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Le quatuor de Richmond, inspiré par les rutilantes mécaniques nippones, compte en son sein une partie d’Alabama Thunderpussy et c’est quasiment la seule chose que ces deux structures ont en commun.
Suzukiton est le projet fou de quatre esprits torturés qui se sont lancés dans la composition d’instrumentaux alambiqués, pugnaces et terriblement tordus. Même si quelques parties vocales n’auraient pas été pour me déplaire, je concède qu’au final, et après quelques écoutes, leur production est des plus envoûtantes. Assez indigeste à la première écoute, ce magma sonique très rythmé est de fait une énorme démonstration technique qui ravira les amateurs de formations évoluant dans le sillage de Mastodon. Toujours dans le rouge sur le vu-mètre, ces types-là ne sont pas là pour plaisanter ; ils nous assènent leur art tambour battant à grands coups riffs acérés et ne desserrent l’étreinte qu’au bout d’une demi-heure pour un final plus planant durant deux petites minutes.
Les amateurs d’expériences intenses vont se régaler de ce déluge sonore.

Ce disque est une bonne nouvelle pour tous ceux qui comme moi, pensaient que New York City était aux mains des hardcoreux de Brooklyn qui se le tatouent sur la panse parce qu’ils sont tous frappés de la maladie d’Alzheimer. Ben oui, comme ça, lorsqu’ils sont perdus on peu les prendre par la main et les ramener dans leur quartier. Une idée bien sympa qu’on aurait pas idée d’introduire chez nous (l’exception culturelle c’est vous, c’est nous). Vous imaginez Dan avec Nancy ou Belfort écrit en gothique au-dessus de son nombril ? Donc, après que Rudolf Giuliani, maire de New York, ait fait le ménage contre la criminalité dans sa ville à coup de mesures répressives et discriminatoires (donc condamnables), c’est au tour de Slow Horse de prendre le volant du bulldozer, de manière nettement plus pacifique néanmoins. Alors îlot de résistance ou pas, ce disque offre une alternative à la production new-yorkaise classique. Très lent, très lourd, très gras. On y retrouve du Melvins old-school époque « Lysol » (l’indien de « Lysol » a d’ailleurs fait le voyage jusqu’à la pochette de Slow Horse pour laquelle il a pris la pose sans son cheval qui est assurément lent) ainsi qu’une touche de Sleep époque Volume One. « C’est du compact » déclamerait feu Bernard Blier. Et il n’aurait pas tort le bougre car les riffs sont vraiment tassés serrés. En même temps, ils sont empreints de ce groove particulier qui vous fait onduler la colonne vertébrale des cervicales au bassin. L’aspect monolithique des morceaux de cet album contient néanmoins une surprise de taille puisque le groupe ose une cover de Chris Isaak : « Wicked Game », en lui infligeant un traitement de choc. Et là, chapeau bas ! Ceux qui connaissent la version originale mettront probablement du temps à s’en remettre. Même ralentie à l’extrême avec un son qui en impose, le morceau retire de ce reliftage une majesté qui le rend encore plus attachant. Un choix audacieux qui entérine la valeur de ce groupe prometteur. Respect.
Rock’n’roll ! Au menu de cette sortie : rythmiques épileptiques, guitares incisives, basses métronomiques, vocaux rocailleux burinés par les excès de la veille et une tripotée d’incursions de slide guitare, d’orgue, de piano ainsi que quelques cordes pour faire bonne mesure. Passant de l’atmosphère lancinante, évoquant les excès de substance prohibée, de ‘Evaporate’ a des grands moments de débauche rock’n’rollienne gonflés à l’amphétamine et empreints d’influences grunge à l’image du bouillonnant ‘This Time It’s For Real’, ce disque ravira les inconditionnels de stoner et de bon rock carré. Les fans de Pink Floyd feraient bien eux aussi de se pencher sur cet objet car la reprise de ‘Set The Controls For The Heart Of The Sun’ vaut le détour.
Et ben voilà un vrai son de batterie. Le problème cette fois-ci tient à la qualité inégale des titres présents sur ce disque. Le meilleur côtoie le moyen. Heureusement, le meilleur est numériquement supérieur. On le reconnaît aux titres très fortement empreints de blues déglingué (traité à la manière de Captain Beefheart en plus de l’intervention d’un banjo et d’un harmonica). Du moyen on ne gardera que les intros avant qu’elles ne s’abîment dans le quelconque. Un album plus concis aurait été ravageur.

