un sacré bout de temps.
C’est quand même risqué de sortir un disque intitulé “The Best of SHEAVY” qui est en fait… un nouvel album ! Tu n’as vraiment pas eu peur que les fans, qui ont déjà tous les albums, ne l’achètent pas ?
Ca fait des années que j’ai dans l’idée de faire un faux best if de SHEAVY. J’ai un sens de l’humour un peu tordu, et sortir un “best of” avec uniquement des nouvelles compos, une fausse photo de groupe, et aucun titre de chanson, ça me fait marrer. Il fallait que je le fasse. Le simple fait d’amener une caisse d’albums chez Fred Record’s à St. John [ndlr : un disquaire qui fait aussi office de principal distributeur des disques du groupe] et de regarder leur gueule quand ils ont vu ça, rien que ça ça valait la peine, hahaha ! Mais ce n’était pas fait non plus pour choquer les gens. J’essaye de prendre un peu de recul aussi parfois. Combien de groupes qui ont sorti plein de disques te disent systématiquement que leur dernier album comporte leurs meilleurs morceaux jusqu’ici ? Des tonnes de groupes ! Et bien nous, on est encore au-delà ! Donc tu vois, rien n’est innocent, et tout est ainsi. Les musiciens dans SHEAVY ont beaucoup changé ces derniers temps… on a donc mis la photo d’un groupe anonyme ! Aucun titre de chansons ? Un lien peut-être avec la nature virtuelle de la musique…
Qu’entends-tu par là, concernant l’absence de titres de chansons ? Est-ce qu’au final tu trouves que ça ne sert à rien ?
De manière pragmatique,déjà, si on avait écrit les chansons au dos du disque, la “surprise” du faux “best of” n’aurait pas duré longtemps. Mais au niveau du fond, c’est un commentaire sur la musique moderne. Un tas de “uns” et de “zéros”. Et donc oui, en un sens, ça ne sert à rien. Des “uns” et des “zéros” de plus dans des bizillions d’autres qui sont déjà là, disponibles…
Comment décrirais-tu ce disque, votre dernier album à ce jour, par rapport au reste de votre discographie ?
C’est un disque à la fois typique et atypique. Je ne vais pas te dire que chacun des titres qui y figurent est meilleur que tout ce que l’on a fait dans la carrière de Sheavy. C’est des conneries. Au niveau du style musical, ça part dans tous les sens. Mais c’est bel et bien un disque de Sheavy : celui qui connaît bien nos anciens albums saura que l’on a toujours été comme ça. Mais paradoxalement, j’espère juste que les mecs qui font de la musique avec moi dans le groupe pensent toujours que nous avons quelque chose d’original et de neuf qui nous donne tous toujours envie de continuer à faire évoluer le groupe. Je veux à tout prix qu’ils sachent que le groupe n’est pas que l’ombre inamovible de son propre passé, et que leur contribution est appréciée, et valorisée. Je ne veux pas qu’ils ressentent la moindre seconde qu’ils jouent dans un “tribute band” de Sheavy. Ma seule exigence dans ce groupe est qu’il soit pertinent, et si un jour ce n’est plus le cas, nous arrêterons. Tu vois, “Moons in Penumbra” était vraiment mon disque, à plusieurs titres : il est massif et cohérent, j’en ai écrit toutes les chansons… Mais le dernier album est vraiment le fruit d’un travail plus collectif. J’espère qu’ils sont fiers de ce disque. Pour ma part je sais que je ne pourrai jamais assez les remercier d’y avoir contribué.
Quel est le groupe qui figure en photo sur la pochette ?
Et bien en fait… ce n’est pas du tout un groupe ! Il s’agit de trois frères et de leur pote. Je te raconte l’histoire : pendant des années, je rendais visite à un pote, et cette photo de famille était accrochée au mur dans le salon. J’étais à chaque fois émerveillé devant, car ça ressemblait à une photo de groupe, une photo très canadienne. Or ça n’en était pas une. Quand nous avons décidé de faire un faux “best of” et de trouver une photo pour la pochette, j’ai immédiatement su où aller la chercher. Et du coup, il y a quelque chose d’un peu sentimental dans ce choix. Deux des trois frères, ceux tout à gauche et tout à droite, sont morts depuis. La pochette me permet de me souvenir d’eux. J’ai juré que la photo resterait anonyme, mais je peux juste dire qu’ils étaient des mecs biens. Je pense qu’ils auraient apprécié qu’une de leurs photos de famille soit en couverture d’un album…
Vous avez composé et sorti un disque dans le cadre du “RPM Challenge”, et “Moons in Penumbra” était supposé en faire partie aussi. Peux-tu nous en dire plus ?
Le RPM Challenge est une super manière de te motiver à écrire et enregistrer un disque. Le but est de te sortir les doigts du cul et de faire l’impossible, en gros [ndlr : plus sérieusement, le RPM Challenge incite chaque année les groupes candidats à composer et enregistrer un album de dix titres et 35 minutes sur le mois de février]. Je ne pense pas que l’enregistrement d’un album doive obligatoirement être un exercice long et fastidieux. “Moons…” s’est avéré être un album impossible à réaliser dans le cadre du RPM project. Evan par exemple n’apprécie pas de travailler sous pression. C’est un mec adorable, mais il ne voit pas l’intérêt de presser les choses. Je l’adore, je ne vois pas l’intérêt de lui générer la moindre pression stupide. Par ailleurs, ce mois de février en particulier, on a eu des tempêtes de neige à chaque fois que nous voulions jouer ensemble. Et puis deux potes qui bossaient avec nous avaient un planning très contraignant. Bref, ça n’a pas pu se faire sous ce format. Etant donné que tout était écrit, on a gardé ça dans un coin en attendant que le moment opportun arrive. Mais au final, je pense que le RPM est un super concept. C’est plus approprié pour des musiciens électro ou des chanteurs compositeurs solo, par exemple, certes, mais si jamais tu es épaulé de mecs motivés et dans le même état d’esprit que toi, tu peux tout à fait faire un album en un mois et t’éclater à le faire !
Quels sont les plans de Sheavy pour les prochains mois ?
Et bien ça ne devrait pas te surprendre, on va composer quelques titres cet hiver, commencer à jammer aux alentours de mai 2015, puis enregistrer un nouvel album vers la fin de l’été. En ce moment je me gèle les fesses dans le Minnesota, mais je pense qu’on peut y parvenir. Evan a déjà des tonnes de riffs en attente.
Passons à la question la plus importante de cette interview : comment faut-il écrire le nom du groupe ? Sheavy, ou sHEAVY comme on peut le voir sur la pochette de “Synchronized” et divers supports ?
C’est Dan Moore qui a mis un petit “s” au début de sHEAVY, je n’ai aucune idée de ce qu’il avait à l’esprit à ce moment-là… Je suis persuadé qu’il trouvait ça marrant à l’époque, et on continue à me poser des questions sur le sujet en 2014 ! [rires] Bah, tu auras remarqué qu’on n’a jamais eu un logo similaire sur la durée. Et pourtant, on avait bien appliqué les règles cardinales de création d’un groupe :
- trouver un nom de groupe
- choisir une police de caractère – une cool si possible
- trouver une poignée de mecs avec qui tu tolères de jouer
- se faire connaître en se reposant sur la police de caractère retenue
- vendre des millions de disques et de tee-shirts et devenir une rock star (ils te reconnaîtront à travers ta police de caractère !)
Donc voilà, désormais tu vois, tout est clair : si on n’a jamais eu de succès, c’est parce qu’on n’a jamais su garder la même police de caractère !
Plus sérieusement, pour moi ça s’écrit Sheavy, tout simplement. Ou SHEAVY quand j’ai envie de le crier !
Plus d’infos (et notamment comment commander leurs dernières productions) : http://www.sheavy.com/
Publié par Chris C’est à l’occasion de leur date à Düdingen en Suisse, avec John Garcia et Komatsu, que nous avons échangé avec la formation londonienne. Ces quatre fort sympathiques garçons dans le brouillard nous ont parlé un peu de l’actu de leur groupe viandard, de la scène britannique et de l’aventure Desertfest dont leur guitariste Reece gère la partie londonienne. Il s’agissait de la plus petite salle de leur tournée et l’ambiance cordiale du lieu, où une grande table occupait le devait de la scène avant le show, lui donnait des airs de réunion de famille dont nous avons extrait le quatuor le temps qu’il avale quelques boissons et l’entrée de leur repas…
Salut Steak, vous avez débuté cette tournée il y a deux semaines, comment se passent les choses jusqu’à maintenant ?
Nous n’avions jamais effectué de tournée de cette envergure et si longtemps ; il s’agit d’une nouvelle expérience pour nous et nous y prenons du plaisir. Cela fait deux semaines que nous sommes bourrés tous les soirs et il nous en reste trois pour augmenter encore notre niveau.
Vous étiez à Lucerne hier, une ville pas très éloignée de Düdingen où vous jouez ce soir. Que faites-vous de vos journées en tournée lorsque vous avez du temps comme aujourd’hui ?
Nous cherchons des bars pour boire quelques verres comme hier après les concerts.
Vous jouez ce soir dans une toute petite salle. S’agit-il de la plus petite salle de la tournée ?
Oui effectivement, mais l’endroit a l’air très cool ; il y avait aussi une petit salle en Scandinavie où nous avons joué avant de prendre le ferry et de jouer à Titanic à l’avant du bateau.
Vous avez verni « Slab City » en Grande-Bretagne puis êtes partis en tournée. Allez-vous tourner chez vous en tête d’affiche ?
Non, nous ne pensons pas. Nous avons lancé l’album « Slab City » en compagnie de Greenleaf. Nous tournons maintenant pour la sortie de l’album et allons certainement nous mettre à composer à nouveau après cette tournée pour sortir quelque chose l’an prochain.
Vous prévoyez donc une sortie l’an prochain déjà ?
Oui, certainement pour la fin de l’année.
Vous continuez donc au rythme d’une sortie par année ?
Oui nous espérons avoir dix ou douze bons titres. Nous n’avons pas vraiment la pression pour savoir quand sortira cette production. S’il n’y a pas de quoi faire un album nous sortirons ces titres différemment.
A propos de votre patrie, qu’est-ce qui diffère avec les tournées sur le Vieux Continent ?
La bouffe et surtout l’hospitalité ainsi que le confort qui nous est offert lorsque nous arrivons dans les clubs. C’est vraiment le top ici : les gens font tout pour être agréable et c’est très différent de la Grande-Bretagne où tu te retrouves avec deux sandwichs et si tu es chanceux on te refile deux bières aussi.
L’an passé vous étiez au Up In Smoke de Bâle et cette année au Desertfest d’Anvers. Comment considérez-vous ces gros festivals stoner ?
Ils sont populaires et ils permettent aux groupes de se produire devant un large public. L’an passé nous étions effectivement à Bâle et nous avons pu jouer devant plein de gens sur la grande scène, ce qui était très cool.
Vous avez sorti « Slab City » sur Napalm Records ; comment s’est passé le deal ?
Nous avons fait quelques shows en 2013. Lors d’un de ces concerts, nous avons été plutôt mauvais et avons eu pas mal de soucis dont une pédale cassée. C’était terrible et ils étaient dans la salle. Nous avons pensé qu’il s’agissait de notre performance la plus pathétique et nous savions qu’ils étaient au gig. Nous sommes allé leur parler pour leur proposer de revenir lors d’un prochain show, mais en fait ils avaient apprécié…
Comment expliquez-vous que les choses aient été si vite pour vous qui vous êtes formés en 2010 ?
Nous rockons dur et bossons dur ! L’association avec Napalm nous a aussi aidé.
Depuis le début vous avez un artwork spécifique qui vous distingue des autres productions. Comment s’est déroulée cette collaboration ?
Lorsque nous bossions sur notre premier EP, nous nous sommes demandé à quoi pourrait ressembler l’artwork. Et nous avons imaginé que le style comics ferait du sens. Nous avions cette idée de créer nos propres personnages. Après sa sortie nous avons décidé de continuer à aller dans cette direction.
Comment bossez-vous avec Eduardo Ferigato, un dessinateur qui bosse notamment pour DC Comics ?
Nous lui envoyons des copies de ce qui va être produit et nous impliquons dans l’histoire à venir aussi en ce qui concerne nos personnages. Il faut que la musique et les visuels soient en accord.
L’Angleterre est bourrée de bons studios ; pourquoi avoir choisi d’enregistrer aux USA ?
Pour les vacances (rires) !
Rien que pour les vacances ?
Non, à moitié pour les vacances. Premièrement, en tant que fans de Kyuss et de John Garcia, c’était réellement un hommage que de se rendre là où les choses avaient débuté pour le stoner original. C’étaient des vacances vraiment spéciales. Nous ne sommes restés que deux semaines là-bas et avons commencé par deux jours à Las Vegas, et ensuite nous sommes directement partis au studio pour bosser.
Comment expliquez-vous votre affection pour ce style désertique alors que vous vivez dans un endroit plutôt réputé pour son brouillard et sa pluie ?
Effectivement, il n’y a pas de désert à Londres, mais il y a le Desertfest !
Pourquoi selon vous y a-t-il si peu de groupes de stoner connus au Royaume-Unis ?
Nous pensons qu’il y en a quand-même quelques-uns, mais qu’ils évoluent en-dessous des radars. Il n’y en a pas tant que ça, mais dans la mouvance sludge il y en a de nombreux tout comme dans le style doom.
Votre son se rapproche parfois de certaines formations scandinaves, qui vous a influencé musicalement ?
Pour être franc, la scène européenne avec des formations comme Dozer nous ont pas mal influencés, tout comme la scène californienne de la seconde génération qui ont poussé le mouvement. Il y a aussi des basiques comme Pink Floyd qui ont contribué à ce son.
Vous êtes fort impliqués dans la scène avec Desertscene.co.uk et le Desertfest. Pourquoi avoir choisi d’être plus que des musiciens ?
Nous avions besoin de nous trouver de bons gigs pour jouer (rires). Nous avons donc créé un festival pour ce faire.
Nous ne vous verrons donc jamais au Desertfest de Berlin ?
Non, mais il faut venir à Londres.
Reece, au sujet du Desertfest de Londres dont tu es la cheville ouvrière, quels sont tes liens avec la structure belge ?
Ils nous ont approché pour organiser ce festival sous la marque “Desertfest” et pour collaborer avec eux pour cette aventure. Nous avons joint nos forces avec la structure de Berlin aussi : nous étions trois pour bosser au niveau de l’organisation de ce festival belge, et tout s’est super bien déroulé.
Quelle est la prochaine étape pour le Desertfest, après Londres, Berlin et Anvers ?
Nous sommes en discussion et il y a quelque chose dans le pipeline, mais je ne peux pas encore t’en parler…
Publié par Flaux Si on jette un coup d’œil à la chaîne alimentaire du stoner, nous autres fans énamourés, sommes bien heureux de nous mettre sous la dent et dans les oreilles, du gibier de premier choix, du zicos bien dodu, aux phalanges musclées et la luette saillante. Mais pour que la bête nous allèche, il lui faut de l’entraînement, un savoir-faire aiguisé, une technique robuste afin de développer sa zic et ses attraits.
En ce sens, l’initiative de Bob Balch (guitariste ? Fu-Manchu ? Je ne vous fais pas un dessin) est à prendre en considération. Tel l’éleveur nourrissant son cheptel, il propose un site de leçons musicales, dispensées par de belles bêtes de compétition. Son nom ?
(Oh le beau logo !)
“Playthisriff.com quésaco ?”
Et bien c’est déjà une plongée dans l’esthétique internet des années 90’s. Un retour vers le futur où les menus verticaux et les tee-shirts Waïkiki régnaient en maître. Je ne m’étendrais pas sur ces considérations visuelles mais elles ralentissent tout de même l’appréhension et la lecture du contenu.
Mais passé cet obstacle, on se retrouve face à une quasi-centaine de groupes proposant, pêle-mêle, interviews, cours de guitare, basse, batterie, démonstration de pedal-board, …
Le choix des groupes proposé ne fait pas dans le sectarisme puisque l’on fait le grand écart guitaristique entre Anthrax et Fatso Jetson, la pirouette triple-croche entre Obituary, The Bronx et Red Fang. Y a du bon, du trèèès bon et… les autres.
Bon d’accord c’est payant (10 USD par mois = à peine 8 EUR !) pour profiter de l’ensemble du site (en même temps ça nécessite du temps, du matériel, et le Bob y met vraiment de sa personne…), cependant chaque mois vous pouvez profiter de vidéos gratuites et gagner même un abonnement.
“D’accord, génial dude, mais comment je m’améliore à la guitare moi ?”
Pas d’inquiétude jeune foufou. Prenons, au hasard, Truckfighters, et son riff badass de « Desert Cruiser ». En plus de la vidéo (en flash ou à l’aide de Quicktime), où le musicien concerné vous explique doigt à doigt où les placer, vous retrouverez en dessous accordage, partition et tablature pour vous aider dans votre quête d’apprentissage.
Pour chaque vidéo, un niveau vous est indiqué afin d’évoluer à votre rythme. Les captations, pour l’ensemble, ne dépassent pas les cinq minutes. Elles ne souffrent donc pas de durées indigestes et se concentrent réellement sur le riff ou le solo. Ne reste plus qu’à trouver la ligne qui va vous faire hirsuter le poil.
Vous pouvez retrouver quelques vidéos sur la chaine Youtube de Playthisriff aussi. Vous pouvez, par exemple, regarder Mike Scheidt de Yob, nous montrer comment rouster du fion tranquilou :
“Je me sens quand même un peu con à jouer tout seul devant mon ordi “
C’est tout à fait normal mais pense aux morceaux que tu vas composer une fois tout ce travail abattu ! De plus, un forum est proposé sur le site afin d’échanger, de partager avec les autres membres de la communauté. L’amour et l’échange du Stoner est depuis le début lié à ces forums de discussions, alors ne boudons pas notre plaisir de parler numériquement avec des zicos du monde entier.
Bob Balch propose aussi des cours via Skype, ce qui peut s’avérer extrêmement grisant. Apprendre avec le Dude–Manchu est quand même plus gratifiant que de devoir passer par la case « U2 » pour apprendre à jouer.
(Hey toi ! Oui toi ! Faut que je te cause de ton style !)
Il ne tient qu’à vous de découvrir ce site, déroutant visuellement, certes, mais extrêmement passionnant pour un musicien désireux de parfaire sa technique dans ce genre spécifique qu’est le Stoner. Alors, oui, Playthissriff.com s’adresse essentiellement aux guitaristes, cependant, on retrouve tout de même quelques vidéos et riffs pour la basse, et la batterie n’est pas en reste puisque Scott Reeder y dispense quelques cours bien sentis. Un site qui se développe de jours en jours avec l’apport régulier de nouvelles vidéos et de nouveaux groupes.
C’est par là : http://playthisriff.com/
Sur ce, je vous laisse, y a ma Gibson SG qui demande qu’on la branche.
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INTERVIEW
Comment t’es venue l’idée initiale de créer PLAYTHISRIFF.COM ?
