ORQUESTA DEL DESIERTO – septembre 2003

Dandy Brown respire la joie de vivre. A la tête de projets qui provoquent des rêves humides de la part du microcosme “stoner” (qui s’élargit de plus en plus) dans le monde entier avec Hermano et Orquesta Del Desierto, il commence à voir le fruit de son travail récompensé par un véritable succès critique, et surtout (enfin), public. Alors que son nouvel album “Dos”, somptueux, s’apprête à sortir en Europe, il nous raconte par le menu sa création et autres anecdotes exclusives…

 

Que s’est-il passé pour Orquesta Del Desierto depuis la dernière fois que l’on s’est vus, après la sortie de l’album ? Avez-vous envisagé de faire une tournée ensemble, ou bien êtes-vous tous repartis travailler sur d’autres projets, chacun de son côté ?

Dandy Brown: Lorsque l’on est dans Orquesta, il y a toujours des discussions et des opportunités de faire des concerts, car on adore jouer et jammer ensemble… Mais c’est encore une situation frustrante – comme avec Hermano – où l’on a des gens venant d’un peu partout dans le projet, et chacun a des emplois du temps différents et des groupes différents. Lorsque je me suis lancé dans ce genre de projets, j’avais un point de vue bien plus “romantique”, je me disais qu’il serait facile de faire jouer ces mecs ensemble régulièrement. Mais dès que l’on commence à se plonger dedans, chacun a sa vie, son parcours à mener, et cela les éloigne les uns des autres, ça rend les choses de plus en plus difficiles à mettre en place. Des tourneurs américains et européens m’ont déjà contacté en me proposant de mettre en place des tournées, et tous les membres du groupe, en entendant ce type de propositions, ont vraiment envie de le faire, mais très vite ils déchantent en regardant leur emploi du temps, et là ça devient un enfer… On adorerait aller faire des concerts, on en parle sans arrêt, mais aujourd’hui je ne sais pas dire quand cela pourra se faire…

Pour cet album tu n’as pas écrit toutes les chansons dans le désert (certaines ont été écrites en Floride durant la période où tu y vivais). Penses-tu que le thème principal du projet reste le désert, dans ces conditions ? Penses-tu que le simple fait d’avoir enregistré l’ensemble de l’album dans le désert californien a permis d’y rajouter ce “parfum” de désert que l’on retrouvait sur le premier album ?

Je pense que les fans du premier album, en entendant le nouvel album, vont être surpris à nouveau, car je pense qu’il y a une évolution, une direction différente, sans pour autant se débarrasser des racines du projet. Ouais, il y a quelques influences de la Floride sur cet album, des influences de mes expériences et du temps que j’ai passé là-bas. Mais nous avons tenté d’apporter un réel effort de travail en collaboration cette fois, ce qui représente en soi une évolution dans le mode de composition. De nouveaux compositeurs sont intervenus sur l’album et ont apporté leur état d’esprit (ils étaient dans le désert depuis le début, même pendant que moi j’étais encore en Floride). Donc ce “parfum” de désert y est bel et bien, mais il y a aussi une réelle évolution.

 

Tu parles d’un effort de collaboration plus approfondi sur cet album, et en particulier de nouveaux compositeurs qui prennent une place importante. Parle-nous justement de Mike Riley et Country Mark Engel qui ont été des acteurs importants de cet album.

Je connais Country Mark Engel depuis 18 ans ! La première fois que je l’ai vu jouer, il avait seize ans, il jouait dans une sorte de concours local du meilleur groupe, et moi aussi. Il m’a sidéré… Pendant cinq ans j’ai ensuite essayé de le faire jouer dans un de mes groupes, mais il était trop occupé, et ça n’a jamais pu se faire. Finalement, j’ai commencé à jouer dans ce groupe, Dock Ellis, au début des années 90, et nous sommes devenus en quelque sorte des partenaires compositeurs. Lorsque j’ai déménagé dans le désert, il était encore à Cincinnati, et en avait vraiment marre de cette ville, il voulait en partir et essayer quelque chose de nouveau. Je lui ai alors proposé de venir s’installer chez moi dans le désert, et c’est comme ça qu’a commencé ma collaboration avec Mark sur ce projet. En ce qui concerne Mike Riley, nous nous sommes rencontrés lorsque je suis venu pour la première fois dans le désert. Mike Riley est le mec qui a toujours été derrière tout ce qui se passe dans le désert ! C’est vraiment bizarre, tout le monde là-bas, Brant Bjork, Josh Homme, John Garcia, Mario Lalli, Alfredo Hernandez… d’une manière ou d’une autre ils ont tous un rapport avec Mike Riley ! Il a été ingénieur du son pour certains, a produit ou organisé des concerts ou des fêtes pour d’autres, ou encore a enregistré en studio avec d’autres encore. C’est un vrai vétéran du désert, il n’y a pas d’autres mots pour le qualifier ! J’ai eu la chance que l’on nous présente lorsque je suis arrivé dans le désert, et nous sommes devenus de très bons amis : nous avons des centres d’intérêts communs, la même attitude… tu sais, tout ce qui constitue une vraie amitié. Lorsque tu rencontres quelqu’un comme lui, tu ne peux pas ne pas le faire participer à un tel projet.

Qu’en est-il de Rancho De La Luna ? C’est un studio mythique pour les fans de stoner “underground”, mais il n’est pas très célèbre, peux-tu nous le présenter, nous dire ce qu’il a de si spécial, à commencer par les artistes qui y ont a déjà enregistré ?

Tu as déjà Kyuss qui y a enregistré certains de leurs derniers morceaux. Les Queens Of The Stone Age aussi, Nebula, Fu Manchu, Mark Lanegan… Masters Of Reality y a travaillé, ainsi que la plupart des groupes initié set produits par Chriss Goss. Il n’y a pas réellement de “qualification” nécessaire pour enregistrer là-bas, tous les styles peuvent y être représentés… Lucinda Williams, par exemple (ndlr : artiste folk-blues-country américaine) vient d’y enregistrer son album. Les artistes vont et viennent…

 

As-tu déjà rencontré Fred Drake ? (ndlr : le légendaire créateur de ce studio, récemment disparu)

Non, je n’ai pas eu cette chance, il est décédé avant que j’arrive dans le désert. La localisation de ce studio, l’environnement dans lequel tu te retrouves plongé, sont vraiment incroyables… Lorsque tu rentres habituellement dans un studio, tu sens que c’est très “stérile”, tu sais que tu rentres là pour enregistrer ton album, un point c’est tout. Tandis que lorsque tu rentres dans Rancho De La Luna pour la première fois, déjà tu rentres par la cuisine ! Puis tu passes dans le salon, tu enregistres les parties de guitare dans les chambres à coucher, etc… Tu vois le genre… Lorsque tu y passes la nuit, tu te réveilles et tu prends ton petit déjeuner en regardant la beauté du désert qui se présente face à toi… Je n’ai jamais ressenti une telle liberté de toute ma vie.

On retrouve quatre guitaristes différents dans Orquesta Del Desierto, ce n’est pas très courant ! Comment gères-tu ce genre de line-up en terme de production ?

Lorsque je pense à Orquesta, je pense à cette énorme production par laquelle j’essaye de représenter la beauté du désert. Il y a tant de diversité et de variations dans le désert, et je suis convaincu que tous les musiciens qui font partie du groupe ajoutent tous une part différente au projet. Par contre, lorsque l’on en arrive à mixer un album de Orquesta, cela devient un processus vraiment éprouvant, car tu dois gérer parfois jusqu’à 36 ou 37 pistes de musique différentes (batterie, percussions, claviers, cuivres, guitares, basse…). Ca devient une masse de choses, une sorte de monstre que tu essayes de contrôler et présenter de façon à faire ressentir aux gens quelle est ta vision du désert… C’est de cette manière que nous essayons de représenter le désert par l’intermédiaire de la production de Orquesta, et je pense que les participations de chacun des musiciens jouent un rôle important là-dedans. C’est vrai que ça devient un cauchemar dès que tu dois mixer le tout, mais chacun apporte quelque chose de différent, et je ne veux en aucun cas être un producteur qui dit à ses musiciens : “tiens, voici tes partitions, tu n’as qu’à jouer ça”. Par exemple, j’adore ce que fait Mario Lalli, j’adore les sons qu’il crée, j’adore le côté “avant-gardiste” de son jeu, et c’est ce qu’il apporte à l’album ! J’adore Country Mark Engel parce qu’il est si “ancré” dans la terre, si brut… Ils apportent tous quelque chose qui rend Orquesta si spécial. Sans l’un de ces éléments, je ne pense pas que les autres puissent fonctionner – et ce même si certains des éléments d’origine se sont perdus en chemin, que les gens ont évolué…

 

J’ai entendu dire que tu avais des problèmes avec Tee Pee Records, le label sur lequel tu as sorti l’album de ton autre groupe, Hermano. Je trouve intéressant d’avoir un témoignage qui montre que contrairement à ce que l’on croit, les petits labels indépendants ne sont pas forcément plus honnêtes… Peux-tu nous en parler ?

Bien sûr ! Tu sais, lorsque j’ai rencontré Tony, de Tee Pee, la première fois, il m’a vraiment semblé être un mec honnête. Nous avons signé un contrat réglo, nous n’avons aucun problème à ce sujet, le contrat est clair. Mais au bout d’un moment, Tee Pee nous a demandé si nous voulions enregistrer un second album avec eux. On a alors dit : “OK, on a tous plus de trente ans, on a tous un métier, alors voici notre budget pour enregistrer cet album, c’est à dire la somme que cela nous coûte d’arrêter de travailler le temps d’enregistrer”. C’était un marché honnête, mais à partir de ce moment, tout s’est dégradé ! Ce n’était pourtant pas un budget de grosse maison de disque, c’était vraiment le minimum, seulement pour le principe de faire Hermano pour le plaisir, mais ils trouvaient que c’était trop. A partir de là, tout a commencé à déconner, ils ont arrêté de communiquer avec nous, car ils se sont aperçus que l’album ne sortirait pas chez eux. Ils ont commencé à nous envoyer des rapports falsifiés, des factures où ils comptaient tout en double, etc… Ils pensaient sans doute que notre management ne le remarquerait pas ! Ils ont choisi d’adopter ce type de comportement, ils pensent s’en tirer comme ça, mais tu sais quoi ? Ils vont avoir une mauvaise nouvelle, car on va pas les laisser faire ! Et pourtant on a toujours été à cheval sur le principe de bien lire tous les contrats, mais à partir du moment où l’on ne respecte plus le contrat, que te reste-t-il ? Tu te retrouves obligé d’attaquer, et tout l’argent que ça va coûter va aller dans les poches d’avocats, d’experts, tout ça parce que Tee Pee a décidé d’agir comme des trous du cul. Tu sais le pire dans cette histoire ? Frank Kozic, le fondateur du mythique label Man’s Ruin, a eu les couilles de donner à Hermano assez d’argent pour enregistrer notre album, alors qu’il savait très bien qu’il ne pourrait pas le sortir à cause d’American Records…

Il le savait à l’avance ?

