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Publié par Chris Nous avons profité de la dernière édition du Up In Smoke immobile dans le nord de la Suisse pour faire le point avec la formation du nord de l’Allemagne qui ne cesse de monter et de fédérer autour d’elle de nouveaux sympathisants. Stoner, metal, doom ou les 3 à la fois, High Fighter est une formation aussi efficace sur scène que sympathique à la ville. Ce fût donc une vraie partie de plaisir que d’échanger avec les cinq Hambourgeois omniprésents sur les scènes des festoches que nous chérissons.
Salut les High Fighter, comment vous sentez-vous aujourd’hui après dix heures de route ?
Nous avons conduit dix heures hier car nous sommes tellement intelligents que nous avons quitté Hambourg dans l’après-midi et sommes arrivés dans la nuit d’hier pour boire quelques bières et être prêts pour le show de ce jour. Ça a été vraiment bien. C’était notre seconde fois en Suisse. La dernière fois c’était lors de la tournée avec Ahab et Mammoth Storm ce qui était déjà impressionnant pour nous, mais aujourd’hui d’ouvrir pour le Up In Smoke c’était vraiment beaucoup de plaisir avec aussi de l’amusement.
Comment expliquez-vous le fait que vous ouvriez le Up In Smoke cette année et la dernière édition du Desertfest de Berlin ?
Nous pensons que nous sommes un jeune groupe certes, mais que nous mélangeons tellement de styles que c’est intéressant pour les organisateurs de nous aligner en premier que ce soit pour la scène desert ou stoner, mais aussi pour la scène metal. C’est plus facile de nous mettre en premier comme nous sommes un groupe underground qui mixe les styles. Nous pouvons très facilement nous insérer sur l’affiche du Desertfest ou du Up In Smoke tout comme sur celle d’un festival metal ; nous sommes flexibles.
C’est ce qui explique le fait que nous vous retrouvions sur ces affiches après la sortie d’un EP et d’un LP seulement ?
Oui et c’est fantastique pour nous !
Et le mélange des genres ?
Oui nous jouons avec des formations stoner, avec des formations doom aussi, et apprécions ceci ainsi que le support de Matte (note de vos envoyés spéciaux : organisateur du Up In Smoke) et toute l’équipe de Sound Of Liberation qui nous donne cette confiance après la sortie de ces deux pièces seulement. Même si cela nous semble un peu irréel d’en avoir fait tant en si peu de temps.
Comment sélectionnez-vous les tournées auxquelles vous participez ?
Nous ne choisissons pas : ils nous choisissent (rires de toute la joyeuse équipe).
Vous acceptez donc toutes les opportunités ?
Jusqu’ici nous avons toujours eu la chance de recevoir des propositions de groupes que nous apprécions en tant que personnes ou en tant que fans. Cela nous a permis de tisser des liens amicaux et c’est un réel plaisir.
Il n’y a donc pas de stratégie ?
Nous n’avons aucune stratégie (grosse rigolade de toute la fine équipe encore une fois). T’as qu’à nous regarder !
Comme vous me l’avez dit, vous êtes doom ou stoner ou d’autres choses encore. Comment décrivez-vous votre style musical ?
High Fighter c’est beaucoup plus que tous ces genres parce que nous ne voulons pas être enfermés dans un truc du genre : nous sommes un groupe de stoner donc nous ne jouons que des riffs de type stoner et ne laissons rien d’autre se glisser dans notre musique. Nous nous contentons de jouer ce que nous aimons que ce soit du metal, du blues, du desert rock, du sludge ou du doom. Nous mélangeons tout ceci et il est très important pour nous d’être très ouverts d’esprit. Nous ne voulons pas être une copie et répéter des riffs que nous avons tous déjà entendus ces dernières années.
Est-ce que cet état d’esprit provient aussi du fait que vous ayez tous déjà joué dans d’autres groupes ?
Nous avons déjà tous joué dans d’autres groupes avant comme Pyogenesis, We Hunt Buffalo, etc. Nous avions joué dans différents styles musicaux. Après notre rencontre, nous avons donc décidé de faire quelque chose de nouveau.
« Scars & Crosses » est sorti sur Svart Records. Comment est-ce que ce deal est arrivé après une demo seulement ?
Nous n’avions que notre demo « The Goat Ritual » puis nous avons énormément tourné puis enregistré les bases de ce nouvel album en janvier 2016. Nous avons mis en boîte une demo dans notre local de répétition pour démarcher différents labels. Svart faisait partie de ceux-ci et a été le premier label à nous répondre. Il y en a eu d’autres par la suite qui étaient intéressés, mais Svart nous ont dit qu’ils étaient vraiment intéressés par notre album et il faut dire que nous apprécions beaucoup ce que fait ce label. Ils nous ont dit que c’était vraiment bon et que nous pourrions faire quelque chose ensemble. Nous étions vraiment contents car nous espérions vraiment faire quelque chose avec eux et croisions les doigts quand nous avions envoyé la demo a ce label. Ils nous supportent vraiment bien et nous nous sentons très à l’aise avec eux. Tout est vraiment simple avec eux ; pas de complication du tout. En plus, ils ont sorti 3 versions réellement sympa sur vinyle. C’est un label qui supporte vraiment ses artistes. Par exemple, c’est eux qui nous ont demandé de mettre l’album sur notre Bandcamp ce que les labels ne font pas habituellement. Nous pouvons donc prendre de l’amplitude ensemble avec eux.
Vous avez sorti « Blinders » comme premier extrait de cette production. Comment s’est effectué ce choix d’un des titres les plus agressifs de l’album ?
C’est un titre dur qui ne représente peut-être pas la musique, mais les paroles de l’album entier : sois toi-même, ne planque pas tes démons, ne sois pas un aveugle, ne t’aveugle pas toi-même… nous avons tous des vies qui nous ont laissé des cicatrices, pas forcément physiques, mais sur nos âmes. Nous devons demeurer qui nous sommes et ne devons pas changer pour plaire à quelqu’un en particulier ou à la société dans son ensemble. Ne changeons pas !
« Darkest Days » est un titre étrange qui me rappelle à la fois Obituary à cause du titre et aussi Mustasch en raison de certaines similitudes avec le titre « I Hunt Alone ». Comment s’est passé le processus d’écriture de ce morceau ?
Le rythme provient d’un projet de l’époque de Buffalo Hunt et nous avons apporté des influences de plein d’autres choses avec. Notamment des éléments plus récents dont forcément les paroles ; c’est clairement un titre spécial pour nous avec ce que nous apportions chacun de notre côté. Nous ne connaissons pas bien Obituary et n’étions pas vraiment conscients de la chose. Il y a pas mal de titres avec des noms similaires, mais nous nous en tapons si ça a déjà existé en termes de nom de morceau.
Vous êtes liés à la scène doom, « Gods » sur votre dernier opus est le seul titre vraiment doom à y figurer avec de la longueur. Comment expliquez-vous ceci ?
« A Silver Heart », le premier titre, est aussi un long morceau, nous savons où tu veux en venir… Nous avons envoyé le son à notre pote Daniel de Mammoth Storm qui est vraiment à fond dans le doom car nous étions curieux d’avoir son retour en tant que pote et partenaire de tournée. Il a nous a dit qu’il aimait vraiment beaucoup les nouveaux titres, mais qu’ils étaient trop courts. Nous ne sommes pas un groupe doom et n’essayons pas de l’être. S’il y a quelques titres bien doom sur l’album c’est pas mal, mais comme on s’en fout pas mal d’être doom ou stoner ou metal, nous nous en foutons aussi de la durée des titres. Celle-ci nous importe bien moins que les vibrations qu’ils font sentir et comment nous nous sentons avec. S’ils ne durent que 4 minutes comme « Darkest Days » : c’est égal, si c’est bon, c’est bon et il n’y a pas de règle à ce sujet.
Mona, votre chanteuse, prend beaucoup de place sur scène, comment les autres membres du groupe abordent-ils leur placement scénique lors de vos lives ?
Nous en avions causé après une performance et avec l’occupation sur les côtés et au centre nous nous sentons vraiment bien. Nous partageons la place centrale à plusieurs et selon les titres nous nous baladons tous vers la batterie et n’avons jamais répété en nous posant des questions au sujets de notre gestuelle sur scène. La routine nous aide même si tous les shows sont différents et si nous nous percutons encore beaucoup en bougeant sur scène.
Cette année 2016 a été une année très active pour le groupe. Que nous préparez-vous pour l’an prochain ?
Nous sommes déjà sûr de nouveaux titres et désirons bien sûr jouer un maximum même si cela nous écarte du processus d’écriture. Nous voulons prendre du temps après les shows avec Crowbar et la tournée avec Elder. Cet hiver nous mettrons le focus sur l’écriture même si nous allons tenter de jouer quand-même.
La tournée en tête d’affiche c’est pour quand ?
Nous ne pensons pas pouvoir mobiliser assez de fans car nous sommes finalement un groupe encore peu connu ; de plus nous aimons vraiment ouvrir pour d’autres groupes ce qui nous permet d’être régulièrement sur la route. Nous avons plusieurs plans dans les tuyaux pour l’année prochaine (note de nous-mêmes : dont la tournée avec Conan, Downfall Of Gaia et Hark en mars) notamment en tout début d’année et il y aura bien entendu quelques festivals aussi. Ceci dit, le fait d’ouvrir nous permet ensuite de faire la fête et de boire (nous nous esclaffons de rire) !
Publié par nAn Devenus quasi omniprésents sur les scènes françaises et francophones ces derniers mois, on n’a pas voulu manquer l’occasion de nous entretenir avec le « duo dans le trio » (vous comprendrez mieux à la lecture de l’interview) à la tête de Truckfighters. Les suédois, comme on l’imaginait, se sont trouvés aussi sympathiques qu’affables, et nous ont accordé une discussion intéressante avant de dépoter encore une fois sur scène le même soir.
Vous êtes en pleine tournée européenne pour défendre votre nouvel opus, avec près d’une trentaine de dates (Italie, Allemagne, Espagne, France,….). Comment se passe cette tournée ?
Ozo : Bien, ça fait vraiment plaisir de faire autant de concerts et de passer par la France ; on a déjà fait trois dates et ça se passe super bien.
Dango : Hier soir [ndlr : à Paris], on a fait sold out et c’était énorme comme ambiance.
Surtout que vous n’avez finalement presque pas fait de pause, entre la sortie de Universe en 2014, votre Live in London cette année puis le nouvel opus il y a quelques mois et vos innombrables tournées en Europe ou encore aux USA. La fatigue se-fait-elle sentir ou vous êtes toujours dans une forme olympique ?
Dango : C’est sûr que parfois la fatigue se fait sentir mais dès qu’on part jouer nos morceaux, ça se passe bien.
Ozo : On se fixe une limite, pas plus de 3 à 4 semaines d’affilée. Car après, il n’y aurait plus de plaisir à jouer, ça en deviendrait ennuyeux. Et on veut que les fans ressentent notre plaisir de jouer chaque soir.
En parlant de dates, avant, votre public français connaissait une certaine frustration puisque vous ne passiez quasiment jamais par la France. Or depuis l’année dernière, on a pu vous voir pour un passage rapide en France (Saint-Cloud à côté de Paris février 2016), puis cette année à Lyon, puis Toulouse et maintenant Paris et Nancy, Nantes. Comment se fait-il que vous tourniez si peu en France auparavant ?
Dango : Bonne question, on s’est rendu compte que le Stoner et le Hard-rock se sont bien développés ces dernières années en France. Et du coup, il était essentiel et naturel qu’on vienne jouer ici. Prenons le Hellfest par exemple : c’est devenu très important de venir représenter son groupe à ce festival qui est incontournable dans le milieu du Métal et du Stoner. C’est donc un honneur de jouer en France.
