Land Mammal – Doors to Reality


Land Mammal est un groupe-projet emmené par le texan Kinsley August, quelque chose qui, depuis sa genèse, se rapproche plus du one-man band que du groupe en bonne et due forme. Ce second disque ne diffère pas, qui voit August prendre en charge la plupart des instruments, complété d’un bassiste  et de son ingénieur du son en tant que batteur (et une demi-douzaine d’autres instruments…). N’ayant pas eu l’opportunité d’écouter leur premier effort, c’est sans a priori que votre serviteur se lance dans l’écoute de ce disque.

Les premières minutes développent une intro aux influences orientales très appuyées, qui trouve sa suite dans les premiers titres, à grands renforts de sitar, flute, tabla et autres instruments plus ou moins rares qui, soyons honnêtes, nous font craindre une rondelle de world music psyche aux odeurs de patchouli… Sauf que Land Mammal développe en réalité quelque chose de beaucoup plus ambitieux. Il construit certes sa musique sur ce matelas oriental, mais pour aboutir à des compos matures, fortes, audacieuses et parfois – vraiment – assez bluffantes. Car ce disque est tout simplement traversé par des moments de grâce – on ne parle pas de plans plus efficaces que d’autres, par le fait du hasard, mais de constructions culminant sur des séquences absolument remarquables. On notera à titre illustratif le refrain enlevé de “Tear You Down” parfaitement emmené par un arrangement de cordes subtil mais efficace, ou bien encore cette majestueuse intro de “Divide” où l’on croirait carrément un quintette à cordes qui vient transcender ce couplet (alors qu’il n’y a qu’une musicienne), un titre où par ailleurs, pour ne pas verser dans la surenchère vulgaire, le chant est subtilement mis en retrait, plus aérien. Superbe.

La suite du disque n’est pas moins bonne, que ce soit par le très efficace “I Am” et son groove impeccable, ou le très accrocheur “The Circle”. A noter justement qu’Isaiah Mitchell (l’incroyable leader de Earthless), ancient prof et mentor de August, vient (au même titre que sur son premier album) gratifier la galette de deux soli sublimes, qui apportent un vrai complément à “The Circle” et “Tear You Down”. Le disque se clôture sur une séquence instrumentale séparée en 2 parties, où viennent se mêler sitars, flutes, orgues et autres… Si l’album finit ainsi par un retour aux influences orientales, on notera néanmoins que plusieurs titres en sont plutôt exempts (“Divide”, “Separation” et dans une certaine mesure “The Circle”) .

On est (agréablement) surpris de noter la concision de ces compositions : le style se prête généralement aux élongations diverses et tergiversations instrumentales plus ou moins inspirées, mais ici les deux titres les plus longs dépassent à peine les cinq minutes. Le disque, de 34 minutes, dit tout, vite et bien, et est la parfaite démonstration qu’il est possible de proposer beaucoup de choses, un disque riche et varié, en peu de temps.

Quoi qu’il en soit, Emergence est un superbe album. Imparfait (on pourra bêtement se dire que quelques fins de titres sont un peu bâclées ou quelques instrus un peu trop longs sur un disque si court), le disque est pourtant transpercé d’idées géniales, d’inspirations d’écritures remarquables, pour le plus grand plaisir de l’auditeur. Cet album, qui n’est ni un disque de folk, ni de retro rock, ni de stoner, vient tout simplement délivrer une certaine idée du psyche riche, électrisée, subtile et puissante à la fois. Un vrai beau disque.

 


Note de Desert-Rock
   (8/10)

Note des visiteurs
   (7/10 - 2 votes)

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