Au début je souhaitais créer un site avec uniquement des chansons de Fu Manchu. J’ai pensé que je devrais y mettre aussi quelques autres groupes pour aider à faire connaître le site. J’ai alors contacté EXODUS en premier, et ils ont répondu oui ! Je ne les avais jamais rencontrés, j’étais donc super heureux ! Leur manager est même devenu notre tour manager pendant un certain temps suite à cette prise de contact… Ensuite, je me suis dit que si EXODUS était d’accord, d’autres groupes seraient eux aussi partants. Et ainsi a commencé l’aventure…
Est-ce que l’une des raisons qui t’ont poussé était la faible quantité d’infos pour les musiciens et guitaristes qui aiment le stoner ?
Oui, il y a de ça, c’est le cas pour les guitaristes. On peut toujours trouver des leçons pour shredders de toutes sortes mais il y en a très peu pour les débutants ou les joueurs de niveau intermédiaire. Alors ne parlons même pas de stoner rock… Ne te méprends pas, on a aussi des tonnes de leçons pour des joueurs de bons niveaux et experts sur PLAYTHISRIFF, mais des groupes comme les CIRCLE JERKS ou encore CLUTCH sont assez faciles à jouer… et ils rockent ! Donc si vous commencez juste la guitare, vous pouvez commencer avec des leçons pour débutants et jammer petit à petit sur cette base. Mais si vous avez un meilleur niveau, vous pouvez allez voir les leçons par MEGADETH, ANIMALS AS LEADER ou JOHN 5, par exemple…
Comment choisis-tu les groupes que tu mets sur le site : des musiciens dont tu es fan, ou bien ça dépend des opportunités ?
Les deux, en fait. Je me tiens au courant des groupes qui sont en tournée en Californie du Sud, ou alors les groupes qui y sont implantés. Beaucoup des artistes qui sont sur le site sont des groupes qui m’ont à titre personnel beaucoup influencés. Il y a aussi des groupes dont le label m’a contacté pour qu’ils figurent sur le site. Dans tous les cas, j’apprends toujours quelque chose avec chaque interview. Mon jeu de guitare s’est beaucoup amélioré depuis que j’ai commencé PLAYTHISRIFF.
Tu penses développer un peu plus les vidéos pour basse et batterie sur le site ?
Absolument. Il y a déja des vidéos pour bassistes, mais moins que de guitare, tu as raison. Et il y a aussi un peu de batterie. J’essaye de bosser dur pour fournir du contenu adapté pour les abonnés, en fonction de ce qu’ils veulent y retrouver. Donc s’ils veulent plus de basse et de batterie, j’en filmerai et en mettrai autant que possible !
Quels sont les retours que tu as de la part des utilisateurs ?
Ils adorent ! Il y a un truc où on poste le matos des abonnés, de manière à ce qu’ils puissent discuter et se poser des questions, de même qu’ils apprennent directement à partir des pros via les vidéos. C’est une vraie communauté ! Par ailleurs, je sollicite tout le temps des requêtes et je cherche à connaître les attentes des abonnés : technique, groupes spécifiques, styles… Les gens m’écrivent pour me dire que leur jeu s’améliore. Il y a même un musicien d’un groupe de stoner que vous connaissez (non je ne vous dirai pas son nom !) qui s’est abonné. Il a même pris quelques leçons avec moi via Skype. Il a adoré.
Gères-tu PLAYTHISRIFF complètement seul ?
Oui, je fais tout moi-même. Je vais aux concerts ou dans les salles de répèt, j’installe les lights, le son, les amplis, je filme, puis je rentre chez mois, je fais le montage des vidéos, et je mets en ligne. Et j’adore tout ça !
Au final, est-ce que toi-même tu utilises PLAYTHISRIFF pour progresser ?
C’est dur de faire autrement ! Je dois retranscrire tout ce qui est enseigné via le site… J’ai écrit la totalité du disque de SUN AND SAIL CLUBaprès avoir interviewé des musiciens et avoir “vampirisé” plein de leurs idées. Je n’ai rien volé, je veux être clair là-dessus, en revanche je me suis énormément inspiré de la méthode dont les musiciens utilisent la dissonance, les accords ouverts, comment ils font du strumming, etc, etc…
(merci aussi à Stonerpope)
Publié par Flaux C’est lors du Up in Smoke, que Mars Red Sky a bien voulu répondre à nos menues questions. Après avoir aidé les lascars avec leur merch, taillé le bout de gras avec le chanteur sur ses albums solo, j’ai la chance d’avoir, attablés autour de moi Julien, Jimmy et Matgaz pour ce qui va s’avérer être une heure de discussion passionnante sur le groupe, son dernier album, sa vision de la musique, le tout au son du live de Lonely Kamel (dont le set se déroule sur la scène à côté) qui viendra ajouter un peu de suspens à l’interview, les chameaux ne lésinant pas sur les décibels.
Quelques heures plus tard, Mars Red Sky allait mettre le Up In Smoke à genoux avec un show maîtrisé, un son aux petits oignons mixé par Dieu, leur ingé-son, et une interprétation surpiquée velours 4 étoiles de leur dernier album. On ne le répétera jamais assez, Mars Red Sky est un grand groupe. Merci Messieurs.
Parlons un peu de « Stranded in Arcadia » voulez-vous ? On peut revenir sur sa « naissance » brésilienne ?
Jimmy – On devait enchaîner quatre dates brésiliennes en septembre 2013 avec une date argentine puis partir sur la côte ouest américaine pour enregistrer l’album. On s’est retrouvés finalement coincés au Brésil pour des histoires de papiers…
Matgaz – Oui, avec le choix de rester une semaine à se dorer la pilule sous le soleil sud-américain ou bien mettre ce temps à profit.
Jimmy – Du coup, notre ami Felipe (qui a monté la tournée brésilienne) nous a hébergé et nous a mis en contact avec Gabriel Zander qui possède le studio d’enregistrement Superfuzz sur Rio. La belle rencontre est là. En quatre jours nous avons mis en boite la quasi-totalité des titres, exceptés pour les voix.
Gabriel Zander donc…
Julien – Il a tout de suite compris notre univers. Il était venu nous voir jouer quelques jours auparavant et a su capter le feeling que l’on voulait. Son mix de « Hovering Satellites » nous a convaincu. C’est un morceau important, qui devait représenter Stranded.
Matgaz – Il est musicien aussi avec une réelle écoute. Il a su nous orienter et accompagner les idées avec intelligence.
J’imagine que la collaboration ne fait que commencer ?
Julien – C’est sûr qu’on a très envie de retravailler avec lui.
Revenons sur l’album. Avez-vous déjà joué « Stranded in Arcadia » dans sa totalité ? En écoutant l’album dans la voiture en venant, on constatait l’étonnante cohérence de la tracklist et de son évolution.
Jimmy – On ne l’a pas encore joué comme ça. On commence souvent nos set par le dernier morceau, « Beyond the light » mais ça pourrait être intéressant de le proposer tel qu’il a été pensé.
C’est cool de le percevoir de cette manière. De manière générale, on travaille toujours la cohérence de l’édifice, de son ensemble, afin de proposer une vision globale de notre musique. De la vidéo au sonnous faisons vraiment attention [ndlr : ce qui transpire vraiment en live, le groupe proposant une immersion totale] . Un peu a l’image du « Into the Mars Red Sound » [ndlr : soirée spéciale pour la sortie de leur album qui se déroulait sur plusieurs strates artistiques, expositions, création sonore et concert bien sûr, ndlr].
J’écoute vraiment cet album avec l’idée de boucles et de points de ruptures, avec cet « Arcadia » et sa double pédale…
Matgaz – Y en a pas…
C’est porc !
Matgaz – Merci ! (rire)
D’ailleurs, quand est-venue cette idée du chant frêle et délicat avec cette base musicale très sourde, heavy, grave ?
Julien – Elle est là depuis le début de Mard Red Sky quand avec l’ancien batteur, Benoit Busser, nous avons créé le groupe. Je voulais dès le départ cette association avec un son de gratte fuzzé, joué à la Big Muff, ça a donné « Strong Reflection ».
Ouvrons un peu le chapitre « on the road ». Comment vous êtes-vous retrouvés à ouvrir pour Détroit (le nouveau groupe de Bertrand Cantat) ?
Matgaz – C’est eux qui nous ont demandé. Ils avaient l’habitude d’emmener des groupes qu’ils aimaient faire leur première partie lors de Noir Désir déjà. Pour ce nouveau projet et cette tournée, c’est tombé sur nous.
Comment a réagi le public de Détroit à l’univers de Mars Red Sky du coup ?
Jimmy – Bien. Très bien même. Les gens venaient nous voir à la fin pour nous dire qu’ils avaient apprécié et que c’était une très bonne découverte pour eux. On ne regrette pas du tout d’avoir dit oui et d’avoir pu toucher un public différent de celui que l’on côtoie habituellement.
En parlant d’ouverture, comment vous êtes vous retrouvés à signer chez Listenable Record, un label plutôt métal ?
Jimmy – Une fois de plus, c’est eux qui sont venus nous voir. Alors, certes, c’est un label typé métal mais quand on voit le travail de développement qu’ils ont fait, notamment pour Gojira, on y a vu une belle opportunité pour nous.
Matgaz – C’est aussi le fait de pouvoir toucher un public plus « métal » que le nôtre, d’ouvrir le champ des possibles.
Julien – Oui, et évidemment, les mecs de Listenable sont avant tout des gens adorables, ce qui ne gâche rien.
Pourquoi sont-ils venus vous voir, vous, à votre avis ?
Jimmy – Peut-être l’intérêt d’avoir un groupe un peu différent dans leur catalogue, pouvoir proposer une touche visuelle, psyché à leur public.
Matgaz – Oui, et espérons que ça soit aussi parce qu’ils aiment notre zic ! (rire)
Quelques mois après, contents du choix d’avoir intégré le label ?
Jimmy – Oui. Toujours très content.
Comment expliquez-vous le fait de tourner plus à l’étranger qu’en France ?
Jimmy – Très simplement. C’est que les lieux, les offres et opportunités y étaient les plus nombreuses. Mais le phénomène tend à diminuer. Les initiatives sont plus nombreuses maintenant en France, l’essor du mouvement « stoner » prenant plus d’ampleur. On le voit avec les Stoned Gathering à Paris…
Ou les « Make it Sabbathy » sur Bordeaux…
Jimmy – tout à fait. On va faire notre 11ème plateau bientôt avec toujours un bon retour du public sur les concerts et la programmation. [ndlr : maintenant 12ème ou 13ème édition avec par exemple Kadavar dernièrement]
Publié par Chris Après avoir collaboré avec les opérateurs et ses frangins, Mr Cool revient avec le Low Desert Punk Band. Quatre ans après « Gods & Goddesses », ce monument du stoner sort « Black Power Flower », une plaque qui le remet en selle après l’aventure Vista Chino. C’est à l’occasion du Up In Smoke Festival de Bâle que nous avons profité de faire un brin de causette avec ce sympathique personnage qui a fait partie de deux mythes de la scène stoner.
Salut Brant, tu as débuté cette tournée à Vienne en Autriche ; comment les choses se passent-elles ?
Bien, tout se passe bien. Nous jouons ce soir notre troisième show et tout se déroule à merveille.
Comment expliques-tu le fait que certains shows, comme celui de Cologne, sont déjà sold out ?
Honnêtement, je ne prête pas trop d’attention à ceci car cela ne me concerne pas vraiment. Ce qui me concerne c’est de jouer.
En même temps, tu es quand-même satisfait quand les salles sont pleines.
Je suis plus satisfait de mes shows, de mes relations avec mon groupe et de faire de bons concerts. Je respecte et remercie les gens qui viennent aux concerts, mais en tant que musicien, que travailleur-musicien, je me concentre sur ce que je dois faire qu’il y ait 10 personnes dans la salle ou 400, je dois donner le meilleur.
Tu n’as rien sorti sous ton nom depuis « Gods & Goddesses », je crois…
…oui cela fait déjà 4 ans.
Comment Vista Chino a interagi avec ta propre carrière ?
C’était énorme, vraiment fantastique ! Quand j’ai sorti « Gods & Goddesses », cela faisait 10 ans que je consacrais mon temps à enregistrer et tourner non-stop. J’étais vraiment fatigué ; j’avais cette envie d’être véritablement dans un groupe que ce soit pour la créativité, le mental voire même les finances. C’était donc bien cool quand John m’a téléphoné pour ce projet : nous étions de retour aux affaires.
A ce propos, comment m’expliques tu le fait que John, Nick et toi sortiez un nouvel album chacun cette année ?
John, Nick et moi, nous sommes des bosseurs et nous savons que ce que nous faisons en tant que musicien est un boulot et qu’il faut bosser. Nous nous entraînons mutuellement dans cette dynamique.
Vous tournez aussi des fois ensemble.
Cela nous arrive, j’aimerai toujours jouer avec eux.
As-tu écouté leurs nouveaux albums ?
Je n’ai pas vraiment écouté leurs nouveaux enregistrements. Nick m’a envoyé quelques unes de ses nouveautés il y a quelques mois : ça sonnait bien. J’ai par ailleurs écouté quelques nouveaux titres de John : c’était bon. Mais honnêtement je n’ai pas écouté ces disques dans leur intégralité.
Ton actualité c’est « Black Power Flower » qui sort sous la bannière des Low Desert Punk en novembre. Que peux-tu nous en dire ?
L’album a été enregistré dans mon studio dans le désert. J’ai du matériel analogique et nous avons bossé avec des bandes. C’est un disque rock et nous le trouvons bien. Nous sommes déjà en train de penser au prochain (rires).
Est-ce la suite de « Gods & Goddesses » ou de « Punk Rock Guilt » ?
Ni l’un ni l’autre je crois, c’est un nouveau disque, avec sa propre identité je pense.
En parlant de « Gods & Goddesses », tu étais sensé sortir un live après la tournée. Quand pourrons-nous nous le procurer ?
Je ne sais pas, j’ai plusieurs enregistrements live sous le coude. Honnêtement, c’est juste une histoire de temps : je suis très occupé. J’ai été tellement occupé que je n’ai pas pu le faire, mais j’adorerais sortir ce projet.
Est-ce les mêmes raisons qui repoussent la sortie de « Jacuzzi » [ndlr : disque instrumental que Brant a enregistré mais jamais sorti] ?
Oui exactement ! J’aimerais sortir « Jacuzzi » cette année ou l’année prochaine, mais c’est aussi ce que je disais l’an passé (rires). Ce n’est vraiment qu’une question de gestion du temps car j’y suis attaché.
Le rock typé seventies est désormais une tendance très en vogue, ce qu’il n’était pas lorsque tu as débuté. Quelle est ta vision de cette mode ?
Je ne sais pas, je dirais que je ne suis pas dans le rock seventies ; que mes goûts sont plus spécifiques que cela. J’aime les rock’n’rollers originaux, les sixties, des trucs de hippies et je pense que les débuts des seventies étaient très bons. C’est une grande décennie, c’est dix ans et je ne considérerai pas comme étant bon tout ce qui a été produit durant ces années. J’aime à croire que quand tu dis que le rock seventies est populaire, nous parlons du début de cette décennie avec des trucs comme Sabbath et des bons trucs comme Alice Cooper.
Est-ce que la pression est différente lorsque tu lances une tournée comme celle-ci en solo que quand tu pars avec Vista Chino ou Kyuss Lives ?
Quand c’est mes projets solos, je me sens plus à la maison, je peux bouger comme je le désire et me sens plus confortable. Je prends du plaisir à être le membre d’un team, mais des fois je dois être un leader et maintenant j’en suis un : je suis plus relax.
Et comment ça se passe avec tes musiciens actuels ?
Ils sont fantastiques ! Il y a Tony Tornay à la batterie, que tu connais par son groupe Fatso Jeston. Et puis Dave Dinsmore à la basse – un autre gars du désert qui a déjà joué avec moi mais aussi chez Unida par exemple – et Bubba DuPree à la guitare [ndlr : guitariste du groupe Void, groupe tendance hardcore de la côte Est].
Fu Manchu tourne aussi actuellement, avez-vous pensé à refaire quelque chose ensemble comme avec Kyuss ?
Je n’y ai jamais vraiment pensé. Je les apprécie beaucoup et ai passé de bons moments avec eux. Ce groupe m’a vraiment sauvé la vie. Je pense j’étais vraiment perdu après Kyuss et Scott m’a demandé de les rejoindre ; je lui dois beaucoup et je suis heureux de faire ce que je fais. Je les croiserai en Belgique, mais il n’y aura pas de surprise.
Tu es sur Napalm, un label autrichien, comment s’est mise en place cette collaboration ?
Juste après avoir sorti « Gods & Goddesses », Napalm m’a approché et m’a dit que ma musique les intéressait. C’était un label heavy metal qui voulait vraiment aller dans le rock plus organique. Nous avons parlé du deal et signé celui-ci. Plus tard, nous avons aussi collaboré avec ce label avec Nick et John. Du coup, après Vista Chino, j’ai continué à bosser avec ces gens vraiment sympas.
Et comment considères-tu leur intérêt pour le rock organique, ou stoner voire desert ?
Je pense qu’ils sont orientés vers le business, que c’est un business et qu’ils le font bien.
Toi aussi tu es orienté business…
… Non je suis un artiste ; je dois comprendre le business pour être un artiste. Je ne me considère pas comme un businessman. Le business est pour moi une deuxième langue ; ce n’est pas ma langue naturelle, mais je dois la parler de temps à autres pour communiquer et sortir mes trucs ; ça fonctionne très bien avec Napalm à ce niveau.
Publié par Ain't One En ce vendredi 24 octobre, Orange Goblin et Saint Vitus font tournée commune (avant que Wino ne jette un froid en Norvège) et sont de passage par la capitale pour nous offrir un show mémorable à la Flèche d’Or. Quelques heures auparavant, rencontre avec Joe Hoare (guitare) et Ben ward (chant), deux Goblins bavards non dénués d’humour autour d’une bière.
Comment se passe la tournée jusqu’à présent ?
Ben : Tout va très bien, super public tous les soirs. Plus de monde que ce que l’on pensait, en fait. Bien évidemment c’est un grand honneur d’être en tournée avec un groupe comme St Vitus. Je pense que nos deux groupes sont très complémentaires, St Vitus a des titres avec des tempos plus rapides aussi, donc ça fait un bon mix de chaque élément par chacun des groupes. Franchement tout va bien, on passe de supers bons moments. C’est le top.
Joe : Je dois ajouter que les français, autant que pour St Vitus, ont été incroyablement bons.
Ben : Ouais le public français est certainement le meilleur qu’on ait rencontré jusqu’à présent.
Vraiment ?
Ben : Ouais vraiment. L’année dernière on a dû faire 5 shows en France pendant notre tournée européenne et ça faisait longtemps qu’on n’était pas passé par la France alors. Et tout avait été génial, en plus des deux Hellfests que l’on avait faits.
