Highlight – Back Again

Highlight - Back Again

Highlight a été fondé en 2001 à Marseille par des ex-membres de Flavor, Serpico ainsi que d’Unsound et, malgré sa jeunesse, ce groupe a déjà fait l’objet de chroniques élogieuses autant dans la presse écrite que sur les sites online spécialisés dans le stoner que sont Daredevil et Stonerrock.com entre autres. Cette déjà deuxième demo qui comporte cinq titres est, je le confirme, excellente en bien des points. ‘Who Am I’ et ‘Just Like A Match’ groovent terriblement dans un registre voisin de Kyuss ou des Queens Of The Stone Age (en ce qui concerne la rythmique surtout) ; quand bien même la voix évolue par moment dans un style trop proche des vocalises de Bono qui ne me séduit pas trop. ‘New Century’ et ‘3507’ sont des morceaux qui aurait typiquement pu se retrouver sur une des mythiques Desert Session chacun dans un style différent. Et comme tout à une fin, celle-ci se nomme ‘Sweet Row’ et elle me rappelle tour à tour Orquesta Del Desierto et Chris Cornell. Vivement la suite !

Roadsaw – Rawk N’Roll

Roadsaw - Rawk N Roll

Faire moins original que ça en ce qui concerne une pochette de CD (une photo des quatre lascars) et un titre d’album n’est pas chose aisée, on pouvait donc s’attendre à une galette un peu insipide. A bas les a priori, ce disque est excellent. Malheureusement, un simple descriptif de son contenu ne vas pas inciter grand monde à y jeter une oreille, et c’est bien regrettable. Alors oui, ce que vous y trouverez, ben c’est aussi le titre du CD : du bon gros Rock N’ Roll, du heavy, du plombé , du qui tâche, du avec des grosses guitares qui font bobo derrière la nuque et du avec des gros amplis Marshal trop vieux. Une sorte de gros mélange bâtard (et, donc, réussi) entre Lynyrd Skynyrd, C.O.C., Motörhead, le MC5 et une pointe de stoner pour relever le tout. Bref, ça balance, pas de quartier, droit à l’essentiel : Roadsaw ne fait pas dans la dentelle, et le fait remarquablement bien (ça joue bien, ça sait comment faire ‘tourner’ un riff), c’est trop rare et trop bon pour passer à coté.

Vibratore Bizarro – Sex Hundred & Sexty Sex

Vibratore Bizarro - Sex Hundred and Sexty Sex

Après une démo parue en décembre 2000, dont les trois titres sont présents comme bonus sur la présente production, le quatuor hellène s’est enfermé au Sierra Studios pour graver 8 nouveaux titres dans une veine assez semblable mais nettement plus matures.
Tirant son nom d’un porno italien ce groupe d’Athènes est composé de trois membres de Jesus Toy qui ont décidé de prendre une voie plus groovie et psychédélique que leur formation d’origine. Puisant son inspiration dans le heavy rock’n’roll pugnace et baveux, le groupe aligne des morceaux concis et burnés à l’exception de ‘Hope’ sorte de ballade toute en lourdeur frisant le doom par moments. Puisqu’il faut bien comparer, je dirai que ce groupe me rappelle tour à tour The Glasspack ou Orange Goblin (avec qui ils ont tourné), Hermano pour le côté rock’n’roll, Dozer pour l’aspect incisif et Goatsnake pour la touche vrombissante.
Au niveau rythmique : la batterie, un peu en arrière, est simple et efficace, la basse, bien en avant, donne un rendu bien live au tout ce qui est assez appréciable par les temps qui courent vu le nombre de formations qui nous livrent des produits proprets presque aseptisés. Pour ce qui est des guitares, elles sont saturées et ont un groove empreint de la marque de Black Sabbath ; quelques soli viennent étoffer certaines compos parfois à la limite des plans pompiers. Les voix sont dans un registre agressif et se posent parfaitement sur cette trame sobre et efficace en diable.
Bien qu’il ne révolutionne pas le style, cet album est un agréablement moment de rock’n’roll couillu comme je les aime. Vous pouvez sans autres vous rendre sur le site du groupe pour écouter ‘Supercharger’, morceau à l’image de la production dont il est tiré.

