MONOMYTH (avril 2016)

« Exo » ainsi que ses deux prédécesseurs nous avaient fait un sacré effet et c’était rien à côté de la mornifle que nous nous sommes prise lors de la prestation que les bataves ont délivrée lors de la dernière édition du Desertfest belge. Nous avons donc profité de la venue de Monomyth à notre Berlinale à nous, pour échanger rapidement avec la structure instrumentale placée très haut sur l’affiche afin qu’ils puissent ensuite foncer sur Londres pour enchanter d’autres auditeurs.

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L’an dernier, vous étiez au Desertfest d’Anvers et aujourd’hui à celui de Berlin, vous apparaissez comme le groupe de type seventies du moment. Comment expliquez-vous ceci ?

Peut-être que oui. Nos instruments et le matériel que nous employons est seventies, mais notre musique a une influence beaucoup plus large que juste cette période. Nous adorons la musique du classique au rock.

 

Jusqu’à Tool.

Pas particulièrement Tool, nous savons qu’ils sont cités sur notre Bandcamp, mais nous ne savons pas…nous ne cherchons absolument pas à copier un groupe en particulier. Il s’agit surtout de donner une indication aux personnes qui veulent écouter.

 

Comment expliquez-vous votre succès actuel ?

Nous pensons que c’est en partie car il ne s’agit pas d’un style de musique précis ; ce n’est pas du stoner typique. Il s’agit de quelque chose de différent et je pense que ce qui intéresse les gens c’est la richesse de la chose avec l’ajout de pianos ou d’autres instruments que nous amenons sur scène où nous déployons aussi plusieurs styles à la batterie. C’est assez difficile à expliquer, mais nous travaillons vraiment très dur pour ça. Nous nous produisons en tant que groupe de manière assez commune et chacun de nous a des influences très différentes. Nos références vont des trucs dansants électroniques des années quatre-vingt aux Beach Boys et nous amenons tout ceci dans le groupe. C’est à nos yeux ce qui nous rend complément unique. Il est vraiment difficile de nous rapprocher d’un groupe en particulier si on écoute attentivement notre son.

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Qu’attendez-vous du show de ce soir ?

Nous espérons que les gens vont prendre du plaisir ; nous allons jouer vraiment serré car nous n’avons que 45 minutes. Nous allons donc jouer 3 titres. Ca a été difficile de sélectionner ces morceaux en particulier.

 

Vous n’allez donc pas mettre le dernier album très en avant…

…effectivement nous jouerons d’abords un titre du premier album, en deuxième un du deuxième et terminerons avec un extrait du dernier album. Dans les faits ce sera le premier titre du premier album pour commencer et le dernier du dernier pour finir.

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Le format du concert de ce jour vous contraint donc dans la sélection des titres ; en quoi diffère un show ordinaire de Monomyth de ces prestations en festival ?

Un show régulier de Monomyth est la plupart du temps bien plus long : entre une heure cinquante et deux heures voire même plus. Quand tu peux jouer deux heures tu peux te permettre une approche différente alors qu’avec le format du jour tu dois faire vite pour convaincre rapidement les spectateurs parce que tu as peu de temps. Nous proposons un voyage différent lors de nos concerts usuels durant lequel nous plongeons vraiment dans notre musique.

 

Comment s’est passée la sélection du jour ?

Nous n’avions pas le temps de faire long avec des morceaux très longs donc l’efficience était le mot d’ordre. Nous avons aussi adapté le lightshow car d’habitude nous amenons notre matériel d’éclairage ce qui n’était pas possible avec l’enchaînement des deux Desertfest. Nous étions hier vers chez nous dans un petit club et avons utiliser toutes nos lights car c’est vraiment une partie importante des shows que nous proposons.

 

« Exo » est sorti récemment, pourquoi avoir mis le titre le plus long en premier ?

Tu parles d’ « Uncharted » qui fait 14 minutes. C’est comme un livre dans lequel tu veux expliquer quelque chose sans mot. C’est aussi un peu un puzzle comme construction cette trilogie. Si tu écoutes tous les disques à la suite : tu verras ce que nous voulions faire. Si tu veux faire l’expérience : passe les 3 albums à la suite et lorsqu’ « Exo » est terminé, tu replaces le premier album sur la platine et tu verras ce qui se passe. C’est une continuité [ndlr : nous vous encourageons chaudement à expérimenter la chose] et nous essayons aussi de faire la même chose avec nos setlists. Nous voulons raconter une histoire qui commence calmement et s’achève de manière très dansante. Nous pensons toujours offrir un voyage.

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En parlant de voyage, la trilogie s’achève ici et…

…qu’est-ce qui arrive après ? Nous allons faire des shows très spéciaux aux Pays-Bas en accompagnant un film muet allemand des années vingt. C’est un film étrange et nous jouons dans des salles de ciné et aussi lors d’un festival de cinéma. Nous ne nous sommes pas encore penché sur ce que serait notre prochain album. Comme nous composons pour l’accompagnement de ce fameux film, il y a une petite chance que nous partions en tournée avec ces morceaux.

 

Avec le film projeté derrière vous ?

Bien sûr ! Ca pourrait être vraiment cool de nous voir dans le noir en regardant un film. C’est vraiment quelque chose de nouveau pour nous : certainement une inspiration pour la suite.

 

Êtes-vous vraiment prêts à avoir des gens assis devant vous alors que vous jouez plutôt que d’avoir des excités qui vous font face ?

Nous le sommes : ce sera vraiment excellent ! C’est vraiment quelque chose d’amusant car des gens viennent voir le film et sont étonnés de voir un groupe live en même temps. Ce serait sympa d’emporter ceci en tournée, mais c’est très très cher car il faut avoir le matériel de projections plus les accords du type qui détient les droits de cette œuvre cinématographique.

 

Il y a encore des droits pour un film datant d’il y a presque un siècle ?

Oui car un travail de restauration a été effectué. Ca a aussi été transféré en résolution très haute donc ça représente un gros paquet d’argent. Une compagnie a financé tout ce travail et elle désire être payé pour chaque seconde d’utilisation.

 

Comment expliquez-vous le fait que vous réalisiez un nouvel album chaque année sans aucun remplissage ?

Nous avons beaucoup de temps pour composer ; nous sommes cinq à composer et à avoir un avis. Si quelque chose ne plait pas : c’est dit tout de suite. Ca se fait naturellement et comme personne ne décide seul : tout le monde a son mot à dire et tout le monde amène des idées. Nous enregistrons toutes les idées que nous essayons et retravaillons régulièrement des choses expérimentées pour les améliorer chacun de notre côté.

 

Une dernière question pour la route : quel est l’objectif que vous vous êtres fixés pour le prochain album ?

Ce serait pas mal de sortir un nouvel album et d’avoir de plus en plus de fans qui viennent à nos concerts. Les fans réels sont les seuls à qui tu puisses faire confiance. Faire de la bonne musique et avoir les bonnes personnes autour de nous pour continuer est déjà un bon départ. Nous ne nous sommes pas fixés d’objectif dans ce sens. Nous ignorons où nous nous dirigeons et tentons juste d’être de meilleurs musiciens. Nous n’avons pas de souhait particulier ni de désire de gloire précis, mais entendons que les choses soient authentiques.

MANTAR (avril 2016)

Omniprésent sur les scènes que nous affectionnons tant, le duo de germaniaques était de passage au Desertfest de Berlin. Nous avons profité de cette occasion pour échanger avec Hannon et Erinc, deux musiciens aussi talentueux que sympathiques. Les étoiles montantes de la scène allemande se sont livrées quelques semaines après la sortie de leur magistral second album « Ode To The Flame » qui est bien parti pour faire date dans le monde des amateurs de plans doom et bourrins.

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Vous êtes de nouveau en tournée depuis quelques jours et le serez encore un bout de temps. Comment est-ce que les choses se déroulent jusqu’ici ?

En fait, ce sera jusqu’à la fin de l’année. Nous avons commencé par quelques release shows dans des petits clubs en Allemagne pour tester le nouveau matériel et nous allons participer à quelques festivals d’été dont le dernier sera celui de Las Vegas. Nous ferons des festivals en Europe, au Canada et aux Etats-Unis puis nous resterons là-bas pour une tournée US d’un mois. Ensuite nous aurons quelques semaines de libre par ici puis attaquerons une tournée européenne à la mi-novembre qui devrait se terminer du côté de Noël.

 

Une tournée indoor donc.

