MANTAR (juin 2020)

Le duo allemand est revenu aux affaires ces derniers jours, par le truchement d’un album de reprises de… grunge ?? Grungetown Hooligans II nous a pris par surprise dans tous les sens du terme : déjà parce qu’on n’imaginait pas le groupe revenir avec un disque si vite, et ensuite parce qu’on n’imaginait pas ces gros bourrins avoir une telle affection pour ce genre musical moribond… On avait plein de questions, on a voulu taper la discut’ avec Hanno (guitariste-hurleur du combo), qui avait, lui, plein de réponses… On était faits pour s’entendre ! Sachant que le bonhomme, intègre et authentique, n’a jamais eu la langue dans sa poche, on s’est pas ennuyé…

 

Quand et pourquoi avez-vous décidé de faire un album de reprises ?

Hanno : Après trois albums studio, un disque live et un EP en seulement cinq ans, il était temps de nous faire plaisir. Les dernières années sont passées à 100 à l’heure : on a été occupés à faire des disques et enchaîner les tournées, plus ou moins partout dans le monde, sans lever le nez du guidon… Sans trop qu’on y fasse attention, l’idée absurde d’être un “groupe professionnel” est étonnamment devenue réalité. Un voyage incroyable, jamais on n’aurait pu imaginer cela au moment de Death By Burning en 2014. Néanmoins, après cinq ans où le groupe est devenu étonnamment un «job», on a ressenti le besoin de prendre du recul et de nous interroger sur ce qui nous ferait plaisir comme prochaine étape. Trouver un exutoire fun, un truc sans prise de tête et sans conséquence ni objectif trop ambitieux. L’idée d’un album de reprises est arrivée comme ça. Cependant, il était également clair dès le début que personne n’avait besoin d’une énième reprise sans saveur de Slayer, Sabbath ou Black Flag. En tout cas nous, on n’en avait pas besoin.

 

Vos influences principales ne sont pas à chercher de ce côté-là ?

On nous demande souvent en interview quelles sont nos origines musicales, nos influences, ce qui a façonné notre son… et les journalistes ou même nos fans sont toujours surpris de nos réponses, car on nous classe toujours dans la scène «métal»… Alors que nous ne nous en sommes jamais véritablement revendiqués. Mais c’est très bien que les choses se soient présenté ainsi, car le public metal, les personnes qui continuent à acheter des disques, les magazines et les festivals ont accueilli le groupe à bras ouverts. Cela n’aurait pas pu se présenter mieux. La fidélité des fans est toujours aussi incroyable et le groupe ne serait définitivement pas là où il est aujourd’hui. Bref, on revient à ça : MANTAR est certes lourd (“heavy”), mais «heavy metal»? Probablement pas, en fait…

 

Mais d’où viennent ces racines grunge pour Mantar ?

Erinc et moi nous sommes rencontrés autour de la musique, nous avons socialisé par ce biais, à travers des lieux et contextes complètement différents dans les années 1990. Le “Grunge” était un gros truc au début des années 90 et plus on se penchait sur ce qui se faisait derrière cette étiquette, plus on trouvait de trésors. Erinc était déjà un adolescent à la grande époque de tout ça et plus tard il m’a initié à toute cette musique qui l’a influencé, et donc c’est aussi devenu très important pour moi. Tu comprendras qu’Erinc a 7 ans de plus que moi, alors il a joué un grand rôle pour moi à l’adolescence, en me faisant découvrir de nouvelles musiques. Il m’a beaucoup influencé. Quand j’ai découvert le grunge, il n’y avait RIEN d’autre autour de ça pour moi ! Haha.

 

 

Quels ont été vos critères lorsque vous avez choisi les chansons pour l’album ? Vous en aviez déjà testé certaines que vous jouiez en répétitions ou autres avant ?