Malgré une belle régularité, la sortie d’une nouvelle production du gang californien représente toujours un événement dans le microcosme du stoner. Nebula revient donc avec ce quatrième album et a peu près autant de bassiste, persistant dans son trip spatial. Alors que le groupe ne cesse de monter en puissance depuis ses débuts, créant une attente de plus en plus grande chez tout amateur de space rock moderne normalement constitué, « Apollo » surprend un peu à la première écoute. Loin d’être en terrain inconnu, mais évitant la surenchère, Nebula nous offre un retour aux sources grâce à des morceaux au son épuré, plus directs et souvent plus courts. Derrière cette impression guidée par quelques titres aux relents presque punk (« Fever Frey », « Ghost Ride » ou « Controlled ») qui ne sont pas sans rappeler les débuts de Mudhoney, influence revendiquée, la richesse des compos plus élaborées tarde un peu à se révéler et au final, cet album ressemble à un kaléidoscope des différentes facettes proposées au fil des albums précédents.
Entre les titres expédiés basés sur un riff simple et les instrumentations plus complexes avec présence de sitar et de claviers discrets, une constante demeure, les acrobaties guitaristiques d’Eddie Glass qui fidèle à lui-même truffe les morceaux de petits solos dont il a le secret. Malgré la prédominance des guitares, Ruben Romano dope chaque titre par son jeu énergique et inspiré, réussissant même à tirer la couverture à lui sur « Futur Days », une de plus belles réussites de l’album. Les éléments permettant de distinguer Nebula de la pléthore de groupes heavy-rock ne sont pas oubliés, comme le refrain irrésistible de « The Eagle Has Landed » ou le blues de fin de soirée de « Decadent Garden » et même si « Apollo » n’atteint pas le niveau de son prédécesseur, il ravira tous les amateurs de riffs supersoniques.

Exercice d’ethnocentrisme. Puis-je postuler l’idée selon laquelle Water Dragon serait le plus audacieux des labels français ? La réponse est affirmative. Pourquoi ? Certainement pas parce qu’il est français, mais parce qu’il est le premier et le seul à promouvoir le « stoner rock » dans notre pays en entreprenant de produire des disques dans ce style. Grâce en soit rendue à Matt, artisan courageux et émérite à la fois qui nous propose ici une sélection hardie de huit groupes quasiment inconnus. Inconscience ou témérité ? La qualité des groupes présents sur cette compilation nous engage à retenir la seconde option. Quel serait d’ailleurs le sens d’une compilation qui ne proposerait que des valeurs sûres ? A l’opposé d’un produit trivialement commercial, « The Mob’s New Plan » relève de la prise de risque, d’un pari vers l’avenir. Le label mise ici sur un potentiel de groupes en devenir. Par ailleurs, alors que la majorité des labels se contente d’accorder une plage à l’ensemble des groupes retenus, Water Dragon double l’opération. Chaque groupe dispose de deux plages pour exprimer sa créativité, privilégiant ainsi la qualité plutôt que la quantité. Une démarche suffisamment rare pour être soulignée en ce qu’elle permet de se forger un jugement plus ajusté sur la qualité des groupes en présence. Après le contenant évoquons donc le contenu. The Satellite Circle tout d’abord. Des suédois qui nous gratifient de deux excellents morceaux lorgnant du côté de Kyuss et de Fu Manchu. Zerocharisma ensuite. Des finlandais qui avec leur titre « Hate to feel » continuent à encourager la course au plus gros son. Réellement impressionnant. Lovercraft nous vient d’Espagne et se situe dans un registre assez proche de Hawkwind. Joli trip ! Les américains de 500 ft. Of Pipe font clairement ressortir leur influences de la Motor City avec un rock brut assez représentatif de l’endroit d’où ils viennent. Les Twin Earth également suédois (quelle productivité ce pays) présentent des morceaux légèrement moins plombés que ce que leurs compatriotes ont l’habitude de nous servir, ce qui en renforce d’autant l’intérêt. Encore des américains avec BlackRock qui à mon sens représentent le maillon le plus faible de l’ensemble. Dois-je rajouter quelque chose quant à l’affection que je porte à Ufomammut, ces redoutables italiens qui avec « Smoke » donnent dans la musique de film et avec « Mustang 69 » dans le rouleau compresseur psychédélique. La compile se clôt avec Abdullah, encore des ricains qui proposent un stoner doom dont le vocaliste est des plus agréable à écouter. En somme Water Dragon Records nous met ici en présence d’une compilation de très haute tenue qui parvient avec bonheur à éveiller notre curiosité tout en nous maintenant en haleine sans s’appuyer sur une distribution de valeurs confirmées,. Si à la lumière de ce disque il est possible de présupposer du talent des groupes qui y figurent, la confirmation de leurs dispositions reste évidemment à établir sur la longueur d’un album. Pour l’heure, l’unique certitude concerne le bon goût de l’ordonnateur général de cet objet qui confirme que son initiative est la bonne. Pourvu qu’elle se poursuive !