Oui, nous l’espérons, mais comme nous avons déjà dû composer avec des situations très particulières, nous ne serions même pas étonnés de faire un show outdoor sous la pluie dans un trou perdu en France ou ailleurs. Nous avons déjà eu un show dans une ferme en hiver en France qui a été le concert le plus froid que nous ayons donné. Nous ne nous souvenons plus du nom du village ; il n’y avait que deux maisons. Il faisait tellement froid à cet événement du type DIY que nous n’avons du vendre qu’un seul CD. Les organisateurs étaient super sympas pour être honnête. Ils nous avaient logé dans un hôtel qui devait servir l’été dans un endroit magnifique, mais il devait faire aussi chand dedans que dehors. C’était durant notre toute première tournée européenne avec Inter Arma à la fin de l’année 2014. Pour en revenir à la question de départ : nous serons donc très occupés jusqu’à la fin de l’année.

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C’est votre deuxième concert au Desertfest de Berlin. Quelles sont vos attentes ?

Wow, nous ne savons pas vraiment ; nous jouons vraiment très tard. En fait, nous jouons toujours tard ici. Nous ignorons pourquoi nous nous trouvons toujours à jouer à de pareilles heures en festival. Nous espérons donc que les gens vont rester et qu’ils vont y prendre du plaisir. Car la dernière fois le public a apprécié notre set. Nous souhaitons que ce soit un blast en tous cas nous avons tout préparé pour que ce soit le cas. Il ne reste plus qu’à espérer que les gens ne soient pas trop bourrés ou trop fatigués.

 

Les gens ne sont pas du genre à boire par ici.

Nous espérons que ce n’est pas le cas car ça fait partie du concept des shows de Mantar que d’être ivre (rires).

 

Vous êtes à un festival estampillé stoner avec des stonerheads, quel est votre public habituel ?

Nous pensons – en fait nous n’avons jamais pensé à ça avant – que c’est des gens qui ont une certaine affectation pour la musique lourde. Tu sais, toutes les genres et sous-genres : stoner fan, black metal fan, rock fan, desert-rock fan, doom fan, sludge fan etc. nous nous en foutons pas mal c’est pour les labels. Nous voulons juste jouer aussi dur, lourd et intense que nous le pouvons et voulons que ça plaise aux gens peu importe comment ils se considèrent. Pourvu qu’ils aiment cette musique.

 

Et comment la décrivez-vous cette musique que vous interprétez ?

Et toi ?

 

Mix de doom, de crust et de black.

(après un échange des plus intéressants au sujet de certains titres de « Ode To The Flame » : « Born Reversed » et « Schwanenstein ») En fait nous ne sommes pas très cultivés en musique. On nous compare à des styles ou des groupes dont nous apprenons l’existence lors d’interview comme celle-ci. Par exemple Celtic Frost dont nous ne possédons pas le moindre disque chez nous. Nous sommes désolés. Comparez-nous à qui vous voulez tant que vous aimez ce que nous faisons. Nous aimons jouer rapidement ou plus lentement, mais toujours dur !

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Vous jouez tard ce soir et étiez prévu très tôt au Hellfest…

… oui ils nous ont déplacé l’après-midi. Nous devions jouer très tôt sur une Mainstage et nous jouerons pour finir dans l’après-midi sur la scène de la Valley ce qui sera nettement mieux au final.

 

« Ode To The Flame » a été sorti sur Nuclear Blast. Comment les choses se sont déroulées avec ce major de la scène metal ?

Pouvons-nous répondre à cette question ? Comme nous avions tout réalisé nous-mêmes durant deux ans et tourné partout dans le monde y compris deux fois aux USA et dans une tapée de festivals, tous les grands labels et les petits aussi avaient entendu parler de Mantar. Nous étions dans une position très agréable l’été dernier avec des propositions de nombreux labels petits ou grands. Premièrement nous voulions décider si nous sortions un nouvel album. Deuxièmement si nous désirions aller encore plus dans l’underground ou aller un step au-dessus. Notre décision, vu le nombre de sollicitations reçues par mail par des gens qui ne pouvaient pas acheter notre album car non distribué ou alors en payant des frais de port de malade, a été de rester nous-mêmes avec une meilleure infrastructure. Le deal avec Nuclear Blast était le meilleur car il nous permettait d’être disponibles partout car nous jouons partout. Le point le plus important était aussi que le deal offert par ce label était le plus fair. Bien plus fair que certaines offres de petits labels. C’est incroyable : nous faisons la musique et ils la mettent à disposition dans les magasins. Ils ont pris la bonne décision car le public apprécie – et les médias aussi – ce nouvel album dont ils n’avaient d’abord reçu que le tracklisting. Nous nous chargeons de la musique tous les deux et c’est comme ça que nous fonctionnons le mieux. C’est cool car nous pouvons toucher de nouvelles personnes. Nous nous fichons pas mal de savoir si les gens qui viennent à nos shows ont des t-shirts de Slipknot, s’ils ont 47 ans ou s’ils ont tout vu de la scène doom underground. Nous nous fichons aussi de savoir si les gens écoutent Mantar et Nightwish.

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J’ai trouvé « Ode To The Flame » plus intense et puissant que « Death By Burning ». Qu’est-ce qui vous amené dans cette direction ?

Nous sommes d’accord avec ça. Nous avons appris et nous sommes concentrés sur ce que nous faisions. Quand nous avons enregistré « Death By Burning », nous étions un groupe depuis trois mois et avons tout enregistré. Cette fois-ci, nous avons débuté l’écriture l’été passé et nous sommes allés dans ce pour quoi nous sommes forts. Comme tu l’as dit : plus puissant, et nous avons skippé toute la merde. Nous savions ce que nous aimions faire et avons mis le focus dessus. Nous aimions les parties violentes ! Nous avons fait un petit peu plus sombre, un petit peu plus black metal et un petit peu plus sinistre aussi. Nous avons appris à jouer mieux par la même occasion. Mais nous n’avions pas pensé ainsi au départ : ça s’est fait de manière organique. Nous avons juste essayé d’écrire de nouveaux morceaux en jammant et pas en disant “tiens : faisons un morceau plus black metal, plus ceci ou plus cela”, car nous ne sommes pas assez bon musiciens pour le faire. Nous ne pouvons pas faire ce genre de plans et nous y tenir ensuite. Nous l’avons fait ainsi : de manière très simple.

 

Et comment ça se déroule quand vous n’êtes que deux et que le guitariste et le batteur ne sont pas d’accord. Êtes-vous toujours sur la même longueur d’onde ?

Non (à l’unanimité) ! C’est plus démocratique en fait. C’est très direct si quelqu’un n’aime pas un plan : nous ne le faisons pas. Quand tu es déjà trois, il se peut que deux soient contre un seul. Avec la méthode fifty-fifty, si un de nous n’est pas OK : nous abandonnons. C’est certainement la manière la plus facile de prendre des décisions. C’est aussi plus simple de convaincre une personne que deux avec des arguments. C’est clairement un avantage.

 

Pour en revenir à votre dernière sortie, vous avez choisi « Cross The Cross » comme première vidéo. Comment s’est opéré ce choix ?

Tout le monde aimait bien cette chanson qui est une manière facile de rentrer dans le monde de Mantar. Nous aimons le rock’n’roll, nous aimons Motörhead, nous aimons les morceaux doom et aussi les morceaux rapides. C’est un bon mix qui fait bien le lien entre le premier et le deuxième album. Il est aussi assez court et contient tous les plans que nous pratiquons. Ce n’est pas notre titre favori, mais certains dépassaient les six minutes donc nous avons choisi celui-ci.

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Vous sortez une choses bizarre demain (sortie le 29 avril – limitée à 50 exemplaires, ne cherchez plus elles ont toutes trouvé acquéreur). Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet ?

Nous aimons les cassettes. Nous les avons toujours aimées depuis gamin. Les vinyles ou les CDs ne nous ont jamais tant emballés. Nous connaissions les gens du label hollandais Breathe Plastic. La première cassette de Mantar y avait déjà été fabriquée et une édition spéciale pour le Roadburn. Nous avons eu cette idée de commercialiser une cassette dans une boîte contenant une pédale de distorsion depuis environ deux ans. Ça a été super cher de réunir tout le matériel électronique (la pédale étant à monter soi-même) et maintenant ça sort. Les gens ont l’air tellement excités par cet objet que nous aurions peut-être dû en fabriquer une centaine, mais les 50 seront pour des collectionneurs.

 

Et combien va se vendre cette petite merveille ?

