Quasiment 8 ans après le classieux “Deep in the hole”, le très peu prolifique père Goss nous délivre enfin sa nouvelle offrande, qui plus est sous une “forme” musicale un peu atypique, avec un album qu’il envisage en 2 parties : “Pine” et “Cross Dover”. Pour l’occasion, il reste accompagné de son éternel frère d’arme, John Leamy, et d’une demi-douzaines de potes (dont les noms ne vous seront pas étrangers : Brendon McNichol, Dave Catching…) qui viennent filer un coup de main, ici ou là sur le disque. Rien de surprenant.
Après avoir écouté ces derniers mois une belle série de brulots sévèrement burnés, l’écoute d’un album studio de MOR relève un peu du sevrage, et la rupture auditive est brutale. La musique et le son (Chris Goss s’auto-produit, of course) sont ronds, suaves, travaillés… Pas vraiment du garage rock crasseux… Ce n’est d’ailleurs toujours pas du stoner, MOR continue à évoluer sur sa planète musicale bien à part, indéfinissable. Certes, le combo reste maître incontesté du “robot rock” cher à QOTSA (les petits riffs répétitifs et saccadés typiques de “VP in it”, “Dreamtime Stomp” ou encore “Always”, on est en plein dedans), et c’est déja un trait qui leur est propre. Mais le groupe excelle au delà d’un seul genre.
La première partie de l’album, “Pine”, est probablement la plus décalée, la plus austère aussi, presque “froide”. Austère comme la prod super discrète du très rock “King Richard TLH”, titre qui aurait pu dépoter sévère, s’il avait été servi par un mur de guitare à sa hauteur ! Mais le choix de prod de Goss, audacieux mais judicieux, introduit l’album en douceur. Des titres entêtants, lancinants, limite bruitistes parfois, lui prennent la roue. Ca fonctionne, la tension monte pas mal jusqu’à l’épique “Johnny’s dream”, un instrumental qui sonne comme une musique de film. On passe donc à la seconde partie, “Cross Dover”, à mon avis la meilleure. La liaison se fait par 2 titres bien accrocheurs, comme une progression rock bien ficelée, amenant à “Rosie’s Presence”, un titre aux relents rock blues modernisés, toujours enrobés de la voix suave de Goss et de sa prod encore une fois plutôt en retrait (sur un titre qui aurait pu être plus pêchu encore). Le titre suivant est plus anecdotique, mais mène à “Testify to love”, probablement le meilleur de l’album : introduit par une guitare “d’outre tombe”, ses couplets sombres et graves le mènent à un refrain d’une efficacité imparable, même si super répétitif. Le dilemme de cet album tient à sa dernière plage, “Alfalfa”, un long instrumental qui, comme le dit Chris Goss dans les crédits, est en réalité une jam de 4 mecs qui se sont retrouvés dans un studio pour la 1ère fois ensemble, ont branché les instruments et ont enregistré leur jam session. On peut admirer la musicalité de ce quatuor improvisé, et baver à l’idée d’être là pendant ce moment magique, mais… ce titre, une longue impro quelque peu déstructurée et finalement assez inégale sur la longueur, détonne un peu en conclusion d’un album aussi finement ciselé, aussi bien construit.
Mais c’est un bien léger bémol, face à un album dont la qualité intrinsèque reste remarquable. Une petite perle pour les fans de desert rock non élitistes, et plus généralement pour les fans de rock et de bon son. Longue vie aux Maîtres.
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