Ozo : Vous devriez être fiers !
Avec qui tournez-vous et est-ce que vous avez des coups de cœurs pour certains groupes avec qui vous avez joué ?
Dango : (en montrant du doigt le guitariste de Deville en train de dormir à côté de nous dans le tour bus). Particulièrement ce truc à côté de nous (rires), ce groupe qu’est Deville.
Ozo : On aime jouer avec eux car ils apportent quelque chose de nouveau et différent par rapport aux autres groupes de Stoner.
Dango : C’est cool aussi de partager ces concerts avec Dot Legacy. En gros, on forme trois groupes qui proposent trois styles bien différents et c’est agréable de diversifier le show.
La dernière fois que je vous ai vus, c’était justement à la date de Saint-Cloud, (6 février 2016) et autant dire que le public avait été ravi de votre show et notamment de votre son. On sent bien que vous maîtrisiez totalement le rapport son live et studio. Comment réussissez-vous à rester fidèle à votre son ?
Ozo : je ne sais pas, on essaie de faire le même travail que ce soit en concert comme en studio. On teste des choses puis si ça marche, on garde.
Dango : On travaille le son depuis si longtemps que ça en est devenu quelque chose de naturel. On tourne les boutons et on voit ce que ça donne.
D’ailleurs bravo pour votre album Live in London. Quelle a été la motivation de sortir ce genre de format ? Et pourquoi Londres plutôt qu’une autre ville ?
Ozo : Ca faisait longtemps qu’on voulait faire un album live, après il fallait trouver le temps et le bon moment pour le faire
Dango : On se disait toujours qu’il fallait enregistrer un de nos concerts puis ça n’arrivait pas
Ozo : A force de dire : « il faut le faire », on l’a fait à ce concert et le résultat était vraiment bon
Dango : On a réécouté le live, les morceaux étaient bons, bien joués et on s’est dit qu’on pouvait enfin en faire quelque chose. Il y avait une bonne ambiance musicale (basse et guitare) et vocale donc il était temps d’en faire un album live. Et le batteur jouait bien (rires et petite allusion du groupe qui semble être frustré de ne pas garder ses batteurs).
Ozo : (à propos du problème de batteur), oublions cela
Avec la sortie de V et donc l’arrivée de nouveaux morceaux en live, comment arrivez-vous à configurer vos set-lists ? Quels nouveaux morceaux jouer en live et quels anciens titres vous ne jouez plus ?
Ozo : c’est vraiment difficile…
Dango : le problème, c’est qu’on change tout le temps de batteur et qu’il faut jouer en fonction de ce qu’il connaît. Puis en même temps, on a envie de jouer un peu tous nos morceaux, donc généralement, on se dit le jour même : jouons ce titre et pas celui-là. En gros, ça se fait au feeling. Ainsi on ne joue jamais le même show.
D’ailleurs parlons un peu de votre nouvel opus. Comment avez-vous composé cet album et qu’est-ce qui vous a inspiré ?
Dango : C’est vrai qu’au début de notre carrière, on s’inspirait beaucoup de groupes comme Kyuss par exemple. Puis au fur et à mesure, on a commencé à s’inspirer des choses qui nous entourent. On essaie de faire passer un message sur le fait qu’il faut profiter de la vie et de ceux qui vous entourent
Ozo : Pour cet album, on s’est beaucoup inspiré de la société qui nous entoure, de nos familles, de la vie en général.
Il est sorti à la fin de l’été et autant dire qu’il semble incarner une certaine maturité. Car quand on commence à prendre cet album en main, on ressent deux aspects : on dirait que vous avez réussi à compiler toutes vos expériences studios en un seul album mais en même temps, il dégage aussi quelque chose de nouveau, êtes-vous d’accord avec cela ? Et comment l’expliquez-vous ?
Dango : tu as vu juste, bien joué. C’est carrément ce qu’il s’est passé. Cet album s’est construit à travers ces deux procédés. On a voulu apporter quelque chose de neuf tout en gardant nos bases.
Ozo : Pendant le procédé de composition, on a essayé beaucoup de choses on a pris le meilleur tout en essayant de conserver une certaine cohésion.
Dango : Surtout qu’on n’a pas tout composé au même endroit, donc du coup, chaque musique a pris un caractère nouveau mais il est vrai qu’on a essayé de les lier.
J’ai même envie de dire qu’on ressent encore plus votre désir d’explorer d’autres univers musicaux comme le jazz et la prog – je pense notamment à des titres comme « Calm before the storm » et « Storyline ». C’était voulu ?
Ozo : On ne s’en rend pas trop compte. On écoute beaucoup de choses et pendant la phase de composition, on n’est pas là à se dire qu’il faut que tel ou tel morceau soit inspiré d’un style particulier. On joue la musique comme on le ressent : au feeling.
Ozo, d’un autre côté, il semble que vocalement, tu prends beaucoup plus d’assurance et pousses bien plus ta voix, ce qui était déjà un peu visible avec Universe. La voix a donc pris une place bien plus précise au sein du groupe ? Comment le ressens-tu sur scène ?
Ozo : Oui, c’est comme si je prenais vraiment plus au sérieux ma place de chanteur depuis quelques années. Et j’ai l’impression que c’est beaucoup mieux comme ça et je m’amuse beaucoup plus aussi. Je pense aussi que c’est une façon de faire encore mieux et de se donner encore plus en concert. J’attache plus d’importance à la musique et je veux créer quelque chose de nouveau avec ma voix, quelque chose de différent, car je suis quelqu’un de curieux.
Quels sont les projets du groupe après cette tournée européenne ?
Dango : On part aux Etats-Unis après…
Ozo : Et on aura encore un nouveau batteur (rires). On va prendre un Américain pour nous accompagner.
Dango : le batteur qui nous accompagne est cool mais il est vrai qu’il est plus habitué à jouer avec des groupes de métal et donc il a un autre délire.
Comment se passe le développement de Fuzzorama Records ? Je pense notamment à l’arrivée de Deville dans vos rangs et bien d’autres groupes.
Ozo : Ça se passe vraiment bien, on n’arrête pas de découvrir de nouveaux groupes et c’est vraiment encourageant.
Pour finir, si on fait un point sur votre carrière, on peut dire que vous êtes devenus un groupe incontournable de la scène Stoner. Comment vous situez vous justement en tant que groupe phare – modèle aujourd’hui ?
Dango : Devenir des légendes (rires). J’en sais rien, on n’est pas trop focalisé sur tout ça. C’est toujours bizarre de rencontrer des gens complétement hystériques qui viennent nous dire : « comment c’était génial, je suis tellement fan de vous ». L’autre fois, on est partis jouer en Australie et un mec me dit que ça faisait dix ans qu’il nous attendait. Ça fait plaisir mais on a du mal à gérer le fanatisme extrême. Tu sais, c’est un peu comme l’effet que procurait Kurt Cobain aux gens. Tu vois, on ne se prend pas trop la tête avec tout ça, on veut juste jouer, rencontrer des gens et s’amuser.
Ozo : Je pense que plus tu joues, plus il y a cet engouement grandissant. Mais, nous on cherche seulement à avoir une vie normale de musiciens. Ce soir on joue là puis on papote avec les gens à la fin. Après on ne va pas te mentir : ça fait très plaisir d’avoir de plus en plus de fans.
A votre avis, Quelles sont les étapes qu’il reste à accomplir avec Truckfighters ?
Ozo : Continuer à découvrir d’autres endroits mais continuer à jouer dans des salles à taille humaine.
Dango : Notre rythme actuel nous convient parfaitement, on prend le tour bus et on va faire nos show dans des clubs un peu partout.
Publié par Laurent On rencontre rarement des musiciens aussi intègres et passionnés que les mecs de Fatso Jetson, en particulier leur paternaliste leader Mario Lalli. Alors qu’ils viennent de sortir un très réussi nouvel album, “Idle Hands”, on a sauté sur l’occasion de s’entretenir avec le groupe californien, fondateur du véritable “desert rock”. Conversation avec Mario, son fils Dino, et Tony Tornay, inébranlable batteur de la formation.
Avant tout – je ne m’étais jamais posé la question auparavant – pouvez-vous nous dire d’où vient le nom « Fatso Jetson » ?
Tony : C’est le personnage que joue Ernest Borgnine dans le film « From Here To Eternity » [ndlr : « Tant qu’il y aura des hommes », de Fred Zinnemann, 1953 – en réalité, le surnom du personnage est Fatso, mais son nom est Judson].
Et pourquoi avoir choisi ce nom pour le groupe ?
Et bien on avait un concert prévu, or personne n’avait d’idée de nom pour notre groupe. Je me souviens parfaitement du jour où Mario a débarqué et a simplement demandé « Que pensez-vous de Fatso Jetson ? », et on a simplement dit « OK », car personne n’avait de meilleure idée… Et on a continué avec.
J’aimerais parler un peu de votre nouvel album, Idle Hands. Avant tout, pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour le sortir ? Six ans s’étant écoulés depuis le précédent…
Mario : Je ne sais pas vraiment, je pense simplement que c’est globalement dû à notre mode de vie, et surtout le contexte dans lequel nous avons vécu ces dernières années, dans notre vie privée. Nous n’étions pas dans un environnement et un état d’esprit très propices à la création. Nous avons chacun eu à gérer beaucoup de choses : le boulot, la création d’un commerce, s’occuper de nos familles… Globalement ce fut une période difficile pour nous tous : mon fils a terminé le lycée, Tony et son épouse ont créé une nouvelle affaire à Los Angeles, moi-même j’ai dû tenter de sauver mon restaurant dont la situation s’aggravait… Nous n’avons néanmoins jamais arrêté de jouer de la musique durant tout ce temps et ne sommes jamais restés inactifs : nous avons composé, produit de la musique (splits, EP…), collaboré avec des musiciens sur différents projets, fait des tournées… Mais durant cette période on ne s’est jamais véritablement posés ensemble pour composer assez de chansons pour faire un album, on n’a jamais eu une période de temps suffisante pour cela.
Tony : Parfois la vie personnelle vient prendre le pas sur les choses que tu aimerais faire, et t’empêchent de mener toutes tes activités comme tu l’entends.
Quel a été le déclencheur qui vous a finalement décidé à vous mettre à composer ce disque ?
Mario : L’année dernière, nous nous étions fixé comme objectif d’y parvenir en 2016. Nos vies avaient certes changé dans l’intervalle, mais nous nous étions quelque peu stabilisés dans le courant de l’année dernière, et d’une certaine manière « alignés » entre nous. Nous étions aussi les uns et les autres plus impliqués dans notre environnement musical, dans tous nos projets, ensemble ou pas… Et nous sommes arrivés à un point où nous avons pu dégager du temps pour faire un nouvel album. Par ailleurs, le timing était parfait, étant donné que la présente tournée avait pris forme depuis. Mon fils avait écrit plein de musique, moi aussi, ainsi que Tony et mon cousin [ndlr : Larry Lalli], et nous avions progressivement ajouté quelques nouveaux titres à nos sets live… Tous ces facteurs font que le timing semblait juste logique et naturel pour s’atteler à un nouvel album.
Une question volontairement un peu polémique : je me demandais pourquoi finalement vous preniez toujours la peine d’enregistrer des nouveaux albums ? La vente d’albums n’est plus très lucrative pour un groupe, qui gagne la plupart de ses revenus désormais des concerts et des retombées associées… Dans ce contexte, créer de nouveaux albums vous apparaît quand même opportun ?
