FU MANCHU – novembre 2009

Alors que 2009 se termine sur la sortie d’un nouvel album, Scott Hill et sa bande sont déjà focalisés sur 2010 qui marquera le vingtième anniversaire du groupe. L’occasion pour nous de demander à Scott quelques infos sur les projets à venir sans oublier de lui parler du nouvel album.

« Signs of Infinite Power » est sorti ces derniers jours. Es-tu satisfait des avis que tu as reçus depuis ?

Oui, très ! Les gens ont l’air d’adorer le son bien brut que l’on a obtenu sur ce disque, c’est exactement ce que l’on souhaitait !

Comment décrirais-tu votre processus de composition sur cet album ? Avez-vous évolué sur cet aspect depuis vos débuts ?

C’est toujours le même mode de fonctionnement, nous n’avons jamais procédé différemment : tout commence autour d’un riff unique, c’est la base. En général, on trouve les riffs tous ensemble, en répétition, tout simplement, et on commence à jouer autour, à le faire tourner, et la construction du morceau commence comme ça.

Ressens-tu une pression particulière lorsque vous rentrez dans cette phase d’élaboration d’un nouvel album ?

Honnêtement… non ! (rires) Nous n’avons jamais vraiment ressenti la moindre pression, et ce quel qu’ait été notre label à différents moments de notre carrière : ils nous ont toujours laisser faire ce que l’on voulait, sans jamais interférer ou être sur notre dos…

Ce nouvel album sort chez Century Media, un label plutôt connu pour ses productions heavy metal « traditionnelles »… pourquoi eux ?

Effectivement, ça peut étonner, mais tout simplement ils étaient à fond derrière le groupe, ils connaissaient tout de nous… de vrais fans ! Et au final, ça a l’air de bien fonctionner. On fait quelque chose qui sonne un peu différemment du reste du label, c’est sûr ! Mais on pense que c’est très positif.

Puisqu’on parle de maisons de disque, peux-tu nous parler du label « At the Dojo » que vous venez de créer ?

Pour le moment, l’objectif de ce label est uniquement de re-sortir nos vieux disques, et probablement de temps en temps sortir un 45 tours avec des nouveaux titres, tu vois le genre. Pour commencer, on va surtout essayer de rendre disponible nos plus vieux disques qui sont devenus introuvables. Quant à la suite, qui sait de quoi demain sera fait ?

Vous avez sorti « Bionic Astronautics » du nouvel album, justement, qui fait aussi en quelque sorte figure de « single ». Avez-vous retenu ce titre, qui comporte des passages bien psychédéliques , car selon toi il représente le mieux votre album ?

Absolument ! C’est un titre qu’on adore : il a des passages très rapides, et au milieu des leads de guitare trèèèès lents. Il se trouve aussi que c’est le premier titre que nous ayons écrit pour l’album. Il contient un peu de tout ce qui fait un bon titre de Fu Manchu !

Vous êtes particulièrement présents et actifs sur internet. Comment penses-tu qu’internet aide à promouvoir le groupe ?

La facilité d’accès permet de faire connaître le nom du groupe, d’inciter des personnes qui n’avaient jamais encore entendu parler de Fu Manchu à écouter certains de nos titres… et forcément de devenir immédiatement accros ! (rires) Evidemment, l’idée première est de permettre aux gens d’écouter quelques uns de nos titres, et si ils aiment, d’acheter nos disques.

OK, mais que penses-tu de la démarche poussée à l’extrême : comment réagis-tu quand tu retrouves sur internet des morceaux de Fu Manchu à télécharger librement, sans l’accord du groupe ?

J’avoue que je n’encourage vraiment pas à voler les chansons des artistes, et ce qu’il s’agisse de gros groupes bien établis ou de jeunes groupes débutants… Malheureusement, je pense qu’on ne peut pas y faire grand-chose. Il y a des pistes de réflexion à envisager, par exemple sortir nos albums en vinyl, ça incite les collectionneurs à l’acheter car ce sont de beaux objets à collectionner…

Vous entamez une nouvelle série de concerts après la sortie de cet album… Après une si longue carrière, comment faites-vous pour composer la set list de chaque show ?

