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DESERTFEST BERLIN – JOUR 4 (Baroness, Elder, Ufomammut,… ) 29/05/2022 – Berlin

C’est déjà le dernier jour du Desertfest Berlin, cette édition 2022 nous aura laissé sur les rotules. Après un samedi épique il est temps de remettre les crampons pour venir savourer les quelques tartines qui restent et croyez nous au vu du running order on ne va pas avoir de quoi chômer encore une fois!


SÂVER

Post metal ou post hard core, en Norvège, le post on a tout à y gagner. Ce groupe qui branle gentiment du manche et s’essaye aux atmosphères mystiques et parfois étranges sur album file droit dans le jus de lardons lorsqu’il restitue ses compos. Sa musique affutée comme une tronçonneuse et lourde comme un semi remorque fleure bon la graisse et le riff agressif. Les amateurs de bagarre du fest sont tous là et ils valident la tartine de saindoux. La basse pourrait tout écraser mais avec une guitare accordée aussi bas le jeu des deux instruments rivalise de vibrations. Le chant hurlé perce le rideau de gras pour venir électriser la foule qui ressortira du pit abasourdie mais ravie d’avoir pu en croquer sévère.


SLOMOSA

Le Desertfest a dû faire un charter depuis la Norvège – ce coup-ci c’est Slomosa qui vient livrer son groove enjaillant. Sa coolitude lui vaut d’être plébiscité partout où il passe et le Desertfest n’y fait pas exception. Une odeur de brocoli flotte sur la plaine. La section rythmique plante ses pieux à grands coups de maillets, c’est un pur bonheur que de pouvoir écouter gueuler “Kevin”. Et si le groupe chante “There Is Nothing New Under The Sun” ce n’est que partiellement vrai puisqu’il en profitent pour glisser dans leur set quelques nouveautés. Hypnotisés que nous sommes nous oublions presque de regarder le public et quand c’est le cas, outrage votre honneur ! La salle n’est pas pleine ! Pourtant quel transport ! Quel sens du riff. Slomosa est décidément le groupe sur lequel il faudra compter dans les années à venir!


KALEIDOBOLT

Déjà vu a Nantes pas plus tard qu’en début de semaine, Kaleidobolt nous avait laissé un goût de trop peu, un goût de pas assez dans le set plus que dans sa durée. A présent nous savons que tout était écrit, ils ont tout manigancé pour se retrouver à Berlin en dépannage de Slift qui n’a pu venir. Les bougres se réservaient pour l’assemblée Berlinoise ! Voilà, là ils sont de retour, leur set déborde d’énergie, ça renverse tout et ça part dans tous les sens, on retrouve la musique et la force qui font leur succès en live et c’est parfait ! Attentions âmes sensibles s’abstenir, leur musique psychédélique sous acide part dans tous les sens mais visiblement le public y était préparé.

 


STÖNER

Deux idoles du stoner rock et un batteur compagnon de route de longue date, voilà de quoi échauffer la salle. Certes, mais est-ce suffisant d’être les idoles du cool et de donner tout ce qui reste dans la bataille ? Non ! Le set de cet après midi le prouve. La déficience du mix (une fois de plus) décourage même certains des plus fanatiques. Un set énergique, une attitude hautement rock’n’roll, évidemment on y a eu le droit, mais comment apprécier ce que l’on n’entend pas ?  Fort heureusement des corrections interviennent en cours de set, remettant le train sur les rails ou sur le nuage d’herbe à chat, c’est selon. La dernière plaque de Stöner est a l’honneur et malgré cela ce n’est pas “Strawberry Creek” malgré son cool qui va emporter tous les suffrages, vous ne vous en doutiez pas ? Bien évidement, ce sont “Green Machine” et “Gardenia” qui renversent la salle, Kyuss revival !


PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS

Ces petits cochons là n’ont rien à faire chez Walt Disney, Pigsx7 sont amateurs de sale et de lourd, les gravos de Newcastle ne prennent pas le parti de la finesse. Ils roulent le public dans la fange noisey stoner doom la plus crasse. Le chanteur encore plus que ses acolytes est déchainé. A peine monté sur scène il commence sa gigue façon baston de pit pour coreux sous speed. Le public se régale. On détecte ça et là des atmosphères qui voudraient être légères mais immédiatement englouties par la folie massive du set. La boue coule des esgourdes du public qui ouvre grand le bec pour recevoir les sonorités folles des cochonnets. Rah quelle claque!