Dead Meadow – Got live if you want it

Dead Meadow - Got live if you want it

Les captations live sont à mon goût souvent de bien faible qualité. Hormis No sleep’til Hammersmith de Motörhead et It’s alive des Ramones, peu d’entre elles trouvent grâce à mes oreilles. Il faudra désormais compter avec ce live de Dead Meadow. Reprenant avec une honnêteté désarmante cinq titres de leur sublime premier album, deux titres du second, en plus du tout nouveau « Good moanin’ », voilà un disque d’une épaisseur totalement humaine. Absolument rien n’y est overdubé. Pas même que le groupe se produit devant un parterre très réduit si l’on en juge par les applaudissements peu nourris (mais enthousiastes) ponctuant chaque morceau. Ceux qui apprécient les enregistrements sonnant vrai, auront de quoi jubiler. Poser ce disque dans sa platine revient à convoquer le groupe dans son salon. Expérience saisissante. Un ouvrage d’artisans en orfèvrerie, d’où se dégage une douce chaleur sur fond de mélancolie, transcendée par l’utilisation intempestive d’une wha-wha et d’une distorsion hallucinante encadrées par une réverbération naturelle. A n’en point douter, les trois membres de Dead Meadow constituent, ni plus ni moins, l’incarnation la plus aboutie et annonciatrice d’un renouveau psychédélique.

Five Horse Johnson – The Last Men On Earth

Five Horse Johnson - The Last Men On Earth

Et le boogie dans tout ça ? Il se porte bien. Merci pour lui. Comment pourrait-il en être autrement à la lumière de ce quatrième album de Five Horse Johnson ? Le groupe continue son bonhomme de chemin avec un enthousiasme des plus réjouissant. Au vu des illustrations de la pochette, il ne semble pas prêt d’y mettre un terme. En effet, on y voit que les derniers hommes sur Terre ce sont eux. Et manifestement ils entendent le rester. On les voit donc prendre leurs jambes à leur cou lorsque s’avance vers eux le spectre de la vie conjugale symbolisé par une fille en robe de mariée. Comme on les comprend. Le boogie hard rock est une musique de et pour des libertins hédonistes. Une musique taillée pour la route. Dynamique. Five Horse Johnson est actuellement le leader incontesté du genre. La formation évolue dans le périmètre des conventions qui lui sont propres. A la manière d’un ZZ Top, d’un Canned Heat ou encore d’un R.L. Burnside (B.C Approved) mais avec un son plus dur, plus épais et plus gras que ces derniers. Comparativement aux albums précédents, l’harmonica se fait plus discret au profit de la guitare qui, lorsqu’elle délaisse le slide, se laisse aller à quelques solos bien sentis. L’ensemble est tout bonnement jouissif. Typiquement le genre de disque qu’on a du mal à retirer de sa platine.

Electric Wizard – Let Us Prey

Electric Wizard - Let Us Prey

Il n’y a même pas à hésiter. D’une pichenette, Electric Wizard écrase tout combo prétendument doomesque, d’un riff ils aplatissent toute velléité de concurrence sur un domaine qu’ils n’ont pas créé mais dont ils sont devenus les maîtres incontestés. Aimer le doom aujourd’hui et contester la suprématie d’Electric Wizard sur le genre, c’est ne pas reconnaître l’évolution d’un groupe qui, pour chacun de ses albums, a posé un jalon supplémentaire, et fait évoluer le genre. Attention cependant, fans exclusifs de glam ou autres ‘true metal’, vous aurez sans doute du mal à supporter cette musique, faite essentiellement de basses ronflantes et sourdes, de rythmiques éléphantesques, le tout ne servant qu’à mettre en valeur le Sacro-saint riff. Le plus incroyable, c’est que le genre se mord la queue sans cesse. Et à chaque fois, le Sorcier Electrique déboule avec ses tonnes d’expérimentations jubilatoires, ces riffs en plaqué or, et met tout le monde d’accord en rendant à nouveau le genre excitant : par exemple, ce ‘We, the undead’ incroyable dont les vocaux ne sont composés que de hurlements frénétiques, le classieux ‘The outsider’ et son riff lancinant, ou encore ‘Night of the ghape’ et son piano en fond. Très, très impressionnant. Une véritable expérience en tout cas.