Bonne question… si tu as la solution magique, je suis preneur ! (rires) On essaye de la changer un peu chaque jour. On a 125 chansons dans lesquelles on peut choisir, tu imagines comme c’est compliqué ! Au final, on arrive à se mettre d’accord chaque soir quelques heures à peine avant de monter sur scène.

Avez-vous idée du nombre de concerts que vous avez joués à ce jour ?

Franchement, je n’en ai pas la moindre idée…

Un paquet, c’est sûr ! Est-ce toujours aussi fun qu’avant, de monter sur scène ?

Sans aucun doute, ça n’a jamais changé. Que les choses soient claires : le plaisir est bien la seule raison pour laquelle on est toujours dans ce groupe.

Même les groupes les plus pourris qui ont à leur actif dix fois moins de concerts que vous ont sorti au moins un DVD live… Qu’attendez-vous ?

Ca y est, ça arrive ! Je peux même t’annoncer en exclusivité que l’on est en train de travailler dessus en ce moment même. Il sortira a priori courant deux-mille-dix.

Deux-mille-dix sera donc l’année Fu Manchu, puisque vous fêterez vos vingt ans de carrière. Il semblerait que vous prépariez quelque chose de spécial pour cette occasion, peux-tu nous en dire plus ?

Allez, encore une exclu pour toi : effectivement, on réfléchit à faire un truc bien spécial, et a priori ça se fera en Europe ! Un truc du genre jouer l’un de nos albums en entier d’affilée… On y réfléchit, je peux juste te dire que ça sera quelque chose de cool !
Vingt ans c’est bien beau, mais qu’avez-vous prévu pour les vingt prochaines années ?
Pour les vingt prochaines années ? T’es cinglé ! Fini Fu Manchu dans vingt ans ! (rires)

 

novembre 2009 par Chris et Shinkibo.

MASTERS OF REALITY – aout 2009

«Pine / Cross dover», le nouvel album de Masters Of Reality explore de nouveaux territoires. Parmi les onze titres, deux sont des plages instrumentales totalement improvisées. Dans cette interview, le cerveau de la bande Chris Goss cause philo, religion et bien sûr musique. Interview par Robert Pally que l’on remercie au passage.

Le précédent album du groupe “Deep in the hole” incluant du nouveau matériel est sorti en 2001. Pourquoi ça a pris si longtemps?

(il réfléchit) Plusieurs facteurs sont à mettre en cause. En particulier le fait de bosser avec d’autres musicos et de produire d’autres groupes. Par exemple, j’ai travaillé un an avec les Queens Of The Stone Age sur leur album « Era Vulgaris» (2007) et encore un an avec Unkle sur leur album «War stories» (2007). A côté de ça, j’ai bossé avec Mark Lanegan, Melissa Auf der Maur, Eighties Matchbox B-Line Disaster – un des meilleurs groupes avec lequel j’ai jamais travaillé – Duke Spirit – un album country/western pour une série d’actrices (Smith & Pyle; Shawnee Smith and Missi Pyle) avec qui je suis pote, et j’ai aussi fait un album avec Jeordie White (Twiggy Ramirez dans Marylin Manson) et Zach Hill sous le doux patronyme de Goon Moon. J’ai pas mal produit. Ça me paie mes factures bien que je puisse honnêtement dire que je n’ai jamais travaillé avec quiconque pour l’argent. Je dois beaucoup aimé la musique! J’ai jamais été une pute. Beaucoup d’entre eux sont des amis. Également, j’ai un ranch de 5 hectares dans le désert de Joshua Tree (près de Los Angeles) qui me donne beaucoup à faire.

 

Tu nous en dis plus à propos du nouvel album «Pine / Cross dover»?

