MONKEY3 – Part II : Welcome To The Machine (2024)

La formation de Lausanne sort Welcome To The Machine plus de 3 ans après l’incroyable Sphere, notre album de l’année en 2019. Deuxième concept album de la discographie des Suisses, la production 2024 se focalise sur la dualité homme-machines et s’inscrit comme un expérience musicale concise ainsi qu’homogène.

Nous avons choisi de publier en deux volets la longue interview que Boris, guitariste de la formation, a accepté de nous accorder : le premier volet consacré à un regard sur le passé (Lien vers l’interview), et le second, celui-ci, axé sur l’actualité du groupe.

Nous remercions encore Boris de s’être plié au jeu ainsi que de son humanité et de sa générosité !

 

 

Sur le même label, mais avec un nouveau bassiste (le troisième si je sais compter), vous sortez Welcome To The Machine qui est cohérent avec votre discographie et suit très logiquement Sphere, en encore plus bref. Comment avez-vous abordé sa composition ?

Je suis d’accord pour la cohérence.

Il y a eu le Covid, j’ai été arrêté quelques temps parce que je me suis pété le poignet, et il y a eu pas mal de petits contretemps. Ce changement de bassiste, avec Jalil qui est entré à la place de Kevin, nous a incité à aller faire des concerts dès que ça a été possible, pour mieux l’intégrer de manière live. On a pas mal tardé à composer.

On a commencé comme on fait toujours, sans trop se poser de questions, en amenant ensemble des idées, des riffs et des sons, puis en jammant, en avançant. Assez rapidement, on s’est rendu compte qu’il y avait ces idées plus électro qui arrivaient, avec 2 ou 3 petits loops de batterie électronique. On s’est dit « tiens c’est intéressant » et Guillaume [ndlr : dB, claviers] a beaucoup bossé sur ces trucs là, ce qui a amené une variation sur le thème avec une sonorité et une texture différentes.

Petit à petit, au fur et à mesure de l’avancée de l’écriture, comme souvent quand on est ensemble, on parle de politique ou de sujets sociaux (nous avons beaucoup ce genre de discussions entre nous) et on a commencé à aborder différents thèmes, notamment du monde actuel qu’on perçoit.

Alors, il s’agit d’une observation de notre part, un monde de plus en plus contrôlé notamment avec le digital. Je ne suis pas en train de vous faire le Terminator de service, simplement les QR-code, le e-banking, le paiement sans contact, qui ne sont que digitaux, le monde virtuel, les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle… Il y a beaucoup de choses qui se passent… C’est aussi une allégorie de comment les multinationales, et éventuellement la classe dirigeante, s’occupent un peu de nous. Est-ce qu’on est vraiment libre dans tout ça ? La machine c’est pas uniquement la machine, ça va un peu plus loin, d’où la référence à Pink Floyd aussi et au film « 1984 » et d’autres.

Le concept est venu au fur et à mesure que les compos arrivaient, pas comme sur Astra Symmetry.

 

 

Le kit promo cite des influences cinématographiques du rayon science-fiction et « Rackman », le premier single, a un rendu biomécanique très cohérent avec ce que vous déployez depuis vos débuts, excepté Astra Symmetry. Musicalement, quels sont les artistes qui ont influencé cet album à part Pink Floyd ? Ecoutez-vous des groupes encore en activité ?

Oui, par la force des choses déjà, quand on est en tournée, avec tous les groupes avec qui on partage l’affiche. Certains sont des vieux groupes, mais d’autres pas. Il y a aussi des groupes plus jeunes et fatalement on les écoute. Et il y en a des sacrément bons ; ceux qui disent que c’était mieux avant, ce n’est pas vrai ! Peut-être que le mainstream oui, mais le milieu musical est ultra florissant et il y a des groupes incroyablement bons et super inventifs et ça, il ne faut pas l’oublier !

Concernant les groupes récents, récemment dans une autre interview on me demandait quel était pour moi l’album de 2023. En 2023, j’ai été pas mal occupé avec notre album à nous et beaucoup de concerts, donc j’ai écouté moins de musique. Mais à la fin de l’année Mars Red Sky a sorti un super album. C’est un très bon groupe, qui a une singularité et c’est des mecs super cools.

Là, j’ai vu que tout le monde a l’air de tripper à mort sur le groupe français Slift qui vient de sortir un album début 2024. Je n’ai pas encore entendu l’album, mais j’ai entendu un morceau et c’est vachement bien, mais je ne peux pas juger l’album sur un seul morceau, et je n’ai jamais vu en live.

Après oui, je peux te citer les sempiternels Hendrix, Floyd, Sabbath, Led Zep… bien évidemment qu’on est fan des ces groupes, tout le monde le sait ! Et puis, c’est les pionniers du rock, enfin les seconds parce qu’on va mettre Chuck Berry en premier, d’abord !