Oui, il le savait, il m’a appelé au studio quand on commençait l’enregistrement et m’a dit que l’album ne pourrait pas sortir comme prévu, et il m’a malgré tout donné l’argent nécessaire. J’ai promis à Frank que je lui rendrai tout son argent et on a fait mettre une clause dans le contrat avec Tee Pee pour qu’ils ne donnent pas le moindre centime à Hermano sur les royalties tant que toute la dette à Frank Kozic n’était pas remboursée… Enfin, tu vois le genre, c’est dire à quel point les mecs de Tee Pee sont des salauds…

 

Parlons maintenant de l’avenir : quels sont tes plans pour l’avenir, une fois l’album sorti, avec tous tes projets ?

Et bien l’album de Orquesta sort donc fin octobre en Europe, et en Décembre ou Janvier aux Etats-Unis. Nous prévoyons toujours de rentre en studio en décembre avec Hermano pour enregistrer le nouvel album. Il est écrit, il faut simplement maintenant trouver le temps de le faire, et décembre semble être le meilleur moment pour ça. On essaiera aussi de faire quelques concerts avec Orquesta en Californie très prochainement, puis avec un peu de chance, on pourra revenir en Europe avec Hermano au printemps pour s’éclater, et en même temps jouer quelques concerts en parallèle ici ou là avec Orquesta, pourquoi pas ? Bref, s’éclater.

Et si tu nous parlais un peu de ton projet secret avec John Garcia ? (ndlr : le légendaire chanteur de Kyuss, Unida…)

John et moi écrivons des chansons ensemble depuis maintenant cinq ou six ans, des chansons plutôt “douces”, acoustiques. On en est arrivé à accumuler un énorme tas de chansons, et on se dit sans arrêt qu’il va être temps d’en faire quelque chose un jour ou l’autre, et je crois que l’on en est arrivés au point limite où l’on s’est dit : “OK, maintenant on a tant de chansons, il faut absolument que l’on en fasse quelque chose avant d’aller trop loin”. Alors on va rentrer en studio pour enregistrer ça. Je pense qu’on le fera dans les trois ou quatre mois qui viennent, et peut-être sortir ça environ au même moment que le prochain album d’Hermano. Ce sera un projet très personnel, c’est vraiment simplement John et moi. Par rapport à Orquesta, où il y a parfois 37 pistes sonores à mixer, là il y a à mon avis au maximum une piste de chant et deux pistes de guitare ! C’est très minimaliste, j’ai vraiment envie de m’impliquer maintenant dans des projets pour lesquels le mixage ne nécessite que de tourner trois boutons différents sur la table de mixage ; c’est vraiment comme ça que je ressens les choses aujourd’hui !

septembre 2003 par Laurent.

SPARZANZA – septembre 2003

Sparzanza, avec son nouvel album, le dantesque “Into The Sewers”, prend la tête de file des groupes de l’excellent label français Water Dragon, en terme de professionnalisme et d’espoir ! Les suédois ont désormais toutes les billes en main pour devenir énormes, la première étape consistant simplement à vendre quelques rondelles… Vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Commentaires à chaud de leur très sympathique bassiste Johan, sur une vraie bombe…

 

La dernière fois que nous nous sommes parlés, vous veniez de sortir votre premier album, “Angels of Vengeance”. Comment a-t-il été reçu ?

Johan : On a vraiment eu un super accueil avec cet album après la sortie de “Angels…”. Plein de super critiques, provenant de partout dans le monde, dont beaucoup venaient de la scène stoner. Ces critiques nous ont conforté, tout le monde semblait d’accord pour nous encourager dans la voie que nous avons choisie, à savoir notre volonté d’aller au delà du stoner, de faire un pas vers le heavy metal ; ça a été très apprécié et on nous a souvent fait la remarque que notre style était original. On a aussi eu beaucoup d’excellents échos sur notre chanteur, Fredrik, dont c’était le premier enregistrement avec nous. C’est un super chanteur. Le seul point négatif depuis la sortie de l’album a été la très faible distribution du disque en Scandinavie, ce qui a rendu très difficile d’organiser la moindre tournée ici, en Suède, mais aussi de gagner en crédibilité vis à vis des médias. On s’est vraiment battus pour que l’album se vende le mieux possible (à tous nos concerts, par exemple), et pour avoir des contacts, des plans de concerts, etc… En gros, je trouve quand même qu’on s’est pas mal débrouillés sur ce premier album. Un truc qui était vraiment cool, c’est quand Pete Dolving est venu nous voir en nous proposant de produire notre nouvel album. J’adorais ce qu’il avait fait dans son groupe précédent, The Haunted, et c’était génial de voir qu’il croyait en notre potentiel à ce point. Finalement, cela ne s’est pas fait, nous n’avions pas la même vision de ce à quoi devait ressembler le son de Sparzanza, tout simplement.

Malgré votre difficulté à organiser une vraie tournée, vous avez quand même pu faire quelques concerts, dont de gros festivals…

C’est vrai. Nous avons essayé de tourner autant que possible, au moins en Suède, mais comme je te disais, il est difficile d’obtenir des concerts, même avec un premier album sous le bras, car nous n’avions pas les moyens de travailler l’aspect “marketing” autant que nous aurions dû. Nous avions quand même organisé une grosse fête pour la sortie de l’album “Angels…”, et cela nous a permis de nous faire remarquer et de booker quelques concerts, et aussi l’un des plus gros festivals suédois, qui s’est super bien passé. On avait aussi réussi à monter une petite tournée en Allemagne, mais ça ne s’est finalement pas fait (la faute à une agence de tourneurs vraiment bizarre…). Cette année 2003 fut bien plus encourageante en ce qui concerne les concerts : on a d’abord fait une petite tournée des clubs avec le groupe Space Probe Taurus, à la période où nous enregistrions “Into The Sewers”. Plus tard, on a eu l’opportunité de jouer au Hultsfred Festival, ce qui nous a ouvert beaucoup de portes : non seulement on a eu quelques contacts intéressants après ce festival, mais ça nous a permis d’atteindre un certain statut en tant que groupe. Les groupes qui ont joué à Hultsfred sont réputés, ce sont tous de bons groupes, c’est un critère de qualité et de talent en général. On a ensuite joué au festival allemand “Stoned from the underground”, cet été, il faisait une chaleur insoutenable, on tenait à peine debout ! On a vendu un paquet de merchandising, et on a appris aux allemands à boire… Mais le meilleur show est assurément le concert pour fêter la sortie de “Into The Sewers”, ici à Karlstad. Le club était plein à craquer de fans, d’amis, d’ennemis, de journalistes, et tous ont adoré notre concert. Je n’ai jamais ressenti ça auparavant, c’était vraiment incroyable, tout le monde gueulait, souriait, chantait, faisait du stage diving…

 

Votre dernier album, “Into the sewers”, sort sur le label français Water Dragon, comme le premier…

Water Dragon est vraiment un label qui monte. Le nouvel album a bénéficié d’un plus gros budget, d’une meilleure promo, d’une meilleure distribution… Tout est mieux, en fait, depuis notre premier album ! On a aussi une super boîte de distribution ici en Scandinavie, désormais, Sound Pollution, qui nous aide beaucoup, surtout pour le marketing. L’un des mecs de Water Dragon est venu nous voir il y a quelques semaines, et je peux te dire qu’ils sont vraiment super dévoués à leur travail sur le label. C’est ce qui les différencie des grosses maisons de disques : ils aiment vraiment la musique qu’ils sortent. Je suis sûr que l’on pourrait avoir un meilleur budget et un meilleur marketing sur un plus gros label, mais il ne faut jamais perdre de vue ton intégrité en tant qu’artiste. Nous ne voulons pas être le genre de groupe qui parvient à un gros succès sans avoir le sentiment de l’avoir gagné, mérité. Nous trouvons bien plus sain et normal de travailler régulièrement et progressivement, de nous reposer sur notre base de fans les plus fidèles, et de grandir petit à petit. C’est ainsi qu’a fait Metallica dans les années 80, et ils durent depuis plus de vingt ans ! Ce n’est pas le cas des groupes mainstreams.

Vous avez produit et enregistré votre premier album entièrement seuls, tandis que cette fois vous avez fait appel à un producteur, Rikard Löfgren. Pourquoi ce choix ?

C’est simplement une question de moyens financiers : si l’on avait pu se le permettre, on aurait aussi eu un autre producteur sur le premier album ! Sur “Angels of Vengeance”, nous ne pouvions pas nous permettre d’enregistrer dans un autre studio que le studio Speedball, car j’y travaillais, et le temps de studio nous était facturé moins cher. C’est pourquoi nous avons produit l’album nous-mêmes. Lorsque nous avons planifié l’enregistrement de “Into The Sewers”, nous sommes tous tombés d’accord sur le fait qu’il était nécessaire d’avoir une opinion extérieure sur notre musique, quelqu’un qui nous permettrait d’obtenir un meilleur son encore. Après des essais infructueux avec Peter Dolving, nous nous sommes tournés vers un vieil ami, Rikard Löfgren. Je le connais depuis que je suis gosse, et on a joué dans un paquet de groupes ensemble. Il bossait aussi au studio Speedball, donc je savais déjà qu’il était un super ingénieur du son. De plus, ses racines sont très metal, ce qui ne l’empêche pas de bosser pour beaucoup de musiciens mainstream. Et comme tu peux l’entendre sur l’album, c’était le bon choix, il nous a vraiment permis d’obtenir un super son.

Effectivement, la production est excellente, mais en ce qui concerne les chansons, comment composez-vous ? Chacun dans votre coin ou bien durant des jams en groupe ?

Ca dépend, il n’y a pas de méthode bien établie. Parfois nous jammons dans notre salle de répétition et on trouve un couplet sympa, un bon riff ou autre, sur lequel on travaille ensuite. D’autres fois l’un d’entre nous compose une chanson entière chez lui, l’emmène en répétition, et nous la modifions et l’arrangeons tous ensemble. La plupart du temps, les paroles sont écrites après la musique, mais là encore, ce n’est pas systématique. Par exemple, j’ai moi-même (un bassiste !) participé à l’écriture des paroles… En tous les cas, nous sommes tous impliqués dans la composition, et c’est le plus important pour nous.