Tony : Je comprends tout à fait, c’est une réflexion intéressante… Je pense que notre état d’esprit, et surtout la façon dont nous nous sommes construits musicalement depuis toutes ces années, font que nous voulons donner un « corps » à notre musique, sortir quelque chose de neuf, que l’on trouve excitant de créer, et qu’avec un peu de chance les gens ont envie d’entendre. Je comprends que certains groupes n’y trouvent pas le même intérêt, et ne sortent que des singles ou autres… Mais, à titre personnel en tout cas, j’aime trop l’idée d’incarner et de proposer un ensemble complet que l’on a créé. J’aime travailler comme ça, je n’aimerais pas sortir uniquement des petits trucs ici ou là. Je trouve que c’est important pour un groupe, pour documenter sa carrière en quelque sorte : « voici une image de ce groupe dans cette période de temps ».
Alors comment vous y êtes-vous pris pour composer cet album ? Est-ce que vous avez uniquement utilisé des morceaux composés préalablement, comme ceux dont vous parliez tout à l’heure ? Les chansons de l’album sont très différentes les unes des autres, est-ce un indice sur le mode d’écriture ?
Mario : Complètement. En fait nous avons aussi composé certaines chansons directement en studio pendant l’enregistrement. Je pense qu’à l’écoute tu peux quasiment ressentir que certaines ont été écrites en studio : les arrangements sont plus simples – pas forcément au niveau des licks de guitare d’ailleurs. Mon fils Dino compose depuis quasiment un an maintenant certains licks de guitare, on ne peut pas dire qu’ils aient été bâclés, tu vois. En revanche la façon dont les compos ont été créées en studio est comparable à une sorte d’explosion naturelle un peu brutale. C’est quasiment comme si on les avait violemment « régurgitées » en une seule fois, tu vois… Tout est sorti d’un coup, et on a modelé tout ça ensuite. Parfois c’est super, les choses sortent ainsi spontanément, c’est une énergie créatrice prodigieuse. Mais d’autres fois il faut s’y atteler de manière plus besogneuse : travailler, travailler, remodeler, re-travailler encore, jusqu’à ce que ça devienne quelque chose. En conséquence, ce disque est le résultat d’un mélange entre beaucoup de travail d’une part, et d’autre part « BANG », une sorte d’énergie spontanée.
Prends par exemple la chanson « Portuguese Dream » : elle est basée sur un lick de guitare composé par mon fils Dino. Il jouait sans arrêt dans sa chambre et un jour en rentrant à la maison après le boulot j’ai entendu cet air [il chante « di didi din, didi didi diiiin »] et je lui ai dit « cool mec, il faudra qu’on réutilise ce plan un jour ». Puis le temps a passé et quand nous nous sommes retrouvés en studio, et nous avons enregistré ces deux mouvements, juste ces deux passages. Je suis alors allé voir mon pote Sean [ndlr : Sean Wheeler, figure emblématique au sein des musiciens du haut désert californien], il s’est installé dans son salon, a mis son casque sur les oreilles, et à la première écoute il a gribouillé quelques trucs sur un bout de papier : il a écrit autour d’un vrai rêve qu’il avait fait – un truc vraiment trippant qui lui rappelait quelque chose de très intime, d’ailleurs, lié à la naissance de son fils et une expérience un peu « fantomatique ». Bref, il a donc mis ses écouteurs, branché le micro et a chanté « Bwaaaarglll ». PREMIERE PRISE ! « Portuguese Dream », franchement, « PIM PAM POUM », c’était génial, que du fun, c’était facile et spontané du début à la fin. Et pour que tu réalises bien la différence entre ces deux facettes de l’album : sur une autre chanson sur laquelle Sean a chanté [ndlr : “48 Hours”], on a dû travailler plus de quatre heures, et on n’y arrivait toujours pas. C’était frustrant pour tout le monde… Sur certaines chansons, c’est vraiment du travail… Du travail… Écrire, écrire, écrire… « Non, c’est mauvais, je dois continuer ». Écrire, écrire… « Non, c’est encore de la merde ». Écrire, écrire, écrire encore… Jusqu’à 5h du matin parfois. Idle Hands est vraiment comme tu le disais un mélange de tout ça.
Il y a une sorte de paradoxe quelque part : j’ai lu une interview où tu disais qu’avec l’âge, tu devenais plus exigeant, et qu’il te fallait plus de temps pour évaluer une composition, valider qu’elle était suffisamment bonne pour figurer sur un album, tandis que plus jeune c’était une intuition plus rapide. Comment dans ce cas parviens-tu à composer certains titres dans une telle urgence et savoir que sa qualité lui permet de figurer sur ton nouveau disque ?
Mmmh, je ne sais pas trop… Bien vu… Je vais répondre indirectement. Ça me rappelle une question que l’on m’a posée, à savoir si j’étais nerveux de savoir si les gens allaient l’aimer ou pas, à l’approche de la sortie de l’album. La réponse est non. J’ai envie que les gens l’aiment. Mais si je sors une chanson, tu peux être sûr que j’en suis déjà fier. J’estime qu’elle est bonne, elle représente un travail que nous avons accompli. Ce que les gens en pensent m’importe peu. Mais est-ce que ça signifie que je sais à l’avance si une chanson est bonne, dans l’absolu ? Je dirais qu’a priori non. Et tu sais pourquoi ? D’une certaine manière nous sommes très indulgents avec nous-mêmes, on a toujours fonctionné ainsi : on fait ce que NOUS aimons avant tout. On n’est pas du genre à travailler avec des producteurs qui nous expliquent comment composer des chansons stéréotypées de trois minutes, avec un joli refrain et un bon pont bien puissant sur la fin… Nous on bidouille à notre manière, et si le résultat nous plaît, on a atteint notre objectif.
Une question plutôt destinée à vous deux, Mario et Dino : le phénomène est tellement rare que l’on ne peut pas s’empêcher de se demander ce que ça fait, pour un père et son fils, de jouer ensemble…
Dino : Évidemment je suis conscient que je joue dans le même groupe que mon père, mais parfois je m’y habitue presque et je me surprends à oublier cet état de fait, oublier à quel point c’est étonnant, spécial et si cool. Je lui suis très reconnaissant de m’avoir impliqué dans son groupe, même si j’ai encore parfois du mal à réaliser que je fais partie du groupe. Mais on en est arrivés lui et moi à un point où, pour chacun de nos projets respectifs, on implique l’autre quasi systématiquement, c’est devenu quelque chose de très naturel. Au quotidien je n’ai pas l’impression que ça soit quelque chose de spécial, car c’est dans notre mode de vie, je m’y suis tellement habitué. Mais c’est génial. Dans tous les cas, il y a vraiment une alchimie particulière qui s’est construite, qui va au-delà du simple jeu de guitare : on est vraiment tout le temps en phase, musicalement, sur le moindre jam, sur notre jeu de guitare, on n’a pas besoin de se parler… On n’a pas toujours les mêmes idées en revanche [rires]. Dans tous les cas, c’est quelque chose de très utile en tant que groupe, cette entente inégalable que l’on a, ce n’est pas comme quand tu as deux musiciens qui ont des modes d’expression différents, qui ne parviennent pas à s’entendre. Par ailleurs, je pense qu’une large part du nouvel album tourne autour de notre famille [Mario acquiesce avec le sourire]… une famille à la fois cool et bizarre [rires]. Or je ne pense pas que ça ait été le cas si je m’étais moins impliqué dans le groupe. Mais voilà, pour résumer c’est vraiment cool, et c’est encore plus cool d’être en tournée avec mes deux parents [ndlr : la femme de Mario les accompagne sur ce segment de la tournée], c’est comme des vacances en famille… et Tony a toujours été considéré comme un membre de la famille aussi [rires].
Une question plus terre-à-terre : pourquoi y a-t-il plus de chansons sur la version CD de l’album, par rapport au vinyl ?
Tony : Le temps ! Sur une face de vinyl tu peux mettre, je ne sais plus, genre 18 minutes…
Mario : En fait, plus tu veux mettre de musique sur un vinyl, moins la qualité sonore est bonne. C’est physique : plus tu bourres de musique, plus les sillons deviennent fins, et on ne peut pas y graver autant d’information, la finesse de la gravure ne le permet pas. On a vraiment touché les limites du format : on a essayé de remplir chaque face au maximum, sans pour autant nuire ni à la profondeur des basses, ni à la délicatesse et la précision des aigus issus du travail de cymbales de Tony [rires]. On a dû prendre des décisions difficiles, car on voulait vraiment y mettre les onze chansons, mais ça n’était pas possible. Il fallait aussi penser à l’enchaînement des chansons : on ne pouvait pas par exemple mettre toutes les chansons les plus bizarres ensemble, ni les plus violentes ensemble… C’était très difficile. Shneebie [ndlr : leur pote producteur et multi-instrumentiste Mathias Shneeberger] a assemblé ça comme un casse-tête chinois, c’est comme ça qu’on appelait cet exercice. C’est comme… [ndlr : il s’adresse aux autres : « comment ça s’appelle ce jeu vidéo avec les cubes, que tu dois empiler… » – « Tetris »] Voilà : Tetris ! C’était exactement ça ! Un enfer…
Vous habitez tous désormais à Los Angeles, une ville bien connue pour sa densité de musiciens, producteurs, studios d’enregistrement… et pourtant vous avez encore été enregistrer cet album dans le désert, au Rancho de la Luna… Pourquoi ? Il y a plein de super studios à L.A….
Mario [dédaigneux] : Naan, pfff…
Tony : Il y a plein de raisons qui expliquent notre choix. Rancho de la Luna est seul dans sa catégorie, pour être honnête. De plus, Mario et moi avons grandi dans le désert, c’est notre maison. Le Rancho de la Luna est un endroit génial, les propriétaires sont des potes. Je peux te dire que j’ai vu certains des plus beaux studios de L.A., et il n’y a aucune chance qu’un jour je puisse les préférer au Rancho de la Luna.
Mario : Ouais, il n’y a rien de comparable…
Tony : C’est un peu paumé, loin de tout, quand tu y vas, tu y vas pour travailler et passer du temps tous ensemble, manger et profiter des soirées… Tout le temps que tu passes là-bas tu es content d’y être… Tout le contraire de « OK, je vais aller dans cette zone industrielle paumée, me faire chier dans ce complexe toute la journée en n’ayant qu’une hâte : celle de partir et rentrer chez moi chaque soir ».
Mario : Exactement, l’idée c’est que quand tu vas là-bas, tu es dans une MAISON, une « casita », pas un studio. La table de mixage est dans le salon. Donc je me retrouve dans le canapé à jouer de la guitare, Mathias est derrière la console, mon cousin est dans un coin en train de faire griller du poulet pour le repas, Dino est à côté en train d’essayer des pédales d’effets, en pyjama car il vient de se réveiller [rires]. On est à la maison ! Il n’y a aucun équivalent à ça à L.A…
On a vu le groupe assurer plusieurs tournées sur le vieux continent ces dernières années, on s’en réjouit, mais à y regarder de plus près vous ne semblez pas faire la moindre tournée dans votre propre pays…
Mario [il interrompt la phrase, en fronçant les sourcils] : Aucune.
Comment expliquez-vous cela ?
Mario [grommelant] : Tu peux répondre, Tony ?
Tony : l’Amérique est un secteur difficile où percer pour un groupe indépendant, ça coûte très cher. De plus, les contraintes de nos vies privées respectives, font que nous n’avons jamais vraiment eu le temps de nous atteler à cette tâche. Lorsque nous venons ici (en Europe), ça marche bien. Or en Amérique, on n’a toujours pas trouvé de quelle manière on pourrait s’y attaquer pour que ça puisse fonctionner pour nous. Pour y parvenir, il faudrait que nous puissions prendre au moins un mois complet dans nos vies pour y travailler et organiser ça.
