Avec de cradingues oripeaux Desert Rock à souhait, signant un parcours fait d’errances rythmiques, de rencontres hasardeuses dans des Kebabs douteux et de passages individuels de groupes en groupes, Psychlona était à la tête d’une précédente production foutrement Stoner qui nous avait convaincue avec un je ne sais quoi de pas assez. (Chronique disponible ici) Le quartet anglais de Bradford revient à bord d’une plaque intitulée Venus Skytrip et toujours propulsée par un Ripple Music gage de qualité.
Les quatre comparses ne gardent pas bien longtemps le déguisement de l’ivrogne bon à rien qu’ils se sont taillés (En fait, pas plus loin que leur autobiographie). Leur musique n’est pas une tâche de picole faite au hasard sur le plastron de la scène stoner, il y a de la maîtrise, de l’expérience et du travail.
La galette part fort sur fond de samples de poste de commande : “Blast Off” livre un chant scandé comme une Check List poussant l’engin musical au décollage. Il s’égrène alors que le morceau prend de la hauteur. Une mécanique gracieuse et puissante aux sonorités grasses de cardes et de batterie pétaradante. Une fois la mise en orbite réalisée, c’est très logiquement que déboule en apesanteur “10000 Volts”. Le voyage vers Vénus peut réellement débuter, la lenteur des mesures est régulièrement corrigée par la puissante mise à feu d’un duo basse guitare. Il faut bien cela pour naviguer à bord de ce lourd vaisseau.”Resin” en est un autre bel exemple.
La puissance calme que sait distiller Psychlona une fois perdu toute gravité lui permet de produire un psych planant et émaillé de contrepoints percutants ne laissant jamais l’auditeur s’endormir aux commandes de la navette. “Star” ou “Edge of the Universe” ponctuent le voyage de mirages entre Fu Manchu et Truckfighters proprement enthousiasmant sans diluer l’identité du quartette.
La rentrée dans l’atmosphère sur “Tijuana” accélère et secoue l’auditeur en miroir de la piste d’introduction, puis c’est la sortie extra véhiculaire sur “The Owl”. Il n’y a quasiment pas d’atmosphère et le corps musical flotte, éthéré, rebondissant de temps en temps sur le sol poussiéreux et désertique. Le goût de déjà vu que l’on ressent tout au long de l’album ne s’estompe pas ici, il est à penser que plutôt qu’un Venus Skytrip nos sens auraient été le jouet de quelque psychotrope. Peut-être bien, mais quoi qu’il en soit l’illusion est convaincante et il faut admettre une correction massive du son depuis la dernière rondelle. Le passage du DIY au mixage pro change sacrément la donne. La qualité de l’enregistrement sur cette seconde plaque donne un cachet bien plus grand à la musique de Psychlona qui peut ici enfin exprimer pleinement tout son talent.
Si Venus Skytrip démarre comme un Kyusslike et lève parfois le lièvre de références trop évidentes, on en vient très vite à dire: “Rien à foutre! Roh la belle Fuzz! Roh la belle rythmique ! Waawww cette ligne de basse! Hannn la batterie !” Un feu d’artifice c’est toujours un peu pareil mais tout en étant jamais la même chose. S’attaquer à Venus Skytrip garantit de revenir souvent sur l’objet car il est jouissif, que demander de plus?
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