MY SLEEPING KARMA (Avril 2015)

Il n’y a pas de secret : pour produire un album aussi intéressant et abouti que Moksha, il faut forcément une bande de musiciens intègres et passionnés. Cet entretien avec Matte, le bassiste de My Sleeping Karma nous aura conforté dans cet a priori : le musicien est non seulement intéressant, mais il parle de sa musique une passion communicative. Ceux et celles qui auront vu le quatuor allemand sur scène comprendront à quel point cet enthousiasme sincère est même contagieux, et se répand dans le public au bout de quelques minutes… C’est aussi l’effet produit par l’écoute de Moksha pour l’auditeur…

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Soma avait été très bien reçu par le public et la critique. Dans quel état d’esprit vous trouviez-vous quand il a été question de commencer à composer pour Moksha ?

Moksha est notre cinquième album. Notre principal objectif était simple : ne pas refaire le même album que Soma, et nous voulions aussi modifier notre processus créatif. Nous voulions tenter de nouvelles choses, prendre plus de risques. L’une des illustrations de ce changement d’approche a été que cette fois-ci Norman, notre joueur de clavier, a participé au travail d’écriture : il nous a proposé plusieurs idées à partir desquelles nous avons travaillé.

 

Tu veux dire qu’auparavant Norman ne prenait pas part au processus de composition ?

Rarement, en effet. Généralement les chansons étaient écrites avant qu’il n’y appose ses claviers et autres atmosphères sonores. Seppi, Steffen et moi-même habitons à côté les uns des autres, tandis que Norman vit un peu plus loin, ce qui rend les choses moins faciles pour lui, forcément. Tandis que cette fois il était bien plus présent avec nous lors de l’ensemble du processus d’écriture. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles le son de cet album est plus profond, plus travaillé aussi.

 

Dis-nous en plus sur ce process de composition.

Habituellement on jamme donc plutôt en format trio. C’est généralement plutôt Seppi qui écrit des riffs de guitare et nous jammons sur cette base pour composer. On identifie une bonne idée de riff, de mélodie, et on travaille sur cette base, on se laisse porter. Mais vraiment, tout vient de jams. On essaye de se retrouver une ou deux fois par semaine pour jouer, en gros.

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Peux-tu nous expliquer pourquoi le process de composition a été aussi long ? En effet, tu nous disais déjà il y a deux ans que vous commenciez à travailler sur l’album, or il ne sort que maintenant…

Soma est sorti en novembre 2012, période où  nous nous sommes embarqués sur la tournée avec Monster Magnet. Ensuite nous avons beaucoup joué un peu partout, nous avons enchaîné avec pas mal de dates en festivals d’été… Nous avions prévu de travailler sur le nouvel album ensuite, et c’est bien ce que nous avons commencé à faire. Or à ce moment-là, certains membres du groupe avaient des préoccupations liées à leur vie privée. Notre musique ne peut être écrite que dans un état de bien être, avec l’esprit libre. Ca n’a aucun sens de le faire si l’un de nous ressent le moindre stress, et que l’on commence à se comporter du genre : “vite vite, nous n’avons que peu de temps devant nous, il faut que l’on compose quelque chose aujourd’hui !” … On a dit “non, on s’arrête, on écrira l’album quand le timing sera propice”… On avait donc une partie de l’album réalisée, mais on a continué environ six mois plus tard. Toute chose prend du temps… Evidemment nous aurions aimé l’avoir plus tôt, mais maintenant qu’il est fini et prêt à sortir, on est ravis ! Peut-être que pour une fois nous parviendrons à sortir le prochain album plus rapidement… mais je n’y crois pas trop ! (rires)

 

Pourquoi avoir choisi ce titre pour l’album, “Moksha” ?

L’album précédent s’appelait “Soma”, c’est un breuvage qui te permet d’accéder à des sphères éloignées, à des dimensions par ailleurs inatteignables. Moksha, c’est la libération, l’illumination finale… Peut-être qu’après avoir bu pas mal de Soma tu atteins l’illumination finale ! (rires) Mais en réalité, le concept de Moksha nous a paru naturellement approprié au contexte de My Sleeping Karma : le groupe existe depuis dix ans, c’est notre cinquième album… Ce sont des nombres ronds, et notre situation en tant que groupe nous convient parfaitement, et donc fondamentalement, ce concept d’une sorte de plénitude nous est apparu parfaitement adapté.

