Voici qu’arrive en douceur le énième disque de Causa Sui en quinze ans. Une discographie comme la leur ce n’est pas donné à toute le monde et c’est amplement suffisant pour faire partie des valeurs sûres du stoner psychédélique. Le quartette danois nous a habitué tout au long de ses sorties à des plaques grisantes, graissées aux relents de stoner. Cet automne voici qu’arrive sa dernière production Szabodelico, sur laquelle je me suis jeté sans discernement. Que risquais-je après tout?
Pour cet album je vous propose de faire l’impasse sur le sous entendu jazz qui borde un certain nombre de pistes, alors on pourra s’allonger dans la chaise longue des riffs et se laisser porter par l’ascenseur Causa Sui, un cocktail rafraîchissant à la main ( En cela je rejoins l’analyse qu’avait faite Flaux du Summer Sessions Vol.1), les yeux fermés, perdu dans ses pensées à voir danser sous ses paupières une “Laetitia” ou un “Rosso Di sera Bel Tempo Si Spera”.
Cette nouvelle rondelle va à l’économie. Exit les effets abrasifs sur les grattes. Adieu tonitruante batterie porteuse de violence contenue. Contrairement à ses prédécesseurs Szabodelico emprunte des voies exclusivement Prog/Acid rock et fait cadeau à l’auditeur d’atmosphères aussi lysergique que celles des albums les plus babas de la beat generation comme l’illustre à merveille “La Jolia”. On comprend avec ce titre comme avec les précédents que la dynamique retenue fait la part belle aux cordes plutôt qu’à une batterie qui occupait jadis un rôle très central.
Bien sûr on ne se refait pas totalement, l’énergie de “Sole Elettrico” et sa jam un rien germanique s’inscrivent en un sens dans la veine des albums précédents. Mais c’est un soubresaut, Causa Sui se lance à corps perdu dans l’expérience et c’est à de rares occasions que le groupe quitte le tout planant pour s’essayer au sautillant comme sur “Vibratone” qui n’en oublie pas pour autant d’être un titre dense. Ce dernier laisse le pied battre la mesure en toute légèreté, le ciel de notre ascenseur est fait de verre et laisse passer un beau soleil estival.
Comme pour tout ascenseur qui se respecte, on aura du mal à bien mémoriser les titres de ce Szabodelico, Causa Sui offre un voyage presque anodin, certes un peu long mais indéniablement relaxant. Avec plus d’une heure de voyage et de relaxation je me garderai de dire que l’album est un raté, il y a pour moi deux hypothèses, soit il s’agit là d’une expérimentation, soit de l’aboutissement de recherches précédentes et je penche plus volontiers pour cette seconde explication, même si le Causa Sui appose le sceau de la différence sur cette création..
Szabodelico ne devrait pas désarçonner les habitués de Causa Sui qui fait éclore ici des graines plantées tout au long de ses précédents albums et en particulier au sein de Summer Sessions. Cependant il laissera probablement sur le bord de la route ceux qui attendait une plaque encore une fois à la croisée du stoner et du psych. Cet album sort à point nommé et emprunte les atours de ce moment de l’année qu’est l’automne où l’on se sent entre deux mondes, glissant sans coup férir vers un univers assoupi et paisible.
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Ce disque est un hommage non dissimulé à la musique géniale du guitariste jazz psychédélique hongrois Gabor Szabo .
En ce sens ce disque reproduit l’atmosphère toute particulière du maître hongrois et en reprend les codes musicaux et guitaristiques . C’est particulièrement flagrant dans le deuxième morceau Gabor’s Path ou dans vibrating qui reprend les trémolos typiques de gabors Szabo.
Je trouve ce disque très agréable à l’écoute et comme dit dans cette superbe chronique , très apaisant. Mais c est sûr que nombre d’habitués « stoner » vont rester sur leur faim .