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Publié par Caïn Lors de leur dernier passage à Paris, on a taillé le bout de gras avec Greenleaf pour parler de leur dernier album Rise Above The Meadow, mais aussi de choses et d’autres.
Face à nous, Tommi, guitariste à l’origine du groupe, et Arvid, arrivé sur Trails & Passes en 2014. Dans une ambiance détendue et bon enfant, la complicité entre nos deux suédois est évidente. Tout cela confirme notre hypothèse : après quelques pérégrinations, Greenleaf semble avoir enfin trouvé une composition qui lui sied à merveille.
On connaît Greenleaf depuis de très nombreuses années, et c’est la première fois qu’on a l’impression d’avoir en face de nous un VRAI groupe et pas uniquement un side-project, est-ce que collectivement vous avez le même ressenti sur Greenleaf ?
Tommi : Depuis la sortie de Trails & Passes, oui. À l’époque, lorsque ce n’était encore qu’un side-project et que je jouais avec Dozer, nous tournions beaucoup et je n’avais pas beaucoup de temps pour faire pareil avec Greenleaf. Nous le faisions sans prendre tout ça au sérieux, j’appelais quelques amis, voir si ils étaient disponibles… C’est aussi pour cela que le line up a beaucoup changé. Mais après Trails & Passes et l’accueil qu’il a reçu, on a commencé à prendre ça plus sérieusement…
Arvid : On a fait 2 tournées, et on s’est rendu compte que ça commençait vraiment à prendre de l’ampleur. À partir de ce moment, on s’est dit : « ok, maintenant, on est un vrai groupe ». L’année dernière, nous avons fait environ 70 concerts, cela fait beaucoup pour un simple side-project ! (rires)
Comment ce nouvel album a-t-il été composé ? Est ce que vous vivez tous à proximité les uns des autres pour que l’écriture soit plus facile ?
T : Pour le moment, nous ne vivons pas du tout à proximité. Sebastian [ndlr : le batteur] et moi vivons dans une petite ville en Suède appelée Borlänge.
A : Et moi j’habite à Stockholm.
T : À 200km de chez nous. Et Hans habite en Allemagne…
A : Il est berlinois. Mais sur Rise Above The Meadow, c’est Johan de Dozer qui joue de la basse, et il vient aussi de Borlänge. Nous avons écrit cet album entre deux tournées, en 3 ou 4 mois.
Ce que nous faisons en général c’est que l’on écrit tout en studio de répétition. La plupart du temps, Tommi arrive avec un riff, on l’essaye. D’autres fois, Tommi et Sebastian répètent de leur côté et m’envoient tout ça. Chez moi, à Stockholm, j’ai un petit home-studio où j’enregistre des démos, mes parties vocales, que je leur renvoie ensuite…
T : Parfois, je lui envoie aussi des trucs enregistrés sur mon Iphone.
A : Tommi enregistre toujours tout sur son Iphone mais ne donne jamais de titre à ses enregistrements ! C’est toujours « Enregistrement 1 », « Enregistrement 2 », et c’est très difficile de se retrouver ! Pour le prochain album, je ne vais pas te laisser enregistrer sans donner de nom…
T : Figure-toi que j’ai commencé à le faire !
A : Super ! (rires) Voilà donc comment on s’organise pour les compositions. On a tout fait dans le même studio que Trails & Passes, avec la même personne, Daniel Liden, l’ancien batteur de Dozer et de Greenleaf. On a donc nos petites habitudes et tout va plutôt vite. On enregistre tout en prise live et on y ajoute les voix, enregistrées dans un plus petit studio pour économiser un peu d’argent… on a fait tout ça en 4 jours. Par contre, le mixage dure un peu plus longtemps.
T : Trop longtemps ! (rires)
A : Daniel m’envoie des démos en me disant « OK, j’ai fait ça, alors voilà comment ça sonne maintenant »
T : C’est un perfectionniste. Mais bon, nous avons le temps, c’est donc un bon point pour nous !
Comment le définiriez-vous, comparé à vos albums précédents ?
T : Je pense que c’est une évolution assez naturelle, même si nous découvrons de nouveaux territoires pour l’instant inexplorés, de nouvelles choses plus douces, comme sur le début de « Levitate and Bow ».
A : Mais d’un autre côté, on est aussi devenu un peu plus heavy. Globalement, je pense que cet album est plus dynamique. On a joué énormément de concerts ensemble, on commence donc à très bien se connaître. Pour les parties voix, Daniel m’a beaucoup plus mis la pression qu’avant, il voulait que je chante comme si j’étais en live, il voulait faire sortir toute ma rage.
