Elephant Tree + Domkraft + Summoner + Horsehunter – Day of Doom Live


Une chose qu’on ne peut pas reprocher au Magnetic Eye, c’est de faire les choses comme les autres – et c’est toujours bon de remuer un peu la poussière dans un environnement un peu « balisé ». Aujourd’hui c’est via rien moins que 4 albums live publiés simultanément (!) qu’ils viennent faire parler d’eux. Il y a une certaine logique à publier les albums le même jour, étant donné que les concerts associés furent enregistrés le même jour, il y a à peine plus d’un an, le 2 novembre 2019 : ce jour-là, le label organisait une sorte de « showcase » (présentation de ses groupes), baptisé « Day of Doom » (les américains ont une approche très large du terme « doom ») où s’enchaînaient sur la petite scène du St Vitus bar de Brooklyn rien moins que neuf (!) groupes. Une sorte de mini-festival en club, dont le label a choisi de retenir quatre enregistrements, détaillés ci-après (par ordre alphabétique, pas de jaloux).


 

DOMKRAFT

Les doomeux de Domkraft n’ont eu que peu d’occasions de faire vibrer leur lourdeur psychédélique. Deux LP et un EP auront cependant suffi à attirer l’attention sur ce trio suédois de haute volée. En intégrant la série de lives Day of Doom ils confirment qu’il faut désormais compter sur eux dans le paysage des mastodontes tripés. Ils en profitent au passage pour préparer le terrain d’un album à paraître l’an prochain.

La parfaite lourdeur du groupe est entièrement respectée, la lancinance du chant conjuguée aux plaintes de la guitare dans une atmosphère invocatrice s’appesantit de rythmes martelés, il n’y a donc pas de surprise par rapport aux enregistrements studios. La voix presque étranglée d’émotion lors de « Through The Ashes » puis déliée en cri puissant résume à elle seule l’émotion du live. Ce titre de loin le meilleur de cette rondelle rappelle avec justesse ce qu’est la musique vécue.

Comme tout live digne de ce nom, celui-ci est un florilège de ce que sait faire Domkraft. Les pistes naviguent entre les albums The End Of Electricity (« The Rift », « Meltdown of The Orb »), Flood (« Landslide », « Flood », « The Watchers »)  et Slow Fidelity (« Through The Ashes »).

Il n’y a pas grand-chose à reprocher à la mise en place et si parfois le chant ou le son des instruments montrent quelques faiblesses ce n’est que pour nous rappeler qu’il n’existe pas d’absolu et que la musique live est là aussi pour tirer parti de ses imperfections.
Avoir invité Domkraft au Day of Doom live est une brillante idée qui nous permet d’embrasser en une audition la qualité des compositions d’un groupe aussi à l’aise en studio que sur les planches et nous faut piaffer d’impatience quant à la reprise d’évènements live.

 

ELEPHANT TREE

Elephant Tree ayant déjà frappé cette année avec leur troisième album Habits, qui fera partie des très bonnes sorties de l’année, c’est une belle surprise de les voir programmés sur cet évènement, surtout après leur très bon dernier passage en France fin 2019  !

Le concert démarre en douceur avec « Aphotic Blues »  et on sent rapidement que le son mélange parfaitement les ambiances du live avec la qualité d’un enregistrement studio. Les anglais montrent eux leur grande forme avec ce premier titre et enchaînent avec trois autres titres de leur album éponyme, « Dawn, « Wither » et « Surma ». Trois titres qui nous plongent la tête dans les vagues stoner-doom du groupe pour se conclure sur les lents riffs psychédéliques de « Surma ».

Même pas le temps de se remettre de nos émotions et de passer par l’espace frigo-buvette qu’Elephant Tree nous prend en traître avec in « In Suffering » et son chant agressif. Le groupe profite d’avoir ragaillardi et réchauffé  la fosse avec cette bûche enflammée pour nous offrir le somptueux  « Attack of the Altaica » qui vient lentement nous hypnotiser avant de nous cueillir avec une cassure qui rappellera celle d' »Aphotic Blues ». Ce titre, lui aussi issu du premier album Theia (et accompagné cette fois-ci par la sitar que l’on retrouve sur l’album), et le somptueux titre acoustique « Circles » viennent clore le set et résumer toutes les qualités d’Elephant Tree. Au-delà de fournir une très bonne prestation live, le groupe livre un rendu enregistré de très bonne qualité qui permet de profiter pleinement du concert et ne nous donne plus qu’une envie : retourner en salle et en festival pour profiter à nouveau d’affiches aussi belles que celle de la série Days of Doom.

