Katrin Saalfrank – octobre 2013

Personne n’avait vraiment vu arriver ce livre : 232 pages de photos dédiées à “l’aventure” Vista Chino (avec les premières prises de vue qui ont commencé alors que le groupe n’utilisait même pas encore le nom de “Kyuss Lives!”), un tel “luxe” n’est pas partie courante dans notre genre musical de prédilection. Quel que soit l’avis que l’on porte sur le groupe, sa musique, force est de reconnaître l’ampleur et la qualité du travail fourni par la photographe, Katrin Saalfrank, dédié à l’un des groupes majeurs du genre. C’est assez rare, voire inédit, pour être signalé. A ce titre, l’objet trouvera sa place dans la collection de tous les fans de stoner, qui pourront l’obtenir via son site (http://www.freedomrun-vistachino.com). Nous avons profité de l’occasion pour nous entretenir un moment avec Katrin Saalfrank, la photographe à l’initiative du projet.

 

Peux-tu te présenter et nous présenter ton parcours en tant que photographe ?

Katrin Saalfrank : D’aussi loin que je me souvienne, j’ai été élevée avec autour de moi des gens qui faisaient de la musique. Ils sont d’ailleurs tous toujours musiciens à l’heure actuelle, ou bien se sont tournés vers les métiers du son, de la lumière… J’ai donc commencé très jeune en faisant énormément de photo live mais aussi des portraits. Mais au bout d’un certain temps, j’ai commencé à ne plus ressentir le même intérêt à faire des photos de concert. J’en fais toujours un peu occasionnellement, mais ce qui m’intéresse vraiment, c’est ce qui se passe derrière le rideau. Je me suis progressivement plutôt intéressé au métier des gens, leur vie, l’environnement dans lequel tu peux voir qui ils sont vraiment. Un type de photographie plus proche du reportage, un regard plus approfondi sur les choses. Je me suis naturellement orienté vers les musiciens pour cela, d’abord par affinité personnelle avec cet art que je trouve superbe, mais aussi pour essayer de savoir pourquoi et comment ils le pratiquent, je trouve ça très intéressant.

Au-delà de Freedom Run avec Vista Chino, on trouve dans tes travaux plusieurs références aux musiciens de la scène “desert rock” (Dandy Brown, Gary Arce, etc …). Comment sont arrivées ces opportunités ?

C’est moi qui les ai contactés pour leur demander.

Est-ce lié à tes affinités musicales personnelles ?

Complètement, j’adore ce genre musical. J’essaye de suivre tout ce qui se fait dans ce genre surtout dans cette zone géographique, et ce depuis plusieurs années. La musique c’est avant tout de la passion et un esprit, et la photographie c’est la même chose pour moi. Je voulais donc rassembler les deux choses que j’aime le plus.

 

Parlons maintenant de ton livre Freedom Run. Qui en est à l’origine : toi-même ou bien le groupe ?

C’est moi.

Quand as-tu commencé à travailler sur le livre ?

J’ai commencé à faire des recherches et du travail préparatoire à partir de fin-2009, début 2010.

C’est intéressant, car à cette époque, ni Vista Chino, ni Kyuss Lives!, ni même Garcia Plays Kyuss n’existaient encore… Cela veut-il dire qu’en fait c’était essentiellement sur John Garcia que focalisait ton projet ?

C’était John et plein d’autres personnes… John est la première personne que j’ai contactée, et à l’époque il n’était pas du tout prévu qu’ils feraient Kyuss Lives!. Mais en réalité, les recherches que j’avais engagées portaient sur un autre projet, un autre angle, sur lequel d’ailleurs je travaille toujours en ce moment : un portrait des musiciens de la première et de la seconde générations du Desert Rock.

Comment t’y es-tu prise pour finalement faire valider ton projet et entrer en contact avec le groupe ?

Dès les débuts du projet, j’envoyais des tonnes d’e-mails pour rentrer en contact avec les musiciens. Je me heurtais à des barrières qui semblaient infranchissables, je ne recevais que des réponses négatives pendant des mois et des mois. Et puis un jour j’ai eu l’opportunité de rencontrer John à l’occasion d’un festival. Il s’est avéré qu’il se souvenait de mes mails, et il a suffit d’une courte conversation pour qu’il réalise que mon projet était sérieux, et à partir de là il m’a proposé son aide.

 

Combien de temps a duré ton travail sur ce projet ?

J’y ai travaillé jusqu’à août de cette année, on peut donc dire presque quatre années en tout.

Tu côtoyais le groupe à la période où a retenti le fameux procès[intenté par Josh Homme et Scott Reeder pour empêcher Garcia et Bjork de s’accaparer le nom de “Kyuss” pour leur seul profit]. Quel est ton point de vue sur ce sujet ?

Pour être honnête, je ne peux pas te dire quoi que ce soit de plus que ce que tu en as entendu ou lu un peu partout. Plusieurs points de vue ont déjà été relayés dans les médias. Je n’étais pas directement impliquée, je préfère donc me garder de tout commentaire et encore moins d’exprimer un avis qui ne serait que personnel.

OK, mais peux-tu nous dire au moins si tu as observé des changements durant cette période chez le groupe ?

Ca c’est sûr, le contraire aurait été complètement anormal et inhumain. C’était vraiment une période très dure pour tous ceux qui étaient impliqués.

Comment s’est organisé ton travail sur ce livre ? As-tu passé des périodes de plusieurs semaines non-stop avec le groupe, ou bien as-tu simplement assisté à quelques concerts ou événements ponctuels avec eux ?

Un peu des deux. Ces trois dernières années, j’ai passé un à deux mois par an en Californie. La tournée en revanche, et les photos live associées, c’était presque en une seule fois, avec quelques déplacements ici ou là ensuite.

Quel membre du groupe t’a le plus surpris, quand tu as eu l’opportunité d’apprendre à les connaître mieux chacun ?

“Surpris” n’est probablement pas le mot le plus adéquat… Chacun a ses mystères sur qui ils sont vraiment, ces mystères s’éclaircissant petit à petit pour moi au fur et à mesure que j’apprenais à les connaître.

Formulons différemment dans ce cas : peux-tu nous dire ce que tu as découvert dans le comportement ou l’attitude de chaque musicien du groupe ?

Bruno est le mec le plus tranquille que j’aie jamais rencontré, il a l’esprit le plus serein.

Brant est à la fois innocent, presque naïf, et très prévenant. Il pratique parfois la méditation avant ses concerts.

Nick adore Scorpions, et il est super nerveux avant ses concerts.

Quant à John, j’ai apprécié les discussions sérieuses que nous avions, et la confiance qu’il m’a accordée à partir de la minute où nous nous sommes rencontrés.

 

Quel est le souvenir le plus marquant ou l’anecdote qui te revient à l’esprit quand tu repenses à tout ce temps passé avec eux ?

Je n’en vois pas un seul qui ressort, il y a des tonnes de souvenirs superbes, à commencer par le fait d’entendre ces chansons chaque soir. Ce dont je me souviens tout particulièrement c’est le fait de me retrouver assise à quelques centimètres à peine de la grosse caisse de Brant alors que je prenais des photos, et le son est devenu si profond et puissant dans mon corps tout entier, c’était étourdissant ! J’ai aussi eu l’opportunité d’avoir des points de vue vraiment différents sur les choses, comme du dessus de la scène par exemple, c’était génial ! Ou alors juste être avec les gars pour une bière après un show… La tournée toute entière était tout simplement unique, avec des moments intenses, en particulier ces instants juste avant ou juste après le concert.