50 Euros !

 

Seulement ?

Ouais seulement ! Tu dis que nous aurions dû la vendre 180 ? En fait le prix de revient avec tout le matériel est à 40 Euros donc nous ne nous faisons pas de fric avec, mais ce n’est pas l’objectif. L’objectif était de sortir la plus cool des cassettes jamais sorties : c’est la plus cool et la plus géniale ! C’est impressionnant ; au final nous voulions que les gens la possèdent et la production de la chose devait toucher des gens qui diront dans 10 ans qu’ils détiennent la cassette la plus cool de la musique underground ; nous serons fiers de ça !

STONED JESUS (oct. 2015)

C’est à l’occasion de la version statique du Up In Smoke Festival à Bâle que nous avons échangé avec le très sympathique leader de la formation Ukrainienne qui monte. Le volubile Igor revient sur leur début de tournée épique qui les voit se produire sans leur batteur attitré demeuré à l’écart pour des raisons très rock’n’roll. L’homme à l’enthousiasme contagieux nous en dit aussi un peu plus sur cette formation originaire d’une contrée pas très stoner et sur la success story du groupe au nom le plus cool du globe terrestre et de ses environs proches.

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Salut Igor, as-tu besoin que je te présente Desert-Rock.com le webzine francophone ?

Non, je me souviens de votre review qui était très cool.

 

Vous débutez une nouvelle tournée aujourd’hui…

…oui c’est la troisième partie de la tournée pour « The Harvest ». Nous sommes en tournée depuis mars, date à laquelle cette production est sortie, nous allons faire trois festivals sur cette partie : le Up In Smoke aujourd’hui, le Stoned From The Underground et le Desertfest Belgium vendredi prochain à Anvers.

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Cette phase de la tournée se déroule dans la partie centrale de l’Europe ; qu’attendez-vous de celle-ci ?

Nous connaissons ces pays, le public et aussi quelques promoteurs. Nous allons retrouver quelques salles déjà connues comme à Amsterdam et Stuttgart par exemple. C’est vraiment sympa de retourner dans des endroits où nous avons déjà joué ; cela nous permet aussi d’avoir des cachets plus importants, d’avoir un public qui sait à quoi s’attendre et des promoteurs aussi. Nous sommes donc toujours bien accueillis. Nous avons juste un petit problème sur cette tournée : notre batteur s’est fait voler son passeport à Budapest. Les autorités ne nous ont pas beaucoup aidé et nous avons cherché, en Ukraine, un nouveau batteur. Malheureusement un type n’avait pas de visa, le second était trop occupé et le troisième a demandé combien il allait être payé, mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent ; nous ne sommes pas là pour ça ! Nous avons finalement trouvé un batteur de session qui ne nous rejoindra que demain car il avait déjà des engagements. En ayant déjà un bon contact avec les salles, il est plus facile d’effectuer ce tour un peu spécial.

 

Comment allez-vous procéder aujourd’hui vu l’absence de batteur ?

Aujourd’hui, pour le Up In Smoke, nous allons faire un show de quarante-cinq minutes très spécial. La première partie sera consacrée à un medley de «  First Communion » que nous ferons avec un batteur : Flo du groupe No Mute, un groupe de la région (vu l’an passé au même festival). Le dernier titre : « I’m The Mountain » sera joué avec le batteur des Français de Space Fisters, Léo, dont le groupe jouera demain ici. C’était fou car nous avons répété avec un type la nuit dernière et avec l’autre ce matin. C’est vraiment fou et tout ce qui nous arrive sur cette tournée l’est aussi. Nous avons été pénalisés à l’aéroport car nous avions oublié certains documents relatifs au merchandising et nous avons dû payer une amende de six-cent euros. C’est clairement le début de tournée le plus fou que nous ayons eu jusqu’ici.

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Votre dernière tournée s’est terminée il y a à peine quinze jours. Comment était-ce de tourner avec Greenleaf ?

Ce sont des types vraiment sympathiques et simples. Ils sont très ouverts et Arvid m’a carrément tiré sur scène pour que nous chantions une partie en duo lors du premier show. Nous avons fait ceci sur toutes les dates ce qui était super sympathique. Ce n’était au final pas une tournée où deux groupes tournaient ensemble en étant chacun confiné dans sa loge. Nous avons plaisanté et chacun des groupes à assisté à la prestation de l’autre. Ils ont fait de nouveaux titres car ils sortent bientôt leur prochain album. Je fais de la promotion pour eux : il sortira en février prochain sur Napalm Records et ils ont réalisé la vidéo du premier single « A Million Fireflies » qu’ils ont joué sur cette tournée. Je vous préviens : c’est leur meilleur titre, catchy, bien foutu avec une ligne vocale que l’on retient d’entrée, du genre tu l’entends la première fois et la deuxième fois tu la chantes avec le chanteur. La dernière soirée de la tournée a été très agitée pour notre batteur et leur chanteur qui ont fait la fête ensemble et le lendemain il y a eu cette histoire de rechercher le sac disparu qui contenait le passeport. Ce sont des Scandinaves et nous des Ukrainiens : nous avons une relation spéciale avec l’alcool. Je ne suis perso pas trop dans ce trip.

 

Comme tu le disais, vous avez trois festivals sur cette tournée : le Up In Smoke aujourd’hui, le Stoned From The Underground et le Desertfest Belgium avec des sets limités au niveau du temps. Comment avez-vous sélectionné les titres que vous y interpréterez ?

Nous venons de terminer une tournée sur laquelle nous avons mis à l’honneur notre album « First Communion » sorti il y a cinq ans. Nous l’avons fait en entier ou presque. Nous continuons avec quelques coupures opérées dedans et en y ajoutant des titres qui plaisent à notre public comme « I’m The Mountain » ou d’autres. Certains se plaignent de l’absence de certains titres, mais nous ne sommes pas un groupe de karaoké ; ce n’est pas ainsi que nous considérons les choses. Nous ne faisons pas non plus nos plans les plus doom et nous n’allons certainement pas refaire le répertoire de « First Communion » durant les cinq ans à venir quand il aura dix ans nous nous y remettrons. Je demande aux fans d’apprécier cette approche.

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Et toi, en tant que fan, quels sont les groupes que tu veux voir ici ?

J’adorerai voir les Melvins que j’ai vus au Hellfest, mais ils jouent demain. Aujourd’hui le line up est très robuste et il y a beaucoup de groupes que je n’ai jamais vu sur scène. J’aimerais découvrir des groupes, même si je connais les Australiens de Child, par exemple, dont j’ai écouté les productions.

 

Vous êtes originaires d’Ukraine, comment est la scène stoner là-bas ?

Il y a de nombreuses initiatives underground actuellement. Tout a commencé il y a environ cinq ans où nous avions notre batteur impliqué dans deux formations qui n’étaient pas toutes dans le style doom. Notre batteur faisait du brutal death metal et c’était très compliqué alors. Actuellement les choses éclosent et il y a des groupes que j’aime beaucoup comme 5R6 qui pratiquent un style entre Alice In Chains et Tool ; ce sont des types très cools et de très bons musiciens. Il y a aussi Somali Yacht Club qui sera au Desertfest Berlin de l’année prochaine. Nous sommes très fiers d’eux et les considérons comme nos petits frères ; nous les aimons beaucoup et j’espère que nous allons collaborer à l’avenir. Il y a une foule d’autres groupes comme dans beaucoup de pays avec quatre-vingt pourcent d’entre eux qui ne sont pas si bons que ça et se contentent d’être des repompeurs, mais vingt pourcent méritent le détour. Nous avons l’équipe du label Robustfellow qui sont responsables de tout ce style. Ils proposent la compilation « Electric Funeral Cafe » en téléchargement gratuit qui permet de se faire une idée de notre scène. Nous sommes sur Moon Records qui sont un peu une major en Ukraine et où nous sommes parmi une multitude d’autres formations d’horizons multiples ; c’est un peu une consécration pour l’underground stoner.

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Comment expliques-tu le succès de « The Harvest » ?

