ehécatl – ehécatl


ehécatl - ehécatl

Ehécatl est une émanation directe des desert-rockeux frenchies Blaak Heat Shujaa, et s’annonce comme un side project plutôt original. La première originalité, mise en avant par le groupe lui-même, tient dans le genre musical abordé, vendu comme un “stoner doom psychédélique pré-colombien”… Seconde originalité, la composition du groupe, en l’occurence un duo (Thomas et Timothée, de BHS, donc), et les instruments pratiqués, à savoir une base basse-batterie, complétée ponctuellement de flûte, percussions, sitar, etc… Et non, pas de guitare sur une galette de stoner, blasphème ! En même temps, lorsque l’on dédie un album entier au Dieu aztèque du vent, blasphémer, on s’en bat le steak. Dont acte. On va voir ça de plus près.

De manière presque “attendue” tout commence par une sorte d’incantation que l’on imagine relever d’une sorte de danse de la pluie. La petite touche de folklore qui va bien pour donner l’ambiance. Par la suite, sur “La cancion del dios ehécatl”, le vrai ton de l’album se répand progressivement : sur une intro ambiancée avec une flûte en fond sonore, les notes de basse et la batterie viennent tisser un matelas sonore qui (comme on a pu justement le lire ici ou là) rappelle effectivement les projets de Al Cisneros, Om en tête. La basse, précisons-le, se rapproche assez dans le jeu d’une guitare (un peu le même type d’attaque des cordes qu’un Lemmy, en gros, mais avec un son moins saturé). “The wrath of tepeyollotl” est garni ici ou là de sitar, ce qui à mon sens met un peu à mal le concept : on a un peu de mal à projeter cet instrument d’origine asiatique dans un projet que l’on nous décrit d’inspiration sud-américaine… Cet anachronisme mis à part, le titre tourne bien, à l’image de “rih” qui lui succède. Encore une fois, les vocaux sont rares, mais accompagnent bien les plages instrumentales. Le très entêtant “tenan” (avec sa flûte hantée) fonctionne bien sur la base d’un riff de basse roboratif, porté par une rythmique qui s’emballe heureusement sur la fin.

Musicalement, la bestiole est globalement difficile à cerner : on peut penser à un mélange de Los Natas et de Yawning Man – le premier pour le son et les riffs stoner et limite délétères, le second pour ces passages instrumentaux relevant plus de jams psychédéliques. Le duo basse/batterie, même s’il occupe un espace sonore important, peut se révéler un peu “léger” (façon de parler…) à certaines occasions, comme sur la fin de “tenan”, où ce duo modeste sonne plus comme deux potes qui jamment en répèt’… Mais au final, le tissu musical est dense, bien agencé… Je garde le sentiment toutefois après plusieurs écoutes que le pari initial (faux-groupe sud-américain) n’est que partiellement validé : j’aurais attendu une appropriation plus forte, plus radicale du folklore aztèque, des instruments associés, un parti pris plus structurant. Néanmoins, comme le revendiquerait mon idole JJ Goldman, la musique est bonne, et au final, peu de monde y regardera à deux fois avant d’acquérir ce morceau de bravoure finalement plutôt recommandable.

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