Le nouvel album est un départ pour nous, un album qui sonne différemment. Je ne dirais même pas que c’est un album de hard rock, c’est plutôt un album bizarre. Ce qui a vu le jour en vaut la peine pour moi au plan psychologique. Ça couvre à mes yeux le territoire que je voulais explorer depuis des années.

La nouvelle plaque semble être le résultat d’une sorte de coïncidence vu que le boss de ton label t’es tombé dessus par hasard et t’a demandé de le faire. Quel genre de priorité le groupe a-t-il pour toi? Est-ce que c’est juste un projet intercalé entre tes activités de production et celles qui consistent à jouer avec les autres?

Quelqu’un m’a demandé récemment si Masters Of Reality n’était juste qu’un hobby pour moi. C’est plus que ça. C’est ce que j’ai toujours voulu faire… Le dilemme est le suivant: je n’ai jamais été foutu de trouver un manager qui se dévouerait à la cause de Masters Of Reality de sorte que je pourrais ne vivre que de ça. Je préférerais jouer la zique des Masters chaque soir si je le pouvais. A côté de ça, je ne suis pas prêt à faire n’importe quoi pour faire carrière. J’ai pas envie de glander sur Twitter ou d’afficher ma tronche sur Facebook. Je suis heureux quand je suis dans une pièce avec un pote jouant simplement de la guitare.

Avec les 2 instrumentaux “Johnny’s Dream” et “Alfalfa”, tu explores de nouveaux territoires. Qu’est-ce qui a provoqué ça?

Je pense que ça vient du fait que j’adore les instrumentaux sur certains albums. Même David Bowie pendant sa période berlinoise. Il y a plein d’instrumentaux sur «Low» (1977) et «Heroes» (1977). Un artiste pop comme Bowie a eu le courage de faire ça il y a 30 ans. Et je crois aussi que ça vient du fait que j’aime la fusion qui étaient jouée dans les années 70: j’étais un gros fan de Mahavishnu Orchestra (John McLaughlin) et Weather Report. De fantastiques instrumentaux! Dans ce monde où tout le monde parle tout le temps, quel soulagement! Andy Warhol avait raison lorsqu’il a dit que tout le monde aurait 15 minutes de célébrité. C’est là où on se trouve maintenant. Tout le monde peut devenir un star pendant 15 minutes maintenant. Mais bon, revenons aux instrumentaux. On voulait juste savoir si on était capable de parler à travers la musique. Je perçois beaucoup de joie sur la plage “Alfalfa” qui dure 12 minutes. C’était vraiment une super expérience totalement improvisée. Même chose avec “Johnny’s Dream”. Ça sonnait super quand on l’a pondu. C’est sorti spontanément. On voulait rendre hommage à ces groupes avec ces deux chansons.

 

Alors ces chansons sont le futur de Masters Of Reality, uniquement des instrumentaux?

(rires). Non, probablement pas. Mais on ne sait jamais. J’adorerais faire une tournée rien qu’avec ce genre de musique fusion. Peut-être tout un album mais pas plus.

C’est quoi l’idée derrière le split de l’album en 2 parties (Pine and Cross dover)?

Ca nous semblait le truc à faire. Pour moi il y a 2 humeurs bien distinctes sur l’album ainsi que 2 messages distincts. Le premier s’inquiète de la fin du monde (Pine) et l’autre l’accepte (Cross dover). C’est presque comme si Cross Dover est le côté bouddhiste et Pine est le côté catholique.

Le morceau “Whore of New Orleans” (La Pute de New Orleans) semble parler de l’ouragan Katrina. Tu te sentais concerné?