J’avoue que maintenant dans mes écoutes, j’ai aussi tendance à m’éloigner du rock, j’ai besoin de trouver des inspirations un peu différentes, des trucs qui me sortent de ma zone de confort. Je te dis ça et en même temps, en venant ici, j’ai écouté Superunknown de Soundgarden qui n’est pas leur meilleur album selon moi ; Badmotorfinger est, pour moi, leur meilleur album. Quand il est sorti, j’ai pris une claque absolue…

 

Vous aviez clairement la place de caser un morceau supplémentaire sur cette production d’environ 45 minutes. Qu’est-ce qui vous a amené à ce format ne contenant que 5 titres ?

Au fur et à mesure de l’avancée de la compo, on a vu se dessiner le concept de l’album, cette idée de dualité homme-machine, que l’on a voulu faire passer à travers la musique, étant donné qu’on n’a pas de texte. Il y a des passages complètement électro (des choses qu’on n’avait jamais faites avant), qui se font bouffer à un moment donné par l’analogique, et parfois c’est le contraire. L’un détruit l’autre et inversement et, des fois, ils marchent ensemble. Ça ouvre une porte de réflexion par rapport à tout ça, mais à un moment donné dans nos compos on s’est dit « tiens là on a comme une histoire ; comment va-t-on réussir à mettre en place l’album pour que cette histoire soit racontée de la manière la plus cohérente possible, comme si c’était un seul et grand morceau ? »

Plutôt que réfléchir à la durée, on a donc réfléchi à cet objectif, en fonction du matériel qu’on avait à disposition. On trouvait que ça marchait bien comme ça et que, tout simplement, ça fonctionnait moins bien autrement.

On a testé des choses, on avait potentiellement un morceau supplémentaire, un long, dans la veine du dernier morceau de Sphere, à la « Ellipsis » ou « Je Et Bikkje » si on parle de 39 Laps, un morceau comme ça, très 35007 comme influence…

 

Welcome To The Machine est super cohérent. Son écoute intégrale est sensée. Vous avez défloré en anticipation deux titres : « Rackman » et « Collision ». Pourquoi ces deux titres qui ne sont pas formatés pour une écoute rapide ou en bruit de fond ? Est-ce que ça ne revient pas à proposer le 3ème et le 7ème chapitre d’une histoire qui en comporte 10 ?

C’est une bonne question et je ne sais pas trop quoi répondre.

Il y a un label derrière, et ce label, il paie, il travaille, il connaît le business, il connaît le marché et il prend aussi des décisions. Nous avons la chance de pouvoir facilement dialoguer avec Napalm Records, qui est un label qui a beaucoup de considération pour nous. On est un petit groupe chez eux, nous ne sommes ni Accept ni Alter Bridge, mais ils nous considèrent, ce qui nous fait très plaisir, et ils nous concertent… et ils ont aussi la connaissance. Je te donne un exemple tout bête : à un moment donné, il faut sortir de la vidéo pour promouvoir les préventes. Les préventes c’est ce qui te fait rentrer dans les charts, et si tu rentres dans les charts, tu as plus de pub. On parle là de business pur, qui peut contrebalancer avec une certaine vision de l’underground, mais à un moment-donné c’est comme ça. On pourrait ne pas accepter ce business-là, mais à 50 ans, est-ce qu’on a la force du do it yourself à 100% ? On fait déjà nous-mêmes nos vidéos live ou nos décors par exemple : c’est beaucoup de choses home-made, mais là, sincèrement , on est encore un peu en mode old school, on a besoin d’un label donc on les écoute. C’est une collaboration, d’autant plus qu’ils mettent quand-même du pognon à eux dedans.

A partir de là, il y a quelque chose qui est très simple : quand tu sors un morceau, notamment ce que tu considères être un single parce que tu vas sortir une vidéo et ça va apparaître sur les sites de streaming ou sur Apple Music (où tu peux acheter soit un disque complet, soit des singles), sa durée maximum pour être considéré comme un single c’est 9 minutes 59 secondes. Nos deux seuls morceaux qui sont au-dessous de 10 minutes sont ces deux-là. Voilà, tu as ta réponse.

Donc, en fait, à la base, nous aurions aimé que le premier morceau qui sorte comme présentation du nouvel album soit un autre : celui qu’on a déjà joué en live pendant la tournée de cet automne, « Kali Yuga », le troisième morceau de l’album. On voulait celui-ci parce qu’on l’a joué en live et que cette tournée était un peu une tournée de préparation pour la sortie de l’album.

C’était quand on a fait soi-disant une tournée avec Toundra, mais que Toundra n’était pas là !

 

Mais vous l’avez faite quand même…

Bien sûr, pourquoi on ne l’aurait pas faite ? La difficulté c’était que c’était dans un contexte de co-headline, et il y avait des enjeux financiers. Quand tu es en co-headline, le promoteur vend des billets pour un événement précis. Si cet événement change, il ne peut plus continuer à vendre des billets donc il doit changer le type de produit qu’il vend finalement, ce qui consiste à rembourser des billets et relancer une billetterie.