Je suis certain que le succès de cet album est la conséquence du succès de nos albums précédents. Nous jouons des titres plus récents sur scène, mais les gens sont restés sur nos albums précédents ; celui-ci ne parle pas vraiment à tous nos fans. En tous cas pas autant que ceux d’avant car nous avons opéré des changement en ce qui concerne le son et notre manière de jouer, d’écrire et de tout. Les gens n’étaient pas prêts à ceci je crois. Je pense que le travail a été bien fait et suis content des collaborations avec notre manager et les gens en charge du son. Nous pouvons désormais nous produire dans des festivals de grande envergure en Ukraine. Nous sommes à la télé, nous avons des vidéos qui passent à la télé et participons à des talkshows. C’est marrant ce côté “ce sont des stars, ils jouent en Europe”. Nous sommes maintenant coincés sur certains festivals entre des groupes que nous écoutions gamins. Ils sont désormais vieux et écoutent ce que nous faisons ; c’est amusant quand un type que tu voyais à la télévision il y a une quinzaine d’années vient te dire qu’il aime ce que tu fais.

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Tu parles de collaborations, comment s’est passée celle qui vous voit travailler avec la structure française Purple Sage pour votre promotion ?

Ça se passe monstre bien avec elle. Elle connaît très bien son boulot, sait ce qu’il faut faire ou ne pas faire. J’ai eu un peu d’intérêt pour le marketing et Claire fait un très bon boulot. Elle propose des choses et nous en discutons pour faire au mieux pour propager notre musique. J’aime travailler avec elle et espère pouvoir continuer à le faire.

Une question stupide à propos du nom de ton groupe : vous avez le nom le plus cool de la planète. Comment l’avez-vous trouvé ?

C’est la question à laquelle j’aime répondre de manière amusante car je suis vraiment fatigué d’y répondre. Mais ce n’est pas un problème, je vais te dire quand-même comment les choses se sont passées. Cela a commencé en 2008 ou 2009, j’avais des morceaux et n’avais pas vraiment réfléchi au nom du groupe. Je les ai fait écouter à des types autour de moi qui les ont trouvés vraiment cools et ils m’ont demandé comment j’avais appelé le groupe, ce à quoi j’ai répondu que jamais je n’y avais pensé. Alors, comme je voulais uploader les démos, j’étais devant mon ordinateur et me suis dit : « Stoned Jesus From Out Of Space ». Le premier nom était Stoned Jesus From Out Of Space. Des copains m’ont dit que si je voulais être pris au sérieux, je devais virer « From Out Of Space » parce que c’était trop du genre « Stoner Kebab » [remarque de moi-même : un groupe italien intéressant porte réellement ce nom !]. J’aime bien les commentaires sur Youtube qui disent : « Je suis venu pour le nom et resté pour la musique ». Les gens pensent que nous sommes peut-être des gens stupides avec un nom comme ça puis viennent vers notre son qui n’est pas à l’image de ce nom.

 

Aucune relation avec la religion ? Même avec des titres comme « Black Church » sur votre dernier opus ?

Non, rien du tout à voir avec la religion et les titres de nos morceaux citant des liens religieux sont des métaphores. Celui que tu as cité est une métaphore pour la sortie de quelque chose qui peut être la drogue, la vie de couple voire même la musique ou la religion ; c’est un abri que tu dois quitter comme les réfugiés le font. Je n’ai jamais approché la religion comme des groupes du genre Ghost qui la ressassent en continu. Je leur laisse faire ceci et me concentre sur autre chose.

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Une dernière question : la dernière partie de la tournée sera terminée à la fin du mois d’octobre…

Nous terminons au Desertfest Belgium et avec notre batteur qui ne peut pas quitter l’Ukraine, nous allons faire des shows chez nous principalement dès novembre. La chose la plus excitante c’est qu’en novembre et décembre nous allons bosser sur du nouveau matériel et, pour être honnête, la plupart des titres de « The Harvest » ont été écrits il y a quatre ans voire trois pour les plus récents. Bien sûr que nous avons bossé dessus, mais ce n’était pas du nouveau matériel. Nous avons un nouveau batteur et désirons expérimenter des choses nouvelles. Je suis le principal contributeur à l’écriture et j’ai déjà plein d’idées et de choses prêtes pour aller de l’avant avec les autres sans qui je ne peux pas avancer. Nous écrirons, répéterons et probablement que l’an prochain nous enregistrons un EP. J’espère qu’en 2017 nous sortirons notre prochain album.

 

Merci !

Merci à toi !

 

 

DOPETHRONE (avril 2015)

C’est après leur prestation au Desertfest de Berlin, qui demeurera l’une de nos préférées de l’édition 2015, que nous avons tapé la causette avec le trio nord-américain. Boosté par une imagerie sombre, agressive et tourmentée, ces Canadiens s’avèrent être des garçons aussi sympathiques que talentueux. Ne nous leurrons pas, Dopethrone mieux que personne est une valeur sûre qui incarne le renouveau de la scène stoner internationale et pas uniquement francophone. Nous remercions Vince, Vyk et Carl pour leur génie, leur énergie ainsi que leur amabilité.

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Salut Dopethrone, comment se passe cette tournée européenne ?

Nous avons fait Lyon et Strasbourg avec Eyehategod et hier nous étions au Desertfest de Londres. C’est notre quatrième date aujourd’hui en fait. Ici c’est gros, avec une grande scène : c’est étrange au niveau du feeling. Il s’agit de notre plus gros show avec le Roadburn.

 

Quel effet cela vous a fait de vous retrouver sur une grande scène aujourd’hui ?

Comme une petite érection (rires). Nous préférons les petites scènes un peu plus intimes car nous sommes un peu punk et ces grosses scènes avec une barrière et le drumriser nous font un peu bizarre.

 

Vous étiez néanmoins bien groupés en avant sur la scène…

…c’est exactement ce que nous désirions. Nous aimons bien l’ambiance petit bar même si nous avons bien aimé ce concert et aussi l’organisation de ce festival.

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Vous n’avez, en plus, bientôt plus de t-shirts pour le merch…

…il a fallu repaquer. C’est important pour nous car ,comme nous le disons, et comme nous l’avons tatoué pour certains d’entre nous, D.I.Y. Fais-le toi-même : nous faisons tout nous-même y compris le merch. Si vous désirez nous revoir l’année prochaine il faut acheter du merch car il nous faut de l’argent pour tourner.

 

Quand vous parlez de tout réaliser, vous faites aussi le design ?

Nous dirigeons à la manière d’un directeur artistique en engageant un gars et en lui indiquant ce que nous voulons à peu près et après il y va. Nous sommes le cœur et l’âme de l’artwork, mais nous utilisons d’autres gens pour transformer notre vision sur papier après.

 

Musicalement vous avez aussi cette démarche D.I.Y. en enregistrant vous-même ?

Ce sont des amis qui s’en chargent. C’est comme ça que ça a commencé avec le batteur du début et ça a continué ensuite avec Dark Foil et III quand Carl est arrivé . C’est un peu une famille. Nous avons finalement dû changer pour des raisons de fiabilité et travailler avec JB, un Français établi à Montréal, pour Hochelaga qui sonne pour nous extrêmement bien. Nous avons d’ailleurs envie de continuer avec lui pour le prochain album.

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Votre nouvel album Hochelaga n’était pas tout à fait sorti au début de la tournée, était-ce handicapant pour vous ?

Nous avions le LP au tout début de la tournée, mais le CD n’était pas sorti à temps et nous avions la version virtuelle disponible : ça vend beaucoup et c’est parfait. Il est à $6.66 sur Bandcamp, nous nous demandons bien pourquoi (rires).

 

Pour quelqu’un qui ne vous connaitrait pas, comment décrieriez-vous cette nouvelle production ?

Nous sommes des punks qui jouons du blues. Tu mélanges ça avec une voix black metal, de l’occulte et du heavy après ; imagine un mammouth qui se noie dans du goudron mélangé avec du blues…

 

On vous dit assez proche du sludge, vous sentez-vous proche de cette scène ?

Nous essayons de trouver notre propre son. Comme pour une bonne recette, nous tentons de l’améliorer en ne la changeant pas trop. C’est un peu comme pour les riffs de Muddy Waters : quand tu écoutes un album tu sais que c’est Muddy Waters, mais toute une équipe participe à la construction du son et pas une seule personne. Nous n’essayons pas de réinventer la roue ; nous essayons d’être nous-mêmes et de jouer la musique qui nous plaît ; celle qui nous fait nous sentir bien.

 

Votre son est assez proche d’un certain son issu de la scène de La Nouvelle-Orléans – vous avez par ailleurs joué avec Eyehategod commevous le disiez –  est-ce que vous vous sentez proche de cette scène en raison de la colonisation de cette ville par des Canadiens ?