Non, on n’avait jamais joué aucune des chansons de l’album auparavant. Nous ne faisons généralement jamais de reprises. Trop compliqué… J’ai déjà du mal à me souvenir de mes propres morceaux ! Hahaha ! Nous avons simplement fait une liste de chansons que nous aimions et on en a essayé quelques-unes. Certaines ont bien fonctionné, d’autres non. Nous nous sommes donc retrouvés avec la sélection que l’on retrouve sur l’album. Et je suis super satisfait de ce mix !

 

En se replongeant dans les originaux des titres que vous avez sélectionné, on est frappé de voir que l’on pouvait considérer comme “grunge” à l’époque des choses musicalement très différentes entre elles…

Mais oui, absolument… C’est juste un mot tu sais. Tout aussi inutile que “Punk”, “Heavy Metal” et autres. Pour moi, “Grunge” définit un certain temps et une certaine approche de la musique “punk”. Quand je pense au “Grunge”, je le fais surtout de façon nostalgique. Cela me rappelle les années 90, être un enfant / adolescent et écouter ce genre de musique pour la première fois. Une grande partie de la musique intitulée “Grunge” est horrible en fait ! Surtout les trucs grand public. Je n’ai jamais compris, par exemple, comment quelqu’un pouvait être fan de Pearl Jam et autres. Pour moi, cela a toujours été un parfait exemple de musique “rock” ennuyeuse…

 

Est-ce la raison pour laquelle on ne retrouve pas sur ce disque les groupes les plus emblématiques du genre à l’époque ? Nirvana, Alice in Chains, Mudhoney, Stone Temple Pilots, Screaming Trees, Tad, etc…

Personnellement je ne considère pas Tad comme appartenant à la même catégorie : pour moi ils sont bien, bien plus underground et sales… Mais globalement, pour les autres, c’est juste que ces groupes n’ont jamais rien signifié pour nous. Ne te méprends pas, nous aimons tous les deux Nirvana, mais faire un album de reprises a toujours quelque chose à voir avec un esprit de découverte, je pense. Donc oui, nous savions que nous ne ferions pas de reprise de Nirvana car notre objectif était plutôt de montrer des groupes plutôt méconnus dans la scène metal, en particulier à nos jeunes fans car ils n’ont peut-être pas eu la chance de découvrir tous ces groupes auparavant. Et cela pourrait également servir d’éducation à vos lecteurs pour en apprendre davantage et avoir envie de découvrir de nouveaux groupes qui pourraient valoir la peine d’être écoutés.

 

 

Du coup allons-y directement : que conseillerais-tu à nos lecteurs d’écouter dans cet esprit, les albums de référence qui donnent envie d’en écouter d’autres ?

Absolument, pour moi, cela a toujours été l’un des objectifs des albums de reprise que de donner envie aux gens d’aller en écouter plus… Du coup je conseillerai à vos lecteurs de commencer par Nirvana avec Bleach. Ensuite essayez Melvins, avec Stoner Witch ou The Great Houdini. Puis Mudhoney avec Superfuzz Bigmuff et L7 avec Hungry For Stink.

 

Puisque tu en parles, j’ai été particulièrement surpris que vous ayez choisi rien moins que deux chansons de L7, et plus généralement autant de chansons de groupes féminins. Est-ce le fruit du hasard ou bien était-ce l’opportunité d’une sorte de “message” ? Parce qu’en y réfléchissant un peu, on ne peut pas vraiment dire qu’il y ait de nos jours beaucoup de groupes emmenés par des femmes avec une attitude comme ces groupes, malheureusement, si ?