Justement, concernant les émotions retranscrites par ton livre, on voit souvent les musiciens un peu “ténébreux”, introspectifs, concentrés… Pas beaucoup de place accordée aux sourires, et des musiciens qui donnent l’impression d’être souvent seuls, isolés…

Ils étaient pourtant très contents, ils appréciaient chaque jour un peu plus de passer ce temps ensemble sur scène, mais aussi avant et après les concerts. Mais j’imagine que tout le monde a besoin de temps pour lui-même au cours de la journée pour recharger un peu les batteries et se préparer pour le concert du soir. Pour cela ils lisaient, se reposaient, discutaient avec leurs familles ou allaient simplement visiter. Le tour bus, c’est comme un sous-marin : tu es enfermé dedans pendant des heures et des heures chaque jour avec toujours les mêmes personnes, donc j’imagine que chacun est content de temps en temps de se retrouver un peu seul un moment…

Mais il y a quand même un choix éditorial, je pense, à mettre en avant une plus grande proportion de photos “sérieuses”, sur lesquelles on ressent les musiciens plus réfléchis, posés… Est-ce un choix de montrer par exemple cette part de mystère qui entoure les musiciens “iconiques” ?

Je n’y avais pas pensé ainsi, mais je pense que tu as raison, car j’avais ce sentiment très souvent quand je me retrouvais avec eux. Avec chaque photo que je prenais d’eux, j’avais le sentiment d’en apprendre un peu plus sur chacun d’entre eux. Le livre raconte donc aussi, d’une certaine manière, mon périple personnel pour apprendre à les connaître. Plus tu connais les gens, plus ta photo est profonde, presque intime. Ce n’est pas uniquement la prérogative du photographe de décider de ce qui va arriver, c’est l’interaction entre la personne devant et la personne derrière l’appareil photo. Mais il restera toujours une petite part de mystère au sujet d’une personne, qui que soit cette personne : un musicien, un ami, ou même ta maman.

Globalement, avec le recul, dirais-tu que ce projet a été compliqué ?

Je mentirais si je te disais non, car j’ai tout fait moi-même, qu’il s’agisse des prises de contact, de l’organisation, du concept, de la supervision de l’édition et de l’impression du livre, etc… Au début c’était vraiment utopique de ma part d’imaginer que je tiendrais un jour ce livre entre mes mains, mais au final ça s’est réalisé ! Sans le soutien indéfectible de plusieurs personnes clés, le livre n’aurait jamais abouti. C’était très dur parfois, mais c’était une super expérience dont je ne regrette pas la moindre minute. Je pourrais même dire que moi-même j’ai beaucoup changé au fil de ce projet, j’ai appris à mieux me connaître et j’en ai tiré des enseignements très importants.

As-tu prévu de continuer l’expérience ou la renouveler avec d’autres musiciens ?

J’y travaille déjà en ce moment même !

Octobre 2013 par Laurent

 

FATSO JETSON – avril 2013

Quand on rencontre Mario Lalli, on se frotte au mythique guitariste qui a inspiré les plus grands de nos groupes favoris, Kyuss en tête. Le bonhomme a croisé le fer avec certains des artistes les plus intéressants de la scène stoner, et continue d’influencer des tonnes de groupes et de musiciens. Pour autant, passés les premiers échanges, le gars fait redescendre immédiatement la pression : gentil, à l’écoute, affable, intéressant, honnête, accessible… “Boomer” est tout ça à la fois, et est surtout un passionné de musique, tout simplement, et ça transparaît dans tous ses propos.

 

On t’a retrouvé sur scène ce soir à jouer dans deux groupes différents au cours du même concert, comment t’es venue cette idée ?

Je joue avec Yawning Man depuis environ trente ans, ce sont des amis d’enfance, on a joué ensemble si longtemps… Et avec Fatso Jetson, ça fait presque vingt ans… Maintenant mon fils nous a rejoint à la guitare, il a grandi autour de tous ces mecs, qui sont mes meilleurs amis, il nous voyait à la maison jouer plein de trucs ensemble. Et pour revenir à ta question, Matte[Note : de Sound Of Liberation, tourneur de Fatso Jetson et accessoirement organisateur du Desertfest Berlin] est venu nous voir lors du festival Stoned From The Underground et nous a parlé de venir jouer au Desertfest avec Fatso Jetson. Je me suis immédiatement dit Wow, quelle incroyable opportunité de faire venir tout ce monde avec moi pour jouer. Mon cousin qui est bassiste au sein de Fatso Jetson [Larry Lalli] a été un membre de Yawning Man, il connaît tous les morceaux à la basse ou à la guitare, et mon fils aussi connaît la plupart des chansons… Donc mon idée à l’origine était de créer cette sorte de jam sans fin, avec des musiciens qui rentraient et sortaient durant le set. Mais quand on a commencé à confronter cette idée avec les contraintes propres à un festival, la gestion du backline et autres, on a un peu changé notre vision des choses. On est donc revenus à notre idée de faire cette super expérience avec tous nos amis, et voilà comment on en est arrivés là.

Comment s’est passé le concert, finalement, ainsi que celui à Londres hier dans la même configuration ?

Incroyable. Hier c’était super, on a eu notre première séance de dédicaces de toute notre vie, au magasin Vans : on s’est installés derrière une table et on a signé des trucs (rires). Et puis ils avaient installé une mini-scène avec des instruments, on a donc joué quelques morceaux. Ensuite on a juste traversé la rue, il y avait ce groupe anglais Yawning Sons, qui est en quelque sorte inspiré par Yawning Man : Gary Arce a monté ce projet avec ce groupe [Sons Of Alpha Centauri], et moi-même j’y ai contribué sur une chanson de leur album. J’ai donc été jouer sur cette chanson avec eux. Après ça, j’ai joué de la basse avec Yawning Man, puis de la guitare avec Fatso Jetson… Donc si tu comptes, entre le show au magasin Vans et la fin du Desertfest, j’ai joué quasiment cinq heures non stop ! (rires) Mais musicalement c’était super. Quant à ce soir c’était tout aussi bien, car évidemment je m’entends bien avec tous les musiciens avec qui je joue, et par ailleurs je connais tous les gens à la production, notamment Matte dont je te parlais tout à l’heure, et toute l’équipe. On était vraiment très très excités à la perspective de ces concerts, je te promets, on en tremblait presque, je suis sérieux, on était comme des piles ! On est super heureux, vraiment.

 

On ne vous avait quasiment jamais vus durant la dernière décennie en Europe, or vous enchaînez la seconde tournée de Fatso Jetson chez nous en moins d’un an ! Qu’est-ce qui est à l’origine de cet heureux changement ?

En fait j’avais un restaurant / night club à Los Angeles. Or quand tu gères ta propre boîte, en particulier un night club, c’est complètement impossible de partir en tournée, et le simple fait de jouer de la musique est très difficile. C’était genre à chaque fois qu’on nous bookait un concert, c’était forcément à Los Angeles, et je devais toujours répondre : “J’adorerai faire ce concert, mais je dois fermer mon bar avant, et on ne peut aps commencer à jouer avant minuit, voire une heure du matin au mieux” (rires). Ca ne le faisait pas du tout… Mais maintenant c’est fini, le restaurant c’est fini, et d’ailleurs, quel jour sommes-nous ? Le 27 ? Et bien dans deux jours, ça fera exactement un an que l’on a arrêté le restaurant. Et la dernière tournée que nous avons faite ici l’an dernier, c’était à peine deux semaines après que l’on ait arrêté. Donc à partir de maintenant, j’espère qu’on jouera de plus en plus. J’ai cinquante ans maintenant, je ne sais pas pour combien de temps – enfin je sais que je n’arrêterai jamais… Et puis j’ai mon fils maintenant, il n’a que seize ans, donc si jamais je deviens trop fatigué, il aura la force de continuer, alors je me fais fort de lui faire partager toutes ces expériences.

Tu as été impliqué à différents degrés dans de très nombreux groupes ou projets. Considères-tu néanmoins toujours Fatso Jetson comme ton groupe principal ?