Vous ne restez pourtant pas inactif dans cette perspective…
Mario : On essaye de trouver un « booking agent » en fait. C’est le sujet principal : d’abord, comme dit Tony, on n’a jamais essayé de le faire nous-mêmes. Tous les groupes indépendants que je connais et qui sont parvenus à monter une tournée – des groupes plus jeunes que nous – ont commencé en le faisant eux-mêmes, et certains seulement ont ensuite été pris en charge par une agence. Or pour nous les opportunités sont venues d’Europe, via l’agence Sound of Liberation, et ça rend les choses infiniment simples lorsque quelqu’un te contacte simplement en te demandant : « hey, vous voulez venir jouer quelques concerts ? » – « Bien sûr, quand ? Février ? OK ! » – « Parfait je vous envoie les dates ». C’est génial, tout ce qu’il nous reste à faire c’est monter dans l’avion ! Alors qu’organiser ça soi-même, c’est une tâche énorme, ça signifie passer ses journées derrière son ordinateur et au téléphone pour trouver les dates. On essaye en ce moment de trouver un agent aux États-Unis. Comme je te disais, on a une piste pour un agent qui pourrait aussi travailler pour Greenleaf, nos partenaires sur cette tournée, ainsi que d’autres groupes issus de cette « scène ». Mais jusqu’ici on n’a jamais eu un agent qui croyait en nous et qui nous a proposé une quelconque opportunité du genre. La dernière fois que nous avons joué sur un semblant de tournée, c’était en première partie de Kyuss dans le Sud-Ouest des U.S.A. – je te laisse calculer le nombre d’années que ça fait… Donc pour résumer, la seule réponse objective à ta question est : on n’a jamais essayé !
Ça semble difficile, mais est-ce que comme nous tu observes quelques frémissements encourageants dans cette perspective, aux U.S.A., comme quelques petits festivals, ou même le gros Psycho Las Vegas qui s’est déroulé cet été, auquel tu as participé ?
Mario : Absolument ! On espère que ça se développera…
Dernière question : vous avez participé à un projet un peu spécial avec les français de Hifiklub, pouvez-vous nous en dire plus sur votre participation ?
Tony : Ça s’est déroulé dans un studio d’enregistrement près de Nice. En gros, il s’agit de deux groupes complets qui jouent ensemble, de manière spontanée ou presque. Il y a quelques idées de base, musicalement, des esquisses de compositions en quelque sorte, mais dès qu’ils appuient sur « Enregistrement », c’est parti ! On a tous été super fiers du résultat quand on l’a entendu, surtout quand on considère qu’on n’avait jamais rencontré ces mecs auparavant. C’est le genre de situation dans laquelle tu ne sais pas à quoi t’attendre avant, et le résultat dépasse toutes tes attentes.
Mario : Il s’agit à la base de quatre compositions assez simples, avec des arrangements grossiers, principalement proposées par les mecs de Hifiklub, et notre contribution a essentiellement consisté à improviser dessus, dans cette structure assez simple. Et en complément, il y a des morceaux où nous avons complètement improvisé, pour construire des séquences qui feront une sorte de liant entre ces quatre compositions de base. Il y a donc en gros huit morceaux au final. Le concept vient d’une sorte de série qu’ils ont lancée appelée “Double Quartet Serie”. C’était vraiment une expérience incroyable. Ils nous ont amené dans un studio appelé “Coxinhell” [rires – ndlr : par politesse, on ne vous traduira pas ce jeu de mot accessible aux anglophones], c’était superbe…
Tony : Tu te retrouves comme assis au bord d’une falaise qui donne sur la méditerranée, c’était superbe.
Et ça sonne comme quoi ?
Euh… ça sonne comme… mmmh…. C’est… [visiblement embarrassé – Mario lui vient en aide]
Mario : C’est expérimental, c’est heavy…
Tony : C’est comme un rêve, c’est… c’est vraiment un mélange de toutes ces choses.
Publié par Chris « Exo » ainsi que ses deux prédécesseurs nous avaient fait un sacré effet et c’était rien à côté de la mornifle que nous nous sommes prise lors de la prestation que les bataves ont délivrée lors de la dernière édition du Desertfest belge. Nous avons donc profité de la venue de Monomyth à notre Berlinale à nous, pour échanger rapidement avec la structure instrumentale placée très haut sur l’affiche afin qu’ils puissent ensuite foncer sur Londres pour enchanter d’autres auditeurs.
L’an dernier, vous étiez au Desertfest d’Anvers et aujourd’hui à celui de Berlin, vous apparaissez comme le groupe de type seventies du moment. Comment expliquez-vous ceci ?
Peut-être que oui. Nos instruments et le matériel que nous employons est seventies, mais notre musique a une influence beaucoup plus large que juste cette période. Nous adorons la musique du classique au rock.
Jusqu’à Tool.
Pas particulièrement Tool, nous savons qu’ils sont cités sur notre Bandcamp, mais nous ne savons pas…nous ne cherchons absolument pas à copier un groupe en particulier. Il s’agit surtout de donner une indication aux personnes qui veulent écouter.
Comment expliquez-vous votre succès actuel ?
Nous pensons que c’est en partie car il ne s’agit pas d’un style de musique précis ; ce n’est pas du stoner typique. Il s’agit de quelque chose de différent et je pense que ce qui intéresse les gens c’est la richesse de la chose avec l’ajout de pianos ou d’autres instruments que nous amenons sur scène où nous déployons aussi plusieurs styles à la batterie. C’est assez difficile à expliquer, mais nous travaillons vraiment très dur pour ça. Nous nous produisons en tant que groupe de manière assez commune et chacun de nous a des influences très différentes. Nos références vont des trucs dansants électroniques des années quatre-vingt aux Beach Boys et nous amenons tout ceci dans le groupe. C’est à nos yeux ce qui nous rend complément unique. Il est vraiment difficile de nous rapprocher d’un groupe en particulier si on écoute attentivement notre son.
Qu’attendez-vous du show de ce soir ?
Nous espérons que les gens vont prendre du plaisir ; nous allons jouer vraiment serré car nous n’avons que 45 minutes. Nous allons donc jouer 3 titres. Ca a été difficile de sélectionner ces morceaux en particulier.
Vous n’allez donc pas mettre le dernier album très en avant…
…effectivement nous jouerons d’abords un titre du premier album, en deuxième un du deuxième et terminerons avec un extrait du dernier album. Dans les faits ce sera le premier titre du premier album pour commencer et le dernier du dernier pour finir.
Le format du concert de ce jour vous contraint donc dans la sélection des titres ; en quoi diffère un show ordinaire de Monomyth de ces prestations en festival ?
Un show régulier de Monomyth est la plupart du temps bien plus long : entre une heure cinquante et deux heures voire même plus. Quand tu peux jouer deux heures tu peux te permettre une approche différente alors qu’avec le format du jour tu dois faire vite pour convaincre rapidement les spectateurs parce que tu as peu de temps. Nous proposons un voyage différent lors de nos concerts usuels durant lequel nous plongeons vraiment dans notre musique.
Comment s’est passée la sélection du jour ?
Nous n’avions pas le temps de faire long avec des morceaux très longs donc l’efficience était le mot d’ordre. Nous avons aussi adapté le lightshow car d’habitude nous amenons notre matériel d’éclairage ce qui n’était pas possible avec l’enchaînement des deux Desertfest. Nous étions hier vers chez nous dans un petit club et avons utiliser toutes nos lights car c’est vraiment une partie importante des shows que nous proposons.
« Exo » est sorti récemment, pourquoi avoir mis le titre le plus long en premier ?
Tu parles d’ « Uncharted » qui fait 14 minutes. C’est comme un livre dans lequel tu veux expliquer quelque chose sans mot. C’est aussi un peu un puzzle comme construction cette trilogie. Si tu écoutes tous les disques à la suite : tu verras ce que nous voulions faire. Si tu veux faire l’expérience : passe les 3 albums à la suite et lorsqu’ « Exo » est terminé, tu replaces le premier album sur la platine et tu verras ce qui se passe. C’est une continuité [ndlr : nous vous encourageons chaudement à expérimenter la chose] et nous essayons aussi de faire la même chose avec nos setlists. Nous voulons raconter une histoire qui commence calmement et s’achève de manière très dansante. Nous pensons toujours offrir un voyage.
En parlant de voyage, la trilogie s’achève ici et…
…qu’est-ce qui arrive après ? Nous allons faire des shows très spéciaux aux Pays-Bas en accompagnant un film muet allemand des années vingt. C’est un film étrange et nous jouons dans des salles de ciné et aussi lors d’un festival de cinéma. Nous ne nous sommes pas encore penché sur ce que serait notre prochain album. Comme nous composons pour l’accompagnement de ce fameux film, il y a une petite chance que nous partions en tournée avec ces morceaux.
Avec le film projeté derrière vous ?
Bien sûr ! Ca pourrait être vraiment cool de nous voir dans le noir en regardant un film. C’est vraiment quelque chose de nouveau pour nous : certainement une inspiration pour la suite.
Êtes-vous vraiment prêts à avoir des gens assis devant vous alors que vous jouez plutôt que d’avoir des excités qui vous font face ?
Nous le sommes : ce sera vraiment excellent ! C’est vraiment quelque chose d’amusant car des gens viennent voir le film et sont étonnés de voir un groupe live en même temps. Ce serait sympa d’emporter ceci en tournée, mais c’est très très cher car il faut avoir le matériel de projections plus les accords du type qui détient les droits de cette œuvre cinématographique.
Il y a encore des droits pour un film datant d’il y a presque un siècle ?
Oui car un travail de restauration a été effectué. Ca a aussi été transféré en résolution très haute donc ça représente un gros paquet d’argent. Une compagnie a financé tout ce travail et elle désire être payé pour chaque seconde d’utilisation.
Comment expliquez-vous le fait que vous réalisiez un nouvel album chaque année sans aucun remplissage ?
Nous avons beaucoup de temps pour composer ; nous sommes cinq à composer et à avoir un avis. Si quelque chose ne plait pas : c’est dit tout de suite. Ca se fait naturellement et comme personne ne décide seul : tout le monde a son mot à dire et tout le monde amène des idées. Nous enregistrons toutes les idées que nous essayons et retravaillons régulièrement des choses expérimentées pour les améliorer chacun de notre côté.
Une dernière question pour la route : quel est l’objectif que vous vous êtres fixés pour le prochain album ?
Ce serait pas mal de sortir un nouvel album et d’avoir de plus en plus de fans qui viennent à nos concerts. Les fans réels sont les seuls à qui tu puisses faire confiance. Faire de la bonne musique et avoir les bonnes personnes autour de nous pour continuer est déjà un bon départ. Nous ne nous sommes pas fixés d’objectif dans ce sens. Nous ignorons où nous nous dirigeons et tentons juste d’être de meilleurs musiciens. Nous n’avons pas de souhait particulier ni de désire de gloire précis, mais entendons que les choses soient authentiques.
Publié par Chris Omniprésent sur les scènes que nous affectionnons tant, le duo de germaniaques était de passage au Desertfest de Berlin. Nous avons profité de cette occasion pour échanger avec Hannon et Erinc, deux musiciens aussi talentueux que sympathiques. Les étoiles montantes de la scène allemande se sont livrées quelques semaines après la sortie de leur magistral second album « Ode To The Flame » qui est bien parti pour faire date dans le monde des amateurs de plans doom et bourrins.