Et tu étais là en Août pour un DJ set (lors des Stoneds Gatherings), tu as même fais une reprise de St Vitus ce soir là.
Ben : Oui, j’étais avec Church of Misery et… High on Fire, c’était cool. On a repris “War is our Destiny”. Je me suis vraiment amusé sur cette soirée.
Vous dites être surpris du public tous les soirs, pourquoi ?
Joe : Je ne sais pas. En fait je pense que l’on ne sait jamais à quoi s’attendre pour un concert. Parfois tu te dis que des centaines et des centaines de personnes seront là et finalement non. Je crois qu’en fait quand nous avons commencé, à l’époque, le public français n’était pas aussi nombreux que maintenant. En plus on n’a pas beaucoup joué ici pendant un moment jusqu’au Hellfest.
Ben : Je crois que quoi qu’il se passe, on se sous-estime un peu. Je veux dire quand tu regardes cette scène actuelle, St Vitus et Orange Goblin font très certainement partie des deux plus gros noms aujourd’hui aux côtés d’Electric Wizard, Unida, etc… On ne devrait pas être si surpris mais pendant cette tournée on joue dans des endroits où l’on n’a encore jamais été. On n’avait jamais joué dans des clubs à Madrid, ni à Lisbonne ou Bordeaux. Tout cela est nouveau et voir autant de gens venir chaque soir, c’est énorme.
Comment cette tournée commune s’organise-t-elle ?
Ben : C’est un peu une tournée avec deux têtes d’affiches. Chaque groupe a à peu près le même temps de jeu. Pour le moment nous jouons en premier et St Vitus clôt le show mais quand nous serons au Royaume Uni ce sera l’inverse. On est vraiment sur un pied d’égalité, il n’y a pas de rivalité d’ego entre nous et chacun fait ce qu’il veut. C’est cool.
Et que représente St Vitus pour vous ?
Ben et Joe : DOOM !
Ben : Je veux dire quand je me suis mis à écouter ce style de musique, les premiers groupes que tu découvres et qui t’influencent sont St Vitus, Pentagram, Trouble, The Obsessed. Ce sont toujours les mêmes groupes qui ressortent au même titre que Black Sabbath. St Vitus ont toujours été là.
Joe : Ce sont des légendes tu sais. C’est vraiment un honneur que ça soit nous qui faisions cette tournée avec eux parce qu’…
Ben : … ils n’ont jamais fait un mauvais album. Ils ont toujours été réguliers et excellents.
Du coup vous pensez aussi être « Born too late » ?
Ben : A vrai dire on en parlait hier soir et Chris leur a bien dit qu’eux sont nés au bon moment. Ils ont grandi quand Black Sabbath sortait ses premiers albums. Eux sont nés au bon moment, nous sommes nés trop tard.
Joe : Je crois que tous les groupes qui jouent ce style de musique, pensent être nés trop tard…
Ben : Oui, on raté Black Sabbath sur scène
Joe : … et cette chanson en fait, « Born too Late », chaque parole sonne vrai en tout cas en rapport à ma vie. J’étais le gamin qui ne portait que des vêtements rétro et avec une drôle de coupe de cheveux …
Ben : Quand tu écoutes cette musique, tu es toujours considéré comme un outsider, en dehors des normes
Joe : C’est une chanson parfaite
Est-ce votre chanson préférée de St Vitus ?
Joe : Ça doit probablement être mon titre favori ouais.
Ben : Pour ma part ce serait “Dying Inside”, mais ils en ont tellement d’excellents titres.
C’est la tournée pour les 35 ans du groupe, est ce que vous pensez que c’est un bon exemple à suivre ?
Joe : 35 ans !
Ben : Bien sûr ! Je ne vois pas de raison de stopper ce que l’on fait. On fait plus attention à nous maintenant quand on est en tournée, parce qu’il le faut. Quand tu vois Wino, c’est une vraie source d’inspiration, tous les soirs il est présent et fait un super show. Et il fait ça aussi pour sa carrière solo ou The Obsessed ou Spirit Caravan… Il se tient occupé tout le temps. Et tous ces groupes d’un certain âge sont toujours là, Trouble, The Skull, leur longévité vient aussi du fait qu’ils ont une longue et consistante discographie. J’aime à penser qu’Orange Goblin est dans la même veine. Il n’y a pas de raison que dans 15 ans on ne soit pas encore là.
Joe : Et ça te permet de rester jeune… bon OK on a l’air plus vieux, mais quand même ça fait 20 ans que l’on fait ça, ce n’est pas encore aussi impressionnant que St Vitus. Mais ça va vite, le temps défile. En tournée, chaque soir une ville différente, ça va tellement vite…
Ben : C’est vrai le temps défile parce que tout tient du rituel. Tu arrives, tu décharges le bus, tu installes le matériel, tu fais ce que tu as à faire, tu fais les balances, tu vas sur scène, bois quelques coups, prends une douche, retour dans le bus jusqu’à la prochaine ville et tu répètes ça tous les soirs. C’est pour ça que le temps défile vite.
Joe : Et avant que tu ne t’en rendes compte tu es toujours bourré…
Il y a de cela 20 ans, vous imaginiez-vous être ici aujourd’hui ?
Ben : Non pas du tout. On n’avait aucune ambition, on se voyait juste faire quelques albums et quelques shows dans les bars du coin.
Joe : Je me rappelle quand on a fait notre premier album, je me disais « waouh on a fait un album, ce serait énorme si on arrivait à en faire un deuxième »…
Ben : En fait tu ne réalises pas que ça se passe. Il n’y a que quand tu prends un peu de recul que tu te dis que l’on a quand même achevé quelque chose de non négligeable. On a des fans un peu partout de par le monde, quand même !
Avez-vous des regrets ?
Ben : Oh il y a quelques mauvaises choses qui nous sont arrivées qu’on aurait peut être pu mieux contrôler. Mais je pense que je ne changerais rien, la façon dont notre carrière a avancé ces 20 dernières années me fait dire qu’il n’y a pas de regrets à avoir.
Comment expliqueriez-vous votre longévité ? Vous êtes maintenant assimilé comme un groupe « culte », un lien avec votre évolution musicale ? Ou d’autres raisons ?
Ben : Je ne sais pas. Ce n’est pas comme si on se demandait comment ça s’est passé. En fait je pense que c’est dû à beaucoup de choses. Pour commencer on a toujours essayé de faire de supers disques, de supers shows et maintenant il y a toute une nouvelle génération qui a grandi en écoutant Orange Goblin et qui nous juge comme une référence. C’est toujours surprenant mais c’est un honneur quand un groupe vient te dire qu’il écoute Orange Goblin depuis 15 ans et qu’ils ont appris la guitare avec nos morceaux.
Joe : Je me dis aussi que ça a un lien avec notre approche en tant que groupe. On a toujours été un groupe qui bosse dur, on a toujours été les pieds sur terre, à la rencontre de notre public après les concerts…
Ben : On est accessible, on tient le stand de merch que l’on puisse rencontrer nos fans, signer des trucs. On n’a jamais été à faire nos « rock stars ». On est des mecs qui ont la chance de faire ce qu’ils aiment pour vivre.
Cela fait 20 ans que vous êtes ensemble, c’est quoi votre secret ?
Joe : On a toujours été des amis. On était amis avant que l’on ne commence le groupe et…
Ben : On a un fonctionnement très démocratique.
Joe : … on est toujours honnêtes entre nous.
Ben : On s’assure de toujours partager les mêmes idées et de vouloir aller dans la même direction. Évidemment il y a des moments de tension mais on est comme des frères, on passe l’éponge et on avance. Et que nous soyons amis déjà avant le groupe, forcément ça aide.
Joe : Oui, oui on a une longue histoire commune et je pense que comme Ben l’a dit quand nous composons, on essaye de prendre en compte les influences de chacun. On n’a pas tous exactement les mêmes influences musicales…
Ben : On n’a jamais été amenés à nous limiter, à se dire que ce riff sonne trop death-metal ou autre… Si on pense que c’est bon, on assume tous.
L’année prochaine vous allez fêter vos 20 ans en jouant un set spécial aux Desertfest Londres et Berlin, pourquoi seulement deux shows?
Ben : Parce qu’il n’y a que deux Desertfest (rires)
Ah non il y en a un troisième maintenant.
Ben : Ah oui c’est vrai. Non on a beaucoup de projets pour l’année prochaine, plein de gros festivals, il va il y avoir des annonces, mais pour l’instant on ne peut rien dire.
Et pourquoi avoir choisi de jouer The Big Black dans son intégralité ?
Ben : Je pense que c’est certainement celui qui définit le mieux ce qu’Orange Goblin était à nos débuts. Beaucoup de gens nous ont connu avec. Et en tant que groupe cet album, en tout cas pour moi personnellement, c’est un de mes préférés. J’ai vraiment des souvenirs spéciaux avec cet album. C’est certainement celui duquel on tire le plus de titres pour jouer en live. Il y a vraiment beaucoup de titres qui sont encore pertinents dans nos setlists actuelles. Et ils sont fun à jouer en plus.
Du coup quels sont vos plans pour les 20 prochaines années ?
Joe : Rester en vie et continuer la musique.
Ben : Continuer à être créatif. Je veux dire chacun d’entre nous a ça au fond de lui, on a chacun le besoin de le faire. Si on n’exprimait pas toutes ces idées et ne créait pas de musique, on finirait par exploser. Je pense que quiconque qui est un artiste, un sculpteur ou un peintre, a besoin de créer, c’est en toi, tu dois le faire, tu ne peux pas le garder en toi. Ce n’est pas quelque chose où tu peux juste te dire j’arrête. Je sais que si je n’avais pas Orange Goblin, je ferais forcément un métier créatif.
Joe : En plus ma femme ne peut me supporter quand je suis à la maison trop longtemps. « S’il te plaît part en tournée, va ! »
Pensez-vous jouer Back from the Abyss dans son intégralité pour vos 40 ans ?
Joe : Cool, ouais, pourquoi pas !
Ben : On est fier de cet album et il passe bien en live. Notre tournée avec Clutch l’an dernier qui venait de sortir Earth Rocker et jouait tous les morceaux en live, nous a très certainement inspiré. On était à se dire qu’on devait faire un album que l’on peut jouer entièrement en live. Ça paraît évident mais il y a quand même beaucoup de morceaux qui sont différents quand on ne les joue qu’à quatre. C’est pourquoi on a voulu créer un album le plus simple possible, sans clavier, ou slide guitar, aucune des choses que l’on ne peut reproduire live.
Contents de la réception de l’album jusqu’à présent ?
Joe : On est épatés !
Ben : Oui totalement. On pensait que ça allait être difficile de surpasser le succès de Eulogy for the Damned, parce que cet album avait été extrêmement bien accueilli. On ressentait un peu de pression pour écrire la suite. Mais l’accueil pour celui-ci semble encore meilleur si cela est possible. Je n’ai pas lu toutes les chroniques mais jusque là on est heureux.
Comment vous le décrieriez en regard du reste de votre discographie ?
Ben : Une évolution naturelle, c’est la poursuite de notre développement et ça incorpore un maximum de nos influences. Eulogy for the Damned fut le premier album où l’on a insufflé tout ce que l’on aime. Précédemment on peut dire que le premier album était un peu l’album psychédélique-trippy – doom. Le second est plutôt du genre rock-graisseux de bikers, le troisième serait spacy-doom, le quatrième est orienté punk-rock, le cinquième était plus « rock-on doit continuer », après on a fait un album plus conceptuel. Maintenant on essaye de tout mettre dans le même disque.
Joe : En fait on ne définit jamais à l’avance ce que l’on va faire. Il n’y a rien d’établi. Comme on disait tout à l’heure ce qui doit être enregistré, est enregistré. On doit tous prendre du plaisir avant tout.
Ben : Quoi qu’il se passe, un album est souvent le résultat de ce que l’on écoute au moment de composer.
Alors vous écoutiez quoi à ce moment-là ?
Joe : Oh les mêmes choses que ce que l’on écoutait pour le premier album !
Ben : En fait on ne s’est vraiment pas déterminé sur quelle direction prendre, c’était même plutôt l’inverse. On a commencé à écrire des nouveaux titres, puis enregistré d’avril jusqu’en janvier. J’étais en tournée en tant que tour-manager pendant quelques temps. Je n’avais aucune idée de ce que les gars étaient en train d’enregistrer et eux ne savaient pas non plus ce que j’écrivais.
Joe : Ça m’a plutôt surpris qu’on arrive à ce résultat, tout le monde était très occupé pendant cette période, c’était plutôt chaotique. Quand Ben est revenu, on avait déjà enregistré beaucoup de choses en instrumental sans idées de ce qui était le refrain ou le couplet. Une fois que Ben a commencé à poser sa voix, on a réalisé que ouais ça allait être bon. Parce que Ben a sorti des supers lignes de chant, de bonnes mélodies.
Ben : En fait ce qui m’a été bénéfique cette fois vis-à-vis des lignes de chants, des refrains et tout ça, c’est que ça devait être instantané. Je suis juste venu avec la première chose qui me venait à l’esprit et quoi qu’il se passe c’est toujours le meilleur parce que c’est ce qui vient naturellement. Si tu réfléchis trop à ce qui devrait aller dans une chanson, tu finis par t’en détacher. Si tu penses au riff et que tu te dis que ton chant reprend trop sa mélodie et que tu dois trouver quelque chose de complètement différent, ça finit par ne pas marcher. Je crois que je devrais vraiment tout faire à la dernière minute. Pour le prochain album on ne planifie vraiment rien, on se fait ça plutôt en jam session.
Les chroniques s’accordent pour dire que cet album est du pur Orange Goblin, c’est quoi pour vous du « pur » Orange Goblin ?
Ben : Pour moi c’est de l’énergie et la parfaite combinaison entre Black Sabbath, Motörhead et tout le rock de ces 50 dernières années. C’est aussi simple que ça !
Pour ma part je trouve que vous avez quand même essayé pas mal de nouvelles choses avec ce disque en termes de riff ou d’arrangement
Joe : Pour les riffs que j’ai écrits, j’ai passé beaucoup de temps l’année dernière chez moi à cause de ma blessure, de ce fait j’avais plein d’idées dingues qui me venaient à l’esprit et j’essayais en permanence de nouvelles choses. Je me disais que je devais tenter de composer un peu différemment, de ne pas faire des plans typiques d’Orange Goblin. Et heureusement les gars ont aimé ce que je leur ai présenté. Un peu comme ce que Ben disait, quand un riff déboule, tu dois l’enregistrer, aussi simple qu’il paraisse. Les riffs les plus simples semblent les plus faibles parce qu’ils sont simples mais ils sont souvent très bons.
Il y a deux instrumentaux sur l’album, pourquoi ? Aucune idée de paroles ?
Ben : Non, ils ont toujours été vus dès le départ comme des titres instrumentaux. “The Shadow over Innsmouth” devait pour moi finir l’album parce qu’il a ce feeling un peu lovecraftien. C’est un titre heavy et un peu brut et pour moi il ne nécessitait vraiment pas de paroles. En tournée on pourrait peut être l’utiliser en début de set.
Le business autour de la musique a beaucoup changé ces derniers temps, n’êtes vous pas tentés de « bâcler » le temps en studio pour être plus sur la route ?
Ben : On a réalisé maintenant que pour vivre de la musique, faire des tournées c’est la clé. Tu dois être prêt à faire beaucoup de live si tu veux faire de l’argent parce qu’il n’y a plus grand-chose à attendre des ventes de disque. Tout le monde télécharge gratuitement, les fans continuent d’acheter les albums en CD ou vinyle. Mais la plupart des groupes dépendent des ventes de merchandising et des tournées. Quand on a pris la décision de faire ça pour gagner notre vie, on a réalisé que ça signifiait d’être souvent parti longtemps loin de chez nous. C’est beaucoup d’investissement personnel. C’est dur mais on n’a jamais été dupe.
Pourquoi l’avoir appelé « Back from the Abyss » ?
Ben : Je pense que justement de prendre cette décision de vivre de notre musique était un peu de se lancer dans l’inconnu. D’aller vers les abysses. Donc de « retour des abysses » parce que nous sommes toujours là, on a survécu, on a enregistré un nouvel album. Et beaucoup des paroles ont un côté science-fiction d’où aussi la pochette. C’est d’ailleurs la même personne qui a fait l’artwork de Frequencies from the Planet Ten. C’est un peu comme si on venait de boucler la boucle. C’est le premier album que l’on enregistre en tant que groupe à plein temps. C’est comme une renaissance.
Joe : Je rejoins totalement Ben là-dessus. Être en tournée c’est un peu les abysses, tu te réveilles parfois sur ta couchette au fond du bus et tu te demandes où tu es, ce que tu fais. Et on fait ça tout le temps. Chaque jour c’est retour dans les abysses.
Ben : Si on doit faire un album live pour cet album on l’appellera « Back into the Abyss »
Pour finir quels sont les plans pour les prochains mois ?
Ben : On a encore trois semaines de tournée avec St Vitus, puis deux semaines de repos. On repart pour les Etats-Unis ensuite pour une tournée de trois semaines avec Down, en tant que première partie. On revient chez nous pour noël. Pour la nouvelle année c’est à voir, encore des choses à confirmer, peut être l’Amérique du Sud où l’on n’est jamais allé encore. Tourner aux Etats-Unis un peu plus intensément, faire une tournée en co-headliner avec Truckfighters. Il y a des projets aussi au Royaume-Uni avec Cancer Bats. Beaucoup de choses à venir. On va être très occupés.
Vous cherchez à conquérir l’Amérique maintenant ?
Ben : Oui totalement, c’est un pays tellement immense. C’est plus grand que l’Europe alors c’est dur. Mais les choses commencent à changer pour nous là bas, les gens sont plus réceptifs à Orange Goblin depuis qu’on y tourne plus, notamment après la tournée avec Clutch et là avec Down ça va nous aider aussi.
Publié par Stonerpope Spectacle surréaliste en ce samedi 26 septembre : Fu Manchu, les apôtres de la gomme, de l’asphalt et des grosses cylindrées sont à Lille et jouent… sur une péniche. C’est donc sur les rives de la Deûle, à la lumière des manèges de la foire post-braderie, que nous rencontrons un Bob Balch souriant malgré une légère galère (l’accès aux toilettes des loges de « La Péniche » ressemble à un parcours du combattant… il faut sortir du bateau, escalader une barrière, emprunter une autre passerelle pour trouver la porte des WC… cadenassée).
Tout d’abord, bienvenue en France.
Ouais, merci. Je ne sais plus à quand remonte notre dernier concert en France… 2 ans peut-être. Nous avons joué ici la dernière fois pour les 15 ans de “The action is go”. C’était l’année dernière, non ?[ndlr : et non, 2 ans, en septembre 2012]
Le nouvel album vient de sortir 5 ans après son prédécesseur. Tu ne trouves pas ça long ?
Oui, c’est vrai. Nous étions pas mal occupés. Nous avons repressé “In search of”‘ et ensuite nous avons tourné. Puis nous avons repressé “The action is go” et nous avons tourné. Nous avons pas mal bossé, mais ouais, putain, ça fait 5 ans depuis “Signs of the infinite power”. Ça fait un bail.
