Wizard Must Die – In The Land of The Dead Turtles


Wizard Must Die, c’est un trio (ou duo, ça dépend des jours) de Lyon qui a eu l’excellente idée de se mettre a jouer de la musique et, qui plus est, de la musique dans notre champs d’écoute. Alors bon, il faut bien avouer qu’en off, ces gars-là ont un humour douteux et une passion presque perverse pour les musiques oubliées des années 80-90, mais… mais… mais, sorti de la grosse déconnade, ils ont enfilé quelques titres sur une galette poétiquement intitulée In The Land Of The Dead Turtles qui fait office de premier LP dans leur discographie et c’est de cela dont nous allons parler à présent.

Tout au long de l’album j’ai pu jouir de la subtilité des passages légers parfois aériens. La teneur en est toujours mesurée, la durée toujours correctement jaugée, cette légèreté ne vire jamais chiant, car il faut bien le dire, à vouloir faire trop délicat on risque toujours de sombrer dans le mielleux voire l’inutile, or ici, l’équilibre est toujours respecté in extremis. Le magicien est un funambule qui sait quand il doit passer au choses sérieuses. D’un coup de baguette de batterie magique puis d’une formule de riffs obscurs sort toujours la puissance et l’envolée qui va te faire bouger vivement sans même que tu t’en rendes compte.

En plus d’être équilibré, l’album est rentable, car tel le paquet de lessive magique, un seul album en fait autant que vingt ! Les références se croisent, s’enchaînent sans jamais donner l’impression de copié-collé. On retrouvera du Tool, et son “Forty Six And Two” dans l’intro de “Umibe No Kafuka” (quand on vous dit que les gars ont du goût, références croisées musicale et littéraire et pas n’importe lesquelles) ou encore un peu plus loin un air de je-ne-sais-quoi de Marylin Manson le jeune. La voix de Florent est surprenante, car sur un album de stoner, elle ne pousse jamais dans le growl, le cri ou le rauque. Du mélodique, uniquement du mélodique, voilà aussi sans doute ce qui fait une bonne partie du job. Ladite voix évolue entre esprit pop 80’s de qualité et pousse même jusqu’à une approche à la Bertrand Cantat dans ses passages susurrés sur “Empty Shell”, ce même morceau qui nous aura rappelé sans l’ombre d’une hésitation les dernières frasques de Greenleaf, une fois de plus à cause du chant, mais également à cause de la structure.

Le titre final, “Odyssey” fera ressurgir  The Offspring et son “Come Out And Play” grâce à son break oriental et Wizard Must Die ne joue pas un pastiche, non ! Un patchwork de références que l’on soupçonne inconscientes et assumées à la fois. Je ne forcerai pas plus sur les comparaisons, car il y aurait à dire aussi du coté de nos classiques fuzz tel Truckfighters ou stoner tel Red Fang, j’en passe et des meilleurs.

Une chose encore cependant, la marque de fabrique des Dust Lovers est imprimée sur une bonne partie de l’album et à regarder de plus près, rien d’étonnant puisqu’ils ont activement participé à l’enregistrement. Outre le fait que ce dernier ait été enregistré chez Christophe, le batteur de la susdite formation, il se retrouve crédité sur les fûts et Nagui et Clément tiennent respectivement gratte et synthé sur “Empty Shell”.

Cher lecteur je te le redis, les gars ont du talent à revendre et c’est une pièce presque sans accroc que ce In The Land Of The Dead Turtles. Surprenant, souvent à la limite d’une pop grand public, mais ayant eu la sagesse d’en distiller le meilleur. Aérien, mais sans être dans la redite psych’. Péchu sans facilement déborder dans l’excès de violence auditive déconstruite et, à ce sujet, je vous invite d’ailleurs à vous arrêter sur “Logical Math Carnage” qui  est LA poutre de l’album. Wizard Must Die fait les choses intelligemment et avec beaucoup de sensibilité.

Avant de conclure, je m’arrête sur l’artwork qui, comme les titres, fourmille de petits raffinements. Un triptyque de visages mystiques, un rien BD 70’s, pléthore de détails comme dans un tableau de Jérôme Bosch. Thèmes sur thèmes, une composition qui ne fait rien comme les autres et qui résume subtilement la perle d’album qu’il contient.

Tu ne savais pas quoi commander au père Noël, voilà de quoi faire, Wizard Must Die, In The Land of The Dead Turtles, un album qui sonne avec originalité et talent dans le flot des sorties parfois trop ternes. Un seul reproche, quelques titres de plus auraient été les bienvenus pour gagner en densité. Mais clairement si c’est le seul reproche à leur faire, je crois que la galette pourra se trouver seule sous le sapin et qu’elle fera autant ton bonheur qu’une débauche de cadeaux.

Note de Desert-Rock
   (8/10)

Note des visiteurs
   (9.38/10 - 8 votes)

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