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Publié par Shinkibo La venue d’ASG au Desertfest de Berlin nous a permis de réaliser une grande première dans l’histoire, déjà longue, de Desert-Rock.com : une interview de groupe par un fan hardcore de celui-ci. Cette première a été réalisée par notre pote William (merci à lui) en notre compagnie dans les loges de l’Astra. Les quatre étasuniens originaires de Caroline du Nord étaient plutôt relax lorsque nous avons longuement échangé de manière informelle et détendue. Jason, Andy, Scott et Jonah étaient d’un calme étonnant si l’on compare à ce que nous avons constaté sur scène quelques minutes plus tard alors que le groupe foutait le feu à la salle berlinoise. Un bon moment passé en compagnie de gens ouverts et touchés par l’analyse de leur art qu’en a fait un de leurs aficionados. Enjoyez les réponses de Jason (chant) et d’Andy (bassiste) alors que leurs deux acolytes restaient quelque peu en retrait, sans doute extenués par la tournée européenne…
William : C’est un vrai plaisir que de vous rencontrer car “Blood Drive“ tourne en continu ces derniers temps chez moi. Vous jouez ce soir l’un de vos derniers shows en Europe pour cette tournée, je vous devine fatigués…
…Juste un petit peu.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui à Berlin ?
Jason : Nous ne connaissons pas vraiment cette ville. Nous allons bien. C’est cool que la fin de la tournée s’approche. Le début est bien aussi remarque. Il nous reste cette nuit, une date en Hollande puis le Desertfest de Londres. Ensuite nous rentrons à la maison.
Est-ce votre première tournée européenne ?
Andy : Non, il s’agit de la deuxième.
Appréciez-vous cette tournée ?
Les deux : Oui, généralement oui.
“Blood Drive“ est votre quatrième album, le premier sur Relapse : un nouveau deal vous concernant, considérez-vous celui-ci comme une étape décisive dans votre carrière ?
Jason : Je pense que dans un sens oui. Il s’agit aussi de notre dernière production ; la meilleure à ce jour. Un truc de fou sur lequel nous avons pu faire tout ce que nous désirions.
Etes-vous toujours satisfaits du résultat ?
Jason : Oui, nous sommes toujours satisfaits et pouvons encore l’écouter au terme de cette tournée (rires). Bien sûr, six mois après tu peux te dire qu’il aurait fallu faire telle ou telle chose différemment, mais nous l’apprécions toujours tel qu’il est.
Si vous le comparez avec les plaques précédentes, il semble que votre producteur – Matt Hyde – a fait un son plus accompli. Est-ce le cas ?
Jason : Je pense et espère que ça l’est. Nous avons appris beaucoup de lui dans ce domaine et à propos du processus de composition puis d’enregistrement. Parce que, en ce qui me concerne, chanter ne vient pas naturellement ; il m’a aidé à progresser sur de nouveaux registres.
Combien de temps vous a pris le processus depuis la composition jusqu’à l’enregistrement pour cet album ?
Andy : Quelques morceaux sont plus anciens, mais nous pouvons estimer qu’il nous aura fallu un peu plus d’un an. Quand nous étions en Europe durant l’été 2012 il était quasiment écrit et il nous restait encore un mois de travail en Californie.
Jason : Entre mai et juin 2012 le gros du travail était fait.
Quand vous le comparez avec vos albums précédents : était-ce plus de travail ?
Jason : La même chose, je dirai. Quelques titres sont venus en un claquement de doigt, mais d’autres ont demandé plus de temps et de travail.
Je vous suis avec d’autres personnes qui, comme moi, trouvent ce disque très accompli, un peu comme s’il était parfait.
Jason : Je pense que cet album est très personnel ; je ne le vois pas être passé en arrière-fond durant une soirée.
Vous pensez qu’il est plus intellectuel que vos sorties précédentes ?
Tous : Nous l’espérons [rires] : il est très intelligent.
Vous parlez de souffrance, de naissance, de mort de renaissance ; très intéressant pour moi…
Jason : …pour nous aussi ; il s’agit en fait d’expériences humaines…
…j’ai noté quelques passages en lien avec la renaissance. Vous insistez spécialement sur ce thème…
Andy : C’est une expérience humaine ; nous avons écrit au sujet des expériences humaines en général ; à propos de ce que nous faisons, ce que nous voulons et où nous allons.
Vos textes me rappellent les textes de certains poètes français du XIXème siècle comme Charles Baudelaire. Le connaissez-vous ?
Jason : Non, je ne le connais pas.
Et pourtant, ces textes me font penser aux “Fleurs Du Mal“. Voici ces textes en français et en anglais pour inspirer peut-être vos prochaines compositions [William lui offre un livre]. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les lectures et les films qui vous influencent ?
Jason : je ne lis pas beaucoup.
Andy : je lis pas mal surtout de la science-fiction ; des choses à propos de la terre et du ciel comme par exemple “2001 L’Odyssée De L’Espace“ qui est un bon bouquin et j’affectionne particulièrement les films de Wes Anderson.
Pouvez-vous dire que vous êtes un groupe spécial ?
En cœur : Non, nous sommes des rednecks.
Comment vous organisez-vous pour le processus de composition de vos morceaux ?
Andy : Il s’agit d’un travail collectif qui dépend de l’instant, des vibes etc. L’un d’entre nous vient avec une idée, la propose aux autres et ça évolue ensuite.
Est-ce parce que vous êtes pessimistes envers la France qu’on ne vous y a pas vu lors de cette tournée avec Anciients ?
Jason : Non pas vraiment. Je suis pessimiste envers l’espèce humaine en général qui devient de plus en plus en colère.
Est-ce que les textes que vous écrivez sont directement inspirés de votre existence propre ?
Jason : Non, il s’agit de choses imaginées et nous nous interdisons le prosélytisme.
On a pu lire sur la chronique sur Desert-Rock de votre dernier opus : “ ça percute, ça caresse, ça intrigue, mais au final, ça accroche.“ Qu’en pensez-vous ?
Jason : Nous sommes d’accords avec ça. Quand tu écris tu veux aussi te toucher en tant qu’auditeur.
Vous écoutez donc vos propres productions ?
Jason : Oui absolument.
Même les plus anciens ?
Andy : Oh oui ! Nous le faisons.
La tournée est presque terminée ; vous avez livré une dizaine de prestations dans des lieux très différents. Dans quelle ville avez-vous eu les meilleurs retours du public ?
Jason : Le Roadburn était incontestablement incroyable.
Vous n’avez pas joué en France. Vous n’aimez pas les Français ?
Jason : Non, ce n’est pas du tout ça. C’est difficile avec ces festivals, les deux Desertfest et le Roadburn, de trouver un endroit dispo avec le nombre de groupes en tournée simultanément. Nous reviendrons plus tard.
Andy : Nous avons joué à Paris la dernière fois et le public était super !
Par le passé vous vous êtes produits avec Motörhead, Orange Goblin, Valient Thorr, Graveyard et Year Long Disaster. Quel groupe vous a marqué ?
Jason : Motörhead étaient exceptionnels et Lemmy est une rockstar. Quand il pénètre quelque part tout le monde se retourne. Il est très intelligent, sympa et drôle.
Vous appréciez Orange Goblin ?
Jason : Yeah yeah yeah nous les avons vu à Copenhague il y a quelques jours.
Pensez-vous que le business du vinyle va sauver l’industrie musicale ?
Andy : L’aspect collection est sympa, mais nous ignorons s’ils en vendent assez. Je n’ai pas de tourne-disque personnellement ; c’est un truc de collectionneur et Jason n’a même pas une copie du split avec Karma To Burn.
Si vous deviez n’emporter que quelques albums avec vous sur une ile déserte (rock ?) lesquels prendriez-vous ?