 

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Avez-vous trouvé le nom de l’album avant de commencer à écrire, ou bien après avoir terminé l’album ?

Il est arrivé comme ça, après. Nous écrivons toujours la musique avant, et c’est ensuite que nous identifions le titre le mieux approprié.

 

C’est le cas pour vos chansons aussi ? Etant donné que vous n’avez pas de paroles, est-ce que sélectionnez le concept et l’esprit du titre avant ou bien après en avoir composé la musique ?

Généralement nous trouvons le titre après avoir écrit la chanson. Pour Moksha on a essayé de lire pas mal avant, ce qui nous a permis de mettre en avant différentes idées et concepts. Quelques unes de ces idées ont été aussi retranscrites sur l’illustration de la pochette, par exemple tu y vois quatre ponts qui mènent à un temple : l’idée vient de livres hindoux qui mentionnent quatre parcours différents qui amènent à l’illumination. On essaye de travailler avec ces symboles issus de concepts de l’hindouisme ou du bouddhisme, et ensuite nous décidons des noms en fonction de ce que le son des chansons nous inspire : parfois il s’agit de rôles divins, d’autres fois de comportements humains positifs… Ce sont des sujets sur lesquels il est très intéressant de travailler.

 

Tu as fait allusion au superbe artwork qui ornera cet album. L’une de ses spécificités est que, pour la première fois, il est plein de couleurs, alors que vous aviez privilégié le blanc, puis sur Soma le noir…

Déjà, tu as raison, Soma avait amorcé un changement, après trois albums sur fond blanc. Il était pourtant prévu en blanc lui aussi, mais l’artiste nous l’a envoyé en inversant simplement les couleurs pour passer sur une base noire, et il nous a paru évident que l’on devait garder cette version : elle était plus détaillée, plus riche… Il fallait qu’elle soit noire, pas d’hésitation. Alors bien sûr, maintenant les gens se sont imaginé qu’après trois albums blancs puis un noir, le prochain serait noir lui aussi ! D’autres nous ont aussi sorti qu’étant donné que nous étions chez Napalm Records, un label plutôt metal, nous étions obligés de sortir des pochettes noires (rires) ! Mais c’est plus simple et innocent que tout cela : nous avions envie de couleurs cette fois, nous avons donc demandé à l’artiste de nous envoyer quelques essais avec des couleurs, et ça nous a plu, voilà tout.

 

[Cliquez pour voir en grand]10847494_936923089671547_7873968927348966599_o

 

Cette couverture est une pièce maîtresse de votre album, peux-tu nous en dire plus sur sa conception ? Vous êtes en tous les cas restés fidèles au même artiste. L’a-t-il réalisée sur la base de la musique ?

C’est toujours Sebastian Jerke, effectivement, c’est aussi lui qui avait fait Soma. Non, il n’a pas écouté l’album avant, mais il connaît bien My Sleeping Karma, et comme nous il a beaucoup lu avant et pendant l’élaboration de cette peinture. Nous échangions sur notre vision de Moksha, les différents concepts associés. Il nous soumettait des idées lui aussi en retour, et la pochette s’est construite progressivement de cette manière. Nous avons vraiment voulu travailler à nouveau avec lui car il comprend vraiment ce que nous voulons, ça nous a même parfois presque choqué de constater à quel point nous étions complètement en phase avec sa vision, c’est comme s’il lisait dans nos esprits ! Je suis persuadé que nous le solliciterons à nouveau pour notre prochain album…

