Categories

Archives

A sample text widget

Etiam pulvinar consectetur dolor sed malesuada. Ut convallis euismod dolor nec pretium. Nunc ut tristique massa.

Nam sodales mi vitae dolor ullamcorper et vulputate enim accumsan. Morbi orci magna, tincidunt vitae molestie nec, molestie at mi. Nulla nulla lorem, suscipit in posuere in, interdum non magna.

MANTAR (+ Deathrite) – 06/04/2017 – Paris (Backstage By The Mill)

Ce jeudi 6 avril, Garmonbozia organisait au Backstage By the Mill à Paris une soirée à ne manquer sous aucun prétexte, puisqu’elle réunissait Deathrite et surtout Mantar, un des meilleurs groupes live de la dernière décennie, si ce n’est du siècle, oui Monsieur. Ajoutons à cela deux excellents albums sortis en 2014 et 2016. La liste s’allonge et les absents commencent à se bouffer les doigts. Calmez-vous, on vous raconte tout ci-dessous.

Les allemands de Deathrite ouvrent la soirée en toute violence avec sa guitare crado, ses blasts et ses vocaux caverneux. Comme vous pouvez vous le figurer, Deathrite ne fait pas dans la dentelle mais plutôt dans le death old school. On pense aux groupes de la vague swedish death metal genre Entombed ou Dismember, avec ce son particulièrement moche et caractéristique de la fameuse pédale HM2, avec un penchant assez punk. Deathrite insère aussi quelques passages plus lents et plus lourds, qui ajoutent un peu de morbidité à l’ensemble. Seul bémol, le jeu scénique du groupe n’est pas franchement folichon et enjaillant. Sur ce genre de musique, on s’attend quand même à un peu plus d’énergie et autre chose que « je lève mon pied de micro, je le repose, puis je le relève, yeah, vive le rock ». Musicalement, on pourrait se demander quel rapport il y a avec Mantar, qui évolue dans un registre complètement différent, et c’est finalement tant mieux. On a souvent l’habitude d’avoir des groupes assez similaires à l’affiche d’une même soirée, mais ce soir on est bien content de se faire réveiller par le death grind de Deathrite.

La salle commence à être déjà bien remplie lorsqu’arrive le tour de Mantar, entité maléfique et cinglée née de la fusion de Hanno Klärhardt et Erinç Sakarya. Comme d’habitude, les deux bonhommes anticipent les litres de sueur qu’ils s’apprêtent à perdre et arrivent torse poil avant d’entamer « Cult Witness ». Mantar en live ne se fout pas de toi : ce groupe ne joue pas de la musique mais la vit et l’incarne.

La crasse des morceaux occupe la chair des membres, surtout celui du guitariste chanteur. Le filiforme Hanno déforme son corps élastique pour adopter les positions les plus tortueuses et inconfortables, il s’écrase contre le mur, se plie en deux accroupi au sol, se crispe, se raidit. Face à lui se dresse Erinç et son physique d’armoire normande, qui soutient le regard de Hanno tout en menant à mal ses fûts. La tension entre les deux membres est saisissante.

Tous les deux se livrent littéralement corps et âme à leur musique et quittent leurs rôles d’interprètes pour devenir les victimes du monstre qu’ils ont crée. Forcément, une interprétation aussi spectaculaire a des retombées sur le public, qui se déchaine crescendo au fil des morceaux : « Cross the Cross » qui nous rappelle les meilleurs riffs de Black Cobra, « Sundowning » qui permet à Erinç d’achever complètement sa batterie, ou le tubesque « Era Borealis » où toute la foule reprendra ensemble le refrain. Une heure de set et le groupe est déjà parti. On attend un rappel, en vain. Dommage.

 

Deathrite a ouvert les hostilités d’une manière plus qu’honorable et Mantar n’a pas failli à sa réputation. Une telle prestation dans une salle intimiste comme le Backstage By The Mill fait rentrer la soirée au panthéon des meilleurs concerts auxquels j’ai pu assister, sans exagération. Le set de Mantar est tout de même passé très vite et on aurait volontiers terminé sur un rappel, mais tant pis. Mantar über alles !

COLOUR HAZE + MY SLEEPING KARMA – 20/03/2017 – Paris (Divan du Monde)

Ce dernier lundi, Garmonbozia remettait les couverts d’une affiche à succès que l’on commence maintenant à bien connaître: My Sleeping Karma accompagné de Colour Haze au Divan du Monde. 2 groupes allemands qui font maintenant figure de référence dans la sphère stoner, autant dire que ce rendez-vous était un incontournable pour les aficionados du style. C’est donc sans surprise que la soirée se jouait à guichet fermé.