Vous êtes de nouveau en tournée depuis quelques jours et le serez encore un bout de temps. Comment est-ce que les choses se déroulent jusqu’ici ?
En fait, ce sera jusqu’à la fin de l’année. Nous avons commencé par quelques release shows dans des petits clubs en Allemagne pour tester le nouveau matériel et nous allons participer à quelques festivals d’été dont le dernier sera celui de Las Vegas. Nous ferons des festivals en Europe, au Canada et aux Etats-Unis puis nous resterons là-bas pour une tournée US d’un mois. Ensuite nous aurons quelques semaines de libre par ici puis attaquerons une tournée européenne à la mi-novembre qui devrait se terminer du côté de Noël.
Une tournée indoor donc.
Oui, nous l’espérons, mais comme nous avons déjà dû composer avec des situations très particulières, nous ne serions même pas étonnés de faire un show outdoor sous la pluie dans un trou perdu en France ou ailleurs. Nous avons déjà eu un show dans une ferme en hiver en France qui a été le concert le plus froid que nous ayons donné. Nous ne nous souvenons plus du nom du village ; il n’y avait que deux maisons. Il faisait tellement froid à cet événement du type DIY que nous n’avons du vendre qu’un seul CD. Les organisateurs étaient super sympas pour être honnête. Ils nous avaient logé dans un hôtel qui devait servir l’été dans un endroit magnifique, mais il devait faire aussi chand dedans que dehors. C’était durant notre toute première tournée européenne avec Inter Arma à la fin de l’année 2014. Pour en revenir à la question de départ : nous serons donc très occupés jusqu’à la fin de l’année.
C’est votre deuxième concert au Desertfest de Berlin. Quelles sont vos attentes ?
Wow, nous ne savons pas vraiment ; nous jouons vraiment très tard. En fait, nous jouons toujours tard ici. Nous ignorons pourquoi nous nous trouvons toujours à jouer à de pareilles heures en festival. Nous espérons donc que les gens vont rester et qu’ils vont y prendre du plaisir. Car la dernière fois le public a apprécié notre set. Nous souhaitons que ce soit un blast en tous cas nous avons tout préparé pour que ce soit le cas. Il ne reste plus qu’à espérer que les gens ne soient pas trop bourrés ou trop fatigués.
Les gens ne sont pas du genre à boire par ici.
Nous espérons que ce n’est pas le cas car ça fait partie du concept des shows de Mantar que d’être ivre (rires).
Vous êtes à un festival estampillé stoner avec des stonerheads, quel est votre public habituel ?
Nous pensons – en fait nous n’avons jamais pensé à ça avant – que c’est des gens qui ont une certaine affectation pour la musique lourde. Tu sais, toutes les genres et sous-genres : stoner fan, black metal fan, rock fan, desert-rock fan, doom fan, sludge fan etc. nous nous en foutons pas mal c’est pour les labels. Nous voulons juste jouer aussi dur, lourd et intense que nous le pouvons et voulons que ça plaise aux gens peu importe comment ils se considèrent. Pourvu qu’ils aiment cette musique.
Et comment la décrivez-vous cette musique que vous interprétez ?
Et toi ?
Mix de doom, de crust et de black.
(après un échange des plus intéressants au sujet de certains titres de « Ode To The Flame » : « Born Reversed » et « Schwanenstein ») En fait nous ne sommes pas très cultivés en musique. On nous compare à des styles ou des groupes dont nous apprenons l’existence lors d’interview comme celle-ci. Par exemple Celtic Frost dont nous ne possédons pas le moindre disque chez nous. Nous sommes désolés. Comparez-nous à qui vous voulez tant que vous aimez ce que nous faisons. Nous aimons jouer rapidement ou plus lentement, mais toujours dur !
Vous jouez tard ce soir et étiez prévu très tôt au Hellfest…
… oui ils nous ont déplacé l’après-midi. Nous devions jouer très tôt sur une Mainstage et nous jouerons pour finir dans l’après-midi sur la scène de la Valley ce qui sera nettement mieux au final.
« Ode To The Flame » a été sorti sur Nuclear Blast. Comment les choses se sont déroulées avec ce major de la scène metal ?
Pouvons-nous répondre à cette question ? Comme nous avions tout réalisé nous-mêmes durant deux ans et tourné partout dans le monde y compris deux fois aux USA et dans une tapée de festivals, tous les grands labels et les petits aussi avaient entendu parler de Mantar. Nous étions dans une position très agréable l’été dernier avec des propositions de nombreux labels petits ou grands. Premièrement nous voulions décider si nous sortions un nouvel album. Deuxièmement si nous désirions aller encore plus dans l’underground ou aller un step au-dessus. Notre décision, vu le nombre de sollicitations reçues par mail par des gens qui ne pouvaient pas acheter notre album car non distribué ou alors en payant des frais de port de malade, a été de rester nous-mêmes avec une meilleure infrastructure. Le deal avec Nuclear Blast était le meilleur car il nous permettait d’être disponibles partout car nous jouons partout. Le point le plus important était aussi que le deal offert par ce label était le plus fair. Bien plus fair que certaines offres de petits labels. C’est incroyable : nous faisons la musique et ils la mettent à disposition dans les magasins. Ils ont pris la bonne décision car le public apprécie – et les médias aussi – ce nouvel album dont ils n’avaient d’abord reçu que le tracklisting. Nous nous chargeons de la musique tous les deux et c’est comme ça que nous fonctionnons le mieux. C’est cool car nous pouvons toucher de nouvelles personnes. Nous nous fichons pas mal de savoir si les gens qui viennent à nos shows ont des t-shirts de Slipknot, s’ils ont 47 ans ou s’ils ont tout vu de la scène doom underground. Nous nous fichons aussi de savoir si les gens écoutent Mantar et Nightwish.
J’ai trouvé « Ode To The Flame » plus intense et puissant que « Death By Burning ». Qu’est-ce qui vous amené dans cette direction ?
Nous sommes d’accord avec ça. Nous avons appris et nous sommes concentrés sur ce que nous faisions. Quand nous avons enregistré « Death By Burning », nous étions un groupe depuis trois mois et avons tout enregistré. Cette fois-ci, nous avons débuté l’écriture l’été passé et nous sommes allés dans ce pour quoi nous sommes forts. Comme tu l’as dit : plus puissant, et nous avons skippé toute la merde. Nous savions ce que nous aimions faire et avons mis le focus dessus. Nous aimions les parties violentes ! Nous avons fait un petit peu plus sombre, un petit peu plus black metal et un petit peu plus sinistre aussi. Nous avons appris à jouer mieux par la même occasion. Mais nous n’avions pas pensé ainsi au départ : ça s’est fait de manière organique. Nous avons juste essayé d’écrire de nouveaux morceaux en jammant et pas en disant “tiens : faisons un morceau plus black metal, plus ceci ou plus cela”, car nous ne sommes pas assez bon musiciens pour le faire. Nous ne pouvons pas faire ce genre de plans et nous y tenir ensuite. Nous l’avons fait ainsi : de manière très simple.
Et comment ça se déroule quand vous n’êtes que deux et que le guitariste et le batteur ne sont pas d’accord. Êtes-vous toujours sur la même longueur d’onde ?
Non (à l’unanimité) ! C’est plus démocratique en fait. C’est très direct si quelqu’un n’aime pas un plan : nous ne le faisons pas. Quand tu es déjà trois, il se peut que deux soient contre un seul. Avec la méthode fifty-fifty, si un de nous n’est pas OK : nous abandonnons. C’est certainement la manière la plus facile de prendre des décisions. C’est aussi plus simple de convaincre une personne que deux avec des arguments. C’est clairement un avantage.
Pour en revenir à votre dernière sortie, vous avez choisi « Cross The Cross » comme première vidéo. Comment s’est opéré ce choix ?
Tout le monde aimait bien cette chanson qui est une manière facile de rentrer dans le monde de Mantar. Nous aimons le rock’n’roll, nous aimons Motörhead, nous aimons les morceaux doom et aussi les morceaux rapides. C’est un bon mix qui fait bien le lien entre le premier et le deuxième album. Il est aussi assez court et contient tous les plans que nous pratiquons. Ce n’est pas notre titre favori, mais certains dépassaient les six minutes donc nous avons choisi celui-ci.
Vous sortez une choses bizarre demain (sortie le 29 avril – limitée à 50 exemplaires, ne cherchez plus elles ont toutes trouvé acquéreur). Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet ?
Nous aimons les cassettes. Nous les avons toujours aimées depuis gamin. Les vinyles ou les CDs ne nous ont jamais tant emballés. Nous connaissions les gens du label hollandais Breathe Plastic. La première cassette de Mantar y avait déjà été fabriquée et une édition spéciale pour le Roadburn. Nous avons eu cette idée de commercialiser une cassette dans une boîte contenant une pédale de distorsion depuis environ deux ans. Ça a été super cher de réunir tout le matériel électronique (la pédale étant à monter soi-même) et maintenant ça sort. Les gens ont l’air tellement excités par cet objet que nous aurions peut-être dû en fabriquer une centaine, mais les 50 seront pour des collectionneurs.
Et combien va se vendre cette petite merveille ?
50 Euros !
Seulement ?
Ouais seulement ! Tu dis que nous aurions dû la vendre 180 ? En fait le prix de revient avec tout le matériel est à 40 Euros donc nous ne nous faisons pas de fric avec, mais ce n’est pas l’objectif. L’objectif était de sortir la plus cool des cassettes jamais sorties : c’est la plus cool et la plus géniale ! C’est impressionnant ; au final nous voulions que les gens la possèdent et la production de la chose devait toucher des gens qui diront dans 10 ans qu’ils détiennent la cassette la plus cool de la musique underground ; nous serons fiers de ça !
Publié par PaTapL Le Rock Psyché se porte bien. Les hollandais de Birth of Joy en sont un peu une des locomotives au vu de la qualité de leurs albums et de leurs concerts. Impossible donc de ne pas profiter de leur passage pour discuter avec eux de leur ascension, logique et progressive. Des mecs vraiment simples, passionnés et un Gertjan (orgue et basse) plutôt drôle et loquace… Entrevue en compagnie du trio et de leur ingé-son au t-shirt Black Sabbath qui bosse également avec Pendejo.
Réalisée conjointement avec Peah de Get Stoned, l’émission stoner & cie de la région lyonnaise.
Merci de nous recevoir les gars, alors comment se passe cette tournée jusque là ?
Gertjan : Plutôt bien, on a en général que deux à trois heures de route entre chaque date donc c’est pas trop fatigant…
Une tournée intelligente…
Exactement
Vous êtes déjà venus à Lyon n’est-ce pas ?
Kevin : Oui on a déjà joué au Ninkasi et au Transbordeur, mais ça fait partie de Lyon ici ou c’est une autre ville ?
C’est la banlieue proche (Bron-ndlr). Bon pour être honnêtes on vient juste de découvrir votre nouvel album avant de venir…
Ah donc la première impression toute fraîche alors, comment c’était ?
Assez surprenant au vu de vos albums précédents, de nouvelles choses, expérimentations, une réelle évolution…
G : Et alors c’était une bonne surprise ou pas ?
Plutôt agréable ma foi, pas mal de nouvelles ambiances, on peut remarquer de nouveaux sons d’orgues par exemple, Gertjan tu as de nouveaux jouets ?
Ah oui bonne oreille mec, jusqu’à maintenant j’avais un Philicorda, un petit orgue qui peut faire les basses, mais effectivement j’ai ajouté récemment un Rhodes, donc un peu plus expressif je pense, car tu peux aussi jouer doucement sur un Rhodes. Avant j’avais en gros qu’une possibilité de volume (rires)
Comment enregistrez-vous ? Live ?