Cette ville a un petit côté francophone c’est certain. Vince y est resté un bout de temps après Katrina en 2008 quelques années après l’ouragan afin de jouer de la musique ; dans le ghetto là où les armes à feu étaient très présentes. Certaines maisons étaient à moitié démolies et les enfants de quartiers jouaient dedans ce qui était assez dangereux. Il a donc travaillé là-bas avec des prisonniers et des personnes qui acceptaient de très faibles rémunérations.

Arrière-plan

Quelles sont les évolutions majeures que vous percevez entre Hochelaga et III ?

En nous fiant aux reviews, il semble que III était la continuation de Dark Foil, mais que Hochelaga c’était Dopethrone. Les fans nous ont trouvé : c’est ce que nous sommes. JB nous a aidé à trouver notre son à nous. Nous avons composé en jammant durant des barbecues, nous improvisons et jouons plutôt que nous échanger des riffs à distance. Vyk se chargeait de tout enregistrer avec son téléphone afin que nous n’oubliions pas ensuite ce que nous avions joué la veille. Nous ne sommes pas du tout technologiques et nous pensons avoir perdu de nombreux titres en n’enregistrant pas nos jams vu que nous le faisons surtout en fin de semaine en faisant la fête. Nous sommes très productifs en travaillant ainsi en acoustique. Nous avons un mode d’écriture instinctif ; nous le faisons au feeling uniquement et n’arrivons pas à nous poser dans un local pour nous focaliser sur le processus d’écriture. Ce processus est naturel comme dans le blues : si ça la fait c’est OK et sinon tant pis. Les riffs les plus aboutis sont ceux qui ont été composés quand ça allait mal et quand nous étions déconnectés. Impossible pour nous de composer après une séance de fitness et un petit jogging ; c’est pas la « Balade des gens heureux ».

 

Vous n’avez pas l’air malheureux pour autant !

Après dix-huit heures de route et quelques bières : ça va bien !

 

Vous vous déclarez pas technologiques, mais quand on voit le nombreux public qui est venu assister à votre prestation, on pense aussi que votre présence sur les réseaux sociaux n’y est pas étrangère.

Nous sommes arrivés après que Myspace se soit crashé et que Facebook débarque en force avec l’appui de Youtube. Ca nous a permis de toucher du monde et par exemple, ce soir un fan est venu d’Israël pour nous voir. Il nous a d’ailleurs dit qu’une scène stoner y existait. Ce type est venu d’Israël que pour nous et même si cinq-cents personnes ont assisté au concert, juste cette personne-là nous rend heureux. Il y a aussi un de nos fans qui s’est fait tatouer notre logo et qui bouge à chaque fois que nous jouons à trois heures de route de chez lui. Il nous voit cinq ou six fois par tournée et ça nous fait aussi nous rendre heureux.

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Vous avez réalisé un visuel très agressif pour cet album et le clip de « Scum Fuck Blues » hyper violent…

C’est des amis à nous qui l’ont réalisé. Ils avaient fait un film en utilisant un de nos titres et on les a contactés pour qu’ils fassent ce clip. Ils travaillent sur VHS avec beaucoup de grain ce qui matche bien avec notre style.

 

… je pense que ça a contribué au fait que les gens viennent vous voir…

Oui, nous avions donné comme guideline : 1970, 1980, abus de substances, bikers, meurtres et drogues. C’est tout… et ça a marché !

 

Pourquoi avoir baptisé cette nouvelle production du nom de là où vous vivez ?

« Hochelaga » : c’est parce que c’est là que l’album est né tout simplement. C’est comme une ville dans une autre ville ; dans Montréal. Hochelaga est un quarter très québécois dans Montréal ; il s’est beaucoup appauvri quoique ça s’est amélioré un peu ces dernières années. Au début, il y avait des putes aux coins des rues, des bastons, des meurtres et des feus partout, mais là, ça diminue. Ce qui est positif avec ça c’est que nous ne pouvons pas nous faire arrêter car il y a toujours quelqu’un de pire que nous. Toujours quelqu’un de plus thrash. Nous faisons des feux et nous jammons, mais personne n’appelle la police. Les gens nous reconnaissent et nous respectent parce que nous n’avons rien à voir avec la vente de crack et les bandes de junkies. Nous sommes respectés au niveau communautaire car nous partageons.

 

Comment expliquez-vous l’omniprésence de la France autour de vous : label et tourneur en premier lieu ?

Parce que les Français sont partout, tabernacle (rires) ! Ca s’est développé naturellement ainsi. Quand nous avons joué au Roadburn, Walter nous avait mis dans la même loge que les groupes français. Nous avons donc rencontré Huata, Nico [de Dead Pig Entertainment], etc. Le plan est parti comme ça. Nous avons plus tard rencontré JB : c’est des coïncidences, mais ce style ne marche pas très bien à part au Sud des USA et un peu sur la Côte-Est, alors qu’en Europe, et en France en particulier, nous avons nettement plus de fans. Pour jouer aux Etats-Unis : c’est très très très compliqué. Nous jouons presque gratuitement en raison des visas et autres formalités ce qui contraint les groupes à jouer soit de manière illégale – sans pouvoir vendre de merch par exemple – soit de ne pas gagner d’argent.

 

Et qu’en est-il au sujet de Montréal ?

La scène commence à se développer. Il n’y a pas de scène stoner au Canada, même si d’autres que nous sont déjà venus en Europe, comme Show Of Bedlam. Il ne s’agit pas d’une grosse scène ; rien à voir avec l’Europe. Alors que le grind et d’autres styles extrêmes sont bien établis.

 

Pour finir, comme vous avez sorti quatre albums en sept ans : où en êtes-vous du processus d’écriture du prochain ?

Nous en sommes à zéro ! Nous avons des vies en dehors de Dopethrone car nous ne vivons pas du tout de notre musique donc il faut aussi que la vie continue. Nous nous concentrons pour l’heure sur la sortie de cet album et sur la tournée actuelle. Nous nous concentrerons après sur la suite d’autant plus que Carl, notre batteur, a déménagé et on se retrouve tous à cinq minutes les uns des autres, ce qui nous permettra de composer plus rapidement le cinquième album qui va déchirer des culs !

 

ORANGE GOBLIN (Avril 2015)

On avait taillé le bout de gras avec Ben Ward il y a quelques semaines à l’occasion de la sortie de l’excellent Back From The Abyss, mais nos anglais préférés ont trouvé moyen à nouveau de nous surprendre avec une paire de concerts “anniversaire” à l’occasion des deux Desertfest. Forcément, on a voulu leur en parler, cette fois avec Martyn Millard et Chris Turner, qui se sont révélés des interlocuteurs non seulement sympathiques mais affables et drôles ! Du coup, on les a pris à leur propre jeu et on a voulu célébrer leur anniversaire à travers une interview autour de leur discographie… L’occasion de glaner des infos inédites et même souvent surprenantes. Pas de langue de bois, vous verrez !

 

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Vous avez atteint l’âge canonique de vingt ans cette année, joyeux anniversaire ! Vous jouez deux shows très spéciaux à cette occasion, aujourd’hui à Berlin, et demain à Londres. Vous y jouez notamment l’intégrale de votre album The Big Black. D’où vous est venue cette idée ?

Martyn Millard (basse) : Je pense qu’on voulait faire quelque chose de différent. C’était un peu trop évident et facile de proposer de rejouer notre premier album, même si ça aurait été logique étant donné que c’est notre vingtième anniversaire… Mais notre album le plus populaire est The Big Black, c’est celui que nos fans préfèrent, en général.

Chris Turner (batterie) : On nous a proposé plusieurs choses pour célébrer cet anniversaire, et c’est cette idée que nous avons voulu concrétiser. Tu sais il y a certains titres de l’album que nous n’avons jamais joué sur scène jusqu’à aujourd’hui…

Martyn : Une chose est sûre, il y en a au moins un : l’instrumental “You’ll Never Get to the Moon in That”. Après on n’est pas complètement sûr pour certaines autres… “298 Kg”, nous l’avons jouée deux ou trois fois… D’ailleurs à chaque fois on l’a ratée… On risque de la rater ce soir aussi, mais on s’en fout, on s’y est préparés (rires).

 

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Vous ne jouez pas la reprise de Black Sabbath, “Into The Void”, qui figure sur certaines éditions de l’album ?

Martyn : Non, non, on joue l’album, mais pas ses bonus tracks !