Tu parlais des tournées. Vos deux dernières tournées étaient des tournées « anniversaires »…
Ouais, ouais.
…aujourd’hui vous revenez pour “Gigantoid”. Est-ce que tourner pour promouvoir un nouvel opus est synonyme de plus de pression ?
Non, pas vraiment, non. Nous en étions arrivés à un point ou ça nous démangeait de sortir un nouvel album et voilà. Et comme nous faisons a peu près tout nous même maintenant, il n’y a plus vraiment de pression. Nous faisons ce que nous voulons et c’est bien !
Ce “Gigantoid” ressemble plus à du Fu Manchu « old school » que les deux derniers albums. C’était voulu ?
Oui. Nous n’avions rien sorti depuis un long moment, et personnellement, j’avais envie que ma guitare sonne le plus « fuzzy » possible, je voulais trouver des combinaisons de pédales bizarres et retrouver un peu de folie. Pareil pour la batterie, nous voulions un truc très lourd. Et voilà.
Sur cette tournée, vous allez jouer dans de très petites salles comme ce soir [ndlr : la jauge de « La Péniche » tourne autour de 100 personnes]…
Ah ouais, j’ai su que le concert de ce soir était complet et je me suis dit : « c’est cool ». Et puis j’ai découvert la salle cet après-midi et là j’ai compris.
… mais vous allez aussi jouer dans des clubs plus grands. Comment vous appréhendez ces différences ?
Il n’y a pas de plus petites salles que ce soir. Personnellement, je m’en fous. Tout ce qui m’importe, c’est de pouvoir aller aux toilettes pour pisser les bières que je vais boire [ndlr : le bonhomme n’a pas oublié sa galère d’avant interview]. Non vraiment, ça ne me gène pas.
Çava peut être te gêner une fois que tu seras sur cette scène minuscule ?
Ah oui, nous sommes à l’étroit avec Bob et Scott. Et c’est marrant ce plafond super bas. Je crois que nous n’avons jamais joué dans un endroit aussi bas de plafond. On a d’ailleurs pas pu empiler tous nos amplis. Il n’y en aura que la moitié ce soir. Ça va être un concert de Fu Manchu bizarre. Mais la salle est intéressante.
Il y a 5 ans, nous avions interviewé Scott et il nous avait parlé d’un DVD live [ndlr : prévu à l’époque pour 2010]. C’est toujours d’actualité ?
On a compilé pas mal d’images [rires]. Sérieux, ça fait 25 ans et nous avons matière à sortir un DVD. Il faut qu’on se repenche sérieusement sur la question. En fait, on vient de lancer notre boutique en ligne et c’est nous quatre qui gérons ça. C’est nous qui mettons en paquets et envoyons les colis. Nous n’avons pas eu vraiment le temps entre ça et les repressages de nos anciens albums. Pour le moment, nos vies se résument à empaqueter et poster. Nous n’avons pas le temps donc… ni le budget actuellement pour presser un DVD d’ailleurs. Mais bon, on le fera un jour et ça sera génial.
Cela fait également 5 ans maintenant que vous avez lancé votre label « At The Dojo ». Les affaires vont bien ?
On a commencé par des 7″ et on continue à presser surtout pas mal de vinyls. Ça marche plutôt bien. On fait tout nous même comme je te l’ai déjà dit : on emballe et on envoie. A côté de ça, il y a I-tunes et nous aurions été vraiment stupides de nous poser la question : le truc est dispo en ligne et il se passe ce qui doit se passer.
Une question sur Sun & Sail Club. Dans une interview, Scott Reeder, le bassiste…
[rires] Ah ouais, ça peut prêter à confusion… [ndlr : le groupe compte deux “Scott Reeder”, le célèbre bassiste ayant notamment officié dans Kyuss et Unida, et le batteur de Fu Manchu]
Comment fais-tu d’ailleurs ?
Généralement, c’est « Scott Reeder bass » ou « Scott Reeder drums » quand j’ai un truc à leur dire. Sinon, « Scott Reeder bass » c’est également « Scott Thomas Reeder ».
Donc, dans une interview, Scott a laissé entendre que « Sun & Sail club » avait déjà un nouveau disque en projet ?
Oui, on va voir ça en novembre. Il faut savoir qu’on a enregistré notre premier album mais nous n’avons jamais vraiment joué ensemble. L’enregistrement a duré 8 mois car c’était difficile de composer avec nos emplois du temps respectifs. J’ai vraiment envie qu’on prenne le temps de se réunir et qu’on fasse des jams sessions. Mais bon, il y a déjà un album de prêt. Il va sortir et c’est seulement après qu’on se réunira pour jammer pour la première fois et voir ce qui en ressort.
Tu es aussi pas mal occupé avec le site playthisriff. Peux-tu nous en parler un peu ?
Oui, j’interviewe d’autres musiciens et je les filme en train de donner une leçon sur « comment jouer tel ou tel de mes morceaux ». Je retranscris des partitions pour guitares et basses pour que les gens apprennent à bien jouer. Pour le moment, nous avons un peu plus de 70 groupes sur le site. Juste avant que nous entamions cette tournée, j’ai filmé Boris, Dead Meadows et Fatso Jetson, tout ça en l’espace d’un mois. J’ai tout avec moi donc je vais pouvoir poster des trucs pendant cette tournée. J’ai d’ailleurs mis en ligne une vidéo de Boris hier.
Publié par Laurent Bon an, mal an, Lori S. et ses compères de Acid King tracent leur petite route tranquille, avec quelques concerts ici ou là, et un album de temps en temps pour maintenir la flamme de leur statut culte. Du coup, impossible de passer à côté de l’opportunité de taper la discut’ avec Lori S., leader incontestée du combo, sous le soleil éreintant du Hellfest 2014. Comme on l’imaginait, Lori se révèle gentille, souriante et intéressante. Maintenant il nous tarde de l’écouter, ce disque !
Avant tout, vous venez de sortir de scène, comment était le concert ?
Lori S. : Le public était génial ! Jouer dans ces grands festivals est toujours générateur de stress, tu sais. Jouer devant tant de monde, ça intimide… Tu essayes de jouer au mieux, donc tu es très concentré. Et tu as un peu peur du son dont tu bénéficieras, étant donné du peu de temps de soundcheck dont tu disposes, donc tu batailles un peu avec tout ça. Mais au final, le concert était vraiment cool.
Parle-nous de ton nouvel album, qui devrait sortir bientôt…
Absolument, le nouvel album sortira en février 2015. Il est presque terminé, il ne reste plus qu’à le mixer.
Musicalement, doit-on s’attendre à des changements radicaux ?
Non, pas beaucoup, en tout cas je pense que le son d’Acid King est reconnaissable. A titre d’exemple, on a joué deux nouveaux morceaux tout à l’heure sur scène, et je pense qu’ils s’intègrent bien dans notre set… Tu ne trouves pas ?
Si, je n’y ai vu que du feu !
Hahaha, voilà ! Sinon, certaines choses évoluent quand même dans notre musique, notamment le fait que Mark [Lamb, basse] ait un peu plus contribué sur ce disque, en apportant des idées intéressantes lors de l’écriture et de l’enregistrement. Il y aura des petits changements, des subtilités… Le son sera le même, mais vous remarquerez quand même une évolution d’Acid King, je pense.
Qui est le producteur de l’album ?
Toshi Kasai et Billy Anderson ont tous deux enregistré l’album, et c’est Billy qui va s’occuper de le mixer. C’est un peu comme si le groupe était producteur, avec Billy en ingénieur du son et co-producteur… Mais bon, on fait tout tous ensemble, en gros.
Le nouvel album sortira donc pas moins de neuf ans après son prédécesseur ! Qu’est-ce qui vous a pris si longtemps ?
Il n’y a pas vraiment de raison… Acid King n’est pas un job à temps plein pour nous tous, nous avons chacun une carrière à gérer à côté avec un “vrai” boulot. En réalité, nos vies nous ont pris plus de temps tout simplement et nous ont empêché de passer plus de temps pour Acid King. On répète quand même de temps en temps, et on essaye de faire une ou deux tournées chaque année, comme en ce moment. Mais voilà, le temps passe, et il n’y a aucun motif unique qui explique ça.
Il sortira sur quel label ? Il ne sera pas sur Small Stone si j’ai bien compris.
Non, effectivement, il sortira sur Svart Records, avec une édition vinyl et CD. En fait c’est sous license, ce n’est pas vraiment notre label. A ce stade de notre carrière, nous n’avons pas vraiment besoin d’une maison de disques. On gèrera nous-même toutes les sorties digitales, avec d’autres trucs qu’on mettra en vente online, ça nous permettra peut-être de gagner un peu d’argent, car figure-toi qu’on n’a jamais gagné le moindre dollar avec tous les morceaux digitaux d’Acid King qui ont pu être vendus en ligne ! Je ne sais pas qui en a gagné, mais pas nous, ça c’est sûr. Donc on veut reprendre le contrôle de ces trucs. Mais concernant Svart, on est plutôt contents, j’aime beaucoup ce label.
Vous terminez votre petite tournée européenne aujourd’hui avec ce concert au Hellfest, comment s’est passée la tournée ?
Super ! Excellente tournée. La meilleure date fut celle de Londres, je pense, un super concert, et Paris, où on a joué avec Spirit Caravan. Ce n’était qu’une petite tournée que l’on a organisée autour de l’opportunité que l’on a eue de jouer au Hellfest. On n’avait pas vraiment de vraie raison de partir en tournée au regard de notre actualité, mais notre tourneur a eu cette invitation du Hellfest, et on s’est donc dit : “Pourquoi pas, ça a l’air cool”, et nous voilà donc.
Comment tu expliques ce constat que vous jouez plus souvent sur un continent à des milliers de kilomètres de chez vous plutôt que dans votre propre pays ?
C’est vrai, ça fait longtemps que je n’ai pas fait de tournée aux USA… Mais jouer en Europe, c’est vraiment super. Qu’il s’agisse des groupes, des salles de concerts, de l’hospitalité, tout est mieux qu’aux USA. Désolée, les U.S. ! Hahaha !
Sur cette tournée vous avez joué un bout de la tournée avec Pet The Preacher. Pourquoi avoir choisi ce groupe ?
Et bien nous cherchions un groupe avec qui jouer, et il se trouve que nous avons le même tourneur. Ils sont jeunes, ils ont un nouvel album, ils étaient excités à la simple perspective de jouer live… Ca nous convenait tout à fait ! Et au final ça s’est super bien passé, ils étaient très sympas.
Sur quels principes penses-tu organiser vos prochaines tournées ? Penses-tu pouvoir revenir tous les ans à peu près ?
L’an prochain nous allons faire une tournée aux USA, car ces dernières années nous avons joué en Europe plus que nous n’avons joué dans notre propre pays. Idéalement, nous ferons aussi une tournée en Europe pour jouer sur les deux continents, mais nous n’avons aucun plan concret à l’heure actuelle. C’est juste notre souhait.
Publié par Laurent Après une performance de haute volée en première partie de Los Disidentes Del Sucio Motel, on a retrouvé les quatre musiciens d’ABRAHMA relax, pour parler du groupe, de leurs albums (passé et futur), de la vie en tournée, des copains (Rescue Rangers), etc… Les musiciens, sympas et ouverts, nous y livrent quelques infos qui font saliver dans l’attente de leur nouveau disque qui ne devrait plus tarder, et qui sera, on l’espère (et eux aussi) l’occasion de les revoir sur scène, un terrain où ils font vraiment la différence…
Votre premier album est sorti il y a deux ans maintenant, ce n’est plus vraiment de l’actu, mais je voudrais quand même revenir sur un point qui en a surpris plus d’un à l’époque : comment un groupe qui existait à peine depuis quelques mois à l’époque [ndlr : Abrahma est né des cendres d’Alcohsonic vers 2011] réussit à se faire signer directement sur le label Small Stone Records ? Il suffit d’envoyer une démo ?
Seb Bismuth (guitare et chant) : Et bien en fait c’est même encore plus simple que ça. Il faut dire qu’à l’époque on avait déjà mixé et masterisé l’album, avec une équipe différente de celle de la version qui est sortie depuis. On avait pris Alan Douches et Jason Groves, ce dernier ayant mixé des albums de Hermano et de son guitariste Dave Angstrom. Une fois l’album terminé, on a décidé de commencer par cibler les labels qui nous tenaient le plus à cœur, c’est-à-dire en gros Small Stone, Tee Pee, Relapse, Listenable… On leur a juste envoyé un mail avec un lien pour le téléchargement de l’album, et à peine deux jours après, j’ai reçu un message de notre illustrateur, Alexander von Wieding, qui m’annonce juste : “Mec, j’ai une excellente nouvelle pour toi : Scott Hamilton [ndlr : fondateur et gérant de Small Stone Records] m’a demandé ce que je pensais de votre musique, il voudrait vous parler”. On a donc longuement discuté avec Scott pour aboutir à ce qu’il nous dise : “la musique est mortelle, mais je voudrais un nouveau mix et un nouveau mastering”. On était hésitant au début, il voulait revoir le son de batterie, des trucs comme ça. Il a fait un mix de test sur deux morceaux, et le son correspondait parfaitement à ce qu’on voulait au départ. Jason Groves avait pourtant bien bossé, mais là on avait un truc qui nous convenait naturellement. Les échanges ont duré cinq semaines environ, mais le résultat était super.
Alex Von Wieding est un peu l’artiste attitré de Small Stone, mais vous me dites que vous l’aviez déjà choisi avant même d’être signé sur Small Stone ?
Guillaume Colin (basse) : Oui, l’artwork était même prêt avant qu’on n’envoie l’album aux différents labels. On avait déjà sollicité Alex pour un EP qu’on avait fait à l’époque avec Alcohsonic, qui était une sorte de transition musicale entre les deux groupes. Au moment où on s’est séparés avec le précédent guitariste et où Nico est arrivé, on a enregistré un truc à trois, un EP avec quelques titres qui ont aussi plus tard atterri sur l’album d’Abrahma : “Vodun pt.1”, “Honkin’ Water Roof” et… Je ne sais plus quel autre morceau [ndlr : aucun autre J], mais c’étaient des titres qui amorçaient notre évolution musicale. Et Alexander avait déjà réalisé cette pochette. C’est donc une pure coïncidence.
Votre actu maintenant, c’est le nouvel album. On sait déjà que vous avez des compos…
Seb : Voilà, on en a même joué une ce soir. L’album va être enregistré mi-mai. Thomas Bellier [ndlr : guitariste à la tête notamment de Blaak Heat Shujaa] est co-producteur. C’est un pote de longue date, et il cherchait un groupe pour “se faire la main”…
Guillaume : Lui il avait envie de se lancer dans le métier, et nous on avait besoin d’une oreille extérieure.
Seb : On tenait vraiment à cette oreille extérieure. A un moment on a même cherché un producteur, mais ça faisait un gros budget, on s’est beaucoup interrogé à l’époque. Et finalement on connaît super bien Thomas, on a déjà tourné ensemble, on a à peu près les mêmes goûts… Pour tester un peu, on lui a envoyé quelques morceaux pour recueillir son avis, et il s’avère que ses retours ont été très constructifs et utiles.
Mais il vit en Californie, ça ne va pas faciliter l’enregistrement ça, si ?
Guillaume : On va faire comme pour le premier album, on va enregistrer dans le studio de Benjamin [Collin, batteur du groupe] qui est ingénieur du son, on y fait toutes les prises.
Seb : On n’attend pas de la part de Thomas qu’il joue le rôle d’un producteur dans le sens “français”, mais plutôt comme ça se pratique pour les producteurs américains : on lui a envoyé tous nos morceaux, une quinzaine environ (sachant que tous ne figureront pas forcément sur l’album), et on lui a demandé d’abord de faire une sélection. Et puis on lui a demandé son avis sur quelques titres que l’on aimait beaucoup, mais pour lesquels on avait vraiment du mal à prendre du recul. Il nous a apporté son regard extérieur, et nous a dit des choses similaires à ce qu’on pensait, mais en nous apportant des choses très intéressantes qui nous ont permis de changer et d’améliorer des morceaux. Le titre que l’on a joué tout à l’heure, “An Offspring to the Wolves”, c’est un super exemple : c’est un morceau que l’on avait déjà terminé avec une version différente, et Thomas nous a dit qu’il fallait supprimer des trucs et changer d’autres choses. On a donc refait tout le morceau, et le résultat est bien meilleur.
Globalement, à quoi s’attendre pour ce prochain album ? Musicalement, des changements ou évolutions importantes par rapport au premier album ?
Guillaume : Hormis quelques morceaux qui avaient été bien travaillés avant, le premier album avait été quasiment écrit, enregistré et mixé en même temps. Ca avait été très vite.
Seb : Et puis on sortait d’Alcohsonic, il ne faut pas l’oublier, et on cherchait encore un peu notre son, même si on avait trouvé où on voulait aller.
Guillaume : En fait cette fois-ci on a voulu resserrer le spectre, le premier album était un peu large au niveau du spectre musical. Là ça risque d’être un peu plus lent, un peu plus lourd, psyche parfois…
Seb : On avait un côté grunge parfois, que l’on assume un peu plus désormais.
Où sont vos inspirations désormais ?
Seb : On écoute des choses très variées en fait. Guillaume et moi on a à peu près les mêmes goûts. Tu vois dans le van en ce moment on peut écouter aussi bien At The Gates, donc du death suédois, et puis Herbie Hancock, Paradise Lost, Soundgarden… C’est aussi pour ça que c’est dur de nous qualifier de pur stoner. La semaine dernière, alors que l’on parlait du second album, Scott Hamilton nous disait qu’on était un groupe atypique chez Small Stone, on n’a pas grand-chose à voir avec le reste. On a décidé d’affirmer cette variété d’influences, de tous nous pointer en studio sans a priori sur le genre musical que l’on va jouer, et chacun d’amener selon ses sensibilités des idées, des riffs, etc… Donc oui, quand tu écoutes le résultat final il y a un côté psyche, un côté doom, dark… Un album plus affirmé, même si ça sera la suite logique de l’album précédent.
Et il sort quand ?
Seb : Alors ça c’est la grande question. L’idée de base ça serait fin 2014, au pire début 2015.
Et donc vous nous confirmez que ce sera chez Small Stone.
Seb : Oui. Quasiment tous les aspects sont en cours de validation, artwork, tournée, promo, etc…
Depuis la sortie de l’album, vous avez joué plus de trois fois plus de concerts dans des pays européens qu’en France. C’est une volonté de votre part de vous exporter en priorité ?
Seb : Je vais te donner mon avis personnel : je pense tout simplement que c’est de plus en plus difficile de jouer en France. En plus de ce constat, il semble qu’Abrahma intéresse plus des pays comme l’Angleterre, l’Allemagne…
Guillaume : C’est plus dur en France pour plusieurs raisons. D’abord il y a plus de public pour cette scène musicale ailleurs qu’en France. Ensuite, on voit de plus en plus de structures qui disparaissent, des salles de concert qui ferment… Ca devient vraiment difficile de booker une tournée.