L’idée principale de cette illustration tient dans le doute entre ce qui est vrai et ce qui est imaginaire : est-ce que la vie que l’on vit est réelle, ou bien est-ce que c’est cette supposée illumination qui est réelle ? Si l’illumination est réelle, est-ce que notre vie existe quand même ? Etant donné que tout le monde semble chercher l’illumination en vain, on pourrait conclure que la vie est peut-être fausse… C’est largement ce concept qu’il a exploité, avec dans le fond de l’image, en bas, des éléments qui sont très “normaux”, des structures d’apparence très réalistes construites par l’homme. Puis en remontant on arrive aux quatre ponts, qui mènent au temple où est assise Ganesha, et on voit que la transformation commence : ça atteint son paroxysme avec l’arrière du temple, qui est un peu le début du monde des rêves. Une autre interprétation est que Ganesha semble assise sur un trône, en protectrice de la sagesse et des bonnes choses liées au monde de l’illumination, qui sont derrière elles, et qui sont aussi les concepts apparents sur la pochette de Soma. Si tu regardes attentivement, tu observeras que les gens qui doivent traverser les ponts doivent en conséquence traverser les figures de nos quatre albums précédents ! Il y a tant de détails… Du coup, vu le format atypique, les gens vont croire qu’ils se sont trompés quand ils achèteront le disque, car il est imprimé de travers, or c’est le seul moyen pour pouvoir voir l’illustration en entier, une fois dépliée !

 

Vous avez aussi opté pour un nouveau concept concernant les interludes entre chacune de vos chansons. Peux-tu nous dire ce dont il s’agit ?

Nous aimons relier chacune de nos chansons par de petits extraits avec des identités bien spécifiques. Nous voulons quelque chose entre les chansons qui prenne la main de l’auditeur et l’amène à travers une nouvelle émotion pour la chanson suivante. Des interludes plutôt lents si le titre suivant est plutôt heavy, par exemple. La particularité sur Moksha est que ce n’est pas nous qui avons fait les interludes. On s’est dit “c’est notre cinquième album, faisons quelque chose de cool et différent”, et on a donc demandé à des amis, des musiciens que nous connaissions, de nous faire chacun un interlude : David de The Machine, Stefan de Colour Haze, etc… Ils nous ont demandé ce qu’on voulait exactement, on leur a simplement dit de faire un interlude sur leur façon de voir My Sleeping Karma, c’est tout ! Ils ont tous dit OK et nous ont envoyé leurs morceaux directement. Seul Stefan de Colour Haze voulait vraiment le faire, mais n’a pas eu le temps car il était occupé avec son propre enregistrement. C’est super intéressant d’entendre ce qu’ils ont composé en pensant à My Sleeping Karma ! Ils ne connaissaient pas la nouvelle musique, donc c’est nous qui avons choisi où irait chaque titre, là où ça s’agençait le mieux.

 

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Le premier single issu de Moksha est “Prithvi”, pourquoi avez-vous choisi ce titre en premier ?

On l’a choisi parce que lorsque tu écoutes le dernier titre sur Soma, “Psylocybe”, et lorsque que tu écoutes “Prithvi” ensuite, qui est le premier titre du nouvel album, tu comprends immédiatement que la musique provient de la même “famille”, du même cercle. On a donc choisi “Prithvi” comme premier single parce que l’on voulait faire comprendre que c’était bien le MSK que les gens connaissaient, et en même temps cette chanson termine la connexion avec Soma, la boucle se referme. Après ce premier titre, les chansons suivantes sont plus audacieuses, elles explorent de nouvelles directions, qu’il s’agisse du très long morceau titre, des sections de violoncelles, ce genre de choses…

 

Ce titre est par ailleurs l’opportunité de votre première vidéo. Peux-tu nous en parler ?

Le postulat de base était que nous ne voulions pas y apparaître en tant que personnes, on ne voulait pas de captation live pour ce clip, du genre avec des plans traditionnels de nous quatre en train de jouer. Ca aurait été d’un ennuyeux… On voulait donc apparaître sous forme d’ombres, en quelque sorte : c’est la musique qui est importante et pas les quatre gars qui jouent ladite musique. On a demandé à notre ami Tim de le faire, il nous a emmené dans une sorte de salle de sport pour filmer ces passages en ombre chinoise, on n’y croyait pas du tout sur le moment, on pensait que ça serait pourri, on aurait dit du bricolage, et finalement ça ressort super bien. C’est vraiment un tout petit budget, mais on en est super contents.

 

Vous jouez plusieurs petites séries de dates autour de la sortie de “Moksha”, mais on ne voit pas d’annonce pour une vraie, grosse tournée. Est-ce que c’est dans vos projets ?

J’espère que l’on pourra partir en tournée en octobre ou novembre. Mais on n’est pas encore sûr, ça dépendra de la situation familiale de chacun des membres du groupe. Nous voulions en faire une en juin, au moment de la sortie de l’album, mais ce ne fut pas possible pour des problèmes d’organisation de certains membres du groupe vis-à-vis de leur famille. Nous avons donc en projet de le faire à l’automne.

