Engagés depuis 17 éditions à couvrir le Hellfest et en particulier ce qui se passe sur la scène de la Valley, nous mettons une fois encore nos plumes et nos êtres au service de la légende du festival. C’est sous un soleil prometteur que nous foulons le sol de ce qui fut longtemps le temple de notre musique en terres de France. Cette année pourtant, le doute nous habite : la programmation n’est pas aussi bien répartie qu’elle a pu l’être lors de précédentes éditions. Hormis les deux premiers jours, nous craignons déjà de faire l’impasse sur un certain nombre de groupes trop éloignés de notre genre de prédilection et qui viennent encombrer les planches de cette scène que nous chérissons tant. Mais soyons patients et sachons profiter de l’instant présent, ce jeudi s’annonce joyeux et plein de bonnes surprises.
Komodrag & The Mounodor
Le groupe de rock seventies de Douarnenez, Komodrag & The Mounodor, né de la fusion des formations Komodor et Moundrag, a pour mission d’ouvrir le bal infernal de cette année à Clisson Rock City. Dès les premières notes de “Born in a Valley”, ils démontrent que, bien qu’ayant du sang de Penn Sardin dans leurs veines, ils ne comptent certainement pas se mettre en grève ce jour-là. Leur interprétation de cet hymne particulièrement approprié en est la preuve. Ces lascars se paient même un bain de foule en milieu de set. Le public suit les indications à merveille et reprend en chœur. Komodrag livre une performance impeccable de rock des temps jadis, leur assurant sans aucun doute un avenir brillant. La vallée est pleine à craquer bien avant la fin du set. Le bassiste finit même dans la fosse, et une part non négligeable du public – nombreux – chante en chœur les titres “Green Fields of Armorica” et “Marie France”.
Khemmis
Khemmis propose un mélange de doom mélancolique et de heavy metal épique. Leur performance, bien exécutée mais quelque peu monotone car très – trop – homogène, attire néanmoins une foule immense dans la Valley. La réputation modeste mais solide du groupe de Denver semble reposer sur la puissance de leurs riffs de guitare et le duo de voix. Ces derniers résonnent avec intensité à travers leurs amplis, martelant l’idée que leur place ici est méritée, et le public confirme cela avec une joie manifeste, galvanisé par le personnel sur scène qui donne de sa personne en démultipliant les poses répréhensibles selon la police du rock.
Green Lung
Les Anglais, adeptes de heavy rock occulte, viennent aujourd’hui présenter leur dernier album, à la fois heavy et stoner. Dès les premières notes de “Forest Church”, le succès est total. Green Lung incarne sans doute ce que Ghost serait devenu sans ses outrances. La preuve en est dans la facilité avec laquelle le groupe grave “Mountain Throne” et “One For Sorrow” dans la tête des festivaliers ou les séduit avec “Hunters In The Sky” ou “Can You Hear The Stone”, introduit par un rythme joué sur un tom à l’avant de la scène. Leur set est hypnotique et tribal, et à bien y regarder ce sont ces Londoniens les héros du jour sur le site de la Valley, gagnant plus encore notre cœur et notre respect qui leurs étaient déjà acquis.
Graveyard
Les Suédois viennent entre autres nous démontrer que leur dernier album, 6, est taillé pour la scène – et même si les pistes sont plus calmes, elles emportent effectivement le public malgré tout. Au fil du set, il est évident que les morceaux les plus récents sont sans doute les mieux choisis – même si le groupe va piocher dans les meilleures pièces de sa riche discographie (avec de très bons “Goliath”, “The Siren”, “Hisingen Blues”…). Fer de lance d’un certain renouveau du stoner il y a quelques années, Graveyard déballe sans pourtant nous convaincre à 100% quant à leur placement avantageux sur l’affiche du jour. L’exécution est propre, les compositions ne sont pas mauvaises et le groupe maîtrise son art, mais il manque un petit truc en plus qui nous aurait fait vibrer.
All Them Witches
Sonnez violons, résonnez guitares, voici venue l’apothéose de cette journée avec All Them Witches. Le rock mélodique, classieux et bluesy du groupe puise toute son énergie dans un public entièrement acquis à sa cause. La hype entourant le groupe apparaît néanmoins un peu exagérée pour notre rédaction, mais les hordes de fans enragés ne s’en soucient guère, leurs cous tendus sous les lumières rouges qui illuminent la scène à l’issue de titres aussi attendus que “The Marriage of a Coyote Woman” et “Diamond”. Personne ne veut perdre une miette de ce set digne de l’héritage claptonien qui se déploie en parallèle à celui d’une tête d’affiche du fest. C’est une leçon de maîtrise scénique qui se conclut magistralement avec “When God Comes Back”. Les aficionados sont tout affriolés par la proposition du groupe de Nashville et leurs sourires mettront plusieurs heures à s’estomper une fois ce set de clôture de journée à la Valley achevé.
Le temps d’aller se perdre dans les méandres du site, voire de se taper encore un concert éloigné de notre style, le duo dépêché sur place regagne ses pénates afin de profiter de quelques heures de sommeil avant de radiner ses tronches tôt le lendemain pour une journée pleine de promesses !
[A SUIVRE…]
Texte & Photos : Sidney Résurrection & Chris