Exactement, je suis complètement d’accord ! Nous avons fait deux chansons de L7 juste parce que nous aimons tous les deux ce groupe. Quand Erinc me les a fait découvrir dans les années 90, Hungry For Stink [ndlr : l’album le plus célèbre du groupe, sorti durant les années fastes du grunge] n’a pas quitté mon lecteur de cassettes pendant au moins un an. Quel album incroyable ! Wow… En revanche, nous n’avons pas choisi les reprises pour appuyer tel ou tel message, non. Nous l’avons fait pour présenter la musique que nous aimons et avec laquelle nous avons grandi. Nous n’avons pas particulièrement choisi de groupes féminins dans le simple objectif de présenter des «groupes féminins» ou leur musique. Nous voulions juste montrer quels groupes nous aimons, et il se trouve que beaucoup d’entre eux étaient des groupes féminins. Aussi simple que cela. Ce qui est absolument normal pour moi et devrait l’être aussi pour tout le monde. Nous avons choisi les groupes parce que nous aimions leurs chansons. Même si, bien sûr, nous soutenons totalement les femmes dans la musique, tout cet album repose sur la MUSIQUE en premier lieu.

 

Jusqu’où avez-vous voulu mettre votre “patte” sur ces chansons ? Vous êtes-vous autorisé toutes les adaptations ou avez-vous préféré leur rester fidèle ?

Personnellement, je pense qu’ils sonnent assez différemment des originaux. Prends “100%” par exemple [ndlr : de Sonic Youth] ou “Knot” [ndlr : de 7 Year Bitch] : nous avons laissé de côté des parties entières et fait une chanson de black metal / d-beat typique de Mantar. Nous ne voulions pas simplement “jouer” les chansons d’autres groupes :on voulait en donner notre propre interprétation. Sinon, l’idée d’un disque de reprises n’a aucun sens pour moi… En revanche, c’est très difficile de trouver le juste équilibre entre traiter la chanson originale avec respect et conserver les moments spéciaux de l’original, le tout en le faisant à notre manière.

 

 

L’album est sorti sur votre propre label. Pourquoi cette démarche, alors que vous avez sorti vos disques précédents sur un gros label, Nuclear Blast ?

Je précise que tout va bien avec Nuclear Blast ! Nous avons respecté nos engagements contractuels, et nous avons pensé qu’il était plus logique et naturel de sortir un modeste album de reprises en mode DIY autant que possible. Nous avons une solide expérience punk et DIY, donc nous avons toujours voulu essayer cela. Cela a bien fonctionné.

 

Du coup est-ce que cette expérience vous sert de tests pour d’éventuelles futures sorties ?

Ouais, c’était une sorte de test, bien sûr. Et ça s’est bien passé. Mais il est également tout à fait possible que nous signions à nouveau avec un autre label pour le prochain album. Un label, c’est des tonnes de travail, je ne suis pas sûr qu’on puisse le faire seuls à grande échelle… Nous verrons.

 

Vous vivez sur différents continents Erinc et toi [ndlr : Hanno vit en Floride, Erinc dans le Nord de l’Allemagne]. Comment parvenez-vous à répéter et à jouer ensemble dans cette configuration ?

Eh bien, c’est moi qui écris la musique. Je peux faire ça n’importe où. Lorsque nous voulons enregistrer un nouvel album, on se retrouve soit en Allemagne soit aux États-Unis et on bosse sur mes idées pour les transformer en chansons. Quand nous avons une tournée à venir, selon l’endroit où elle se trouve, on se retrouve quelques jours avant, soit en Europe soit en Floride, pour répéter un peu. On ne fait pas beaucoup de répètes. En revanche nous avons énormément répété durant les premières années du  groupe, et je pense que nous en tirons encore les bénéfices aujourd’hui.

 

 

Le COVID-19 a mis un coup d’arrêt à vos perspectives de tournées à court et moyen terme. Pourquoi n’envisagez-vous pas de proposer comme certains groupes le font des séances en streaming, en substitution des concerts, à défaut ?

Hors de question ! Ce ne serait pas pareil. Tu le sais autant que moi… On ne fait rien à moitié.

 

Plus anecdotiquement, on voulait revenir sur votre dernier concert en France, à Paris : a priori du fait de problèmes de voix tu n’as pas pu assurer le chant et plusieurs chanteurs invités sont venus sur scène pour vous aider. Que s’est-il réellement passé et comment t’es-tu senti ?