Oui, je le pense. C’est ma famille, tu sais, avec mon cousin, mon fils… Yawning Man est tout aussi important pour moi. Le seul petit problème… Non, c’est un gros problème, en fait, c’est que nous vivons à deux heures de route avec les mecs de Yawning Man. Or pour moi, faire partie d’un groupe, c’est jouer tout le temps. Pas toujours jouer des concerts, mais surtout aller dans le garage, et jouer, jammer, se laisser aller à faire de la musique ensemble. Ca doit faire partie de ma vie, de manière continue, régulière. Avec Fatso Jetson c’est comme ça que ça se passe, c’est ce qui le rend spécial à mes yeux. En plus, je compose activement, c’est moi qui organise tout autour du groupe… Donc oui, je dirai que c’est mon groupe principal, même si je ne me pose jamais trop la question en ces termes…

Puisque tu parles de famille, peux-tu nous en dire plus sur le projet Auto Modown ?

Ouais, et pour tout te dire, j’espérais presser des CD pour les emmener avec moi sur cette tournée, afin d’en donner un peu à tout le monde, mais j’ai dû dépenser tant d’argent pour faire des tee-shirts pour cette tournée, et emmener nos propres CD, que je n’ai pas pu le faire. Mais je pense qu’on a peut-être suscité l’intérêt d’un label italien pour sortir le disque [Note : enregistré chez son pote Scott Reeder l’an dernier] , une version vinyl et une en téléchargement. C’est un super disque, on en est très fiers. C’est 100% instrumental, du hard rock instrumental. Ca ne ressemble en rien à Yawning Man, c’est très heavy. Ca serait vraiment super pour le Desertfest, ce serait le groupe parfait !

 

OK on va faire passer le mot !

Ouais, fais ça !(rires) L’autre léger problème avec Auto Modown, c’est que le batteur lui aussi n’a que seize ans, alors je devrai partir en tournée avec deux gamins ! (rires) Déjà que j’ai dû sortir mon fils du lycée pendant deux semaines, je dois lui faire faire ses devoirs dans le van, tu imagines le genre de plans ! Mais plus sérieusement, le truc important c’est que c’est moi qui joue dans le groupe de mon fils, et non l’inverse.

Quelles vont être les prochaines sorties d’albums que l’on peut attendre de ta part ?

Un album de Fatso Jetson, puis un album de Yawning Man, on est en train de composer… On a sorti un split pour cette tournée qui donne un avant-goût de ce que l’on peut attendre du prochain Fatso Jetson. Mais on va faire un vrai album bientôt. On va aussi tenter une nouvelle expérience en faisant quelques clips vidéos avec un artiste de Los Angeles : c’est un truc que l’on n’a jamais fait. Tu sais, toutes les vidéos que tu vois de nous sur Youtube, ce sont des mecs qui font ça chez eux dans leur coin, on n’en est jamais à l’initiative, donc ça sera un réel changement, c’est très excitant. Et concernant Yawning Man, on va enregistrer un nouvel album pour Tee Pee Records.

27 avril 2013 par Laurent

 

UNIDA – avril 2013

Le père John Garcia se faisant pour le moins discret avec les médias depuis quelques mois, on profite d’avoir le sieur Arthur Seay sous la main pour lui coller quelques questions sur son autre groupe, Unida. Car il ne faut pas oublier que même si le chanteur charismatique draîne probablement le plus d’attention autour du groupe, Unida est avant tout le bébé de Arthur et de Mike Cancino…

 

Qu’est-ce que ça vous fait de vous retrouver tous les quatre en tournée ?

Putain j’adore, j’en mouille mes culottes ! C’est vraiment le meilleur trip du monde. J’adore John, j’adore Mike, c’est un honneur de jouer avec ces mecs. En plus désormais mon neveu (Owen Seay) est aussi avec nous, c’est génial. C’est une famille, on a toujours été une famille. Moi, Mike et John, ça a toujours été nous trois en famille. Et le fait de reprendre Unida, et que les gens soient toujours intéressés par notre musique, c’est super. C’est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur, tu vois, tous les groupes n’ont pas cette chance. Regarde, on est aujourd’hui en Allemagne, et on va jouer notre musique devant des centaines de personnes, ce n’est pas donné à tout le monde, on apprécie vraiment ça. On respecte nos fans qui viennent nous voir jouer, on n’est rien sans eux.

Où en êtes-vous en ce moment avec votre dernier album, enregistré il y a 12 ans maintenant, et toujours pas sorti officiellement ?

Lentement, mais sûrement, on arrivera à traiter ça proprement. J’ai revu récemment notre ancien responsable produit chez Sony [Note : on va vous la faire courte, mais suite à nombreux rachats entre labels aux USA, Sony est aujourd’hui le label associé à Unida pour cet album], ça s’est bien passé, je lui ai dit qu’on remettait Unida en ordre de marche, qu’on allait refaire des concerts, enregistrer un nouvel album… Et que du coup il fallait qu’on s’occupe de ce vieux dossier une bonne fois pour toute. Mais c’est quand même un sacré bordel, tu peux me croire, ça fait vraiment chier. On a saigné pour ce disque, on a écrit tout ça, tout se passait bien et tout d’un coup, tout s’écroule ! Quand c’est arrivé, on ne comprenait plus rien, ça craint vraiment…

Etes-vous détenteurs des droits ?

C’est ça qu’il faut que l’on résolve avant tout. Notre contrat fait plus de 80 pages, il faudra donc que l’on prenne un avocat, que l’on regarde les périodes d’application, si on peut en récupérer la pleine propriété, si on peut l’acheter… Petit à petit on va clarifier tout ça. Mais le plus important c’est qu’on va surtout faire un nouvel album avec de nouveaux morceaux, et on verra si ça aide à décoincer les choses, peut-être qu’ils voudront le sortir et que ça aidera à atteindre un compromis, par exemple, qui sait…

Vous envisageriez de le sortir chez Sony ?

Non, je pense qu’on va le faire nous-mêmes, probablement, et ensuite nous verrons si quelqu’un veut le sortir…

Small Stone ?…

Peut-être, on sait jamais ? Il aimerait, tu sais, j’en ai parlé avec Scott[Hamilton, boss de Small Stone], il le sortirait immédiatement sans réfléchir. Small Stone est génial, mais on verra, peut-être un plus gros… J’espère qu’on aura plusieurs labels intéressés, John est assez connu désormais, ça nous aide beaucoup…

 

Avez-vous déjà composé des chansons pour le nouvel album ?

Carrément. J’ai déjà envoyé des trucs à John, on fait ça tout le temps. Genre pendant que j’étais avec HOBP et lui avec Vista Chino, je me filmai avec mon téléphone et je lui envoyai “voici un riff, qu’en penses-tu ?”, ou alors pendant que je bidouille sur une acoustique… On a deux titres bien entamés, juste les bases. Et on continue, les choses suivent leur cours sans interruption. Notre but c’est d’être prêts quand John aura fini avec Vista Chino et nous avec HOBP : on pourra alors exploiter tout ce matériel, tout passer en revue, finaliser les compos, les enregistrer, et les sortir. Quand John aura fini avec Vista Chino, on a prévu de re-sortir “Coping With The Urban Coyote” sur un beau double-vinyl. On aura l’album entier sur le premier disque, et sur le second disque on va remettre “You Wish” qui n’était pas sur l’édition vinyl originale, et d’autres surprises : John et moi avons encore des vieilles bandes d’enregistrement, de tous ces trucs qu’on a faits, qui n’ont jamais été diffusées ou même entendues par quiconque, de purs inédits. On va les mixer et les mettre sur ce disque. On sortira donc cette édition rapidement, et ensuite on s’attellera au nouveau disque. Peut-être que dans l’intervalle on reviendra jouer en Europe, à voir.

26 avril 2013 par Chris

 

LOWRIDER – avril 2013

Dès que le quatuor suédois a mis les pieds sur scène en ce début de soirée berlinoise, un peu crispés au début, on a compris que l’électricité ambiante ne trompait pas. Au fil des riffs fuzzés dispensés par LOWRIDER, le sourire a commencé à les gagner, et les bonhommes prenaient clairement un plaisir monstre à voir ce public d’aficionados louer leur talent trop longtemps disparu. Il nous est paru indispensable de coincer Peder, leur frontman, pour recueillir sa vision de cette expérience… et de l’avenir !!