 

HORSE HUNTER

Avec 2 albums au compteur, dont un petit dernier paru il y a plus d’un an sur le label, on ne peut pas vraiment dire que les australiens de Horsehunter ont fait beaucoup de vagues de ce côté-ci du continent. Ce live est donc une excellente occasion de découvrir le groupe pour celles et ceux qui ne les connaissent pas encore.

En tant que disque, ce live laisse peu de doute sur le style pratiqué par nos gonzes : 4 plages pour 45 minutes, on est sur du doom d’école. En l’occurrence, le groupe pioche deux plages dans chacun de ses deux LP. Ce portfolio musical nous permet de découvrir diverses facettes de ce combo de doom aux penchants sludge/metal. Sans jamais se dépareiller d’un certain classicisme dans leur style musical, le quatuor propose pourtant des compos vraiment intéressantes, aux structures parfois complexes, enchaînant des séquences aux styles variés, à l’image de ce « Nuclear Rapture » qui démarre tel un glaviot punk-sludge pour se transcender progressivement en un doom instrumental classieux et épique qui évoquera même parfois Bell Witch (sans parler de cet épique solo de guitare de plusieurs minutes), voire Yob. Après un « Witchery » coupé en deux par rapport à sa version disque, le glorieux « Stoned to Death », tout en doom sabbathien et en riffs velus, vient clôturer de son gras quart d’heure (avec une apothéose dantesque) ce live de haute tenue.

 

SUMMONER

C’est presque en voisins que les quatre bostoniens de Summoner sont venus poser leurs amplis sur la petite scène du St Vitus Club. Relativement peu connus, malgré 3 albums au compteur et plusieurs « mises en avant » par leur label (notamment via leur série d’albums tribute « Redux »), le quatuor a pourtant de sérieux arguments à faire valoir, et cet échantillon live vient en faire la démonstration.

De manière assez étonnante, ils proposent une set list dont 6 des 7 titres vont piocher dans leurs deux premiers albums, en date de 2012 et 2013, avec un seul extrait de leur dernier en date (Beyond The Realm of Light, 2017). La set list est bien vue globalement, permettant au groupe de présenter assez globalement son prisme musical, qu’on pourrait grossièrement associer à une sorte d’orgie NWOBHM avec un grand totem Black Sabbath au milieu : gros riffs old school, cavalcades rythmiques, soli venus de nulle part, plans à deux guitares harmonisées… On est de retour plein pot sur la fin des années 70 / début années 80 dans ce que le metal proposait de meilleur à l’époque. Certains plans pourtant sont clairement empreints de tonalités contemporaines (à l’image de « The Prophecy »), si bien qu’on n’est jamais déstabilisé par le trip vintage à outrance.

Difficile de mettre en exergue certains titres, mais pour l’exercice citons tout de même ce très réussi « Let the Light In » (belle pièce de presque 10 minutes au final orgasmique), le très Thin Lizzy-esque « The Interloper » ou encore « Skies of the Unknown ».

La version live des titres, assez fidèle aux versions originales, dotées d’une mise en son impeccable, finissent de faire de cette galette une très bonne opportunité de découvrir ce groupe qui le mérite bien.


En synthèse, tandis que l’on pouvait craindre l’opération un peu chelou avec cette série de 4 live venus un peu de nulle part, il s’avère que la qualité est indéniablement au rendez-vous. Non seulement le son de ces live est d’une redoutable efficacité (note : si on entend peu le public, c’est surtout que le club est très petit, et le public américain :-)…) mais surtout le line up retenu est particulièrement intéressant, mêlant avec réussite groupes confirmés et groupes à découvrir. Le talent est à chaque fois au rendez-vous, et s’enfiler ces 4 galettes aux styles bien différents garantit un vrai plaisir d’écoute.

 

Formats :

  • Chaque album est dispo en Digisleeve CD ou édition vinyl noir classique.
  • Un coffret 4CD est dispo avec un livre « d’art » cartonné.
  • Une édition limitée de chaque groupe sera dispo en vinyl : dark green pour Elephant Tree, ocean blue pour Domkraft, purple pour Summoner, dark brown pour Horsehunter.

 

Par Kara, Laurent, Sidney Résurrection

 


 

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