Je me sentais merdique, voilà comment je me sentais… J’ai été très malade pendant cette tournée. Et j’étais triste et déprimé de ne pas pouvoir me donner à 100% comme d’habitude. C’était vraiment très frustrant. Mais quand tu tombes malade, tu n’as pas beaucoup d’alternatives malheureusement… Mais je peux t’annoncer que nous serons de retour en France et à Paris à l’automne 2021. Nous sommes en train de planifier les concerts en ce moment même.

 

Pour finir, peux-tu nous donner une idée dans ce contexte un peu particulier de ce que seront les prochains mois pour Mantar ? Ecrire des chansons, préparer les prochains concerts ou simplement boire des bières sur la plage ?

Hahaha ! Franchement pas ! Crois-moi, on est TOUJOURS en train de travailler sur quelque chose. La sortie de cet album a représenté des montagnes de travail, qui reposait seulement sur Erinc et moi. Nous avons dû re-planifier beaucoup de choses car nous avons bien sûr également souffert de gros problèmes financiers avec toutes les tournées annulées, etc… C’est très cher et nous avons perdu beaucoup d’argent que nous avions dû avancer, pour les visas, les vols et toute la merde autour. Mais ça ne fait rien. Nous allons aller de l’avant et surmonter ça tu peux me croire. Et sinon en plus de ce travail, je compose pas mal bien sûr. Je le fais tout le temps. Malheureusement, les concerts devront attendre en revanche, je ne sais pas jusqu’à quand.

 

MANTAR (avril 2016)

Omniprésent sur les scènes que nous affectionnons tant, le duo de germaniaques était de passage au Desertfest de Berlin. Nous avons profité de cette occasion pour échanger avec Hannon et Erinc, deux musiciens aussi talentueux que sympathiques. Les étoiles montantes de la scène allemande se sont livrées quelques semaines après la sortie de leur magistral second album « Ode To The Flame » qui est bien parti pour faire date dans le monde des amateurs de plans doom et bourrins.

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Vous êtes de nouveau en tournée depuis quelques jours et le serez encore un bout de temps. Comment est-ce que les choses se déroulent jusqu’ici ?

En fait, ce sera jusqu’à la fin de l’année. Nous avons commencé par quelques release shows dans des petits clubs en Allemagne pour tester le nouveau matériel et nous allons participer à quelques festivals d’été dont le dernier sera celui de Las Vegas. Nous ferons des festivals en Europe, au Canada et aux Etats-Unis puis nous resterons là-bas pour une tournée US d’un mois. Ensuite nous aurons quelques semaines de libre par ici puis attaquerons une tournée européenne à la mi-novembre qui devrait se terminer du côté de Noël.

 

Une tournée indoor donc.

Oui, nous l’espérons, mais comme nous avons déjà dû composer avec des situations très particulières, nous ne serions même pas étonnés de faire un show outdoor sous la pluie dans un trou perdu en France ou ailleurs. Nous avons déjà eu un show dans une ferme en hiver en France qui a été le concert le plus froid que nous ayons donné. Nous ne nous souvenons plus du nom du village ; il n’y avait que deux maisons. Il faisait tellement froid à cet événement du type DIY que nous n’avons du vendre qu’un seul CD. Les organisateurs étaient super sympas pour être honnête. Ils nous avaient logé dans un hôtel qui devait servir l’été dans un endroit magnifique, mais il devait faire aussi chand dedans que dehors. C’était durant notre toute première tournée européenne avec Inter Arma à la fin de l’année 2014. Pour en revenir à la question de départ : nous serons donc très occupés jusqu’à la fin de l’année.

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C’est votre deuxième concert au Desertfest de Berlin. Quelles sont vos attentes ?

Wow, nous ne savons pas vraiment ; nous jouons vraiment très tard. En fait, nous jouons toujours tard ici. Nous ignorons pourquoi nous nous trouvons toujours à jouer à de pareilles heures en festival. Nous espérons donc que les gens vont rester et qu’ils vont y prendre du plaisir. Car la dernière fois le public a apprécié notre set. Nous souhaitons que ce soit un blast en tous cas nous avons tout préparé pour que ce soit le cas. Il ne reste plus qu’à espérer que les gens ne soient pas trop bourrés ou trop fatigués.