 

Lowrider a disparu de la scène musicale pendant une dizaine d’années… Pourquoi vous êtes-vous arrêtés à l’époque ?

Et bien, en fait on ne s’est jamais vraiment séparés, techniquement, les choses se sont plutôt lentement délitées… Nous avions un second album en projet, Andreas (batterie) et moi avions même enregistré quelques démos dans cette perspective. Mais la vie, le travail, et tout le reste ont freiné cette dynamique. En plus on vivait dans des villes différentes, donc on répétait moins régulièrement. Petit à petit, on s’est aperçu que le groupe s’était en quelque sorte endormi. J’ai commencé à travailler dans une autre direction, et j’ai formé le groupe I ARE DROID comme vecteur pour cette musique. On a sorti deux albums avec ce groupe et on a fait pas mal de tournées. Au final les choses se sont développées en s’éloignant de Lowrider, mais nous n’avons jamais vraiment arrêté le groupe, comme tu l’as vu à l’occasion du Desertfest Berlin.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton groupe, I ARE DROID ?

C’est un peu difficile à décrire, je dirais que c’est quand même plus “soft” que Lowrider, mais c’est quand même très proche je trouve. On dirait que quand je fais de la musique, tout repose sur des murs de grattes et de basse, au final (rires). Mais blague à part, si tu ne connais pas, tu devrais écouter.

Durant votre “absence”, est-ce que les autres musiciens ont continué à jouer ?

Non, les trois autres n’ont pas vraiment fait de musique. Mais au final ils n’ont rien perdu de leur talent. C’est tellement génial de jouer avec ces mecs, c’est un tel privilège de partager la scène avec eux… Ils sont mon passé, ont construit mon éducation musicale, et ils m’impressionnent toujours autant par leur jeu. On s’éclate tellement ensemble sur scène.

 

Pourquoi vous êtes vous reformés pour ce Desertfest ?

Il faut remercier Reece de l’orga du Desertfest [ndlr : par ailleurs guitariste du groupe STEAK] – en fait, sans lui ça ne serait pas arrivé. Il m’a envoyé un e-mail super sympa, il nous a quasiment supplié de nous re-former pour le Desertfest et a demandé s’il y avait la moindre possibilité que nous l’envisagions. J’ai appelé les gars, et certains d’entre nous ne nous étions pas parlé depuis 3-4 ans ! Mais ça n’a pris que 10 minutes pour prendre la décision de le faire !

Et êtes-vous réunis pour de bon maintenant ou bien était-ce simplement pour un concert événementiel ?

Il faudra voir. Nous faisons un autre concert cet été [ndlr : au Stoned From The Underground en Allemagne, le 13 juillet 2013], et on envisage peut-être de remettre ça cet automne ou cet hiver.

Peux-tu nous décrire tes sensations après ce concert au Desertfest Berlin ?

On s’est vraiment éclatés, on a halluciné, et surtout, ça nous a laissés très humbles et reconnaissants. Nos émotions et nos attentes augmentaient exponentiellement les semaines et jours avant de monter sur scène, et le retour que l’on a eu du public était si énorme, si massif, que l’on ne pouvait pas en croire nos yeux. On tient vraiment à remercier tous ceux qui sont venus au concert, ça nous a boostés pour une année entière ! C’était au-delà de tout ce que l’on peut imaginer en termes de plaisir. Quelle soirée !

Envisagez-vous d’enregistrer de nouveaux titres ?

Et bien, comme je te disais, on a au moins 3 ou 4 chansons qui datent de l’époque, qui étaient prêtes à être enregistrées. Il faut juste que l’on trouve le temps. Mais je te donne une info en exclu : on en parle entre nous, c’est sûr ! On est vraiment tous très excités à cette perspective.

 

Avec le temps, “Ode To Io” est devenu une pièce importante dans la courte histoire du stoner rock. Comment expliques-tu un tel phénomène, surtout lorsque l’on considère votre âge et votre “inexpérience” à l’époque…

Il est impossible de prévoir si les gens aimeront la musique que tu sors, et encore moins combien s’en souviendront treize ans plus tard. La quantité de passion que cet album a généré est au-delà de l’imaginable. Je ne sais pas quelle en est la raison. On a fait l’album que l’on voulait faire, on a mis notre cœur et notre esprit dedans pendant les trois semaines d’enregistrement. Peut-être que c’est ça qui ressort. Mais tu as raison, nous n’avions que très peu d’expérience du devant de la scène, même si nous jouions tous de la musique depuis longtemps. Nous avions chacun une expérience conséquente dans des groupes. On était jeunes, c’est vrai (surtout moi, je suis le plus jeune), mais on savait ce que l’on faisait. Nous ne sommes pas arrivés là par hasard. Andreas par exemple est toujours à l’heure actuelle l’un des meilleurs batteurs que j’ai jamais entendus. Et Ola est tout simplement un énorme guitariste, il est très sous-estimé, il est selon moi un nouveau Jimmy Page. Je suis simplement flatté de pouvoir jouer avec ces mecs.

Pour beaucoup de monde, Lowrider à l’époque était taxé de copier de Kyuss. Trouves-tu cela justifié, et penses-tu que ça vous a desservi ?

Quand Lowrider a commencé à se faire connaître, il n’y avait guère que trois groupes qui faisaient référence, et donc pour les gens vous sonniez forcément soit comme Kyuss, soit comme Monster Magnet, soit comme Fu Manchu. A l’époque je trouvais ça un peu fatigant, tu as raison, mais je le vois aussi comme un compliment de lier ainsi mon groupe avec un si grand groupe. Kyuss était, à mon avis, l’un des derniers très grands groupes. Un groupe solide, une unité libre comme l’air, où chaque membre avait sa place à part et sa propre voix ou sonorité, mais qui, lorsqu’ils étaient ensemble, ne ressemblaient à rien d’autre qu’à Kyuss : si tu retirais un élément du groupe, ça n’était plus la même chose. Il n’y a plus vraiment de groupes comme eux. Kyuss était l’une de nos plus grosses influences, et Ode To Io n’aurait jamais existé sans Kyuss, c’est un fait indéniable. Donc au final je m’en fiche que les gens nous associent à Kyuss, parce que d’une certaine manière ce n’est pas faux. Mais nous étions aussi un ensemble bien spécifique d’individus, une entité bien particulière, et nous le sommes d’autant plus aujourd’hui. Nous ne pourrions pas être Kyuss même si nous le voulions ! Nous sommes Lowrider, et nous sommes heureux d’être vivants.

Avril 2013 par Laurent

 

SAMSARA BLUES EXPERIMENT – avril 2013

Dans les premières heures de ce Desertfest Berlin, on a rendez-vous à la cool avec SAMSARA BLUES EXPERIMENT : son leader, guitariste / chanteur, le volubile et sympathique Christian Peters, et son plus discret mais tout aussi intéressant bassiste Richard Behrens, ont répondu à nos questions, sous le soleil, sur la terrasse, peinards…

 

Quel sentiment vous procure le fait de jouer aujourd’hui dans le cadre du fameux festival du Desertfest Berlin ?

Chris : Jusqu’ici c’est cool !

Richard : C’est toujours cool de jouer à Berlin, c’est notre ville après tout ! Du coup il y a plein de monde qu’on connaît, nos familles, des amis…

Chris : On est à la maison, on habite pas loin d’ici.

Et puis vous y jouez avec plein de groupes d’un peu partout dans le monde…

Richard : Ouais c’est cool, on rencontre plein de gens, on y retrouve aussi des groupes avec qui on a déjà joué, comme Lonely Kamel, et plein d’autres… Et le fait de voir dans le public des gens qui viennent de plein de pays en Europe, c’est génial.

Vous vous retrouvez aujourd’hui avec tous ces autres groupes, et même si vous n’êtes pas les vétérans de la journée, vous avez une expérience significative. Comment voyez-vous l’évolution de cette musique ?