 

D’où viennent la pochette et l’ambiance visuelle de l’album, style comic book ?

On a beaucoup réfléchi au concept visuel du livret de l’album, et on a eu l’idée d’avoir une pochette “comic” et une séquence d’action à l’intérieur, avec des photos de nous, comme un film. On a passé toutes nos idées à un artiste, qui a fait la maquette, et il nous a montré un truc qu’il trouvait encore plus cool, pas avec de vraies photos mais plutôt une version BD de nous ! On s’est dit que ça serait pas mal d’avoir chacun des vignettes avec nos gueules plutôt que des traditionnelles photos ! Le concept est parti de là, ça change un peu des livrets CD habituels !

Quels sont vos plans maintenant que l’album est enregistré et dans les bacs ?

Nous n’avons pas encore composé de nouvelle chanson pour le troisième album, nous allons nous concentrer sur la promotion de “Into The Sewers”, du mieux que l’on peut. Nous partons en tournée en janvier en Allemagne et en Holande, puis on a des concerts en Suède aussi. Par ailleurs, nous avons aussi enregistré des vidéo-clips pour les chansons “Kings on Kerosene” et “Children shouldn’t play with dead things”, qui, on l’espère, vont être diffusés sur tous les shows TV metal de la planète ! Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec Sound Pollution ici, ils nous aident à promouvoir l’album en Scandinavie, tandis que Water Dragon fait un super boulot pour le reste de l’Europe. Voilà nos plans… Le reste du temps, je pense qu’on boira des bières !

septembre 2003 par Laurent.

TOADLIQUOR – août 2003

Bien que le peu d’informations disponibles sur le net indiquaient que Toadliquor était mort, il me fallait interviewer un membre de ce groupe. J’éprouvais le besoin d’en savoir davantage sur les gars qui avaient composé un disque aussi sublime et désespéré que « The Hortator’s lament ». Après avoir franchi un certain nombre de barrages, j’ai finalement eu accès à leur batteur, Guff, qui m’a tout d’abord appris que la formation était toujours en activité. Divine nouvelle. Cependant, n’est il pas curieux qu’un groupe existant depuis plus d’une décennie ne dispose d’aucune photo de presse ? Ce n’est pas le moindre des énigmes qui entoure ce groupe hors du commun. En effet, il se trouve que le gars Guff a soigneusement évité de répondre à certaines de mes questions. Qu’il veille à préserver un certain halo de mystère autour du groupe ne serait pas étonnant. L’imposante fresque sonore que les membres de Toadliquor ont réussi à édifier ne se décrypte pas aussi aisément, quand bien même on s’adresse à l’un de ses concepteurs. Voici néanmoins ce que j’ai pu tirer de nos conversations.

 

Pour commencer, peux-tu présenter le groupe s’il te plait ?

Rex est le chanteur, Luther et Seth sont aux guitares, Durk joue de la basse et moi-même, Guff me tiens derrière la batterie.

Hormis votre CD, je n’ai trouvé aucune info vous concernant, peux-tu me faire un résumé de la carrière du groupe ?

J’ai du mal à m’en souvenir. Nous avons commencé il y a longtemps sous des line-up différents. Le Toadliquor moderne naît à la fin des années 80. En 1990, un truc comme ça. Nous avons perdu Cain, notre premier chanteur en route. Rex nous a rejoint en 1991. Et nous avons sorti quelques enregistrements dans la foulée.

Que fait Rex aujourd’hui ?

Il n’est plus avec nous, je ne peux pas en dire beaucoup plus.

D’où venez-vous ?

Pas certain que je sache. J’ai une meilleure idée de l’endroit où nous allons, quoiqu’il me soit impossible de savoir quelle serait la destination finale. Le temps vient à nous en même temps qu’il nous échappe. De ce mouvement naît le savoir, et, je l’espère, la sagesse. Notre progression en découle. [Ma question concernait évidemment la localisation géographique du groupe. Tout ce que j’ai réussi à savoir, c’est que Guff habite Olympia, dans l’Etat de Washington].

Si j’en crois les informations que j’ai pu trouver sur votre CD, vos premiers enregistrements datent d’octobre 1993. Cela signifie que votre discographie démarre sensiblement en même temps que celles d’Eyehategod ou de Grief. Est-ce que tu confirmes ?

Nous avons commencé un peu avant cela comme je te l’ai déjà précisé auparavant. Nous avons enregistré plusieurs démos et avons donné beaucoup de concerts avant d’avoir enregistré cet album. Le temps lui-même n’a que peu d’importance. Les choses que le temps nous enseigne sont par contre beaucoup plus importantes. Et j’espère qu’elles se révèlent au travers de la musique elle-même.

Vous semblez avoir un rythme de travail relativement lent, vous n’avez enregistré qu’un seul album depuis le début de votre carrière. Quelles en sont raisons ?

Nous ne sommes pas pressés. Nous habitons vraiment loin les uns des autres et il ne nous est possible de nous retrouver que pendant quelques jours de temps à autre, assez rarement en fait.

Comment se fait-il que nous n’ayons jamais entendu parler de vous avant la sortie de votre disque ? J’étais aux Etats-Unis au mois de juin, j’y ai rencontré pas mal de metalheads et aucun d’entre eux n’a jamais entendu parler de vous. Comment expliques-tu cela ?

Je ne suis pas certain que notre musique rentre dans un cadre metal. Il fallait chercher très fort avant que Southern Lord ne sorte le disque. Surtout si tu cherchais dans ce qui a trait à la culture metal.

Ok, alors selon toi, quel type de musique jouez-vous ? Pensez vous appartenir à une scène musicale particulière ?

C’est la question la plus redoutable pour un groupe. Je ne sais pas exactement comment appeler notre musique. Nous produisons une musique que les gens qualifient de heavy , mais qui selon moi, tente également de transcender son propre poids.

« The Hortator’s lament » exerce un très gros effet sur moi. C’est assez incroyable. Jamais je n’ai entendu de voix aussi désespérée. Les hurlements sur Charred sont si effroyablement humains. Réellement éblouissant. Quel est votre état d’esprit lorsque votre processus créatif est enclenché ?

Merci beaucoup. Notre état d’esprit et la relation que nous entretenons à notre créativité a évolué avec le temps. Lorsque nous étions plus jeunes, nous étions traversé par beaucoup d’énergie et quantité d’émotions incontrôlées. Progressivement, nous somme parvenus à mieux canaliser ces éléments. Dans le même temps, nos relations interpersonnelles se sont enrichies d’un sens nouveau. Il y a beaucoup d’amour et d’excitation créatrice qui se libère lorsque nous nous retrouvons pour composer ou pour enregistrer. Les concerts en reflètent la réalité. Tout dépend de l’énergie présente dans la salle.

Vous avez repris l’intro du Also Sprach Zarathustra de Richard Strauss. Etes-vous des amateurs de Strauss ou des lecteurs assidus de Nietzsche ?

Les idées de Nietzsche sont devenues inséparables d’un certain nombre d’événements historiques. Il est difficile pour moi d’en être un fan. Comme cela est le cas pour beaucoup de philosophies, il a tenté d’isoler certaines caractéristiques humaines et historiques pour en faire des vérités définitives. C’est une tentative pour réduire l’histoire et la canaliser. L’histoire part plutôt dans la direction inverse. Elle ouvre des perspectives multiples, faisant de notre existence quelques chose d’indéfinissable et d’illimité. Cela me semble bien plus exaltant que ses visions réductrices.

Je pense que tu fais référence à la manière dont les nazis se sont emparés de la philosophie de Nietzsche. Mais il ne faut pas oublier que Nietzche est mort en 1900. C’est sa sœur, son beau-frère et leurs enfants qui ont construit cette association qui se trouve être totalement erronée. Les philosophes contemporains ont définitivement établi ce fait.

Je sais que Nietzsche est mort avant que le nazisme ne s’établisse, mais ce spectre lui ôte cependant toute légitimité à mes yeux.

Pardonnes-moi d’insister Guff, mais certains de tes propos me semblent s’inscrire directement dans une filiation nietzschéienne, mais passons. Tu me sembles avoir un point de vue sur la condition humaine, peux-tu m’en dire davantage à ce sujet ? Apprécies-tu quelques penseurs ou libres-penseurs particuliers ?

Vraiment ? J’ai l’impression que son concept d’avènement du surhomme est une manière de réduire l’histoire de l’humanité à un événement prévisible. C’est dur à décrire, mais cela me laisse un goût amer dans la bouche. Je ne lis pas tellement de philosophie, mais il y a quantité d’auteurs que j’apprécie. As-tu lu Ishmael ? Je crois que son auteur est Daniel Quinn ou un nom comme ça [Paru aux éditions J’ai lu en 2000]. Il développe un point de vue passionnant et très éclairant quant à l’histoire humaine. Il est relativement léger en philosophie, mais très fort pour reconstruire l’histoire au travers des mythes et des légendes. Pour en revenir à Nietzsche, j’adore Dostoïevski. Crimes et châtiments est probablement mon livre favori. Il réfute résolument l’existence de surhommes. Personne n’y est supérieur à autrui. Quoique je sois très éloigné de la religion, la lecture de ce livre peut potentiellement conduire au développement d’une spiritualité. En tout cas, le livre me transporte à chaque fois que je le lis. Quant à la musique de Strauss, quel que soit son élan, elle est indéniablement triomphante et magnifique. Peut être notre reprise reprend-elle ces éléments en y ajoutant une touche d’infinitude ?

Probablement, mais vous me semblez évoluer sur un versant beaucoup plus tragique. Selon moi, Strauss cherche à atteindre un point de transcendance tandis que vous tendez à l’immanence. La nature de l’élan qui vous anime est identique. Seule la direction diverge. Strauss va vers la lumière, tandis que vous vous dirigez vers l’obscurité. Il va vers les anges tandis que vous cherchez à être des humains. Au final, dans les deux cas nous arrivons à un projet romantique. Partages-tu ce point de vue ?

Je ne vois pas le côté tragique de notre musique et nous n’avons aucune attirance pour l’obscurité. Nous essayons d’échapper à cette face sombre au travers de notre musique et de notre son et plus encore à travers nos relations amicales et de la collaboration qui en découle, tout comme par notre engagement physique dans la musique qui est extrêmement important à mes yeux. Peut être est-ce une manière différente de percevoir la beauté. Toutes les formes d’art que j’apprécie contiennent de la beauté. J’essaie moi-même d’esthétiser les choses que je crée, mais cela peut être interprété très différemment selon les individus. Le bruit peut être somptueux. Alors oui, je dirais que nous tendons vers la même fin, mais que nos approches sont probablement différentes.