 

Les gens ne sont pas du genre à boire par ici.

Nous espérons que ce n’est pas le cas car ça fait partie du concept des shows de Mantar que d’être ivre (rires).

 

Vous êtes à un festival estampillé stoner avec des stonerheads, quel est votre public habituel ?

Nous pensons – en fait nous n’avons jamais pensé à ça avant – que c’est des gens qui ont une certaine affectation pour la musique lourde. Tu sais, toutes les genres et sous-genres : stoner fan, black metal fan, rock fan, desert-rock fan, doom fan, sludge fan etc. nous nous en foutons pas mal c’est pour les labels. Nous voulons juste jouer aussi dur, lourd et intense que nous le pouvons et voulons que ça plaise aux gens peu importe comment ils se considèrent. Pourvu qu’ils aiment cette musique.

 

Et comment la décrivez-vous cette musique que vous interprétez ?

Et toi ?

 

Mix de doom, de crust et de black.

(après un échange des plus intéressants au sujet de certains titres de « Ode To The Flame » : « Born Reversed » et « Schwanenstein ») En fait nous ne sommes pas très cultivés en musique. On nous compare à des styles ou des groupes dont nous apprenons l’existence lors d’interview comme celle-ci. Par exemple Celtic Frost dont nous ne possédons pas le moindre disque chez nous. Nous sommes désolés. Comparez-nous à qui vous voulez tant que vous aimez ce que nous faisons. Nous aimons jouer rapidement ou plus lentement, mais toujours dur !

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Vous jouez tard ce soir et étiez prévu très tôt au Hellfest…

… oui ils nous ont déplacé l’après-midi. Nous devions jouer très tôt sur une Mainstage et nous jouerons pour finir dans l’après-midi sur la scène de la Valley ce qui sera nettement mieux au final.

 

« Ode To The Flame » a été sorti sur Nuclear Blast. Comment les choses se sont déroulées avec ce major de la scène metal ?

Pouvons-nous répondre à cette question ? Comme nous avions tout réalisé nous-mêmes durant deux ans et tourné partout dans le monde y compris deux fois aux USA et dans une tapée de festivals, tous les grands labels et les petits aussi avaient entendu parler de Mantar. Nous étions dans une position très agréable l’été dernier avec des propositions de nombreux labels petits ou grands. Premièrement nous voulions décider si nous sortions un nouvel album. Deuxièmement si nous désirions aller encore plus dans l’underground ou aller un step au-dessus. Notre décision, vu le nombre de sollicitations reçues par mail par des gens qui ne pouvaient pas acheter notre album car non distribué ou alors en payant des frais de port de malade, a été de rester nous-mêmes avec une meilleure infrastructure. Le deal avec Nuclear Blast était le meilleur car il nous permettait d’être disponibles partout car nous jouons partout. Le point le plus important était aussi que le deal offert par ce label était le plus fair. Bien plus fair que certaines offres de petits labels. C’est incroyable : nous faisons la musique et ils la mettent à disposition dans les magasins. Ils ont pris la bonne décision car le public apprécie – et les médias aussi – ce nouvel album dont ils n’avaient d’abord reçu que le tracklisting. Nous nous chargeons de la musique tous les deux et c’est comme ça que nous fonctionnons le mieux. C’est cool car nous pouvons toucher de nouvelles personnes. Nous nous fichons pas mal de savoir si les gens qui viennent à nos shows ont des t-shirts de Slipknot, s’ils ont 47 ans ou s’ils ont tout vu de la scène doom underground. Nous nous fichons aussi de savoir si les gens écoutent Mantar et Nightwish.

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J’ai trouvé « Ode To The Flame » plus intense et puissant que « Death By Burning ». Qu’est-ce qui vous amené dans cette direction ?