 

Vous avez néanmoins bon nombre de dates qui devraient mériter le détour : une “release party” aujourd’hui, une autre dans votre ville natale, une date à Genève pour la fête de la musique pour un concert gratuit, des festivals, etc… Quels événements attendez-vous en particulier ?

Tu as raison, il y aura beaucoup de dates spéciales, mais en réalité, on les attend toutes avec le même enthousiasme ! Tu sais, avec My Sleeping Karma on adore tout simplement jouer live. Et chaque situation est différente et nous plaît tout autant. Tu imagines que c’est un peu différent de jouer par exemple dans un gros festival metal, en tant que groupe instrumental psychédélique, ou de jouer avec Monkey 3 dans notre petite ville natale ! Mais on prend tellement de plaisir à être sur scène, que l’on est contents dans toutes les situations : que nous jouions devant une seule ou un millier de personnes, on se donnera de la même manière.

 

 Chris & Laurent

 

MY SLEEPING KARMA – avril 2013

 

Il y a des interviews plus marquantes que d’autres. Quand on retrouve My Sleeping Karma en formule trio (Seppi le guitariste, Matte le bassiste et Steffen le batteur, leur claviériste étant perdu quelque part…), tout sourire, détendus, on se dit que ça devrait bien se passer. Bien mieux que ça, les gars se révèlent chaleureux, sympas, patients, affables, presque heureux d’être là… Heureux d’être ensemble en tout cas, ça se voit ! Et heureux de leur concert une heure plus tôt environ, qui les a vus mettre la scène Foyer du Desertfest sur les rotules ! Un succès qu’ils avaient quelque peu fêté (arrosé ?) avant de venir discuter avec nous…

Matte : [en aparté] Si tu le veux bien, on va attendre Seppi avant de commencer, il ne devrait pas tarder. Avant de venir, on déconnait avec Steffen, je lui disais que ma langue ne marchait pas très bien, qu’il faudrait sans doute qu’il réponde aux questions à ma place (rires). Mais il fallait qu’on fasse venir Seppi. Je suis sûr qu’il va arriver et nous demander pourquoi il faut qu’il soit là, que son anglais est trop mauvais, etc…

[Seppi rentre juste à ce moment-là]

Seppi : Je vous préviens, je suis un peu ivre et mon anglais est très mauvais[Tout le monde se marre]

Matte : Qu’est-ce que je t’avais dit ?!

Alors ça vous a fait quoi de vous retrouver à jouer au Desertfest de Berlin, entouré de toutes ces légendes du stoner ? Contents de votre concert ?

Matte : On est honorés de jouer sur une telle affiche, sur le même line-up que Pentagram et tous ces groupes, c’est énorme pour nous.

Seppi : On ne pouvait pas s’imaginer que la foule serait aussi déchaînée, on s’est vraiment éclatés, c’était incroyable. C’était vraiment vraiment vraiment super. Et à mon avis c’était mieux d’être sur la petite scène, cela nous permettait d’être plus proche des gens, au contact du public.

 

Vous n’avez pas trouvé que la scène était trop petite pour votre public ?

Steffen : C’est comme ça que l’on aime, c’est plus intense !

Pouvez-vous nous parler un peu de votre musique ? Et en particulier, elle contient des allusions au bouddhisme ou à l’hindouisme, par exemple…

Steffen : C’est une question que l’on nous pose souvent. Ce n’est pas facile à expliquer… Nous faisons de la musique sur ce que nous ressentons de manière assez intense. Nous essayons de trouver quelque chose, un sujet, un thème, qui peut être retranscrit en musique. C’est la raison pour laquelle nous abordons des sujets liés au bouddhisme, parce que ce sont des sujets apaisants, relaxants…

Matte : Mais ça nous est en quelque sorte tombé dessus naturellement, cela n’a jamais été “Tiens, le bouddhisme c’est cool, créons un groupe pour en parler”. On avait la musique, et tout est arrivé ensemble, presque logiquement : le nom du groupe, le thème général… Et avec les années, tout s’est construit automatiquement, très naturellement dans cette direction. C’est en quelque sorte de la musique spirituelle, mais nous ne sommes pas du tout des gens religieux, aucun membre du groupe n’est très porté sur aucune religion. Nous sommes juste des gens très ouverts d’esprit, et c’est la musique que nous jouons. La musique correspond à notre nom, aux thèmes abordés. Evidemment les gens se demandent pourquoi ce thème apparaît de manière si importante pour le groupe, mais en fait c’est la musique qui porte tout ça. L’esprit vient après…

