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Une très bonne surprise que ce disque qui nous vient de l’Ohio. Tout d’abord parce qu’il est le fruit du travail d’un duo. Un mec qui s’occupe des guitares et un autre qui s’occupe de la batterie et du chant. Ce qui est extraordinaire avec les batteurs chanteurs, c’est qu’ils chantent souvent aussi remarquablement bien qu’ils manient les baguettes. Je pense à Standarte et à Seven Hate par exemple. Ce qui a pour effet de redoubler mon admiration pour ces personnalités hors du commun. Bref, Jeff Shirilla dispose d’un registre vocal irréprochable qui le rapproche de grungeurs comme Jerry Cantrel ex-Alice in Chains. Des lignes de chant variées et mélodiques qui se posent sur des rythmiques très heavy et quasi doom. La deuxième surprise est que ce disque a été enregistré sur un quatre pistes. Ouais ! Et qu’en plus, il a vraiment le son. Du travail d’orfèvre. On sent bien que ces deux mecs ont passé beaucoup de temps à concocter ce petit bijou qui leur a valu de signer sur Meteorcity pour un album à venir. J’aurais donc également deux types de réactions. De l’enthousiasme en premier lieu devant ce premier opus prometteur. De l’admiration ensuite pour ces huit titres particulièrement inventifs. Chapeaux bas.
Hey, surprise : “Volume 1” de StoneWall Noise orchestra est un excellent album de stoner. On est entre nous, on va pas tergiverser, hein ? Ce CD est une bonne surprise, un CD dont on se dit après l’avoir enfourné “ah, voilà pourquoi j’aime le stoner” ! Parce que bon, là aussi on va pas tourner autour du pot, c’est du stoner pur jus, du gros, du gras, du vrai, et c’est vraiment très très bien fait.
Bon, il n’y a rien de révolutionnaire là dedans, mais bon sang, que c’est bien gaulé ! Et puis pas la peine de se demander comment ce groupe de newbies déboule avec une première galette aussi aboutie et au style si affirmé et assumé : on trouve en fait des anciens membres de Greenleaf et de Demon Cleaner aux commandes ! Aux deux grattes, pour être exact… Donc oui, il y a des relents des 2 combos dans SWNO, en particulier les effluves 70’s des premiers, et les compos stoner parfaitement torchées du second. Comme si ce duo de gratteux décisifs ne suffisait pas à emballer l’hsitoire, un chanteur à la voix chaude et puissante finit d’assoir le son du combo.
Bref, on va pas en faire des tonnes : “Volume 1” n’est certainement pas l’album du siècle, et il ne propose pas vraiment quelque chose d’inédit, mais l’air de rien, il balance un échantillon de ce qui se fait de mieux dans le stoner européen, comme ça, sans forcer. Il devient du coup instantanément référentiel. Et il le vaut bien. Un excellent skeud.

La nouvelle formation originaire de Bâle – côté Suisse – sort son premier opus de manière quasi simultanée avec Zamarro. Outre l’origine, ces deux formations partagent une affection pour les artworks terriblement US, le rock pêchu, les caisses ricaines et Hede. Pour le reste, il s’agit d’entités artistiquement bien distinctes.
Enregistrées en octobre et novembre deux-mille-huit, les douze compositions de ce quatuor sont douze odes dédiées au grands dieux du rock’n’roll. Le rock dans ses déclinaisons hard et glam sert de base à un style qui rappelle pêle-mêle Gluecifer, les Hellacopters, Mötley Crüe, les Backyard Babies, Dirty Power, Raging Slab, Five Horse Johnson, Dozer, Thunder Express et Misdemeanor. La dominante de cette galette est la rapidité d’exécution, le groove et les lignes binaires à la batterie. Un style qui plaît ou ne plaît pas. Personnellement, je suis fan donc je ne vais pas bouder mon plaisir en écoutant des skeuds accessibles aux non-bourrins.
D’autant plus que certains titres valent franchement le détour à l’image de furieux ‘Rebel Reload’ qui est un rock bien carré balancé pied au plancher avec de grosses influences eighties, ‘Legalize Your Mind’ qui lorgne vers la balade seventies mixée avec le punk’n’roll, ‘Desperate Kingdom Of Love’ au son bien garage punk ou ‘Over The Top’ qui est articulée comme un titre des Ramones : rien de bien sorcier, des guitares saturées en avant, chlack boum chlack à la batterie et des chants dans un registre bien haut.
