La scène se passe au petit matin dans le garage de Heavy Psych Sounds à Rome, maison sérieuse fondée aux alentours de 2008 dans l’arrière-cour du groupe Black Rainbows par un Gabriele Fiori en mal de prod.
– Merde Gabriele, c’est quoi encore ce bordel, ça fait des semaines qu’on t’entend rameuter tout le monde jusque sur les réseaux sociaux !
– Stai zitto! dammi la chiave di dodici
– La clé de douze ? Ok, tiens. Mais… mais t’as tout démonté, les sept précédentes plaques!
– si, anche gli album di debutto
– Ah oui, je vois un bout de Carmina Diabolo ici et là de Stellar Prophecy et de ce coté les chromes de Hawkdope. Faut dire on s’y attendait un peu avec les copains, ça fait quelques années que tu fais de la récup’ sur tes anciennes machines. Je ne critique pas, hein! On trouve ça cool et on attend toujours avec impatience vos sorties d’atelier.
Donc, oui chers lecteurs j’ai eu l’occasion d’essayer le nouveau bolide de Black Rainbows, un beau coupé cabriolet pour trois musiciens et une caisse de whisky (ou un auditeur, au choix). Coté moteur on retrouve un bon vieux 12 titres qui tourne à l’essence enrichie, à la fuzz et au crunch.
Un vrai bolide tout en souplesse grâce à une suspension signée Fabio Sforza de Forward Studio et qui avait déjà prêté main forte pour le projet Pandaemonium. L’alternateur est signé Filippo Ragazzoni, batteur de son état et membre de la maison Black Rainbows depuis seulement un album. Enfin, nouveauté dans l’atelier, tenant la basse, on trouve Eduardo Mancini qui va pouvoir prouver qu’il sait y faire, car tout l’enjeu dans cette boutique c’est de passer de stagiaire à associé, ce qui n’est pas une gageur quand on regarde l’historique du turn over de Black Rainbows.
La virée en Cosmic Ritual Supertrip que j’ai pu faire s’est avérée être un véritable Mad Max musical. Dans cet engin, tout n’est que métal, huile, essence et caoutchouc. “Radio666”, “Master Rocket Power Blast” entre autre sont des titres tout en mécanique et ils font mouche à chaque écoute en refilant des envies de bougeotte au milieux d’un désert poussiéreux, au volant d’un bolide décapotable.
A bord de cette galette j’ai pu savourer le cliquettement des fûts , qui percutent comme les soupapes d’un moteur de old timer et sur “Hypnotized By The Solenoid” ils injectent suffisamment de nitroglycérine dans le moulin pour te coller au siège. Soudain, la galette motorisée ne fonctionne plus à la nitro mais au propergol et fait décoller les passagers au delà de la stratosphère, jusque dans l’orbite de “Glittereyzed” pour ensuite dériver tout au long du paisible “The Great Design”.
L’ambiance de Cosmic Ritual Supertrip virevolte entre stoner poussiéreux et psychédélisme spatial mais c’est clairement sans surprise. Le bolide est fait de pièces empruntées aux précédentes productions. En ouvrant la boite à gant on n’est donc pas surpris d’y trouver l’incantation swing “Sacred Graal”, soit un condensé de ce qui fait la force de Black Rainbows.
On passe à l’arrière de la plaque motorisée, sur le siège moelleux de “Searching For Satellites Part I & II” qui offre une atmosphère tout en électro acoustique. On s’y enfonce repus mais pas à bout de force, en tout cas pas assez pour passer à coté d’une ultime accélération avec un “Fire Breather” pied au plancher.
Cosmic Ritual Supertrip c’est une virée au cœur du désormais classique son de Black Rainbows. Un trip entre influences 70’s et nouvelle vague psychédélique. Il n’y a en fait pas grand-chose à dire en regard du parcours du groupe, si ce n’est qu’à chaque mesure l’auditeur peut s’accrocher à un détail qui fait tout le sel des compositions et les inscrit au fer rouge sur ses tympans. A ceux qui se demandent quel est le meilleur album de Black Rainbows, je réponds qu’ils n’en ont jamais fait qu’un seul, toujours réarrangé, retravaillé mais toujours aussi soigné et sans compromission.
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