UFOMAMMUT

Le groupe qui se définit comme power trio et que certains reconnaissent comme inventeur du sludge psychédélique entre en scène selon sa tradition, sous des lumières rouges qui raviront les plus esthètes d’entre nous et qui s’étaient déjà gobergés à la simple vue de leurs amplis verts, quitte à rater la fin du set précédent. Vu que le public restant vient de prendre Pigsx7 dans les chicots, le set ultra lourd du mastodonte du jour ne laissera qu’une place bien nettoyée où le public ravi semble totalement hébété. Il faut dire que c’est a ce moment là que les effets de spatialisation prennent tout leur sens, lorsque l’on frôle le drone avec des notes tenues longtemps et envoyée loin en orbite. Encore une belle volée de petit bois pour ce dernier jour de festoche!


ROTOR

Depuis le temps que j’attendais de voir les as du prog allemand… Me voilà servi, mais le set ne sera-t-il pas fadasse après les deux pavés velus que l’on vient de se prendre ? Et bien que nenni, c’est beau et ça galvanise. Le monde de Rotor est à la foi lourd et aérien. Le public se meut au rythme de la batterie minimaliste et des effets guitaristiques du groupe. On trouve ici des sons venus de la country et des basses continues du post-metal. A cela s’ajoute le jeu syncopé du batteur, c’est un régal de les voir jouer ensemble. Pour ceux qui ont pu graviter autour d’eux, ils ont sans doute ressenti cette impression d’assister à un set en studio. Les quatre musiciens faisant parfois fi du public pour se tourner uniquement les uns vers les autres. Ne nous mentons pas, c’était simplement émouvant, un des meilleurs sets du week-end selon moi.


ELDER

On a pu croiser dans la foule ici et là les gars de Elder depuis le début du festival, normal ils sont à domicile. Autant dire qu’ils étaient chauds pour venir et ce n’était pas dû qu’à leur devoir de prestation scénique. Ils attaquent très fort avec une version de “Compendium” sans compromis. A en voir la salle noire de monde il n y a pas beaucoup de festivaliers qui auraient accepté de manquer ça. Il semble que ce soit sur ce set que la sono se cale le mieux, le son revient en boucle dans la salle. Tout n’est qu’écho et cela sied merveilleusement bien aux mélodies d'”In Procession”. J’admets que la voix de Di Salvo me fait décrocher du groupe, en particulier sur un titre comme “Blind”, mais puisque le set dure 1h30 comme pour tous les headliners, ne soyons pas bégueules et restons jusqu’au bout. Et il aurait été dommage de se priver de “Legend” et “Halcyon” dernier titre qui fait un tabac en clôture de set, il n’aurait pas pu en être autrement.


BARONESS

Ha mes bons amis, qu’y a t-il de mieux que de se quitter sur un sourire ? Car oui il est déjà l’heure d’en finir avec cette édition 2022. Mais avant toute chose, parlons de Baroness qui a la charge de fermer la marche. Le groupe a moult supporters dans la salle qui a fini par se remplir totalement. Les américains n’auront de cesse durant tout le set de le rappeler, la période COVID à été une avanie, le public leur a manqué, il sont ravis d’être parmi nous ce soir. Cela tombe bien car nous aussi, tant de par la réputation du groupe que pour ce qui se déroule devant nous. Baroness fait le dancing, il y a du heavy et des kicks de batteries sorties de discothèques dans leur set, voilà de quoi danser et se mettre en joie. Les fans se font entendre dans la foule et il y a fort à parier qu’il a parmi eux beaucoup d’allemands. Après tout l’Allemagne a donné naissance à Helloween et Blind Gardian ainsi qu’a Scorpions, les hymnes  grandiloquents ça les connait et c’est justement ce que Baroness met dans sa musique, de la grandiloquence en plus du festif et du quasi pop quand il s’agit de “Tourniquet”. A entendre s’égrainer les must, “Take My Bones Away”, “Horse Called Golgotha” et autres “If I Have To Wake Up”  un sourire béat illumine la face des amateurs du groupe et c’est tout à fait cela que l’on souhaitait pour ce Desertfest qui se conclut sur “Isak”.

 


Voilà encore une édition qui se termine, et quelle édition ! Elle s’était faite attendre, mais on repart de Berlin la tête pleine de bons moments et les oreilles bourdonnantes, certes un peu frustrés de se faire pousser dehors comme dans un club lambda, mais toutes les bonnes choses ont une fin, n’est-ce pas ?

Plus qu’un an à attendre avant de retrouver le festival… quoi que attendez, vous faites quoi en octobre ? Il parait que la Belgique voit déjà pousser les cactus…

Rédacteurs : Pauline & Sidney Résurrection

(Photos : Sidney)