SAINT VITUS, ORANGE GOBLIN – 16 octobre 2014 – Bordeaux (Krakatoa)

En rentrant dans cette bonne salle de concert bordelaise qu’est le Krakatoa, on avoue qu’on a un peu peur : à l’ouverture des portes, il n’y a pas foule, et la salle est en configuration « light », avec les rideaux sur les côtés à l’arrière. Il était difficile en effet de se projeter sur la quantité d’amateurs éclairés qui bougeraient leurs fesses pour venir voir un groupe qui a beau être culte, ne vend pas des caisses de disques, et ne tourne pas franchement intensivement…

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Heureusement, le package de cette tournée superbe comprend aussi les anglais de Orange Goblin, qui ramènent probablement pas mal de monde sur leur nom seul. On se retrouve donc rassuré quand les premières notes de « Scorpionica » (ben tiens, direct dans le lard pour commencer) retentissent, en constatant que finalement le remplissage du lieu est loin d’être ridicule. Devant la scène, occupant toute la place devant les crash barrières, une dizaine de gros subs sont alignés au sol tout du long de la scène, histoire de donner le ton : ce soir sera gras et doom ou ne sera pas ! Et nos quatre grand-brittons sont bien en phase avec ce postulat, avec une set list qui frappe très fort. Ce soir, ils mettent le paquet sur leur dernière livraison (un album solide il est vrai), avec pas moins de quatre titres joués – des titres qui passent brillamment l’épreuve du live, soit dit en passant, avec en particulier un « Sabbath Hex » qui ressemble fort à un futur classique, et un furieux « The Devil’s Whip » encore plus Motörhead-ien en live (avant lequel Ben Ward demandera au public qui voudrait se lancer dans un mosh pit un peu trop rude de faire gaffe à relever tous ceux qui tomberaient – pour la petite histoire, mosh pit il y eut, mais pas furieux non plus). Pour le reste, c’est du grand classique, et très vite on comprend que l’on n’est pas dans le cadre d’une première partie traditionnelle, mais bel et bien d’un vrai set d’Orange Goblin ! D’ailleurs ils auront joué une heure environ… Les déflagrations auxquelles ont est habitué s’enchaînent donc, avec les très efficaces « Saruman’s Wish », « Some you win, some you lose », « Quincy The Pigboy », « Acid Trial », etc… Sur scène, ces mecs sont toujours des tueurs, pas de doute : le géant Ward mène le bateau, assumant complètement son rôle de frontman « uniquement chanteur » (ça devient rare), il va au contact du public, l’interpelle, parle entre les morceaux, bouge sur scène, et surtout use sans réserve de son coffre remarquable et de son chant guttural naturellement éraillé, du miel pour nos tympans un peu malades. Les autres ne sont pas en reste, avec un guitariste et un bassiste pas forcément expansifs, mais qui se donnent complètement dans leur set (un bifton à celui qui sera parvenu à voir le visage de Millard derrière sa tignasse blonde en perpétuel mouvement pendant tout le set). On notera quand même que la set list, aussi intéressante soit-elle, reste perfectible, à l’image d’un « The Fog » très efficace sur album, mais dont la structure très élaborée fait un peu baisser l’ambiance sur le sprint final, alors que le public commençait à être bouillant. Mais globalement, après le set, le bar est plein de mecs avec le sourire, un signe qui ne trompe pas.

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Sans cérémonial, les quatre vétérans de Saint Vitus montent sur scène au son du classique « Living Backwards », enchaîné à « I Bleed Black », l’autre extrait de « V » joué ce soir. Les premiers morceaux sont un peu gâchés pour Dave Chandler, victime de problèmes techniques avec sa gratte (problèmes que Wino, autre guitariste de son état, probablement un peu frustré de sa situation de « simple chanteur » ce soir, viendra essayer de résoudre avec lui). Tout rentre dans l’ordre pour les titres suivants, avec des morceaux issus de la plupart des albums du combo… enfin surtout ceux avec Wino ! Seul un titre issu de « Hallow’s Victim » vient contredire ce constat, mais on n’aurait pas craché sur une paire de titres de « Die Healing », par exemple… Ego trip de Wino ? Non, difficile à imaginer en voyant l’humilité du mythique chanteur, presque réservé tout au long du set, continuellement à la limite entre son rôle de frontman assuré et assumé, et une sorte de léger malaise à se retrouver seul sans instrument à diriger un groupe. Difficile à décrire, mais il faut voir le bonhomme se servir des intermèdes entre les morceaux pour saluer, remercier ou féliciter le public, voire même s’engager dans des interventions improvisées, presque timides. Exemple d’intervention qui tombe un peu à plat : « on a été faire la route des vins… faut dire que vous avez les meilleurs vins du monde… et avant même qu’il soit midi nous étions – » et ils se fait couper par l’intro de gratte de Chandler, qui n’en a rien à foutre de son histoire, en gros… Il introduira aussi « The Troll » en faisant un rapprochement maladroit avec Orange Goblin (« Troll, Goblin, c’est un peu pareil« …). Heureusement le moment tant attendu arrive par l’intermédiaire de l’intro sur-heavy et presque Sabbathienne de « The War Starter » : le groupe avait promis de jouer l’intégralité de son album culte « Born Too Late » sur cette tournée, et après une demi-douzaine d’autres titres issus de sa discographie, tout le monde est prêt ! Alors que « The Lost Feeling » prend la suite, on comprend que le quatuor le jouera en sens inverse, probablement pour conclure par le titre phare éponyme. Autant le bedonnant Mark Adams ne bouge pas un cil pendant tout le set, autant Dave Chandler lui est là pour s’éclater : il se lâche complètement, se la joue Hendrix en finissant « Dying Inside » par des soli joués avec la bouche ou avec la gratte au dessus de la tête sur « Born Too Late » (qu’il finira en descendant de la scène, sur les subs posés au sol, pour aller jouer au contact du public). Henry Vasquez a un jeu de batterie toujours aussi visuel, toujours intéressant à regarder, et sa complicité avec Wino est évidente (ce dernier se retourne régulièrement pour aller voir le batteur de plus près pendant les breaks ou soli). Les six titres de l’album culte défilent donc impeccablement, puis, de manière un peu frustrante, le groupe quitte la scène après son titre phare, saluant le public, donnant baguettes de batterie, médiators, etc… Un vrai départ quoi ! (Wino en profitera même pour aller remercier l’ingé son des retours, typique du gars sympa) Heureusement les supplications du public l’emporteront et le groupe revient quand même avec le sourire sur scène pour un titre non prévu, ça fait toujours plaisir ! Alors qu’on reprend nos esprits, on quitte la salle en croisant Wino dans le public, à peine la lumière rallumée, déjà en train de taper la discut’ avec des fans… Typique, encore ! Une excellente soirée.

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