Chris : Le truc avec les albums c’est que quand les labels veulent les ressortir pour des éditions spéciales, ils veulent des titres complémentaires. Or on est quand même assez feignants, et quand on enregistre un album on écrit juste assez de titres pour l’album, rien de plus. Tu as certains groupes qui composent une cinquantaine de titres et qui n’en retiennent que dix à la fin…

Martyn : Alors que nous si on arrive à en pondre neuf ou dix pour l’album on s’estime chanceux (rires). Mais concernant la reprise de Sabbath, j’y ai pensé pas plus tard qu’hier figure-toi, mais je suis arrivé au constat qu’il y avait encore des chansons à nous, que nous avons composées nous-mêmes, que nous n’avons pas encore joué live…

Chris : Exactement : c’est une célébration des vingt ans d’Orange Goblin, et nous avons tant de chansons maintenant, ce n’est pas dans une telle occasion que nous allons jouer des chansons d’autres groupes… Même si j’adore cette reprise !

 

Il paraît que vous allez être sept musiciens sur scène pour ces concerts, dites-nous en plus.

Martyn : Nous serons sept demain à Londres. Ce soir à Berlin nous serons cinq. Il faut se rappeler que nous étions cinq pour enregistrer The Big Black.

Chris : Aussi extraordinaire que soit Joe [Hoare] à la guitare, il ne peut pas retranscrire tout ce qui a été enregistré sur cet album avec une seule guitare.

Martyn : Sur nos derniers albums, tout est composé pour quatre musiciens, c’est impeccable, mais dès lors que nous jouons certains de nos titres issus des albums plus anciens, où nous avions deux guitaristes, on perd forcément un peu de l’impact de ces morceaux. En live on l’entend, on les a ré-arrangés pour la plupart, mais ce n’est pas pareil. Donc pour retranscrire à la perfection The Big Black il nous fallait une cinquième personne, et nous n’avons pas hésité longtemps en demandant à Neil [Kingsbury – ndlr] notre guitar tech, de nous accompagner sur ces concerts, il a déjà joué avec nous plusieurs fois [ndlr : lors d’une blessure de Joe Hoare notamment]. Pour le concert de Londres, nous aurons aussi du lap steel, de l’harmonica, des claviers, des chœurs… Mais ce sont des musiciens qui habitent Londres, qu’il est trop compliqué de faire venir ici juste pour une date.

 

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On va maintenant faire une séance “retour vers le futur”, et on va passer en revue avec vous l’ensemble de votre discographie depuis vingt ans si vous le voulez bien… On va donc commencer par Frequencies From Planet Ten, votre premier album, sorti en 1997. Quelle est votre chanson préférée dans cet album ?

Martyn : Wow, pas évident… Je dirais sans doute “Saruman’s Wish”, que l’on jouera aussi ce soir, mais… C’était il y a si longtemps…

Chris : On pourrait aussi citer “Magic Carpet”.

Martyn : Putain oui, c’est un bon morceau, tellement basique et efficace. Mais je les aime tous vraiment. On peut entendre sur ce disque des morceaux déjà un peu anciens, car la plupart des titres existaient depuis plus d’un an et demi avant la sortie du disque : le disque a été sorti très tard après l’enregistrement, car nous avons dû changer le nom du groupe [ndlr : le groupe  s’appelait à ses débuts “Our Haunted Kingdom”], ça a été une chose compliquée avec le label à l’époque, tu imagines… Dans l’intervalle on avait déjà pas mal tourné, on était vraiment en train de façonner notre identité musicale, donc il y avait un décalage. Tu sais, cet album c’est aussi un peu comme nos premières démos : sache qu’il n’y a jamais eu de démo avec Orange Goblin, tout est sur l’album, le reste était sous notre ancien groupe.

 

Votre premier album s’est retrouvé direct sorti sur le label qui commençait à avoir le vent en poupe, Rise Above, une référence pour l’époque… Coup de chance ?

Martyn : On a été un peu chanceux, c’est vrai, mais il faut aussi se rappeler qu’à l’époque, les seuls groupes dans le genre étaient Cathedral, Electric Wizard, Acrimony… les mecs de Rise Above ont écouté notre musique et ont dit “ouais ouais, ça peut rentrer dans notre catalogue”, on avait en quelque sorte quelques influences Trouble en plus, on était quand même différents… Mais dans les années qui ont suivi, il y a eu des tonnes de groupes dans des genres assez proches. Donc oui, quand on a “émergé”, on a eu du bol, on était là au bon moment.

 

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Comment voyez-vous votre second album, Time Traveling Blues, avec ces années de recul ?

Martyn : Au moment où il est sorti, on avait déjà beaucoup changé dans notre façon de composer.

Chris : J’ai commencé à contribuer activement à l’écriture à ce moment-là.

Martyn : Absolument, et ça nous a apporté pas mal d’influences complémentaires, des choses venant du punk, du hardcore… Ca ne saute pas aux oreilles immédiatement, mais il y a des trucs qu’on n’avait jamais essayés avant, des signatures typiques…

 

Et on voit aussi disparaître le recours aux claviers sur cet album…

Chris : On a eu quelques claviers sur le premier album, mais le claviériste, Duncan Gibbs, ne faisait quand même pas partie du groupe.

Martyn : Il a joué sur deux ou trois chansons du premier album, et une seule chanson sur Time Traveling Blues, “Shine” bien sûr. Mais par contre on n’a pas recruté un nul, il était excellent : Deep Purple le voulait quand ils ont viré John Lord ! Je te parle du début des années 80…

 

bigblack

 

On en arrive à The Big Black, dont on a déjà un peu parlé. Qu’est-ce qui a contribué selon vous à en faire un album si spécial, quel était votre état d’esprit à l’époque ?

Martyn : On était juste bourrés et défoncés (rires).

Chris : On vivait tous ensemble à l’époque, on se retrouvait ensemble tous les jours. On avait tous des jobs merdiques à ce moment-là…

Martyn : Jobs merdiques, drogues merdiques… (rires)

Chris : On passait tout notre temps libre ensemble, on n’avait pas de fric, il n’y avait que l’alcool et les joints…

Martyn : On a fait venir Billy Anderson pour enregistrer l’album… et putain, il était pire que nous (rires). Il y a beaucoup de tout ça sur cet album.

Chris : Deux semaines avant l’enregistrement, on n’avait aucune musique. On nous a filé une salle derrière un pub pendant une semaine…

Martyn : Ouais, paumée sur la côte Sud de l’Angleterre, on an composé tout l’album là-bas et Billy l’a enregistré. Je peux te dire qu’il y a beaucoup de passages alcoolisés sur cet album, Billy enregistrait tout, 24 heures sur 24, on le ramenait déchiré dans sa piaule avec les enregistrements tous les soirs, on se demandait ce qu’il en sortirait…

 

Pourquoi l’aviez-vous choisi pour produire ce disque ?

Martyn : Il avait fait Eyehategod et Sleep…

Chris : Voilà, Sleep, putain, Sleep …

Martyn : On avait aussi enregistré trois morceaux avec lui précédemment, et le feeling était excellent. Il avait fait aussi Neurosis, tu vois, inutile d’en dire plus. Au final  on a plutôt des souvenirs du temps passé ivres morts dans ce studio à enregistrer tout et n’importe quoi… De bons souvenirs !

 

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L’album suivant a été Coup de Grâce. Sa spécificité est qu’il est produit par Scott Reeder, l’ancien bassiste de Kyuss, et que vous y avez invité John Garcia et Tom Davies [ex Nebula]. Un souhait d’affirmer une soudaine influence sud-californienne ?

Martyn : Non, pas forcément. Une opportunité, plutôt. Avec The Big Black on a fait quelques dates avec Unida en Angleterre, et Scott était bassiste au sein du groupe à l’époque. Il commençait à enregistrer quelques groupes. Et donc on s’est dit pourquoi pas bosser ensemble ? C’était cool, même si je me rappelle qu’il avait eu des problèmes avec la table de mixage… A un moment il a dit “on devrait inviter John Garcia pour jouer sur ce disque”, et il s’est débrouillé et a réservé l’avion pour faire venir John : il a atterri, on a été le chercher à l’aéroport, il a été dormir au studio, s’est levé le lendemain, a enregistré deux chansons et est reparti le lendemain. Putain, avec le recul je me dis “mais où on a pu trouver le fric pour faire ce genre de plans ??” (rires). On se foutait vraiment de ces questions de fric à l’époque.

 

Comment voyez-vous l’album aujourd’hui ?

Martyn : La presse n’a pas été tendre à sa sortie, ils critiquaient la production, pas mal de choses… Mais c’était notre volonté. On voulait faire quelque chose de différent, et il est différent.