T : C’était drôle car je n’étais pas là mais il me demandait « je peux le pousser ? Je peux l’énerver ? ». Je lui répondais « oui, fais ce que tu veux, du moment qu’il chante ! » (rires)
A : Et il l’a fait ! Mais le résultat est satisfaisant, c’est ce qui importe.
Quelle chanson du nouvel album recommanderiez-vous à quelqu’un qui ne connait pas votre groupe ?
T : (hésitant) Je ne sais pas… Peut être « A Millions Fireflies ».
A : Oui, c’est une chanson entrainante, je pense qu’elle est bien pour découvrir le groupe. Par la suite, vous pouvez aussi jetez un œil à « Levitate And Bow »… Mais mettons-nous d’accord sur « A Millions Fireflies ».
TOUS vos albums ont 9 chansons et durent entre 37 et 43 minutes. Cet album est toujours dans le même « moule ». Est-ce qu’il s’agit d’une sorte de « proportion magique » ?
T : C’est un résultat totalement aléatoire, nous ne nous disons pas « c’est parti, faisons 9 chansons ». Mais nous faisons toujours attention à la durée…
A : (les yeux au ciel) Oh oui, la durée est très importante pour toi !
T : Oui, ça l’est. Si un album de rock dépasse les 45 minutes et dure 50 minutes, 1 heure… Il peut devenir ennuyant. Pour moi, un album de rock ne doit pas dépasser une certaine durée.
Par qui sont composées les paroles et quels sont les thèmes abordés ?
A : Maintenant, c’est moi. Avant mon arrivée, j’imagine que c’était Oskar.
T : Oui. Avant cela, n’importe qui qui souhaitait écrire des paroles en écrivait ! Certaines des paroles des premières chansons ne sont d’ailleurs qu’un ramassis de conneries ! (rires)
A : Me concernant, mes écrits sont très souvent reliés à la nature. Je ne sais pas trop pourquoi, peut être parce que nous venons d’un pays où celle-ci prend beaucoup de place. J’aime aussi le travail de paroliers comme Nick Cave ou Tom Waits, où la tristesse est toujours très présente… En général, c’est beaucoup de choses sur la marginalisation sociale, ou ce genre de choses… J’y suis très sensible.
Tu écrivais des choses avant ton arrivée dans Greenleaf ?
A : Oui, j’ai commencé à écrire vers 12 ans. Mais heureusement, j’ai évolué depuis ! (rires) C’est vraiment dur d’écrire des paroles de chanson, c’est un apprentissage quotidien. Je ne pense pas écrire les paroles parfaites, mais j’espère que je m’améliore d’album en album.
Rise Above The Meadow est un nouvel album de Greenleaf et une fois de plus le personnel impliqué a changé. Comment se fait-il que le groupe n’ait jamais sorti deux albums avec le même staff ?
A : Celle là est pour toi… Parce que je vais peut-être me faire virer ! (rires)
T : Les quatre premiers albums étaient vraiment un side-project où comme je l’ai dit je demandais à des amis de participer…
A : Sur le dernier album, il y a seulement Bengt [ndlr: l’ex-bassiste] qui est parti… Enfin, il ne partira jamais vraiment de Greenleaf.
T : Non, il en fera toujours partie.
A : Mais vous tourniez beaucoup trop pour lui et il n’en pouvait plus. De plus, il est aveugle, ce qui rend les choses encore plus difficile pour lui.
T: Il avait aussi peur de nous ralentir sur certaines choses, alors qu’il souhaitait que Greenleaf gagne en notoriété et devienne plus gros. Il a donc décidé de se mettre en retrait, tout en précisant qu’il serait toujours là pour nous aider.
A : On lui a même proposer de jouer la basse sur le dernier album mais il a préféré que ce soit le nouveau bassiste qui s’en charge.
Vous ne savez donc pas si le line up va de nouveau changer…
T : On espère que non ! On pense que le line up actuel est très bien.
A : Du moment qu’on ne commence pas à se battre… (rires)
Arvid, c’est désormais ton deuxième album en tant que chanteur du groupe, on n’a pas eu l’occasion de te parler depuis, et on trouve assez peu d’informations sur ton parcours avant Greenleaf. Pourrais-tu te présenter pour nos lecteurs ?
A : Déjà, je viens d’une ville voisine de Borlänge. Je suis un peu plus jeune que les autres… Enfin, beaucoup plus jeune même ! 10 ans ? (montrant Tommi du doigt) Il est vieux !