Un jour, il faudra qu’on se penche sérieusement sur les raisons de la fascination qu’éprouve la majorité des groupes stoner suédois pour le gros fuzz qui tâche. Que Dozer aie ouvert la voie de façon magistrale avec un premier album inégalé donne une piste mais n’explique pas tout. Les magasins de musique de Suède sont-ils moins bien achalandés que dans le reste du monde, y a-t-il une loi qui les oblige à reproduire systématiquement le même son, existe-t-il un manuel à l’usage du parfait petit groupe stoner ? Mystère.
C’est donc Fuzzorama le bien-nommé qui se charge cette fois de perpétuer la tradition en proposant un split bien rempli (12 titres, 62 minutes) partagé par Asteroid et Blowback, deux groupes qui se sont déjà illustrés par une série de démos de qualité. Autant l’avouer tout de suite, si vous êtes à la recherche de la dernière sensation innovante cet album n’est pas pour vous. Entre influences 70’s de rigueur et repompages de plans à la Kyuss, les deux groupes proposent un stoner des plus classique, on serait même tenté de dire qu’ils exposent ici la quintessence du style. Ce qui ne les empêche pas d’être bougrement efficaces.
Honneur à Asteroid qui entame les hostilités avec « Supernova », un titre à l’intro longue et soignée qui débouche malheureusement sur un riff lourdingue soutenu par une rythmique monolithique. Et c’est bien là un des rares défauts que l’on pourrait trouver à ces six compos. Alors qu’un soin particulier à été apporté aux parties plus posées, teintées d’une légère touche psychédélique des plus plaisante, dès que Robin Hirse enfonce sa pédale-spéciale-son-suédois, l’inspiration commence à faire légèrement défaut. On les sent encore partagé entre l’envie de proposer des titres plus aventureux, à l’image de l’excellent « Anagram » qui malgré le gros clin d’œil à « El Rodeo » parvient à proposer quelque chose de tout à fait original, et le besoin de respecter les codes du genre en balançant du gros son sans trop faire le détail, ce qui a tendance à éclipser la finesse des morceaux. Ceci étant dit, Asteroid possède tous les ingrédients pour se faire un nom au sein d’une scène qui frôle l’engorgement. Reste seulement à trouver le dosage adéquat qui leur permettra de se démarquer complètement de leurs camarades de jeu.
Blowback, quant à eux, se pose beaucoup moins de questions en proposant cinq titres mid-tempo qui vous feront taper du pied en cadence avant de conclure par un instrumental acoustique tout en arpège. Les guitares et la voix sont un peu plus agressives et le groove bien présent mais à l’image des voitures suédoises, c’est racé, carré, puissant, efficace et confortable mais çà manque d’une petite touche de charme et d’originalité. On sauvera néanmoins les solos très réussis qui ramènent un peu d’émotion au sein de ce déferlement de riffs conventionnels. Peu de prises de risques donc pour un groupe qui s’inscrit dans la tradition du stoner scandinave, s’offrant même une place de choix, mais qui laissera sur leur faim tous ceux qui comme moi recherche perpétuellement la petite touche qui fera évoluer le style.