Toundra nous a planté 2 semaines avant le début de la tournée et le premier réflexe du promoteur aurait pu être de rembourser les billets et de ne plus en parler, ce qui est logique car il ne peut pas savoir ce qui va se passer. Sound Of Liberation avait travaillé dur et n’avait pas envie que ça s’annule ; nous en avons discuté et nous, nous étions aussi favorables à aller sur la route. Du coup ce n’était plus du co-headline, mais du pur headline de Monkey3. Certains promoteurs ont décidé d’annuler, mais heureusement une très petite minorité. D’autres ont maintenu, mais ils ont dû taffer sérieusement en remboursant des billets, rouvrant une billetterie et en se demandant comment ça allait se passer quand ils étaient proches du sold-out. Au final, la majorité des promoteurs ont suivi, Sound Of Liberation a suivi, on a joué et tout s’est super bien passé, la tournée a été fantastique : plein de dates étaient sold out, comme Le Ferrailleur par exemple, et celles qui ne l’étaient pas étaient toutes bien pleines, comme le Z7, qui n’était certes pas complet (le Z7 c’est tout de même 1500 personnes), mais il y avait quand-même du monde et on a fait une putain de soirée. Je ne sais pas pourquoi mais ils nous adorent le Z7, le staff et tout, ils savent qu’on a un public important… C’était notre première fois en headline là-bas, c’était cool, c’était une super soirée.

Et donc pour revenir à ta question du départ, on y a joué ce nouveau morceau, « Kali Yuga », qu’on voulait que Napalm sorte en premier, mais ils nous ont dit que ce n’était pas qu’ils ne voulaient pas, mais qu’il était trop long. C’est à cette occasion nous avons appris que la durée était une limite. Ainsi, ils ont sorti « Ragman » et « Collision » qui nous vont aussi. Si ça n’avait tenu qu’à nous, nous aurions fait un peu autrement. Il y a donc des raisons de business qui s’entendent volontiers et surtout qui ont un sens.

Avec le morceau « Ignition », vous revenez dans un concept avec des phases rapides…

On voulait que le début de ce disque tabasse, enfin on voulait une intro un peu spéciale puis après : le démarrage de la fusée. C’est le cube qui est sur la pochette qui est propulsé dans l’espace et qui va se paumer après. Voilà : boum, ça tabasse d’entrée !

On a cherché un effet sur toute cette première partie qui suit l’intro électro-spatiale avec des bruits d’astronautes de la NASA, que tu prennes un coup de fouet rythmique et « texturel », et que tu sois pris à la gorge, que ça ne te lâche pas et que, quand ça s’arrête finalement, tu n’aies pas trop compris ce qui s’était passé. D’ailleurs, si tu écoutes, il y a beaucoup de choses en peu de temps ; tout est très condensé alors que d’habitude, on prend le temps de développer. Sur ce coup c’est tout « boum, boum, boum », tout serré, compacté, et c’est l’effet qu’on voulait. Ça contraste avec ce qui suit dans le morceau, avec un changement rythmique d’ailleurs, où tout devient super planant et lent, très floydien si on veut. C’était donc l’idée recherchée, que tu “prennes des G”, comme au décollage.

 

En écoutant le premier titre de votre premier album, « Last Gamuzao », puis le dernier de votre dernier, « Collapse », je trouve de nombreux points communs et par conséquent la cohérence artistique est frappante. Comment expliques-tu cette stabilité dans un monde qui a tellement évolué ?

On a quand même évolué je pense… Peut-être que je me suis un peu amélioré avec les années, quand même, enfin j’espère (rires). Et puis, il y a une prise de conscience, et tout ce que nous avons absorbé comme musique en écoutant autre chose.

En revanche, on a quand-même une marque de fabrique, ce truc intrinsèque à chaque groupe qui fait que quand on te demande comment tu le fais, tu ne le sais pas, car c’est inhérent au groupe-même. Le groupe, à part pour le poste de bassiste, est le même depuis le début, donc amène à une stabilité musicale. Après, on a un peu notre touche, notre marque de fabrique.

Mais quand tu écoutes un morceau comme « Collision » par exemple, notre marque de fabrique n’y est plus du tout : nous cassons nos codes en cherchant du côté du trip hop et des trucs comme ça. Il y a cette volonté de temps en temps d’aller chercher autre chose, mais c’est une sorte de sphère avec des variations ; c’est comme un steak de bœuf avec une autre sauce, et des rösti à la place des frites (sourire).

