La carrière explosive de Alabama Thunderpussy s’est éteinte trop tôt, et personne n’a repris le flambeau de leur gros stoner heavy bien gras aux relents sudistes affirmés. Leur discret mentor, Erik Larson, nous a gratifié occasionnellement de disques solo tout à fait admirables, montrant que le bonhomme, même s’il savait se fondre dans une dynamique de groupe, en « avait sous la pédale », et se sentait à l’aise avec des compositions de genres tout à fait variés. Mais depuis une demi-décennie, rien. C’est sur ces bases que débarque The Might Could, un groupe qui, comme son nom pourrait le laisser penser, pourrait bien reprendre là où les seigneurs (saigneurs ?) de Richmond, Virginie, se sont arrétés.
Le point le plus remarquable concernant The Might Could est qu’il ne s’agit clairement pas d’un nouvel album solo de Larson : les titres sont homogènes, le son est bien mastoc, le genre musical est cohérent et maîtrisé. Pas de place aux lubies ou aux plaisirs égoïstes : Larson s’est remis en mode « groupe », remisant sa machine à riffs au service de ses trois compères. Finalement, les fans de Alabama Thunderpussy devraient s’y retrouver : Larson au chant use de sa plus belle voix d’écorché vif, servant un stoner sludge lourdingue du plus bel effet. En gros, pensez à ATP qui rencontre Down (cette rythmique bien crade, pas d’ambiguïté, et il y a pourtant plusieurs centaines de miles entre Richmond et la Louisiane !), et glissez-y ce chant mal dégrossi au papier de verre gros grain, ces soli vicieux, et ces rythmiques libidineuses, et vous aurez retrouvé un bout de la recette magique. Aucun hit immédiat, aucun refrain à chanter à tue-tête, mais des morceaux lancinants, des tas de riffs glaireux, le tout pourvoyeur d’infections auditives sévères. Le groupe se frotte même à la power ballad suave (« When the spirits take control »), mais plus proche de la passe à $10 avec option MST que de l’étreinte torride, en gros. D’ailleurs, c’est pour mieux nous en coller un derrière la nuque avec le presque punk « Mad dog blues », voyez le genre de vicieux.
ATP n’est donc pas revenu en selle par le truchement de ce nouveau combo qui fleure bon le stoner sudiste grassouillet, mais c’est pas grave ! Effectivement, même sur un malentendu, découvrir un groupe du calibre de The Might Could, auréolé d’un tel potentiel, s’apparente au minimum à une excellente surprise, certainement pas à une déception. Ni le fruit d’un héritage empoisonné, ni complètement étranger à cette filiation incestueuse, The Might Could est parti pour tracer sa route et, espérons-le, accoucher au passage d’une floppée d’autres galettes de cet acabit.
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