Message personnel à Jean-Claude Bourret : si d’aventure il vous arrivait de lire ces colonnes, merci de m’appeler sans délai. La singularité de l’engin que je suis censé chroniquer ici en appelle à l’expertise des meilleurs spécialistes. Récapitulons les faits. L’engin en question, en provenance d’Italie, a tout d’abord atterri dans ma boîte aux lettres début mars avant de se poser sans autre forme de procès dans mon mange disque qui l’a insidieusement installé dans ma boîte crânienne au sein de laquelle il tourne sans discontinuer. A quoi ressemble-t-il ? Difficile à dire Jean-Claude. Imaginez un mammouth volant non identifié. Et musical. En tous les cas, Ufomammut est probablement le nom de groupe qui se rapproche le plus de ce qu’il est dans la réalité. Monstrueusement heavy et prodigieusement interstellaire. Ici pas de tromperie sur la marchandise. On est ce qu’on dit et on fait ce qu’on dit qu’on est. Cohérence absolue. Jouissance maximale. Cinq titres énormes + un reprise de Blue Cheer. En dévoué et humble moinillon du stoner rock je m’incline, je m’agenouille, je me prosterne. Ecrase moi encore fougueux mammouth ! Transporte moi une fois de plus bel ovni ! La Passion a pris possession de moi. Vous l’aurez compris, je voue un culte à ce groupe qui a pénétré mes fondations psychiques pour ne pas dire mon fondement très vigoureusement. Originalité aurais-je envie de dire. Apparemment je ne suis pas le seul à avoir été subjugué. En effet, le groupe a commencé à jouer sérieusement en février 99. Dans la même année ils ont été sollicité pour participer à cinq compiles et non des moindres (elles sont pratiquement toutes chroniquées dans ces colonnes) et Beard of Stars Records les a signé. Ça en impose ! Très sincèrement, nous sommes début avril et il est loin le temps où un disque m’administra pareille giflée. Imaginez que des extra-terrestres au grec approximatif se soient mis en tête de recréer le mythe du cheval de Troie et qu’à la place du cheval ils auraient construit un mammouth (de Tortona) dans lequel ils feraient répéter sous acide des groupes comme Unsane, Pitch Shifter, Hawkwind et Pink Floyd. Quand on sait que ces mecs là sont également les promoteurs de Malleus, graphistes inspirés, on se demande comment ils vont pouvoir ne pas finir par être les maîtres du monde. Mama mia !

Qui n’a jamais headbangé à l’écoute du furieux ‘Green Machine’ et de son riff imparable ? Qui n’est jamais resté en admiration devant cette photo d’ampli basse gisant au milieu du désert ? J’en étais sûr.
Si il est un album qui fait bien l’unanimité au sein de la communauté stoner, c’est bien Blues For The Red Sun (même si personnellement, je préfère Sky Valley). Véritable bombe musicale, Blues For The Red Sun est tout simplement impressionnant de bout en bout. Dès les premiers accords de ‘Thumb’ et de cette intro rampant insidieusement tel un serpent à sonnettes, on se demande ce qui va nous arriver. Et lorsque John Garcia pousse ce ‘Yeah’ triomphant, on a qu’une seule envie : y retourner. Pourquoi se priver de la joie que procure l’écoute d’un ‘Thong Song’ ou d’un ‘Freedom Run’. Il faudrait être maso pour se priver de telles merveilles !
Etant donné que les amateurs du genre sont déjà convaincus, je conclurai en m’adressant aux novices : si vous voulez découvrir ce qu’est réellement le stoner, Blues For The Red Sun est un excellent moyen de mettre le pied à l’étrier.
Quelques mois après la sortie de ce disque, on apprenait qu’il s’agissait du chant du cygne. Ce sont ces mêmes mois qui ont accompagné ma découverte de Kyuss, car j’ai acheté l’album à sa sortie, et que je faisais la connaissance du groupe par la même occasion. Petit traumatisme que de sentir la qualité du groupe s’affirmer d’écoute en écoute, de constater que Kyuss était manifestement un groupe d’exception, pour apprendre immédiatement ensuite qu’il se sépare. Stupeur, déception… Dès lors, l’objectivité de ma chronique sera toute relative (c’est un euphémisme), mais existe-t-il quelqu’un sur ce site qui soit vraiment objectif concernant Kyuss ?