T : 14 ans exactement.
A : Oui, c’est ça. J’ai grandi en écoutant Dozer. Je jouais dans un groupe typé rock 70’s qui s’appelait Moscovitch, et aussi dans un autre appelé Giant Space Cruisers, plus orienté stoner.
J’avais déjà rencontré Tommi une ou deux fois, on avait même joué ensemble. J’imagine que depuis ce jour là Tommi m’avait en quelque sorte « repéré ». Puis j’ai commencé à étudier à l’Opera Academy de Stockholm, mais j’ai arrêté au bout d’un an et je me suis lancé en tant que chanteur jazz et soul. J’avais aussi un projet pop-rock avec un groupe appelé Humphrey Bogart. Puis un jour, Tommi m’a appelé et m’a demandé si je voulais chanter sur une chanson de Greenleaf, j’ai tout de suite accepté car j’étais fan de Dozer et de Greenleaf. J’étais super content. On a fait une chanson démo que Tommi et Bengt ont beaucoup aimé, ils m’ont donc proposé de faire un album entier ! Ça a donné Trails & Passes.
Le côté visuel de Rise Above The Meadow est hyper léché ; comment se sont déroulées les interactions entre le designer et Greenleaf ?
A : C’est l’oeuvre de Sebastian Jerke, il est incroyable. C’est un allemand qui travaille beaucoup avec Napalm [ndlr: auteur notamment pour Ahab ou My Sleeping Karma]. Ce sont eux qui nous l’ont recommandé. On lui a donné le titre de l’album et il est arrivé avec cette idée de planète dont on était très content.
T: On l’a laissé complètement libre de faire ce qu’il voulait et le résultat est génial. Le booklet est aussi super, il ressemble à un livre pour enfant, avec toutes les paroles, des peintures… C’est magnifique.
Comment est l’ambiance sur les premières dates de cette tournée ? Connaissez vous tous les musiciens de tous les groupes ?
A : On connaissait My Sleeping Karma, ce sont vraiment des gens adorables et très professionnels. C’est un vrai plaisir de travailler avec eux. Par contre, c’est la première fois que nous rencontrons Mammoth Mammoth mais ils sont aussi très gentils.
T : Il a seulement fallu quelques heures pour avoir l’impression qu’on se connaissait depuis des années ! Ils aiment boire de la bière et du whisky, c’est donc assez facile de devenir ami avec eux… (rires)
A : C’est vrai qu’ils aiment ça… En tout cas, tout s’est très bien passé jusqu’ici. Hier, nous étions à Londres et c’était super. On espère que ça va continuer.
Me concernant, c’est aussi la première fois que je fais une tournée en bus de nuit, ce qui est absolument génial, parce que l’on peut dormir, ce qui n’est généralement pas le cas en tournée. J’ai l’impression de ne pas avoir dormi pendant 2 ans… Je sens qu’il ne faut pas trop que je m’y habitue mais c’est quelque chose que j’ai envie de faire plus souvent. (rires)
Des projets de jouer ailleurs qu’en Europe ?
T : Oui, on en discute en ce moment. Les États-Unis peut être à la fin de l’année, même si rien n’est encore confirmé. Puis l’année prochaine, peut-être l’Australie. On devait jouer en Russie en mars mais ça a été annulé et reporté à plus tard…
A : On va aussi jouer en Ukraine.
T : On essaie de jouer dans un maximum d’endroits. L’année dernière, nous sommes allés dans des pays où nous n’avions jamais tourné, comme la Serbie ou la Grèce.
Nous sommes prêts à aller n’importe où du moment que des gens veulent nous voir !
A : Oui, on ne dit jamais non ! Ce qui n’est pas forcément le cas de nos copines… (rires)
Publié par Chris C’est à l’occasion de la version statique du Up In Smoke Festival à Bâle que nous avons échangé avec le très sympathique leader de la formation Ukrainienne qui monte. Le volubile Igor revient sur leur début de tournée épique qui les voit se produire sans leur batteur attitré demeuré à l’écart pour des raisons très rock’n’roll. L’homme à l’enthousiasme contagieux nous en dit aussi un peu plus sur cette formation originaire d’une contrée pas très stoner et sur la success story du groupe au nom le plus cool du globe terrestre et de ses environs proches.
Salut Igor, as-tu besoin que je te présente Desert-Rock.com le webzine francophone ?
Non, je me souviens de votre review qui était très cool.
