Tia Carrera – Cosmic Priestess


Tia Carrera - Cosmic Priestess

La précédente sortie de ce trio ricain m’avait quelque peu déstabilisé : sur la durée d’un album, leur stoner « déstructuré », complètement orienté « jam », m’avait apparu un peu décalé. Comme si le format album n’était pas adapté à leurs exactions musicales, tout simplement. Peut-être mon approche était-elle trop fermée… Toujours est-il que j’étais resté circonspect, l’impression de passer à côté de quelque chose. L’occasion m’est donc offerte avec la récente sortie de « Cosmic Priestess » de redonner sa chance à la musique de Tia Carrera.

Fondamentalement, le trio reprend la bataille exactement où il avait posé ses armes : dès les premières mesures de « Slave Cylinder », on retrouve ce grassouillet son de gratte, ces quelques riffs bien charpentés qui, lorsque repris par la basse, permettent à Jason Morales d’emmener quelques soli fortement recommandables. Franchement, c’est bien foutu. Ca joue super bien, la base rythmique défourraille : lorsque Erik Conn à la batterie tient la baraque (par une frappe métronomique, sans esbrouffe), c’est Chris Goosman qui se fait plaisir en lâchant quelques impros de basse bien groovy. Lorsqu’à l’inverse, Goosman se cantonne à tenir sa ligne de basse robuste et ferme comme un coup de trique, c’est alors Conn qui fait péter son armée de cymbales, et s’engage dans des sections débridées pendant quelques secondes. Remarquable alchimie qui permet néanmoins à la gratte de se tailler la part belle dans le trio, portée par un son fuzzé assez délicieux.

Après moins de 8 minutes (!), il est temps de s’engager sur un autre terrain sinueux, à travers le plus épique « Sand, Stone and Pearl » qui, sur 15 minutes cette fois (!!) apporte encore plus d’espace au combo : celui-ci tisse une trame musicale non pas plus complexe (on n’est jamais sur des structures de morceaux trop progressives) mais plus ambitieuse, épique en quelque sorte. Au global ce mid-tempo (un tempo linéaire tout du long du morceau, notons-le, sans emballement artificiel) permet au groupe des envolées sympathiques. Un morceau d’ambiance réussi… mais trop court ? C’est tout du moins ce que paraît penser le groupe, qui s’engage alors sur « Saturn Missile Battery », un O.M.N.I. de presque 34 minutes au compteur ! Le groupe ne s’embarrasse même pas, sur plus d’une demi-heure de chanson, à concevoir une intro : le titre commence par un fade in à peine dissimulé, comme pour laisser penser que l’auditeur ouvre la porte en plein milieu d’une jam impromptu, sans début ni fin… Et au final, ça fonctionne. Plus que tous autres, ce titre offre à Morales un espace d’expression guitaristique remarquable, sans limite, pour enquiller licks plus ou moins catchy, soli, riffs ventrus et roboratifs, tout en ramenant son instrument à portée des copains de temps en temps pour des passages en osmose impeccable. De manière assez surprenante, la galette se termine avec « A Wolf in Wolf’s Clothing » une chanson, osons le dire… presque normale ! (sans chanteur quand même, faut pas exagérer) Bon, 8 minutes au compteur quand même, mais un titre carré, groovy, encore plus 70’s que ses 3 copains de CD, noyé de cymbales et de soli de gratte débridés.

Bref, vous l’aurez peut-être noté, il n’y a pas grand-chose de neuf à l’horizon : Tia Carrera se fout toujours un peu de nous, ils n’en font qu’à leur gueule ! Ils ont envie de coller une jam d’une demi-heure sans temps mort ? Go ! Ils n’aiment pas les chansons couplet-refrain ? On va coller 4 couplets, 7 soli et 3 riffs consécutifs sans reprendre notre souffle. Et c’est comme ça tout du long. Ce groupe est énervant… mais leur musique est quand même foutrement bonne. C’est perturbant d’enquiller les 4 titres d’affilée, formatés que nous sommes à écouter des albums de 10-12 titres quelque peu standardisés, mais pour peu que l’on lâche un peu prise pour ouvrir grand les écoutilles, il est bien probable que l’on y prenne un plaisir différent, plus organique sans doute.

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