Fu Manchu – In Search Of…

Fu Manchu - In Search Of...

Septembre 1995, quelque part en Californie.
Bon les gars, on fait quoi ?
Comment ça on fait quoi, on va enregistrer un album !
Oui mais je le sens pas, on peut pas attendre d’avoir un peu plus travaillé les compos ?
Eddie, tu as bien quelques bons riffs à nous filer, on fera du remplissage s’il le faut.
Hein quoi ? Putain si c’est comme ça c’est le dernier album qu’on va faire ensemble les gars ! On va encore nous surnommer la machine à riff.
Et c’est pas bien ça ?

In Search Of… n’est pas un mauvais album, non. Mais ce n’est pas non plus un bon album. Bref, c’est une véritable déception qui alterne le très bon et le décevant. Pourtant, Fu Manchu est un groupe au potentiel énorme, j’en suis certain. Cet album, bien que d’un niveau globalement moyen renferme quelques pépites d’or pur. Strato-Streak par exemple ; riff, solo et rythme assez lourd, changement de rythme et passage instrumental de fou, ce titre est génial. Pourquoi Fu Manchu n’est pas capable d’enchaîner les titres de ce niveau ?
Cela reste un mystère mais je reste persuadé que la quasi-totalité des morceaux de cet album, avec un peu plus de travail, auraient pu devenir autant de bijoux intemporels. Asphalt Risin’ casse la baraque aussi avec un chant doublé d’enfer et bien entendu la marque de fabrique du groupe, le riff et le solo qui fait du bien.
Mais à côté de cela, on a parfois l’impression que le groupe tourne en rond. Le schéma est toujours le même et on n’est pas surpris. Sans même connaître les chansons, on peut déjà deviner à quels moments un riff va surgir.
Bon les gars, pour le coup votre album je vais pas l’encenser mais loin de moi l’idée de l’enfoncer. Y’a du très bon dans chacun des titres et c’est bien dommage de se retrouver déçu vous croyez pas ?

Achetez le quand même pour Strato-Streak, yeah !!!

The Awesome Machine – Under The Influence

Awesome Machine (The) - Under The Influence

Quel incroyable effet de surprise que l’écoute de cet album ! Et pourtant, la bien nommée Machine extraordinaire avait sorti un premier album incroyable de maîtrise et de maturité il y a deux ans ; mais il ne s’agissait manifestement que d’un galop d’essai pour les Suédois, car c’est bien avec cette nouvelle rondelle qu’ils atteignent le sommet de leur art ! Leur art, justement, c’est cette faculté à composer des chansons à la pelle, toutes aussi bien gaulées les unes que les autres, dans des genres différents, et ce sans jamais perdre cette homogénéité qui fait de leur album une sorte de ‘pavé’ bien dense qu’on se ramasse en pleine gueule. Entamant les hostilités avec ‘Tomorrow’ (un brûlot qui mérite sans doute à lui seul l’achat de l’album), ils passent ensuite à des morceaux plus calmes (tout est relatif), voire ‘ambiancés’ et mélodieux comme par exemple l’épique ‘Emotion Water’. Pourtant, malgré la variété des compos, jamais on ne se laisse prendre par le moindre faux-rythme, TAM revenant vite à l’assaut avec les déflagrations de ‘One’, ‘Desire’ (quel batteur, mes aïeux), et le doublet qui clôt l’album, ‘Reincarnation’ (que vous chanterez, hurlerez plutôt, sous la douche après une seule écoute !) et ‘God Damn Evil’. Alors difficile d’isoler un genre type, car même s’ils sont généralement affiliés au stoner, nos quatre Suédois ont bien plus à offrir que ça. Bref, quel que soit votre genre de prédilection, vous trouverez forcément votre bonheur dans cet album, et vous n’aurez pas à chercher longtemps !