Chris : Le point le plus marquant c’est que la scène stoner est plus importante, plus vaste de nos jours, à tous points de vue. Quand on a commencé, c’était encore discret, il n’y avait pas vraiment de grand événement fédérateur, le Yellowstock festival commençait à peine, il y avait déjà le Stoned From The Underground festival, mais c’était quand même assez confidentiel… Au début on jouait dans des salles de cent personnes, et maintenant on a l’opportunité de jouer dans des salles de mille personnes ! C’est vraiment cool, de voir que quelque chose est vraiment en train de se passer, enfin !

Richard : Je pense qu’on a grandi en même temps que la scène stoner. La scène a beaucoup changé, et continue de changer sans arrêt, il y a toujours de nouveaux groupes, c’est très excitant.

Chris : On remarque aussi que la scène metal s’ouvre petit à petit à ce type de son, c’est une bonne chose. Si tu regardes le Stoned From The Underground, quand j’y allais au début il y avait 500 personnes, tout le monde se connaissait ou presque, et maintenant il y a environ 3000 personnes… Forcément c’est une autre façon de voir les choses, c’est plus grand, il y a plus d’opportunités, certes, mais c’est aussi plus “large” et plus diversifié, notamment dans le public. Il n’y a plus uniquement des purs fans de stoner – comme je l’étais il y a quelques années, quand je ne jurais que par Kyuss – car on y trouve aussi désormais des fans de metal, mais aussi des fans de rock plus traditionnel qui y retrouvent des racines communes. Tout est lié, finalement.

Parlez-nous un peu de votre musique. On peut la qualifier de très psychédélique, mais ce n’est pas son seul aspect, d’où vous viennent vos principales influences musicales ?

Chris : La liberté de pensée. Je n’écoute pas de groupe spécifique, j’écoute des tonnes des trucs en provenance des 70’s, des 60’s, des 90’s… et même des 80’s… Ca fait beaucoup de choses mélangées en terme de musiques, mais au final on pourrait le résumer à ça : liberté d’expression, liberté de pensée, on suit notre intuition artistique.

Richard : Quand on a commencé avec Samsara, on écoutait vraiment des choses assez ciblées, quelques groupes à peine, comme Sleep, Pink Floyd, beaucoup de trucs psychédéliques. Et puis avec les années on s’est ouvert à beaucoup d’autres choses, on a essayé de faire se rencontrer progressivement toutes ces sonorités et musiques complémentaires pour le résultat que l’on connaît aujourd’hui, et qui continue d’évoluer.

 

Vous êtes sur le point de sortir un album live (“Live at Rockpalast”), pouvez-vous nous en dire plus ?

Richard : Ouais, et on a les tout premiers exemplaires en vente aujourd’hui même !

Chris : Exactement, ce soir c’est en quelque sorte notre “release party”, on est contents que tous ces gens soient venus exprès pour ça ! (rires)

Richard : On a toujours voulu jouer au Rockpalast, car c’est un lieu vraiment très célèbre, presque légendaire en Allemagne. Quasiment toutes les vidéos Youtube que tu mates des autres bons groupes live viennent du Rockpalast !(rires) Donc c’était un grand honneur d’y jouer enfin, on a eu cette opportunité l’an dernier, sur la dernière tournée.

Et vous avez donc décidé d’enregistrer l’événement…

Chris : En fait, je crois que tous les concerts y sont enregistrés, ils ont des sortes d’archives où ils sauvegardent tout. Et si tu veux le sortir, en tant que groupe, tu dois en acheter les droits. Et on a voulu le faire, parce qu’en plus on a trouvé qu’on avait fait un bon concert…

Richard : Et on a mis les petits plats dans les grands, on a pris toutes les bandes et on les a remixées professionnellement dans un grand studio… Et la cerise sur le gâteau, en quelque sorte, c’est une chanson en plus jouée en acoustique : en fait le Rockpalast nous a demandé d’interpréter un titre en acoustique, juste pour une interview, et ça a été enregistré avec un seul micro tout pourri. On l’a refaite et rajoutée à la fin du disque.

Chris : C’est quelque chose d’intéressant, de voir qu’on peut jouer avec des instruments acoustiques, sans amplification ni rien…

Quel est le bon moment pour enregistrer un album live selon vous ? Après tout vous n’avez que deux albums sous le bras et déjà vous sortez un album live !

Chris : Que veux-tu dire par là, tu sous-entends que ce n’est pas le bon moment !? (rires)

Richard : Je ne sais pas, il n’y a pas de règle si ?

Chris : C’est juste très différent d’un album studio, on n’y réfléchit pas de la même manière. Sur un album tu fignoles, tu enregistres plein de prises, tu as plein de pistes différentes, tu peux jouer avec le son, etc… Là tu joues une fois, ça passe ou ça casse ! C’est plus brut, plus direct et même plus honnête : c’est juste quatre mecs dans une salle qui font de la musique.

Richard : Ouais, on y a pas trop réfléchi, on a vraiment rebondi sur cette opportunité au Rockpalast, on ne s’est pas posé de question.

Chris : Quand ça arrive, de toute façon tu ne te poses pas la question : tu repenses aux centaines de groupes prestigieux qui ont foulé ces planches durant toutes ces années, des rock stars, des légendes de la musique, et tu nous vois nous, un petit groupe de stoner en provenance de Berlin… C’est vraiment quelque chose de très spécial pour nous.

 

Avez-vous commencé à travailler sur de nouveaux titres pour un prochain album ?

Richard : Ouais… En fait, toutes les chansons de notre nouvel album sont déjà composées, et on a même réservé un créneau au studio pour l’enregistrement ! Ca sera fin mai, et si tout va bien, ça devrait sortir en septembre, peut-être octobre.

Chris : Et on a une tournée prévue en novembre, environ trois semaines, à travers l’Europe… Toute l’Europe, cette fois je pense, Angleterre, France, …

Même en France ?!

Chris : Bien sûr ! On adore jouer en France !

Richard : Ouais, c’est un super pays où faire des concerts. J’y étais la semaine dernière en tournée, c’était génial… Je ne sais pas pourquoi il n’y a pas plus de groupes qui vont jouer en France, il y a des super clubs, un super public… T’as tous les groupes qui font le même parcours, genre Angleterre, puis Allemagne, etc… et dans de rares cas tu trouves juste une ou deux dates en France, c’est incompréhensible. On adore Paris, bien sûr, mais aussi Lyon, Nantes…

Chris : T’as déjà été à Nantes, toi !? Moi j’adore la Bretagne, c’est probablement mon endroit préféré de toute l’Europe.

25 avril 2013 par Chris

 

MY SLEEPING KARMA – avril 2013

 

Il y a des interviews plus marquantes que d’autres. Quand on retrouve My Sleeping Karma en formule trio (Seppi le guitariste, Matte le bassiste et Steffen le batteur, leur claviériste étant perdu quelque part…), tout sourire, détendus, on se dit que ça devrait bien se passer. Bien mieux que ça, les gars se révèlent chaleureux, sympas, patients, affables, presque heureux d’être là… Heureux d’être ensemble en tout cas, ça se voit ! Et heureux de leur concert une heure plus tôt environ, qui les a vus mettre la scène Foyer du Desertfest sur les rotules ! Un succès qu’ils avaient quelque peu fêté (arrosé ?) avant de venir discuter avec nous…

Matte : [en aparté] Si tu le veux bien, on va attendre Seppi avant de commencer, il ne devrait pas tarder. Avant de venir, on déconnait avec Steffen, je lui disais que ma langue ne marchait pas très bien, qu’il faudrait sans doute qu’il réponde aux questions à ma place (rires). Mais il fallait qu’on fasse venir Seppi. Je suis sûr qu’il va arriver et nous demander pourquoi il faut qu’il soit là, que son anglais est trop mauvais, etc…

[Seppi rentre juste à ce moment-là]

Seppi : Je vous préviens, je suis un peu ivre et mon anglais est très mauvais[Tout le monde se marre]

Matte : Qu’est-ce que je t’avais dit ?!

