Qui eut cru qu’un Monster Magnet exsangue, boiteux, amputé, eut pu accoucher d’une si bonne galette ? La dernière année passée aurait pourtant pu être fatale à l’aimant monstrueux, entre le départ d’un gratteux, Phil Cavaino, et l’overdose de papa Wyndorf, on ne donnait pas cher d’eux. Et finalement ça ne tracassait pas grand monde, Monster Magnet restant aux yeux de beaucoup ce groupe qui se plaît tant à nous énerver, nous, fans de stoner. Le groupe s’est toujours tant moqué des étiquettes qu’il paraissait renier ses derniers albums, pierres fondatrices s’il en est du “mouvement” tout entier. Trop occupé à se faire plaisir dans des délires mégalo hard-rock-esques. Certes, le dernier album, “Monolithic Baby” contenait quelques très bonnes tranches de joie. Mais au final, “4-way Diablo”, enfanté dans la crise, dans un contexte flou, nébuleux, instable, se révèle un retour aux sources salvateur.
Ben oui, Monster Magnet refait du stoner. Dur à croire hein ? Il manque certes un peu de psyché / space rock pour nous rappeler parfaitement Spine Of God ou Superjudge, mais au final, assaini (quel groupe a vraiment besoin de deux guitares et demie ? Surtout quand l’un des gratteux n’est autre qu’Ed Mundell), Monster Magnet paraît gagner en inspiration.Niveau compo, Wyndorf fait un quasi-sans faute. Ca commence avec un “4 Way Diablo” avec un insaisissable lick de guitare cristallin lancinant, un gimmick impeccable qui porte ce morceau au chant presque larmoyant. Quelques titres se détacheront ensuite ici ou là, notamment le singulier “You’re alive” (quasiment ses uniques paroles), un exercice de style frais et réussi, ou le très oriental “Freeze and pixelate”, épique instrumental s’il en est. Le space rock n’est pas totalement absent, avec des relents bien présents sur “Cyclone”, ou même sur leur resucée du “2000 lightyears from home” des Rolling Stones. Et que dire de l’émouvant “Poguesque” “Little bag of gloom” de clôture, couillu, épuré au maximum jusque dans le chant non trafiqué de Wyndorf (assez rare pour être signalé).
Bref, sans faire table rase des dernières années, Monster Magnet puise dans cette expérience et l’injecte dans son vieux stoner “old school” pour accoucher d’une galette bâtarde mais assez bandante. D’aucuns se demanderont si ce retour aux sources ne cache pas un cruel manque d’inspiration, un pas en arrière, un regard jeté dans le rétroviseur vers leur gloire passée. Envoyez-les se faire foutre, achetez ce CD, et montez le volume en écoutant “Slap in the face”.
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