Ben voilà, je me suis fait eu. J’ai (je compte…) 11 CDs dans ma pile de skeuds “à écouter pour chronique sur le site”, dont 5 très récents ou à sortir. Et puis ben j’ai vu le dernier sHeavy chez mon disquaire (ze bon plan, je pensais même pas qu’il serait distribué en France). Ni une ni deux, j’achète la rondelle, et je l’enfourne dès mon retour chez moi. Grand mal m’en a pris, je peux plus l’en retirer.
Putain, quel groupe quand même. Vous pouvez leur cracher à la gueule autant que vous voulez : plagiat de Black Sabbath, manque d’originalité. D’abord, désolé si Stephen est né avec une voie si proche de celle d’Ozzy il y a 20 ans. Et puis plutôt que plagiat, si on parlait plutôt d’hommage ? Quant au manque d’originalité, déjà je suis pas forcément d’accord, tant le son et le sens de la compo des canadiens se sont affirmés, pour devenir impossible à confondre avec quiconque. Mais surtout, même si ce n’était pas le cas, des chansons aussi peu originales qui sont aussi jouissives, j’en veux bien tous les jours !
Parce que oui, sHeavy, c’est du bonheur en rondelle, de la salive qui dépasse du boîtier, du tapage de pied et du hochage de tête à ne plus savoir qu’en faire, l’un de ces groupes qui vous visse un sourire limite obscène à chaque couplet (vous savez quand on lance un “hell yeah” silencieux parce qu’on se dit que quand même, putain, c’est un sacré bon riff).
Mais qu’est-ce qui fait le secret de sHeavy ? Dur à dire, la voix de Hennessey, évidemment, entêtante, est “l’emblème” du groupe. Mais autour de lui, ça bastonne velu. Les riffs, déjà, lourds et nonchalants lorsque nécessaire (“Hangman”, l’intro/break de “Standing at the edge of the world”), savent être bien graisseux et sauvages dès lors qu’il faut balancer du bois (le reste de “Standing”, “A phone booth”) voire juste mémorables (en écoutant “The man who never was” on se demande forcément pourquoi personne n’a jamais composé ce riff si “évident” avant Dan Moore). Ils placardent chaque titre, un par un, direct dans la cervelle. Genre “pan ! celle-là elle restera entre tes oreilles pour un bon bout de temps”. Et puis sHeavy fait partie de ces groupes pour lesquels on se dit en les écoutant “ces mecs sont faits pour jouer ensemble”. La partie rythmique est juste brillante. Les lignes de basse groovent de manière quasi indécente, ça gronde, c’est chaud et rond, ça caresse le bas des tympans, et ça se fait saccadé, nerveux pour accompagner la gratte sans la “masquer”. Discret mais présent, toujours là où il faut et comme il faut. Le jeu de basse idéal, remarquable.
Après, qu’est-ce qui fait d’un album un coup de cœur ? Les musiciens assurent, la prod est sobre, sèche, “live” plus que tout (décidément, on reconnaîtra plus que jamais à Billy Anderson le talent de ne pas phagocyter les groupes qu’il produit), mais c’est quand même les chansons qui font un skeud. Et là, y’en a 12 impeccables. Tout simplement. Rien d’épique, rien de prétentieux, sHeavy ne pète pas plus haut que son coup et balance ce qu’il sait faire de mieux, 12 petites chansons bien écrites, blindées de petits breaks vicieux, chargées de riffs nerveux et entêtants, enrobées d’un groove chaleureux et accueillant (ah, le solo de “Imitation of Christ” sur fond de basse, l’intro et le break de “Stingray part III”).
On se sent bien dans ce disque, et le sentiment semble partagé : il a l’air de bien se sentir aussi dans ma platine CD. J’espère pour lui qu’il a pas besoin de respirer, j’ai pas prévu de l’en faire sortir de si tôt.
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