Jason : Lynyrd Skynyrd et Jane’s Addiction
Andy : Led Zeppelin et Black Sabbath.
Publié par Chris C’est dans une ambiance des plus détendues que nous avons échangé brièvement avec la grosse sensation venue du froid lors de la dernière édition du Desertfest de Berlin. Quelque peu fourbus voire peu loquaces, mais incroyablement sympathiques, les membres de cette formation du sud de la Suède nous en ont dit un peu plus à leur sujet au beau milieu de la tournée organisée pour promouvoir leur très bonne dernière plaque : “Motherload“. Un bon moment passé au soleil avec Niklas (chant), Martin (guitare), Johan (basse) et Henrik (batterie) ; un jeune quatuor de mélomanes plein d’humour qui a répondu à Desert-Rock de manière collégiale.
Vous étiez à Groningen hier et de retour aujourd’hui en Allemagne. Comment se déroule cette tournée ?
Jusqu’ici tout va bien. Nous étions à Wiesbaden avant-hier, remontons vers le nord en direction de chez nous pour revenir dans le sud de l’Allemagne d’ici trois jours. L’itinéraire est un peu étrange et les heures passées sur la route commencent à d’accumuler. En dehors de ceci, nous sommes ravis de rencontrer un public très réceptif et adorerions passer encore plus de temps sur la route. A ce jour, nous sommes déjà un peu frustrés d’attaquer la dernière semaine de la tournée.
Effectivement, en ce qui concerne l’itinéraire, vous cherchez un peu la complication en ayant déjà joué il y a trois jours dans cette ville…
…C’était un show un peu spécial, en dehors du festival, mais la veille du festival. Nous avons eu le plaisir de jouer avec Conan dans un endroit beaucoup plus petit que l’Astra et ça a été vraiment excellent !
Cette tournée est un peu particulière dans le sens où la plupart des concerts ont lieu en terres allemandes. Quels sont vos plans pour la suite ?
Nous sommes très frustrés de ce fait car nous avons à cœur de nous produire live. C’est vraiment notre truc et nous adorerions pouvoir faire des tournées beaucoup plus longues. Depuis le début du groupe, nous n’avons pas fait plus d’une centaine de shows et nous allons donc retourner dans nos foyers avec une seule envie : reprendre la route le plus vite possible et le plus longtemps possible car nous nous éclatons vraiment sur scène et adorons cet exercice. Nous allons donc bosser sur des plans pour pouvoir jouer au plus vite y compris en France car cette tournée ne s’y est pas arrêtée.
“Motherload“ vient à peine de sortir. Quels sont les premiers retours que vous avez obtenus au sujet de cette dernière production ?
Nous avons eu un retour plutôt positif, y compris chez vous, du côté des professionnels et visiblement les fans de ce type de musique y ont aussi trouvé leurs comptes. Jusqu’ici c’est plutôt bon question feedback et nous sommes contents de voir que cet album plaît.
Il s’agit déjà de votre deuxième effort sur Napalm Records. Comment expliquez-vous ce focus sur le stoner ou le heavy-rock ?
Napalm, comme Nuclear Blast, était une boîte très axée metal voire même très axée speed ou death. Visiblement les temps changent et il y a un regain d’intérêt vers la scène stoner. Napalm a commencé avec Karma To Burn et ils continuent à étoffer leur catalogue avec des groupes comme nous. Nous sommes contents de constater que cette musique sort de l’underground pour se retrouver sur des maisons de disque metal car les fans de metal ont aussi tendance à s’intéresser au style stoner de plus en plus depuis quelques temps.
En parlant de stoner, comment qualifierez-vous votre style musical ?
Pour nous, il s’agit clairement de bon vieux rock influencé par les sixties et les seventies. C’est simple : guitares, batterie, basse et chant. C’est du rock très traditionnel, dans l’esprit de Black Sabbath, et pas spécialement nouveau comme style.
L’artwork de “Motherload“ est de nouveau le fait de Vance Kelly. Comment s’est déroulée la collaboration avec cet artiste ?
Nous sommes fans de ses illustrations et plus particulièrement notre chanteur. Après notre première collaboration pour “Evil Deeds“, notre chanteur – Niklas – a à nouveau contacté Vance pour savoir s’il était prêt à recommencer et il a été positif. Nous sommes beaucoup intervenus dans ce contexte précis et n’avons pas laissé l’artiste libre. Nous lui avons expliqué ce que nous désirions en terme de symbolique, de représentation et d’ambiance. Nous lui avons aussi fourni les thématiques des morceaux qui allaient se retrouver sur le disque et avons même fini par lui transférer les morceaux en cours de traitement afin que le travail soit très cohérent. Au final, nous sommes heureux du résultat de cette approche. Il faut dire que nous apprécions, comme beaucoup, son graphisme.
Pour en revenir à l’objet, “Motherload“ sort sous différentes formes. Quelle est votre version préférée ?
Nous sommes des grands fans de vinyles donc c’est forcément sous cette forme que nous le préférons avec une mention particulière pour la version pourpre.
Dans ce domaine là, êtes-vous vous-mêmes des collectionneurs ?
Absolument ! Nous collectionnons les disques et sommes de véritables fans de musique. Certains d’entre nous sont de grands malades et possèdent des pièces rares de la musique des années soixante qui valent une fortune ; leurs collections sont parmi les plus grandes de Suède !
Puisque nous sommes en configuration festival, quels sont les groupes que vous vous réjouissez de voir aujourd’hui ?
Nous sommes curieux d’aller voir ce que donne The Ultra Electric Mega Galactic et iront naturellement voir Clutch qui est un groupe incroyable pour les fans de musique que nous sommes puis allons reprendre la route.
Vous êtes actifs depuis 2008, avez participé à la tournée européenne de Saint Vitus et avez sorti deux albums sur une major du metal. Comment expliquez-vous cette success story ?
Pour nous, il ne s’agit absolument pas d’une success story. Nous trouvons que les choses n’avancent pas assez vite. Nous sommes même terriblement déçus de devoir avancer pas par pas alors que nous existons déjà depuis six ans. Nous pensons ne pas avoir faits assez de concerts et notre impatience à ce sujet nous frustre vraiment. Nous aimerions tourner beaucoup plus intensément et enchaîner tours et enregistrements. Là, nous allons retourner chez nous et qui sait quand nous reprendrons la route… Ta vision n’est pas la nôtre même si nous rencontrons un succès certain.
Petite question personnelle à Henrik (batterie) pour terminer : nous avons remarqué sur ton matériel un vieux bout de tape estampillé The Awesome Machine. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
En fait, j’ai racheté une partie de matériel vintage qui m’intéressait à un type en Suède. Il s’agissait en fait de Peter et j’ignorais que des gens comme vous connaissaient encore ce groupe et allaient remarquer ce détail.
Publié par Chris Nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec le légendaire Ed Mundell –guitariste de Monster Magnet durant dix-huit années jusqu’à l’enregistrement de “Mastermind” – et son compère Collyn McCoy, bassiste virtuose, au sujet de leur nouvelle créature au nom à rallonges : The Ultra Electric Mega Galactic. En tournée européenne avec Sasquatch (dont ils partagent le batteur Rick Ferrante, remplacé sur cette tournée), le trio n’est pas arrivé en Europe les mains vides puisqu’une nouvelle production “Through The Dark Matter” vient enrichir leur discographie. C’est donc dans une ambiance très décontractée que nous avons pu parler de l’actualité du groupe sur une terrasse berlinoise devant une boisson rafraîchissante bienvenue vue la température exceptionnelle qui régnait dans la capitale allemande durant la dernière édition du Desertfest.
Il s’agit de votre premier show en Europe. Qu’attendez-vous de ce concert ?