Nous sommes d’accord avec ça. Nous avons appris et nous sommes concentrés sur ce que nous faisions. Quand nous avons enregistré « Death By Burning », nous étions un groupe depuis trois mois et avons tout enregistré. Cette fois-ci, nous avons débuté l’écriture l’été passé et nous sommes allés dans ce pour quoi nous sommes forts. Comme tu l’as dit : plus puissant, et nous avons skippé toute la merde. Nous savions ce que nous aimions faire et avons mis le focus dessus. Nous aimions les parties violentes ! Nous avons fait un petit peu plus sombre, un petit peu plus black metal et un petit peu plus sinistre aussi. Nous avons appris à jouer mieux par la même occasion. Mais nous n’avions pas pensé ainsi au départ : ça s’est fait de manière organique. Nous avons juste essayé d’écrire de nouveaux morceaux en jammant et pas en disant “tiens : faisons un morceau plus black metal, plus ceci ou plus cela”, car nous ne sommes pas assez bon musiciens pour le faire. Nous ne pouvons pas faire ce genre de plans et nous y tenir ensuite. Nous l’avons fait ainsi : de manière très simple.

 

Et comment ça se déroule quand vous n’êtes que deux et que le guitariste et le batteur ne sont pas d’accord. Êtes-vous toujours sur la même longueur d’onde ?

Non (à l’unanimité) ! C’est plus démocratique en fait. C’est très direct si quelqu’un n’aime pas un plan : nous ne le faisons pas. Quand tu es déjà trois, il se peut que deux soient contre un seul. Avec la méthode fifty-fifty, si un de nous n’est pas OK : nous abandonnons. C’est certainement la manière la plus facile de prendre des décisions. C’est aussi plus simple de convaincre une personne que deux avec des arguments. C’est clairement un avantage.

 

Pour en revenir à votre dernière sortie, vous avez choisi « Cross The Cross » comme première vidéo. Comment s’est opéré ce choix ?

Tout le monde aimait bien cette chanson qui est une manière facile de rentrer dans le monde de Mantar. Nous aimons le rock’n’roll, nous aimons Motörhead, nous aimons les morceaux doom et aussi les morceaux rapides. C’est un bon mix qui fait bien le lien entre le premier et le deuxième album. Il est aussi assez court et contient tous les plans que nous pratiquons. Ce n’est pas notre titre favori, mais certains dépassaient les six minutes donc nous avons choisi celui-ci.

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Vous sortez une choses bizarre demain (sortie le 29 avril – limitée à 50 exemplaires, ne cherchez plus elles ont toutes trouvé acquéreur). Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet ?

Nous aimons les cassettes. Nous les avons toujours aimées depuis gamin. Les vinyles ou les CDs ne nous ont jamais tant emballés. Nous connaissions les gens du label hollandais Breathe Plastic. La première cassette de Mantar y avait déjà été fabriquée et une édition spéciale pour le Roadburn. Nous avons eu cette idée de commercialiser une cassette dans une boîte contenant une pédale de distorsion depuis environ deux ans. Ça a été super cher de réunir tout le matériel électronique (la pédale étant à monter soi-même) et maintenant ça sort. Les gens ont l’air tellement excités par cet objet que nous aurions peut-être dû en fabriquer une centaine, mais les 50 seront pour des collectionneurs.

 

Et combien va se vendre cette petite merveille ?

50 Euros !

 

Seulement ?

Ouais seulement ! Tu dis que nous aurions dû la vendre 180 ? En fait le prix de revient avec tout le matériel est à 40 Euros donc nous ne nous faisons pas de fric avec, mais ce n’est pas l’objectif. L’objectif était de sortir la plus cool des cassettes jamais sorties : c’est la plus cool et la plus géniale ! C’est impressionnant ; au final nous voulions que les gens la possèdent et la production de la chose devait toucher des gens qui diront dans 10 ans qu’ils détiennent la cassette la plus cool de la musique underground ; nous serons fiers de ça !

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