Cette chanson ne parle pas de l’ouragan. C’est spécifiquement la raison pour laquelle j’ai dit dans les paroles que l’orage est arrivé sans prévenir. Parce que Katrina, il y a eu beaucoup de signes annonciateurs tangibles quant à sa venue et ils ont mal géré ça. La chanson parle de tragédie à l’échelle mondiale en général, pas uniquement de Katrina. Ça pourrait aussi parler du tsunami en 2004. La Terre Nourricière est devenue folle et répond aux attaques qu’elle subit. Les gens se prennent la tête pour essayer de comprendre ce qui se passe. Les accusations fusent. Les gens cherchent à blâmer quelqu’un pour l’ouragan Katrina: Georges Bush, à cause de son ignorance du réchauffement planétaire, a été accusé d’avoir déclenché l’ouragan. Comme si lui et Dick Cheney possédaient une machine qui produit des ouragans sur une île. C’est tellement ridicule. C’est comparable à un mode de pensée médiéval. «Whore of New Orleans» parle de ce genre d’état malsain et très douloureux que des gens – qui ne possèdent pas beaucoup ou ont beaucoup perdu – doivent traverser. La pute est le côté sombre de la Terre Nourricière.

Tes paroles sont souvent philosophiques?

Ouais, bien sûr. Inconsciemment ou non. C’est ce que j’aime lire. C’est aussi la manière dont j’aime penser et approcher les choses. Je suis un grand fan de Joseph Cambell et d’Alan Watts, des gens qui ont un regard philosophique – pas tellement bouddhiste – sur la manière dont chaque culture et chaque religion ont des similarités. Et aussi sur la manière dont nous pourrions nous rapprocher l’un de l’autre si nous faisions la connexion quant à ces similarités dans nos religions. Les histoires et les mythes derrière toutes les religions du monde sont très similaires. A la base on retrouve toujours le rituel du sang. Les religions devraient s’unir sur base de ce fait!

Qu’est-ce que tu veux atteindre avec ta musique?

La musique est une prière. Du moins, la bonne musique est une prière. Ça fonctionne à beaucoup de niveaux. Ça marche à la base, comme quelque chose de très charnel, ce qui est très terre-à-terre. Heureusement, il y a aussi un qualité intrinsèque à la musique qui consiste à atteindre un autre niveau – supérieur celui-là – d’une telle manière qu’on ne s’en rend même pas compte. J’aime l’idée de parcourir à la fois notre monde (underworld) et celui de l’au-delà (overworld) au même moment, spécialement l’au-delà. C’est là que la philosophie entre en scène.

Quel est le souvenir que tu aimerais que l’on ait de Master Of Reality quand tu auras des cheveux gris et que tu seras vieux?

Comme dans un an (rires) pour en revenir à la dernière réponse que je viens de te filer! J’espère, du moins, je sais que certaines personnes peuvent voir cela. Les arts que j’aime, la musique que j’aime. Je peux ressentir ces qualités que je viens d’énumérer, ces buts que j’ai en moi. Peut-être que je ne les atteins pas, peut-être que les gens ne le voient pas. Peut-être que j’échouerai. Le temps nous le dira. Que quelqu’un sache ce qu’était mon but! C’est de cette manière que je voudrais que l’on se souvienne de moi. C’était pas que du Rock’n’Roll!! Les musiciens, les vrais, ont une responsabilité vis-à-vis des mômes, presque comme un prêtre. Pour prendre soin de notre paroisse, les vrais musicos sont comme des bergers. Ce qu’il y a de sacré dans la musique, c’est que ça peut apporter tant de bonheur et de soulagement à ta vie. La musique doit tendre vers cela. Maintenant, c’est regarder avec beaucoup de mépris et les liens avec le mondes affaires et l’industrie du disque en ont fait une vaste blague. C’est très triste. J’aimerais que l’on se souvienne de moi comme le mec qui se souciait du tournant que la musique prenait.

photos par Nigel Copp.

Interview en partenariat avec Daily-Rock

Aout 2009 par Robert Pally

KARMA TO BURN – juillet 2009

Après une longue pause, Karma To burn est de retour sur le devant de la scène. L’occasion de poser quelques questions à Rich Mullins (basse).

 

 

Salut, tout va bien?

Ça va très bien!

Content d’être ici?

Yep!

Ça fait un moment que vous êtes en tournée maintenant, environ 2 mois. Vous avez fait pas mal de shows en Europe déjà, pas tant que ça aux USA, pourquoi?

On était en tournée pendant 3 semaines aux USA!