Electric Wizard – Witchcult Today

Electric Wizard - Witchcult Today

Presque 4 ans d’absence pour le sorcier, le temps de se remettre du pseudo échec de ‘We Live’ (d’ailleurs seul absent dans ces colonnes, ce qui n’est pas plus mal d’ailleurs). Jus Oborn a fait le mort depuis fin 2005, après les multiples annonces de dvds et autres enregistrements d’album, avortés depuis. Et voilà qu’en Juin 2007 cela tombe, le nouvel album est en route, et cela sera occulte et rituel.

Grand amateur de films d’horreurs et d’épouvantes des années 60 à 80, Oborn a décidé de s’en inspirer pour en écrire la bande son. Ce qui nous donne un album fluide en comparaison avec le précédent très haché, où sont célébrés des films marquant comme The Dunwhich Horror, The Satanic Rites of Dracula (surnommé ici Drugula, les paroles racontant les trips sanguinaires du comte immortalisé par le grand Christopher Lee) ou même des auteurs Français comme Jean Rollin ou Serge Gainsbourg. Transpirant littéralement les décennies 60’s et 70’s, aidés en cela par les photos érotiques grand-guignolesques du livret tirés de manuels de ‘bitchcraft’ ayant eu leur succès en cette période et une production vintage enregistrée sur du matos d’époque (le fameux studio londonien Toe rag), difficile de ne pas succomber à l’atmosphère séductrice et même has been de ce nouvel album.

Musicalement, on reste en terrain balisé, EW reste EW, Oborn en ayant toujours été le leader et compositeur principal. La puissance sonique de Let us prey rencontre le côté mélodique de Come my fanatics et certaines réminiscences de Dopethrone pointent leur nez à plusieurs occasions, on ne pouvait rêver mieux pour satisfaire tout le monde. Très portés sur les ambiances, le sorcier s’offre même un morceau épique en hommage à The Goblin, Death SS ou encore Coven où l’orgue et le sitar contribue à créer une atmosphère suffocante pour un rituel satanique tout à fait réussi.

Tour à tour surprenant ou prévisible, ce nouvel album n’en était pas moins attendu et plus de 3 années de silence ne furent pas de trop tant il se replace dans la continuité des précédentes œuvres du groupe anglais, dans ce style épuré où seuls priment les riffs et l’ambiance sépulcrale d’un doom racé.

Year Of No Light – Ausserwelt

Year Of No Light - Ausserwelt

Je ne pensais pas être amené à parler de ce groupe dans les pages de Desert-Rock, et pourtant, leur dernier album mérite une attention particulière. On connaissait ce combo bordelais hors du commun dans un registre post-hardcore un peu froid et difficilement accessible. Mais même si bon nombre de stoner addicts (généralement des gens de bons goûts) apprécient des groupes comme Pelican ou Isis, on était quand même loin avec leur musique des contrées chaudes et désertiques (plus proche du froid et de l’austérité nordiques…). Mais la dernière galette de YONL pourrait bien plaire à quelques fans de stoner.

On retrouve donc le combo frenchie avec ce lugubre “Ausserwelt” sous le bras, un album de 4 morceaux (pour 50 minutes en tout, quand même), 100% instrumental. Ce disque vous plongera dans des ambiances noirâtres, glauques, angoissantes, avec un talent certain. Là où il entrait auparavant en compétition “musicale” avec des groupes plus gros que lui, YONL explore aujourd’hui avec “Ausserwelt” un penchant de sa personnalité musicale inédit, et lui ouvre des portes aux perspectives plus excitantes. Les mélomanes se délecteront de passages de gros doom “moderne”, bercé de séquences aux limites du drone, le tout porté par des déluges graveleux de guitares et de basse aux tendances sludge. On ne s’attendait pas à ça de la part de ce groupe ! Le tout s’écoute comme une lancinante et oppressante bande originale de film, de celles que vous pouvez passer en boucle sans vous lasser, qui vous emmènent dans des contrées aériennes au détour d’un break lumineux, puis vous ramènent dans les profondeurs en deux accords de grattes telluriques. Une musique d’ambiance(s), en quelque sorte.