Nous avons déjà effectué quelques gigs sur la Côte Ouest des Etats-Unis et nous réjouissons particulièrement de la date à venir à Paris, avec notamment les copains d’Abrahma.
Vous tournez par ici avec Sasquatch avec qui vous partagez le même batteur. Comment gérez-vous cet état de fait ?
En fait Rick Ferrante joue effectivement dans les deux formations, mais il n’a pas pu effectuer cette tournée avec nous. Il est resté aux USA. C’est Dan Joeright qui officiera à la batterie pour The Ultra Electric Mega Galactic, mais il le fera aussi pour Sasquatch.
Vous avez donc remplacé un batteur officiant dans les deux groupes en tournée par un autre batteur jouant dans les deux groupe en tournée c’est marrant !
Effectivement, il se trouve que Dan pouvait physiquement assumer les deux sets et les choses se sont donc faites naturellement. Il relève donc le challenge de Rick pour cette tournée européenne.
Vous sortez ces jours une nouvelle pièce : “Through The Dark Matter”. A quoi devons-nous nous attendre avec ces nouveaux titres ?
“Through The Dark Matter” est composée de cinq plages : quatre compositions originales de The Ultra Electric Mega Galactic qui sont des titres instrumentaux comme nous le faisons d’habitude ainsi qu’une reprise. Cette cover est un standard [ndlr : de Willie Dixon] : “Spoonful” sur lequel Collyn chante, ce qui est une première pour le groupe. Il le fait d’ailleurs très bien !
Aurons-nous la chance de voir ceci sur scène ce soir ?
Non [rires], pas ce soir, mais vu que l’expérience s’avère concluante, il se pourrait qu’à l’avenir nous rééditions ceci voire même développions quelques titres non-instrumentaux sur les productions à venir.
Ces jours, vous avez cette tournée européenne et la sortie de l’EP, quels sont les plans pour l’avenir ?
Il y a particulièrement l’album solo d’Ed qui est toujours une priorité et qui devrait voir le jour assez rapidement. Ceci est clairement le focus pour nous lorsque nous serons de retour aux Etats-Unis. Il est grand temps que cette production sorte et nous nous en réjouissons.
Justement, à propos de cet album, que nous attendons depuis longtemps aussi, à quoi devons-nous nous attendre ?
Vous verrez, c’est un projet qui nous tient à cœur depuis longtemps et qui est quelque chose de différent de The Ultra Electric Mega Galactic.
Nous attendrons sa sortie ; comme vous êtes tous impliqués dans des projets différents, quel est le statut de The Ultra Electric Mega Galactic ?
Il s’agit d’un groupe à part entière dans lequel nous sommes tous les trois impliqués et qui n’est pas uniquement Ed et ses musiciens. Il s’agit de notre priorité du moment pour laquelle nous nous impliquons et au sein de laquelle nous intervenons tous.
Maintenant la question que tout le monde a déjà posée à Ed : pourquoi avoir quitté Monster Magnet ?
Je n’avais aucun différend avec les membres du groupe. Je pense que j’avais fait le tour de la question en dix-huit années. Il s’agit simplement d’un désir de changement et pas d’un problème relationnel ou autre. Je ne regrette pas du tout l’aventure Monster Magnet et les disques que nous avons sortis. Ces types demeurent des potes et nous avons du plaisir mutuellement à assister aux concerts des autres.
Après avoir quitté Monster Magnet, Ed est venu s’installer en Californie. Nous voulions savoir si c’est le climat californien qui influence votre musique ?
Nous nous retrouvons tous les deux sous le soleil de Californie, mais comme tu peux le constater, vu notre pigmentation, nous devenons rouge lorsque nous nous mettons au soleil ! Disons que nous ne profitons pas vraiment du soleil californien ni de la plage et demeurons un peu dans l’ombre. Nous sommes dans cet Etat qui influence certes notre style et aimons beaucoup la dynamique ambiante et les innombrables possibilités que cet emplacement géographique nous offre.
Et c’est par ailleurs par là-bas que tout a commencé pour le desert rock…
Effectivement, avec les générateurs dans le désert.
Publié par Shinkibo C’est dans les loges au charme désuet de l’Astra de Berlin que nous avons eu le plaisir de rencontrer Neil Fallon le frontman velu et charismatique de Clutch lors du Desertfest de Berlin édition 2014. L’ambiance était studieuse pour les autres membres de la formation qui travaillaient sur leurs instruments alors que le chanteur se prêtait à nos questions : tout à la fois détendu, souriant, ouvert et professionnel, on profite à plein du capital sympathie du vocaliste.
Avant de commencer cette interview, peux-tu nous donner des nouvelles de ta santé ? Tu avais été obligé d’annuler un bout de tournée en septembre dernier quand tu as découvert ce problème au cou nécessitant une opération…
Oui, on m’a découvert un problème aux cervicales, derrière le cou, apparemment il y avait quelque chose que je me traînais depuis ma jeunesse. Par-dessus ça, j’imagine que quelques décennies de tournées intensives et de headbanging forcené n’ont probablement rien arrangé [sourire]. J’ai commencé à avoir une petite gêne l’an dernier, et j’ai décidé de consulter. J’ai eu très peur, mais le problème n’était pas aussi important que ce que j’avais pensé initialement. Les docteurs m’ont quand même dit que je devais planifier une intervention chirurgicale au plus tôt. Dans ces conditions, j’ai estimé plus sage d’annuler quelques concerts pour ne pas prendre de risque. On a essayé de re-planifier les concerts annulés dans les semaines suivantes, pour ne pas trop pénaliser les gens. J’ai finalement récupéré beaucoup plus rapidement que prévu, ça n’a pas posé de trop gros soucis.
Est-ce que tu es complètement soigné, ou bien est-ce quelque chose qui pourrait te gêner sur les prochaines tournées ?
A priori, ça ne devrait pas être gênant, non. J’ai subi une intervention chirurgicale dans la gorge. Comme il fallait passer des tuyaux le long de mes cordes vocales et que le corps médical m’a informé qu’un risque existait à ce niveau précis, j’ai beaucoup craint de ne pas pouvoir chanter comme avant. Heureusement, je n’ai subi aucun dommage au niveau des cordes vocales et mon chant est désormais à 100 % tel qu’il était avant cette intervention. Je ne sens quasiment plus rien, il semble que le problème soit résolu. Mais je pense que j’éviterai quand même d’être trop stupide et bourrin sur scène dorénavant…
L’an dernier vous étiez tous les quatre particulièrement fiers et enthousiastes après l’enregistrement de “Earth Rocker”, bien plus encore que pour vos albums précédents. Où en est cet enthousiasme un an après, alors que tout le monde l’a découvert et écouté en long et en large, et que vous-même l’avez copieusement interprété sur les scènes du monde entier ?
Ca n’a pas changé, on adore cet album, on adore comment il sonne, on adore ses chansons, et un an après on adore toujours autant les jouer live. Et le plus étonnant pour nous est que c’est le cas pour toutes les chansons qui y figurent. Tu vois, d’habitude il y a certains morceaux sur nos disques qui sont un peu audacieux, ou bien qui apportent une ambiance particulière, mais qui ne passent pas forcément aussi bien en live. Là, rien de tel, au contraire : très tôt après la sortie de l’album, on a joué la plupart des titres de l’album à chaque concert, l’intégralité même parfois… Et concernant les réactions sur l’album, je crois que tout le monde a accroché, nos fans nous le disent régulièrement, et je crois aussi que la presse a globalement adhéré, même si je ne lis pas toutes les chroniques à notre sujet…
Il y a eu une édition live de l’album en novembre 2013 en vinyl, et bientôt (juin 2014) va sortir une édition Deluxe avec CD et DVD. Pourquoi cette volonté de sortir autant de live en si peu de temps ?