Chris : Tu sais, avec The Big Black, on a eu tellement d’excellentes chroniques, tout se passait super bien… Mais le label, Music For Nations, a fait faillite. Et d’un seul coup on se retrouvait avec rien.

Martyn : Notre état d’esprit avait beaucoup changé, dans cette situation, on était devenu très cynique vis-à-vis du “music business”, on a écrit des chansons plus énervées, et on se moquait complètement de faire partie d’une quelconque “scène”, et donc de faire ce que l’on attendait de nous. Inconsciemment, il est même possible que l’on ait tout fait pour s’en détacher.

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Votre album suivant, Thieving From The House of God, a marqué le départ de Pete O’Malley, votre second guitariste, et votre souhait de continuer à quatre désormais.

Martyn : Absolument. Pete est parti après Coup de Grâce : on est parti en tournée en Europe, puis aux USA, et ça l’a achevé. Quand on est rentré, on a fait deux concerts de charité en l’honneur de Johnny Morrow, le chanteur de Iron Monkey qui était décédé peu de temps plus tôt, et il est parti juste après.

Chris : Il nous a dit qu’à ce stade il avait fait tout ce qu’il avait toujours voulu faire dans un groupe : il a fait plein de concerts, sorti plusieurs disques. Il avait fait le tour…

Martyn : Je me rappelle qu’on avait un festival prévu en Angleterre, le Bulldog Bash [ndlr : a priori c’était en 2004], et il nous a dit qu’il s’était cassé l’orteil ou quelque chose comme ça, qu’il ne pouvait pas jouer. Je ne pense pas qu’il mentait, mais le fait est que nous avons dû jouer à quatre ce jour-là, et on a eu de si bons retours de ce concert, un super feeling ! Je pense qu’à partir de là on a été rassurés pour la suite.

 

L’album a donc été écrit pour une seule guitare ?

Martyn : Oui, absolument, on savait à partir de ce moment-là que ça marcherait comme ça. Et l’air de rien ça nous a bénéficié à nous trois, en tant que musiciens, d’avoir plus de place dans le spectre instrumental en quelque sorte… en particulier moi-même : jusque là mes lignes de basse étaient essentiellement calées sur ce que jouais Pete, et ça m’a libéré musicalement.

 

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Vous avez ensuite enregistré Healing Through Fire pour le label Sanctuary, qui avait le vent en poupe à l’époque…

Chris : Yep !

 

…Or le label a fait faillite juste après !

Chris : Yep ! C’est toute l’histoire de notre carrière résumée là (rires).

 

Que s’est-il passé ?

Chris : Tout se passait bien les premiers mois. Et puis Sancturay a été racheté par Universal, et évidemment Universal n’a gardé que les groupes qu’il aimait, on s’est donc retrouvés sur le carreau, comme des centaines d’autres groupes.

 

Comment l’avez-vous vécu ?

Martyn : Pfff, que veux-tu faire, quand ça t’arrive ?

Chris : On est devenus assez cyniques, tu sais…

Martyn : C’est sûr, après vingt ans de carrière, c’est normal. Sur le moment, ça te fait franchement chier. T’essayes de retrouver ta motivation en jouant un concert après l’autre, mais c’est sûr que ce n’est plus pareil… Ce n’est pas la seule raison, mais ça explique aussi un peu qu’il y ait eu cinq ans entre cet album et le suivant. A ce moment-là on se posait des questions sur notre avenir, on a envisagé de se séparer. On était toujours actifs sur cette période, on jouait un concert par mois minimum, ici ou là en Europe… Juste assez pour nous maintenir à flot et juste assez motivés pour continuer jusqu’au concert suivant. Par contre on n’a rien composé du tout pendant ces années. En plus Chris a déménagé un peu loin de chez nous… Et on ne répétait pas non plus, on n’en avait pas besoin : jouer ces concerts c’était nos répétitions. Cette période a duré quatre ans environ. On a signé avec Candlelight Records à un moment donné durant cette période, mais ça a bien duré deux ans et quelques avant que l’on n’envisage de sortir quoi que ce soit pour eux. On s’y est collé laborieusement ensuite, on s’est isolés, mais ça n’a pas été très efficace : on a fait une chanson seulement, je crois que c’était “Red Tide Rising”…

Chris : On n’avançait pas, on a même repoussé la sortie de l’album.

 

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Où avez-vous trouvé la motivation pour faire Eulogy For The Damned ?

Martyn : On est repartis en tournée aux USA pour deux semaines et demie, et ça s’est super bien passé : une super tournée, des salles remplies, un excellent public. Et ça nous a vraiment boosté ! Après ça on s’est retrouvés de plus en plus souvent pour répéter, une fois par semaine, puis deux fois par semaine, et on a vraiment senti une bonne dynamique propice pour enregistrer l’album.

Chris : Je pense que ce qui rend Eulogy… si spécial est ce contexte, le fait que ça soit venu de nous et que personne n’attendait quoi que ce soit de notre part. Aucune pression. Le processus entier reposait uniquement sur nos épaules, et ça a rendu les choses très faciles, presque confortables. Fondamentalement, c’était l’album que nous ne pensions jamais enregistrer un jour. Dans ce sens, ça nous a surpris nous-mêmes d’aboutir à ce résultat.

Martyn : Ouais, je trouve que ce qui en est sorti est excellent, je pense que c’est mon album préféré…

 

Tu le préfères même à votre dernier album ?

Martyn : Et bien, c’est dur à dire, il faut attendre l’épreuve des années pour se prononcer vraiment… C’est difficile : si tu m’avais demandé l’an dernier, je t’aurais dit que le nouveau était mon préféré, mais là avec un peu de recul, je me dis que celui-ci est très solide aussi…

 

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Après Eulogy For The Damned, vous avez sorti un album live, Eulogy For The Fans. Pourquoi cette initiative ?

Chris : C’était le festival de Bloodstock c’est ça ? [ndlr – en 2012]

Martyn : Ouais… En fait on ne savait pas vraiment qu’on en ferait quelque chose. Un mec est venu nous voir en nous demandant s’il pouvait enregistrer le concert, on a dit oui, bien sûr. Or le résultat s’est avéré excellent…

Chris : On a eu l’opportunité de partir en tournée aux USA, et on s’est dit que ce serait une bonne idée d’avoir un disque à promouvoir à cette occasion.

Martyn : On ne voulait pas faire de tournée avec rien de neuf sous le bras pour le justifier.

 

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On a déjà parlé il y a quelques semaines en long et en large de Back From The Abyss, on ne va pas en remettre une couche… Par contre, dites-nous quand même à quoi nous attendre de la part d’Orange Goblin dans les prochains mois ?

Martyn : On n’a pas de grosse activité prévue d’ici la fin de l’année, même si on a quelques dates prévues, notamment en festival, assez excitantes. Mais pas d’enregistrement a priori… Enfin, il ne faut jamais dire jamais avec nous ! Je reformule donc : je serais surpris qu’on enregistre quelque chose cette année (rires).

 

Après la saison des festivals, vous vous mettez au chômage technique côté scène ?

Martyn : Disons juste qu’il y a des discussions… On a des propositions pour aller jouer une semaine par ci, une semaine par là… Je ne peux pas t’en dire plus, mais je peux quand même dire qu’il y aura quelques concerts d’ici la fin de l’année.

 

Vous allez enregistrer les concerts d’aujourd’hui et de Londres ? Si oui, la perspective d’un nouvel album live, un peu exceptionnel, est-elle envisagée ?

Chris : Les concerts seront enregistrés, mais je ne pense pas que nous les sortirons… Mais en tant que bonus tracks sur une future sortie ou autre, pourquoi pas ? Nous avons plein d’autres bandes live de bonne qualité que nous pouvons aussi utiliser si nous le souhaitons… Donc qui sait ?

 

Laurent & Chris

UFOMAMMUT (avril 2015)

A la veille de leur tournée ricaine et en pleine tournée européenne avec Conan, nous avons profité de leur étape berlinoise – au Desertfest – pour dialoguer un peu avec le collectif transalpin. Auteurs du sublime « Ecate » (chroniqué ici), ces Italiens lettrés s’avèrent être des garçons charmants investis à fond dans leurs projets artistiques à l’écart des modes depuis plus de quinze piges !

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Vous êtes actuellement en tournée avec Conan. Comment se déroulent les choses jusqu’ici ?

Pour le moment tout est en ordre ; ce sont des types sympas. Nous avons fait cinq dates jusqu’ici : une en Suisse, Paris et deux en Allemagne dont quatre avec Conan. Nous effectuons notre sixième date ici au Desertfest de Berlin ce soir. Tout va bien !