Alors ça vous a fait quoi de vous retrouver à jouer au Desertfest de Berlin, entouré de toutes ces légendes du stoner ? Contents de votre concert ?

Matte : On est honorés de jouer sur une telle affiche, sur le même line-up que Pentagram et tous ces groupes, c’est énorme pour nous.

Seppi : On ne pouvait pas s’imaginer que la foule serait aussi déchaînée, on s’est vraiment éclatés, c’était incroyable. C’était vraiment vraiment vraiment super. Et à mon avis c’était mieux d’être sur la petite scène, cela nous permettait d’être plus proche des gens, au contact du public.

 

Vous n’avez pas trouvé que la scène était trop petite pour votre public ?

Steffen : C’est comme ça que l’on aime, c’est plus intense !

Pouvez-vous nous parler un peu de votre musique ? Et en particulier, elle contient des allusions au bouddhisme ou à l’hindouisme, par exemple…

Steffen : C’est une question que l’on nous pose souvent. Ce n’est pas facile à expliquer… Nous faisons de la musique sur ce que nous ressentons de manière assez intense. Nous essayons de trouver quelque chose, un sujet, un thème, qui peut être retranscrit en musique. C’est la raison pour laquelle nous abordons des sujets liés au bouddhisme, parce que ce sont des sujets apaisants, relaxants…

Matte : Mais ça nous est en quelque sorte tombé dessus naturellement, cela n’a jamais été “Tiens, le bouddhisme c’est cool, créons un groupe pour en parler”. On avait la musique, et tout est arrivé ensemble, presque logiquement : le nom du groupe, le thème général… Et avec les années, tout s’est construit automatiquement, très naturellement dans cette direction. C’est en quelque sorte de la musique spirituelle, mais nous ne sommes pas du tout des gens religieux, aucun membre du groupe n’est très porté sur aucune religion. Nous sommes juste des gens très ouverts d’esprit, et c’est la musique que nous jouons. La musique correspond à notre nom, aux thèmes abordés. Evidemment les gens se demandent pourquoi ce thème apparaît de manière si importante pour le groupe, mais en fait c’est la musique qui porte tout ça. L’esprit vient après…

Seppi : Et ça tombe plutôt bien parce que notre musique ne conviendrait pas avec des têtes de morts, ou même des femmes nues sur nos pochettes d’albums.[Rires]

Matte : Attention, est-ce que le ventre rond du buddha ne pourrait pas être assimilé à quelque chose de sexuel d’une certaine manière ? [Rires]

Parlez-nous un peu de votre récente tournée avec Monster Magnet, sur la fin d’année dernière. Comment décririez-vous cette expérience ?

Seppi : Dur. C’est vraiment le mot approprié.[Rires]

Matte : En fait il y a beaucoup de choses à en dire. La tournée a commencé très dur et a fini super bien. Déjà ce fut l’opportunité pour nous de jouer pour la première fois en scandinavie. Ca nous a pris trois jours pour aller en bus jusqu’en Norvège, ce qui fut en soi une excellente expérience, car nous ignorions qu’il était possible de boire une telle quantité de bière en trois journées à peine [Rires]. C’était route, ferry, bière, route, bière, ferry, bière, etc… Mais une fois arrivés, la bière là-bas coûte une fortune, ça nous a un peu refroidis. Au niveau des concerts, au début on jouait un peu tôt, et parfois devant assez peu de monde car le public ne venait que pour la tête d’affiche… Voilà pourquoi la première semaine fut un peu dure. Et puis progressivement ça s’est amélioré en redescendant un peu sur la Suède, la Hollande et l’Allemagne : les shows avaient bénéficié d’une meilleure promotion, il y avait notre nom sur les affiches, on jouait devant un millier de personnes chaque soir… C’était vraiment une super expérience. Et il faut vraiment dire solennellement que Dave Wyndorf est un vrai gentleman. On a été super bien traités, on avait à manger, on avait tout le son que l’on voulait, les lights…

Steffen : Il venait souvent nous demander si tout se passait bien, si on voulait plus de bières ou autre. Vraiment des mecs sympas.

Vous avez tourné une vidéo autour de cette tournée, que pouvez-vous nous en dire ?

Matte : Le mec qui a tourné la vidéo est devenu un bon ami à nous. Il étudiait dans le milieu des médias en général, et je lui ai demandé s’il était intéressé pour venir avec nous quelques jours et documenter cette expérience, vu que ça ne se produirait pas tous les jours de se retrouver à jouer avec Monster Magnet. Il n’a pas hésité longtemps… Et il se trouve qu’il a été super sympa, il a été super discret…

Steffen : Pour tout te dire, je n’avais même pas remarqué qu’il utilisait une caméra. On était tellement habitués à le voir avec nous, à discuter, boire des bières, qu’on ne le voyait même pas filmer. Quand il nous montrait ensuite ce qu’il avait filmé, on ne s’était aperçu de rien !

Matte : Et pour lui c’était aussi une bonne expérience d’être “en immersion” dans le contexte d’un groupe en tournée, en plus pour une première partie de Monster Magnet. C’était une bonne opportunité aussi pour lui, il adore cette musique. Il avait la larme à l’œil en partant, tu peux me croire !

Le film a été diffusé dans une salle dans le cadre du Desertfest, mais au-delà, comment pensez-vous exploiter le film pour l’avenir ?

Matte : On pensait initialement garder le film pour le mettre sur un DVD bonus ou un truc comme ça. Mais on a changé d’avis, parce que ça va nous prendre un moment avant de faire un nouvel album ou autre, ça aurait été dommage d’attendre si longtemps. D’une certaine manière c’est fait par des fans, pour des fans, donc on souhaite finalement le rendre accessible au plus tôt au plus grand monde. De toute façon c’est une situation positive, car tout le monde est déjà gagnant dans le processus.

Steffen : On ne va pas se prendre la tête, on va le mettre sur Youtube[Rires].

 

Comment vous êtes vous retrouvés à signer chez Napalm Records l’an dernier ?

Matte : Le gars chargé de signer les groupes pour le label est fan de notre musique. Je ne sais même pas comment il nous a découvert, sur internet ou autre… Il nous a contactés pour nous dire qu’il aimait vraiment notre musique, il venait souvent à nos concerts… Et un jour il nous a présenté une offre pour intégrer son label. On ne savait pas si notre musique correspondait à ce label.

Steffen : C’était un label très metal à l’époque, si tu te souviens…

Matte : Avant que l’on ne donne notre accord, ils nous ont expliqué que le label allait s’ouvrir à d’autres genres plus rock, ils venaient de signer Monster Magnet et avaient plusieurs autres groupes en vue… On a beaucoup discuté avec ce type, et tu sais, on fonctionne énormément au ressenti, et on avait un bon feeling avec lui, il croyait vraiment en nous, donc on a finalement signé. Et maintenant que le CD est sorti, on peut dire que l’on est satisfait de ce choix : la promotion était bonne, les conditions étaient bonnes, le gars est toujours là derrière le groupe (il était d’ailleurs dans le public ce soir).

Au sujet de ce dernier album, de manière plus anecdotique, vous avez toujours proposé des pochettes sur fond blanc, et cette fois on a un artwork sur fond noir, pourquoi ce changement ?

Steffen : Le dessin était initialement sur fond blanc. Et tout bêtement sous Photoshop on a inversé les couleurs, et en négatif, l’image était sublime ! Donc en fait c’est la seule raison, le graphisme est tout simplement plus beau sur fond noir que sur fond blanc !

Matte : Ca n’a rien à voir avec le fait d’être sur un label metal, de faire une musique plus sombre, ou autres trucs que l’on a pu entendre. Mais tous ces détails, tous ces éléments ressortent mille fois mieux en blanc sur fond noir. Il y a tant de détails sur cette pochette, et c’était incroyable, certains se voyaient uniquement sur un fond noir. C’était une décision facile à prendre.

 

Depuis quelques mois, on sent vraiment la notoriété du groupe grandir, on entend de plus en plus parler de My Sleeping Karma, via votre signature sur Napalm, vos concerts de plus en plus nombreux, etc… Est-ce que ça va continuer dans cette voie ?

