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Castle – Evil Remains

Castle est un de ces groupes discrets, qui apparaissent ponctuellement sur scène (en milieu de journée sur les affiches quelques festivals inspirés ou sur de rares petites tournées en clubs), qui marquent le public au fer rouge, puis qui disparaissent du radar pendant des mois, voire des années… Cela fait six ans que le groupe n’avait rien enregistré, depuis l’emballant Deal Thy Fate. Depuis, on les voit surtout évoluer « de loin », via des salves de dates sporadiques surtout concentrées sur l’Amérique du Nord (ou l’Allemagne…). L’écriture de ce Evil Remains a en outre été menée sur les cinq dernières années, illustrant si besoin l’activité ininterrompue du groupe, malgré quelques difficultés notamment liées à des contraintes logistiques : le duo fondateur du groupe (Liz Blackwell la bassiste/chanteuse et Mat Davis le guitariste – avec l’adjonction ici du batteur Mike Cotton) habitant dans des pays différents désormais, les choses furent rendues plus complexes. Quoi qu’il en soit, ils reviennent, et c’est bien le principal.

Le style musical du groupe n’a pas beaucoup évolué : ils pratiquent toujours une sorte de doom classique (entendre : en émanation des précurseurs des années 70 voire 80, pas du stoner doom ou autres engeances pachydermiques) auquel ils mêlent des influences très classic metal, à grands renforts de riffs épais. Bref, une sorte de mix entre Saint Vitus, Motörhead, Pentagram et Judas Priest, en gros, dans l’ombre plus ou moins distante du Sabbath Noir of course. On est donc assez loin du stoner rock au sens strict, mais les liens avec notre « monde musical » ont toujours été importants dans la carrière de Castle, et ça se comprend.

La première lame du rasoir opère très vite, et l’on se laisse complaisamment envouter par les rythmiques emballantes de ces huit compos (37 minutes au total, juste ce qu’il faut), qu’il s’agisse de mid tempo sombres et rampants (« Déjà Voodoo », « 100 Eyes »…), de standards heavy solides (« Evil Remains », « Queen of Death », « Nosferatu Lights »…) ou de brulots plus metal (« Black Spell », « She »…), le facteur séduction opère à plein. En rajoutant une interprétation impeccable (le chant efficace de Blackwell, parfois complété par les chœurs gutturaux de Davis, une basse ronde et bondissante, un son de guitare acéré…), la recette a tout pour plaire.

La deuxième lame du rasoir se dessine petit à petit au gré des écoutes, et rend le disque addictif du fait d’une qualité d’écriture que l’on retrouve dans tous les plus discrets recoins de cette galette : travail mélodique remarquable (des riffs, des riffs… mais pas que !), arrangements bien sentis, breaks audacieux… L’ensemble est bien inspiré, et apporte une vraie plus-value aux compos, à l’image du break median et de la seconde section de « Déjà Voodoo », de ces soli délicieux sur « Black Spell », de la deuxième moitié de « Cold Grave » en instrumental, etc…

Si Evil Remains avait un défaut, ce serait de ne rien inventer : Castle gagne en maîtrise et en intégrité ce qu’il perd en originalité. Mais la musique qu’ils proposent ne vise pas uniquement à caresser quelques vieux nostalgiques dans le sens du poil : le duo apporte une vision intelligente et intéressante de ce mix d’influences, y apporte son son désormais caractéristique et convainc par son intégrité et sa déférence aux grands noms. Castle continue à tracer sa voie, et propose encore une tranche de musique enthousiasmante, qu’il nous tarde de goûter sur scène.

 


 

Note de Desert-Rock
   (7.5/10)

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