Vous l’aurez compris, si vous arrivez à dompter ce disque exigeant, vous prendrez un grand plaisir à le laisser tourner pendant des heures sur votre platine CD. Les amateurs de stoner ou hard rock plus “traditionnel” pourront en revanche passer leur chemin.

Monster Magnet – God Says No

Monster Magnet - God Says No

Voici enfin la nouvelle galette de Dave Wyndorf et ses sbires. Une première écoute, et immédiatement on sait à quoi on a affaire: l’Aimant Monstrueux s’est créé un genre musical sur mesure, et ce n’est pas avec cet album qu’il s’en détache. On pouvait les affubler il y a 5 ans de l’étiquette de groupe stoner, mais de ce genre musical, ils n’ont guère gardé que l’état d’esprit ; leur musique est désormais plus “construite”, leur son est énorme mais clair, et la voix de Wyndorf surnage clairement au dessus de l’ensemble comme un élément caractéristique de leur style. Rajoutez à ça une paire de guitaristes pas manchots, capables de se lancer dans quelques soli sympathiques, une rythmique efficace, et vous aurez en gros les composantes de Monster Magnet. Maintenant, pour se démarquer de la “masse”, reste au groupe un élément spécial : des chansons qui font mouche ! Ben oui, encore une fois sur cet album, aucune chanson ne se ressemble, différant qui par un effet sur la voix de Wyndorf, qui par une ligne de basse soutenant tout le morceau, qui par un clavier omniprésent, etc… Notons justement l’apport très réussi du clavier (par Wyndorf himself) sur certains morceaux (‘Kiss of the scorpion’), un peu moins sur d’autres (un effet “Bontempi” moyen sur ‘Take it’). Le reste c’est des morceaux plus rock les uns que les autres, et on ne saurait se lasser de ce genre de surenchère, n’est-ce pas ? Témoins les morceaux de bravoure que sont ‘Melt’, ‘Down in the jungle’, le monstrueux “Heads explose’ ou encore le bonus track ‘Silver future’. Bref, tout comme leur excellent prédécesseur ‘Powertrip’, ‘God says no’ s’impose très vite comme un excellent album de gros hard rock qui tâche, et surtout un de ceux dont on ne se lasse pas dès les premières écoutes.

A Thousand Knives Of Fire – The Last Train to Scornsville

A Thousand Knives Of Fire - The Last Train to Scornsville

Tandis que les Halfway To Gone se sont mis en mode sommeil pour quelques mois, Lee STuart, ne tenant plus en place, a saisi sa gratte et son pote Bob Pantella (batteur de Raging Slab et Monster Magnet, excusez du peu !) par le cou, et a monté un side project délicieux avec quelques invités triés sur le volet. Le résultat est graisseux comme un skeud de HTG, avec les relents boogiesants sudisto-rawkesques propres à leurs potes de Five Horse Johnson ou encore… Raging Slab !

Sous ce vernis glaireux comme on l’aime, on aurait en revanche apprécié un peu plus de “tension”, de cohésion de l’ensemble. On a le sentiment que les zicos sont là pour se faire plaisir, certes (et c’est communicatif), et ils explorent, ils explorent… peut-être un peu trop ! Ca démarre en trombe avec un rugissant “One Eyed Jack”, puis avec “Leeds County Devil”, totalement boogiesant, mélanges de Solarized et de Halfway To Gone. On passe par le très Slab-ien “Nothing’s left for free”, jusqu’au morceau-titre de l’album, excellemment heavy, somptueusement doté d’interventions d’harmonica brûlantes. Puis, subrepticement, le virage est pris pour une progression sludgesque, voire doomesque par moments sur les derniers titres. Le sommet du pachydermique est atteint avec le lancinant “Hold your nose”, qui, même s’il est parfois déchiré de leads chaleureux, évolue pataudement dans les basses fréquences. On pense alors à un mélange sournois de Bongzilla et de Down, un mix qui apparaît heureux, mais qui s’avère un peu trop déstabilisant.