Vous débutez une nouvelle tournée aujourd’hui…
…oui c’est la troisième partie de la tournée pour « The Harvest ». Nous sommes en tournée depuis mars, date à laquelle cette production est sortie, nous allons faire trois festivals sur cette partie : le Up In Smoke aujourd’hui, le Stoned From The Underground et le Desertfest Belgium vendredi prochain à Anvers.
Cette phase de la tournée se déroule dans la partie centrale de l’Europe ; qu’attendez-vous de celle-ci ?
Nous connaissons ces pays, le public et aussi quelques promoteurs. Nous allons retrouver quelques salles déjà connues comme à Amsterdam et Stuttgart par exemple. C’est vraiment sympa de retourner dans des endroits où nous avons déjà joué ; cela nous permet aussi d’avoir des cachets plus importants, d’avoir un public qui sait à quoi s’attendre et des promoteurs aussi. Nous sommes donc toujours bien accueillis. Nous avons juste un petit problème sur cette tournée : notre batteur s’est fait voler son passeport à Budapest. Les autorités ne nous ont pas beaucoup aidé et nous avons cherché, en Ukraine, un nouveau batteur. Malheureusement un type n’avait pas de visa, le second était trop occupé et le troisième a demandé combien il allait être payé, mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent ; nous ne sommes pas là pour ça ! Nous avons finalement trouvé un batteur de session qui ne nous rejoindra que demain car il avait déjà des engagements. En ayant déjà un bon contact avec les salles, il est plus facile d’effectuer ce tour un peu spécial.
Comment allez-vous procéder aujourd’hui vu l’absence de batteur ?
Aujourd’hui, pour le Up In Smoke, nous allons faire un show de quarante-cinq minutes très spécial. La première partie sera consacrée à un medley de « First Communion » que nous ferons avec un batteur : Flo du groupe No Mute, un groupe de la région (vu l’an passé au même festival). Le dernier titre : « I’m The Mountain » sera joué avec le batteur des Français de Space Fisters, Léo, dont le groupe jouera demain ici. C’était fou car nous avons répété avec un type la nuit dernière et avec l’autre ce matin. C’est vraiment fou et tout ce qui nous arrive sur cette tournée l’est aussi. Nous avons été pénalisés à l’aéroport car nous avions oublié certains documents relatifs au merchandising et nous avons dû payer une amende de six-cent euros. C’est clairement le début de tournée le plus fou que nous ayons eu jusqu’ici.
Votre dernière tournée s’est terminée il y a à peine quinze jours. Comment était-ce de tourner avec Greenleaf ?
Ce sont des types vraiment sympathiques et simples. Ils sont très ouverts et Arvid m’a carrément tiré sur scène pour que nous chantions une partie en duo lors du premier show. Nous avons fait ceci sur toutes les dates ce qui était super sympathique. Ce n’était au final pas une tournée où deux groupes tournaient ensemble en étant chacun confiné dans sa loge. Nous avons plaisanté et chacun des groupes à assisté à la prestation de l’autre. Ils ont fait de nouveaux titres car ils sortent bientôt leur prochain album. Je fais de la promotion pour eux : il sortira en février prochain sur Napalm Records et ils ont réalisé la vidéo du premier single « A Million Fireflies » qu’ils ont joué sur cette tournée. Je vous préviens : c’est leur meilleur titre, catchy, bien foutu avec une ligne vocale que l’on retient d’entrée, du genre tu l’entends la première fois et la deuxième fois tu la chantes avec le chanteur. La dernière soirée de la tournée a été très agitée pour notre batteur et leur chanteur qui ont fait la fête ensemble et le lendemain il y a eu cette histoire de rechercher le sac disparu qui contenait le passeport. Ce sont des Scandinaves et nous des Ukrainiens : nous avons une relation spéciale avec l’alcool. Je ne suis perso pas trop dans ce trip.
Comme tu le disais, vous avez trois festivals sur cette tournée : le Up In Smoke aujourd’hui, le Stoned From The Underground et le Desertfest Belgium avec des sets limités au niveau du temps. Comment avez-vous sélectionné les titres que vous y interpréterez ?
Nous venons de terminer une tournée sur laquelle nous avons mis à l’honneur notre album « First Communion » sorti il y a cinq ans. Nous l’avons fait en entier ou presque. Nous continuons avec quelques coupures opérées dedans et en y ajoutant des titres qui plaisent à notre public comme « I’m The Mountain » ou d’autres. Certains se plaignent de l’absence de certains titres, mais nous ne sommes pas un groupe de karaoké ; ce n’est pas ainsi que nous considérons les choses. Nous ne faisons pas non plus nos plans les plus doom et nous n’allons certainement pas refaire le répertoire de « First Communion » durant les cinq ans à venir quand il aura dix ans nous nous y remettrons. Je demande aux fans d’apprécier cette approche.