Après coup, en revanche, on comprend tout. Elektra (l’une des plus grosses majors ricaines) leur déroule le tapis rouge suite au succès de “Sky Valley”, qui a sorti les 4 gamins californiens de l’underground. Chris Goss produit la galette dans un fauteuil en cuir, Joe Barresi est derrière une table de mixage dernier cri aux potards dorés, et au final, tout se beau monde se lâche sans retenue (et si l’on en croît les rumeurs, le groupe ne tourne pas qu’au lait fraise et à la nicotine). Là où “Sky Valley” était d’une homogénéité “mastoc”, un rouleau compresseur d’une densité émotionnelle forçant l’admiration, “…Circus…” part dans tous les sens. Pas de censure, on enregistre tout ce qui sort des instruments du quatuor. Forcément, on se retrouve avec quelques brûlots qui auraient pu se retrouver sur “Sky Valley”, on ne change pas une équipe qui gagne (notamment le trio d’intro “Hurricane”, “One Inch Man”, et l’instru “Thee Ol’ Boozeroony”).
Mais dès “Gloria Lewis”, le ton change : le riff est si lourd qu’il est à mi-chemin entre l’évidence musicale et le ridiculement simpliste. John Garcia chante comme une caresse du tympan, et lorsqu’il se prend à monter le ton, la prod a la décence de le coller derrière le son de gratte (faut pas déconner, qui c’est qui tient le morceau ?). L’instru “Phototropic” et “El Rodeo” confirment la tendance : pas une tonalité spéciale, DES tonalités ! Encore un instru plus tard (il semblerait que les trips hallucinogènes de Garcia l’aient un peu mis hors jeu sur cet album…), on retombe sur une bombe Kyuss-esque de premier ordre avec “Tangy Zizzle”. Le riff est cinglant, le morceau est court et percutant, et Alfredo Hernandez (le remplaçant de Brant Bjork, qui était plus enclin au jeu plein de “feeling”) déclenche une cascade de cymbales étourdissante pour soutenir sa frappe de mulet, régulier comme un métronome.
“Size Queen” déboule ensuite pour mieux désorienter encore l’auditeur, avec des mélodies que l’on croiraient inspirées d’un vieux ska-reggae mou du genou, contre-balancé par un refrain bien pataud… Etrange, surtout qu’il ouvre la voie au somptueux “Catamaran” (qu’ils ont emprunté à leurs potes de Yawning Man, en y ajoutant par la même occasion des paroles), qui lui-même attire dans son aspiration (inspiration ?) le redoutable “Spaceship Landing”.
Ce dernier titre, qui clôt l’album, représente probablement l’apogée du “style Kyuss”, et incidemment de leur carrière : sur 11 minutes, le groupe déroule un simili-instrumental (le terme est bien choisi, tant les paroles presque stupides de Garcia ne sont qu’un prétexte pour accoler les vibrations de son organe majestueux à cette avalanche de guitares) sans temps mort, qui vous prend aux tripes sans vous lâcher. Montagnes russes émotionnelles, le morceau se fait d’abord lourd et arrassant, puis menaçant, pour laisser une éclaircie pointer le bout du nez au bout de 2 minutes. Scott Reeder porte ce morceau comme si sa vie en dépendait, burinant ses riffs à la basse comme on n’avait jamais entendu aucun bassiste le faire (depuis Lemmy), permettant ainsi à Homme de lâcher des soli aériens, avant de venir l’épauler à nouveau en rythmique. 4 minutes sont passées et déja le morceau est redevenu “aéré”, plein d’espoir, d’ouverture vers l’inconnu. Mais d’interrogation aussi, au bout de 7 minutes : on ne sait pas à quelle sauce l’on va être mangés,jusqu’à ce rebond final, qui nous mène vers un torrent de guitares, un enchevêtrement de riffs et de soli, dans une orgie électrique qui rend le morceau tout à fait impossible à jouer en concert : plusieurs lignes de guitares sont superposées, pour mieux ajouter en combats de soli enchevêtrés à l’infini, si bien que le morceau, s’il ne décédait pas par un fondu regrettable, pourrait continuer à tourner des heures entières.
C’est un peu la carrière du groupe, finalement, qui est résumée dans cette seule chanson : partis sur des bases underground, incertaines, Kyuss s’est affirmé, jusqu’à atteindre un point culminant, qui les mènera tel un Icare des temps modernes qui se rapproche trop au soleil du music business, jusqu’à l’auto-destruction. Le titre de l’album aussi, avec le recul, était cyniquement limpide.