Mais vous n’avez pas fait tous les endroits que vous vouliez…

Non… Les USA c’est gigantesque ! On va y retourner un peu plus tard. On est venus en Europe parce qu’on devait jouer cet endroit en Italie, sur une île.

En Sardaigne! Comment c’était sur la plage?

C’était cool ! Vous voyez, je ne pensais pas du tout que ça marcherait, mais au final c’était super. Vous savez, ils n’ont laissé entrer que 150 personnes, c’était petit du point de vue du public, mais ils se sont installés un peu partout sur la plage, ils se mettaient à l’aise…

Et vous avez fait ce concert un peu spécial assez récemment à Anglet..

Oh oui oui, le truc de skate pour Volcom. C’était assez bizarre, on était au dessus d’une rampe de skate, des gens skataient, et des gens s’énervaient à cause des gens qui skataient…

Lequel de ces deux concerts as-tu préféré?

J’aime le skate, mais je ne veux pas trop jouer quand des gens skatent. Une fille qui regardait s’est pris une planche sortie de nulle part…

On a entendu parler de ça !

C’est pas cool du tout… Vous savez si elle va bien?

Aucune idée…

Mais sinon, j’aime le skate, Rob (Oswald, le batteur) est un très bon skateur.

Alors, à propos de musique : Pourquoi n’avez-vous pas de paroles ? Pourquoi utiliser des nombres pour les titres de vos chansons ?

 

Et pourquoi pas le même système pour le nom des albums ?

Je le vois comme ça : un album est l’ensemble d’un travail, et les nombres représentent la collection de parties composant l’ensemble. Pour les paroles, on en avait pour le premier album, mais on a préféré s’en passer. Alors quand on commence à rassembler l’ensemble des parties, c’est plus facile de s’en rappeler avec des nombres. Mais ils correspondent surtout à l’ordre dans lequel on a écrit les chansons en fait. Ça c’est la 5ème chanson qu’on a écrite, ça la 1ère… Oh, j’en ai oublié quelques-unes [il regarde la set-list qu’il fournira aux organisateurs, en marquant des nombres de nouvelles chansons].

Vous n’avez toujours pas repensé à mettre des paroles depuis?

Vous savez, je lis beaucoup. J’aime lire des livres, mais pour les paroles, je suis plus AC/DC, Motörhead et ce genre de choses. Bob Dylan, je trouve que c’est une perte de temps. Les variations dans le chant, le schéma des rimes, c’est pour les gosses… Ça ne me manque pas.

Alors le chanteur que vous avez viré ne vous manque pas non plus?

Haha, non, c’est pas ça, on ne l’a pas viré. Il savait que ça ne le ferait pas. Il était supposé faire quelques chansons, puis il en a fait d’autres, puis d’autres.

Alors est-ce qu’il a écrit les paroles de ces chansons?

Moi et Will les avons écrites. L’inspiration est venue un matin, et on les a aimées…

Ça fait un moment qu’on vous a pas vu ensemble. Quelle est la raison de ce retour?

J’ai été accro à l’héroïne. On devait prendre un break et reprendre nos vies en main. Ça nous a pris 4 ans pour pouvoir recommencer. J’ai pris pas mal de mauvaises décisions, et beaucoup d’entre elles ont fait du mal à notre guitariste, donc il ne voulait plus trop me voir.

Mais vous avez quand même démarré d’autres groupes en attendant?

Oh oui, je voulais jouer de la musique à nouveau. J’ai joué un concert à L.A. et le groupe a plutôt bien décollé en fait, beaucoup plus rapidement que je ne l’aurais pensé ; Year Long Disaster a commencé a prendre pas mal d’ampleur et on a signé sur Volcom. Et Rob est avec Nebula en ce moment.

Vous avez aimé jouer en festival cet été?

C’est spécial ici (Stoned From the Underground, Erfurt) parce que c’est beaucoup plus petit que d’habitude, c’est comme un concert normal. Mais on a joué au Hellfest, au Download, Graspop, tous bien différents.