Et toi, en tant que fan, quels sont les groupes que tu veux voir ici ?
J’adorerai voir les Melvins que j’ai vus au Hellfest, mais ils jouent demain. Aujourd’hui le line up est très robuste et il y a beaucoup de groupes que je n’ai jamais vu sur scène. J’aimerais découvrir des groupes, même si je connais les Australiens de Child, par exemple, dont j’ai écouté les productions.
Vous êtes originaires d’Ukraine, comment est la scène stoner là-bas ?
Il y a de nombreuses initiatives underground actuellement. Tout a commencé il y a environ cinq ans où nous avions notre batteur impliqué dans deux formations qui n’étaient pas toutes dans le style doom. Notre batteur faisait du brutal death metal et c’était très compliqué alors. Actuellement les choses éclosent et il y a des groupes que j’aime beaucoup comme 5R6 qui pratiquent un style entre Alice In Chains et Tool ; ce sont des types très cools et de très bons musiciens. Il y a aussi Somali Yacht Club qui sera au Desertfest Berlin de l’année prochaine. Nous sommes très fiers d’eux et les considérons comme nos petits frères ; nous les aimons beaucoup et j’espère que nous allons collaborer à l’avenir. Il y a une foule d’autres groupes comme dans beaucoup de pays avec quatre-vingt pourcent d’entre eux qui ne sont pas si bons que ça et se contentent d’être des repompeurs, mais vingt pourcent méritent le détour. Nous avons l’équipe du label Robustfellow qui sont responsables de tout ce style. Ils proposent la compilation « Electric Funeral Cafe » en téléchargement gratuit qui permet de se faire une idée de notre scène. Nous sommes sur Moon Records qui sont un peu une major en Ukraine et où nous sommes parmi une multitude d’autres formations d’horizons multiples ; c’est un peu une consécration pour l’underground stoner.
Comment expliques-tu le succès de « The Harvest » ?
Je suis certain que le succès de cet album est la conséquence du succès de nos albums précédents. Nous jouons des titres plus récents sur scène, mais les gens sont restés sur nos albums précédents ; celui-ci ne parle pas vraiment à tous nos fans. En tous cas pas autant que ceux d’avant car nous avons opéré des changement en ce qui concerne le son et notre manière de jouer, d’écrire et de tout. Les gens n’étaient pas prêts à ceci je crois. Je pense que le travail a été bien fait et suis content des collaborations avec notre manager et les gens en charge du son. Nous pouvons désormais nous produire dans des festivals de grande envergure en Ukraine. Nous sommes à la télé, nous avons des vidéos qui passent à la télé et participons à des talkshows. C’est marrant ce côté “ce sont des stars, ils jouent en Europe”. Nous sommes maintenant coincés sur certains festivals entre des groupes que nous écoutions gamins. Ils sont désormais vieux et écoutent ce que nous faisons ; c’est amusant quand un type que tu voyais à la télévision il y a une quinzaine d’années vient te dire qu’il aime ce que tu fais.
Tu parles de collaborations, comment s’est passée celle qui vous voit travailler avec la structure française Purple Sage pour votre promotion ?
Ça se passe monstre bien avec elle. Elle connaît très bien son boulot, sait ce qu’il faut faire ou ne pas faire. J’ai eu un peu d’intérêt pour le marketing et Claire fait un très bon boulot. Elle propose des choses et nous en discutons pour faire au mieux pour propager notre musique. J’aime travailler avec elle et espère pouvoir continuer à le faire.
Une question stupide à propos du nom de ton groupe : vous avez le nom le plus cool de la planète. Comment l’avez-vous trouvé ?
C’est la question à laquelle j’aime répondre de manière amusante car je suis vraiment fatigué d’y répondre. Mais ce n’est pas un problème, je vais te dire quand-même comment les choses se sont passées. Cela a commencé en 2008 ou 2009, j’avais des morceaux et n’avais pas vraiment réfléchi au nom du groupe. Je les ai fait écouter à des types autour de moi qui les ont trouvés vraiment cools et ils m’ont demandé comment j’avais appelé le groupe, ce à quoi j’ai répondu que jamais je n’y avais pensé. Alors, comme je voulais uploader les démos, j’étais devant mon ordinateur et me suis dit : « Stoned Jesus From Out Of Space ». Le premier nom était Stoned Jesus From Out Of Space. Des copains m’ont dit que si je voulais être pris au sérieux, je devais virer « From Out Of Space » parce que c’était trop du genre « Stoner Kebab » [remarque de moi-même : un groupe italien intéressant porte réellement ce nom !]. J’aime bien les commentaires sur Youtube qui disent : « Je suis venu pour le nom et resté pour la musique ». Les gens pensent que nous sommes peut-être des gens stupides avec un nom comme ça puis viennent vers notre son qui n’est pas à l’image de ce nom.