Le titre The Hortator’s lament qui clôt l’album semble aller dans une direction différente des autres morceaux. Je l’adore. Peut-on en déduire qu’il s’agit du point actuel de votre évolution artistique ?

Les quatre derniers morceaux du CD montrent où nous en sommes depuis qu’il est sorti. Je suis très satisfait du titre que tu mentionnes. Que tu l’apprécies est assez significatif. J’espère que nos enregistrements à venir pourront faire la synthèse de l’ensemble notre production pour nous permettre d’aller plus loin encore.

Moi qui pensais Toadliquor mort, j’apprends avec plaisir que le groupe est toujours en activité. Excellente nouvelle. Quand aurons-nous la chance d’écouter du nouveau matériel ?

Nous avons un morceau qui devrait sortir bientôt. Il s’agit d’une reprise du Flower Travelling Band [groupe psychédélique japonais des seventies]. Pour le reste, je n’en ai aucune idée. Cela dépend de qui voudra publier de nouveaux morceaux.

Penses-tu que cette reprise sera facile à dégotter pour vos fans français ? Je peux te dire que vous en avez un bon nombre depuis que votre disque est sorti.

Rien de planifié pour l’instant. Mais c’est fantastique de savoir qu’il y a des gens qui apprécient notre travail, c’est vraiment génial à entendre.

août 2003 par brotherfab.

CALDERA – août 2003

J’ai longtemps hésité avant de réaliser cette interview. Tout simplement parce ce que la batteuse de Caldera est ma sœoeur. Et que cela me posait un problème déontologique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je n’ai pas chroniqué leur première démo. J’ai changé d’avis le 26 juillet vers une heure du mat, dans ma bagnole, après avoir assisté au concert de Caldera au P-Werk de Bliekastel en Allemagne. Le groupe a délivré ce soir là, un concert absolument phénoménal dont j’ai éprouvé quelques difficultés à me remettre. Ces salopards ont littéralement terrassé la soixantaine de personnes présentes, qui le leur ont d’ailleurs bien rendu en les acclamant. Les émotions que le groupe m’avait procuré ce soir là, et la réaction du public à leur endroit (assez rare pour un groupe aussi jeune) me semblent être des éléments suffisamment éloquents pour justifier de cet entretien et me dédouaner de toute suspicion de collusion. La formation évolue dans un registre stoner doom instrumental de plus en plus inventif et ambitieux au fil des concerts. Leur son est tout simplement énorme. Ample et chaleureux, à base d’amplis à lampes surchauffés. Ainsi, c’est un mur qu’ils édifient autour de vous. Une enveloppe sonore épaisse et moite au climat contrasté, renforcée par l’intégration récente – quel bonheur – d’une double pédale de grosse caisse. De quoi en calmer plus d’un. Autre fait remarquable, ce fameux soir de juillet, la formation accueillait Matt – chanteur de Low Vibes et fondateur du label Water Dragon Records – au chant. Ce dernier a placé sa voix sur trois morceaux, en prenant grand soin de se démarquer de ce qu’il fait par ailleurs avec son groupe officiel. Il fut à la fois sobre et impérial. En résumé, quelle que soit sa configuration, Caldera est à mon sens l’un des groupes les plus prometteurs du moment. En attendant qu’ils nous pondent un vrai disque, voyons ce que la bête à dans le ventre avec Krikri et Claudio, guitaristes du groupe.

 

Pouvez-vous présenter brièvement le groupe et chacun de ses membres ?

Caldera est né à Nancy en octobre 2001. Il se compose de quatre membres à savoir, Claudio à la guitare, Fly à la basse, Kristin derrière les fûts (qui n’est autre que l’ex batteuse de feu Carn) et moi-même, KriKri à la guitare également.

Vous habitez relativement éloigné les uns des autres, n’est-ce pas un handicap pour le déroulement optimal de votre carrière ?

Un handicap ? Pas à proprement parler. Deux d’entre nous viennent de Forbach, Kristin habite Nancy et Fly , Paris, ça veut donc dire organisation et motivation. Nous assumons les déplacements. Cette année on répétait le vendredi soir de 20h à 24h, ça ne nous laisse pas de temps pour déconner. Chez Caldera on bosse dur ! Je pense que si on voulait répéter plus d’une fois par semaine cela nous poserait un réel problème. Nous devons faire face aux emplois du temps de chacun, dans tous les cas le groupe vaut par la détermination de chacun et dans ce cas précis nous sommes TOUS entièrement dévoués à Caldera, c’est pour nous tous une priorité !

Ok, mais cela nuit probablement à votre progression, à votre capacité de composer de nouveaux morceaux. Un concert qui se profile et hop, la créativité est sacrifiée pour faire tourner le set. Est-ce vraiment sérieux de répéter aussi peu ?

SERIEUX, le sérieux n’est pas à remettre en cause dans notre démarche. Nous n’avons que quelques concerts à notre actif, et privilégions donc les compositions, quoi qu’il en soit nous ne laissons jamais le set à l’abandon, ce qui nous permet d’exploiter au mieux les séances de répète sans gaspiller une seule seconde !!! De ce fait nous ne sommes jamais à la rue avant un concert !!! Tu noteras avec attention que deux répètes on suffit pour caler le chant avec Matt!! CQFD !

Le fait que vous n’ayez pas de chanteur n’est-il pas une autre forme de handicap ?

En fait nous bossons sans chanteur depuis le début, et de ce fait nos morceaux ont été composés sans l’intention même d’y ajouter un chant quelconque ! Notre démo « Bison Skull » ne contient aucune trace de chant, (sauf le titre en bonus More Sadness qui incorpore des voix, mais ce n’est pas un chant à proprement parler). Elle a fait l’objet de nombreuses chroniques et a été très bien reçue dans le milieu ! Si tu observes un groupe comme Karma To Burn, ils ne possédaient pas de chanteur, et leur musique n’est en rien ennuyeuse et monotone ! Pour conclure je ne pense pas que ce soit un handicap, c’est une histoire de choix.

Il est vrai que la qualité de vos titres les plus récents, plus complexes, plus touffus, laissent perplexes quant à l’utilité réelle d’un chanteur. Ils sont suffisamment riches pour maintenir l’attention du spectateur et lui procurer des surprises. Cela étant dit, l’utilisation parcimonieuse de voix, à défaut d’un chanteur, permettrait probablement d’enrichir plus encore votre musique. Un peu comme sur le premier album de KTB. Un chanteur intermittent en somme. C’est d’ailleurs sous cette configuration qu’ils ont pondu leur meilleur album. Qu’en penses-tu ? Pourquoi l’un de vous ne s’y colle pas de temps à autre ?

On s’interroge régulièrement sur ce sujet, et en ce sens, on a déjà fait quelques essais dans cette direction et le résultat était sympa ! Nous avons beaucoup d’idées qui ne demandent qu’à être concrétisées, mais pour l’instant je ne peux t’en dire plus, la question reste en suspens et nous y réfléchissons beaucoup.

 

Comment interpréter la présence de Matt sur trois titres lors de votre dernier concert en Allemagne ?

En fait, bien que nous ayons fait le choix de sortir une démo instrumentale, nous nous interrogeons sur la question d’un chanteur au sein de Caldera ! L’idée est venu de Matt, spontanément. Il avait bossé des paroles sur trois titres à savoir Cornac , Bison Skull et The Return . Il nous a fait parvenir un MD avec son travail. Le résultat était honorable, nous en avons discuté, l’idée nous paraissait séduisante et c’était surtout l’occasion de tester nos titres avec un chanteur ! Nous avons bloqué ça en deux répètes. Comme je te le disais Matt n’est pas venu les mains dans les poches ! L’accueil du public lors de notre dernier concert à été terrible !! Nous avons eu de très bons retours quant à la présence d’un chanteur au sein de Caldera ! Pour l’instant Caldera n’a toujours pas intégré de chanteur dans ses rangs mais je peux t’assurer que nous y réfléchissons plus que jamais !

Dans la perspective d’un chanteur intermittent ce serait peut être une bonne option, non ?

Peut être oui, il y a eu un très bon feeling entre le groupe et Matt, et le travail de Matt a fait ses preuves.

Cela étant dit, je confirme, la présence de Matt était incontestablement un atout. Il a été quasiment parfait.

Comme je te le disais il n’est pas venu les mains dans les poches.

Quelles sont vos prétentions ou si tu préfères, ambitions ?

Ah, nous voulons enregistrer nos nouveaux titres avec une pointure du son et signer sur un label honnête qui puisse nous assurer une bonne promotion et faire un maximum de dates, en d’autres termes faire parler de nous !

Tu parles de pointure, tu peux me citer quelques noms ?

Billy Anderson, Steve Albini, Bill T. Miller ou encore Kit Woolven, tous font un travail vraiment exceptionnel. Travailler avec l’un d’entre eux serait vraiment terrible et donnerait encore plus de personnalité à la musique de Caldera.

Qu’entends tu par un label honnête ?

Avant tout un label qui apprécie vraiment les groupes qu’il signe, que cela s’établisse en dehors des courants à la mode, que le label éprouve de la considération pour le travail du groupe, qu’il puisse assurer une bonne promo et une bonne distribution.

As-tu des références dans le genre ?

Des labels comme Rise Above, Southern Lord, Beard Of Stars,Tee Pee,Relapse, Rage Of Achilles, People Like You et quelques autres encore correspondent bien, à mon sens, à la description que je t’ai fait à l’instant.

Pour le reste, ta réponse est d’un commun consternant !

Tout doux s’il te plait.

J’admets que ma question ait pu être mal formulée, je la reprends donc

Merci.

Quels sont vos rêves avec ce groupe ? Devenir Iron Maiden ? Jouer de temps à autre dans un bar devant vos potes ?

Il est clair que nous éprouvons un plaisir intense quand nous sommes sur scène et nous souhaitons jouer de plus en plus, devant de plus en plus de monde, ne jouer que devant nos potes serait la preuve que nous n’évoluons pas ! L’immobilisme ne fait pas partie de Caldera. Et ça me fait rire quand tu cites Maiden, je m’imagine à leur place avec leur look !! Ahahahaah.

 

Comment s’organisent vos séances de travail ?

Claudio et moi bossons les riffs chez nous. Ils sont retravaillés en répète une fois basse et batterie ajoutées. Si le riff de départ sort assez spontanément, nous travaillons beaucoup avant que le titre ne soit bouclé. Les titres ne sont donc pas composés par une seule personne et sont le résultat d’une étroite coopération entre nous quatre.

Tu veux dire que tout part systématiquement d’un riff de guitare ?