 

[photos : Daali Vänn]

 

Devant une salle bien remplie, My Sleeping Karma entre sur scène et avant de jouer la première note, le groupe s’enlace sereinement, sans un cri de guerre. Ce petit rituel qui ouvre chacun des concerts de My Sleeping Karma est assez emblématique de l’union qui règne au sein des membres. A l’heure où de nombreux groupes qui commencent à accumuler un certain nombre d’années d’existence se foutent sur la gueule et se détestent tous mais continuent à tourner pour des raisons pécuniaires, My Sleeping Karma semble être à des années lumières de ce modèle là. Si les 4 bonhommes font de la musique ensemble, c’est parce qu’ils ont ça dans le sang et qu’ils s’aiment. Et c’est ce qui transpire de chacun des lives du groupe, celui de ce soir ne faisant pas exception. Tout le monde a le sourire aux lèvres et s’implique corps et âme dans chacun des morceaux joués. Forcément, une telle communion et une telle énergie sont très vite significatives pour les spectateurs, impossible de ne pas être soi-même happé par les méditations de ces 4 bouddhistes du stoner. Avec ce son toujours inimitable et caractéristique, le groupe fait défiler sa discographie, de leur dernier opus Moksha en passant pas les plus anciens et désormais classiques “Ephedra”, “23 Enigma” ou bien “Ahimsa”. Avec sa bonne humeur communicative et ses morceaux planants, assister à un live de My Sleeping Karma refile toujours la pêche. Plus efficace que le Lexomyl, mais tout aussi addictif.

 

[photos : Daali Vänn]

 

Colour Haze poursuit la soirée et entame son set alors que des images kaléidoscopiques et colorées brillent sur l’écran derrière eux. Le ton est donné, celui d’un psychédélisme directement inspiré des 70’s, avec la patte stoner et bluesy en plus bien évidemment. Autant le dire tout de suite, 90% des morceaux de Colour Haze reposent sur le jeu du guitariste chanteur Stefan Koglek, qui porte chaque composition où bon lui semble avec ses solis et ses quelques riffs. Car oui, vous trouverez plus de solo que de gros riffs qui tâchent chez Colour Haze. Dans cette ambiance tamisée, le son chaud de Stefan ronronne doucement, et la basse et la batterie ne manquent pas de le soutenir, toujours avec cette retenue et cette finesse légèrement folle évoquant un peu le jazz. On pourrait se croire sur le plateau de One Shot Not. Il est loin le temps où l’on remuait sur My Sleeping Karma… Mais attention, Colour Haze est aussi capable de nous faire bouger, avec des titres au groove imparable comme “Mountain” ou “Aquamaria” qui ne manquent pas leur cible et déchainent la fosse comme il se doit. On trouvera aussi les tout aussi funky “Love” et “Roses” ou encore “Magnolia” et “Labyrinthe”, tous deux extraits de leur dernier album sorti il y a peu, In Her Garden. On peut cependant reprocher à Colour Haze de se perdre parfois dans quelques longueurs, où le groupe semble être en pleine jam-session interminable. Une fois l’éblouissement devant la virtuosité du guitariste passé, certains morceaux lassent et font naître une légère impatience au sein du pit ; on va se chercher une autre bière, on regarde sa montre… Malgré cela, voir Colour Haze en live est toujours l’assurance d’un bon moment.

Une soirée à la hauteur de ses promesses ; My Sleeping Karma et Colour Haze se complètent parfaitement bien et nous font une nouvelle fois passé un très bon moment. Merci à eux!

MARS RED SKY (+ Beat Still Noise Us) – 17/03/2017 – Pau (Ferronerie)

Pau ville rock ? Un peu d’ironie et d’amertume derrière cette fausse question, a fortiori quand on connaît bien la ville. Quelques assos pourtant se bougent depuis des années, à l’image de A Tant Rêver du Roi, vétéran activiste de la capitale béarnaise, qui a fait venir ce soir l’un des meilleurs groupes du genre en France (et ailleurs) ; un beau geste qui mérite un coup de chapeau.