Il y a pas mal de gens qui ne vous connaissent pas pendant un festival, ils peuvent vous entendre pour la première fois en passant devant la scène.

Oui, ça aide beaucoup pour le groupe, mais le public est si loin de la scène, mais vraiment loin, parfois 20 mètres… et la scène est très haute, alors c’est difficile d’avoir une vraie connexion avec le public. L’inverse de la rampe de skate.

Vous êtes considérés comme une pierre angulaire du stoner rock. Quel effet ça fait?

Forcément, c’est super d’être considéré ainsi. Quand on était plus jeunes on a joué quelques concerts avec Kyuss. Je ne les connaissais pas personnellement, mais on s’est bien entendus alors que je ne les avais jamais entendus avant. On a pas mal en commun avec John (Garcia) maintenant, on reste en contact. Mais en tant que groupe stoner, je trouve que pas mal de groupes sont plus “trippants” que nous, nous on est plus metal. Ça attire mieux l’attention.

Quelles étaient vos influences au début?

Notre guitariste, Will, est très AC/DC, moi aussi. Même Sonic Youth, et je pense que vous allez en entendre un peu dans le futur. Vous savez, on va d’un truc carré et violent à quelque chose de plus fillette, haha!

Connais-tu le groupe qui passe après vous?

Non, qui sont-ils? Ils sont bien?

Monkey3 de Suisse, ils jouent un stoner instrumental comme vous, mais plus psyché. Je pense que tu peux aimer.

Ok, non je ne les connais pas, j’ai pas vraiment l’occasion d’écouter de nouvelles choses récemment. Sur la route j’ai mon iPod bourré à fond, et je dois faire avec ça. Mais merci du tuyau!

 

juillet 2009 par Mathieu Springinsfeld et Vincenzo Russo

VALIENT THORR – juillet 2009

Valient Thorr, un groupe à l’énergie débordante qui, petit à petit, se forge une réputation solide de groupe de scène.

Et aussi des membres bien sympathiques qui se plient volontiers à l’exercice de l’interview.

 

 

J’aimerais d’abord vous poser la question la plus nulle qui soit: Avez-vous un lien de parenté avec ZZ Top ?

Valient : Je ne pense pas. Je pense qu’au fond, dans le cours des choses, si on regarde notre histoire, tous les gens de la Terre sont descendants du peuple de Venus, mené ici après les dinosaures qui ont essayé de nous tuer. Donc dans un sens, peut-être de très très loin, mais pas juste parce qu’on a des barbes.

Eidan : Mais il faut aussi dire que pendant les 70’s certains d’entre eux auraient pu coucher avec l’une de nos mères.

Alors, vous êtes en tête d’affiche ce soir, est-ce ce que ça fait partie d’une grosse tournée ?

Valient : Euh, c’est en quelque sorte la fin de notre deal estival, rien de géant. C’est notre vie quotidienne.

Valient : En ce moment c’est l’Europe, les US et le Canada. On va essayer de s’arrêter en Amérique du Sud très bientôt, et peut être l’Australie, le Japon après ça. Ça prend du temps, on va revenir en novembre en Europe de l’Est pour la Croatie, la Slovénie, pas mal d’endroits où on a jamais été.

Vous vivez vraiment sur la route !

Valient : Ouais !

Il parait que vous aviez joué 272 concerts en une année, c’est vrai ?

Valient : C’est un calcul qu’on a fait une fois, mais Lucian (batteur) vient de me dire que ça a peut-être été un peu exagéré. Mais c’était au dessus de 200 pour sûr ! Je vais me fournir le compte officiel, je veux pas qu’on me dise « Ce trou du cul est un menteur ! » et je vais vérifier, parce que ce serait génial de savoir exactement. Le jour où on aura le 2000e, 1500e concert, ou un autre gros nombre on pourra venir le crier sur scène. Ça fera un sacré paquet de concerts ! Aucun doute là-dessus.

Comment êtes-vous parvenu à faire ça ? Quelle est la motivation ?