C’est le cas oui ! Cela pourra paraître simpliste pour certains mais c’est notre façon de procéder ! Et le résultat final est plutôt élaboré non ? Au risque de me répéter, j’insiste sur le fait que la musique de Caldera est le fruit d’une étroite collaboration.

Vos derniers concerts donnent à voir et à entendre un processus de création de plus en plus abouti et complexe, comment ce processus opère-t-il ?

On est très exigeants, on cherche à ne pas se répéter et à se détacher des schémas classiques. Mais je pense surtout qu’on se connaît de mieux en mieux et qu’une réelle entente existe au sein de Caldera.

Comme c’est mignon. Cette proximité ne va-t-elle finalement pas constituer un rempart contre l’arrivée-intrusion d’une personne tierce dans ce bel équilibre ? Je veux dire par là, est-ce que la question d’un chanteur n’est pas déjà implicitement tranchée ?

Mmmh, tu mets le doigt sur un point sensible, nous ne sommes pas hostile à l’arrivée d’une personne tierce, nous avons eu l’occasion d’essayer quelques chanteurs dans Caldera (des mecs et des nanas), force est de constater que l’expérience n’a pas été convaincante, exception faite pour Matt qui a de loin le mieux honoré sa tâche. Cela dit, je ne pense pas que cela soit la conséquence d’une attitude réfractaire de notre part, nous sommes unanimes : aucun des chanteurs ne correspondait à ce que nous voulons et à ce que nous sommes.

Peux-tu me citer vos influences communes, celles sur lesquelles vous vous accordez parfaitement ?

Melvins, High On Fire, Kyuss, Neurosis, Sleep, Creedence Clearwater Revival, Karma To Burn, Green Leaf, Mastodon.

Que justifie la reprise d’un titre de Creedence ?

Nous aimons tous beaucoup ce groupe et ce morceau Sinister Purpose (issu de Green River) en particulier. Il ne manquait à ce morceau que le gros son pour être une bombe de doom stoner. Nous avons justement travaillé le titre dans ce sens !

C’est une tuerie absolue. Une des plus belles reprises qu’il m’ait été donné d’entendre. Vous faites même oublier qu’il y a Fogerty qui chante sur ce morceau. Ce qui n’est pas rien. Prévoyez-vous une autre reprise de cet acabit ?

En fait lorsque nous avons abordé la question d’une cover , nous avions plusieurs titres en tête, le choix pour les Creedence s’est fait tout simplement, nous ne prévoyons pour l’instant pas d’autre cover , mais quand nous déciderons d’en faire une, crois moi que les titres à reprendre ont un potentiel aussi riche que Sinister Purpose , je te laisse déduire la suite et chercher.

La musique que vous pratiquez se caractérise par la nécessité d’avoir un gros son. A votre niveau, comment vous organisez vous pour l’obtenir ?

Nous sommes des fans absolus de matos. Only a tube amp is good enough !!! Nous ne négligeons rien de ce côté et travaillons beaucoup sur les sons. Nous avons une idée très précise de la manière dont doit sonner Caldera.

C’est un peu la politique de l’écurie Southern Lord, à laquelle je souscris entièrement par ailleurs, non ?

Exact, exact !

 

Quels sont les types de sons qui vous scotchent le plus ?

Les sons gras de chez gras, crades de chez crades mais intelligibles, ce grain difficilement descriptible qui te fout la chair de poule dès le premier accord, en résumé les sons Sunn et Marshall vintage.

Vous avez partagé l’affiche avec des formations telles que High On Fire ou Mastodon. Qu’est ce que cela a représenté pour vous ?

Ces deux groupes figurent parmi nos groupes favoris et nos influences communes. Jouer sur la même scène qu’eux était très excitant surtout que pour l’occasion l’Austrasique affichait complet. Ce sont des types exceptionnels ! Des crèmes ! Un rêve qui devient réalité.

Quels sont vos projets à court et moyen terme ?

Tout d’abord l’imminente mise en ligne du site web de Caldera et comme on l’a dit avant, l’enregistrement de nos nouveaux titres et bien sûr faire un max de concerts.

Bonjour l’originalité. C’est bien, comme les trois milliards de groupes sur Terre en somme. Il va tout de même falloir penser à se distinguer un peu non ?

On est déjà différents à la base.

août 2003 par brotherfab.

LOS NATAS – mai 2003

Sergio Ch, Walter Broide et Gonzalo Crudo Villagra constituent le triangle Los Natas. Un trio de feu, né en Argentine courant 1993. Quatre albums au compteur, un split avec Dragonauta, un autre avec Dozer et un projet décentré, intitulé « Toba Trance » enregistré récemment pour le label finlandais Ektro Records (60 minutes de musique méditative indienne). Leur dernier effort, « Corsario Negro » a été élu meilleur album de l’année 002 par la Brotherfab Corp. Profondément original, ce groupe ambitieux n’a jamais cessé de remettre son œuvre en chantier, gagnant ainsi progressivement en autorité et en maturité. Si bien qu’à force de travail et de ténacité il est parvenu à distancer – et de loin – les ténors du stoner rock mondial se complaisant dans le ressassement des mêmes riffs. L’usage de la langue espagnole est bien entendu un atout de poids dans cette compétition artistique, puisqu’il singularise nettement ses promoteurs du reste de la production mondiale. Mais c’est loin d’être le seul argument en faveur de Los Natas. Dans le panorama du stoner rock actuel, la première place lui revient de droit car il est un des seuls à être parvenu à le renouveler musicalement. Cela constitue à mes yeux le plus bel hommage qu’on puisse lui rendre. Là ou les uns, majoritaires, l’épuisent à force de mimétisme stérile, Los Natas le rend plus fort et plus fertile à force d’expérimentations audacieuses. Mais se situer à l’écart du troupeau n’est jamais sans danger. Il ne reste qu’à espérer que cette démarche fasse école. En attendant les signes d’un renouveau massif, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Sergio, le guitariste-chanteur du groupe entre les deux tours de l’élection présidentielle argentine.

 

Depuis vos premiers disques vous semblez prendre davantage de distance par rapport à Kyuss. « Ciudad de Brahman » était encore quelque peu empreint de cette référence, mais là, avec « Corsario Negro », vous semblez avoir trouvé votre propre voie. Comment expliques-tu ce processus ?

Je ne sais pas vraiment. Lorsque nous avons enregistré « Delmar » en 1995, nous ne connaissions presque pas Kyuss. Il semblerait que nous ayons été traversé par le même esprit, par les mêmes vues, les mêmes influences, je ne sais pas… « Corsario Negro » représente ce que nous vivons au quotidien dans ce monde. Un jeu continuel entre de bonnes et de mauvaises vibrations.

Quelle a été la reception de « Corsario Negro » ?

Excellente. Notre label Small Stone a fait du bon boulot, même si le disque n’a bénéficié que de très peu de promo et d’une distribution réduite. J’espère qu’il deviendra un classique avec le temps.

 

Comment avez-vous obtenu ce deal avec un label français (Patagonia) ?

Si je me souviens bien, ils m’ont envoyé un mail disant qu’ils voulaient faire quelque chose avec Los Natas. Comme dans le même temps Man’s Ruin nous a rendu les masters et les droits pour les albums réalisés avec eux, on s’est dit qu’on allait en faire le « Bee Jesus Boxset » (double CD comprenant « Delmar » + « Ciudad de Brahman » + « El Gobernador », la version vinyle est disponible chez Vinyl Magic).

Quelle a été la place de Billy Anderson au sein de votre processus de création ? Son rôle se limitait-il simplement à être un ingé son ?

Pas vraiment. Il a été le quatrième membre du groupe dès notre premier disque, par l’intermédiaire du courrier. Il nous a guidé pour l’enregistrement, la production… Il nous a donné des idées de sons, de couleurs… C’est un sacré bonhomme qui a fait de belles choses pour Los Natas.

Comment êtes vous entré en relation avec lui ?

On l’a rencontré plusieurs fois à San Francisco lors de concerts. Plus tard, nous l’avons contacté par l’intermédiaire d’un ami commun, Tim Moss de Men Of Porn, qui lui a fait parvenir des démos, des trucs comme ça. Il était très excité à l’idée de réaliser ce projet avec nous

Depuis la France, nous avons un peu de mal à nous imaginer ce qui se passe en Argentine actuellement. La vie est-elle vraiment aussi chaotique qu’il y parait ? Comment est le quotidien pour vous ?

C’est l’enfer ici. D’un point de vue économique, il faut se battre jour après jour. Pas de boulot, tout semble dévasté. Tout ce qui reste aux gens ce sont les montagnes, le désert, la mer, tous ces endroits incroyables dans lesquels nous nous rendons fréquemment, juste aux abords de la ville. Sinon, peu de groupes, quasi pas de labels, de disquaires, rien, la désolation dans tous les sens du terme.

Quelle est ta position de citoyen par rapport à tous ces problèmes ? Plutôt Menem ou plutôt Kirchner ?

Plutôt Mick Jagger !

 

Vous revenez d’une tournée au Chili. Comment avez-vous trouvé ce pays ?

Groupes cool, gens cool, jolies plages. Excellent vin, bonne bière. Des groupes tels que Hielo Negro méritent le respect.

Justement, que peux tu me dire de la scène stoner sud-américaine ? Quel est votre statut là-bas ? Etes vous considérés comme des leaders du genre ?

Il y a effectivement ici un important regain d’intérêt pour les années 60/70. Je pense que nous sommes simplement les premiers à avoir réintroduit cet esprit sur scène.

Est-ce que vous vivez de votre musique ?

Jusqu’à présent le groupe a fonctionné par lui-même de manière presque professionnelle. Peut-être que dans quatre ou cinq ans nous pourrons nous rémunérer par le biais de la musique et payer les études de nos enfants.

Les enfants sur la photo sont les vôtres ?

Absolument, j’ai deux enfants et Gonzalo le bassiste en a trois.

Un dernier mot ?

Je voudrais te remercier ainsi que tous les dingues de musique à travers le monde !

Take care, Adios !

mai 2003 par brotherfab.

DOZER – avril 2003

Les vikings suédois de Dozer ont eu l’excellente idée de venir se produire deux fois en l’espace d’un petit mois en terres romandes. A Vevey avec le Monstergroove tour et à Genève pour leur tournée en compagnie des vikings norvégiens de Pawnshop. C’est à l’occasion de leur prestation dans la cité de Calvin (pour promouvoir leur album “Call It Conspiracy”)que j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Tommi Holappa (guitare lead) et Johan Rockner (basse), lesquels furent rapidement épaulés pour ce faire par Erik Backwall (batteur) qui surgit du fin fond des loges pour participer à cette discussion sympathique. C’est avec comme fond sonore l’album à venir de Turbonegro et devant toute l’équipe de la tournée que nous nous sommes entretenus de l’actualité de l’un des leaders européens de la scène stoner.

