Domadora, ce groupe pour fans de six-cordes vampiriques qui laisse souvent exsangue le reste de la formation, sort un nouvel opus du nom d’Indian. Ce groupe qu’on aime admirer pour sa passion des jams et son sens du phrasé revient avec une formation ayant fait le plein de sang frais, tout en conservant son épicentrique guitariste comme seul membre historique. Cela va-t-il pour autant changer l’approche de Domadora du tout au tout ? Voilà la question que l’on se pose au moment d’appuyer sur le bouton Play.
Avec une introduction plus lourde, plus massive, on se demande si, diantre, Domadora n’aurait effectivement pas changé de braquet bien que restant totalement instrumental. Mais rassurez-vous, mes agneaux : il n’en est rien! Le grand méchant riff revient plus vite que la pointe de plaisir coupable qui commençait à nous chatouiller.
Car oui, il aurait été sans doute facile d’accepter que la formation se fasse plus consensuelle (entendez : moins jam). Facile, certes, mais pourquoi diable vouloir changer une recette qui fonctionne ? Pour caresser l’espoir de voir le groupe gagner les pleins feux d’une scène qu’il pratique depuis bientôt quinze ans ? Inutile de demander plus: ce que Domadora sait faire, il doit le pousser un peu plus loin; mais en aucun cas le renier.
Indian ne renie rien des précédents albums. Le riff est toujours implacable lorsqu’on tâte du “Seventh Ressurgence” et encore plus du “Fast Brother Jam”. Du riff, il y en a, oui, mais la structure? Ahah, la structure? Quelle structure? Ça jamme à tout va, rien de neuf sous le soleil.
Comme toute jam digne de ce nom, ça digresse, ça s’envole, et “Fast Brother Jam” ne fait que confirmer l’ADN du groupe avec, en prime, une chute immense dans les aigus qui emporte l’auditeur vers un final théâtral, tellement jouissif qu’on ne veut pas en perdre une miette.
Domadora se félicite dans sa promotion du lâcher-prise atteint avec cet album, et il est fort possible qu’un cap ait été franchi. Attention cependant: n’allez pas imaginer un immense bordel. Indian reste un album accessible.
Lorsque la conclusion “The Son of Fire” explore la classique séquence d’emballement instrumental, que tant de groupes psychédéliques ont pris plaisir à expérimenter sur scène, on est happé dans un monde connu, enveloppé par une marée de notes. Et vous savez quoi ? On s’y sent si bien qu’on regrette que la plaque ne dure pas plus que ses 53 minutes.
Un mot tout de même d’ “Indian”, la piste centrale qu’on aura tôt fait de comparer pour son introduction à une piste de Pink Floyd. “Echoes” est d’ailleurs le nom de cette première piste d’ Indian, et la promotion parle d’un hommage au rock psychédélique. Il n’y a peut-être derrière cela qu’une complaisante hallucination, mais on ne peut douter que s’il y a bien un hommage au psyché, c’est réussi: Domadora paie son voyage lysergique aussi bien dans l’intitulé des pistes que dans chacune de ses propositions sonores.
Indian est l’occasion parfaite pour se remettre sur la platine un must du genre jam psyché: Un Domadora aux acquis solides, au mieux de sa forme. Du bonheur en micro-sillons.
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