Seb : Cette tournée est un très bon exemple : on avait une date bookée à Barcelone, et le but était de trouver deux dates sur le trajet aller, et deux autres sur le retour. Et bien ça a été une galère totale… Certes, on s’y est pris un peu tard, mais quand même, j’ai travaillé un mois dessus, et on n’a quasiment pas eu de retours, et quand on en avait, on nous proposait des conditions vraiment impossibles. Il faut savoir qu’on n’est vraiment pas gourmands au niveau du cachet, on n’est pas là pour se faire de la thune, c’est une passion avant tout. Mais on a quand même l’essence à payer, rentrer dans nos frais… Et puis ce que disait Guillaume c’est très concret, les salles ferment vraiment petit à petit. Sur cette tournée on devait faire une date à Orléans, et l’Infrared [ndlr : un café concerts rock de la ville] a fermé juste avant. A Paris, c’est pareil, à l’image du Glazart dont le bail se termine mi-2015, et dont on ne sait pas encore s’il sera prolongé. Les Combustibles, la Miroiterie, les fermetures de multiplient…
Guillaume : Pour revenir à la question, c’est vrai aussi qu’on a plus de facilité à trouver des dates à l’étranger.
Seb : C’est vrai. On a récemment fait une petite tournée en Angleterre, et c’est arrivé direct dans ma boîte Facebook, par le tourneur qui nous demandait en gros si on était intéressé pour venir jouer dix jours avec Enos et Mother Corona. Donc même si on cherche des dates, on prend aussi ce qu’on nous propose, et la plupart des offres ont été en provenance d’autres pays que la France.
Vous savez quel type de format de tournées vous privilégierez à l’avenir pour promouvoir ce nouvel album ? Premières parties, tournées “packages”, têtes d’affiches …
Seb : Bien entendu on a commencé à contacter les festivals pour 2015, on a des contacts et des discussions en cours, on espère que ça se concrétisera. Globalement on va bien sûr essayer de faire le plus de dates possibles, probablement plus encore qu’avec le premier album, mais on ira là où on veut bien de nous… Je pense qu’avoir un deuxième album sous le bras aide un peu dans cet objectif.
Guillaume : On va aussi essayer de jouer dans des endroits où on n’a jamais été, à l’image de l’Espagne, du Portugal…
Seb : Pour l’Espagne, c’est même officiel, vu qu’on fait désormais partie du roster de Red Sun, une agence de booking de Barcelone, qui est une asso qui se bouge vraiment. J’encourage d’ailleurs tout le monde à promouvoir cette asso qui se défonce, et même les groupes à se rapprocher d’eux : jusqu’à maintenant tous les groupes qui bossent avec eux sont ravis. Après on a aussi des projets d’aller en Suède, en Finlande, etc…
Guillaume : Et puis les Etats-Unis…
Vous pensez que ça peut marcher ? On trouve de plus en plus de groupes américains qui font le mouvement inverse, c’est-à-dire qu’ils cherchent des tournées européennes, beaucoup plus rentables pour eux…
Guillaume : On a déjà eu des invitations, on n’est pas passés loin de le faire… On est aussi conscients qu’il faudra peut-être commencer par des dates moins rentables sans doute, voire perdre de l’argent au début…
Seb : On sait qu’il faut en passer par là. Pour en arriver avec Abrahma là où on en est aujourd’hui, on a mis de notre poche, même si maintenant on arrive à peu près à équilibrer les choses. Pour les Etats-Unis, on sait déjà que ça nous coûtera au moins les billets d’avion, peut-être même plus. Et puis Scott, le patron du label vit là-bas, et on sait qu’il aimerait bien voir le groupe, c’est normal. A mon avis c’est aussi le cas de The Socks, l’autre groupe français signé chez Small Stone, ils ont probablement aussi ce type de projet.
Seb, on a observé depuis quelques semaines un rapprochement très concret de ta part vis-à-vis de Rescue Rangers [ndlr : confirmé le soir de l’interview par la présence de Seb en second guitariste du concert des Rescue Rangers] : peux-tu nous détailler comment c’est arrivé et de quelle manière ça se concrétise ?
Seb : Depuis les débuts d’Alcohsonic, on a une très forte amitié avec Rescue Rangers, c’est des relations super fraternelles. On est en contact avec Pascal [Mascheroni, chanteur / guitariste de Rescue Rangers] depuis leur premier EP. On a fait nos premiers concerts ensemble, et on s’est très bien entendus avec eux, aussi bien au niveau de la musique – et notamment une grosse passion pour la musique des années 90 – que du mental. Cette amitié n’a fait que grandir au fur et à mesure. Il y a quelques mois j’ai organisé une tournée Enos, Mangoo et Rescue Rangers, et suite à cette tournée, le groupe m’a proposé d’être leur manager, pour continuer à travailler pour eux. Puis suite à cette tournée, il y a eu un remaniement du groupe. J’ai proposé à Pascal des musiciens, notamment Fred [Quota, batterie] qui a fait lui-même le lien avec Guillaume [Theoden, basse]…
Guillaume : Sachant que Fred est le batteur remplaçant d’Abrahma, étant donné que Benjamin n’est pas toujours dispo du fait de ses autres occupations musicales. Donc tu vois, Rescue Rangers c’est un peu la famille.
Seb : Rescue Rangers a un nouvel EP qui va sortir bientôt, et le producteur de cet EP avait suggéré au groupe de prendre un second guitariste. Or ça faisait longtemps qu’on discute avec Pascal de faire quelque chose ensemble, donc on a fait un test en répèt’, et ça a collé. Il faut dire que j’adore leur musique et que je connaissais quasiment tous leurs morceaux par cœur… Moi ça m’éclate en tout cas.
Ca doit pas être facile pour les répèt’ entre Paris et Marseille, la ville d’origine de Rescue Rangers…
Seb : Guillaume et Fred étant comme moi de Paris, le groupe devient parisien, donc Pascal se déplace pour qu’on joue ensemble. On espère qu’il nous rejoigne bientôt de manière plus stable, ça facilitera les choses…
Tout ça ne risque-t-il pas de venir impacter Abrahma ?
Seb : Je ne sais pas du tout ce que l’avenir nous réserve, pour le moment on ne se projette pas trop loin, et clairement je ne sais pas exactement quelles disponibilités je pourrai avoir pour Rescue Rangers étant donné qu’Abrahma reste mon groupe principal. Mais en revanche tout est très clair et transparent entre Pascal et moi donc à ce jour ce n’est pas un problème. En tous les cas je me suis éclaté ces deux derniers jours sur scène, à jouer deux sets par soir, avec Abrahma et Rescue Rangers. Ce n’était pas forcément évident, j’avais quelques craintes étant donné que ce sont deux sets plutôt énergiques, mais même si je finis les soirées crevé, c’est super, je le referai, le test est concluant.
Pour conclure, j’ai entendu dire que vos tournées étaient souvent épiques et chargées d’anecdotes improbables… Vous pouvez nous donner votre Top 3?
Seb : Alors le Top 1 je le connais, mais est-ce qu’il faut le révéler, je ne sais pas ! [rires] Le Top 1 alors c’est un viol… Une tentative de viol pour être précis, par une femme de plus de cinquante ans avec des cheveux violets, un soir, qui a eu pour conséquence qu’on a passé une nuit blanche pour la fuir, en essayant de dormir quelques minutes ici ou là, sur une aire d’autoroute…
Guillaume : Enfin ça serait long à raconter et vraiment très fastidieux à retranscrire, fais-moi confiance… On avait essayé de dormir quelque part à l’arrache après, on s’était posé sur un parking qui s’est avéré être à côté d’un entrepôt de la DDE. Les agents de la DDE bien sûr se levaient super tôt, pile quand on commençait à trouver du sommeil…
Seb : Mais cette nuit catastrophique ne nous a pas empêchés de jouer l’un de nos meilleurs concerts à Lyon le lendemain… Après comme anecdote, y’a aussi le mec qui a monté un concert chez le disquaire Gibert Joseph de Dijon, organisé un peu au dernier moment, mais bon… On se pointe et on s’installe donc en bas du magasin, et au moment de commencer le concert, on s’aperçoit qu’il ferme le magasin ! On lui demande s’il est sûr de son coup et il nous répond : “Ouais ouais c’est bon !”. Et en fait on a joué devant lui, et une dame très gentille qui devait aller chercher son gosse à l’école, enfin je te passe les détails… Et la même journée on a eu une histoire avec un chien perdu… Faut pas aller à Dijon !
Guillaume : On a eu un plan aussi en Hollande, je crois que c’était la tournée avec Jaded Sun. C’était un ancien Hôtel, une sorte de Bar-hôtel, et donc le mec avait des piaules, sauf que toutes les piaules étaient prises ! On s’est retrouvés dans une sorte de grenier, avec une sorte de table à UV dans un coin… Sauf qu’on était cinq, et y’avait moins de cinq mètres carrés au sol ! En fait le gars voulait pas qu’on monte dans les chambres avant, il nous faisait fumer non stop des trucs horribles, des douilles avec une sorte d’alcool à l’intérieur…
Seb : On avait aussi fait un concert complètement improbable dans un festival toujours en Hollande, paumé quelque part. On s’est pointés, c’était pourri. Y’avait personne. Pour bouffer on nous a juste filé une sorte de soupe dégueulasse, un truc avec de l’eau, t’avais l’impression que les légumes avaient infusé dedans… On a commence à gueuler et l’organisateur était pas là. Donc j’essaye de l’appeler, je lui dis : “C’est quoi ce borde ? Tu m’avais dit que c’était un festival de musique, qu’il y aurait plein de monde !”. Et le gars me répond : “Ouais mais en fait j’ai organisé deux festivals le même jour. Donc moi je suis dans une ville à côté c’est blindé, c’est mortel“. En plus de ça les groupes avant nous qui devaient chacun jouer trente ou trente-cinq minutes jouaient allègrement plus d’une heure chacun, donc nous qui devions jouer à 23h, on a finalement joué à deux heures du matin, et dans le public il n’y avait que des copains qu’on avait là bas et les mecs de Mother Of God. Mais bon, on a aussi de bons souvenirs en Hollande, faut pas croire ! Enfin oui, globalement, en tournée on accumule les sales plans, on pourrait en raconter des tonnes. Mais en fait là c’est bizarre, ça fait longtemps qu’il ne nous est pas arrivé un plan bien foireux… On est probablement en train de devenir plus sérieux !
Publié par Laurent Les LDDSM sortent trop rarement de leur tanière, et quand c’est le cas, comme à l’occasion de cette mini-tournée bien sympa au début de l’été, faut pas les rater. On en a profité pour choper deux des frangins Maverick par le col (Francky, guitariste / chanteur, et Bobby, bassiste / chanteur), les asseoir sur une sorte de bout de rampe de skate un petit moment au doux son d’un bon vieux Judas Priest, afin de les interroger sur ce qui se passait dans le petit monde des Disidentes. Comme d’habitude, les gars ont été non seulement sympas mais aussi intéressants et toujours passionnés, et tandis que leur dernière galette “Arcane” a encore laissé des traces toutes chaudes dans nos chaînes hi-fi, ils nous donnent déjà envie d’entendre leurs nouveaux titres.
C’est plus vraiment de l’actu “chaude”, mais ça fait maintenant un an qu’est sorti “Arcane”, votre second album. Et pourtant, il était déjà enregistré depuis un moment avant sa sortie. Rappelez-nous pourquoi vous aviez attendu si longtemps ?
Francky : Dans nos vies perso il y a eu quelques “chamboulements”, tout ne peut pas forcément être prévu à l’avance dans le calendrier… C’est aussi pour cela que la tournée actuelle [ndlr : en mai 2014] est finalement la première que nous faisons en bonne et due forme pour défendre cet album !
Un an plus tard, quelles réflexions avez-vous sur cet album ?
On a eu de très bons retours sur l’album, qu’il s’agisse de la presse, mais aussi du bouche-à-oreille. On est vachement contents, c’est même bien mieux que le premier album, qui pourtant avait déjà bénéficié de retours très positifs ! Pour “Arcane” c’est quasiment unanime, on est vraiment super heureux, et c’est même le cas autant à l’étranger qu’en France.
Vous avez eu l’opportunité de le sortir ailleurs qu’en France ?
Oui, notamment grâce à un deal de distribution internationale qu’a mis en place notre label Deadlight Records. En réalité l’album est sorti sur deux labels : Deadlight, mais aussi HellProd, qui est notre propre label, pour travailler sur le vinyl en particulier. On a trouvé un distributeur anglais, Plastichead, qui centralise la distribution et gère ça pour le reste du monde.
Pouvez-vous revenir sur les raisons qui font que vous avez si peu tourné ces derniers mois, comme tu nous le disais tout à l’heure ?
Oui, notre dernier concert était à Marseille l’été dernier… On a eu chacun de notre côté des galères de boulot, moi je suis devenu papa… Tout ça nous a forcé à lever un peu le pied – tu ne peux pas tout faire, dans la vie… On a donc mis un peu de temps à reprendre la route, le temps que les choses se remettent un peu en place.
Bobby : Après, si tu regardes, depuis que l’album est sorti on a fait une dizaine ou une quinzaine de dates, mais ce qui est cool c’est qu’on a fait des grosses dates : on a ouvert pour Red Fang, Orange Goblin, Le Bal Des Enragés, Loading Data…
C’étaient des coups de chance ou le fruit d’une volonté de jouer des concerts plus “marquants” ?
C’est quelque chose que l’on cherchait plus ou moins. L’autre aspect qui fait plaisir c’est qu’on est aussi venu nous chercher pour ces premières parties, notamment suite à notre passage aux Eurockéennes [en 2012].
En terme de public, d’une certaine manière, ces dates équivalent à une petite tournée de bars avec quelques dizaines de personnes à chaque fois…
Francky : Et oui, c’est peut-être bête à dire, mais tu as plus d’efficacité à jouer une fois devant 300 personnes plutôt que 30 fois devant 10 personnes…
Vous êtes tout de même partis sur un format “mini-tournée” cette fois, avec dix à douze dates – quelques incertitudes sur les dernière dates avec un risque d’annulation…
Ouais, pour le Luxembourg et la Belgique, on a quelques craintes, même si les mecs ont l’air de faire du mieux qu’ils peuvent pour les maintenir ou trouver un autre lieu. En tous les cas, les dates jusqu’ici sont cools et se passent super bien : super date au Brin de Zinc [à Chambéry], hier première fois pour nous que l’on jouait dans le Centre de la France à Clermont Ferrand, très bien aussi… On fait des clubs plutôt cools sur cette tournée, c’est sympa.
Vous faites donc un peu moins de concerts qu’avant, mais vous avez de plus en plus de projets parallèles (International Unplugged Rock’N’Roll Society – IURRS pour les intimes – , un single en solo pour Francky, etc…). On se demande tout simplement si la place qu’occupe le groupe dans vos vies a changé, voire diminué ?
Pendant les huit mois où on n’a pas fait de concert, le groupe n’était pas en stand-by. On a beaucoup répété et composé pour le nouvel album. Etant donné que c’est un album qui nous demandera probablement beaucoup de temps, on fait ça à notre rythme.
Bobby : Je pense que la place du groupe pour nous n’a pas changé. C’est juste que nous avons ressenti le besoin à un moment donné d’aller rechercher des expériences, de s’investir dans des projets… Là par exemple on vient de sortir avec HellProd un skeud d’un mec de Strasbourg, Dirty Deep, or ça nous a certes pris beaucoup de temps, mais on avait vraiment à cœur de sortir ce truc-là, ça nous intéressait. A titre personnel, moi j’ai eu envie de m’investir dans le label et de travailler avec d’autres musiciens par ce biais.
Est-ce que vous allez encore plus développer le label ?
Francky : On aimerait bien, ça dépendra des opportunités. Mais on ne vise pas de devenir Sony ! Là, pour le coup, avec Dirty Deep, la rencontre humaine et artistique était parfaite, donc on n’a pas hésité, on a foncé.
Vous êtes aussi au cœur d’une sorte de réseau d’artistes (vidéo, photos, etc…) avec qui vous travaillez étroitement depuis longtemps. Est-ce que vous envisagez aussi de développer ce type d’interactions artistiques ?
Bobby : On est en train de travailler sur un projet de clip qui va probablement à nouveau débouler sur un truc assez cinématographique. Pas aussi long qu’un film, mais avec un budget conséquent, une grosse prod. Ca sera sur la base d’un des morceaux de l’album. En parallèle, Alex de Deadlight bosse avec une boîte de prod aux Etats-Unis qui fait des films d’horreur, et notre morceau “Z” devrait se retrouver sur un film de leur catalogue.
On note que votre réseau de collaborations se structure principalement autour de Strasbourg, est-ce que cet attachement local ne freine pas une volonté de développement national et international ?
Francky : C’est sûr que si on parle par exemple des IURRS [ndlr : un rassemblement de musiciens à géométrie variable qui interprètent des reprises rock en format acoustique], on est les noyaux du truc étant donné que l’on a initié le projet, mais il y a plein de musiciens qui gravitent autour de ce truc-là, et ça nous apporte énormément humainement et musicalement. Chaque année on essaye de renouveler un peu les musiciens, et d’aller voir un peu ce qui se passe dans notre région, quels groupes sont en train de se développer… Et ça marche : plusieurs groupes et musiciens pas encore très connus émergent ensuite en quelques mois et récoltent un succès mérité. Et c’est ça qui nous éclate : faire connaître cette scène strasbourgeoise qui est géniale. Il y a un réseau de musiciens en Alsace qui est trop peu exporté, on ne comprend pas pourquoi.
On commence à voir pas mal de groupes français qui tournent autant en France qu’à l’étranger (Abrahma, Glowsun, Mars Red Sky, …), voire même plus à l’étranger qu’en France pour certains. Ce n’est pas votre cas, la plupart de vos concerts sont en France. Est-ce un choix de votre part ou un manque d’opportunités ?
Bobby : Il y a effectivement un manque d’opportunités. Mais il y a un autre phénomène que l’on nous a souvent fait remarquer, c’est que nous avons notre public essentiellement en France. C’est bizarre, les gens nous connaissent en France, mais à l’étranger ils sont plus réticents… Sinon, tu as aussi le fait qu’Abrahma par exemple est signé chez Small Stone, donc derrière tu as le poids d’un label international, ça aide aussi, et ce n’est pas le cas pour nous.
Francky : Nous on ne demande que ça ! Le noyau français on l’a, c’est cool, maintenant on aimerait commencer à s’exporter. Tu vois l’autre jour on se faisait la remarque dans le van que l’an prochain ça fera dix ans que LDDSM existe. Or sur la durée, on a trop peu joué à l’étranger, tu as raison. Donc je pense que dans un futur proche, on va vraiment se pencher là-dessus. On n’a pas manqué de bonne volonté en tout cas, on a joué quelques dates ici ou là en Europe, des dates en Club dans différents pays, avec parfois très peu de monde, et ça nous faisait douter, au regard des efforts nécessaires pour organiser ça et le temps passé, l’argent dépensé… Mais bon, on a aussi eu de super bonnes surprises sur d’autres dates, avec plein de monde, où tout s’est super bien passé…
Parlons du prochain album : il en est où pour le moment ?