Aucune relation avec la religion ? Même avec des titres comme « Black Church » sur votre dernier opus ?
Non, rien du tout à voir avec la religion et les titres de nos morceaux citant des liens religieux sont des métaphores. Celui que tu as cité est une métaphore pour la sortie de quelque chose qui peut être la drogue, la vie de couple voire même la musique ou la religion ; c’est un abri que tu dois quitter comme les réfugiés le font. Je n’ai jamais approché la religion comme des groupes du genre Ghost qui la ressassent en continu. Je leur laisse faire ceci et me concentre sur autre chose.
Une dernière question : la dernière partie de la tournée sera terminée à la fin du mois d’octobre…
Nous terminons au Desertfest Belgium et avec notre batteur qui ne peut pas quitter l’Ukraine, nous allons faire des shows chez nous principalement dès novembre. La chose la plus excitante c’est qu’en novembre et décembre nous allons bosser sur du nouveau matériel et, pour être honnête, la plupart des titres de « The Harvest » ont été écrits il y a quatre ans voire trois pour les plus récents. Bien sûr que nous avons bossé dessus, mais ce n’était pas du nouveau matériel. Nous avons un nouveau batteur et désirons expérimenter des choses nouvelles. Je suis le principal contributeur à l’écriture et j’ai déjà plein d’idées et de choses prêtes pour aller de l’avant avec les autres sans qui je ne peux pas avancer. Nous écrirons, répéterons et probablement que l’an prochain nous enregistrons un EP. J’espère qu’en 2017 nous sortirons notre prochain album.
Merci !
Merci à toi !
Publié par Chris Nombreux sont les fans de la formation suédoise au sein de la communauté stoner francophone et l’équipe de Desert-Rock ne déroge pas à cette règle. Lors de l’arrêt en douceur du groupe, nous avions pensé à une absence de courte durée laquelle s’est malheureusement prolongée jusqu’au printemps 2013, période à laquelle Dozer a réintégré le circuit lors des éditions anglaises et allemandes du Desertfest. Une partie de l’équipe a pu constater de visu que le groupe n’avait rien perdu de son mordant à l’occasion de la manifestation berlinoise qui voyait aussi Lowrider – une autre légende scandinave ayant figuré sur la bande-son de nos vies – effectuer son comeback après une longue absence. C’est avec Tommi Holappa, le booster de ces retrouvailles et l’animateur de Greenleaf, que nous avons échangé au sujet du groupe, de son actualité ainsi que de ces projets. Toujours aussi aimable et sympathique, le guitariste nous en a dit un peu plus sur ce retour aux affaires en douzeur.
Vous avez cessé de vous produire en tant que groupe en 2009…
…Effectivement nous avons effectué notre dernier show en 2009. Nous n’avons effectué qu’une poignée de concerts en 2009 peut-être quelque chose comme sept. La dernière véritable tournée pour Dozer a eu lieu en 2008. Cela faisait plus de trois ans que le dernier show avait eu lieu avant que nous ne nous produisions au Desertfest de Berlin en 2013.
Mais pourquoi un tel break ?
Il y a plusieurs raisons, mais la principale était que notre chanteur – Fredrik – voulait étudier. Il désirait retourner à ses études qu’il avait interrompues ; il avait trop souvent stoppé son cursus parce que nous partions en tournée. Il se disait à l’époque que les études n’avaient que peu d’importance et qu’il préférait partir en tournée avec le groupe. Il a eu ensuite le désir d’approcher les choses plus en douceur avec le groupe et de terminer son parcours scolaire. Plus tard il a aussi fait des enfants. Il a deux enfants maintenant. C’est cool aussi : le travail et les enfants.
Et qu’a-t-il fait pour terminer sa scolarité ?
Il est ingénieur sur machine désormais.
Et qu’ont fait les autres membres de Dozer pour se tenir occupés pendant ce temps ?