Est-ce qu’un projet du type split album est prévu avec ce groupe ?

Non, nous ne pensons. Nous avons un nouvel album qui est à peine sorti et c’est une chance de tourner avec ce groupe mais, à l’heure actuelle, nous n’avons absolument rien planifié de ce genre.

Vous allez tourner aux USA pour la première fois en 15 ans de carrière, pourquoi le faire maintenant ?

Pourquoi le faire avant (rires) ? Nous avions déjà tenté par le passé, mais les choses ne se sont pas faites en raison des promoteurs, des problèmes avec les différentes taxes, etc… Les choses ne sont pas concrétisées il y a deux ans alors que nous étions supposés tourner aux Etats-Unis ; elles se sont mieux arrangées sur ce coup-ci et ça devrait mieux se passer. C’est une expérience compliquée car au début nous avions notre propre matériel et de jouer sur son propre équipement posait des soucis logistiques.

Et comment vous sentez-vous à l’approche de cette tournée ? Fiers ?

Non pas réellement fiers, nous sommes surtout excités par cette nouvelle expérience. Il s’agit de quelque chose que nous n’avons jamais expérimenté par le passé. Nous pensons que ça pourra se rapprocher des sensations connues lorsque nous avions fait notre première tournée. Nous ne sommes plus si jeunes, mais terriblement excités. Nous tournerons avec un groupe américain, Usnea, et il sont vraiment sympathiques.

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Vous avez sorti « XV », votre box set il y a peu, quelle était votre intention ?

C’est un DVD qui relate les quinze premières années de notre existence ou quelque chose du genre. Nous avions oublié certains événements, certains documents et c’était un bonne occasion de mettre ensemble ces vieux souvenirs de tournée, de sessions enregistrement, etc… C’est un document réellement intéressant et c’est aussi l’occasion de constater à quel point nous avons vieilli (rires).

Votre dernier album « Ecate » vient juste de sortir. Son titre est tiré du nom d’une princesse grecque, pourquoi avoir choisi ce concept ?

Nous avons d’abords pensé à la musique et, une fois qu’elle était là, nous sommes partis du son pour avoir une ligne directrice au niveau des parties vocales. L’atmosphère de cet album est étrange, nous avons utilisé beaucoup de sons du style chœurs assez funèbres, ça tirait vers la mort, mais la mort n’était pas ce que nous cherchions. La mort est quelque chose de négatif et nous désirions quelque chose de positif. Nous avions déjà expérimenté ce thème avec « Eve » qui était composé de deux longs titres. Nous nous sommes tournés vers ce thème de Ecate qui était cette déesse capable de voyager entre les vivants, les morts et les Dieux ainsi que dans le temps ; c’était le concept parfait pour nous, pour représenter notre travail. C’était ce que nous cherchions comme concept.

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N’y avait-il pas une déesse équivalente dans la mythologie romaine plus proche de vous ?

Elle apparaît dans presque toutes les religions, dans l’occulte et la sorcellerie. Il s’agit d’une déesse unique qui est encore présente aujourd’hui. Elle a voyagé dans le temps ; il y a toujours des comtes actuels qui parlent d’elle. Nous voulons toujours penser à la réalité quand nous pensons à ces Dieux ou ces figures comme Ecate, Lucifer ou l’antéchrist, mais pas dans un sens religieux. Nous ne sommes pas des fanatiques et nous foutons pas mal de la religion.

Et pourtant vous portez des pentagrammes sur certains de vos vêtements ?

Ce n’est pas de la religion : c’est un gag ! Les gens ont peur des symboles, nous nous en foutons et c’est sympa de jouer avec ça. Nous pouvons arborer un tel signe et aussi des croix chrétiennes. Nous nous en foutons et si Dieu n’existe pas, Satan n’existe pas non plus. C’est juste l’histoire de l’humanité : quand nous ne connaissons pas quelque chose nous cherchons à trouver une raison à cette chose. Nous ne savons pas ce qui se passera après notre mort. Les religieux sont là pour expliquer des choses qui sont difficiles à expliquer. Il y a le pire dans les religions, mais aussi des choses merveilleuses. Dieu vient de nous-mêmes et nous sommes finalement des Dieux car nous sommes aussi originaires de notre intérieur et pas uniquement de choses externes. Après tu peux finir dans la scientologie, c’est juste une question d’interprétation.

 

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« Oro » était un album spécial avec deux titres…

… en fait c’est un seul morceau séparé en deux parties. Comme nous avons toujours déclaré que nous détestions les doubles albums, mais que le morceau commençait à devenir trop long, nous l’avons séparé en deux parties de manière à ce qu’il puisse être écouté d’abord avec la première partie puis dans un second temps la deuxième partie.

Le nouvel album est beaucoup plus classique dans son rendu final…

Oui il y a six titres au final qui sont tous assemblés finalement car nous n’aimons pas faire des pauses dans les albums. Il s’agit de six titres : des titres pop (rires). C’est effectivement notre album le plus classique, mais aussi le plus difficile pour les lignes de batterie ainsi que les vocaux.

Quelle était l’idée derrière ce projet de six titres plus habituel ?

Il n’y avait pas vraiment une idée précise de faire six titres. Nous avons fait ces titres, en fait sept au total et deux morceaux ne figurent pas sur le disque [ndlr : pour les nuls en maths, on vous laisse cinq minutes de plus pour rendre votre copie et nous dire combien il reste d’inédits…]. Nous avons choisi ensuite quels étaient ceux qui étaient ok pour être sur le disque et les avons mis ensembles pour faire l’album.

Le processus d’enregistrement a été pour le moins inhabituel, comment se sont déroulées les choses ?

L’enregistrement a été comme nous l’avons décidé depuis quelques années dans un lieu proche de notre local de répétition. Pour l’enregistrement, nous nous sommes placés à l’intérieur d’un grand hall ; nous avions cet espace à disposition et la batterie sonnait vraiment bien dans cet endroit naturel. Notre ingénieur du son a déplacé les micros à différents endroits pour obtenir ce son et expérimenter plusieurs possibilités sur les balcons c’était sympa, mais c’était aussi difficile. Nous avons réalisé ces prises en quelques jours. Nous pensions que le placement des micros serait rapide, mais il s’est avéré bien plus difficile que prévu.

Étiez-vous éloignés les uns des autres durant les prises ?

Nous étions tous ensemble pour nous entendre et avons passé un super moment. C’était relax et il y a un bar pas loin de cet endroit où nous avons toujours plaisir à aller.

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Le nouvel album est de nouveau sur Neurot Recordings, pourquoi avez-vous choisi cette structure ?

Ils nous ont choisi et ça nous allait bien. Depuis le début nous faisons beaucoup par nous-mêmes. Nous étions intéressé de collaborer avec eux et c’était la structure qui nous laisserait toute la liberté que nous désirions. Comme nous réalisions tout par nous-mêmes pendant longtemps nous n’avions pas l’expérience d’avoir un label qui fonctionne autrement que comme une famille. Nous ne sommes pas un groupe passif et nous faisons confiance à un label qui est tenu par des musiciens comme nous, qui fait le focus sur la musique et pas sur l’argent. Nous avons une vision commune des choses.

Je pense pouvoir affirmer que vous êtes le groupe italien le plus connu dans le circuit stoner…

D’abord nous ne comprenons pas ce fait et ensuite nous nous considérons comme faisant partie de la scène metal. Nous ne somme pas vraiment un groupe de stoner, quand nous pensons stoner, nous pensons Kyuss et nous en sommes éloignés. Si nous parlons d’un genre heavy et psychédélique : il y a d’autres formations très valables.

Vous êtes en tous cas ceux qui tournez le plus à l’extérieur de l’Italie quand bien même de nombreuses formations viennent jouer en Italie.

Beaucoup de groupes italiens tournent beaucoup comme Zoo par exemple.

Pour terminer, vous êtes en tournée en Europe actuellement et enchaînez avec les États-Unis, quelle est la priorité de Malleus ?

Toujours faire la même chose : faire des posters, nous sommes vraiment chanceux parce que tout ce que nous faisons est en lien avec la musique. Nous prenons notre travail avec nous. Tourner peut être préjudiciable pour Malleus donc nous devons bien travailler à l’avance pour être en ordre aussi de ce côté là. C’est aussi simple que ça. : il y a du temps pour Malleus et du temps pour le groupe.

 

 

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