Fans de Ghinzu, passez votre chemin : le combo belge de rock alternatif n’a en effet pas sa place dans nos colonnes. Et c’est de Gozu que nous allons parler dans cette chronique. Gozu, avec un « Go » comme dans « Gonades ». Cela tombe bien car le gang de Boston fait dans la musique couillue.
Fraichement signés chez Ripple Music (qui réalise ici une très belle opération), Mark Gaffney et sa bande s’attaquent à un sacré défi : celui du troisième album tant redouté. Album d’autant plus redouté ici qu’il a la lourde tâche de succéder à l’excellent The Fury of A patient Man qui a installé le groupe comme une valeur montante de la scène stoner.
C’est ainsi que déboule sur nos platines le très attendu Revival. Premier constat : la formule reste à peu près la même. Après s’être attaqué à une célèbre pornstar ou à Supercopter, le groupe continue ses hommages appuyés aux années 80 et 90 avec « Dee Dee McCall » et « Lorenzo Llamas ».
Le premier, dans la veine de ce que l’on a pu entendre sur The Fury of a Patient Man, capture en seulement 2’15 l’urgence, le sens du riff, et cette voix nasillarde qui font l’essence de Gozu. Un morceau bien plus sexy que la coéquipière de Rick Hunter.
Le second, dont l’intro sonne comme une reprise du célèbre « War Pigs » des non moins célèbres Black Sabbath, répand une ambiance doomesque que Gaffney, par ses lignes vocales mélodieuses, s’applique à prendre à contre-pieds.
Mais si les titres des morceaux de Gozu flirtent généralement avec le ridicule, les chansons en elles-mêmes empruntent la trajectoire diamétralement opposée. « By Mennen » par exemple qui, contrairement à son nom, est tout sauf nauséabond : construit autour d’un beat basse/batterie ciselé à la perfection par la paire Grotto/Hubbard, le titre prend du volume et de l’épaisseur avec l’entrée en scène de la guitare de Sherman et de la voix matinée de soul de Gaffney qui viendra clore a capella cette tuerie longue 5 minutes.
Comme mentionné un peu plus haut : la formule reste à peu près la même. Sauf que Gozu repousse les limites de la qualité et de la diversité avec ce Revival un peu moins facile d’accès que son prédécesseur. Le fossé séparant « Nature Boy », titre d’ouverture abrasif comme du papier de verre, et le final « Tin Chicken », doux comme la caresse d’une plume, ressemble en effet plus à l’océan Atlantique qu’au canal de Suez.
Plusieurs écoutes seront donc nécessaires pour apprécier la quintessence du tortueux « Big Casino », titre qui débute sur du fuzz « old-school » que n’aurait pas renié un Fu Manchu avant de redescendre lentement, au rythme des frappes de Hubbard, pour se poser en douceur sur la voix étouffée de Gaffney.
La formule reste à peu près la même donc, mais l’arrivée de la paire Grotto/Hubbard après des déboires de batteur et de bassiste (Grotto était crédité sur The Fury of a Patient Man sans avoir posé une seule ligne de basse sur le skeud) semble avoir renforcé la cohésion du groupe et donne à cette version de Gozu des allures de line-up définitif pour lequel le champ des possibles semble infini. Entre la brutale simplicité d’un « Oldie », ou bien ce solo sorti de nulle part qui amène « Bubble Time » sur un final incroyable, les choix proposés par le groupe sont variés. Ils font néanmoins mouche à chaque fois.
En ces temps modernes où Twitter est roi, ce Revival pas passéiste pour deux sous peut donc se résumer par #groove #riff #heavy # kickass #rocknroll. L’excellent album d’un très grand groupe.
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