Comme je disais, on est vraiment très confiants, très heureux de la façon dont sonnent ces titres en live. Et on sait aussi que ce genre de sortie satisfait beaucoup de monde, à la fois ceux qui ont pu venir nous voir en concert et qui y trouvent un souvenir, mais aussi ceux qui n’ont pas encore pu nous voir en live, et qui en ont donc un aperçu. Nous voulons faire profiter nos fans de versions live de bonne qualité plutôt que de versions piratées de piètre qualité. Et avec le DVD à venir, ils auront même un aperçu visuel de ce que ça donne.
Est-ce le même concert sur toutes ces éditions ?
Oui pour la partie audio : en fait on nous a fait la remarque que les gens qui n’avaient pas de platine vinyl n’avaient pas accès aux titres du vinyl “Earth Rocker live”, donc on voulait les presser en CD. Nous avions sélectionné des titres de “Earth Rocker” en live sur plusieurs shows pour cela. En revanche, le DVD contient un concert différent, enregistré en novembre dernier, ça rend super bien. Les images sont absolument géniales.
La dernière fois que je t’ai interviewé c’était il y a plus de treize ans, et à l’époque tu étais chez Atlantic, tu étais passé de label en label… Tu paraissais confiant, mais on sentait un certain ras-le-bol avec ce manque de stabilité… Est-ce que la création de Weathermaker Music vous a apporté à ce titre pleine satisfaction ?
Mec, je me félicite encore chaque jour d’avoir fait ce choix… On est passés par tellement de labels, Eastwest, Columbia, Atlantic, DRT, et j’en passe… Les gens changeaient tout le temps. En étant un parmi d’autres au sein d’une grande structure, nous nous sommes vite rendus à l’évidence que nous ne serions jamais la priorité de la maison de disque ; qu’en fonction de sorties planifiées pour d’autres artistes, nos propres dates de sortie pouvaient être repoussées. Nous étions aussi convaincus que n’étant pas le number one, nous n’aurions pas un engagement qui soit aussi satisfaisant que celui de notre propre structure qui nous gère en priorité. On a donc décidé de se prendre en main en quelque sorte, et on a créé Weathermaker Music pour nos projets parallèles pour commencer, il y avait moins de pression que pour Clutch, ça a servi de test en quelque sorte. On s’est un peu fait la main comme ça, et petit à petit on a pris confiance et on s’est jetés à l’eau. On a sorti “Earth Rocker” sur le label. C’était notre but ultime, et je pense pouvoir affirmer qu’on n’est pas prêts de revenir en arrière. Désormais nous sommes en mesure de gérer notre carrière comme nous l’entendons.
Comment vois-tu l’évolution du label à l’avenir ?
Je ne sais pas trop, qui sait de quoi demain sera fait ? On ne planifie pas trop. Un virage a été pris quand on a sorti l’album d’un groupe avec aucun membre de Clutch dedans, déjà c’est le signe d’un “vrai” label en quelque sorte. Là on vient de sortir l’album de Lionize, on est très contents. Mais en ce qui concerne l’évolution du label, on voit vraiment au jour le jour selon nos envies et les opportunités qui se présentent. Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre non plus, donc on essaye de faire les choses posément et sérieusement.
Est-ce que l’expérience du E.P. “Basket Of Eggs” [interprétation acoustique de certains de leurs titres, avec quelques compos] a influé sur votre manière d’appréhender la composition, ou même votre jeu live ?
Oui, je pense. En fait, nous travaillons régulièrement en acoustique pour l’écriture des morceaux et ceux-ci sont généralement transposables en acoustique très facilement. Il est clair que nous avons remarqué que nos titres joués en acoustique plaisaient autant à notre public qu’ils nous plaisaient à nous-mêmes. C’est vraiment un exercice particulier, il demande un effort de concision, car il faut aller droit à l’essentiel, mais aussi de concentration, car en acoustique tu entends le moindre son, et donc la moindre approximation, frottement de corde ou bruits divers. L’électricité et la saturation peuvent dissimuler pas mal de ces choses [sourire]. Cette méthode d’interprétation nous a donc pas mal “bousculé”…
C’est marrant que tu décrives les choses ainsi, car votre dernier enregistrement, “Earth Rocker”, est sans doute le plus “électrique” et puissant de tous vos albums…
C’est vrai, ça peut paraître étrange… C’est une bonne question. Mais je pense qu’il y a une cohérence et que “Earth Rocker” n’aurait pas sonné pareil sans cette expérience. Le fait de concentrer nos efforts sur une même ligne directrice, ne pas nous disperser, aller droit à l’essentiel à quelque sorte… ce sont des choses sur lesquelles nous sommes plus forts désormais.
Quoi qu’il en soit, avez-vous prévu de rééditer l’expérience, ou même d’organiser une tournée acoustique par exemple ?
Pour l’instant il n’y a rien de concret, mais c’est effectivement une piste que nous pourrions explorer à l’avenir. Nous ne dressons en tous les cas pas de barrière entre l’électrique et l’acoustique, les deux peuvent se marier sans problème. On le voit par exemple lorsque nous jouons “Gone Cold” en live au milieu de notre set : ce n’est pas si compliqué à mettre en place, et le résultat nous semble efficace. On la joue ce soir a priori, vous nous direz [sourire].
Une nouvelle chanson est sortie il y a quelques semaines sur un split avec Lionize, à l’occasion du Jour des Disquaires. Est-ce que l’on peut imaginer qu’il donne le ton d’un éventuel prochain album ?
Non, pas vraiment. Il s’agit clairement d’un one-shot. Ce titre est présent sur ce split sorti sur Weathermaker et il n’est pas prévu qu’il soit ensuite inclus sur un album.
Et sinon, qu’en est-il de ce nouvel album ? Quand avez-vous prévu de l’enregistrer ?
Et bien on y pense pas mal, et je peux même te dire qu’on a déjà une poignée de compos prêtes ! Quant à son enregistrement, je ne sais pas précisément, probablement en fin d’année ou début 2015 si nous avons assez de compositions. Mais je sais déjà que le processus sera très différent cette fois, car nous allons prochainement construire notre propre studio. Nous allons nous mettre au travail en rentrant de tournée ; nous avons déjà un hangar dans lequel nous rangeons tout notre matériel y compris les éléments que nous apportons en tournée, mais ce n’est pas la même chose. Nous pourrons désormais enregistrer la journée et rentrer chacun chez nous une fois les prises effectuées. Il faut dire qu’on a des femmes et des enfants maintenant, ça change la donne… Ce sera une manière un peu spéciale de bosser sur l’enregistrement, mais elle nous séduit beaucoup.
Vous avez énormément de chansons qui sont utilisées dans des séries TV, des reportages à la TV américaine, pour des spectacles de catch, etc… Comment ces opportunités se présentent-elles, et êtes-vous impliqués dans le choix des séries ou médias qui les sélectionnent ?
En fait en général ce n’est pas nous qui démarchons pour les trouver. Il y a désormais des agences spécialisées qui mettent en relation les artistes et les médias qui cherchent des atmosphères musicales particulières. Et il y a en gros deux cas de figure : ceux qui ne nous connaissent pas directement et qui veulent juste une musique un peu “agressive” pour accompagner des séquences de leurs séries ou émissions, et on a aussi le cas des mecs qui bossent pour ces agences et qui nous adorent et essayent de fourguer nos titres à toutes les occasions [sourire]. Après, vu que nous gérons nous-même nos productions avec notre propre maison de disques, il est évident que nous sommes impliqués dans le choix des supports sur lesquels nous nous trouvons. Donc nous pouvons être sélectifs si nous le souhaitons. Mais il s’agit d’une opportunité rare : placer ainsi notre musique nous permet d’atteindre des gens qui ne font pas partie de notre public habituel. A ce titre c’est quelque chose que l’on essaye de développer et donc pas forcément de limiter – même si nous ne ferons jamais quoi que ce soit qui puisse nuire à notre image, bien sûr.