En outre, l’air de rien, le groupe a placé une ogive nucléaire redoutable au beau milieu de son album : ‘The Court Of Last Resort’. Tranchant avec le rythme plutôt véloce des autres plages, ces quatre minutes de magie heavy rock sont à mettre du côté des meilleures réalisations de Dozer (excusez du peu). Une bonne surprise d’un groupe composé uniquement d’activistes d’autres formations, mais qui se la donne régulièrement sur scène.
Chapeaux bas, messieurs! Et de préférence un haut forme à l’écoute de ce petit dernier de Cabron, un bouc (ou un salaud en espagnol familier) broutant le gazon sous le regard approbateur des bergers de Buzzville Records.
Après un premier split album avec les Argentins de Los Natas (nominés parmi les “meilleurs” groupes alternatifs par MTV, hum hum…) en 2005, les Belges mettent la sauce qui se devait de prendre à l’écoute de cet album éponyme articulé autour de 9 morceaux. 3 brothers de sang et un 4e aux racines hispaniques forment un combo qui tranche avec les sacro-saints principes du stoner.
La première écoute révèle un album très direct aux mélodies très catchy. Les morceaux se succèdent selon un ordre bien étudié. On y décèle une voix claire et pondérée et, lorsqu’elle se fait plus rageuse vers la 5e plage, évoque le défunt Jeff Buckley sans pour autant atteindre la largeur de son spectre vocal. Les grattes sont certes saturées mais sans effusion de sustain et de basses. La batterie fait la part belle aux roulements de caisse claire façon Dinosaur Jr. La basse est claire sans verser dans les rondeurs tooliennes. Mais qu’ai-je dit là?! Putain, on n’est pas censé parler stoner?! Et bien, je vous laisse vous prendre la tête. Les riffs, structures et vocalises nous baladent sur les rivages du fleuve étrennant les 2 premiers albums de QOTSA mais le groupe ne s’avère pas être une pâle imitation de ce qui, pour certains, ne relève plus du stoner. On s’en bat les steaks: Cabron sonne comme Cabron.
Au fil des morceaux, les compos ont tendance à prendre de la longueur et utilisent moults contre-temps pour affirmer leur personnalité et là, ça devient sérieusement intéressant. Les 4 gaillards profitent des breaks pour montrer qu’ils peuvent tomber dans un état quasi-comateux puis reprendre de plus belle avec de la patate, le tout truffé de petits subtilités pleines de saveur.
Plage 7, ça commence à cogner dur et la galopée continue. Cet album me susurre à l’oreille que ce groupe doit déménager grave sur scène: les plans poppy cèdent la place aux grooves et aux passages instrumentaux sur les 2 dernières plages, les grattes envoient le bois et la voix confirme sa spontanéité et son aisance. Clair qu’on n’a pas affaire à un vieux bouc andropausé mais bien à un bel étalon fougueux sorti tout droit de l’écurie Buzzville et nourri au naturel.
La chevauchée se termine au galop dans l’ether d’une loooooooongue plage de 9 min. 10 portant le titre de Parascending (ça signifie parapublique). Cabron s’annonce donc comme un groupe spontané et tranchant. A suivre absolument.

Pour ceux qui, comme moi, ont déjà eu la chance de voir COC en concert, l’annonce de ce live fût une véritable joie tant la musique du groupe est une véritable claque dans la gueule.Et c’est parti pour une grosse heure de folie. Avec Pepper au chant, Corrosion of Confirmity occulte complètement ses premiers disques et se concentre sur ces 4 derniers méfaits (n’empruntant à Blind que l’instrumental ‘These Shrouded Temples’ et le polémique ‘Vote with a Bullet’ sur lequel Keenan poussait déjà la chansonnette). Bref, que du très bon dans ces 15 titres enregistrés en avril 2001. ‘Wiseblood’, ‘Albatross’, ‘My Grain’, ‘Zippo’, ‘King of the Rotten’, et j’en passe. L’ambiance heavy-rock sudiste des albums studio de notre quatuor est ici poussée à son paroxysme si bien que chacun des titres acquiert une nouvelle dimension (‘Senor Limpio’). Toutes guitares en avant, sans temps mort entre les titres, COC, renforcé par la présence du cultissime Jimmy Bower (Down) derrière les fûts, est en très grande forme.Finalement, la surprise de ce live vient de la sublime version de ‘Shelter’, ballade bluesy qui vient endormir le quidam avant que COC n’entame le furieux ‘Clean my Wounds’, et son riff si mémorable, en guise de clôture de ce set d’une très grande qualité.Ce live est donc indispensable pour tout fan de Corrosion of Conformity qui se respecte. Pour les autres, c’est un bon moyen de se familiariser avec l’univers du combo de Raleigh.