On a un concept et quelques compos, quatre titres environ. Ca sera un concept album, un vrai, plus que les autres : sur les deux premiers il y avait des thématiques, mais là ce sera un vrai concept album, un peu dans l’esprit “The Wall” – sans aucune prétention de comparaison, évidemment. Ce sera l’histoire d’un personnage que l’on va suivre dans un contexte qu’on a inventé, ce sera complètement imaginaire. Les chansons vont raconter des chapitres de cette histoire. Et au vu de l’histoire, il faudra que l’on trouve un lien pour relier temporellement tous ces chapitres, donc on réfléchit à la manière de créer ces ellipses : peut-être du texte ou des images dans le livret, ou de la vidéo… En tous les cas on aimerait bien que la personne qui reçoit cet album se penche dedans pour réellement apprendre cette histoire. Du coup ça va prendre un petit peu de temps, car c’est compliqué à composer et à créer tout ça.
Et musicalement, est-ce qu’une tendance se dessine avec ces premières compos ?
Le style va évoluer aussi, on tend de plus en plus vers quelque chose d’un peu plus progressif. Mais ce n’est pas du tout calculé, on joue et les morceaux tombent comme ça. Pour le moment, on n’a aucun morceau en dessous de six minutes, mais ce n’est pas une volonté en soi, c’est simplement que collectivement on se dit que le morceau doit se développer comme ci ou comme ça.
Comment vous vous y prenez pour composer un concept album, étant donné qu’il y a la progression de l’histoire à gérer ? On commence du début de l’histoire avec la première chanson et on avance comme ça ?
Alors bizarrement… pas chez nous en tout cas! [Rires]
Bobby : Ce qu’on a fait d’abord c’est essayer de poser l’histoire, on a fait un brainstorming pour aboutir à l’idée globale, puis on a essayé de diviser l’histoire par chapitres, pour rendre le tout cohérent. Ensuite – il faut savoir que nous on compose généralement la zique avant les paroles – en fonction de l’ambiance des morceaux que l’on composait, on se disait : “tiens, ça ça correspondrait bien à tel ou tel passage de l’histoire”.
Francky : Ce qui est vachement intéressant, et qu’on n’avait jamais fait jusqu’à maintenant, c’est qu’au sein même de ta chanson, tu essayes ensuite de recréer l’ambiance souhaitée, tu te dis : “le mec, dans cette situation, il serait comment : il serait fatigué ? stressé ? énervé ? content ?”. Et tu injectes ton intention dans le jeu, et c’est très intéressant à faire comme exercice, notamment dans le chant. Pour revenir à la question initiale, bizarrement pour le moment on a composé la fin de l’histoire : il se trouve que les riffs que l’on avait au début de la phase de composition collaient mieux à l’ambiance de la fin de l’histoire.
Bobby : Du coup, plus on va se rapprocher de la fin de l’album, plus ça va être compliqué, parce qu’il va nous rester un morceau, et là il faudra écrire exprès la musique qui va bien pour ce morceau, on n’aura pas le choix.
Francky : J’avais vu un reportage sur l’écriture de The Wall, justement, et Roger Waters disait qu’il avait commencé par enregistrer tout l’album chez lui, et lorsqu’il était venu en studio pour travailler le mix avec l’ingé son, ce dernier lui avait ouvert les yeux en lui disant : “il te manque quelque chose dans ton histoire”, ce qui les avait obligé à écrire des bouts de chanson ici ou là, ce qui explique certaines pistes très courtes par exemple qui font des transitions. Et bien si ça se trouve on sera peut-être obligé de faire ce genre de choses, on ne sait pas…
Comment vous imaginez le live autour de l’album ? C’est peut-être un peu tôt pour se poser la question, mais vous seriez obligés de jouer l’album complet d’affilée ?
Bobby : Ca serait même l’objectif : monter un show global, en fait, jouer tout l’album, avec une mise en scène particulière peut-être. Mais on n’en est pas là pour le moment, on a encore le temps d’y penser.
Vous jouez de nouveaux morceaux sur scène, là ?
On va en faire un ce soir [cf. chronique du concert de Bordeaux dans ces pages]. On teste pour voir si ça tourne ou pas.
Vos plans maintenant sur les prochains mois, c’est quoi ?
On va faire quelques concerts d’ici la fin d’année. Ce qui est bien c’est que sur cette tournée, on a eu quelques dates qu’on n’a pas pu caler, mais les mecs voulaient quand même nous faire jouer, donc on les garde sous le coude et on verra. Il y a aussi un projet dont on parle depuis un an, avec un musicien de Strasbourg qui s’appelle Thomas Schoeffler Jr., un mec génial qui est en train d’exploser en ce moment – il fait Jazz à Vienne cet été, le Cognac Blues l’été dernier… C’est un one-man band de bluegrass / country, on se connaît depuis longtemps, et on s’est dit que ça serait intéressant de mélanger nos deux univers, qui a priori ne sont pas forcément compatibles. Du coup on réfléchit à sortir un 45 tours ou autre d’ici la fin de l’année. Les morceaux sont déjà écrits en fait, il s’agit maintenant de trouver un créneau pour passer en studio, ce qui n’est pas facile parce que lui il tourne à fond, il est sur-occupé ! Du coup, ça sera notre prochaine sortie, et ça fera tranquillement la transition avec le nouvel album.
Publié par Laurent Il y a des moments un peu surréalistes dans la vie d’un Desert-Rocker, l’interview de Arthur Seay restera à ce titre gravée dans la mémoire de votre serviteur. Alors que j’avais croisé le bonhomme plusieurs fois dans la journée et qu’on avait prévu de se voir pour une interview en fin d’après-midi, c’est en allant commander des pizzas (!!) que je croise à nouveau notre gaillard. Après une paire de blagues, on reparle de l’interview, et, réfléchissant au planning du reste de la journée, il propose de la faire… tout de suite ! Évidemment, toutes les questions sérieusement préparées sont dans mon sac de l’autre côté du site, mais c’est pas grave, on se la joue à l’impro totale, rock’n’roll ! On pose nos fesses sur un morceau de béton, et au doux son de Soundgarden qui joue à quelques dizaines de mètres, on se met à taper la discut’… Un bonhomme intéressant, sympa, rigolo et passionné… La vraie tête pensante de Unida gagne à être connue…
Ca fait des mois et des mois que tu parles du prochain album, que l’on ne voit toujours pas arriver…
Et bien tu sais, on est tous très occupés, on a nos boulots respectifs… Entre HOBP et Unida, Mike [Cancino, batteur] et moi sommes doublement occupés. Ca met du temps, c’est vrai, mais ça arrive lentement mais sûrement, ça je peux t’en assurer. On a dû se séparer de Joey [Plascencia, le bassiste original du trio] et on dû intégrer Joe [Mora, bassiste actuel] : on ne veut pas précipiter les choses, c’est une nouvelle personne, ce sont de nouveaux morceaux, et ça nous a pris du temps de trouver notre « vibe » avec Joe. Mais on y est arrivés aujourd’hui, on est tous les trois en phase, ça se passe super bien. Donc on est désormais repartis en ordre de marche, on jamme, on compose, et de la bonne musique sort de tout ça. On a enregistré cinq chansons à ce jour, je dois finir quelques parties de guitare dès qu’on rentre de cette tournée. A l’heure actuelle on est en train de se demander si on ne sortirait pas finalement un format de type EP… C’est ce que tout le monde fait ces temps-ci ! [rires] Blague à part, c’est aussi lié au mode de fonctionnement des gens aujourd’hui : ils téléchargent une ou deux chansons qu’ils aiment, parfois l’album complet… Donc on envisage ça à l’heure actuelle, à voir, rien n’est décidé. En tout cas ça sera notre priorité quand on rentrera de cette tournée.
Et quand penses-tu que nous pourrons enfin écouter ça ? Courant 2015 ?
Et bien avec un peu de chance, ça pourrait même être avant la fin de cette année. Si on part sur cette idée d’EP de cinq chansons environ, on va essayer de sortir ça avant la fin de l’année. Tout est enregistré, les vocaux et la batterie sont terminés, ainsi que les guitares, il reste quelques solos à faire. Tu sais, tout est fait chez moi dans mon studio, j’assure le rôle d’ingénieur du son, de producteur, donc ça avance vite… J’aime bien expérimenter, c’est même la raison pour laquelle j’ai construit ce studio. « Tiens j’aimerais essayer ce micro », « tiens, j’aimerais essayer cet ampli »…
Ne nous dis pas ça, on va penser que ça va prendre une éternité !
[rires] Ouais, c’est un peu le piège ! Mais bon, on essaye de rester concentré sur l’objectif de délai. Ça arrive, ça arrive, n’aie pas peur…
Tu nous en as parlé tout à l’heure, peux-tu nous dire deux mots sur le départ de Eddie et nous présenter son remplaçant, Joe ?
Et bien Eddie a simplement choisi une nouvelle vie… Moi et Mike [Cancino] nous sommes des « lifers », comme je dis souvent, on est à fond dedans et on le sera jusqu’au bout. On adore jouer, on vit quasiment pour ça, que ça soit pour 5000 personnes, 30 000 personnes ou même juste cinq personnes. On est le genre de personnes qui vivent la musique 24h sur 24. Or Eddie n’était tout simplement pas tout à fait le même type de personne que nous sur cet aspect. Il a une famille, des enfants, et il a eu une opportunité professionnelle qui l’a amené à déménager dans un autre état. Au début on pensait continuer, mais ça ne pouvait pas fonctionner sur ce schéma : on avait un album à enregistrer, tournées à assurer de temps en temps, et il aurait dû prendre l’avion de temps en temps… C’était triste parce que c’est un pote et qu’on se connaissait depuis qu’on était gosses, on avait toujours voulu faire un truc comme ça tous ensemble. Il a choisi cette voie et c’est comme ça, je lui suis reconnaissant pour tout ce qu’il a fait avec nous. Quant à Joe, on l’a rencontré il y a longtemps maintenant. Joe avait ce groupe appelé HDR et avec House Of Broken Promises on jouait souvent avec eux. On les a rencontrés la première fois au Key Club de Los Angeles, et c’était un groupe très cool, ils faisaient de la bonne musique, en trio comme nous. Après l’histoire avec Eddie, j’ai dit à Mike : « Hey, que penses-tu de Joe ? ». Joe était dans un état d’esprit favorable, très impliqué, ce qui est important pour nous : Mike et moi sommes très sérieux concernant notre musique, et nous ne voulions pas quelqu’un qui soit moins sérieux que nous. On est là pour s’éclater, pas de doute, en revanche il y a en contrepartie des efforts à faire, de la concentration et du dévouement pour récolter les fruits de ces efforts : faire des concerts, gagner un peu d’argent pour vivre, etc. On en a donc parlé à Joe, qui dans HDR était dans la même situation, avec un des musiciens qui souhaitait quitter le groupe pour privilégier sa vie de famille. Les planètes étaient alignées, tout le monde était cool, tout le monde avait envie de jouer ensemble, c’est un bon musicien… On s’est donc mis à jammer. Je bossais comme technicien pour Godsmack et Limp Bizkit à l’époque, j’étais très occupé, et lui aussi fait le même type de boulot – faut bien payer les factures… Du coup ça a mis un peu de temps pour l’incorporation complète de Joe, mais la greffe a bien pris…
C’est donc définitif, c’est un membre officiel désormais ?
Oui, absolument. Joe fait partie du groupe. Et c’est un super feeling : c’est un bon compositeur, un bon musicien, on s’entend bien… Tout va bien sur tous les aspects. Ca va être super.
Vous avez joué de nouveaux morceaux tout à l’heure sur scène…
[Coupe] On a joué ESSENTIELLEMENT des nouveaux morceaux même. De mémoire on a joué trois ou quatre chansons du premier album, et tout le reste c’étaient des nouveaux titres. C’est un truc qu’on voulait faire, avant même l’enregistrement, on voulait les jouer live. Il n’y a que là que tu vois si ça marche ou pas. La réaction des gens, notre ressenti depuis la scène, les aménagements qu’on peut apporter aux compos ici ou là selon les retours que l’on constate.
Et comment as-tu apprécié la réponse du public aujourd’hui ?
C’était super, la tente était pleine, le public avait l’air de s’éclater, il y en avait plein qui connaissaient nos morceaux et qui chantaient. Il y a même eu quelques mosh pits qui se sont créés, alors qu’on n’est habituellement pas un groupe propice aux mosh pits ! Mais c’est un bon signe je trouve – tant que c’est pas trop méchant et que ça reste amical. Les gens restaient, ils regardaient, il en venait même de plus en plus au fil du set. Et quand j’en voyais un ici ou là qui avait l’air de se faire chier, j’essayais de le capter du regard pour le convaincre de se lâcher un peu, de participer. On est là pour défendre notre musique. En plus je pense que c’est notre plus gros concert à ce jour… Bref, je suis super content, c’était génial.
J’ai discuté avec John Garcia tout à l’heure, et il me disait que Unida après cette tournée allait être mis de côté pour qu’il se consacre à son projet solo. Comment vois-tu les choses ? Avec un peu d’amertume, ou bien vois-tu ça comme une opportunité pour te concentrer sur HOBP ?
On est tous très occupés, tu sais – c’est positif, ça veut dire qu’on a du boulot. Mais je ne vois pas ça comme un changement par rapport au mode de fonctionnement que l’on a toujours eu : avec HOBP on va se concentrer sur notre prochaine sortie puis essayer de tourner un peu pour la promouvoir, John va se concentrer sur son album solo… Et quand nous aurons fini et qu’il aura fini, nous nous retrouverons et ferons à nouveau du Unida. Je suis content pour John, il a envie de mener son projet solo. Tu sais, il a envie de faire ce disque depuis quasiment quinze ans voire plus. Lui-même nous a toujours encouragés avec HOBP. Après ce sont des affaires qui se gèrent de façon adulte, des questions d’emploi du temps, en gros. Et puis tu sais, plus il a de succès, plus Unida a de succès. Et plus Unida a de succès, plus House Of Broken Promises a de succès. Ce n’est donc pas du tout quelque chose de négatif. On fait toujours un peu de Unida ici ou là, cette petite tournée va aussi y contribuer un peu. Ca génère plus de travail…
Et avoir du travail, c’est une bonne chose dans le music business…
Absolument, mec, c’est exactement ça ! On est tous des adultes, on n’a aucune volonté de devenir des rock stars, on veut juste bosser ! C’est un métier, et c’est un métier qu’on adore plus que tout. C’est ce que tout un chacun rêve d’avoir : un job qu’il aime. Et c’est ce qu’on a ! Mais oui, c’est un métier aussi. Les gens nous disent souvent : « Oh c’est super comme taf, j’adorerais ça ». On leur répond que c’est pas que… enfin… oui, c’est génial quand même [rires]. C’est super cool, mais il y a aussi son lot de nuits blanches, de vols tôt le matin sans pouvoir fermer l’œil parce qu’un gamin donne des coups de pied dans ton siège durant tout le vol, tu arrives au concert et tu ne tiens debout que parce que tu t’es gavé de café, de Red Bull et de Monster… Alors oui, cette heure que l’on passe sur scène est super, mais ce n’est pas que du bonheur tout le temps. Mais je ne me plains pas, j’assume tout ça sans soucis, je ne suis pas prêt de prendre ma retraite, et tant qu’on veut de moi pour un concert, je veux bien prendre tous les jours l’avion avec un gosse derrière qui tape dans mon fauteuil !
L’année dernière tu nous disais que tu avais déjà quelques nouveaux riffs pour Unida. As-tu eu l’opportunité de retravailler dessus depuis pour avancer ?
Ouais, j’ai envoyé quelques idées de chansons à John. Tu sais, j’écris tout le temps, et à chaque fois que j’ai une chanson dans la tête et que je me dis « tiens, celle-là je verrai bien John la chanter », ça devient une chanson de Unida. C’est pareil lorsque je jamme avec Mike. En général il n’y a pas d’hésitation : HOBP et Unida sont complètement différents. HOBP est plus un groupe de rock super énergique, un truc pour se lâcher et s’éclater, on est complètement débridés. Unida est un groupe de rock plus carré. Il n’y a jamais d’hésitation pour savoir quel groupe jouera telle chanson, les chansons décident toutes seules.
Peux-tu nous dire quelle est la situation du dernier album de Unida à l’heure actuelle ? Tu as envisagé il y a quelques mois de lancer une campagne Kickstarter auprès des fans pour récupérer les fonds nécessaires pour racheter les droits de l’album…
Oui, j’ai posté un message sur facebook pour voir comment les gens réagiraient, et les retours furent très positifs sur cette éventualité. C’est comme ça que marchent les choses aujourd’hui, donc on voit ça comme une des pistes à explorer. Je suis tombé sur notre ancien représentant récemment, on en a reparlé, j’ai aussi discuté avec notre management… On va arriver à quelque chose sur cet album, tout le monde semble constructif et dans les meilleures dispositions. Je suis très optimiste, je pense vraiment que nous allons trouver une voie pour s’en sortir. Ce n’est plus uniquement une question d’argent, de l’eau a coulé sous les ponts. Et faire ce genre de tournée nous aide vraiment, car ainsi les gens voient que nous sommes toujours actifs et que ça marche bien pour Unida. Et on a cet album qui est prêt à sortir direct. C’est 100% positif. Mike avait envie de faire une sorte de mini-documentaire, j’en ai parlé à des mecs comme Shavo de System Of A Down pour le réaliser. Tu sais, juste un doc assez court, genre dix à vingt minutes, mais l’histoire est quand même folle : il y a eu Rick Rubin, on a été signés, on a enregistré l’album, c’était génial, puis ça a viré à l’enfer, des labels ont fusionné, c’était la merde… Rien n’était de notre faute, c’était que des conneries de labels : Rick qui a quitté Sony pour rejoindre Def Jam… On peut raconter cette histoire aux gens. Un peu comme le documentaire « A band called Death » [ndlr : documentaire sur le groupe de punk rock des années 70, sorti en 2012], as-tu vu ce film ?
Oui, très récemment.
Il est génial. Bon, je n’ai pas envie d’attendre comme eux 35 ans par contre ! [rires] Il y a des enseignements à tirer de notre histoire, le moment venu. Mais pour revenir à l’album lui-même, comme je te l’ai dit, nous sommes tous très actifs, mais ça arrivera, je n’ai pas de doute là-dessus.
Finalement les tournées de HOBP semblent essentiellement organisées en support de Unida lors des rares tournées du groupe. Et en complément, vous jouez des concerts en club, essentiellement en Californie. Avez-vous en projet de monter une tournée HOBP, et notamment en Europe ?