J’ignore si cet album est le meilleur album de Kyuss. Objectivement, je crains que non. Objectivement, en revanche, ne pas le posséder me semble relever de la plus crasse hérésie.
Pan, dans ta gueule.
C’est pas le bruit d’une claque, c’est le bruit d’un pain, d’une mandale monstrueuse, en gros l’effet que fait ce disque dès la première écoute, dès le premier assaut riffesque de “Mutiny on my mind”.
Il y a beaucoup de Down dans ce groupe, ainsi que du Pantera (pas seulement pour le chant, qui n’est pourtant pas calqué sur Anselmo, mais aussi pour les grattes acérées et les soli en harmonie), mais aussi du… Gwar !! Ah oui, écoutez “Demonic**t” pour voir ! Alors c’est quoi cette histoire ?? Un album de Power Metal dans les colonnes de D-R.com ?!? Ben pas vraiment, parce que passée une première écoute un peu laborieuse (ça crie, les grattes déchirent, la batterie bastonne), on découvre quelques riffs presque planants, et surtout ce sens tout à fait volatile qu’ont les groupes que nous affectionnons tant, ce talent de savoir faire tourner un riff, un simple riff, sans jamais ennuyer l’auditoire… Mais si, vous savez très bien de quoi je veux parler… On commence à le sentir dès la quatrième chanson, “Webbed feet and moonshine”, sur tout le début de la chanson, le riff derrière “Pocket full of mindf**k drugs” est énorme… Et pourtant, toutes ces influences portées par un combo anglais, ça aurait pu paraître louche. Et ben non, on sent que c’est tout à fait authentique, personne n’est plagié, l’originalité est quand même bien là.
Bon, alors par contre, la réserve d’usage : cet album n’est pas à mettre entre toutes les paires de tympans – à réserver à un public très averti ! C’est du stoner comme High On Fire, ou parfois Alabama Thunerpussy peuvent être stoner : de loin, mais quand même… C’est soit un disque de stoner qui défracte, soit un disque de heavy aux effluves stoneriennes suaves… Ce que ça veut dire tout simplement, c’est qu’il y a plein de bonnes raisons d’aimer les Inbreds.

Cela fait maintenant presque trois ans que les américains de Artimus Pyledriver nous avaient enchanté avec leur premier EP, “Southern Fried”. Depuis, c’est plein d’espoir que l’on attendait la sortie de ce premier album, passage ö combien difficile pour bon nombre de groupes et parfois même fatal pour certains. Le combo US décide donc de partir sur des bases solides puisque l’on retrouve sur cet album de neuf titres la totalité des cinq titres du EP, réenregistrés bien sür. La méthode peut choquer mais elle est assez courante, d’autant plus que bien souvent, seuls une poignée d’irréductibles ont eu l’occasion d’écouter la première galette. Il n’y a pas de changement notable entres les titres du EP et leur équivalent sur cet album, mais il est bien entendu évident que le son a beaucoup plus de force et que la production a grandement contribué à améliorer tout cela. Mais pour ceux qui ne connaissent pas Artimus Pyledriver, ils auront le plaisir de découvrir en une fois les neuf titres de pure folie qui composent cet album. Car il faut bien le dire, nous voilà en présence d’un disque qui marque cette première moitié d’année 2005. Avec leur Heavy teinté de rock sudiste, les cinq lascars n’y vont pas par quatre chemins pour nous faire comprendre leur philosophie. Chacun des titres est basé sur des riffs solides et bien construits, accompagnés comme il se doit pas quelques soli comme on les aime. Les parties de basse et batterie, même si elles sont moins mises en avant, n’en restent pas moins très présentes et très puissantes surtout, bref, les hauts parleurs de votre chaîne Hi-Fi vont s’éclater comme des fous!
Evidemment, ce que je viens de dire s’appliquent à pas mal de disques de ce style dont l’accroche se fait par leur son puissant et une production Heavy à souhait, mais pour cet album la différence se fait sur la qualité indéniable des titres, sur la puissance réelle et durable de riffs bien placés, sur la solidité d’une rythmique en acier trempé ; que du bon je vous disais.
Et le chant dans tout ça ? Là, j’avoue, on aime ou on n’aime pas car c’est une voix bien particulière qui accompagne toute cette musique. Si l’on devait comparer, je vous citerai le nom de Brian Johnson (AC/DC). Ce genre de chant toujours à la limite de la rupture qui peut autant agacer que transcender. Perso, j’adore et cela ajoute un plus indéniable aussi bien dans l’esprit que dans la forme.
