Verdun – Astral Sabbath


 

L’histoire de Verdun (Le groupe) c’est un peu comme celle du Mort-Homme à Verdun (Le champ de bataille) : une succession de pertes et de reconquêtes, et là je parle du line up. En effet, Ästräl Säbbäth marque le retour au chant du soldat David Sadok, Paulo Rui étant tombé au combat avec Aurélien Dumont (il n’y a donc plus qu’un seul guitariste sur cet opus). Verdun y poursuit sa narration sur le thème de l’amiral Masuka et livre au jour chez Throatruiner Records, Breathe Plastic Records et Deadlight Entertainement son second LP et troisième disque.

Fait de mon imagination ou référence bien réelle, l’album ouvre sur une modulation des premières notes de Black Sabbath. Après tout l’album s’appelle Ästräl Säbbäth et le titre, « Return of the Space Martyr »… Pas improbable qu’il y ait là quelque évocation détournée mais cela s’arrête à ça. Le titre ouvre la plaque avec 9 minutes en bloc, lourdes et pesantes, entre doom et sludge. De quoi poser pour décor une sauce éprouvée lors de précédents efforts de Verdun. On rentre toute de suite dans ce qui ressemble un peu à une marche forcée vers le front, monotone mais pas exempte d’expectation.

Force est de constater que les germes post hardcore présents dans les précédents albums ont ici gangrené l’album. Je dis gangrené non pas par désintérêt pour le genre mais plutôt par soucis de cohésion avec l’univers du groupe notamment et les distance qui se prennent avec notre genre de prédilection en particulier. Pour s’en apercevoir, un tour d’écoute de « Darkness Has Called My Name », permet de constater que la voix quitte le registre sludge pour un chant scandé plus post hardcore (j’insiste sur ce terme fourretout ayant abandonné tout espoir de classification du genre). Cette dérive est tout aussi palpable sur la judicieusement bien nommée « интерлюдия » (“interluda”). Elle dit tout de l’album en 2’16 (ou presque, puisqu’il s’agit d’une piste instrumentale).

Si  la piste « L’Enfant Nouveau » est doom tout autant que « Venom(s) » ce dernier titre marque la franche errance entre deux univers, la voix quittant le registre de la lourdeur pour s’armer d’effets entre S-F et fantastique le tout dans d’un esprit de perdition et de guitares qui s’offrent un bouquet post machin à souhait.

Côté intensité l’album pourrait se résumer à « Darkness Called My Name » avec un premier tiers de piste pesant de redondance, anxiogène, puis avec un fil conducteur très ténu et des imbrications de genres assez surprenantes : le déroulé de 10 minutes 33 exploite la porosité des genres avec intelligence et soucis de narration – ce qui pourra provoquer en revanche un écrémage de certains auditeurs, et ce malgré une qualité d’enregistrement digne du précédent opus The Eternal Drift’s Canticles.

Ästräl Säbbäth navigue entre SF et tragédie. Il faut voir cet opus comme la fin d’un cycle commencé avec l’EP The Cosmic Escape Of Admiral Masuka. Brièvement le triptyque raconte ceci : l’Amiral Masuka part dans l’espace après avoir survécu à un apocalypse nucléaire définitif. Il erre jusqu’à se jeter dans un trou noir et prendre une forme éthérée et après de longs errements prendra possession du corps d’un homme d’avant l’apocalypse, et par ce véhicule se donner naissance à lui-même. Au fond cet album est aussi torturé que l’histoire qu’il raconte, tel Masuka il est pris au piège de sa propre identité et même s’il cherche à s’extraire de sa nature profonde Doom et Sludge par quelque autre moyen, cet enfant nouveau y revient toujours.

 

Note de Desert-Rock
   (7,5/10)

Note des visiteurs
   (8.5/10 - 2 votes)

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