A Thousand Knives Of Fire (ouf !) apparaît donc avec cette première galette comme un groupe intéressant, original, une sorte de groupe nordiste jouant de la musique sudiste un peu dans tous les sens. La démarche surprend ou séduit, mais ne laisse pas indifférent.

Black Nasa – Deuce

Black Nasa - Deuce

Ce disque est la deuxième production de ce génial trio stoner. Plutôt orientés heavy rock, les morceaux composant cette production sont assez basiques, l’ensemble fait assez penser à ce que pourrait donner un mélange de Brant Bjork, Dozer et Monster Magnet. D’obédience rock, le groupe n’omet pas d’inclure ça et là quelques éléments bluesy qui rendent cette production aérienne et jouissive. Il n’est pas question ici d’agression auditive, mais bel et bien d’un voyage hédoniste de trente-deux minutes auquel nous convie les membres de Black Nasa. Savante alchimie de guitares saturées par moments, puis acoustiques et légères quand la distorsion devient superflue, de rythmiques métronomiques ainsi que de vocaux placés uniquement là où ils sont nécessaires, ce disque est une réussite totale !

Electric Wizard – Dopethrone

Electric Wizard - Dopethrone

Ces anglais sont vraiment des cas à part. Alors qu’on pensait entrevoir une (très) légère tendance à rendre leur musique plus ‘accessible’ sur leur précédent opus, les voici revenir à leurs origines, et de fort belle manière. Effectivement, le Sorcier Electrique nous pond avec ‘Dopethrone’ l’un des albums ultimes de doom, tous groupes et nationalités confondus, et les voici du coup redevenir une référence. Pour les néophytes, le doom est souvent considéré, à tort ou à raison, comme un dérivé du stoner (alors qu’il l’a précédé chronologiquement), trouvant son origine dans les deux premiers albums de Black Sabbath essentiellement, puis joué par des groupes aussi variés que The Obsessed, St. Vitus, Sleep, et d’autres groupes très souvent anglais (allez comprendre). Lorsque Electric Wizard a débarqué, en poussant ce genre au paroxysme de l’expérimentation d’abord, puis en y alliant un sens de la mélodie et des sonorités inédites, on a crié au génie, et ils se sont vite retrouvés catapultés groupe mythique. Cet album assied donc leur réputation dans ce genre, il est vrai peut-être difficile d’accès aux esprits sectaires, mais qui recèle tant de plaisir une fois qu’on a fait l’effort nécessaire à l’appréhender correctement. Imaginez des chansons au tempo généralement assez lent, des guitares au son énorme, des vocaux obsédant parfois enfouis sous des tonnes d’effets, mais toujours le culte du riff qui marque au fer rouge, et du travail de composition et de structure alliant technique et efficacité, le tout sans jamais se défaire de somptueux passages instrumentaux, prétextes en concert à des solos improvisés du meilleur effet (c’est probablement sur ces passages que l’influence stoner se fait le plus ressentir). Bref, un excellent album dans l’absolu, et en tous les cas une référence du doom.

Alabama Thunderpussy / Halfway To Gone – Split CD

Alabama Thunderpussy / Halfway To Gone - Split CD

Deux titres chacun. Grand retour des Alabama Thunder Pussy qui bastonnent toujours aussi sévèrement. Montés sur leurs grands chevaux, la machine à riffer de Richmond est en marche. Deux titres qui tuent la mort. Ils renouent là avec ce qu’ils avaient donné de meilleur, à savoir « River City revival », leur second album. Ils croisent ici le fer avec Halfway To Gone qui nous vient du New Jersey et qui comprend d’anciens membres de Solarized. Très AC/Dciens dans l’esprit, ce groupe tient les titans d’ATP en respect. Rien à redire. Le combat est équilibré. Au final, on obtient un split de très bonne tenue. Vivement recommandé à tous les riff rockers de l’espace de Schengen.

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