Quatre ans après un premier album éponyme, et deux ans après que le groupe se soit séparé avant d’entamer une tournée européenne, Alone Records nous propose un disque posthume, intitulé II – Space is Dark… It is so Endless, du quatuor espagnol Fooz. Etant donné le nombre de personnes qui connaissent le groupe, il ne s’agit pas là d’une opération marketing destinée à se faire un maximum d’argent, mais bel et bien un vibrant hommage à ces pistoleros de la guitare acoustique nourris à la musique des seventies.Et quel hommage me direz vous : ce disque regroupe rien de moins que l’intégralité des 16 titres enregistrés par Fooz durant leur brève carrière, soit environ 80 minutes d’une musique apaisante et envoûtante. Les amateurs de psychédélisme seront ravi par l’excellentissime ‘Flower’s on me’ (qui aurait très bien pu figurer sur le Dopes to Infinity de Monster Magnet) et les fans de Pink Floyd apprécieront la reprise, assez bien réussie, de ‘Astronomy Domine’. On retiendra également le très groovy ‘Leaf Tale’ et le magnétisme de ‘There is a Place’, deux morceaux inédits datant des sessions d’enregistrement de leur premier album.Bref, un disque à écouter de toute urgence,et qui, malheureusement, apporte énormément de regrets par rapport au split de ce groupe vraiment très doué.
Toutes burnes dehors… c’est dans le titre de la plaque. Une approche 100% rock’n roll arrosée de fuzz jusqu’à plus soif. Essayez d’imaginer Kyuss croisant le fer avec Iggy & The Stooges dans un affrontement lors de leurs plus jeunes années. On pense également à la rage des premiers Mudhoney avec l’insolence des primesautiers débuts de Turbonegro.
Du gros son envoyé sans fignolages, des refrains évidents renforcés par des chœurs punkoïdes, à l’image de la pochette, on navigue dans une univers bien masculin où les favoris vont jusqu’aux épaules et où les bières sont toujours fraîches, mousseuses comme il faut et pleines à ras bord…
D’ailleurs le mix de l’album sonne de concert avec l’attitude, les compos et le design: une patate brute de décoffrage sans artifices et autres ornements. Les titres des morceaux sont dans la foulée sans équivoque (Hell Yeah, Fuck All Y’All, Damn You…). Black Earth n’a pas envie de donner une image intello mûrement réfléchie de sa musique et l’image de vieux ados déconneurs leur colle super bien au cuir.
On se plaît à l’écouter ce skeud! Même s’il ne révolutionne pas le genre, il a le mérite d’apporter de la fraîcheur et de la spontanéité là où d’autres tournent en rond en se regardant le nombril. A voir ou à écouter dans votre bar préféré un soir de fête avec vos potes et de jolies serveuses blondes et aguicheuses vous servant les binouzes!

Cette nouveauté de la formation de Miami n’en est pas vraiment une à vrai dire. Cet album éponyme est une réédition de la première production du groupe dans une version agrémentée et surtout entièrement remixée étant-donné que le groupe n’était pas satisfait du travail exécuté jadis sur ses morceaux. On a donc droit aux onze titres originaux dont ‘Make Me Alive’ qui figurait comme bonus sur certaines versions et rien de plus mis à part l’artwork.
Actif dans un registre résolument lourd, le quatuor délivre un rock lent est terriblement puissant qui flirte par moments avec le doom abordable tout en restant très sludge. Les neuf premières compos de cette galette sont sombres et très épaisses ; elles sont dans l’ensemble exécutées sur des rythmes assez lents. Les parties vocales sont caverneuses et lorsque les cœurs viennent à la rescousse du chanteur, on tape dans le heavy bien couillu. Deux exception à la règle : ‘Safe’ qui dépasse tout juste la minute et demeure un pilonnage en règle de nos cages à miel mené pied au plancher presque de manière hypnotique ainsi que ‘Rockit’ qui passerait très bien pour être une intro de Mastodon avec son côté très fluide et ses sons de guitare très aïgus. Le dixième morceau vient se poser telle une mouche sur le lait dans cette suite de plages lugubres. Cette chose s’intitule ‘The Last Word’ et elle s’aventure du côté de chez Isis ou Cult Of Luna avec des bidouillages synthétiques qui ne me convainquent guère dans cet ensemble bourrin et percutant.