Absolument ! Ça sera probablement en Europe, car aux USA personne n’en a rien à foutre…
C’est bien pour nous ça !
Absolument, on fera l’Europe, probablement l’Australie aussi. On fera aussi les USA, mais pas forcément une grosse tournée, un peu de West Coast, un peu de East Coast… Mais c’est sûr qu’on reviendra en Europe, dès que le prochain disque sera sorti. On est en discussion avec notre booking agent. Ca sera soit notre propre tournée, soit on se greffera sur la tournée d’un autre groupe. On a même envisagé de se coller à la tournée de John quand il fera sa tournée solo. Ca serait super, il viendrait faire une ou deux chansons de Unida avec nous, et globalement en termes de marketing ça ferait un « desert package » bien sympa, si tu veux mon avis ! Bref, comme tu vois, on viendra à coup sûr en Europe, quelle qu’en soit la configuration.
Laurent
Publié par Chris Nombreux sont les fans de la formation suédoise au sein de la communauté stoner francophone et l’équipe de Desert-Rock ne déroge pas à cette règle. Lors de l’arrêt en douceur du groupe, nous avions pensé à une absence de courte durée laquelle s’est malheureusement prolongée jusqu’au printemps 2013, période à laquelle Dozer a réintégré le circuit lors des éditions anglaises et allemandes du Desertfest. Une partie de l’équipe a pu constater de visu que le groupe n’avait rien perdu de son mordant à l’occasion de la manifestation berlinoise qui voyait aussi Lowrider – une autre légende scandinave ayant figuré sur la bande-son de nos vies – effectuer son comeback après une longue absence. C’est avec Tommi Holappa, le booster de ces retrouvailles et l’animateur de Greenleaf, que nous avons échangé au sujet du groupe, de son actualité ainsi que de ces projets. Toujours aussi aimable et sympathique, le guitariste nous en a dit un peu plus sur ce retour aux affaires en douzeur.
Vous avez cessé de vous produire en tant que groupe en 2009…
…Effectivement nous avons effectué notre dernier show en 2009. Nous n’avons effectué qu’une poignée de concerts en 2009 peut-être quelque chose comme sept. La dernière véritable tournée pour Dozer a eu lieu en 2008. Cela faisait plus de trois ans que le dernier show avait eu lieu avant que nous ne nous produisions au Desertfest de Berlin en 2013.
Mais pourquoi un tel break ?
Il y a plusieurs raisons, mais la principale était que notre chanteur – Fredrik – voulait étudier. Il désirait retourner à ses études qu’il avait interrompues ; il avait trop souvent stoppé son cursus parce que nous partions en tournée. Il se disait à l’époque que les études n’avaient que peu d’importance et qu’il préférait partir en tournée avec le groupe. Il a eu ensuite le désir d’approcher les choses plus en douceur avec le groupe et de terminer son parcours scolaire. Plus tard il a aussi fait des enfants. Il a deux enfants maintenant. C’est cool aussi : le travail et les enfants.
Et qu’a-t-il fait pour terminer sa scolarité ?
Il est ingénieur sur machine désormais.
Et qu’ont fait les autres membres de Dozer pour se tenir occupés pendant ce temps ?
Olle, notre batteur, a joué avec Greenleaf avec moi et Johan, notre bassiste, a aussi rejoint Greenleaf à la guitare. Nous étions en fait presque Dozer, mais avec des chanteurs différents. Mais ils ont fini par cesser leurs activités dans Greenleaf et je suis le seul à être resté dans ce groupe parce que ça prend beaucoup de temps. Olle a fini par déménager dans une autre ville et il s’est aussi remis aux études pour devenir prof de musique [ndlr : et là, nous disons qu’il y en a qui ont de la chance parmi la jeunesse suédoise !]. Tout le monde continue sa vie et finit par trouver un vrai boulot.
Et toi aussi avec tes groupes !
Pour le moment, ce n’est que pour le plaisir. J’aimerai bien en vivre, mais c’est très difficile parce que tu dois être en tournée tout le temps pour gagner un peu d’argent. J’aimerai bien jouer plus encore, mais je crois qu’il faut aussi essayer d’avoir un job.
Mais tu tournes et a beaucoup tourné. Nous t’avons vu une dizaine de fois juste en Suisse romande.
Avec Dozer bien sûr ; durant deux ans disons à partir de 2002… En fait oui : nous avons beaucoup tourné.
Maintenant que Fredrik a son diplôme, peut-on parler de la renaissance de Dozer ?
Un petit peu… Je ne sais pas combien de shows nous allons faire. Nous avons déjà fait les Desertfest l’an dernier parce que le temps était venu de nous réunir pour faire de la musique. Chacun d’entre nous avait le feeling que nous pourrions à nouveau jouer et quand Sound Of Liberation [ndlr : la sympathique équipe en charge, parmi des millions d’autres choses, de l’organisation du Desertfest de Berlin, de l’Up In Smoke, etc.] m’a contacté pour me dire que ce serait cool que Dozer se rende au Desertfest, je me suis dit qu’effectivement ce serait sympa. Cela ne nous a pas pris longtemps pour retrouver nos marques et y prendre du plaisir. Ensuite Londres est aussi venu, mais c’était presque tout au rayon Dozer pour l’année 2013. D’ailleurs, il n’y avait pas de réelle velléité d’en faire plus pour ce redémarrage.
Beaucoup de choses ont donc bougé concernant les membres du groupe. Comment décrirais tu, l’atmosphère qui règne au sein du groupe, en terme d’implication de chacun ?
Ce que je peux dire c’est que l’on s’entend super bien et que l’on a tous envie de faire des concerts, mais pas de longues tournées. Tu sais, Fredrik a deux enfants et un métier à côté, Johan a aussi deux enfants… Donc on peut facilement partir en tournée pour plusieurs jours, une semaine d’affilée sans problème, mais pas forcément plus. Et pour l’heure, il semble que ça soit la configuration dans laquelle va évoluer Dozer. Mais c’est mieux que rien ! Et on s’éclate toujours autant ensemble à le faire.
En 2014, vous ne jouez qu’une petite poignée de concerts, es-tu satisfait de cette situation ?
En ce moment je peux te dire qu’on est extrêmement satisfaits, car on joue au Hellfest ! Certes on souhaitait faire un ou deux festivals, mais que le Hellfest figure dedans, c’est super. Je pense que c’est la première fois que nous jouons devant un public aussi nombreux… Je pense qu’on a joué devant 3 à 4000 personnes, je ne sais pas combien contient la tente ici, tu le sais ?
Non, aucune idée, surtout qu’elle déborde largement cette année…
Super ! Et en plus les gens qui sont là ont vraiment l’air d’aimer cette musique, tandis que les autres festivals que l’on a joués avaient un public plus “curieux”, qui parfois ne faisait que picorer des groupes ici ou là. Dans tous les cas, pour résumer, cette année nous avons fait un concert à Londres, le Hellfest, et nous avons deux concerts encore prévus d’ici la fin de l’année : le Up In Smoke, puis un show chez nous en Suéde, et ce sera tout a priori.
Et qu’en est-il de l’avenir ?
Je pense que nous ferons une poignée de concerts, une demi douzaine probablement au maximum. En revanche, je peux t’annoncer que nous avons pour projet d’enregistrer quelque chose l’an prochain.
Super, peux-tu nous dire de quoi il s’agira et quand on pourra l’écouter ?
Et bien ça sera l’an prochain, puisque nous célèbrerons les vingt ans de Dozer ! On ne peut pas se satisfaire d’une poignée de concerts et ne rien sortir, donc on sortira sans doute un EP ou quelque chose comme ça.
Avez-vous déjà des compos prêtes ?
On a quelques idées, mais pas des chansons complètes non. Des idées assez mûres, dont on se dit qu’elles méritent d’être essayées. Mais on va commencer à travailler dessus dès cet été, on verra bien. Et puis qui sait, si l’inspiration est au rendez-vous, on pourrait composer plus de titres, et il pourrait finalement s’agir d’un album complet, qui sait ? Il ne faut pas se faire trop d’illusions non plus, mais on sait jamais ![rires] Non c’est trop tôt pour le dire. On vise a minima un EP, c’est notre but à l’heure actuelle.
L’an dernier vous avez sorti un EP, “Vultures”, qui contient des compos de différentes périodes de votre carrière, mais qui n’ont pas été retenues sur les albums que vous avez sortis à l’époque. Pourquoi n’avoir pas sorti ce EP en format physique, mais uniquement en téléchargement ?
On ne voulait pas vraiment y impliquer une maison de disques, on voulait juste le sortir nous-mêmes. Je pense que si nous avions eu un peu de budget pour ça, à la limite nous aurions sorti un vinyl par exemple, pour avoir un bel objet. Mais fondamentalement, on voulait surtout que les gens aient l’opportunité d’écouter ces titres. Ce n’était pas des morceaux moins bons que ceux qui ont fini sur l’album, c’étaient essentiellement des chansons qui n’étaient pas complètement terminées, en termes de production notamment. On trouvait juste dommage que les gens n’aient pas la possibilité de les entendre, donc on les a sorties en format digital.
Et quels retours en avez-vous eu ?
Excellent ! Le simple fait que les gens aient accès à de nouveaux titres qu’ils n’avaient pas entendu jusqu’ici, ça leur a fait très plaisir, et c’était notre but premier.
Et à propos d’un album live ? Exercice que vous n’avez jamais effectué.
Ils ont enregistré le live du Desertfest à Londres et nous verrons bien si quelque chose sortira un jour vu que Unida et Lowrider ont aussi été enregistrés.
Quand vous avez disparu de la circulation, nous n’avons plus non plus eu de nouvelles de votre ancien label Molten Universe qu’en-est-il ?
Ils ne font plus rien du tout. Martin – l’animateur du label – est aussi retourné à l’école [rires] et il vit désormais à Berlin.
Quels sont tes prochains projets personnels à toi ?
Greenleaf !
Parlons-en alors : il semble que Greenleaf apparaisse désormais comme un vrai groupe, et non plus un projet, plus actif que Dozer depuis un ou deux ans au moins…
Oui, lorsque Dozer ne fait pas grand chose, alors j’ai plus de temps pour Greenleaf, c’est comme ça que ça a toujours marché, et comme tu l’as observé, ces temps-ci l’équilibre s’est reporté plutôt du côté de Greenleaf. On a sorti le dernier album récemment, on a un peu tourné… Et je peux même te dire qu’on a déjà des compos pour le prochain album ! On envisage de sortir un nouveau disque peut-être fin 2015. On est vraiment sur une excellente dynamique. La tournée s’est super bien passée, on s’entend bien. On aborde vraiment les choses lentement mais sûrement, et ça semble fonctionner, on voit que les gens viennent de plus en plus nombreux aux concerts, par exemple…
Est-ce la première fois que tu pouvais partir sur une vraie tournée avec Greenleaf ?
C’est la deuxième uniquement, nous l’avions fait sur deux ou trois semaines il y a environ deux ans, avec Brain Police, Mirror Queen et The Graviators. Et l’an dernier on a fait une poignée de concerts histoire de voir si ça le faisait avec notre nouveau chanteur.
Et apparemment ça l’a fait. Du coup, penses-tu que le line-up actuel est stable et pérenne ?
A l’heure actuelle oui, je le pense. On s’éclate ensemble, a priori chacun a des disponibilités similaires pour s’investir dans le groupe, c’est une situation idéale.
Les deux groupes vont jouer au Up In Smoke cette année… Est-ce la première fois que tu assures deux sets le même jour ?
Oui, c’est la première fois ! Je viens de dire à Matte, de Sound of Liberation : “Laisse-moi au moins une heure entre les deux shows, c’est tout ce que je demande, je pense que je peux le faire à cette condition !” [rires] Mais je pense que ça va le faire, ça va être fun. Et si ça fonctionne bien, peut-être que ça sera une chose que l’on pourra refaire d’autres fois, sur d’autres festivals par exemple.
Et Dozer sera plus haut sur l’affiche que Greenleaf ?
Oui, quand même, Dozer reste bien plus connu, Greenleaf est vraiment en train de construire son début de carrière en quelque sorte, et tranquillement on va gagner en notoriété…
Chris & Laurent
Publié par Cosmic Mo Avant mon premier concert de “The Midnight Ghost Train”, j’ai pu converser avec le leader du groupe, Steve Moss, sur ses influences, sa façon de voir le processus d’écriture ou encore son prochain album. Cela m’a également permis de rencontrer quelqu’un d’excessivement sympathique et étonnamment calme avant la débauche d’énergie qu’il livrera sur scène.
Salut Steve, pour commencer, comment est né le groupe ?
Le groupe est né il y a environ six ans après la mort de mon meilleur ami. Je l’ai débuté en sa mémoire, pour lui rendre hommage, et qu’il continue à vivre en quelque sorte de cette manière.
Et d’où vient ce nom de groupe “The Midnight Ghost Train” ?
Et bien en partie d’un vieux morceau d’Hank Williams “I’m So Lonesome I Could Cry”, dont le refrain fait : “The midnight train is whining low, I’m so lonesome I could cry” et on a simplement ajouté “Ghost” au milieu.
Comment décrierais tu ta musique à quelqu’un qui ne vous connaît pas ?
Et bien je dirais que nous sommes un groupe de “Heavy Blues”. Personnellement, je n’aime pas vraiment le terme “Stoner Rock”. Tout ce que je joue, c’est du blues comme Muddy Waters ou encore Lightnin’ Hopkins. On le joue simplement plus fort, ce qui donne naturellement du “Heavy Blues”.
De quelle manière composes-tu ? Seul ou avec le groupe ?
On écrit la plupart du temps directement pendant que nous sommes en tournée. On teste nos idées pendant les concerts et on en parle directement après ou dans le van. On se dit : “ceci marche”, “ceci marche moins”, “essayons ça demain”. On utilise vraiment nos concerts pour tester les réactions du public et la façon dont le tout fonctionne en live.
Il me semble qu’il y a eu pas mal de changements au sein de la formation. Estimes-tu le line-up actuel comme stable ?
Absolument ! Le line-up actuel est le plus fort. Le prochain album en sera bien meilleur. Sur le dernier par exemple, j’ai écrit toutes les parties pour la basse. Mais je ne joue pas de basse, je joue de la guitare, et c’est une autre façon de penser. Alors que maintenant nous avons un bassiste incroyable, en la personne de Mike Boyne. La basse va bien mieux sonner et ça a catalysé les autres processus d’écriture.
Tu prépares le troisième album. Où en sont les compos ? L’enregistrement ? Et pour quand est-il prévu ?
Yep, l’album est entièrement écrit et nous allons l’enregistrer directement après cette tournée ! On entre en studio la semaine où la tournée s’arrête [ndlr : le mois dernier]. L’album sera normalement prêt pour une sortie fin janvier début février.
Quelles différences avec les précédents penses-tu que nous pourrons y trouver?
Cet album va tout défoncer ! Il y aura bien plus de travail sur les compos et sur les vocaux. C’est la première chose que les personnes que je rencontrais me demandaient et ils avaient raison. Je crois que c’est la meilleure façon de le définir. Je veux dire, le dernier album était très brut à ce niveau.
Tu nous disais que tu as testé certains nouveaux morceaux sur scène. Les retours sont bons ?
Les retours ont été énormes. Tu vois, la raison pour laquelle on est vraiment excités à l’idée de ce nouvel album, c’est parce que tout ceux qui ont entendus les nouveaux morceaux les ont adorés.
Ce soir est tourné votre premier clip. Sur quel morceau ? Comment cela s’est-il fait ? Et pourquoi ici en particulier ?
Alors c’est un morceau actuellement appelé “Glad Stone” et qui sera sur le nouvel album. La dernière fois que nous avons joué à Paris, c’était ici. Celle qui tourne le clip ce soir y avait fait pour nous des prises de vues incroyables pour nous servir de matériel de promo. Donc nous lui avons demandé si nous pouvions faire ça ici avec elle et on a arrangé tout ça avec Glad qui produit le show et avec qui nous sommes bons amis.
Pour finir Steve, peux-tu nous en dire plus sur cette sauce qui porte le nom du groupe et dont tu fais la pub sur votre page Facebook ?
Une compagnie de sauce piquante de Kansas City, qui sont grand fans de notre groupe, nous ont demandé il y a environ deux ans s’ils pouvaient faire une sauce avec le nom de notre groupe. Et elle est très très bonne ! Crois moi, on a directement le cul en feu ! On en emmène toujours en tournée et elle finit toujours sold-out dès le départ. On avait ramené à peu près 50 bouteilles cette fois mais elles ont toutes disparues en 2 petites semaines.
Merci à Steve et Glad.
Cosmic Mo
Publié par Laurent
Chaque rencontre avec John Garcia revêt un caractère particulier, et même si ça m’est arrivé un paquet de fois sur ces quinze dernières années, le personnage d’aujourd’hui a changé : il est complètement impliqué dans son projet, en parle avec passion, explique, défend et justifie ses choix et décisions avec assertivité. Pas de doute, le chanteur s’est complètement approprié ce projet : c’est SON disque. Et puis en parler avec lui une grosse demi-heure en coulisses du Hellfest, en plein soleil, dans une ambiance aride avec sable et poussière, revêt un petit caractère particulier, en présence de l’un des géniteurs du vrai Desert Rock…
Ton premier album va sortir dans les prochains jours. Pour toutes tes productions précédentes, tu n’étais qu’un des membres du groupe, désormais c’est ton propre disque. Ressens-tu à ce titre une pression particulière ?
Non, pas la moindre pression, au contraire, en réalité je trouve que c’est même une sorte de libération. Il y a une sorte de liberté à se retrouver assis dans le siège du conducteur, à devoir prendre soi-même les décisions nécessaires, sans avoir à parlementer ou consulter quiconque. Et pourtant, tu as raison, il y a quelque chose de spécial pour moi évidemment sur cet album. Je n’ai pas l’intention de changer la face du rock’n’roll, ni même l’égratigner. J’ai passé ma vie à rassembler cet ensemble de chansons, des chansons avec lesquelles j’ai créé un lien personnel, et cela m’a littéralement passionné. Je les ai toutes rangées les unes après les autres au fil du temps dans mon coffre-fort – en réalité il s’agit d’une boîte en carton dans ma chambre – mais je me sentais de plus en plus mal de les regarder stagner là. Je me sentais si attaché émotionnellement à chacune de ces chansons que ça me faisait mal, ça me rendait triste, de les avoir toutes laissées là, de les abandonner en quelque sorte : en les négligeant, j’avais le sentiment de me négliger moi-même. Je ne veux pas que ça paraisse égoïste, mais il m’a semblé qu’enfin le temps de faire quelque chose que j’ai toujours voulu faire était venu.
Quand as-tu commencé à penser à l’éventualité de faire un disque solo ?
Quand j’avais dix-neuf ans.
Vraiment ? Et concrètement tu avais déjà des chansons pour ce disque à l’époque ?
Oui, je suis sérieux ! J’ai écrit la chanson sur laquelle joue Robby Krieger [ndlr : « Her Bullets Energy »] quand j’avais dix-neuf ans.