C’est d’autant plus marquant d’un album à l’autre. On a pris le même studio d’enregistrement que celui de Sphere, le même matériel, le même ingé-son, la même équipe à part le bassiste… Il y a donc une affiliation qui est assez logique pour ces deux albums qui se suivent. Dans la pochette aussi il y a des similarités qui sont volontaires : c’est une continuité.

 

Maintenant que tous les titres sont en boîte il va falloir choisir ceux que vous allez performer en live. Le format du disque vous permettrait de décliner l’album dans sa totalité, même en festival. Comment s’effectue la sélection de morceaux pour les shows à venir, avec « Through The Desert » et « Icarus » pour lesquels tu dis ne pas avoir le choix ?

On a toujours le choix et on est en train de bosser dessus. Là où nous commençons à nous poser des questions, c’est que ce nouvel album est vraiment extrêmement cohérent de A à Z, et les morceaux ont plus de sens les uns dans les autres. Ces morceaux, joués dans cet ordre-là, ça a beaucoup plus d’impact que d’extraire certains morceaux. On se pose donc la question de jouer l’album en entier et dans l’ordre sur des dates de headline où tu joues 1 heure et demi, voire deux heures ; c’est tout à fait réalisable. Le mec qui connait vraiment bien le groupe trouvera ça cool comme expérience.

Maintenant, sur des slots de fest, est-ce que ce n’est pas se tirer une balle dans le pied ? Parce que les gens veulent entendre « Icarus »… Dans les fest, il y a toutes sortes de gens, et prendre des gens qui ne sont pas forcément familiers avec ta musique sans un morceau comme « Icarus » c’est un peu comme se poser la question de jouer ou pas avec Maradona dans ton équipe – toutes proportions gardées bien sûr.

A la limite est-ce que « Through The Desert » est important dans le set, est-ce que « Jack » est important dans le set ? On voit très bien que les gens réagissent bien à ce morceau, mais pourquoi ne pas faire autrement ? Sur « Prism » de Sphere on voit aussi qu’il y a de bonnes réactions… Donc difficile de dire si, sur un slot de fest, il ne faudrait pas faire une compile et choisir un seul morceau de Welcome To The Machine, étant donné que « Through The Desert » et « Icarus » c’est 25 minutes, donc il resterait 20 minutes dispo. Une variante serait de prendre « Collision », « Prism » et les deux autres, pour avoir un titre des quatre derniers albums…

Après, à l’époque de la sortie d’Astra Symmetry, on a fait des concerts en ne jouant que cet album, notamment en fest à un Up In Smoke, où tu étais présent. Au final c’était pas le truc le plus concluant non plus, donc on ne sait pas… Mais on a la sensation que cet album est beaucoup plus fort, et pourquoi ne pas aller le défendre comme ça ? Je ne sais pas, c’est du work in progress !

 

 

Pour finir avec une question bateau, en tant que mélomane quels sont les groupes que tu te réjouis de voir aux Deserfest de Berlin et de Londres où vous vous produirez ?

Avant de dire quels groupes nous allons aller voir, il faut préciser que nous serons en tournée à ce moment-là et qu’il faut vous préparer à nous voir sur l’année. Ça commencera fin avril avec des dates en France et ensuite tournée complète avec les festivals d’été, puis une tournée cet automne pour l’Europe.

Je n’ai pas encore regardé ce qu’il y avait sur les deux affiches, et par ailleurs on n’est pas forcément toujours dans le mood « je vais voir des concerts » quand on est en festival, car nous avons aussi des choses à faire, des interviews… Nous aimons avant tout aller à notre stand merchandising, causer avec les gens, être présents pour nos fans car nous existons grâce à eux.

Après à Londres, Suicidal Tendencies c’est obligé, mais il faudra voir quelle période ils jouent car pour moi ça s’arrêterait presque à Join The Army, comme j’ai toujours préféré le trip punk-hardcore au metal ; même si quand Stormtroopers Of Death a sorti Speak English Or Die en 1985, c’est le hardcore qui se métallise, et cet album est bestial ! J’ai toujours la version originale signée par Danny Lilker.

 

 

 


 

 

MONKEY3 – Part I : Carrière (2024)

A l’occasion de la sortie du successeur de Sphere, qui nous avait troué le cul en 2019, nous avons pris le temps d’échanger avec Boris, père fondateur du mythique groupe suisse (avec Waler et dB), au sujet de la discographie de Monkey3 depuis leur premier riff. Figure emblématique de notre scène, le guitariste de la formation de Lausanne revient aussi sur l’histoire de cette scène qu’il côtoie, comme nous, depuis ses premiers balbutiements dans l’underground, jusqu’à sa notoriété actuelle.

Nous avons pris le parti de scinder en deux parties une interview dont la seconde partie, sortant dans la foulée, met le focus sur l’actualité du groupe et sur Welcome To The Machine, leur nouvel album.