Seppi : Et ça tombe plutôt bien parce que notre musique ne conviendrait pas avec des têtes de morts, ou même des femmes nues sur nos pochettes d’albums.[Rires]

Matte : Attention, est-ce que le ventre rond du buddha ne pourrait pas être assimilé à quelque chose de sexuel d’une certaine manière ? [Rires]

Parlez-nous un peu de votre récente tournée avec Monster Magnet, sur la fin d’année dernière. Comment décririez-vous cette expérience ?

Seppi : Dur. C’est vraiment le mot approprié.[Rires]

Matte : En fait il y a beaucoup de choses à en dire. La tournée a commencé très dur et a fini super bien. Déjà ce fut l’opportunité pour nous de jouer pour la première fois en scandinavie. Ca nous a pris trois jours pour aller en bus jusqu’en Norvège, ce qui fut en soi une excellente expérience, car nous ignorions qu’il était possible de boire une telle quantité de bière en trois journées à peine [Rires]. C’était route, ferry, bière, route, bière, ferry, bière, etc… Mais une fois arrivés, la bière là-bas coûte une fortune, ça nous a un peu refroidis. Au niveau des concerts, au début on jouait un peu tôt, et parfois devant assez peu de monde car le public ne venait que pour la tête d’affiche… Voilà pourquoi la première semaine fut un peu dure. Et puis progressivement ça s’est amélioré en redescendant un peu sur la Suède, la Hollande et l’Allemagne : les shows avaient bénéficié d’une meilleure promotion, il y avait notre nom sur les affiches, on jouait devant un millier de personnes chaque soir… C’était vraiment une super expérience. Et il faut vraiment dire solennellement que Dave Wyndorf est un vrai gentleman. On a été super bien traités, on avait à manger, on avait tout le son que l’on voulait, les lights…

Steffen : Il venait souvent nous demander si tout se passait bien, si on voulait plus de bières ou autre. Vraiment des mecs sympas.

Vous avez tourné une vidéo autour de cette tournée, que pouvez-vous nous en dire ?

Matte : Le mec qui a tourné la vidéo est devenu un bon ami à nous. Il étudiait dans le milieu des médias en général, et je lui ai demandé s’il était intéressé pour venir avec nous quelques jours et documenter cette expérience, vu que ça ne se produirait pas tous les jours de se retrouver à jouer avec Monster Magnet. Il n’a pas hésité longtemps… Et il se trouve qu’il a été super sympa, il a été super discret…

Steffen : Pour tout te dire, je n’avais même pas remarqué qu’il utilisait une caméra. On était tellement habitués à le voir avec nous, à discuter, boire des bières, qu’on ne le voyait même pas filmer. Quand il nous montrait ensuite ce qu’il avait filmé, on ne s’était aperçu de rien !

Matte : Et pour lui c’était aussi une bonne expérience d’être “en immersion” dans le contexte d’un groupe en tournée, en plus pour une première partie de Monster Magnet. C’était une bonne opportunité aussi pour lui, il adore cette musique. Il avait la larme à l’œil en partant, tu peux me croire !

Le film a été diffusé dans une salle dans le cadre du Desertfest, mais au-delà, comment pensez-vous exploiter le film pour l’avenir ?

Matte : On pensait initialement garder le film pour le mettre sur un DVD bonus ou un truc comme ça. Mais on a changé d’avis, parce que ça va nous prendre un moment avant de faire un nouvel album ou autre, ça aurait été dommage d’attendre si longtemps. D’une certaine manière c’est fait par des fans, pour des fans, donc on souhaite finalement le rendre accessible au plus tôt au plus grand monde. De toute façon c’est une situation positive, car tout le monde est déjà gagnant dans le processus.

Steffen : On ne va pas se prendre la tête, on va le mettre sur Youtube[Rires].

 

Comment vous êtes vous retrouvés à signer chez Napalm Records l’an dernier ?