Bob : La plupart oui, à part les voix, les solos de guitare et quelques autres trucs de gratte.
K : La base est live, pour une bonne raison parce qu’on est un groupe live, c’est une synergie qu’on veut enregistrer. Je pense que si avait commencé à enregistrer les parties batterie au click et après la basse etc je pense que ça aurait tué notre son.
Un son des fois très soft et d’autres beaucoup plus appuyé…
G : Oui, mais c’est spécifique à cet album je trouve, sur « Prisoner » ça se sentait moins…
C’est un peu ce qui m’a fait penser à une sorte de mélange entre « Life in Babaloo » et « Prisoner » avec en plus de nouvelles choses, qu’est-ce que vous en dites ?
K : C’est marrant c’est la première fois que j’entends quelqu’un mentionner ça
G : C’est ce que ça t’a fait ressentir, c’est étonnant c’est vrai qu’on ait jamais entendu ça auparavant. Mais je pense que tu n’es pas loin de la vérité en fait parce que « Prisoner » était vraiment lourd et agressif, sur « Life in Babaloo » il y a pas mal de chansons plus lentes avec des expérimentations plus soft.
Sur le morceau titre « Get Well » on trouve des ambiances différentes, orientales et psychédéliques à la fois, comment ça vous est venu ?
K : En fait je viens de Maroc (rires) ; non je ne sais pas vraiment, c’est juste que j’aime bien ce genre de gammes. Ça vient probablement aussi de groupes comme Pink Floyd. Tu trouves une gamme ou une mélodie qui sonne un peu orientale ou arabique et tu essaies d’apporter quelque chose de nouveau dessus, ou pas vu que tout existe déjà. Mais en improvisant tu arrives à trouver quelque chose de personnel ; après tu vois ce que ça donne.
Une petite question particulière concernant ce morceau, mixé complètement différemment du reste de l’album avec beaucoup de réverbe sur la batterie ce genre de choses, vous aviez ça à l’esprit en le composant ou c’est venu plus tard, pendant le mixage ?
G : Oh bonne question ça
K : Oui, je pense que la majorité de ce que tu peux entendre est ce qu’on avait en tête et Joris Wolff, le co-producteur avait la vision ou l’idée de cristalliser en quelque sorte ce qu’on a fait de « Get Well »
G : Un des trucs qu’il fait vraiment bien, c’est de savoir où il veut emmener un morceau. Tout à été fait live sur celui-ci.
Ça se sent. C’est toi Kevin qui écrit les paroles ?
K : Absolument.
Et quelles sont tes inspirations ?
K : Sur ce coup-là on a finit de composer deux semaines avant d’entrer en studio et pour Birth of Joy je pense que la meilleure chose à faire et de créer les voix par dessus la musique pour que ça devienne un ensemble et pas l’inverse. Du coup j’ai eu deux semaines pour écrire toutes les paroles et les principales sources d’inspiration ont été le stress, la pression. Et en même temps pas mal de choses se sont passées, genre aux infos, comme les réfugiés, ce qu’il se passe en Syrie, en Russie…
G : Une grosse fête mondiale…
K : C’est aussi un souhait pour le progrès, il se passe plein de trucs mais d’un autre côté on a jamais vécu une ère où il y avait autant de distractions. Si tu veux pas voir tout ce qu’il se passe tu prends ton téléphone, tu fais tes trucs hors du monde tu vois ? Tu joues à Angry Birds où je ne sais quoi (rires) La distraction est partout !
D’où est venu le nom Birth of Joy ? Qui l’a trouvé ? Toi Kevin ?
K : Ouais je l’ai trouvé sur un arbre (rires). En fait c’est inspiré du “Birth of Tragedy” de Nietzsche, tourné en dérision, comme une sorte de quête pour redéfinir la joie. Et puis on devait trouver un nom de groupe alors j’ai balancé ça un soir après quelques bières et on s’est dit « Ouais ça peut être un bon nom ». En gros Birth of Joy représente le fait de faire de la musique pour se libérer, contrer ce qui t’entraîne vers le bas et se laisser aller, c’est ça la naissance de la joie.
De quel instrument vient la base de vos morceaux en général ? On sent que certains sont plus basés sur la guitare et d’autres plus sur l’orgue non ?
K : On est tous des personnes créatives et libres donc on apporte tous des idées, il n’y a pas de règle ou de principe qui génère une chanson.
G : Je trouve ça vraiment cool la façon dont peuvent se compléter guitare et orgue, des fois j’ai un riff qui est apparemment très compliqué à jouer à la guitare et d’autres fois c’est l’inverse. Mais je pense qu’on apporte tous les trois la même dose de contribution dans le processus de création.
K : C’est un peu la combinaison de toutes nos idées
G : Des fois j’amène un groove sympa et il trouve un truc cool dessus, des fois c’est le contraire…
C’est vraiment une de vos particularités ces claviers omniprésents…
G : Ouais mais l’orgue tu dois vraiment en faire quelque chose, sinon tout seul ça sonne plat. Il faut ajouter une Big Muff (pédale de fuzz) ou un truc dans le genre…
Tu utilises des pédales pour guitares sur tes claviers ?
G : Oui j’ai une Big Muff, une wah, et des trucs genre une Worm (d’Electro-Harmonix, pédale analogique qui fait phaser, vibrato, tremolo…), une pédale assez pourrie en fait mais qui sonne vraiment bizarrement avec un orgue… Un delay aussi…
B : Et bien sûr il a cette cabine qui tourne
K : Et en fait trois delays, enfin deux et une pédale d’écho. Très marrant quand on est sur scène et qu’il joue avec ces trois-là en même temps, tu te demandes ce qu’il joue (rires).
G : Tout interfère, tu mets les trois delays et ensuite la basse, ça sonne vraiment dingue
Tu joues les parties basse avec tes pieds du coup ?
G : Avec ma main gauche
Ouais je me disais bien que ce serait compliqué sinon (rires)
G : On était à un concert en Espagne et ils m’ont prêté un orgue mais le clavier basse ne marchait pas très bien, du coup ils m’ont dit « On a un pédalier basse pour toi t’inquiète ! » c’était la première fois que j’utilisais ce genre de truc c’était vraiment étrange…
K : Par contre c’était très marrant à voir
B : On aurait dit qu’il était en train de faire du vélo derrière ses claviers (rires)
Parlons un peu de votre album live sorti l’an dernier, « Live at Ubu », pourquoi avoir choisi cet endroit ?
B : La première fois qu’on est venus en France on a joué aux Transmusicales (festival à Rennes) et après ça on a été invité à jouer dans cette salle, l’Ubu, par les gens qui tiennent l’endroit. C’était notre première expérience en France et c’était vraiment excellent, c’est pour ça qu’on a choisi d’enregistrer le live là-bas. On était sûrs du coup que la salle serait pleine de gens qui seraient à fond, le public idéal pour un live.
G : J’y vois aussi comme une sorte d’hommage à Rennes
B : On est vraiment reconnaissants de ces gens des Transmusicales et de Rennes, grâce à eux on a commencé à se faire connaître en France, et même dans d’autres pays
Votre premier gros festival ?
B : Oui et la première fois qu’on allait dans un autre pays…
K : On n’avait jamais joué devant 3000 personnes avant ça
On peut trouver quelques vidéos tournées à l’Ubu, je me demandais si vous aviez eu l’idée d’en faire un DVD ?
K : Déjà on voulait en faire en vinyle, et maintenant qu’il y a internet, personnellement je vois plus trop d’intérêt à faire un DVD
G : Et l’Ubu est une salle vraiment cool mais c’est pas très gros, aussi elle est faite bizarrement, en fait la moitié des gens ne peuvent voir les groupes que sur un gros écran… Du coup ça aurait fait du matériel assez pourri pour un DVD je crois (rires)
Vous écoutez un peu des groupes de la scène dite « stoner » (au sens large), vous avez des favoris ?
K : Hawkwind
G : Tu considères Hawkwind comme tu stoner ?
Ça me va ouais, précurseurs du moins…
G : Sinon je pense que Kyuss est le meilleur groupe de stoner, enfin était…
Hawkwind à cause de leur côté un peu dingue ?
B : Ouais tous ces sons et ces bruits complètement barrés…
G : Et Lemmy… Mais on écoute beaucoup de choses dans beaucoup de styles différents, ça va de l’afro-beat au jazz, à l’electro
K : Et le Blues…
Vous avez l’air de beaucoup aimer la France, qu’est-ce qui vous plait ici ?
K : Le paysage, les gens, la passion, « le vin rouge » (en français), la langue, « le fromage de chèvre »… Et particulièrement l’atmosphère dans le public, très ouvert d’esprit
Comparé à d’autres pays ?
B : Comparé à notre propre pays en fait, en Hollande les gens sont du style « OK, montre moi ce que tu sais faire » avec les bras croisés, il leur faut six ou sept bières avant de commencer à danser ou faire quoi que ce soit. En France vous êtes à fond dès le début…
K : En France les gens ont la capacité de vraiment exprimer leur passion sans retenue.
G : C’est vraiment intéressant de jouer en dehors de son pays, et là c’est la première fois qu’on peut apporter nos propres instruments sur toute la tournée.
K : Même si des fois ça arrive qu’on perde nos instruments pendant le vol.
Vous avez perdu des instruments en route ?
K : Ouais on est allé à L.A. une fois et en arrivant il manquait l’orgue basse. On a jamais su où il était mais le lendemain il est réapparu…
G : C’est à ce moment-là qu’on a décidé de ne plus faire voyager d’orgue ou de gros matos par avion, au pire quelques pédales.
Vous avez déjà joué en dehors de l’Europe alors, pas de tournée de prévue outre-Atlantique par exemple ?
B : Non, on est déjà allés en Amérique, au Canada, en Afrique du Sud, en Égypte, pas mal d’endroits en dehors de l’Europe. Mais la raison principale est qu’on n’est pas connus là-bas, bien sûr on peut aller aux USA et essayer de faire des concerts là-bas mais ce ne serait pas très utile, c’est mieux pour nous de tenter de conquérir l’Europe pour l’instant.
K : Se concentrer sur le long terme…
Une jolie tournée d’ailleurs, trois mois c’est ça ?
B : Plus ou moins en fait, on a joué pendant trois semaines en Hollande mais c’est un petit pays donc on pouvait rentrer tous les soirs. Là le plus long loin de chez nous ça doit être genre un mois et une semaine. Après ça on rentre puis on a des concerts plus ponctuels comme des festivals donc on peut aussi rentrer à la maison à chaque fois
G : La plupart des fois, là on a 27 concerts en avril, ça doit être ce qu’on appelle tourner non ? (rires)
Je crois qu’on peut dire ça, un mot pour la fin ? En français peut-être ?
G : “Putain !”
B : “Pouvez-vous ouvrir la porte s’il vous plait ?”
Publié par Caïn Lors de leur dernier passage à Paris, on a taillé le bout de gras avec Greenleaf pour parler de leur dernier album Rise Above The Meadow, mais aussi de choses et d’autres.
Face à nous, Tommi, guitariste à l’origine du groupe, et Arvid, arrivé sur Trails & Passes en 2014. Dans une ambiance détendue et bon enfant, la complicité entre nos deux suédois est évidente. Tout cela confirme notre hypothèse : après quelques pérégrinations, Greenleaf semble avoir enfin trouvé une composition qui lui sied à merveille.
On connaît Greenleaf depuis de très nombreuses années, et c’est la première fois qu’on a l’impression d’avoir en face de nous un VRAI groupe et pas uniquement un side-project, est-ce que collectivement vous avez le même ressenti sur Greenleaf ?
