Imperfection est déjà le quatrième album pour le pourtant jeune trio japonais Hebi Katana (« l’épée serpent »…), qui s’est formé en 2020 à peine. Jusqu’ici, ce qui vient en premier à l’esprit quand on parle de musiques fuzzées en provenance du pays du soleil levant, c’est soit des formations de psych rock propices aux jams aériens et enfumés (option pattes d’eph’ / patchouli), soit le stoner doomy glauque tendance Church of Misery… C’est faire peu de cas d’une scène plus vivace, qui manque surtout d’opportunités et de moyens de se développer. Saluons donc la dynamique de Hebi Katana, qui force un peu le destin en proposant une sortie via le label U.S. Ripple Music, l’opportunité espérons-le de lui apporter un peu plus de visibilité (le groupe a eu peu d’opportunités de jouer live hors de son pays jusqu’ici).
Il faut dire que sa musique mérite une attention particulière : dans un style difficile à décrire simplement (un illuminé du marketing leur aura attaché l’étiquette absurde et cliché de « samourai doom »), le groupe propose sur ce Imperfection sept titres qui vont balayer des dizaines styles différents, à chaque fois au service d’une chanson à l’identité prononcée. Certains mettront en avant une identité musicale diffuse, nous préfèrerons valoriser l’efficacité des compos et le plaisir inlassable à chaque nouvelle écoute.
La mise en musique est aussi riche que les styles abordés, avec un travail de production qui vient proposer tous types de sonorités, entre le très clair et le très saturé (« Bon Nou » en intro en illustre grossièrement le propos, avec ce rageur assaut punk rock qui vient renverser une intro acoustique mélodique). Le chant, assuré alternativement par le bassiste Laven ou le guitariste Nobu, est l’un des marqueurs importants du groupe. En anglais, il est livré sans accent (une remarque pas anodine quand on connaît un peu les japonais…) et avec une redoutable efficacité : le chant de Nobu, majoritaire, a un sens mélodique impeccable (avec des aspects un peu nasillards qui ne plairont pas à tout le monde, par exemple sur « Dead Horse Requiem ») tandis que celui de Laven, plus classique, est mieux adapté aux titres punchy (comme le redoutable « Blood Spirit Rising »).
Cette richesse de sons et de personnalités vient armer une poignée de compos particulièrement attachantes et accrocheuses, dont il est difficile de faire émerger des titres meilleurs que d’autres. On notera (pour les auditeurs sur vinyles) une face B moins « percutante », avec des titres plus denses, moins directs – mais certainement pas moins intéressants, à l’image du duo final « Yu Gen » et « Yume Wa Kareno », des titres complexes, plus lents mais renforcés en larges rasades doom bien lourdes. Si vraiment vous voulez un échantillon, on vous encourage à vous pencher sur « Doomed Echoes from Old Tree » (ci-dessous) pas forcément la meilleure compo du disque, mais la plus riche probablement.
Penchez-vous dans tous les cas sur ce groupe qui ne devrait pas vous laisser insensibles.
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