Le fameux cadeau bonux de l’époque : ‘Make Me Alive’ renoue avec le rendu des premiers titres de cet opus en un peu plus entêtant et avec pour parole que des cris bien orchestrés. Encore une sortie pour les fans de plans bourrins assez proches d’Unsane hormis les lignes de voix qui sont chantées en clair sans forcer ou d’High On Fire pour la lourdeur presque excessive du tout.
Que voilà du heavy rock américain bien épais ! Quatre titres d’un jeune groupe dont le travail est assez réjouissant à l’oreille. Prometteur donc. Les deux premiers titres sont joués mid-tempo, à la ATP. Simples et percutants. Une rythmique qui latte. Des soli inspirés par la main du dieu Angus. Les autres titres, plus lancinants, écrasent le tempo. Le quatrième, le plus surprenant du lot, évoque Mule et son slide guitar blues sec et habité. Pas mal du tout pour un début. Pour l’anecdote, le disque a été masterisé par Larry Packer dans son studio magnifique qui a vu naître Clutch. Gage de qualité.
Contre toute attente, cet album contient du Boogie, du vrai. Le genre de truc à faire taper du pied un quinquas bedonnant, le pouce coincé dans la ceinture pendant qu’il sirote une bière tiède autour d’un barbecue, entouré de ses potes qui vous le confirmeront, yeaaah, çà c’est de la musique, gamin ! Pour autant, ces mélomanes éclairés feraient mieux de ne pas se laisser abuser par un titre trompeur au risque de se voir conforter dans leur sentiment que, oui, la jeunesse est définitivement pourrie. Et sourde en plus !
Car vous vous en doutiez un peu, mis à part ce petit intermède pas dénué d’humour et judicieusement placé en milieu d’album, Set The Tone ne fait pas, mais alors pas du tout, de Boogie. Du Metal, oui, ainsi que du Doom, du Stoner, du Sludge et une grosse louche de Rock’n’Roll à la Entombed par-dessus le tout. Mais définitivement pas de Boogie, ou alors seulement pour rigoler.
Le résultat de ce mélange cohérent et patiemment amener à maturité, ce sont neufs titres qui blastent à tout va, servis par une production énooorme livrée par Gérald Jans, neuf titres que le groupe a eu l’occasion de rôder sur toutes les scènes de Belgique et qui exploitent parfaitement le potentiel de frappe de ses cinq membres aux influences qu’on devine très diverses. Ce potentiel, on l’avait déjà discerné sur le split avec Es La Guerrilla sorti en 2005 et sur lequel Set The Tone mettait une grande claque à l’auditeur, ce qu’il continue à faire sur ce Full Tilt Boogie, mais avec plus de nuances et en s’affranchissant de la référence à Down, Pantera et autres joyeusetés issues de Louisiane.
Toujours aussi enclin à pondre des titres complexes ou s’enchainent des parties hyper heavy sur lesquelles des passages lourd de lourd viennent faire contrepoint, le groupe semblent néanmoins s’être astreint à plus de discipline en développant chaque idée plus en profondeur et en évitant de se disperser, ce qui aboutit à des morceaux en moyenne plus longs mais plus facilement mémorisables, même si tout cela reste très dense et que les premières écoutes donnent l’impression d’avoir affaire à un magma dont on a du mal à s’extirper, avant que cet amoncellement de riffs bien torchés ne commencent à produire leur effet, avec une petite préférence personnelle pour les plans rock’n’roll surboostés qui parsèment la plaque et font valser les meubles.
Reste la question des vocaux qui en feront frémir plus d’un. Imaginez Anselmo très en colère (genre qui vient d’apprendre qu’il n’y a plus de bières dans le frigo) et vous commencerez à peine à vous faire une idée du coffre de Denis dont la prestation toute en puissance contribue largement à définir l’identité du groupe. Et lorsqu’il s’agit d’adoucir le propos (enfin, c’est relatif), il préfère passer le mic’ et même la plume à Mario de Hangin’Out ou à Olivier de Gog of Magog pour deux de plus belles réussites d’un album qu’on adorera ou qu’on détestera mais qui ne laissera personne insensible.