Tommi : Depuis la sortie de Trails & Passes, oui. À l’époque, lorsque ce n’était encore qu’un side-project et que je jouais avec Dozer, nous tournions beaucoup et je n’avais pas beaucoup de temps pour faire pareil avec Greenleaf. Nous le faisions sans prendre tout ça au sérieux, j’appelais quelques amis, voir si ils étaient disponibles… C’est aussi pour cela que le line up a beaucoup changé. Mais après Trails & Passes et l’accueil qu’il a reçu, on a commencé à prendre ça plus sérieusement…
Arvid : On a fait 2 tournées, et on s’est rendu compte que ça commençait vraiment à prendre de l’ampleur. À partir de ce moment, on s’est dit : « ok, maintenant, on est un vrai groupe ». L’année dernière, nous avons fait environ 70 concerts, cela fait beaucoup pour un simple side-project ! (rires)
Comment ce nouvel album a-t-il été composé ? Est ce que vous vivez tous à proximité les uns des autres pour que l’écriture soit plus facile ?
T : Pour le moment, nous ne vivons pas du tout à proximité. Sebastian [ndlr : le batteur] et moi vivons dans une petite ville en Suède appelée Borlänge.
A : Et moi j’habite à Stockholm.
T : À 200km de chez nous. Et Hans habite en Allemagne…
A : Il est berlinois. Mais sur Rise Above The Meadow, c’est Johan de Dozer qui joue de la basse, et il vient aussi de Borlänge. Nous avons écrit cet album entre deux tournées, en 3 ou 4 mois.
Ce que nous faisons en général c’est que l’on écrit tout en studio de répétition. La plupart du temps, Tommi arrive avec un riff, on l’essaye. D’autres fois, Tommi et Sebastian répètent de leur côté et m’envoient tout ça. Chez moi, à Stockholm, j’ai un petit home-studio où j’enregistre des démos, mes parties vocales, que je leur renvoie ensuite…
T : Parfois, je lui envoie aussi des trucs enregistrés sur mon Iphone.
A : Tommi enregistre toujours tout sur son Iphone mais ne donne jamais de titre à ses enregistrements ! C’est toujours « Enregistrement 1 », « Enregistrement 2 », et c’est très difficile de se retrouver ! Pour le prochain album, je ne vais pas te laisser enregistrer sans donner de nom…
T : Figure-toi que j’ai commencé à le faire !
A : Super ! (rires) Voilà donc comment on s’organise pour les compositions. On a tout fait dans le même studio que Trails & Passes, avec la même personne, Daniel Liden, l’ancien batteur de Dozer et de Greenleaf. On a donc nos petites habitudes et tout va plutôt vite. On enregistre tout en prise live et on y ajoute les voix, enregistrées dans un plus petit studio pour économiser un peu d’argent… on a fait tout ça en 4 jours. Par contre, le mixage dure un peu plus longtemps.
T : Trop longtemps ! (rires)
A : Daniel m’envoie des démos en me disant « OK, j’ai fait ça, alors voilà comment ça sonne maintenant »
T : C’est un perfectionniste. Mais bon, nous avons le temps, c’est donc un bon point pour nous !
Comment le définiriez-vous, comparé à vos albums précédents ?
T : Je pense que c’est une évolution assez naturelle, même si nous découvrons de nouveaux territoires pour l’instant inexplorés, de nouvelles choses plus douces, comme sur le début de « Levitate and Bow ».
A : Mais d’un autre côté, on est aussi devenu un peu plus heavy. Globalement, je pense que cet album est plus dynamique. On a joué énormément de concerts ensemble, on commence donc à très bien se connaître. Pour les parties voix, Daniel m’a beaucoup plus mis la pression qu’avant, il voulait que je chante comme si j’étais en live, il voulait faire sortir toute ma rage.
T : C’était drôle car je n’étais pas là mais il me demandait « je peux le pousser ? Je peux l’énerver ? ». Je lui répondais « oui, fais ce que tu veux, du moment qu’il chante ! » (rires)
A : Et il l’a fait ! Mais le résultat est satisfaisant, c’est ce qui importe.
Quelle chanson du nouvel album recommanderiez-vous à quelqu’un qui ne connait pas votre groupe ?
T : (hésitant) Je ne sais pas… Peut être « A Millions Fireflies ».
A : Oui, c’est une chanson entrainante, je pense qu’elle est bien pour découvrir le groupe. Par la suite, vous pouvez aussi jetez un œil à « Levitate And Bow »… Mais mettons-nous d’accord sur « A Millions Fireflies ».
TOUS vos albums ont 9 chansons et durent entre 37 et 43 minutes. Cet album est toujours dans le même « moule ». Est-ce qu’il s’agit d’une sorte de « proportion magique » ?
T : C’est un résultat totalement aléatoire, nous ne nous disons pas « c’est parti, faisons 9 chansons ». Mais nous faisons toujours attention à la durée…
A : (les yeux au ciel) Oh oui, la durée est très importante pour toi !
T : Oui, ça l’est. Si un album de rock dépasse les 45 minutes et dure 50 minutes, 1 heure… Il peut devenir ennuyant. Pour moi, un album de rock ne doit pas dépasser une certaine durée.
Par qui sont composées les paroles et quels sont les thèmes abordés ?
A : Maintenant, c’est moi. Avant mon arrivée, j’imagine que c’était Oskar.
T : Oui. Avant cela, n’importe qui qui souhaitait écrire des paroles en écrivait ! Certaines des paroles des premières chansons ne sont d’ailleurs qu’un ramassis de conneries ! (rires)
A : Me concernant, mes écrits sont très souvent reliés à la nature. Je ne sais pas trop pourquoi, peut être parce que nous venons d’un pays où celle-ci prend beaucoup de place. J’aime aussi le travail de paroliers comme Nick Cave ou Tom Waits, où la tristesse est toujours très présente… En général, c’est beaucoup de choses sur la marginalisation sociale, ou ce genre de choses… J’y suis très sensible.
Tu écrivais des choses avant ton arrivée dans Greenleaf ?
A : Oui, j’ai commencé à écrire vers 12 ans. Mais heureusement, j’ai évolué depuis ! (rires) C’est vraiment dur d’écrire des paroles de chanson, c’est un apprentissage quotidien. Je ne pense pas écrire les paroles parfaites, mais j’espère que je m’améliore d’album en album.
Rise Above The Meadow est un nouvel album de Greenleaf et une fois de plus le personnel impliqué a changé. Comment se fait-il que le groupe n’ait jamais sorti deux albums avec le même staff ?
A : Celle là est pour toi… Parce que je vais peut-être me faire virer ! (rires)
T : Les quatre premiers albums étaient vraiment un side-project où comme je l’ai dit je demandais à des amis de participer…
A : Sur le dernier album, il y a seulement Bengt [ndlr: l’ex-bassiste] qui est parti… Enfin, il ne partira jamais vraiment de Greenleaf.
T : Non, il en fera toujours partie.
A : Mais vous tourniez beaucoup trop pour lui et il n’en pouvait plus. De plus, il est aveugle, ce qui rend les choses encore plus difficile pour lui.
T: Il avait aussi peur de nous ralentir sur certaines choses, alors qu’il souhaitait que Greenleaf gagne en notoriété et devienne plus gros. Il a donc décidé de se mettre en retrait, tout en précisant qu’il serait toujours là pour nous aider.
A : On lui a même proposer de jouer la basse sur le dernier album mais il a préféré que ce soit le nouveau bassiste qui s’en charge.
Vous ne savez donc pas si le line up va de nouveau changer…
T : On espère que non ! On pense que le line up actuel est très bien.
A : Du moment qu’on ne commence pas à se battre… (rires)
Arvid, c’est désormais ton deuxième album en tant que chanteur du groupe, on n’a pas eu l’occasion de te parler depuis, et on trouve assez peu d’informations sur ton parcours avant Greenleaf. Pourrais-tu te présenter pour nos lecteurs ?
A : Déjà, je viens d’une ville voisine de Borlänge. Je suis un peu plus jeune que les autres… Enfin, beaucoup plus jeune même ! 10 ans ? (montrant Tommi du doigt) Il est vieux !
T : 14 ans exactement.
A : Oui, c’est ça. J’ai grandi en écoutant Dozer. Je jouais dans un groupe typé rock 70’s qui s’appelait Moscovitch, et aussi dans un autre appelé Giant Space Cruisers, plus orienté stoner.
J’avais déjà rencontré Tommi une ou deux fois, on avait même joué ensemble. J’imagine que depuis ce jour là Tommi m’avait en quelque sorte « repéré ». Puis j’ai commencé à étudier à l’Opera Academy de Stockholm, mais j’ai arrêté au bout d’un an et je me suis lancé en tant que chanteur jazz et soul. J’avais aussi un projet pop-rock avec un groupe appelé Humphrey Bogart. Puis un jour, Tommi m’a appelé et m’a demandé si je voulais chanter sur une chanson de Greenleaf, j’ai tout de suite accepté car j’étais fan de Dozer et de Greenleaf. J’étais super content. On a fait une chanson démo que Tommi et Bengt ont beaucoup aimé, ils m’ont donc proposé de faire un album entier ! Ça a donné Trails & Passes.
Le côté visuel de Rise Above The Meadow est hyper léché ; comment se sont déroulées les interactions entre le designer et Greenleaf ?
A : C’est l’oeuvre de Sebastian Jerke, il est incroyable. C’est un allemand qui travaille beaucoup avec Napalm [ndlr: auteur notamment pour Ahab ou My Sleeping Karma]. Ce sont eux qui nous l’ont recommandé. On lui a donné le titre de l’album et il est arrivé avec cette idée de planète dont on était très content.
T: On l’a laissé complètement libre de faire ce qu’il voulait et le résultat est génial. Le booklet est aussi super, il ressemble à un livre pour enfant, avec toutes les paroles, des peintures… C’est magnifique.
Comment est l’ambiance sur les premières dates de cette tournée ? Connaissez vous tous les musiciens de tous les groupes ?
A : On connaissait My Sleeping Karma, ce sont vraiment des gens adorables et très professionnels. C’est un vrai plaisir de travailler avec eux. Par contre, c’est la première fois que nous rencontrons Mammoth Mammoth mais ils sont aussi très gentils.
T : Il a seulement fallu quelques heures pour avoir l’impression qu’on se connaissait depuis des années ! Ils aiment boire de la bière et du whisky, c’est donc assez facile de devenir ami avec eux… (rires)
A : C’est vrai qu’ils aiment ça… En tout cas, tout s’est très bien passé jusqu’ici. Hier, nous étions à Londres et c’était super. On espère que ça va continuer.
Me concernant, c’est aussi la première fois que je fais une tournée en bus de nuit, ce qui est absolument génial, parce que l’on peut dormir, ce qui n’est généralement pas le cas en tournée. J’ai l’impression de ne pas avoir dormi pendant 2 ans… Je sens qu’il ne faut pas trop que je m’y habitue mais c’est quelque chose que j’ai envie de faire plus souvent. (rires)
Des projets de jouer ailleurs qu’en Europe ?
T : Oui, on en discute en ce moment. Les États-Unis peut être à la fin de l’année, même si rien n’est encore confirmé. Puis l’année prochaine, peut-être l’Australie. On devait jouer en Russie en mars mais ça a été annulé et reporté à plus tard…
A : On va aussi jouer en Ukraine.
T : On essaie de jouer dans un maximum d’endroits. L’année dernière, nous sommes allés dans des pays où nous n’avions jamais tourné, comme la Serbie ou la Grèce.