 

Salut Boris, mille mercis de nous accorder cette interview. Avec Monkey3, vous avez entamé votre carrière discographique en 2003 avec l’album éponyme Monkey3 en mode auto-production. Sur ce premier album outre l’extraordinaire « Electric Mistress » qui contient déjà la signature du groupe, encore présente aujourd’hui, vous rendiez hommage aux pionniers  35007. 21 ans plus tard, comment endossez-vous le costume de pionnier de la scène stoner européenne ?

Alors, nous ne nous voyons pas du tout comme pionniers de la scène ! Déjà, même si on a tout de suite été affiliés à cette scène, pour nous nous ne sommes pas vraiment un groupe de stoner. Pour nous, les groupes de Stoner c’était Kyuss, Monster Magnet, Fu Manchu, ces groupes qui venaient des Etats-Unis, c’est eux les pionniers mondiaux. Après, en Europe, il y avait dans le côté vraiment stoner : Dozer ou Lowrider entre autres pour les Suédois ; en Allemagne, moins stoner néanmoins, il y avait Colour Haze, qui sont pour moi les pionniers en Europe ; et puis pour le côté un peu plus space-rock-prog, il y avait Hypnos 69 en Belgique, nos grand copains qui sont un super groupe, et aux Pays-Bas 35007 qui est le groupe qui nous a convaincu d’y aller en instru, alors qu’à la base, on voulait plutôt être un groupe vocal. 35007 a commencé comme groupe avec un chanteur, et quand ils ont sorti Liquid, 100% instru, on a pris une vraie tarte et c’était, pour nous, la direction à prendre ; eux sont les vrais pionniers.

Après, effectivement, il y a eu les “demi-pionniers”, comme My Sleeping Karma ou nous qui sommes arrivés juste après. Les groupes dont nous parlions avant ont 25-30 ans, et  nous c’est 20-25 ans. J’ai oublié Ufomammut, qui était là un peu avant nous avec le côté doom, mais aussi un peu space.

 

Et ils sont tous encore actifs sauf 35007

Sauf 35007 malheureusement, même s’ils ont une sorte de vague réincarnation avec Monomyth dont le batteur Sander Evers était dans 35007. On a été en contact, on se connaît un petit peu et j’aimerais tellement pouvoir les voir rejouer une fois… C’est un groupe qu’ on a adoré !

 

Votre deuxième album 39 Laps sort chez Buzzville Records en 2006. Ce disque vous a propulsé sur le devant de la scène avec des morceaux encore plus longs dont certains, comme « Jack », sont encore joués sur scène. Pourquoi cet album a-t-il tant marqué votre public selon toi ?

Oui clairement c’est le disque qui nous a propulsé. Pour revenir au premier album, on l’a sorti par nous-mêmes en auto-production puis Buzzville l’a signé et l’a ressorti, avec une pochette alternative (le même gène mais d’une autre couleur), et suite à ça nous avons sorti un album pour Buzzvillle qui est 39 Laps.

Le premier était un mélange de différentes compos écrites sans forcément chercher à faire un disque, comme un mélange de différentes démos, alors que 39 Laps est le premier disque que nous avons pensé en tant que tel. Il y a donc une homogénéité beaucoup plus présente que sur le premier, au niveau du son et stylistique. Il y a aussi une intention d’être beaucoup plus homogène. Il est sorti un peu après, en 2006, après avoir fait du live et s’être un peu installé en tant que groupe.

Bien que beaucoup de gens voient la scène actuelle doom, psyché, stoner, prog… comme florissante, avec des tonnes de groupes super cools, si on revient à la première moitié des années 2000, c’était pas pareil. La scène était vraiment à ses débuts. C’est marrant, je mets en parallèle cette scène avec la scène plutôt punk, punk-hardcore, du début des eighties ; c’est pas du tout la même musique, mais il y a cette même manière de faire.

 

 

Il y a aussi pas mal de musiciens qui font partie des deux scènes.

Je suis, moi-même, un grand fan de punk-hardcore, même si c’est assez surprenant. J’ai d’ailleurs fait une interview dans laquelle on m’a demandé quel disque j’amènerais sur une île déserte et j’ai répondu un disque de Rollins, tu vois !

Bon, quoi qu’il en soit c’était très Do It Yourself à l’époque, ultra underground, et c’est chouette que cette scène ait grandit énormément. Je pense qu’un groupe comme Colour Haze a énormément contribué à la faire grandir et que le travail fait par Sound Of Liberation, en Europe, aussi, parce qu’il y a eu beaucoup de choses faites avant même les premiers Desertfest ou les Up In Smoke. Ils ont fait un travail pour la scène qui est gigantesque et je pense qu’il faut leur rendre aussi hommage car ils ont travaillé durement. Après aussi tous les webzines qui ont bossé, dont le vôtre. Avant ça il y avait le webzine américain StonerRock.com (sur lequel tu pouvais choisir le nom entre Desert Rock, Stoner Rock ou Riff Rock…). Ce webzine nous a permis d’exister au début parce qu’il avait aussi une distribution : All That’s Heavy par laquelle nous avons commencé. Très vite l’Europe a suivi avec Desert-Rock.com et d’autres qui ont développé pas mal de trucs. C’est beaucoup de gens dans l’ombre qui on permis que ça se développe.