 

Hello Dozer ! Vous êtes sur la route depuis un bon moment cette année. Il s’agit de la troisième tournée (le Monstergroove tour avec Spiritu, Clutch ainsi que Spiritual Beggars puis une tournée avec Spiritu et la tournée actuelle avec Pawnshop) la vie sur la route vous plait-elle ?

Oui nous aimons beaucoup ça sinon nous ne le ferions pas ! On est en tournée depuis quatre semaines maintenant et il nous en reste trois. Nous ferons plus d’une quarantaine de show en tout.

Est-ce parce que les bières sont moins chères qu’en Suède ?

Oui beaucoup moins et ici nous les avons à l’œil !

Avez-vous tous les jours le même plaisir de jouer et êtes-vous content de jouer les mêmes morceaux ?

Nous essayons de changer un petit peu le set.

Les shows que vous proposez sur cette partie de la tournée seront donc plus longs que ceux du Monstergroove.

Oui, un bon bout ! Nous n’avions joué que vint cinq minutes à Vevey.

Est-ce frustrant pour vous ?

De jouer des concerts aussi bref oui ! C’est juste quand nous arrivons au top de notre forme nous devons quitter la scène. Mais c’est difficile de faire des concerts aussi courts, nous avons beaucoup appris en le faisant. Il faut concentrer le show et surtout sélectionner un petit nombre de morceaux à jouer. Nous en avions choisi que cinq à Vevey donc nous sommes satisfait de pouvoir donner un concert intégral sur cette partie de notre tournée.

 

Le rock dit stoner fait de nouveaux adeptes tous les jours à l’heure actuelle. Est-ce que la tournée actuelle est un bon moyen de faire la promotion de ce style et plus particulièrement de votre groupe ?

Bien sûr ! C’est des très bonnes promotions pour nous en particuliers la tournée en compagnie de Clutch et des Spiritual Beggars ! Nous avons ainsi pu nous produire devant des audiences plus importantes !

Vous êtes à l’heure actuelle un des leader de la scène stoner européenne.

(ndlr : gros éclats de rire) Il nous est difficile de répondre à ce genre de chose. C’est comme tu le penses nous n’en avons aucune idée.

Vous êtes certainement le plus cité au niveau européen sur les sites spécialisés dans ce mouvement !

Peut-être bien ! Il faut préciser que nous tournons un peu plus que certains autres groupes européens ceci en est peut-être la cause.

 

‘Call It Conspiracy’ a été produit par Chips Kiesbye (producteur et protagoniste de ‘By The Grace Of God’ des Hellacopter et de Sator). Pourquoi l’avoir choisi en particulier ?

Nous cherchions quelqu’un pour produire cet album ; les deux premiers l’ont été par nos soins, mais cette fois nous voulions du changement. Il était important pour nous d’opérer cette modification et l’avons choisi lui. En fait c’était le seul qui était disponible ! Nous voulions un Suédois et aimons les productions sur lesquelles il a travaillé. Nous l’avons donc appelé et comme il était intéressé le deal s’est fait.

Pourquoi avoir choisit un label suédois (Molten Universe) pour cet album ?

Pourquoi ? Peut-être parce que personne d’autre ne voulait de nous ! Non sérieusement c’était pour nous la voie le plus naturelle de faire cela ! Le premier label est sorti sur ce label !

Oui mais entre temps vous avez sorti deux longs formats sur le mythique label Man’s Ruin !

Oui et il y a eu le hold-up ! Nous avons donc du trouver un autre label et avons cherché quelque temps. Rien de précis ne s’étant fait nous avons donc opté pour Molten Universe.

Comment vous êtes vous retrouvé sur Man’s Ruin ?

Nous leur avons fait parvenir une démo et une semaine après ils nous ont contacté pour nous annoncer qu’ils voulaient sortir notre album. A cette époque, il s’agissait incontestablement d’un des labels les plus cools. Nous étions vraiment heureux de sortir notre premier album chez eux.

Après l’effondrement de ceux-ci, il n’a pas été difficile pour vous de trouver un nouveau label.

Oui cela l’a quand-même un peu été ! La raison vient du fait que nous désirons travailler de notre manière et certains labels ne sont pas intéressés par ceci. De plus nous voulions sortir un disque rapidement et certains d’entre eux étaient o.k. mais pour plus tard ce qui ne nous intéressait pas. Des merdes du style…

Quels sont, au niveau du groupe, vos influences majeures ?

Nous ne savons pas ! Il y en a tellement ! Nous écoutons tous des styles musicaux différents mais les groupes que nous écoutons tous c’est Kiss et Turbonegro ; et des trucs dans ce genre !

Comment décririez-vous votre musique ?

Heavy rock ! Heavy rock’n’roll c’est réellement difficile de trouver une étiquette.

 

Qu’en est-il de vos projets parallèles ?

Johan et Erik jouent dans ‘The Sick’ (ndlr : groupe évoluant dans un registre nettement plus punk) et Tommi et Frederik jouent dans Greenleaf (ndlr : excellent groupe de stoner). Nous nous consacrons avant tout à Dozer, mais quand nous ne sommes pas en train de jouer avec Dozer nous nous consacrons chacun de notre côté à ces projets.

Etes-vous satisfaits de l’évolution actuelle de Dozer ?

Oui vraiment, nous avançons ! A notre avis nous devenons de plus en plus performants.

Vos trois albums ‘Madre De Dios’, ‘In The Trail Of A Comet’ et ‘Call It Conspiracy’ ont été enregistrés chez vous en Suède. N’avez-vous jamais voulu aller enregistrer ailleurs ?

Nous n’avons jamais essayé de le faire ; à vrai dire nous n’avons jamais pensé nous rendre ailleurs pour enregistrer. Pour nous c’était déjà un grand pas à faire que d’aller enregistrer dans une autre ville que Borlange qui est notre ville natale. Cette fois nous sommes allés à Stockholm pour enregistrer. C’était vraiment une grande étape de faite ! Peut-être que pour le prochain album nous bougerons dans un autre pays. Nous verrons !

Comment expliquez-vous que les leaders de la scène stoner européenne viennent de suède ?

C’est une question difficile ! Je n’en ai aucune idée ! Il y a une multitude de bons groupes stoner comme Lowrider par exemple qui viennent effectivement de Suède mais nous n’avons aucune explication à te fournir en ce qui concerne ce sujet !

Le phénomène est sensiblement identique en ce qui concerne la scène punk rock mélodique et le death metal.

Ceci a toujours été le cas. La musique suédoise s’est toujours bien exportée. Nous ne savons pas pourquoi peut-être est-ce du au fait que nous volons bien les idées des autres. De fait nous volons aux Américains leur musique et l’apprêtons à la manière suédoise pour donner le style suédois. Nous n’avons vraiment pas la moindre idée quant à cet état de fait.

Comment sont les relations entre les groupes au niveau de votre scène nationale, est-ce amical ou plutôt axé sur la compétition entre les groupes ?

C’est plutôt très amical. Nous avons joué avec la plupart des autres groupes. La scène stoner suédoise est bien plus grande en Allemagne que dans notre pays.

avril 2003 par Chris.

CLUTCH – mars 2003

A l’occasion de la sortie de leur album en concert “Live At The Googolplex” enregistré sur plusieurs date lors de leur tournée en première partie de System Of A Down, Clutch a sillonné l’Europe en tant que co-tête d’affiche du Monstergroove cuvée 2003. Cette tournée qui réunissait quatre groupe stoner, soit Spiritu, Dozer, Clutch ainsi que Spiritual Beggars, s’est arrêtée à Vevey pour livrer un excellent show en quatre actes représentant diverses facettes de ce style musical. C’est à cette occasion que je me suis entretenu avec Neil Fallon, le charismatique et très sympathique vocaliste du groupe de Germantown, Maryland. Ce rocker atypique, qui officie depuis les débuts du groupe en août 1991, nous livre sa vision sur sa musique et le business musical actuel.

 

Comment se passe cette tournée en compagnie de Spiritu, Dozer et Spiritual Beggars ?

Jusqu’à présent très bien, c’est le troisième show de la tournée après deux dates en Hollande. Le bilan est très bon, nous sommes tous sur la même longueur d’onde et passons du bon temps.

Est-ce une bonne opportunité pour vous de tourner avec trois autres groupes connus ?

Oui, nous n’avons, jusqu’à présent, pas beaucoup tourné en Europe, nous avons joué devant peu de public par le passé sur ce continent, ceci permet donc aux groupes présents de jouer devant un public plus important. C’est la meilleure manière de rencontrer de nouvelles personnes.

Existe-t-il une grande différence entre vos fans américains et européens ?

Pas vraiment quand tu mets des gens dans un night-club et que tu leur file à boire, tous se comportent de la même manière.

Le show précédent celui de ce soir devait avoir lieu à Lyon et il a été annulé par le promoteur. Cette manière d’agir semble peu professionnelle dans le milieu du rock. Ce genre de choses arrivent-elles aussi aux U.S.A. ?

Je crois, mais n’ai pas posé de questions à ce sujet, qu’il s’attendait à avoir beaucoup plus de monde comme un millier de personnes mais que seulement une centaine de places avaient été réservées. Evidemment que le même genre de choses arrivent aux States. Ce qu’il se passe c’est que les promoteurs font des promesses qu’ils ne peuvent pas tenir et ils prennent peut. C’est un business dangereux, mais quand tu fais un contrat professionnel tu dois être prêt à encaisser une perte. Nous n’allons pas rentrer à la maison sans argent ; nous sommes payé pour faire cette tournée.

 

J’ai entendu dire que le fait que des fans enregistraient vos prestations en public ne vous gênait pas du tout. Est-ce vrai ?

Oui, je pense que c’est une chose saine que les gens qui prennent du plaisir à assister à nos shows puissent les enregistrer et se les échanger. C’est flatteur pour nous.

Comment les labels qui vous distribuent réagissent à ce propos ?

Actuellement nous n’en avons pas. Je pense que si nous étions chez Atlantic ou Colombia ce serait différent. Mais les labels ne peuvent rien faire à ce sujet car il s’agit de nos morceaux. Si certains ont eu des problèmes à ce niveau, ils ne nous ont jamais rien dit.

Collectionnes-tu les enregistrements pirates de Clutch ?

Non, écouter son propre groupe c’est un peu comme se regarder dans un miroir et parfois on se trouve moche.

 

Vous avez déclaré avoir sorti ‘Live At The Googolplex’ parce que la qualité des enregistrements pirates vous concernant n’était pas au top est-ce vraiment le cas ?