Matte : On aimerait bien bosser sur MSK à temps plein, mais… nous sommes vieux [Rires], nous avons nos familles, nous n’avons pas assez d’argent, nous n’avons pas assez de temps libre… Donc on continue comme ça, c’est le plus beau hobby au monde ! Tu sais, quand on ne se voit pas pendant quelques semaines ou mois, ça nous manque de plus en plus, et c’est un très bon signe. Lorsque l’on se retrouve tous ensemble, on n’a pas besoin d’être super productifs et créatifs : on parle de foot, on boit des bières, on joue une ou deux chansons… En cela, on n’a pas changé, on est toujours un groupe de potes qui font de la musique. Ca apporte une grande satisfaction, le groupe est vraiment l’essentiel pour nous.

Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Steffen : Nous allons aller jouer en Russie quelques dates, pour la première fois de notre histoire. On a le Hellfest en France, et puis quelques autres concerts ici ou là, tous ne sont pas encore confirmés à l’heure actuelle. Et quelques dates avec Colour Haze.

Matte : Notre but cette année est en quelque sorte de récolter quelques fruits mûrs. Nous n’avons pas assez de congés pour organiser une grosse tournée en Europe. Donc on fait des trucs un peu disparates cette année, en fonction des opportunités et de ce que nous pouvons nous permettre. Quant à la suite, on ne réfléchit pas trop loin, car quoi que l’on prévoit, ça se passe toujours différemment au final…

Avez-vous déjà envisagé d’enregistrer un album live ?

Seppi : [Rires] Jamais ! Nous aurions besoin de beaucoup d’overdubs. Absolument jamais.

Matte : On n’a encore jamais joué le show parfait. Tu sais il y en a toujours l’un d’entre nous au moins qui est déçu de son concert, car il n’a pas tout joué à la perfection…

Steffen : Nous avons une sorte de blague récurrente entre nous : à chaque fois que nous répétons nous nous arrêtons à la troisième note parce qu’après la troisième note Seppi fait une fausse note. Nous nous marrons toujours à ce propos.

27 avril 2013 par Chris

 

KADAVAR – avril 2013

 

Quand on rencontre les mecs de Kadavar, on a un peu peur au début, car l’image de nos trois lascars (Lupus le chanteur/guitariste, Tiger le batteur et Dragon le bassiste), assis sur leurs chaises à attendre nos questions, donne l’impression de gars figés, presque statufiés, à l’image de la pochette de leur dernier album, “Abra Kadavar”, sur laquelle ils posent tous, droits comme des I. Seule différence par rapport à l’image : un nouveau bassiste, Simon Bouteloup (un français que l’on connaissait au sein de Aqua Nebula Oscillator), qui ne détonne pourtant pas au milieu de ses nouveaux collègues, tous gigantesques et filiformes. Heureusement, passée cette impression de froideur, on s’aperçoit que le trio est au contraire plutôt sympathique, souriant, et intéressant. En tous les cas, ils s’avèrent plus accessibles que leur notoriété grandissante ne pourrait le laisser penser.

 

Votre dernier album est sorti récemment, quels retours en avez-vous eu jusqu’ici ?

Lupus : Je ne sais pas trop, pour le moment on n’a pas lu grand-chose dessus, à peine quelques chroniques, qui étaient très positives en fait. On a opté pour un son différent sur ce nouvel album, donc il faut que les gens aient du temps pour s’y habituer. C’est sans doute pour ça que pour le moment on n’en entend pas beaucoup de retours, il faut probablement attendre un peu, que les gens se familiarisent avec nos nouveaux titres.(Rappel : l’interview a été réalisée fin avril, quelques jours à peine après la sortie officielle du disque)

Comment vous êtes-vous retrouvés à signer chez Nuclear Blast pour cet album ?

En fait c’est grâce à Theo, le chanteur de Orchid (qui jouent eux aussi ce soir sur cette scène). On a été les voir l’an dernier quand ils sont venus jouer à Berlin, on leur a filé notre disque. Ils venaient juste de signer chez Nuclear Blast eux-mêmes, à l’époque. Et je ne sais pas trop comment ça s’est passé, il a envoyé un lien vers notre musique à un mec de Nuclear, ou un truc comme ça, qui a écouté ce que l’on faisait. Il a aimé notre musique, nous a contactés, on a discuté, et en quelques mois à peine on a signé un deal chez eux nous aussi. Donc c’est la faute d’Orchid !

Qu’attends-vous en particulier de ce label, très renommé dans le genre metal ?

Le point principal est assez simple : nous voulions avant tout rendre notre disque disponible partout dans le monde. Cela s’était avéré difficile de notre expérience préalable sur de petits labels qui n’avaient que des réseaux de distribution plutôt modestes. Les gens devaient commander le disque en Europe, s’ils avaient le malheur de résider en Australie, en Amérique du Sud ou autre… C’était très cher pour eux d’acquérir l’album, et long, une vraie épreuve de patience parfois. C’était donc l’un de nos objectifs principaux, de rendre ça plus facile pour tout le monde, à travers un réseau de distribution mondial.

 

Plus globalement, ces derniers mois il semble que tout le monde soit dingue de vous, les médias, le public, etc… Ca fait quoi ?

[Rires] J’apprécie beaucoup, bien entendu, on est contents. Il faut dire qu’on n’a pas l’impression d’avoir volé ce que l’on a : nous avons énormément travaillé l’an dernier, on a dû jouer quatre-vingt concerts environ ou quelque chose comme ça, à travers une vingtaine de pays. On est forcément ravis que les gens aiment ce que nous faisons. C’est même notre raison d’être, au fond, d’échanger avec le public, de rencontrer des gens, leur parler.

Racontez-nous comment vous avez recruté ce fringant bassiste français ?

J’en sais trop rien, ce mec s’est pointé un jour, on s’est aperçus de rien[Rires]. Plus sérieusement, Simon était avec nous durant toute l’année dernière, il conduisait le van notamment, s’occupait du merchandising… On est devenus petit à petit de très bons amis. Il jouait auparavant dans Aqua Nebula Oscillator, un super groupe de Paris, avec lesquels on a sortis un split LP l’an dernier [ndlr : “White Ring”, où chaque groupe interprète des titres de leurs collègues, puis se retrouvent pour des morceaux en commun]. On était vraiment devenu une sorte de famille. En novembre dernier, Simon a même déménagé à Berlin, où nous résidons. Lorsque notre bassiste précédent[Mammut…) nous a informés de son souhait de quitter le groupe, Simon était alors le seul en mesure de le remplacer. Nous savions déjà qu’il était un excellent bassiste, donc ce choix était naturel.

[A Simon / “Dragon”]… et tu as accepté ?

Dragon : Bien sûr, qu’aurais-tu répondu à ma place ? [Rires]

Lupus : Vraiment la transition fut logique, il était tout le temps en notre compagnie en tournée, il n’y a pas eu de profond changement quand il est devenu notre bassiste.

 

Pourquoi avez-vous tous des surnoms ?

Tiger : Tout a commencé avec Philipp [Mammut], notre précédent bassiste. Il avait l’habitude, quand on enregistrait, de faire des sortes de petits dessins pour décrire les chansons. Evidemment, quand il décrivait un morceau très heavy, il le représentait via un éléphant, ou un mammouth [Rires] d’où son propre sobriquet. Quant à nous deux, Lupus et moi, c’est devenu presque une nécessité, car nous avons le même prénom, “Christoph”…

Lupus : Et franchement, on en avait marre de se retourner tous les deux à chaque fois que l’on appelait l’un de nous. Désormais on n’a plus ce problème ! On a gardé une thématique plutôt animale pour nos propres surnoms.

Comment voyez-vous les concerts à venir dans le cadre de la tournée de promotion de “Abra Kadavar” ?