Le succès de 39 Laps est quand-même tout relatif : on parle d’une scène ultra underground à l’époque. Ce qui me surprend toujours, lorsque nous sommes en festival par exemple, est que nous croisons plein d’autres groupes plus ou moins de cette scène, parce que maintenant les choses se sont beaucoup élargies, et qui ont beaucoup plus de succès que nous, plus gros et plus importants aujourd’hui avec un gros suivi de public, souvent nous parlent de cet album comme d’un truc qui a démarré quelque chose et ça nous fait chaud au cœur parce que nous sommes restés un petit groupe. Nous avons beaucoup travaillé, beaucoup joué ces morceaux en live, c’est l’album, dans son ensemble, qui est resté le plus longtemps dans les setlists live, dont « Jack » fait toujours partie, dont le « Once Upon The Time In The West » continue d’être joué (notamment lors de la dernière tournée d’automne nous avons fait des rappels avec ce morceau là). Le morceau « Driver » continue aussi d’être joué….

La première fois que nous avons joué à l’Alcatraz Festival, en Belgique, nous avons joué parce que le programmateur voulait que nous jouions l’album en entier. Je pense que c’était en 2016 ou 17 [ndlr : c’était le 12 août 2017]. Je pense que l’homogénéité de ce disque a amené quelque chose. C’est aussi un disque que nous avons beaucoup aimé faire et enregistrer.

 

La bizzarrie Undercover est sortie en retour à l’auto-prod en 2009 malgré la présence de John Garcia, encore rare à l’époque, et une reprise fabuleuse d’Ennio Morricone live. Quelle était votre volonté avec cette production ?

Alors, suite à notre légère montée en puissance avec 39 Laps, on travaillait avec Sound Of Liberation à ce moment-là, on a signé un contrat avec Headstong Music, qui est une agence de management à Lausanne, dont je ne citerai pas le nom de la personne pour ne pas m’énerver tout de suite… Suite à cette signature qui nous promettait monts et merveilles, la première chose que cette personne a faite c’est casser notre contrat avec Buzzville, chose pour laquelle nous n’étions pas super chauds parce que nous aimions bien l’aspect familial du label, qui étaient devenus des amis – et nous avons toujours été un groupe assez familial dans l’esprit. Son deuxième fait d’arme a été de casser le contrat avec Sound Of Liberation, donc on s’est retrouvé un peu comme des cons et puis le temps qu’on trouve un nouveau label selon ses désirs, il fallait qu’on sorte quelque chose pour tâter le terrain. On s’est dit qu’on n’allait pas composer un album comme ça, donc on s’est dit qu’on allait faire un EP de covers pour se faire plaisir en faisant des reprises qui nous avaient influencées. Nos fans pourraient avoir une vision de l’intérieur du groupe et savoir ce qui nous a influencé. C’était aussi l’occasion de faire ces collabs qui étaient intéressantes, mais pas forcément dans le but le vocal après. C’est vraiment un album plaisir. Un album que je ne dirais pas purement contractuel, mais, à mon avis, pas loin.

Ca a pris des années de casser le contrat avec cette structure et ça a créé énormément de problématiques pour le groupe, ça nous a fait perdre énormément de choses et ça a cassé l’élan créé avec 39 Laps. Ça a été très très dur après de remonter la pente et, quand finalement on a réussi à casser ce contrat, Sound Of Liberation est revenu nous chercher et nous a sauvé la vie. Après on a sorti The 5th Sun sur lequel il y a « Icarus » et un contrat avec Napalm Records… D’une situation extrêmement négative qui a failli détruire le groupe est sortie une situation extrêmement positive qui a nous a redonné une deuxième partie de carrière. J’anticipe un peu tes questions ?

 

Un peu ! Beyond The Black Sky sort sur le label de Loose en 2011 avec le hit « Through The Desert », peu compatible avec le standard radio. D’autres morceaux de cet album ont été rodés sur scène avant sa sortie puis ont disparu de vos setlists rapidement après. J’ai l’impression que c’est un peu le grand oublié de votre discographie malgré la pochette signée Malleus. Comment considères-tu la trajectoire de ce disque ?

C’est drôle parce qu’on a fait cet album dans la situation très complexe d’être prisonnier d’un contrat qui détruit le groupe.