Olle, notre batteur, a joué avec Greenleaf avec moi et Johan, notre bassiste, a aussi rejoint Greenleaf à la guitare. Nous étions en fait presque Dozer, mais avec des chanteurs différents. Mais ils ont fini par cesser leurs activités dans Greenleaf et je suis le seul à être resté dans ce groupe parce que ça prend beaucoup de temps. Olle a fini par déménager dans une autre ville et il s’est aussi remis aux études pour devenir prof de musique [ndlr : et là, nous disons qu’il y en a qui ont de la chance parmi la jeunesse suédoise !]. Tout le monde continue sa vie et finit par trouver un vrai boulot.
Et toi aussi avec tes groupes !
Pour le moment, ce n’est que pour le plaisir. J’aimerai bien en vivre, mais c’est très difficile parce que tu dois être en tournée tout le temps pour gagner un peu d’argent. J’aimerai bien jouer plus encore, mais je crois qu’il faut aussi essayer d’avoir un job.
Mais tu tournes et a beaucoup tourné. Nous t’avons vu une dizaine de fois juste en Suisse romande.
Avec Dozer bien sûr ; durant deux ans disons à partir de 2002… En fait oui : nous avons beaucoup tourné.
Maintenant que Fredrik a son diplôme, peut-on parler de la renaissance de Dozer ?
Un petit peu… Je ne sais pas combien de shows nous allons faire. Nous avons déjà fait les Desertfest l’an dernier parce que le temps était venu de nous réunir pour faire de la musique. Chacun d’entre nous avait le feeling que nous pourrions à nouveau jouer et quand Sound Of Liberation [ndlr : la sympathique équipe en charge, parmi des millions d’autres choses, de l’organisation du Desertfest de Berlin, de l’Up In Smoke, etc.] m’a contacté pour me dire que ce serait cool que Dozer se rende au Desertfest, je me suis dit qu’effectivement ce serait sympa. Cela ne nous a pas pris longtemps pour retrouver nos marques et y prendre du plaisir. Ensuite Londres est aussi venu, mais c’était presque tout au rayon Dozer pour l’année 2013. D’ailleurs, il n’y avait pas de réelle velléité d’en faire plus pour ce redémarrage.
Beaucoup de choses ont donc bougé concernant les membres du groupe. Comment décrirais tu, l’atmosphère qui règne au sein du groupe, en terme d’implication de chacun ?
Ce que je peux dire c’est que l’on s’entend super bien et que l’on a tous envie de faire des concerts, mais pas de longues tournées. Tu sais, Fredrik a deux enfants et un métier à côté, Johan a aussi deux enfants… Donc on peut facilement partir en tournée pour plusieurs jours, une semaine d’affilée sans problème, mais pas forcément plus. Et pour l’heure, il semble que ça soit la configuration dans laquelle va évoluer Dozer. Mais c’est mieux que rien ! Et on s’éclate toujours autant ensemble à le faire.
En 2014, vous ne jouez qu’une petite poignée de concerts, es-tu satisfait de cette situation ?
En ce moment je peux te dire qu’on est extrêmement satisfaits, car on joue au Hellfest ! Certes on souhaitait faire un ou deux festivals, mais que le Hellfest figure dedans, c’est super. Je pense que c’est la première fois que nous jouons devant un public aussi nombreux… Je pense qu’on a joué devant 3 à 4000 personnes, je ne sais pas combien contient la tente ici, tu le sais ?
Non, aucune idée, surtout qu’elle déborde largement cette année…
Super ! Et en plus les gens qui sont là ont vraiment l’air d’aimer cette musique, tandis que les autres festivals que l’on a joués avaient un public plus “curieux”, qui parfois ne faisait que picorer des groupes ici ou là. Dans tous les cas, pour résumer, cette année nous avons fait un concert à Londres, le Hellfest, et nous avons deux concerts encore prévus d’ici la fin de l’année : le Up In Smoke, puis un show chez nous en Suéde, et ce sera tout a priori.
Et qu’en est-il de l’avenir ?
Je pense que nous ferons une poignée de concerts, une demi douzaine probablement au maximum. En revanche, je peux t’annoncer que nous avons pour projet d’enregistrer quelque chose l’an prochain.
Super, peux-tu nous dire de quoi il s’agira et quand on pourra l’écouter ?
Et bien ça sera l’an prochain, puisque nous célèbrerons les vingt ans de Dozer ! On ne peut pas se satisfaire d’une poignée de concerts et ne rien sortir, donc on sortira sans doute un EP ou quelque chose comme ça.
Avez-vous déjà des compos prêtes ?