Deux ans après la sortie de Blues for the Red Sun, que beaucoup considèrent comme le meilleur album de stoner de tous les temps, Kyuss était attendu au tournant avec ce 3ème effort studio. Entiché d’un nouveau bassiste en la personne de Scott Reeder, le groupe allait démontrer avec Sky Valley toute sa maîtrise d’un genre musical qui n’en était encore qu’à ses balbutiements.
Dès les premières notes de ‘Gardenia’, on comprend que Sky Valley est un disque à part.
Cette impression se confirme à mesure que les titres défilent et que nous sommes submergés par les émotions que les 4 musiciens font passer à travers leur musique. Pris à froid par l’inquiétant ‘Asteroid’, instrumental qui ne semble jamais vouloir s’arrêter, l’auditeur est ensuite animé d’une irrépressible envie de headbanger sur l’entraînant ‘Supa Scoopa and Mighty scoop’. Dans le même registre, on retiendra également l’improbable enchaînement de l’hallucinant ‘Space Cadet’ (et de sa ligne de basse exceptionnelle), du groovy ‘Demon Cleaner’ et du rageur ‘Odyssey’.
Que dire de plus sur Sky Valley : la voix de Garcia est captivante de bout en bout, tout comme les riffs concoctés par Josh Homme. Quant à la section rythmique, on ne peut que se délecter du changement profitable de bassiste et des frappes incroyables de précision de sieur Brant Bjork. Bref, il est inutile de continuer tant les superlatifs manquent pour décrire ces 11 titres exceptionnels, largement en avance sur leur époque. Et c’est sans doute d’ailleurs là qu’il faut chercher les raisons du manque de succès de Kyuss (lorsque le groupe était encore en activité) auprès du public qui n’avait pas encore conscience de la portée d’un titre comme l’éléphantesque ‘Whitewater’ et de toute la nouvelle scène qu’il allait enfanter.
En conclusion, si vous ne devez posséder qu’un album de stoner, jetez vous les yeux fermés sur cette véritable bible qu’est Sky Valley. Le chef d’œuvre de Kyuss n’est peut-être pas l’album que l’on croit.

Que la couleur préférée de Barbara Cartland habille avec bonheur un disque de hard rock, j’avoue avoir été bien loin d’oser imaginer un tel scénario. Encore un digipack magnifique. Le rose vous allait si bien chère madame. Pink is beautiful. Autant que les Spiritual Beggars qui montent en puissance d’albums en albums. Mantra 3 leur précédent effort était une pépite. « Ad Astra » est un joyau. Per, homme clavier, est devenu membre du groupe à part entière. Ce qui donne à l’ensemble une dimension très Purple-esque. On regrettera simplement, mais c’est trois fois rien, qu’à l’inverse d’un groupe comme Standarte qui débarrasse ses morceaux de certaines scories guitarhéro-esques, les Spiritual s’engouffrent quelquefois dans des solos cuculapraline-esques, qui fort heureusement ne durent pas des plombes. Il n’en est pas moins qu’eux aussi jettent un pont entre la musique des early seventies et aujourd’hui, revisitant l’histoire du hard rock lorsqu’il était à son zénith. Un pont salvateur. Un pont qui pulvérise allégrement celui qui relaie désormais par voie routière le royaume du Danemark à celui de la Suède dont ils sont originaires. Ces sujets là ont échafaudé une des plus belles passerelles trangénérationnelles que le hard rock pouvait espérer. Les compositions, le son, les musiciens sont énormes (je les ai vu sur scène en 98 et je confirme mes propos). Ce disque est gigantesque et absolument indispensable. Pas la peine de m’étendre davantage en circonlocutions, « Stimmung » de Standarte datant de 1998, « Ad Astra » est probablement LE disque de hard rock de ces six premiers mois, voire de l’année.
Les premiers accords nous remettent vite dans le bain : Dozer n’a pas vraiment changé sur son troisième véritable album. C’est donc rassuré que l’on écoute et réécoute le dernier CD des suédois, pour remarquer la réelle maturité dont ils font aujourd’hui preuve, que ce soit dans les compos (catchy, groovy, audacieuses) ou même la production (ce gros son qui sait flatter l’oreille tout en balançant la sauce avec les grattes, difficile équilibre !). Effectivement, la maîtrise du combo impressionne, leurs chansons vont droit au but là où des groupes moins “affirmés” se perdent souvent en soli malheureux ou autres digressions hasardeuses, enrobant le tout de “sur-saturation” pour mieux faire passer la sauce. Rien de tel ici : Dozer va droit au but et se fait plaisir, et ça s’entend. Du coup, leur galette ne fait pas pâle figure à coté des grands noms du genre, et s’avère l’un des investissements les plus recommandables de ce début d’année.