Je ne sais comment et pourquoi on fini par signer avec Stickman Records, ce qui, pour nous, était quelque chose d’incroyable parce que c’était le label de 35007 et de Motorpsycho, et des Favez aussi, à ne pas oublier même si c’est un autre créneau muscical. C’est un label indépendant de passionnés, qui sont toujours passionnés et qui continuent à faire des groupes comme Elder et d’autres ; un super, super label, des gens super cools, ils sont de Hambourg. Quoi qu’il en soit, on fait cet avec un album proche du néant, on l’enregistre, puis il n’y a rien qui va… Notre pseudo manager de l’époque nous dit que c’est de la merde, que rien ne va, et qu’il faut le réenregistrer. Putain ! On avait passé 2 semaines à enregistrer ce disque… On retourne au local, on réose des trucs et là, Johann Meyer (qui n’était pas encore l’ingé son de Gojira), nous dit “les gars moi je suis OK pour le faire cet album”. On loue un studio à Fribourg, le Studio de la Fonderie, et on y est resté 6 jours enfermés avec Johann Meyer pour enregistrer cet album. On a bossé pas loin de 24 heures sur 24 pour faire ce disque avec un budget de bouts de ficelles. Super punk comme cet album a été fait. Merci encore à Johann d’avoir bossé avec un budget que normalement il n’aurait pas accepté.

C’est un peu spécial, cet album – en tout cas la version que tout le monde connaît – a été enregistré avec le couteau entre les dents. Il y a un effort derrière, on finissait les prises à 4 heures du matin et on recommençait à 8 heures. C’était incroyable et je pense que dans cet album, on ressent une espèce d’intensité liée à ça et moi j’aime beaucoup ce disque. Je trouve que de toutes nos productions c’est celui qui vieillit le mieux. Je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose dans le son, dans l’intention énervée qui fait qu’il vieillit bien.

Là aussi, il y a des morceaux qu’on beaucoup tapé en live dont « Through The Desert » qui reste souvent notre morceau de clôture et qu’on adore tous jouer encore aujourd’hui en live, surtout qu’on ne le joue pas deux fois pareil, ce qui est intéressant. Et puis il y a d’autres morceaux que nous avons beaucoup joués comme « Black Maiden ». « Motorcycle Broer » est un hommage à notre merchandizer de l’époque qui s’appelle Bro, qui est fan de moto. C’est des morceaux beaucoup joués en live et c’est un album très live finalement.

Surprenant : il y a un morceau semi-acoustique qui s’appelle « Tuco The Ugly » qui est un de nos morceaux les plus streamés sur Spotify. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais qu’il est apparu sur une playlist par All Them Witches et je crois que ça a boosté les écoutes de ce morceau, mais je n’ai pas compris… C’est un morceau que nous pensions complément anodin qui était plus une transition entre deux morceaux. Il marche bien… c’est drôle !

 

Deux ans après, vous repartez en selle avec The 5th Sun qui contient plusieurs morceaux plus courts et vous fait entrer chez Napalm Records via une de ses extensions. Accueil très positif de la critique et du public ainsi que déplacement du groupe en gros sur les affiches des festivals estampillés stoner pour un disque sorti seulement deux ans après le précédent. Quelle est la recette miracle qui a fonctionné en 2013 pour Monkey3 ?

Morceaux plus courts, à part « Icarus » qui est le plus long morceau qu’on n’ait jamais fait. Cet album a été aussi fait avec Johann qui a été payé normalement cette fois-là. Cet album a été réalisé de manière consensuelle et il y a « Icarus ».

Je ne sais pas quoi dire de plus que : il y a « Icarus », qui est clairement notre morceau le plus apprécié quand je regarde les streams ou le fait que les gens le demandent quand on est sur scène, et que si on ne le fait pas on se fait égorger ! Je dis ça de manière ironique, mais on est condamnés à le jouer live jusqu’à la fin de nos jours ; après j’aimerais bien être condamné à ce genre de succès. On n’en a qu’un et c’est celui-là. Ce morceau a apparemment touché pas mal de monde et il est la référence quand on parle de nous. C’est vrai que, quand on entame ce morceau et qu’on voit la réaction du public, il y a quelque chose qui se passe et ça attire aussi ceux qui sont moins familiers avec ce genre de musique. C’est un morceau plus fédérateur, plus multi-styles…

 

Votre premier concept album Astra Symmetry sort lui aussi sur Napalm, une major du metal européen. C’est un savant mélange entre le style Pink Floyd et les sonorités orientales, qui contient une vraie chanson : « Dead Planet’s Eyes ». L’exercice avec chant vous réussit plutôt pas mal lorsque vous l’osez. Pourquoi le faites-vous si rarement ?