Le problème est qu’en studio, il est difficile de capturer le son ‘live’ car il y a toujours la possibilité d’arrêter l’enregistrement puis de remettre en marche. Je pense que nous jouons de manière beaucoup plus agressive sur scène et c’est la raison pour laquelle nous avons sorti cet album.

Etes-vous satisfait du son de cet album ?

Non, je ne suis pas vraiment heureux. Je suis satisfait de la version que tu as là (contenant treize titres) mais pas de l’autre qui a été masterisée. Nous allons le refaire avec deux autres morceaux à la fin et le faire remasteriser car il est bon mais pourrait avoir plus de punch.

Pourquoi avoir enregistré cet album par petits bouts sur plusieurs shows au lieu de prendre un concert complet ?

Nous n’avons jamais joué de show parfait (ou alors nous n’avions pas le matériel pour les enregistrer) alors nous avons pris ces morceaux lors de la tournée en première partie de System Of A Down

sur plusieurs dates.

N’est-ce pas frustrant pour vous des parties de ce qui était, à la base, un ensemble ?

Effectivement ce serait bien d’avoir une performance complète du début à la fin.

Aucun morceau de l’album en concert ne provient de vos deux première productions. Les morceaux de ‘Pitchfork’ (1991) et ‘Passive Retraints’ (1992) ne correspondent plus à ce que Clutch est en 2003 ?

J’avais 20 ans à la sortie de ‘Pitchfork’ et nous sommes tous vraiment différents entre ce que nous sommes à 20 et à 30 ans. Nos sensations sont différentes, notre manière de jouer est nettement plus directe et nos projets ne sont plus identiques. Nous avons composé une centaine de titres et ne pouvons pas tous les jouer.

Quel est ton avis à propos des mp3 qui sont downloadées par de nombreux individus chez eux via le net ?

Mon opinion est mitigée à ce propos car je le fais aussi. Si tu prends notre album live sont coût est d’environ 16 dollars aux U.S.A. et si certains peuvent l’avoir gratuitement c’est difficile de leur dire de ne pas le faire. Je pense cependant que spécialement les jeunes fans aiment avoir le vrai cd, le vrai dvd etc…mais je pense que les cd contenant une douzaine de chansons vont rapidement devenir obsolètes. Je suis ravi de ne pas être chez Atlantic ou Colombia car ils ne savent absolument pas quoi faire concernant ce sujet. A notre niveau, nous ne touchons pas de royalties sur la vente de cd, seuls nos concerts nous rapportent de l’argent. Les mp3 ne vont pas stopper la vente de produit mais les faire devenir de meilleure qualité.

Donc tu ne partages pas le combat de Metallica contre Napster ?

Non ! Ils perdent de l’argent, mais ils en ont tellement que c’est difficile d’entendre leur propos à ce sujet.

 

Comment décrirais-tu la musique de Clutch ?

Je dirai que c’est du rock’n’roll avec des arrangements Blues, dans la ligne de ZZ Top, avec des vocaux agressifs. C’est difficile d’être objectif quand tu es tellement investi là-dedans. Je n’ai jamais vraiment pensé à ceci. Je le fais.

Quelles sont vos influences majeures ?

Individuellement, au sein du groupe, nous avons tous des influences différentes, mais en ce qui concerne le groupe nos influences sont Black Sabbath, Led Zeppelin, Prong, Swans, tu peux le croire ou pas d’ailleurs, le mouvement punk avec des groupes comme Minor Threat et Black Flag, j’ai été heureux d’être impliqué dans le projet ‘Rise Above’ en interprétant ‘AmericanWaste’. En fait tout ce que nous écoutons nous influence le jazz et le country aussi parce que quand je rentre chez moi je suis content d’écouter autre chose que de la musique dure. J’écoute du vieux blues des années quarante et cinquante.

Vous avez tourné avec de nombreux groupes qui jouaient dans des styles très éloignés du vôtre. Est-ce une menace ou une opportunité pour vous ?

Quand nous jouons pour des groupes dont le public ne sait absolument pas qui nous sommes nous pouvons faire vraiment tout ce que nous voulons. Mais quand nous avons tourné pour Slayer

par exemple nous n’avons pas fait de morceaux lents mais uniquement nos morceaux les plus rapides. Je pense que c’est une bonne chose que de jouer avec des groupes issus de mouvements différents.

Votre morceau de 1993 ’12 oz. Epilogue’ sonne comme sonnent des groupes très en vogue à l’heure actuelle, System Of A Down ou Papa Roach par exemple. Quel regard porte-tu sur cette scène ?

Je pense qu’il y a toujours des changements de mode, je n’y porte pas vraiment attention. System Of A Down sont intéressants car ils n’essaient pas trop des formules populaires. Je trouve sain ces mouvements extrêmes.

Tu as dit que le but de Clutch était en premier lieu de vous donner du plaisir à vous-même. Après 13 ans d’existence, en avez-vous toujours autant ?

Oui, nous essayons de faire quelque chose de nouveau tous les jours. Aujourd’hui nous nous trouvons en Suisse, je rencontre des gens que je n’ai jamais vus avant.

Avez-vous des side-project en dehors de Clutch ?

Oui il y a Bakerton Group

(ndlr : ce groupe est composé de tous les membres de Clutch à l’exception de Neil) qui ont sorti un cd. Sinon je joue de la guitare à la maison et c’est tout.

Etes-vous en train d’écrire de nouveaux morceaux en vue de la réalisation du prochain album de Clutch ?

Oui et nous nous consacrerons à ce nouvel album dès que nous serons de retour à la maison après cette tournée.

Les jeunes Européens ne comprennent pas la politique belliqueuse de votre président. Qu’en est-il des jeunes Américains ?

C’est une question intéressante. Les médias parlent de 71 % de personnes favorables à ceci, mais je n’en ai jamais rencontré une seule ! Il s’agit avant tout d’une guerre menée par les compagnies industrielles. Les Américains sont désappointés, confus et ne comprennent pas vraiment ce qui est en train de se passer. Ils nous disent que c’est en réaction aux attaques terroristes mais tout le monde sait très bien que c’est pour le pognon.

mars 2003 par Chris.

HOUSTON SWING ENGINE – mars 2003

Habitués depuis une dizaine d’années de la scène rock suisse romande, les Houston Swing Engine sont le projet rock’n’drôle de personnages issus de groupes bruyants tels qu’Unfold, Shovel, Eastwood et Sweet Disease. À plusieurs encablures (le vocabulaire marin est une véritable mode en Romandie depuis quelque temps – allez savoir pourquoi) du style de leurs formations précédentes ou parallèles, ces quatre lascars distillent un rock difficile à cataloguer (y compris pour les principaux intéressés) mais franchement efficace dont les influences se trouvent quelque part entre le stoner, le punk et le rock. Roger Deluxe, ex-frontman des regrettés Sweet Disease et membre actif de Kruger, qui officie en tant que bassiste dans ce quatuor s’est gentiment dévoué pour notre interview.

 

Tu es le dernier arrivé au sein des Houston Swing Engine. Vu vos expériences respectives tu connaissais déjà tous les membres du groupe. Ton intégration fut-elle aisée ?

Relativement, oui ! Je suis le dernier. Je suis arrivé il y a six mois, une année plus ou moins, à l’époque de la sortie du premier maxi enregistré avec mon prédécesseur qui est parti pour que je lui succède. Le batteur et le guitariste sont mes colocataires depuis six ans donc nous nous connaissions déjà passablement ainsi qu’Igor Rocket que je connaissais depuis longtemps par Unfold. Toute cette scène est assez petite ainsi tu as assez vite fait le tour des gens. Ils m’ont proposé de les rejoindre étant donné que je les connaissais déjà tous très bien et qu’ils ne voulaient pas trop aller chercher ailleurs.

Peux-tu brièvement m’expliquer pourquoi des gens qui sont issus d’univers musicaux beaucoup plus radicaux ont opté pour le style que vous pratiquez actuellement ?

Non ! Je ne pourrais pas te l’expliquer et j’ignore si c’est moins radical.

C’est quand même nettement moins agressif qu’Eastwood, Shovel, Unfold et Sweet Disease !

Oui tout à fait mais nous avons tous des groupes à côté à l’exception de Bob Morlock ; Kiki De Montparnasse est dans A Season Drive, Igor Rocket dans Unfold et moi-même dans Kruger. C’est pour nous intéressant de faire quelque chose de différent de ce que nous faisons dans un autre groupe. Je ne pense pas que ce que nous pratiquons soit plus consensuel que Shovel.

 

Est-ce que Houston Swing Engine est à la base un projet potache de rock’n’roll qui a fini par vous emballer ?

Je crois. Au début il y a eu quelques jams puis l’enregistrement du premier maxi et, comme ça intéressait un peu les gens, ce projet a pris une tournure un peu plus sérieuse. Quoiqu’un peu plus sérieuse ne soit pas tout à fait le bon mot !

Qu’est-ce qui t’a séduit dans la musique que vous pratiquez désormais ?

Je ne sais pas mais ça fait des milliards d’années que je côtoie Kiki De Montparnasse et Bob Morlock. Je suis souvent parti avec eux en tournée que ce soit Shovel ou Eastwood, et c’était pour moi surtout l’occasion de pouvoir jouer avec eux. En ce qui les concerne c’est un peu la même chose car depuis le temps que nous logeons ensemble c’est marrant de jouer dans le même groupe. En ce qui concerne la musique, elle est assez simple, directe et super cool à jouer. Les riffs sont assez simples et groovy, je crois que c’est vraiment une musique cool au niveau du jeu de scène.

Comment définirais-tu votre musique ?

Nous sommes toujours un peu emmerdés pour le faire. Le premier maxi était quand même un peu stoner dans le style de Fu Manchu. L’album est, il me semble, beaucoup plus varié, il y a des trucs très rock, des trucs stoner et des trucs assez hardcore avec la voix d’Igor Rocket qui est très influencé par ce style musical. Notre musique est un peu un mélange de tout cela, nous dirons du punk, du rock, du stoner et du hardcore.

Quels sont les groupes qui ont influencé ce que vous jouez maintenant ?

Au début c’était vachement orienté entre des trucs comme Fu Manchu et Kyuss et des trucs punk / hardcore à la Refused. Sur le nouvel album il y a beaucoup plus d’influences rock genre les Queens Of The Stone Age mais aussi Abinhanda et les Dead Kennedys, en fait c’est un mix de tout cela. De plus comme nous avons déjà tous joué dans plusieurs groupes par le passé, il y a vraiment une pétée de groupes que l’on retrouve en filigrane là-derrière. L’album actuel est certainement plus rock et moins extrême que son prédécesseur.