Valient : On y est arrivés…

Eidan : …en y allant, simplement.

Valient : Dans le passé on a laissé pas mal de sales choses derrière nous, brisé des cœurs, eu nos cœurs brisés, fait des bêtises, et on en a réparé d’autres…

Eidan : En fait ils m’ont récupéré sur leur première tournée. J’ai pris mon lit, mes habits, tout ce qui m’appartenait, et je les ai mis sur le trottoir. Direct dans le van. « C’est parti on dégage. »

Vous avez été en Europe pour la première fois avec Fu Manchu en 2007, comment avez-vous trouvé la région ?

Valient : J’ai adoré ! Ça nous a pris beaucoup plus de temps d’arriver à ce stade aux US que ca nous en a pris ici… Les gens sont plus réceptifs, ils sont excités parce qu’ils n’ont pas l’occasion de nous voir si souvent que ça, ils prennent l’opportunité de venir nous voir, nous montrer leur respect, et faire la fête tout le long, c’est super cool.

Quel est votre endroit favori ?

Valient : Ah merde y’en a tellement !

Alors pouvez-vous nous dire la différence entre un public américain et un public européen ?

Eidan : Ils sont tous les deux importants, les deux sont à fond.

Valient : Notre public est là pour nous peu importe l’endroit.

Les Thorriors !

Eidan : On a tous les mêmes origines, mec.

Valient : C’est différent partout dans le monde parce qu’au fond, s’ils sont des Thorriors (NDLR : fan club de Valient Thorr, ils portent des blousons en jeans à l’effigie du groupe), ça leur prend une seconde pour comprendre comment ça va se passer, ils le savent tous. Et ils font la fête à fond. Ça ne peut pas être meilleur que ça.

 

 

Est-ce que vous voyez beaucoup de veste de Thorriors en Europe ?

Valient : Oui oui ! Je n’avais jamais entendu parler du Chapter (NDLR : division régionale des Thorriors) qu’il y avait ici. On voit des casquettes, des t-shirts, même un van à notre effigie. Vous savez, même les paroles, dans chaque endroit comme l’Autriche, la Scandinavie, ils les connaissent toutes, partout ou on va. C’est vraiment cool, le message touche les gens partout.

A propos du message justement, pourquoi est-il aussi politique ?

Valient : Oui il n’est pas que question de rock’n’roll. On se rassemble pour pointer du doigt le fait que peu importe nos différences, on est tous sur cette planète, on en a qu’une seule, on doit s’en occuper, et les gens méfiants de tous les autres sans raison bloquent la communication. Mais si tu dis « Voilà, je pense qu’il y a des choses qui clochent », tu donnes de la voix, tu rends ce message plus fort avec de la musique, ça ouvre le dialogue. On peut changer. Ce ne sera peut-être pas toi directement qui fera le boulot, mais quelqu’un d’autre aura été motivé pour le faire. Plus on se motive ensemble l’un vers l’autre, moins on se divise, on s’éloigne l’un de l’autre. Je pense que c’est la meilleure façon d’agir. Le rock’n’roll est le meilleur catalyseur pour commencer un dialogue. Peu importe si on est vieux ou jeune, noir ou blanc ou n’importe quoi entre tout ça, le rock’n’roll a toujours été les sutures. C’est ce qui fédère, comme toute musique, le jazz, le blues, l’ont été à un moment donné. Ça te fait bouger la tête, on entre en relation avec ces gens. Le rock’n’roll a ça. Alors si tu peux ajouter au rythme quelque chose auquel tu crois, et que les gens qui l’entendent disent « Ça ressemble vraiment à ce en quoi je crois ! » alors ils s’associent et te poussent.

Eidan : Ça a un impact sur tout le monde de toutes façons…

Valient : Notre dynamique est la vie des gens. On croit en ce qu’on raconte, ils croient en ce qu’on raconte, et ça roule à partir de là, c’est comme ça qu’on créé une avalanche.