Tiger : On a pas mal de concerts de prévus, effectivement. Pour le moment on joue uniquement trois titres issus du dernier album, et évidemment on aimerait arriver à en jouer un peu plus avec le temps. Mais on sera vigilants à ne jamais oublier nos anciens titres, je sais que les gens n’aiment pas forcément ça : c’est mon cas en tant qu’amateur de musique, quand les groupes que j’aime ne jouent que leurs nouveaux titres je suis frustré. Donc on ne jouera jamais plus de la moitié de nouveaux titres dans une set list.

Lupus : Notre objectif sur cette tournée est vraiment d’intégrer nos nouveaux titres dans notre ancien set, de rendre tout ça homogène et efficace, ce n’est pas évident. Il nous tarde de tourner. Nous étions en France il y a deux semaines environ, on y a joué cinq concerts. C’était vraiment excellent, on s’est éclatés, il nous tarde de remettre ça.

27 avril 2013 par Chris

 

HOUSE OF BROKEN PROMISES – avril 2013

 

Un peu avant le set de HOUSE OF BROKEN PROMISES, on a rendez-vous avec Arthur SEAY backstage, dans une salle à la tapisserie qui oscille entre kitch extravagant et psychédélisme, pour tailler le bout de gras. Le bonhomme est affable, éminemment sympathique, et pas là pour se prendre la tête ! Lui et ses potes de HOBP auront d’ailleurs arpenté le festival de long en large pendant deux jours, allant à la rencontre du public, voir les concerts, etc… Des gras cools et ouverts, comme cette interview en témoigne…

 

(Arthur finit d’envoyer un Twit ou un SMS…) C’est bon, on peut enregistrer ?

Ouais bien sûr, mec, je suis multi-tâches, pas de soucis ! Je dis pas que je fais tout bien à la fois, mais j’essaye ! Mon cerveau va bientôt commencer à fumer, tu vas voir… (Rires)

On a tendance à considérer House Of Broken Promises comme une sorte de side project pour vous occuper quand Unida ne joue pas. Partages-tu cette vision ?

Ca n’a jamais été vraiment un side-project… A l’époque, au moment où on a eu toutes ces merdes [Note : Athur fait allusion aux tracas rencontrés après l’enregistrement de l’album de Unida – plus d’infos dans l’interview de Unida dans nos pages], on a fait une sorte de break, même si Unida ne s’est jamais séparé. Ca nous a fichu un coup, mentalement, personnellement… Donc Mike et moi on a commencé à faire HOBP, c’était juste naturel, tu sais on est des “lifers”, on voulait jouer, on joue tout le temps, n’importe comment, dans toutes les conditions. Donc voilà, on ne faisait pas grand-chose, on s’est regardés avec Mike, on s’est dit “Qu’est-ce qu’on fait ? Allez, on monte un groupe !”. On a donc rameuté un vieux pote, un mec avec qui on jouait déjà au lycée, Eddie Plascencia, et on a commencé à jammer avec lui. Mais c’était une sorte de nouvelle entité, qui s’est construite un peu en réaction à la merde qu’on vivait à côté, donc une complète liberté, on joue partout où on a envie de jouer… Moi et Mike on a toujours été des métalleux pur jus, on écoutait les mêmes vieux disques de matl tous les jours, des purs trucs de “shredders”, des trucs avec des solo de trois minutes… On jouait des trucs qui ressemblaient à un mélange de Pantera, de Racer-X [ndlr : l’ancien groupe de Paul Gilbert, qui est ensuite parti fonder Mr BIG] et de Ozzy Osbourne… Vraiment très metal, plein de solo, plein de batterie, plein de basse… HOBP était en quelque sorte un mélange de ça, et de qui nous sommes, d’où nous venons, le style desert-rock qui est une composante majeure de ce que l’on fait.

Pour revenir à ta question, on ne considère pas ça comme un side project, c’est juste l’un des trucs principaux que l’on fait. On est des adultes maintenant, tout est une question d’organisation et de planification : John a Vista Chino, nous on a HOBP, il va faire un nouvel album et une tournée, nous aussi de notre côté… Et quand on a tous fini, on se retrouve et on reprend Unida : nouvel album et tournée. Et du coup on n’arrête pas de travailler, et on arrive à gagner nos vies en faisant ce qu’on adore faire.

Vous arrivez à gagner vos vies dans ce milieu et en pratiquant ce genre musical ?

(hésitant) Je dirais oui, enfin plutôt ça commence. On commence à le voir maintenant, on provoque un peu les choses, et ça commence à marcher. C’est cool, parce qu’on travaille beaucoup pour ça. Tu sais, tant que toutes nos dépenses sont couvertes, que le loyer est payé et qu’on a assez pour nourrir nos gosses, et qu’il nous reste juste un peu pour se payer quelques bières, si on en arrive là c’est super… On ne gagne pas des millions, mais c’est une bonne base, on va travailler et construire sur cette base. On va y arriver.

 

Raconte-nous l’histoire de votre première tournée européenne avortée, vous étiez censés venir nous voir il y a deux ans…

Ouais, on avait un mois complet de tournée organisée, avec nos potes de Dixie Witch. On s’est retrouvés tranquilles à l’aéroport, dans le hall d’embarquement. J’appelais la compagnie aérienne sans arrêt les jours précédents “Vous êtes sûrs que ça sera bon, il n’y aura pas de soucis ?” – “Non non, pas de problème, aucune annulation n’est prévue”. Arrivés à l’aéroport, j’avais été demander au guichet aussi, et ils m’avaient confirmé que c’était OK, pas d’annulation de prévue. On était enregistrés, bagages et instruments en soute, sécurité et tout le bordel… Et là les mecs de Dixie Witch m’appellent et m’annoncent que leur vol est annulé. Et là je me suis dit qu’il y avait anguille sous roche, parce qu’on allait au même endroit, j’ai donc été voir à nouveau les mecs de la compagnie, et là le mec me dit “Oh, désolé, il vient d’être annulé”… Mais bon, c’est pas dramatique, tant que ce n’était pas notre faute ni la faute de quiconque. C’est un putain de volcan, tu peux pas te battre contre un volcan !

Ce soir vous jouez donc votre premier concert en Europe avec HOBP, à quoi t’attends-tu, de la part du public ?

Je m’attends à ce qu’on leur en mette bien profond. Je pense qu’on va leur fourrer tellement de rock dans le cul qu’ils vont chier des galets pendant une semaine ensuite ! On est pas là pour déconner et glander. On a bossé comme des fous, Mike et moi on a été répéter avec Unida plusieurs jours, puis on a répété pour HOBP plusieurs jours, on a fait des aller-retours entre les deux groupes, et maintenant on en peut plus d’attendre ! Et je pense que le public devrait aimer, on monte sur scène pour tout défoncer, on y met tout notre cœur tu peux me croire. On le vit, on le respire, et je pense que le public le voit et apprécie. Et s’ils n’ont jamais entendu parler de nous, on espère juste qu’ils vont se dire “qui c’est ces tarés” et apprécier.

 

Vous avez enregistré un titre en espagnol sur “Using the useless” (“Ladrón”), pensez-vous renouveler l’expérience ?

Ouais. A l’origine, on devait même refaire tout l’album en espagnol. Mais comme Eddie a quitté le groupe, on a mis cette idée de côté pendant un moment. Mais on a trois autres chansons en espagnol. Sur le prochain album, nous ferons probablement en sorte de tout faire en même temps, une version anglaise et l’autre espagnole. Faudra qu’on le prévoie.

Vous avez déjà prévu l’enregistrement de votre nouveau disque ?

Ouais, on a des tonnes de riffs, on ne sait même plus quoi en faire. Donc quand on rentrera à la maison après cette tournée, on va se prendre l’été pour mettre de l’ordre et gérer tout ça, finaliser des titres, et les enregistrer. Et ça sortira chez Small Stone Records. Small Stone est génial, je ne peux pas leur rendre assez honneur pour ce qu’ils font, Scott (Hamilton) est un mec super, honnête, pertinent. C’est juste un mec bien.

26 avril 2013 par Chris

 

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