Les paroles et la musique ?
Non, les paroles sont venues plus tard.
On a senti les prémices de ce disque il y a quelques années alors que tu en avais lancé une incarnation via le concept-projet « Garcia vs. Garcia ». J’imagine que la concrétisation du disque dans ton esprit a bien avancé depuis ce temps. Lorsque tu écoutes ton disque aujourd’hui, comment le comparerais-tu avec la façon dont tu l’envisageais à l’époque ?
C’est une bonne question. Il est bien meilleur que je ne l’avais espéré à l’époque, en fait. Je pense que c’est lié au fait que j’ai eu beaucoup de temps pour le laisser mûrir, « mariner » en quelque sorte. Mes producteurs, Harper Hug et Trevor Whatever ont facilité ce processus : j’ai passé de super moments dans le studio, à créer et à injecter une nouvelle vie dans ces chansons qui pour certaines – comme « Her Bullets Energy », la plus ancienne dont je te parlais tout à l’heure – existent depuis plusieurs années. Et puis je me dois de rendre honneur à qui de droit : quelqu’un comme Danko Jones m’a écrit une chanson, quel honneur ! C’est vraiment génial. De même, je suis récemment tombé amoureux d’un jeune groupe appelé Black Mastiff, et j’ai repris l’une de leurs chansons appelée « Rolling Stoned ». Donc, tu vois, de nouvelles choses ont été injectées tandis que je m’apprêtais à redonner vie à ces chansons issues de ma vieille boîte en carton. On s’est donc retrouvés – moi, Harper et Trevor – à écouter toutes ces chansons et à sélectionner un par un tous les musiciens pour chaque titre, c’était vraiment cool !
Tu dis que ces chansons et l’idée du projet sont très anciennes, pourtant j’ai l’impression que le processus d’enregistrement a été très rapide, que les choses se sont concrétisées rapidement…
Absolument.
Qu’est-ce qui t’a donné ce coup d’accélérateur ?
Je pense juste que c’était le bon moment, tu vois… Vista Chino voulait enregistrer un nouveau disque, et j’ai dû dire non. « Maintenant c’est à mon tour »… Tous ceux qui connaissent un peu ma carrière savent que je ne reste jamais au même endroit très longtemps. Je suis toujours dans une sorte de processus d’exploration. Mais pour autant il faut toujours être actif, rester dans la partie : j’adore chanter, j’adore monter sur scène, aucun doute là-dessus. Mais on attend de moi des comportements ou des décisions qui ne sont pas forcément ceux que je souhaite adopter. Si tu es un « artiste » [ndlr : fais de gros guillemets avec les doigts en grimaçant…], un véritable « artiste », pourquoi ne restes-tu pas dans ta putain de chambre pour te chanter des sérénades à toi-même ?… Ce n’est pas un trip égoïste « moi moi moi moi moi », mais j’ai une relation avec ces chansons, j’ai une relation avec tous ces gens qui m’ont encouragé durant toutes ces années et sincèrement j’adore toujours autant chanter ! Que ça soit devant cinq personnes ou cinq cents personnes. Regarde : Unida joue ce soir en même temps que Black Sabbath, il est donc très probable que je joue devant moins de cinq personnes, mais je le ferai quand même, ça ne changera rien !
J’imagine qu’on a dû te dire, dans ton entourage, que privilégier ton projet solo n’était pas forcément un choix logique, étant donné que Vista Chino et Unida semblent avoir actuellement un bon potentiel commercial…
[Silence] On m’a dit parfois que ça pouvait nuire à une sorte d’héritage… Mais… Y a t-il des règles ?! Y a t-il des règles pour protéger « l’héritage » de quelqu’un ? Quel est ce putain d’héritage ? Comment quelqu’un peut-il sérieusement dire que je ne devrais pas faire ça pour ne pas nuire à mon « héritage » ?! Je n’arrive même pas à concevoir que quiconque puisse penser ainsi ! « Ca va nuire à ton héritage »… Putain, est-ce que tu as perdu ta putain de tête ?? [ndlr : difficile de retranscrire une phrase avec quatre « fucking »…] Tu es sérieux ?? Tu es en train de me dire que tu te considères comme une putain de légende et que tu vas détruire ton pseudo-héritage… Arrête de déconner… Enfin bref, j’arrête de déblatérer, je pourrai disserter pendant des heures sur tout çà…
Qui ont été les musiciens avec lesquels tu as enregistré l’album ? Considèrerais-tu cela comme un groupe ?
Non, ce n’était pas du tout un groupe. Tous ces musiciens individuellement très talentueux ont été sélectionnés un par un par Harper Hug, Trevor Whatever et moi-même, spécifiquement pour chacune des chansons. Tom Brayton, le batteur-percussionniste a joué sur tout le disque, et pour l’anecdote, il a tout fait en deux jours ; il l’aurait même fait en un seul jour, mais c’est nous qui n’étions pas prêts ! Mais sinon, tous ces gens, à l’image de Robby Krieger, Nick Oliveri, Mark Diamond et Tom Brayton des Dwarves, Chris Hale et Damon Garrison de Slo Burn, Dave Angstrom et Dandy Brown de Hermano… – je ne t’en cite que quelques uns – sont des gens dont nous nous sommes entourés pour nous aider à créer cette vision que j’avais.
Tu as annoncé il y a quelques semaines à peine le nom des musiciens qui allaient t’accompagner en tournée. Peux-tu nous les présenter brièvement et nous dire comment tu les vois prendre place dans ton projet musical ?
Bien sûr : il s’agit de Greg Saenz à la batterie, Mike Pygmie à la basse et Ehren Groban à la guitare. Et j’espère bien qu’ils continueront avec moi après cette tournée, en tout cas c’est mon but. Ils habitent tous dans le désert comme moi, ils ont tous des parcours et des profils différents, ils ont tous joué dans plusieurs groupes auparavant. On a commencé à répéter et ça fait du bien d’avoir un groupe local ! Unida est mon seul autre groupe dont les musiciens habitent les uns près des autres. Les mecs d’Hermano sont éclatés dans tout le pays, et c’est pareil pour Vista Chino et Kyuss Lives !… Etre capable un jeudi soir ou un vendredi soir de se dire « j’ai un nouveau riff, allons jouer là-dessus et jammer » – « OK, j’amène le barbecue et on mange sur place »… C’est un super feeling.
Dans quelle situation est-ce que cela place tes autres projets, dont tu viens de parler ?
C’est un peu le côté doux-amer de la situation pour moi : cette tournée de Unida sera la dernière que je ferai avant… un bon moment.
Ca fait combien « un bon moment » ?
Un long moment, un très long moment. J’ai garé Vista Chino dans un garage, Hermano est aussi dans le garage, et Unida va bientôt y atterrir aussi.
Et est-ce qu’ils vont tous être dans le même « garage » ou bien l’un d’eux est susceptible d’en sortir plus tôt ?
Je ne me pose même pas la question.
C’est vraiment “John Garcia” en priorité.
Absolument. Je suis très satisfait de ma situation actuelle. J’aime être à la place du conducteur, je m’y sens bien. Tu sais, j’ai toujours voulu faire ça, et c’est génial, enfin ! Ahhhh, la liberté…
J’aimerais maintenant discuter de quatre chansons un peu spéciales de ton album, à commencer par “Rolling Stoned” dont tu nous as parlé précédemment. On peut imaginer que ton album était susceptible d’intéresser pas mal de musiciens renommés, et pourtant tu as choisi de faire une reprise d’un groupe canadien peu connu…
Le statut ne veut rien dire pour moi. Leur attitude, leur tempérament et leur comportement ne sont pas “cools”, et j’aime ça : ils sont vrais, ils sont normaux, on peut les toucher, on peut les approcher et leur parler. Ils ne font pas partie du petit monde “cool”, et moi non plus : je ne traîne pas backstage en me la jouant rockstar, parce que je n’en suis pas une et ils ont exactement le même type d’attitude. Je n’ai aucune envie d’être cool, et eux non plus : ils ont juste envie d’être des maris, des pères de famille, des amis… Ce sont des gens normaux ! Ils ont fait la première partie de Vista Chino au Canada, à Edmonton, et ils ont joué cette chanson “Rolling Stoned”. Je n’avais aucune idée de qui il s’agissait, je rentrais juste dans la salle à ce moment-là, et je me suis dit : “Holy shit ! Mais qui sont ces gars ? Je veux reprendre ce titre, je me fous de qui il s’agit, je veux reprendre cette chanson”. Je suis allé les voir après le concert et je leur ai dit : “Je n’ai jamais dit ça à personne d’autre de toute ma vie, mais je vous adore, j’aimerais que vous veniez dans le désert et j’aimerais m’impliquer dans votre prochain album”. Alors ils m’ont regardé et m’ont dit : “tu as probablement bu quelques verres de trop, va faire un tour et passe une bonne nuit”. Et le lendemain, je leur ai dit que je n’avais pas changé d’avis, et mieux encore : je voulais reprendre “Rolling Stoned”.
Parlons de “5 000 Miles” : tu connais Danko Jones depuis longtemps, tu as chanté sur plusieurs de ses chansons en studio, tu as chanté en live sur certains de ses concerts… Est-ce simplement un juste retour des choses que de le retrouver sur ton album ?
Mais quel honneur, vraiment, je suis un fan de Danko. C’est un ami, et un gars super. Quand “Sleep Is The Enemy” est sorti [ndlr : le troisième album de Danko Jones] et que j’ai fait cette chanson avec lui [ndlr : “Invisible”], il m’a emmené en tournée avec lui juste pour chanter cette chanson avec lui. Quant à “5000 Miles”, on parlait énormément ensemble, de relations : nous avions nos femmes, je venais d’avoir ma fille, nous échangions beaucoup sur tout ça. Et ça m’a rappelé l’émotion que l’on ressent lorsque l’on rentre de tournée pour retrouver sa famille. Par ailleurs, il a aussi enregistré les parties de guitare pour cette chanson, chez lui à Toronto. Mais c’était une super expérience, un honneur, quel mec super…
“All These Walls” est une sorte de nouvelle incarnation de “Cactus Jumper”, un titre un peu obscur de Slo Burn. Pourquoi avoir choisi de reprendre ce titre méconnu ?
Bien vu [Sourire]. Cette chanson me parle, plus que d’autres… Je ne sais pas pour quelle raison, je ne connais pas la formule qui fait qu’elle me touche au cœur plus que les autres, mais en tout cas elle est toujours sortie du lot pour moi, je l’ai toujours adorée. C’est un peu comme si je lui avais dit : “J’ai une idée te concernant : je vais te mettre de côté et je te ressortirai plus tard”. Ce n’est pas une nouvelle version améliorée, c’est juste une version différente.
En as-tu changé les paroles ? On dirait que tu l’as fait partiellement…
Tu as raison, je ne les ai pas toutes changées. Pour tout dire, j’ai retiré les parties qui contenaient des grossièretés, je voulais que l’album au global ait une certaine “tenue”, pour ne pas dire une certaine classe. J’ai donc changé quelques paroles et je lui ai donné un titre qui me parlait plus.
Le dernier titre dont je voulais parler bien sûr est “Her Bullets Energy”. Comment Bobby Krieger [ndlr : guitariste des Doors] s’est retrouvé dessus ?
La base c’est ça : j’ai toujours adoré les Doors. Tu sais quoi, je ne connais personne qui ne soit pas un fan des Doors, personne qui ne soit un jour venu me dire un truc du genre : “Tu sais quoi : je n’arrive vraiment pas à apprécier ce groupe”. Quand j’ai écrit cette chanson, en 1989, si quelqu’un m’avait dit alors: “Hey, quand tu auras quarante-trois ans tu enregistreras cette chanson et Bobby Krieger viendra jouer de la guitare flamenco dessus”, j’aurais répondu : “Tu as pété un plomb, t’es complètement cinglé !”. Il y a quelques mois, en écoutant cette chanson, ce sont mes producteurs qui m’ont fait la remarque : “J’imagine bien une guitare hispanique sur ce titre” – “J’aime bien cette idée Harper, mais qui connais-tu qui joue de la guitare hispanique ?” – “Et bien, il y a Robby Krieger par exemple” et j’ai répondu : “Arrête tes putains de connerie… Haha, ça serait bien hein, super, wouhou ! Bon, et sinon, sérieusement, t’as des noms ?”. [rires] Mais il m’a dit qu’il connaissait Robby, et a proposé de lui faire écouter la chanson, pour voir s’il l’aimait… Et la première pièce du puzzle était posée. La seconde pièce c’est quand on nous a dit qu’il aimait la chanson, et on s’est donc retrouvés dans son studio à Glendale [ndlr : en banlieue de Los Angeles] pour l’enregistrer…
Mais il ne joue pas toutes les guitares de cette chanson, qui joue le reste ?
C’est vrai. Monique Caravello et Dandy Brown ont tous les deux joué les parties de guitare acoustique sur cette chanson, tandis que Robby a fait toutes les parties solo sur la chanson : c’est comme s’il avait fait des soli et improvisé sur tout le long de la chanson. C’était un moment monumental d’être dans le studio avec lui pendant qu’il jouait ses parties…
Ca filait la chair de poule, j’imagine…
La chair de poule, tu parles : je me chiais littéralement dessus oui [rires] ! Et puis c’est un mec vraiment sympa. Je ne joue pas au golf, mais lui si, beaucoup, et on a parlé de golf bien plus qu’on n’a parlé de la chanson ! Étant donné que j’habite dans un coin où il y a plein de golfs, il vient souvent y jouer, en fait, c’est rigolo…
As-tu déjà réfléchi à quoi vont ressembler tes setlists sur la tournée à venir, quels morceaux tu vas jouer ?
Oui. Évidemment je vais jouer des morceaux issus de mon album, une large part de l’album même. C’est normal. Mais je voudrais rajeunir un peu le set… Par exemple, je voudrais y mettre du Slo Burn. On va aussi bien sûr jouer quelques titres de Kyuss, mais des chansons que ni Vista Chino, ni Kyuss Lives, n’ont jamais jouées, et que même Kyuss, à l’époque, a peu ou pas jouées : des chansons que j’aime et que les fans ont rarement entendues. “Thong Song”, “Gloria Lewis” et même des instrumentaux comme “800”… Des titres un peu en dehors même de ce que Kyuss avait l’habitude de jouer, des chansons auxquelles les gens ne s’attendent pas. Tu sais, j’adore toujours autant un bon vieux “Green Machine” et les autres… Donc on va bien jouer quelques classiques, mais on va aussi injecter pas mal de nouveautés.
Publié par Flaux C’est lors du Stone Rising festival, 2ème édition que desert-rock a pu rencontrer et interviewer avec l’aide de Péah de Get Stoned (émission stoner sur Sol-Fm) et de son enregistreur, la belle surprise chevelue de The Socks. Ils partaient pour deux semaines de tournée en commençant par leur région d’origine. C’est donc le cul entre deux chaises et la balance de Brutus en fond sonore que nous retrouvons Julien, Jessy et Nicolas pour une discussion simple et funky.
Petite question d’usage, ça fait combien de temps que vous jouez ensemble ?
Et bien, on joue ensemble depuis 2009 et on se connaît depuis longtemps avec Jess. Nico on l’a rencontré en 2008 et Vincent, on se connaît depuis qu’on a 10-12 ans.
L’album est tout récent…
Ouais il est sorti le 18 mars 2014
…et marque une belle rupture au niveau du son et des compos…
Concernant le son, on a toujours voulu approcher le son 60s-70s depuis le début. Les EP précédents nous ont servis de supports de recherche. Quand tu les écoutes, on cherchait déjà ce « vieux son » mais il était trop agressif, y avait beaucoup de gain dans les guitares pour que ce soit puissant mais tu t’aperçois que ce son ne vient comme ça, on sonnait plus comme un groupe de métal. Pour l’album on s’est plongé dans ce travail, En enregistrant sur bandes, avec du vieux matos. C’est un truc que t’apprends, en testant, en jouant, en farfouillant…
Comment s’est passé l’enregistrement ?
On a bossé avec Raphaël Cartelier, un ingé passionné de toute la scène 70s, (un taiseux au regard malicieux et l’oreille aiguisée qui suivra l’interview un peu en retrait ndlr) le son de l’album. En amont du studio, on a enregistré une petite pré-prod sur deux titres en février l’année dernière, histoire de défricher les idées. Puis prise finale en juillet. On avait une idée très précise de ce que l’on voulait faire comme album. Prise live, pas d’overdubs,excepté pour les voix et les claviers. On voulait privilégier la cohérence de l’ensemble plutôt qu’aligner des parties parfaites mais sans liens.
Ce n’est pas frustrant en tant que musicien d’entendre ses éventuelles erreurs sur une prise live ?
Non parce que c’est une démarche cool qui privilégie l’ensemble. Sur le moment tu pourras tiquer mais en rajoutant les voix, les claviers, en faisant le mix,tu t’aperçois que le titre sonne. Le jeux c’est de la laisser parce que l’ensemble tourne mieux. Si 90% de la chanson est vraiment super je pense que tu t’en fous…enfin…je crois (rire).
C’est donc un heureux hasard que ce revival 70s ?
Faire une compo qui sonne vieux sans le matos n’est pas possible. On aimait ce son depuis le début mais on ne savait pas ce qu’était la scène stoner quand on à commencé. On à découvert ça après le deuxième EP. D’ailleurs on ne se retrouve pas forcément dans les groupes purement stoner mais plus dans les groupes typés 60s-70s à la Graveyard, influencés par les Doors, The Who, Led Zep.
On ne voulait pas faire d’album de reprise, être un groupe de reprise mais avoir le son vintage sans tomber dans la redite.
Comment s’est passé la rencontre avec Small Stone ?:
Et bien, sur internet via Facebook. Vince s’occupait de nous, du booking à l’époque. On cherchait un label et il a contacté Small Stone qui à tout de suite réagit en envoyant un contrat. En fait, on jouait sur Paris suite au deuxième EP et Scott de Small Stone à demandé à Mathieu des Stoned Gathering de regarder le concert et de lui dire si ça valait le coup.
On a eu le coup de chance de partir en tournée européenne juste derrière et de proposer beaucoup de dates…
Ca a joué dans sa décision d’après vous ? :
Peut-être parce que si un groupe est bien mais que ça tourne jamais je pense pas que ça les intéresse forcément. Le label signe des groupes pour lesquels il n’y a pas un énorme travail de développement à faire, des groupes qui jouent régulièrement et qu’ils peuvent faire grandir encore un peu.
Du coup cet album alors ?
On a eu beaucoup de retours, notamment de l’étranger, de l’Angleterre, des pays scandinaves. On est content parce que la plupart sont bonnes, l’album plaît (rire) .
Et l’album est effectivement trèèèèès bien. The Socks nous gratifiera le soir même d’un concert à la hauteur de nos espérances. Démarrant ainsi de bonnes manières la tournée en nous abreuvant les tympans de riff 70s. Hail to the Socks !
Photos de Noodle Photography (merci!!)
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