On a quelques idées, mais pas des chansons complètes non. Des idées assez mûres, dont on se dit qu’elles méritent d’être essayées. Mais on va commencer à travailler dessus dès cet été, on verra bien. Et puis qui sait, si l’inspiration est au rendez-vous, on pourrait composer plus de titres, et il pourrait finalement s’agir d’un album complet, qui sait ? Il ne faut pas se faire trop d’illusions non plus, mais on sait jamais ![rires] Non c’est trop tôt pour le dire. On vise a minima un EP, c’est notre but à l’heure actuelle.
L’an dernier vous avez sorti un EP, “Vultures”, qui contient des compos de différentes périodes de votre carrière, mais qui n’ont pas été retenues sur les albums que vous avez sortis à l’époque. Pourquoi n’avoir pas sorti ce EP en format physique, mais uniquement en téléchargement ?
On ne voulait pas vraiment y impliquer une maison de disques, on voulait juste le sortir nous-mêmes. Je pense que si nous avions eu un peu de budget pour ça, à la limite nous aurions sorti un vinyl par exemple, pour avoir un bel objet. Mais fondamentalement, on voulait surtout que les gens aient l’opportunité d’écouter ces titres. Ce n’était pas des morceaux moins bons que ceux qui ont fini sur l’album, c’étaient essentiellement des chansons qui n’étaient pas complètement terminées, en termes de production notamment. On trouvait juste dommage que les gens n’aient pas la possibilité de les entendre, donc on les a sorties en format digital.
Et quels retours en avez-vous eu ?
Excellent ! Le simple fait que les gens aient accès à de nouveaux titres qu’ils n’avaient pas entendu jusqu’ici, ça leur a fait très plaisir, et c’était notre but premier.
Et à propos d’un album live ? Exercice que vous n’avez jamais effectué.
Ils ont enregistré le live du Desertfest à Londres et nous verrons bien si quelque chose sortira un jour vu que Unida et Lowrider ont aussi été enregistrés.
Quand vous avez disparu de la circulation, nous n’avons plus non plus eu de nouvelles de votre ancien label Molten Universe qu’en-est-il ?
Ils ne font plus rien du tout. Martin – l’animateur du label – est aussi retourné à l’école [rires] et il vit désormais à Berlin.
Quels sont tes prochains projets personnels à toi ?
Greenleaf !
Parlons-en alors : il semble que Greenleaf apparaisse désormais comme un vrai groupe, et non plus un projet, plus actif que Dozer depuis un ou deux ans au moins…
Oui, lorsque Dozer ne fait pas grand chose, alors j’ai plus de temps pour Greenleaf, c’est comme ça que ça a toujours marché, et comme tu l’as observé, ces temps-ci l’équilibre s’est reporté plutôt du côté de Greenleaf. On a sorti le dernier album récemment, on a un peu tourné… Et je peux même te dire qu’on a déjà des compos pour le prochain album ! On envisage de sortir un nouveau disque peut-être fin 2015. On est vraiment sur une excellente dynamique. La tournée s’est super bien passée, on s’entend bien. On aborde vraiment les choses lentement mais sûrement, et ça semble fonctionner, on voit que les gens viennent de plus en plus nombreux aux concerts, par exemple…
Est-ce la première fois que tu pouvais partir sur une vraie tournée avec Greenleaf ?
C’est la deuxième uniquement, nous l’avions fait sur deux ou trois semaines il y a environ deux ans, avec Brain Police, Mirror Queen et The Graviators. Et l’an dernier on a fait une poignée de concerts histoire de voir si ça le faisait avec notre nouveau chanteur.
Et apparemment ça l’a fait. Du coup, penses-tu que le line-up actuel est stable et pérenne ?
A l’heure actuelle oui, je le pense. On s’éclate ensemble, a priori chacun a des disponibilités similaires pour s’investir dans le groupe, c’est une situation idéale.
Les deux groupes vont jouer au Up In Smoke cette année… Est-ce la première fois que tu assures deux sets le même jour ?
Oui, c’est la première fois ! Je viens de dire à Matte, de Sound of Liberation : “Laisse-moi au moins une heure entre les deux shows, c’est tout ce que je demande, je pense que je peux le faire à cette condition !” [rires] Mais je pense que ça va le faire, ça va être fun. Et si ça fonctionne bien, peut-être que ça sera une chose que l’on pourra refaire d’autres fois, sur d’autres festivals par exemple.
Et Dozer sera plus haut sur l’affiche que Greenleaf ?
Oui, quand même, Dozer reste bien plus connu, Greenleaf est vraiment en train de construire son début de carrière en quelque sorte, et tranquillement on va gagner en notoriété…
Chris & Laurent
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