Clutch doit jouer lors de la fête de la musique à Genève, ce sera un concert gratuit en plein air. Il est très probable qu’un public nombreux et très large vienne vous voir, probablement avec des gens qui ne vous connaissent pas forcément. Quelle sera votre approche d’un tel concert dans ce contexte ? Est-ce que vous l’appréhenderez différemment d’un festival ou un concert en tête d’affiche ?
Oui j’en ai entendu parler. Il est trop tôt pour le dire, mais je pense que nous l’aborderons comme un concert standard. Par le passé, il nous est déjà arrivé d’adapter nos setlists au public : une setlist pour un concert de Clutch normal, une pour les festivals, une autre lorsque nous ouvrions pour une autre formation, etc… Au final, nous nous sommes aperçus que cela ne fonctionnait pas. Nous sommes nous-mêmes lorsque nous jouons ce qui nous plaît donc nous avons abandonné cette pratique pour ne présenter que des setlists en phase avec ce que nous jouons en tournée. Nous allons donc vraisemblablement livrer une performance en lien avec la tournée actuelle, avec peut-être des surprises, mais rien de complètement spécifique.
Peux-tu nous dire où en est The Company Band [le projet de Neil avec des musiciens d’autres formations], et si l’on peut s’attendre à un nouvel album bientôt ?
Je me concentre sur Clutch pour le moment, ce qui m’occupe très largement. The Company Band est en sommeil car nous sommes tous impliqués par nos formations de base à l’heure actuelle. Mais le groupe n’est pas mort…
Publié par Chris C’est dans les loges de l’Astra que nous avons rencontré le mythique quatuor de Baltimore à l’occasion de leur venue au Desertfest de Berlin. Désormais épaulés de Todd Ingram (à la guitare, en provenance de King Giant) et de Chuck Dukehart (de retour à la batterie), les deux membres historiques que sont Daniel Soren (chant et guitare) ainsi que Jim Forrester (l’impressionnant bassiste tatoué jusqu’au sommet du crâne) étaient dans un état d’excitation encore plus grand que le nôtre à l’idée de réintégrer le circuit du rock en tant que Sixty Watt Shaman. Il faut dire qu’ils nous avaient abandonnés depuis une dizaine d’années et que leur dernière plaque « Reason To Live » commence à dater sérieusement. Si jadis nous avions été conquis par le style du quatuor en écoutant leurs albums, nous sommes désormais aussi convaincus par ces quatre personnes sympathiques, dynamiques et incroyablement positives avant le premier concert de ce comeback et encore plus après… Un agréable échange dans le backstage avec la présence des proches du groupe dans une ambiance décontractée.
Vous jouez ce soir au Desertfest allemand. Comment est-ce que cela s’est monté ?
A la base, nous étions en contact avec des potes mutuels comme le type en charge du Desertfest de Londres qui nous avait déjà sollicités il y a quelques années. Nous n’étions pas ensemble à cette époque vu que le groupe avait cessé ses activités. Les choses sont depuis rentrées dans l’ordre, nous étions ensemble et avons décidé qu’il était temps de refaire de la musique ensemble sous le nom de Sixty Watt Shaman. Avec un nouveau guitariste, avec du nouveau matériel sur lequel nous bossons, nous avions ce plan pour Londres, et puis Berlin est entré dans le truc et nous nous retrouvons ici. Les gens sur Facebook nous demandaient pourquoi nous ne jouions pas en Allemagne (rires). Cela fait des années que nous préparions ce retour avec Todd et Chuck qui est impliqué dans de nombreux projets tout comme Jim. Nous étions tous volontaires pour continuer cette aventure, en étant impliqués dans la musique, et cela a pris des années pour que ça se passe, mais ça fait des années que c’est dans les tuyaux. Ca prend du temps, ce n’était qu’une affaire de temps et nous nous sommes retrouvés ensemble cette année. Nous nous sommes retrouvés dans un local, avons commencer à jouer et le feeling était bon : nous avons donc pu répondre oui aux sollicitations pour les concerts !
Todd est-il donc un membre officiel de Sixty Watt Shaman ?
Todd est un membre permanent du groupe (à l’unanimité) !
Nous avons lu que vous alliez sortir quelque chose d’ici la fin de l’année pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Nous travaillons dessus, nous avons développé pas mal de trucs. Le plan est de finir cette série des concerts, de rentrer à la maison et de terminer de bosser sur le nouveau matériel puis d’enregistrer. Nous ne sommes pas encore décidés sur ce que sera exactement le produit fini. Nous espérons enregistrer aussi les titres sortis sur “Ultra Electric” en 1998 car nous n’avions pas eu réellement la possibilité de faire correctement le boulot d’enregistrement à l’époque. Nous avons aussi du matériel de la période du split sorti sur Tee Pee avec Spirit Caravan que nous n’avons pas eu l’opportunité de distribuer. Nous allons remasteriser tout ceci pour notre fanbase. Nous allons ressortir du vieux matériel, mais aussi envoyer de nouvelles compositions. Nous avons des chutes de studio, des démos et du live voire des trucs sortis en édition limitée ou capturés live par des fans, y compris de la vidéo.
Etes-vous déjà en négociations avec un label ?
Non pas vraiment. Nous avions sortis deux longs formats sur Spitfire, un split sur Tee Pee et aussi du matériel sur Game Two. Nous sommes une entité indépendante : un groupe indépendant et nous avons le désir de bosser avec des partenaires intéressés par ce projet !
Vous aviez joué par le passé avec la plupart des headliners de ce festival ; considérez-vous ce week-end comme une réunion de famille ?
Oui complètement. Nous avons revus des gens que nous n’avions plus revus depuis des années et ça nous a fait réellement plaisir. Nous revoyons Spirit Caravan qui sont vraiment de bons potes et que certains d’entre nous n’ont pas vu depuis longtemps. Des proches qui étaient déjà autour de nous en 1998 comme Dave Sherman et Henry Vasquez (aux côtés de Wino dans Spirit Caravan). Ce sont des potes et ça fait du bien de les voir aussi sur scène.
Vous allez donc monter sur scène pour “All Things Come to Pass” (morceau de Sixty Watt Shaman avec Le Scott Reeder et Wino) ?
(Rires) Nous n’allons pas le faire. Nous n’avons pas bossé dessus. On le fera un jour, mais pas ce soir… ne dis jamais “jamais” !
Quels sont les groupes que vous allez voir sur scène en tant que spectateurs lambda ?
ASG, Midnight Ghost Train, Pet The Preacher et naturellement Spirit Caravan. Le samedi à Londres le groupe dont le nom est imprononçable : Kvelertak. Nous ne comprenons rien à ce qu’ils disent, mais nous adorons leur musique et leurs vidéos.
Vous êtes impliqués dans la scène stoner depuis les années 90 et maintenant celle-ci est beaucoup plus reconnue…
…ca va par vagues, ça monte et ça descend. Fu Manchu, Monster Magnet, Queens Of The Stone Age sont dans la lumière alors que cette scène était plutôt underground. C’était une petite scène underground à l’époque qui ne s’appelait pas du tout stoner. Nous ne savions pas que ce terme serait une fois utilisé pour qualifier un style musical des dizaines d’années plus tard. La fanbase détient cette musique ensuite les gens l’appellent comme ils veulent. Quelqu’un nous a dit une fois que nous faisions du stoner et nous avons pensé qu’est-ce que c’est que le stoner ? C’est du rock’n’roll et c’est tout, le terme stoner est un juste une étiquette développée par l’industrie musicale. Ce n’est que de la musique : du rock qui te secoue les couilles !