Nous sommes prêts à aller n’importe où du moment que des gens veulent nous voir !
A : Oui, on ne dit jamais non ! Ce qui n’est pas forcément le cas de nos copines… (rires)
Publié par Caïn Apex III – Praise For The Burning Soul, le troisième album des français de Mars Red Sky, chroniqué ici même, sort ces jours-ci. Entre tournée européenne et outre-Atlantique, l’année 2016 est une année bien chargée pour le groupe dont on attendait impatiemment le retour depuis le très remarqué « Stranded In Arcadia » sorti en 2014. Grâce à nos talents d’astronome, nous avons réussi à intercepter la météorite en plein vol, et nous en avons profité pour s’entretenir avec son chanteur et guitariste, Julien Pras.
Stranded In Arcadia a été très bien accueilli par la critique. Cela a t il eu un impact sur l’écriture d’Apex III ?
Julien : Inconsciemment peut être, mais on n’y a pas trop réfléchi. On a surtout voulu trouver le temps de se retrouver tous les trois pour développer les idées accumulées au cours des derniers mois. Il y avait des idées germées en tournée, un riff qui sortait par ci par là, des bouts de morceaux composés à la maison que j’amenais aux autres… Je pense que dans le processus de composition, on sentait lorsque l’on avait quelque chose qui sentait la redite, nous ne voulions pas nous répéter et nous voulions avoir la satisfaction d’explorer d’autres territoires, d’aller plus loin dans certaines directions, de s’élargir..
L’intervention de Gabriel Zander sur Stranded in Arcadia était le fruit d’un heureux concours de circonstances. Cette fois, il est à la baguette sur l’ensemble du nouvel opus. Pourquoi ce choix ?
D’abord parce que ça s’était super bien passé avec lui, même si notre collaboration n’avait pas du tout été planifiée. On avait eu la chance de se trouver à un moment où nous étions bloqués sur Rio : nous avions un studio booké aux Etats Unis où nous n’avons pas pu aller à cause de problème d’immigration, on a été refoulés… Il nous avait finalement sauvé la mise et cela a également été une superbe rencontre humaine. Pour ce nouvel album, on a donc décidé de le faire plus posément à la maison, et on lui a donc proposé de venir chez nous, à Bordeaux.
A la manière de Radiohead avec Nigel Godrich, avez vous trouvé un producteur indispensable à la musique du groupe, une sorte de quatrième membre ?
Pas loin… Quelque part, en la personne de Pierre Fillon, qui est notre ingé son et avec qui on perfectionne chacun de nos lives, on a déjà notre quatrième membre… Mais c’est vrai qu’avec Gabriel on a peut être aussi développé ça. Tous les trois (les membres du groupe), on a vraiment une compréhension assez intuitive les uns des autres, et c’est un peu la même chose avec Gabriel. Il capte très bien ce que l’on veut faire, il est à l’écoute et amène des idées sans jamais être hyper-arrêté. Donc oui, il a vraiment un rôle de producteur, en plus du fait d’être aussi un très bon musicien. On verra dans le futur si il reste dans le groupe, en tout cas il y a des chances (rires).
Sur Apex III, ta voix est particulièrement bien produite et éclaire le son du groupe d’un jour nouveau. Avez vous conscience de quitter le cadre dans lequel vous avez commencé ?
Clairement oui. C’est lié à ce que l’on disait avant : cette fois ci, on a pris plus de temps. On l’a fait à Bordeaux sur 15 jours et on a vraiment eu le temps de poser toutes les instrumentations. Toutes les voix lead ont été faites cette fois ci au studio avec Gabriel et Denis Jacob, un américain qui travaille avec Gabriel. Quand le moment est venu d’enregistrer les voix, ça tenait vraiment à cœur à Gabriel d’aller au fond des choses et d’enregistrer toutes les leads ensemble. On a vraiment posé des bases solides de chant. Sur certaines parties, il m’aiguillait en me disant : « là ca serait bien que tu changes un peu cette partie », je lui proposais une autre mélodie, etc… Dès que j’avais un doute sur la prononciation d’un mot, il y avait aussi Denis pour me conseiller. Les leads sont vraiment solides alors que sur Stranded In Arcadia, les chants avaient tous été enregistrés à la maison. Par contre, concernant tous les arrangements, les chœurs, quelques parties chant de Jimmy, ça je les ai faits dans mon petit home studio à la maison.
Vos artworks sont toujours très travaillés et vos concerts utilisent souvent la vidéo, MRS semble accorder autant d’importance à l’image qu’au son. L’écoute d’Apex III est d’ailleurs très cinématographique, et évocatrice d’images. Le cinéma a t il une influence sur MRS ?
Le cinéma comme tout un tas d’autres choses en fait. Ce que tu viens de dire fait écho notamment à des livres que j’ai pu lire dont un qui a accompagné tout l’enregistrement et auquel on fait un clin d’oeil dans le titre « Praise For The Burning Soul », « The Burning Soul » étant un livre de John Connolly. Quand je lisais ce bouquin, ça résonnait avec la musique que nous étions en train d’enregistrer, comme si nous étions en train de faire la bande-son du livre. Sans pouvoir te citer un réalisateur en particulier, c’est toute une somme de films ou d’esthétiques auxquel nous sommes très sensibles. Je suis hyper sensible à la musique et à l’image, je trouve que la musique prend une ampleur grâce à un film, et vice versa. Jimmy a commencé à monter des vidéos à base de vieilles images d’archives pour un concert en particulier, et nous avons finalement continué à développer cette idée, pour faire vivre encore plus les morceaux. Notre ami Geoffrey Tores commence d’ailleurs a concevoir des vidéos propres à chaque morceau, d’ici la tournée en mars.
Vous comptez donc garder ce principe de concert alliant la vidéo…
Oui exactement !
Pour revenir sur vos artworks, ils semblent être l’oeuvre d’une même personne depuis vos débuts, puisqu’on y retrouve le même « coup de pinceau » (motif flamme). Qui se cache derrière ces œuvres ?
Il s’appelle Carlos Pop. À la base, il avait fait l’intérieur de la première édition de notre premier album, avec cette comète utilisant une technique entre le collage et la peinture. C’est une technique qu’il n’a utilisé que pour nous et qu’il a réutilisé par la suite. La pochette du EP qui a suivi montre une comète s’écrasant sur une planète, et symbolise le départ de Benoit et l’arrivé de Mat [ndlr : Benoit est le premier batteur de MRS, Mat le nouveau]. Sur Stranded In Arcadia, on voit ensuite les pas sur la planète sur laquelle s’est échouée la comète et le vaisseau qui décolle. L’artwork d’Apex III représente l’intérieur d’un cockpit, avec trois sièges, mais il y avait un côté un peu trop SF, trop comics, qui dénotait avec le reste.. Du coup, Carlos a donc suggéré de voiler cela pour l’instant avec un carton emballant le disque, et à ceux qui auront le disque d’ouvrir les rideaux, de voir l’intérieur et de se retrouver dans le cockpit. Il y a donc tout un délire autour du voyage, avec cette vue sur l’espace, the light beyond…
Vous prévoyez plusieurs dates aux USA cette année. Comment appréhendez-vous vos prestations outre atlantique ?
On est déjà surpris de voir qu’il y a une certaine attente, à un niveau tout relatif. On a déjà joué là bas en 2012 au South by Southwest, avec ensuite une petite tournée sur la côte ouest avec un groupe de Seattle, les Ancient Warlocks. Ca c’était très bien passé, et de fil en aiguille il y a eu d’autres occasions qui se sont présentées mais jamais concrétisées. Il y a eu aussi cette tournée avortée, bloqués au Brésil à cause d’un douanier faisant un peu de zèle et qui ne voulait pas croire que l’on avait participé au SXSW sans être payé, alors que c’était complètement le cas ! Tout avait été financé par la ville d’Angers, ce qui nous avait permis de faire 6 concerts là bas pendant la semaine… Cette fois ci, avec nos contrats de travail, il n’y aura pas de problème ! En tout cas, on est évidemment impatients de voir l’accueil qui nous sera réservé. Mais visiblement on est assez soutenus là bas, notamment par The Obelisk, qui est très emballé par ce que l’on fait. On a eu aussi pas mal de commandes de disques pour là bas, de bons retours sur facebook… Il y a moyen de faire de belles rencontres et de bonnes dates !
Vous serez notamment à l’affiche du Psycho Las Vegas. Comment avez vous trouvé ce plan ?
Pour moi, c’est encore presque irréel parce que ça s’est confirmé il y a très peu de temps. Pour l’instant, comme on est très focalisés sur la tournée européenne, je vois ça comme un truc presque optionnel alors que c’est pourtant confirmé donc il va falloir s’y faire (rires). Quelque part c’est presque flippant d’aller jouer à Las Vegas, dans le bon sens. Mais Austin s’étant très bien passé, il n’y a pas de raison que ca n’aille pas.
On vous retrouve aussi sur le Up In Smoke 7 auprès de Stoned Jesus et Belzebong. Y’a t il une appréhension particulière à partager une tournée en compagnie de groupes musicalement très éloignés du vôtre ?
Ah oui tu trouves ? Je trouve qu’on des affinités avec ces deux groupes, qu’on a eu l’occasion de croiser à plusieurs reprises et que l’on aime beaucoup. Ils sont tous les deux sur Sound Of Liberation, notre tourneur. Je pense que ça va être très enrichissant de tourner avec eux et de partager avec eux notre quotidien. Mais c’est vrai que musicalement on a peut être plus de similarités avec Stoned Jesus car ils ont un coté plus mélodique avec du chant.
Jimmy est tourneur en dehors de ses activités avec le groupe. Pourquoi faire alors appel à Sound Of Liberation pour MRS ?
Tout simplement pour soulager la masse de travail. Et c’est aussi une super opportunité de travailler avec eux car ils travaillent avec des territoires avec lesquels ils sont en contact, alors que Jimmy se concentre sur la France. Cela nous offre ainsi plus de chances de jouer à l’étranger. Le management du groupe lui demande aussi pas mal de temps, ce serait vraiment trop de travail pour lui.
Peut on espérer voir naître d’autres side projects comme celui très réussi avec Year of no light ?
Éventuellement, nous avions pensé à faire quelque chose avec Glowsun. Sinon, Mat et moi sommes déjà pas mal occupés avec d’autres projets à côté. Me concernant, j’ai un projet solo orienté… folk, psyché, baroque… je ne sais pas comment dire (rires). Là je suis en train d’enregistrer un troisième album. Mat, lui, vient d’enregistrer un album avec James Leg, un musicien américain blues garage super bon. Il joue aussi dans les groupes Daria et Epiq, un trio metal africain.
Donc avec tout ça, on est déjà bien occupé ! J’ai aussi un projet folk avec ma copine…
En tout cas, une nouvelle collaboration n’est pas exclue car celle avec Year Of No Light était une super expérience. Ce sont aussi des copains de longues dates, j’étais à l’école avec Jérôme, le guitariste, c’est un très bon pote à moi.. C’était vraiment chouette de se retrouver dans un local de repet’, ca faisait super longtemps que je n’avais pas joué avec lui, on jouait ensemble au collège et là on s’était retrouvés dans ce contexte. Il avait amené un bout de riff, j’avais amené un bout de riff, on avait mélangé tout ça… Il y a tellement de groupes avec lesquels ce serait chouette de faire ça, je pense notamment à Yeti Lane avec qui nous allons jouer le 4 avril…
Belzebong ?
(rires) Pourquoi pas ! S’ils ont besoin d’un chanteur un jour, je ferais bien quelques lead vocal sur un morceau. S’ils demandent, je serais présent !
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