Le message de votre dernier album est plus universel, alors que le message des albums précédents était plutôt axé autour de l’administration Bush. Est-ce parce que vous voyagez plus souvent en dehors des USA, qu’il faut un message qui touche tout le monde ?

Valient : Et bien, le monde est plus grand qu’un seul pays, je ne représente pas les USA. Nous sommes d’une autre planète, nous sommes venus ici pour aider cette planète en péril si tout le monde continue à s’étriper. Les USA ont fait des erreurs, tout le monde fait des erreurs. Tu existes au travers de tes expériences, et tu fais tes choix de vie en fonction. Mais si, en tant que petit garçon ou petite fille, tu peux être éduqué de façon à aider ton prochain, du début à la fin, alors on ne sera plus effrayés les uns des autres. Si tu as cette peur, tu ne peux pas aller dans un autre pays, apprendre ce qu’ils ont à t’offrir, ni leur faire apprendre ce que tu as à leur offrir. De cette façon on devient plus proches, une communauté plus rapprochée. Je sais pas, je préférerais continuer à progresser plutôt que de tomber.

Pourquoi avoir choisi Volcom ? C’est connu pour être une marque de skate.

Valient : Quelques gars skatent, d’autres travaillaient dans des magasins de skate…

Eidan : …on va bien ensemble c’est tout, tu vois ce que je veux dire ?

Valient : Oui c’est une coïncidence. Ils ont une légitimité dans le milieu, on croit en ce qu’ils croient, ils font des fringues pour de bons gars, ils ont commencé de zéro, tout comme nous, et ils croient en notre truc, ils nous aident vraiment.

Eidan : C’est un bon petit mariage qu’on a là.

Ils sont nouveaux dans le milieu de la musique n’est-ce-pas ?

Eidan : Pas vraiment, ça fait un moment ! Plus de 10 ans.

Valient : Ils sont présents depuis 14 ans, avant ils faisaient la musique de leurs potes, mais maintenant ils se mettent à des choses plus sérieuses (NDLR : Year Long Disaster est aussi signé sur Volcom).

Eidan : Mais ça marche bien, ce sont des gens biens.

Pourquoi croyez-vous que la scène stoner est toujours underground alors qu’elle est très active ? Est-ce pour le mieux ?

Valient : Oui parce que si ça devient grand public ça n’a pas de sens. Il y a une bonne communauté intelligente de gens qui écoutent et apprécient cette musique, et si pour une quelconque raison il commence à y avoir de vrais hits, si la popularité grandit c’est bien, mais si ça devient pompé de partout comme les autres genres que passe la radio commerciale, les gens vont arrêter d’y croire et ce ne sera plus que copie sur copie sur copie au lieu de développer de nouvelles choses.

Eidan : Ce qui compte vraiment brille toujours de toute façon, même dans un contexte grand public. On pourrait être dans le même créneau mais ils ne seront toujours que des « autres groupes ». Tu pourrais nous reconnaître avec le cœur.

Valient : Et le truc marrant c’est que la musique grand public n’a rien à voir avec notre culture, avec ce qui nous motive. Ce qu’on fait ne conviendra jamais à la culture populaire. Ce n’est pas grave parce qu’on ne le fait pas pour l’argent, on le fait pour ceux qui veulent l’entendre. Ils ne savent peut-être pas encore qu’ils le veulent, ils peuvent penser qu’on craint, mais tout à coup, ils rencontreront un pote, ou ils parleront à une fille cool dans un magasin de disques, et ils seront introduits à quelques morceaux qui tuent, et ce sera parti… Tout le monde embarque. Tout est une question d’expériences.

On doit aller chercher tout ça.

Valient : Mais si tu vis dans un arbre, en rase campagne, ou autre, ce n’est pas ta faute si tu ne sais pas !

Eidan : On sera là bientôt !

Comment vous sentez-vous pour le concert de ce soir ?

Valient : Très bien !

Eidan : Santé !

Valient : Prost !

 

juillet 2009 par Mathieu Springinsfeld et Vincenzo Russo

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