Iron Monkey – Spleen and Goad


Désœuvré face à la faillite artistique d’Eyehategod ces dernières années, le fan de sludge old school se trouve à court d’options. Dans ce cadre, la re-naissance imprévisible des anglais d’Iron Monkey il y a un peu plus de cinq ans pouvait apparaître comme une lueur d’espoir (façon de parler pour un album aussi glauque que ce 9-13). Activité scénique quasi-inexistante malgré quelques lueurs d’espoir en 2018, zéro communication ou presque… on ne donnait pourtant pas cher de la peau du désormais-trio. Sans prévenir (évidemment), ils reviennent se rappeler à notre souvenir, toujours chez Relapse (qui continue vaillamment d’essayer de faire rentrer leur comportement anti-commercial au possible dans leurs process de marketing rodés aux pratiques du XXIème siècle), avec ce Spleen & Goad, emmené par un artwork hideux (c’est dit avec une certaine tendresse – d’autant plus que la pochette serait l’œuvre de Jimbob Isaac ? Difficile en tout cas d’y reconnaître sa patte…).

Côté musiciens, du line-up originel on ne retrouve plus désormais que Jim Rushby ; même Steve Watson, resté accroché aux branches dans l’album précédent, a disparu du paysage. On notera néanmoins le retour de Dean Berry, qui avait ponctuellement officié dans le groupe du temps de Our Problem (note : au vu de la cacophonie générée par la paire Rushby/Berry, on ne prendra pas la peine de détailler si ce dernier est en charge d’un complément de guitare, ou uniquement de lignes de basse ; sachez juste que c’est l’un ou l’autre, et probablement les deux). A la batterie, « Ze Big » (Steve Mellor) est maintenu, lui qui avait été recruté en 2018 après la sortie de 9-13. Bref, on continue à recruter  l’underground anglais, aux limites de la consanguinité.

C’est avec une certaine sorte de confort (!!) que l’on accueille les premières salves de cette galette de neuf titres pour plus de cinquante minutes, car Spleen & Goad continue clairement là où 9-13 nous avait laissé (exsangues), à savoir sur un sludge d’école, emmené par un groupe à la dynamique d’innovation au ras des paquerettes. Et on n’en attendait ni moins, ni plus ! On se laisse défoncer par ces saillies sludge hardcore metal, avec un filet de bave au bord des lèvres. Le chant, désormais assuré par Rushby suite au décès de Johnny Morrow, démontre une maîtrise dans le braillement glaireux qui ne fait plus débat : c’est plus sale que nécessaire, et on ne se rapproche heureusement jamais d’un semblant de mélodie. Rushby chante comme il vomit : c’est sale, malaisant, et ça ne fait pas plaisir. Nickel. Musicalement ensuite, on est dans le rudimentaire, ou plutôt le juste-efficace, avec une prod assez massive. Y’a du riff, du son de guitare crade, du feedback mal maîtrisé, ça suinte juste comme il faut… Que demander de plus ?

Élément le plus bluffant de ce bruyant retour aux affaires, l’efficacité des compos est redoutable, et même si l’ensemble du groupe est crédité aux compos, on imagine que Rushby est à la manœuvre derrière la plupart de ces riffs de colosses. Qu’il pioche ses racines dans le hardcore (« Misanthropizer », le très énervé « Rat Flag »), le doom (« CSP » ou le riff scandaleusement WTF d’un « Off Switch » d’outre-tombe), ou le metal au sens large, il amène à ce disque un riffing 3-étoiles qui fait clairement la différence. Et ce « Off Switch », bon sang… Quelques morceaux sont un peu en deça (et on s’interroge sur l’efficacité d’une version plus ramassée, écourtée d’une poignée de titres…) mais globalement, le niveau est là.

L’intention musicale rudimentaire, la musicalité plombante (du gras, du lourd, des accordages dangereux), et des paroles d’un négativisme confondant (un champs lexical neurasthénique, où se mêlent sordide, dépression, violence et cynisme) sont les principales composantes du « Iron Monkey nouveau » qui, finalement, n’est pas très différent du « Iron Monkey de toujours ». Cette stabilité les rend attachants. Spleen & Goad est finalement un disque hors de son époque, intemporel, qui ne vient pas morde les mollets du reste de la discographie du groupe, mais y trouve une juste place, comme un nouvelle jolie pierre dans le sentier boueux bien dégueulasse que représente leur plan de carrière.

 


Note de Desert-Rock
   (8/10)

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