Une question que vous avez déjà entendu des milliers de fois : vous n’avez pas signé avec Frank Kozik (sur le mythique label Man’s Ruin Records). Pourquoi ?
Les choses allaient vraiment très vite à cette époque. Frank est venu nous voir alors que nous jouions à New York pour nous causer ; nous étions vraiment honorés. Nous étions en train de bosser sur notre carrière musicale activement. Ce n’était pas le seul show de booké, nous avions des engagements et tout ça arrivait très vite. Nous avons discuté avec lui, des deux côtés nous étions partants et l’avions communiqué. Tout était bien et la réputation de Frank parle pour elle-même, mais il y avait aussi d’autres opportunités sur la table. Donc nous avons regardé ce qu’il en était et avons pris une décision. Nous avons bien communiqué et si nous avions eu l’opportunité de travailler avec lui une fois nous l’aurions fait.
Publié par Shinkibo Ce mardi 8 avril Uncle Acid et ses Deadbeats étaient de passage sur Paris pour clore une tournée européenne en tant que headliner, une première. Rencontre en toute simplicité et sans langue de bois avec le leader incontesté et incontestable d’une formation qui a le vent en poupe.
Pour le public français qui souhaite mieux vous connaître, si tu es Uncle Acid de Cambridge qui sont les Deadbeats ?
Effectivement, alors les Deadbeats sont Yotam Rubinger à la guitare, Itamar Rubinger à la batterie et Dean Millar à la basse. Ils sont frères tous les deux.
Comment vous êtes vous rencontrés ?
Ca c’est fait un peu naturellement par l’intermédiaire d’amis en fait. A l’époque je vivais à Cambridge et je n’arrivais pas à y trouver de musiciens, il m’a fallu venir à Londres pour rencontrer des musiciens et finalement trouver la bonne combinaison, et c’est le groupe que nous formons aujourd’hui.
Es tu en train de me dire qu’il n’y a pas de bons musiciens à Cambridge ?
Je n’ai pas réussi à en trouver en tout cas pour ce genre musical. Je suis sûr qu’il y a de bons musiciens d’orchestre symphonique ou classique. Mais malheureusement pour ce genre de musique je n’en ai pas rencontré.
A l’origine tu avais constitué ce groupe comme un projet studio. Cela fait maintenant 5 ans et 3 albums plus tard, alors toujours un projet studio ou un vrai groupe ?
Ce n’est pas un groupe « convenable » (rires). Cela ne fait presque qu’un an que l’on joue ensemble dans un garage à Londres. C’était un peu comme un nouveau départ pour la performance live. Depuis on a été plutôt occupé entre les festivals, les tournées et tout ça.
Tu es en quelque sorte le « mind controller » du groupe. Où mènes-tu tes Deadbeats aujourd’hui ?
C’est une bonne question (rires). Je ne sais pas vraiment. Juste continuer à faire des tournées et quand le bon moment sera venu enregistrer un nouvel album, certainement à la fin de l’année. Surtout continuer à faire ce que l’on fait. Ne pas essayer de se vendre ou quoi que ce soit d’autres.
Les membres sont-ils libres d’aller et venir dans le groupe ou êtes vous désormais liés par le sang ?
(rires) non, je pense vraiment que c’est LE line-up. Celui qui va durer indéfiniment. Il y a tellement une bonne vibe entre nous et ça fonctionne parfaitement.
Comment écris-tu et composes-tu tes chansons ?
Habituellement je dois avoir une idée d’ensemble pour tout l’album, un concept, un peu comme une histoire. Une fois que je l’ai, j’attends juste que les riffs viennent. J’écris ensuite les paroles un peu comme des scènes dans un film. Chaque chanson est une partie de l’histoire. Ca parait peut être un peu complexe vu de l’extérieur mais pour moi c’est plus simple ainsi.
Est ce que le processus pourrait devenir plus collectif à l’avenir ?
C’est possible. Mais c’est très dur pour moi d’écrire avec d’autres personnes parce que c’est comme compromettre mes idées. Mais pourquoi pas.
Est-ce que vous jammer quand vous vous réunissez ?
Pas vraiment. C’est un peu étrange. A l’occasion, au moment des balances ça arrive. Mais nous ne sommes pas vraiment un jam band.
Tu arrives avec tes riffs…
… oui et voilà c’est la chanson. Ce sont vos parties.
Même pour la batterie et la basse ?
Oui mais certainement que pour le prochain album il y aura plus d’espace pour laisser les gars contribuer au style de la batterie ou aux parties de basse. Peut être.
Prochain album d’ici la fin d’année donc. Mêmes conditions, même studio ?
On devrait enregistrer à la fin d’année pour une sortie l’année prochaine. On va essayer d’avoir une approche différente. Certainement dans un autre endroit. La dernière fois c’était seulement deux semaines en studio et c’était vraiment intense. Peux être essayer d’enregistrer en plusieurs fois.
J’ai entendu parler d’un possible album acoustique, toujours une éventualité ?
Un jour peut être oui. Certainement pas le prochain mais un jour un disque un peu hippie, acoustique, ça pourrait être sympa.
Les Deadbeats sont d’accords avec ça ?
(rires) oui oui bien sûr.
J’ai besoin de savoir. Toutes les chansons parlent de meurtres ou d’horreurs. As-tu un côté obscur à nourrir ?
Je ne sais pas ce que c’est. C’est certainement dû aux films que je regardais qui maintenant m’inspirent. J’aime l’idée d’avoir des paroles sombres et pourquoi pas de la musique sombre également et de mettre dessus des lignes de chant plus mélodiques avec des harmonies de voix. Un côté clair/obscur.
Mais tu n’as que des idées de meurtres et d’horreur… un peu étrange non ?
Oui un peu (rires). Il faut que j’y réfléchisse.
L’année dernière a été plutôt riche. Un nouvel album, une tournée et bien sûr vous avez ouvert pour Black Sabbath. Comment se déroule 2014 jusque là vous ne vous ennuyez pas trop ?
Oui c’est sûr que quand on se réveille après avoir tourné avec Black Sabbath c’est dur. Mais tout va tellement bien pour nous jusqu’à présent. Cette année nous sommes allés en Russie, en Nouvelle Zélande, en Australie et à travers l’Europe. Ce soir c’est la fin de notre tournée avant de retourner faire quelques shows en Grèce. Puis une semaine de vacances avant de jouer en Angleterre.
Tu en as certainement marre de cette question mais comment avez-vous fait pour vous retrouver à jouer avec Black Sabbath ?
C’est notre agent qui a envoyé un mail « voilà leur musique ils sont disponibles, si vous aimez etc. ». Et en fait un des managers a vraiment apprécié ce que l’on faisait et a juste dit « ok venez ».
Est-ce que le groupe avait déjà entendu parler de vous ?
Je crois que la femme de Geezer (Butler), Gloria, qui le manage lui avait parlé de nous parce qu’elle était plutôt fan du groupe. Mais je ne suis pas sûr pour le reste du groupe ou des managers.
Comment avez-vous réagi à cette nouvelle ?
Je ne pouvais y croire. J’étais comme choqué. Il n’y avait quand même aucune chance pour que l’on prenne part à cette tournée. Des groupes de cette envergure ont habituellement des groupes aussi importants, ou qui l’ont été, pour faire leurs premières parties. C’est souvent les mêmes genres de groupes qui ouvrent pour les gros groupes. De donner ainsi sa chance à un jeune groupe peu connu, ça demande d’avoir des « couil… » de leur part.