Bien que la tendance chez Southern Lord soit à sortir toute une série d’albums d’obscurs combos death-métalleux qu’on préférera poliment éviter, Greg Anderson n’en oublie pas pour autant ses vieux potes du Maryland. A y regarder de plus près, le label héberge d’ailleurs à peu près tous ce que le doom traditionnel compte comme légendes, ce qu’il ne manque pas de nous rappeler à grands coups de stickers sur les pochettes. C’est donc Dave Sherman, ancien bassiste de Wretched et de Spirit Caravan, qui poursuit ici sa tentative de reconversion au chant sur ce deuxième album d’Earthride. L’évocation d’un Lemmy ronchonnant et légèrement enroué en refroidira certains mais ne devrait pas éclipser les qualités de ces dix compos.A l’heure où de jeunes loups tentent désespérément de retrouver le son de leurs illustres prédécesseurs, offrant l’occasion aux critiques de mauvaise foi d’en remettre une couche sur l’aspect passéiste du Stoner, Earthride évite de regarder dans le rétroviseur et débarque avec un album au son résolument contemporain. Bien que le choix de Mike Dean et Jean-Paul Gaster, respectivement bassiste de COC et batteur de Clutch, à la production puisse paraître curieux, le résultat est très convaincant, notamment dans le traitement des guitares. Dès les premières secondes, on est séduit par ce son chaud et généreux qui faisait défaut à la majorité des productions Hellhound des années 90. Passé ce constat, l’enthousiasme redescend d’un cran face aux deux premiers morceaux mid-tempo qui se contentent de recycler des riffs usés jusqu’à la corde et ce n’est qu’à partir de « Vampire Circus » qu’on manifeste un regain d’intérêt qui ne cessera de grandir jusqu’au dernier titre. Il semble en effet que l’album soit basé sur un crescendo, un lent passage de l’ombre à la lumière qui se manifeste par l’adjonction progressive d’éléments qui renforcent le groove pour culminer avec « Swamp Witch ». Au fil des titres, les riffs se font de plus en plus intéressants et le chant de Sherman moins monotone. La présence de Mike Schauer (clavier de Clutch) sur deux titres confirment d’ailleurs cette impression renforcée par les plans franchement blues de Kyle Vansteinburg, notamment sur « Loss » où alternent passages mélodiques et chapes de plomb, ce qui ne l’empêche pas d’abuser des solos parfois dispensables.Au final, on obtient un album très varié et plus homogène que son prédécesseur, sur lequel le groupe avait une fâcheuse tendance à partir dans tous les sens en plaçant des accélérations au détour de chaque couplet. Earthride parvient à nous étonner et s’offre une belle marge d’évolutions possibles qui laissent présager de quelques bonnes surprises pour l’avenir.

On l’attendait ce premier essai de Unida, le groupe formé par John Garcia après le split de Kyuss. Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Servi par la production irréprochable de Chris Goss, Unida va mettre tout le monde d’accord en l’espace de seulement 4 titres. ‘Red’ ou ‘Flower Girl’ sont aujourd’hui des classiques d’un heavy-rock bien trempé, souvent imité mais jamais égalé. Cerise sur le gâteau : ‘Wet Pussycat’ qui, à elle seule, vaut la peine d’acheter ce split. Rarement, en effet, une chanson n’aura été aussi envoûtante. Un riff de guitare tout simplement génial, appuyé par une rythmique implacable et un Garcia tout en nuance. Bref, bon nombre de groupes stoner qui se voyaient prendre la place laissée vacante par Kyuss peuvent aller se rhabiller.Difficile donc pour nos amis nordiques de Dozer de faire bonne figure face à se déluge de génie. Le combo de Börlange démarre sur les chapeaux de roues avec le très inspiré ‘Overheated’, savant mélange de groove et de psychédélisme. Malheuresement, le reste est de moins bonne facture. On passera sur le très étrange et plutôt moyen ‘Calamari Sidetrip’ et sur les caricatures de vocaux qui émaillent ‘From Mars’. Ce split aura au moins eu le mérite de faire connaître ce combo suèdois, qui, par la suite, accouchera d’albums de qualité.
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