Alors nous sommes d’un avis contraire. Astra Symmetry c’est notre premier album qui est entré dans les charts allemands, il s’est super bien vendu pour un groupe de notre catégorie, mais aujourd’hui, on ne joue aucun morceau de cet album en live pour plusieurs raisons. La première c’est qu’il s’agit d’un album concept et qu’on n’aurait peut-être jamais dû se lancer dans cette idée de concept qui nous a complètement dépassé. Nous avons mis en place un concept et après nous avons composé la musique, or nous aurions peut-être dû le faire dans l’autre sens. Et puis, nous avons tenté du vocal fait par ma personne, et c’est une expérience que j’ai détestée – franchement je ne suis pas content du résultat. Mais au moins on a essayé quelque chose et on a fait cette collab avec Tony Jelenkovic qui participait déjà à Undercover ; on est super content du boulot qu’il a fait, mais par contre, on estime que c’est quelque chose qui ne nous correspondait pas vraiment. Pas son chant à lui, mais l’idée de la compo et tout. Lui il chante bestial parce que c’est un chanteur incroyable mais, finalement, on trouve cet album peut-être pas abouti jusqu’à la où il aurait dû aller.

Peut-être qu’on n’a pas travaillé autant que nécessaire, mais on n’est pas contents de sa production non plus, on n’est pas contents du son, du mix, il y a beaucoup de choses qui font que finalement on s’est un peu troués sur cet album. C’est notre sensation personnelle.

Après il y a des gens qui l’aiment bien et il s’est quand-même vendu, mais il se trouve qu’aujourd’hui on ne joue aucun morceau de cet album déjà parce que je ne veux pas refaire du vocal en live, je ne me sens pas à l’aise avec ça, je n’ai pas le niveau adéquat pour faire ça et ça ne me correspond pas. On sent aussi que notre expression est quand même ailleurs.

J’ai l’impression qu’avec Sphere on a rectifié le tir.

 

J’allais y venir, mais entre les deux vous avez sorti votre seul album live en plus de 20 ans d’existence, Live At Freak Valley, qui retranscrit parfaitement la dinguerie du concert de 2015 au Freak Valley en mode Best of des quatre premiers albums. Comment avez-vous préparé le choix pour cette captation plus burnée que vos concerts d’alors ?

Il y a un peu du best of avec beaucoup du premier et de 39 Laps.

Alors, on ne savait pas que le concert était enregistré et on l’a sû deux ans après. Un jour on jouait dans je ne sais plus quel festival, et le boss du Freak Valley – Jens Heide – était présent et me dit : « Vous allez faire quoi avec cet enregistrement ? » et je lui ai demandé : « Quel enregistrement ? » et il m’a répondu : « Ben l’enregistrement du Freak Valley » et j’ai dit : « Ah bon c’était enregistré ?! » et c’est parti de là.

On l’a su, ils nous ont envoyé les bandes et on s’est dit pourquoi ne pas sortir un live avec ça ? Et on l’a fait ! Napalm était OKpour le faire. Il est cool, avec la pochette de “Stoner Jo” [NDLR : Jo Riou]. Une nouvelle collab c’était cool aussi.

 

Pourquoi qu’un seul live, en plus du DVD capté à Avenches ?

Je ne sais pas et je ne sais pas si sortir un album live aujourd’hui c’est encore pertinent, avec toutes les vidéos qu’il y a sur YouTube et tout ça. Franchement, je ne sais pas. On a déjà fait celui au Freak Valley et je dis pas que c’est impossible qu’il y ait un autre live qui puisse sortir plus tard.

Sur Sphere  il y avait une box limitée qui existait avec un deuxième album bonus qui est un live avec notamment « Icarus » en live. Donc pourquoi pas, mais je ne sais pas.

 

En 2019, vous sortez Sphere que beaucoup, dont nous, considèrent comme étant l’album de l’année 2019. Ce huitième album est une réussite indéniable avec une formation et un label stables. Il est aussi plus court que ses prédécesseurs. Qu’est-ce qu’il a de si séduisant selon toi quatre ans après sa sortie et maintenant que tu n’as plus à le promouvoir ?

Il est plus court et c’était volontaire, parce que Astra Symmetry était super long, avec un concept qui se développe. Là, on voulait le prendre à contrepied en faisant un album plus court, plus rentre-dedans, plus compact et pour lequel, peut-être, on arriverait mieux à raconter l’histoire. Enfin l’histoire qu’on veut raconter à travers un disque parce qu’il n’y a aucun concept derrière cet album par rapport à Astra Symmetry. On a eu un espèce de rejet par rapport au concept, donc on s’est dit plus court, plus compact et voilà !

Mais je n’ai aucune idée du pourquoi il a autant plu. Peut-être qu’on revient à un truc plus court, 100% instru et je pense que la production de Raphael Bovey y est aussi pour quelque chose. L’album sonne pas mal, je trouve qu’il a une bonne production… C’est toujours délicat de parler de sa musique comme ça, mais je pense qu’il y a du riff assez catchy, qu’il y a une atmosphère et qu’il est facile de rentrer dedans : il est assez auditeur-friendly, et la pochette y est aussi pour quelque chose : elle a de la gueule, et je trouve qu’elle fait envie !

 

[A SUIVRE]


 

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