En terme de moyens comparé à l’essence « Do It Yourself » de Uncle Acid, ça devait être un monde complètement à part ?
Oui tout était tellement professionnel avec eux. Je veux dire, ils ont le meilleur équipement, les meilleurs moniteurs et tout est si bien cadré, mais ils ont tous été super sympa avec nous. Toute l’équipe, le groupe, faisaient attention à nous aussi.
Vous avez dû apprendre beaucoup. Qu’est ce que tu retiens particulièrement de tout ça ?
Surtout sur l’aspect comment faire un show pro. Ce qui m’a presque le plus surpris c’est de voir Tommy Iommi venir nous voir à chaque balance. C’était toujours le premier sur place et le dernier à partir, toujours à jouer sur sa guitare et à bidouiller son ampli pour s’assurer que tout soit parfait. J’ai trouvé ça incroyable que quelqu’un qui faisait ça depuis tellement de temps se souciait toujours de comment le son était. Ce n’est pas juste venir, se brancher et jouer, ça prend vraiment du temps pour délivrer les chansons.
Est-ce que tu sens une différence entre le avant et le après Black Sabbath ?
Oui, je pense que l’on est bien meilleur. On sonne bien mieux. Jusque là on avait fait quelques dates par ci par là. Là c’était notre première vraie tournée ensemble. Maintenant que l’on arrive à la fin de la tournée, on s’est encore amélioré. Chaque soir la magie opère mieux.
Les majors doivent vous connaître maintenant… Toujours heureux de faire partie de la famille Rise Above ?
(rires) Bien sûr. On a plutôt tout ce qu’il nous faut. Je veux dire le problème avec les majors c’est que tu ne dois pas avoir cette liberté. Je veux faire ce que j’ai envie de faire, pas que quelqu’un me dise, il faut faire ça et ça. Donc c’est parfait pour nous aujourd’hui.
Quel est ton point de vue sur le business autour de la musique ?
Je ne sais pas mais quelque chose doit se passer. Les gens ont perdu le respect de la musique parce que tout est diffusé en permanence. On en entend ici ou là, à la radio, à la télé, la musique sert à vendre des choses, et elle a perdu de sa valeur. Les gens ne respectent pas la musique ni les musiciens, ils nous considèrent comme de la merde tout simplement. Il faut qu’elle retrouve sa valeur mais je ne sais pas comment on pourrait faire ça ni qui pourrait le faire. J’ai peur qu’il ne soit trop tard.
Penses-tu rééditer le premier album ?
Eventuellement. Mais ça demande beaucoup de boulot. A l’origine cet album était plutôt destiné à être comme une sorte de démo.
Mais ça sonne bien. Tu veux que ce soit parfait en fait.
Exactement je sens que ça a besoin d’être un peu remixé et remasterisé. Donc dès que je trouverais le temps de m’y atteler, je le ferais. J’aime toujours m’assurer que ça sonne comme je le veux.
Première tournée en tant que headliner en Europe. Comment ça se passe ?
Très bien. Les concerts se passent bien, beaucoup de fans sont présents, les ventes sont bonnes.
Comment faites vous pour sonner en live comme sur album, même matériel, le volume à 11 et le tour est joué ?
Oui c’est exactement ça. Du bon matériel, une bonne pédale de fuzz, on monte le volume. On répète énormément pour être sûr que les harmonies sonnent juste. Parfois ça dépend de la console utilisée ou des groupes avec qui l’on joue mais on essaye toujours d’être le plus proche possible des albums. J’utilise la même guitare, la même pédale et le même ampli depuis le début.
Même setlist tous les soirs ou vous préférez en changer ?
Non, on préfère avoir un set solide qui tourne bien. On change une chanson ou deux à l’occasion quand on trouve que ça sonne un peu bizarre.
Fais tu une différence entre être headliner d’une tournée et participer à un festival ou être en première partie ?
Oui c’est beaucoup plus de pression. Les gens viennent pour te voir particulièrement. En festival les gens ne savent pas à quoi s’attendre. Et en même temps, peu importe, tu as à faire un super show quoi qu’il en soit. Il faut essayer de se faire de nouveaux fans.
Une journée typique de tournée ? Est ce que vous écoutez de la musique ?
On essaye de visiter un peu, se promener les quelques heures de libre que l’on peut avoir. On écoute surtout de la musique dans le bus. Plutôt des choses qui ne sont pas en rapport avec ce que l’on joue.
Comme quoi ?
En ce moment Sly and the family Stone, the Dubliners. Tant que c’est différent de ce que l’on fait et que c’est bon, chacun met ce qu’il veut.
Sur la scène doom quel groupe écoutes-tu aujourd’hui ?
Electric Wizard bien sûr, ils sont géniaux. En groupe plus « récent » je dirais Blood Ceremony. Mais j’écoute beaucoup de groupe des années 60 et pas mal de folk également.
A toi le dernier mot. En un mot comment décrirais-tu Uncle Acid and the Deadbeats ?
Psychotique
Publié par Laurent Après la sortie de “Universe”, leur dernier album pour le moins audacieux (et réussi), on a voulu intercepter les Truckfighters entre deux tournées pour parler du disque, de la carrière du groupe, de leur actu, etc… C’est Ozo, le bassiste et vocaliste du trio, qui s’y est collé !
Il y a eu cinq ans entre votre album précédent et “Universe”. Qu’avez-vous fait tout ce temps ?
On a surtout tourné, tourné, et encore tourné… Mais il y a aussi le fait que l’on a eu trois batteurs différents sur cette période ! L’air de rien, ça freine pas mal le processus d’enregistrement : à chaque fois qu’il nous fallait accueillir un nouveau batteur, on devait passer beaucoup de temps à répéter des “vieux” morceaux, ce qui prend du temps, mais ça ralentit aussi la dynamique créative… Mais il y a aussi le fait que nous nous étions dit dès le début que nous souhaitions prendre tout le temps nécessaire pour réaliser le meilleur album possible, on ne voulait pas faire la même erreur que certains groupes font parfois, à savoir se forcer à sortir un disque trop tôt pour répondre à la demande des fans, de leur label ou autre.
On a le sentiment que votre renommée a pris un coup d’accélérateur ces dernières années. On vous a notamment vus tourner dans des endroits où vous n’aviez jamais été encore. A quoi attribues-tu ce changement de voilure ?
Concernant nos tournées, tu as raison, nous avons pu aller dans des endroits où nous n’avions jamais pu aller jusqu’ici. Cela fait plusieurs années que nous recevons plus de demandes de concerts que nous ne pouvons en effectuer, donc naturellement c’est plus cool pour nous de jouer dans des endroits où l’on nous demande. Tu vois, on n’a pas la farouche volonté de jouer dans telle ville ou tel pays juste pour le principe. Et donc il y a des pays où nous allions moins, car on ne nous proposait que rarement d’y jouer. J’imagine juste que des pays comme l’Espagne ou la France ont juste été un peu longs à capter la “hype Truckfighters” [Rires]. En fait depuis quelques années, on a reçu plein de demandes en provenance d’Espagne et de France, donc nous avons enfin pu y aligner quelques séries de dates. Ce n’est pas plus compliqué ! Pour revenir à ta question, je fais la même observation que toi : nous aussi on sent que notre carrière accélère un peu plus chaque année depuis nos débuts, mais en fait de notre point de vue ça a toujours été ainsi, ce qui est très excitant comme situation ! On construit notre carrière lentement mais sûrement, en enchaînant les concerts surtout… Je pense qu’on en a fait environ 600 jusqu’ici !
Vous avez effectué plusieurs tournées aux USA et avez encore des dates prévues sur mars, mai, etc… C’est assez rare pour les groupes européens d’être aussi actifs sur le continent américain, comment l’expliques-tu ?