Matte : Le gars chargé de signer les groupes pour le label est fan de notre musique. Je ne sais même pas comment il nous a découvert, sur internet ou autre… Il nous a contactés pour nous dire qu’il aimait vraiment notre musique, il venait souvent à nos concerts… Et un jour il nous a présenté une offre pour intégrer son label. On ne savait pas si notre musique correspondait à ce label.

Steffen : C’était un label très metal à l’époque, si tu te souviens…

Matte : Avant que l’on ne donne notre accord, ils nous ont expliqué que le label allait s’ouvrir à d’autres genres plus rock, ils venaient de signer Monster Magnet et avaient plusieurs autres groupes en vue… On a beaucoup discuté avec ce type, et tu sais, on fonctionne énormément au ressenti, et on avait un bon feeling avec lui, il croyait vraiment en nous, donc on a finalement signé. Et maintenant que le CD est sorti, on peut dire que l’on est satisfait de ce choix : la promotion était bonne, les conditions étaient bonnes, le gars est toujours là derrière le groupe (il était d’ailleurs dans le public ce soir).

Au sujet de ce dernier album, de manière plus anecdotique, vous avez toujours proposé des pochettes sur fond blanc, et cette fois on a un artwork sur fond noir, pourquoi ce changement ?

Steffen : Le dessin était initialement sur fond blanc. Et tout bêtement sous Photoshop on a inversé les couleurs, et en négatif, l’image était sublime ! Donc en fait c’est la seule raison, le graphisme est tout simplement plus beau sur fond noir que sur fond blanc !

Matte : Ca n’a rien à voir avec le fait d’être sur un label metal, de faire une musique plus sombre, ou autres trucs que l’on a pu entendre. Mais tous ces détails, tous ces éléments ressortent mille fois mieux en blanc sur fond noir. Il y a tant de détails sur cette pochette, et c’était incroyable, certains se voyaient uniquement sur un fond noir. C’était une décision facile à prendre.

 

Depuis quelques mois, on sent vraiment la notoriété du groupe grandir, on entend de plus en plus parler de My Sleeping Karma, via votre signature sur Napalm, vos concerts de plus en plus nombreux, etc… Est-ce que ça va continuer dans cette voie ?

Matte : On aimerait bien bosser sur MSK à temps plein, mais… nous sommes vieux [Rires], nous avons nos familles, nous n’avons pas assez d’argent, nous n’avons pas assez de temps libre… Donc on continue comme ça, c’est le plus beau hobby au monde ! Tu sais, quand on ne se voit pas pendant quelques semaines ou mois, ça nous manque de plus en plus, et c’est un très bon signe. Lorsque l’on se retrouve tous ensemble, on n’a pas besoin d’être super productifs et créatifs : on parle de foot, on boit des bières, on joue une ou deux chansons… En cela, on n’a pas changé, on est toujours un groupe de potes qui font de la musique. Ca apporte une grande satisfaction, le groupe est vraiment l’essentiel pour nous.

Quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Steffen : Nous allons aller jouer en Russie quelques dates, pour la première fois de notre histoire. On a le Hellfest en France, et puis quelques autres concerts ici ou là, tous ne sont pas encore confirmés à l’heure actuelle. Et quelques dates avec Colour Haze.

Matte : Notre but cette année est en quelque sorte de récolter quelques fruits mûrs. Nous n’avons pas assez de congés pour organiser une grosse tournée en Europe. Donc on fait des trucs un peu disparates cette année, en fonction des opportunités et de ce que nous pouvons nous permettre. Quant à la suite, on ne réfléchit pas trop loin, car quoi que l’on prévoit, ça se passe toujours différemment au final…

Avez-vous déjà envisagé d’enregistrer un album live ?

Seppi : [Rires] Jamais ! Nous aurions besoin de beaucoup d’overdubs. Absolument jamais.

Matte : On n’a encore jamais joué le show parfait. Tu sais il y en a toujours l’un d’entre nous au moins qui est déçu de son concert, car il n’a pas tout joué à la perfection…

Steffen : Nous avons une sorte de blague récurrente entre nous : à chaque fois que nous répétons nous nous arrêtons à la troisième note parce qu’après la troisième note Seppi fait une fausse note. Nous nous marrons toujours à ce propos.

27 avril 2013 par Chris

 

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