 

Pourquoi, alors que tout le monde vous connaît, avoir choisi des noms de scène ?

Parce que nous faisons ceci essentiellement pour rire, se fendre la gueule et s’amuser. Comme le tout est assez déconne nous avons pris des pseudonymes nuls et drôles (à notre avis). C’est aussi parce que nous ne prenons pas tout ceci très au sérieux, que nous sommes tous vieux et que ça fait longtemps que nous ne nous cassons plus le cul à faire des plans de carrière qui ne marcheront jamais. Nous faisons cela pour le fun et ça va dans ce sens-là.

Il s’agit donc clairement d’une barrière avec vos projets parallèles ?

Pas forcément mais ce projet n’est pas spécialement très sérieux, je ne pense pas que les autres groupes soient plus importants pour nous, même si celui-ci est, à la base, une sorte de boutade.

Les visuels de vos pochettes sont-ils une manière d’exprimer une nostalgie du vinyle ?

Oui c’est un graphiste super cool, Richard Charrier, qui nous a fait la première et la deuxième pour que nous essayions de vendre un peu ces disques. Étant donné que nous les avions faits, autant en vendre quand même un peu et comme l’identité de notre truc est quand même rock’n’roll, nous sommes partis sur un truc inspiré des Rolling Stones et de certains groupes des sixties. Nous avons essayé de garder une certaine cohérence au niveau du visuel de nos deux productions.

Le titre de ‘Brian Molko Vs Nigel Tuffnel’ est-il en quelque sorte un résumé de votre style qui pourrait très bien correspondre au télescopage de Placebo et Spinal Tap ?

Alors, sur le premier maxi, un titre se nommait déjà ‘Jimmy Hendrix Vs Tom Selleck’ parce qu’un riff était très proche d’un morceau d’Hendrix. Sur ‘Brian Molko Vs Nigel Tuffnel’, il y a un plan très très Placebo dont nous nous sommes aperçus après l’écriture du morceau et, plutôt que de laisser tomber ce titre, nous avons décidé de revendiquer haut et fort ce plagiat. D’où le titre du morceau et comme il fallait encore trouver une connerie nous y avons ajouté Nigel Tuffnel qui était tout à fait de circonstance.

 

Quel but est poursuivi en nommant un morceau ‘Gay Rodeo’ alors que l’International Gay Rodeo est une association qui organise des rodéos pour les homosexuels ?

C’est génial ! En fait je ne sais pas de quoi parle cette chanson tout comme les autres titres dont nous nous fichons tous un peu sauf Igor Rocket. C’est une coïncidence fortuite !

En ce qui concerne ‘Sweet Thirteen’ il en va de même ? Il n’y a aucun rapport avec le film ?

Absolument ! C’est amusant que les gens cherchent des explications sur les titres de nos chansons qui sont pris un peu au hasard.

Avez-vous des projets pour ce groupe après la tournée en compagnie d’Hellsucker ?

Non, en fait on n’a quasiment pas joué depuis que l’album est sorti et la tournée a été réduite de deux à une semaine, cependant nous nous réjouissons de jouer avec eux. Ensuite nous allons un peu jouer en Suisse et filer un coup de main à notre label pour sortir ce disque ailleurs qu’en Suisse et en France (et aller y jouer).

mars 2003 par Chris.

HIGH ON FIRE – fevrier 2003

High On Fire, c’est la formation qui s’est fondée sur les cendres encore chaudes de l’énigmatique groupe de ‘stoner metal’ Sleep. Matt Pike, guitariste-chanteur de ce power trio et véritable âme du groupe, nous a livré son point de vue lors de l’escale genevoise de la tournée que sa bande effectuait en compagnie de Mastodon, à l’occasion de la sortie de “Surrounded By Thieves”. Sur la route depuis trois semaines à travers l’Europe, le si prolifique frontman de ce groupe a dû carburer au café pour émerger de sa léthargie. C’est au beau milieu de loges, dans lesquelles somnolait une partie des groupes et roadies embarqués pour ce périple de vingt-six dates sur le vieux continent, que Matt nous a conviés à visiter son cerveau torturé. Bon voyage !

 

La tournée avec Mastodon se passe-t-elle bien ?

C’est bien, en tous les cas un peu mieux que ce à quoi je m’attendais. Nous avons plus de personnes que je pensais à nos shows, et ceci spécialement pour les concerts donnés en Allemagne.

Pas comme ce soir donc, car il n’y a pas beaucoup de monde dans la salle.

Oui mais qu’est-ce que nous pouvons faire à ce sujet ?

Existe-t-il une réelle différence entre vos fans en Europe et aux États-Unis ?

Oui, il existe définitivement une différence entre ces deux publics. Les attitudes divergent : les Américains préfèrent les choses plus lourdes et brutes.

Tirez-vous un avantage en tournant avec des groupes qui évoluent dans un registre différent du vôtre comme Mastodon ou Godflesh ?

Oui, je pense que oui car certaines personnes viennent nous voir après, très excitées par notre musique, pour nous dire que le concert était stupéfiant.

 

Je ne sais pas exactement. Je pense que ce que nous jouons c’est du heavy metal. Enfin une sorte de heavy metal… nous faisons de la musique heavy. Je n’ai pas d’autres qualificatifs pour te décrire ceci différemment.

Quelles sont vos influences musicales ?

Oh, mon Dieu ! Il en existe tellement : des groupes comme Black Sabbath, ZZ Top, Venom, Camper Beethoven et Slayer figurent parmi nos influences.

Votre dossier de presse mentionne que vos influences principales sont Black Sabbath et Celtic Frost. Mon sentiment est que l’influence de Celtic Frost est vraiment bien cachée dans vos compositions car je trouve votre album ‘Surrounded By Thieves’ très éloigné de ceux de ce groupe.

Je pense qu’il s’agit de fait d’une influence et qu’effectivement notre album est différent des leurs. C’est juste une influence ; il y en a tellement que personne ne soupçonne…

hof-surrounded.gif

L’artwork et les paroles de votre album ‘Surrounded By Thieves’ se rapprochent beaucoup de ceux des groupes gothiques, de death et de black metal. Ces styles sont éloignés de votre musique, non ?

Je ne sais pas, je ne formulerais pas cela ainsi. Je ne pense pas, c’est plutôt en corrélation avec ce que notre monde est à l’heure actuelle. C’est certainement à mettre en relation avec mes sentiments du moment à propos de tout ce qui nous entoure.

Qui sont les voleurs ?

Dieu ! Tout le monde. En fait, il s’agit de tout le monde et personne à la fois. C’est difficile à expliquer mais les politiciens et les gens comme eux. Il est ardu de pointer quelqu’un du doigt et de le dire : ‘Lui’. Tout le monde te vole ton énergie.

High On Fire est-il ton projet solo avec deux amis ou est-ce un vrai groupe ?

C’est incontestablement un vrai groupe composé de trois personnes.

Votre configuration à trois vous pose-t-elle un problème sur scène ?

Non, c’est carrément intéressant, nous pouvons tester des choses différentes. Ce soir dans cette salle, nous pourrons traverser la scène, croiser le bassiste et le guitariste et ainsi jouer chacun des deux côtés de celle-ci. C’est vraiment stéréophonique, en fait !

Ceci vous permet d’être plus puissants ?

Ce fait nous permet d’avoir plus de sons. En nous baladant d’un bout à l’autre, nous pouvons profiter du son de chaque façade.

Comme The Experience de Jimmy Hendrix, votre bassiste George Rice est un guitariste qui joue de la basse. Tout comme la leur, votre musique est unique. Quel est ton sentiment ?

Il jouait de la guitare dans un autre groupe et je ne sais pas pourquoi il a décidé de se mettre à la basse, ce qui est ahurissant ! J’ai aussi décidé de chanter dans High On Fire parce que personne d’autre ne voulait se charger de cette tâche.

hof_pic1.gif

George n’est-il pas frustré de s’occuper uniquement de la partie basse du groupe ?

Non, absolument pas. C’est aussi un bassiste. S’il désirait vraiment faire de la guitare, il pourrait rejoindre un autre groupe, mais il pourrait aussi en faire dans celui-ci et nous engagerions un bassiste pour le remplacer. Mais je ne pense pas que ceci soit son souhait, je suis convaincu qu’il désire jouer de la basse.

Le fait de te charger de la guitare et du chant ne te gêne pas sur scène ?

Au début, ça me gonflait mais à force de pratiquer encore et toujours, même s’il m’a fallu beaucoup de temps, maintenant c’est bon ! Et j’apprécie encore mes concerts en remplissant ces deux fonctions, j’y prends même du plaisir ! Je peux voir les gens, certains sourient, d’autres ont des mines étranges…c’est fun !

Quels sont vos projets futurs ?

Enregistrer plus de disques et faire plus de tournées.

En Europe, la jeunesse ne comprend pas la politique belliqueuse à l’égard du monde arabe en général et de l’Iraq en particulier, pratiquée par votre gouvernement. Quel est le sentiment à ce sujet de la jeunesse américaine ?

Je ne veux pas de cette guerre, c’est de la folie et Georges W. Bush est un abruti. Je ne veux rien avoir à faire avec ce qui se passera si cette guerre a lieu. Je ne vois vraiment pas pourquoi on va emmerder des gens qui ne nous emmerdent pas. Ce n’est vraiment pas mon problème. Ce pays a des particularités de par son régime politique, ses richesses pétrolières sont stupéfiantes. Il est plein de ressources que la C.I.A. aimerait posséder, cependant je ne peux pas non plus te dire que j’apprécie le meneur iraquien mais ce que je peux te dire c’est que Bush est un sombre crétin. Cet homme veut entraîner notre pays dans cette guerre, mais septante pour cent des Américains que je connais ne veulent pas de cette guerre. C’est stupide, les médias nous montrent ce qu’ils veulent et considèrent ‘W’ comme étant très populaire mais, de fait, tout le monde hait notre président, sa popularité est un véritable mensonge. Je suis un Américain, mais je pense que tout ce que l’on nous raconte à ce propos, c’est de la merde pour des centaines de raisons. Deux tours se sont écroulées et des tas de gens sont morts là-bas, je n’aime pas ces gens non plus, et je pense que Bush est derrière tout cela. Il a tout manigancé pour pouvoir faire sa guerre tu sais ! Comment peuvent-ils faire avaler à tout le monde que des terroristes puissent mener à bien un tel projet au cœur des U.S.A. Ils veulent juste aller rétablir leur contrôle sur l’Iraq et ses réserves pétrolières. C’est toujours le problème avec ces secrets d’État. C’est mon opinion sur toute cette affaire !

fevrier 2003 par Chris et Indy.
Se connecter