C’est vrai que nous partons sur notre troisième tournée là-bas en mars, puis une quatrième en mai plus tard cette année. Les USA sont toujours un nouveau marché pour nous, et c’est ENORME ! La plupart du temps nous attirons à peu près le même nombre de personnes là-bas pour un concert qu’ici en Europe, même si dans certains états on part de plus loin, c’est dans ce cas plutôt un retour aux “basiques”. Mais c’est ainsi que vont les choses, il nous faut probablement travailler autant aux USA que ce que nous avons fait en Europe pour que “ça arrive”. Avec un peu de chances, ça ne prendra pas dix ans ! [Rires] Mais les choses se présentent bien pour nous sur ce continent, ça serait super que ça marche.
Avec votre recul, comment voyez-vous le public américain par rapport au public européen ?
Et bien ils ne sont pas trop différents en réalité, le public est très similaire, en tout cas ces derniers temps. Je pense que nos fans sont super, et ils sont nombreux à sincèrement apprécier que nous venions jouer dans leur propre ville ou aux environs.
“Universe” est votre second album avec un seul guitariste. Sur l’album, il y a de nombreux plans avec deux guitares simultanées ou plus encore. N’avez-vous pas craint qu’il soit difficile de retranscrire ces plans en live avec la seule gratte de Dango ?
Non, pas vraiment. On n’a jamais voulu être l’un de ces groupes qui sonne sur scène exactement comme si on avait mis le CD dans la platine. Nous avons au contraire la volonté de sonner différemment, donc ça ne nous dérange pas du tout. Nous essayons de faire les meilleurs albums possibles, et pour cela, si nous pensons qu’il est opportun de rajouter un ou deux overdubs de guitare, ou d’ajouter des harmonies sur le chant, nous le faisons, sans nous préoccuper le moins du monde de la façon dont le morceau sonnera en live. Evidemment c’est fun de pouvoir jouer les morceaux en live avec les mêmes effets et arrangements, mais en général, même quand ça apparaît difficile de premier abord on y parvient à peu près avec un peu d’entraînement [Sourire]. Mais ça sonne toujours un peu différemment, et avec un peu de chance les gens apprécient à la fois les versions studio et leur déclinaison live, et le voient comme deux expériences différentes.
La production de “Universe” se focalise beaucoup sur le son de guitare, apportant une richesse et une variété très intéressantes. On peu penser ici ou là à des sonorités que n’auraient pas renié des groupes comme Tool, Mastodon, les premiers Dredg, … Est-ce que vous aviez en tête ces groupes quand vous étiez en studio ?
Hum… En réalité, on ne se préoccupe pas vraiment de ce que font les autres groupes. Nous faisons les choses comme nous le sentons, nous ne nous comparons jamais et nous ne tentons jamais d’obtenir un son proche de quelque chose, ou même de nature à rappeler un groupe ou un autre. En fait, nous faisons quasiment l’inverse : nous essayons de nous nettoyer complètement l’esprit et nous nous concentrons pour créer quelque chose qui vienne de notre corps et de notre âme, plutôt que d’être influencés par d’autres choses.
Qu’en fut-il des lignes de chant ? Là aussi, il semble que pour la première fois sur “Universe” les vocaux ont l’air d’avoir été très travaillés, et que tu aies considéré ton chant comme un instrument à part entière.
Même si ce n’était pas une volonté spécifique en commençant cet album, je voulais effectivement cette fois faire mieux que sur les albums précédents. Je fais partie de ces gens qui ne sont jamais complètement satisfaits. C’est usant parfois, étant donné que tu ne peux jamais être complètement content : tu essayes toujours de faire mieux. C’est probablement l’une des raisons qui font que l’on adore tellement jouer live : nous essayons toujours de nous améliorer, de faire les choses mieux, différemment.
Tu as participé aux deux derniers albums de Greenleaf en tant que “simple” chanteur. Dirais-tu que cette expérience t’a aidé à te focaliser sur le chant seulement, pour t’apporter cette nouvelle approche pour Truckfighters ?
Oui, absolument ! C’était une expérience superbe pour moi. J’adore les morceaux de Greenleaf, j’en tire une énorme fierté.
Pourquoi ne fais-tu plus partie du groupe ?
Greenleaf veut faire des concerts et des tournées, comme tous les groupes, c’est normal, et mon emploi du temps est très contraint rien qu’avec Truckfighters en ce moment. Il ne m’est plus possible de trouver du temps pour faire ça aussi bien que je le voudrais. Même si j’en aurais énormément envie, je n’ai tout simplement aucun temps à y consacrer.
Peux-tu nous dire une bonne fois pour toutes pourquoi vous avez tous ces surnoms ?
Dès nos débuts, Truckfighters a commencé comme un projet pour le fun. On n’avait pas encore cette idée tarée de prendre d’assaut le monde entier [Rires]. Du coup notre objectif était juste de jouer la musique la plus fuzzée et “stonerizz” possible, ce n’était pas fondamentalement sérieux, et il y avait beaucoup d’humour dans notre démarche. Du coup, pour chanter des morceaux qui parlaient de traverser le désert en bagnole pour rejoindre le Mexique,qu’est-ce qui aurait mieux sonné pour ce projet que d’avoir des noms mexicains ? [Rires] C’était le bon vieux temps. Puis nous avons commencé à beaucoup tourner, et le groupe a poursuivi son chemin… mais les surnoms sont restés ! Voilà toute l’histoire. Nous jouons toujours dans Truckfighters parce que c’est le truc le plus fun que tu puisses imaginer. C’est vraiment la chose qui nous motive à continuer : nous pensons toujours que c’est super fun de jouer de la musique !
Tous vos albums sont sortis via votre propre label, Fuzzorama Records. Pourquoi ce choix plutôt que des labels plus traditionnels et bien établis dans le milieu ?
On en a eu marre d’envoyer des démos à plein de labels et de recevoir des réponses pourries. On a donc lancé Fuzzorama… mais on a toujours été très clair sur le fait que Fuzzorama ne serait pas uniquement un label qui permettra à un seul groupe de sortir ses propres chansons. Fuzzorama doit être un “vrai” label, qui sort les disques d’autres groupes, et qui se repose sur une structure robuste en termes de distribution et de promotion. C’est donc ça que nous avons fait ! [Rires]
Cette intention est d’ailleurs confirmée par l’annonce récente de la sortie de Valley Of The Sun sur le label…
Tout à fait. Il s’est passé plusieurs années durant lesquelles nous n’avons pas fait grand-chose sur Fuzzorama, mais l’unique raison était que nous n’avions pas de temps pour cela. Or nous avons désormais un nouveau management, ils nous aident aussi avec le label en tant que consultants. Nous avons donc trois sympathiques personnes de notre management, qui ont travaillé pour des labels comme Sony, Nuclear Blast, etc… qui nous aident désormais avec notre label. C’est une énorme amélioration. Le label nous appartient toujours et on travaille beaucoup dessus, mais on a désormais de l’aide pour le gérer, et ça rend notre vie de musiciens bien plus facile !
Est-ce que je me trompe si je dis que pour vous les prochains mois seront essentiellement dédiés à tourner ?
Non, tu as raison ! [Rires] On va tourner comme des dingues ! On a fait une tournée en Europe en février et mars, puis on part pour les USA pour deux semaines. On y repartira en mai pour quatre semaines. Après ça, on va faire quelques festivals cet été : je crois qu’on en a déjà une quinzaine bookés, et d’autres sont à venir, ça va nous faire un été super chargé… Puis on repartira en tournée en Europe à l’automne. Et au milieu de tout ça, on fera quelques concerts ici ou là… Oui, vraiment, 2014 sera très chargée pour Truckfighters !
Mars 2014 par Laurent
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