Formé par un collectif d’Autrichiens de Vienne et de Linz, Triptonus voit le jour au printemps 2012 pour nous abreuver de sa magie si singulière. L’histoire de ce groupe, comme les artworks sublimes d’Anderi Puica nous le suggèrent, c’est avant tout l’histoire d’un druide.
Au commencement, Sprout (2013), sa naissance et ses premières interactions avec le monde qui l’entoure. Lui qui vient d’une graine enfuie sous terre, derrière de multiples couches de savoir perdu, va chercher la branche la plus proche à laquelle s’accrocher et la transformer en une canne qui l’accompagnera durant son voyage. Le deuxième chapitre s’intitule Triptonus (2015) narre l’exploration par le druide d’un monde erratique, un monde en perpétuelle déconstruction. Témoin de tous ces phénomènes qui l’entourent, son esprit en proie à la folie, le druide juge alors que pour exister en paix, il lui faut embrasser le chaos du monde et vivre avec du mieux qu’il peut. Finalement, c’est en 2020 qu’il nous ait permis d’écouter le troisième volet de cette trilogie, Soundless Voice. On y découvre le moment sacré où le druide plante le « Varicellian Tree », un arbre curieux, dépourvu de feuilles ou de fleurs, et qui libère à maturité la myriade de sonorité accumulée en son sein depuis le début de son existence. Ceci afin de refaçonner le monde au travers d’un patron ouvrant le ciel sur de lointaines nébuleuses, d’oiseaux de lumière et d’équilibre cosmique.
Comme quoi, on peut ne point disposer d’un chanteur, mais quand même avoir pléthores de choses à raconter. Cela pourrait d’ailleurs cristalliser toute l’essence de Triptonus. Ce groupe composé de six membres insuffle une telle sensibilité et une telle profondeur à sa musique, que les lyrics nous apparaissent directement dans le cœur. Bon, ne vous y méprenez pas, il existe aussi un paquet de gros riffs bien musclés et de séquences à se démonter la nuque, mais toujours contrebalancés de délicats phrasés oniriques et surtout de poésie. On découvre là un savant mélange d’influences sonore, allant du jam session d’Earthless, aux lourds riffs de Karma to Burn, le tout structuré de manière très progressive et toujours teinté d’une estampe tribale indéniable.
En effet, en plus de l’immuable ossature guitares, basse, batterie, mise ici au service d’une sacrosainte l’instrumentalité, on compte aussi (en la personne de Max Mayer et de Wanja Bergmann) djembés, didgeridoos et autres Wavedrums, ces derniers y étant pour beaucoup dans l’ambiance mystique du collectif. Et tant sur scène qu’en studio, le tremplin vers leur univers est assuré.
La participation du public a d’ailleurs été mise à profil davantage que durant les Lives, car le troisième opus de cette saga psychédélique a vu le jour grâce à un financement participatif, via la plateforme WeMakeIt. Une opération amorcée en décembre dernier qui a rapidement porté ses fruits, puisqu’à la fin du printemps, les premières précommandes s’envolaient déjà pour toute l’Europe.
En conclusion, je ne saurai conseiller davantage l’écoute de ces trois pièces, Sprout, Triptonus et Soundless Voice, idéalement dans l’ordre, qui à mon goût représentent tant un trésor mésestimé du stoner qu’une perle musicale ayant largement sa place au firmament des productions psychédéliques de ces dernières années.
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