Au final, je ne peux que vous conseiller chaudement l’écoute de cet album car c’est clair : c’est du tout bon!
Underdogma, écurie très inspirée nous présente son nouveau poulain. Throttlerod, groupe de Caroline du Sud. Présentations sous la forme d’une douzaine d’uppercuts heavy-boogie dans la face. Eastbound and down, titre de leur premier album constitue un opus extrêmement énergique, puisant incontestablement son agressivité du côté de groupes comme Clutch, AC/DC et Blackfoot, période Highway Song Live. Cette filiation lui confère des intonations boogie-blues à tendances frénétiques du meilleur effet. Voilà le tableau. Incontestablement un groupe que l’on a envie de voir sur scène histoire de vérifier si la furie contenue dans son album se développe de manière aussi radicale devant un public.
Deux ans après ‘Powderkeg’, ce quatuor du Kentucky revient avec sa déjà quatrième livraison depuis sa formation il y a à peine cinq ans. Loin de faire dans la dentelle, The Glasspack nous assène une fois encore son heavy rock sans concession tout au long des dix plages que compte cette nouvelle pierre à l’autel dédié au dieu Stoner. Enregistré en 36 heures, cet album est plus lourd que tout ce que le pack avait sorti précédemment. Cette grosse baffe rock’n’roll qui m’a foutu k.o. en 37 minutes chrono a été mise en boîte avec des participations de membres de Big Chief ainsi que de Monster Magnet. Si les Stones sont morts, leurs cadavres chantent encore ‘Give Me Shelter’ dont la reprise tonitruante demeure un des meilleurs moments de ce fantastique disque. Que du bonheur.
Retour au temps des fleurs et des bonnes senteurs enivrantes, Mac Blagick nous envoie dès les premiers accords d’agréables effluves en provenance des 70’s. On accepte volontiers un collier de fleurs en guise de cadeau de bienvenue à l’écoute de cette galette revivaliste qui nous révèle un quatuor suédois avec d’excellentes références musicales. J’arrête ici pour le cliché flower power car ce groupe revêt en fait un côté plus hard rock que petite fleur. On pense inévitablement aux premiers album du Sab mais surtout aux premiers jets de Deep Purple.
Comment ça sonne? Des fûts aux sonorités bien profondes et une basse ronronnante accompagnant les accents toniques de son co-religionnaire rythmique forment la clé de voûte de cet édifice où la guitare peut s’en donner à cœur joie dans une série de riffs incisifs entrecoupés d’arpèges subtils. N’oublions pas les soli très inspirés dans un registre assez longuet qui donnent une touche plus atmosphérique et plus profonde à des morceaux qui gagnent dès lors en longueur. Enfin, la voix, d’une pure beauté, trace un ligne haute et tranchante dans le spectre sonore du groupe.
On apprécie d’autant plus que la sauce prend de mieux en mieux au fil des morceaux où le solo de la 4e plage marque inévitablement le climax de cet album. Une série de roulements de batterie savamment balancés et un break à la structure fouillée nous laisseraient même croire que quelque chose d’encore plus grand se prépare.
Et ensuite? C’est là que ça se gâte… Si les plages suivantes n’ont rien de catastrophique, on a du mal à comprendre pourquoi le groupe fait redescendre le soufflé aussi rapidement. De ce qui au départ était de bonne inspiration, on se retrouve ensuite dans des plans blues sans âme vus, revus et re-revus pour au final tirer une moue dubitative une fois la dernière plage écoulée.
Difficile à croire que les 4 premières chansons étaient aussi agréables quand on doit se farcir les 4 suivantes. Comprenez-moi: la suite n’est pas désastreuse et la prod demeure de qualité égale. Si la technique musicale reste intacte (il est vrai que les morceaux sont devenus très évidents), c’est bien au niveau de l’inspiration et de la composition que le bât blesse. Plusieurs écoutes complètes de ce skeud m’ont confirmé ce sentiment mûrement réfléchi pendant la dernière quinzaine.
Mac Blagick? Du bon et du moins bon, du très fort et du très bof. Enfin, c’est à vous de juger.
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