Depuis bientôt 20 ans que Wo Fat existe, le trio (Michael Walter, batterie, et Kent Stump, guitare, étant les deux seuls membres ayant participé à tous les albums du groupe) a su se faire une place de choix sur l’échiquier du stoner, quelque part entre le fou et le roi. Leur musique faite de jams en maitrise, d’influences southern et de fuzz musculeuse a atteint son point culminant sur Black Code (2012) avant de se teinter de pessimisme. Le très valable The Conjuring (2014) puis le plus oubliable Midnight Cometh (2016) ayant en effet opéré une mue vers des propos plus sombres.
Et les six ans de silence de Wo Fat, traversés par la crise COVID, n’ont pas égayé les thématiques du groupe. The Singularity, sans être à proprement parler un concept album, est traversé par les angoisses existentielles de notre siècle, du changement climatique aux intelligences artificielles en passant par la désinformation. Fidèle à son univers, le groupe mélange ses questionnements sociaux à des thèmes science-fictionnels, à l’instar de ce que montre la pochette, signée de l’artiste émergeant Eli Quinn, transformant un tas de débris métallique en un dragon de fer.
Audacieux album que The Singularity, avec ses 75 minutes au compteur et les plus longs titres en ouverture, le disque nécessite beaucoup d’énergie et de motivation pour être correctement appréhendé. S’il renferme pourtant son lot habituel de riffs de première cordée, l’album se permet même d’être plus aérien que les précédents, de développer ses ambiances comme sur les deux minutes d’intro de « Orphans of the Singe » et une succession de riffs pour nous amener à l’os d’un morceau particulièrement retors mais imparable. Wo Fat prend le temps de poser les choses, retrouve ses vieilles recettes sur « Overworlder » (tiens l’intro c’est du Church of Misery on est d’accord ?!) ou « The Snows of Banquo IV » et son bouillonnement de guitare, s’échappant de la tenaille des patterns de Michael Walter, toujours aussi prolixe en cymbales. C’est au final surement les 16 minutes de « The Oracle » qui restent le plus en tête, jam désespéré, tout en basse contenue, groove de mammouth et guitare virtuose : la définition du jam fuzzé en somme.
L’album aurait pu facilement se passer d’un titre (pourquoi pas « The Raveling » qui n’apporte rien de nouveau sous le soleil texan) mais garde du début à la fin un je ne sais quoi de prenant qui fait de The Singularity l’un des meilleurs Wo Fat, pas si loin de Black Code, finalement.
Point vinyle :
Il y a une une édition couleur, rouge et jaune avec splatter noire, épuisée assez rapidement et une version noire semble être en route pour nos points d’approvisionnement habituels.
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