Alors avant tout le public fut-il au rendez-vous ? Oui au regard de la capacité de cette petite salle (un modeste complexe très cool proposant aussi des locaux de répèt’ pour les groupes) : on comptera au pifomètre un peu moins d’une centaine de personnes environ, qui remplissent presque complètement ce petit espace confortable. Soit, si on le projette en proportion de la population respective de chaque ville, l’équivalent d’un concert de 2500 personnes à Paris quand même ! Pas de quoi rougir, quoi, un résultat très honorable…

Pour chauffer les effectifs, Beat Still Noise Us, un projet-concept pour le moins atypique, où Sébastien s’active derrière son kit de batterie, seul en scène. Le bonhomme lance des loops, samples, nappes de synthés d’un simple coup de baguette, et ajoute à ces plans tour à tour punchy ou hypnotiques ses parties de batterie en fond. Drum’n’bass, électro, tout y passe, et le public accroche pas mal, malgré un jeu de scène (logiquement) un peu ennuyeux, pas vraiment boosté par un light show rouge pour le moins statique…

A peine le temps de déguster un peu de houblon issu de productions locales, et l’on se rapproche de la petite scène sombre et cosy où le trio prend place. Aguerris par des dizaines et des dizaines de concerts donnés dans le monde (peu de groupes, a fortiori français, peuvent s’en prévaloir), les bordelais s’engagent dans une intro presque ouatée, avec une montée en tension progressive bienvenue. Peu à peu se dessine un set immersif, construit dans une volonté d’efficacité optimum, et ciselé au scalpel. Peu d’interruptions (quelques échanges souriants avec le public – souriant lui aussi, béat même), les titres s’enchaînent avec souplesse et logique. Le groupe plante comme à son habitude des paysages variés, alternant ses rythmiques bardées de plomb emblématiques avec des plans légers emportés par le chant de Julien, modulant toujours à la perfection son instrument (oui oui) vocal. La formule a fait ses preuves et continue de convaincre, tout en affirmant encore l’identité du groupe et sa spécificité.

Même si son dernier effort se taille logiquement une belle place dans la set list de ce soir, le reste de la riche discographie du groupe n’est pas oubliée, avec quelques saillies dans le superbe “Stranded in Arcadia” (superbe “Hovering Satellites”) ou l’album éponyme entre autres.

Sur l’incontournable “Strong Reflection”, tandis que la fin du set se dessine, Jimmy grimace un peu, ce qui peut presque paraître logique au vu des rythmiques pachydermiques qu’il dresse depuis plus d’une heure avec son partenaire Matgaz. Bel exemple sur ce titre d’ailleurs, dont la conclusion est étirée et appuyée pour un effet surenchérissant dans la lourdeur… Sauf que non, il y a un petit soucis d’ordre médical (rien de grave, on rassure les fans du groupe), qui force le trio à interrompre le set un peu abruptement, heureusement près de la fin du dernier titre du set. La frustration se noie donc dans la lente et plaisante “redescente” d’un public conquis.

La soirée fut excellente, et se termine avec encore de vastes sourires (et encore quelques décilitres de houblon).

RUSSIAN CIRCLES (+ Cloakroom + Dirge) – 16/03/2017 – Paris (Trabendo)

Jeudi 19 mars, New Noise était à l’initiative (avec Kongfuzi) d’une soirée au Trabendo réunissant Russian Circles, Cloackroom et Dirge. Une soirée en adéquation avec la direction artistique du magazine, ne se bornant pas à un genre précis mais allant là où il y a de l’originalité et du sang neuf (et un tantinet de hype, il faut l’avouer). Si les trois groupes cités restent assez différents les uns des autres, ils se rejoignent sur leur orientation vers le lourd et le percutant, où batterie et basse fusionnent pour nous assener de douloureuses taloches. En bref, une soirée où il ne faisait pas bon de trainer vers l’ampli basse.

Premier constat, on trouve dans la salle déjà bien remplie de nombreuses espèces autre que le commun barbu en veste à patch fleurant la bière et saisissant l’occasion d’un silence entre deux chansons pour meugler une fantaisie hilarante et ô combien originale du genre « à poil !». Le public est éclectique, et c’est la preuve que Russian Circles draine un large public (puisqu’on suppose que tout le monde est venu pour eux, à moins que ça ne soit pour le foodtruck situé en extérieur et proposant des burgers à 10€, sait-on jamais).

Les parisiens de Dirge sont chargés d’ouvrir la soirée. Formé en 1994, Dirge a mené son existence à l’ombre des projecteurs, qu’ils auraient pourtant mérité sur eux depuis un paquet d’années. Au départ tourné vers le metal industriel, le groupe s’est dirigé petit à petit vers un post-metal cérébral qui ne se soucie pas de la case dans laquelle on va le ranger. C’est sombre, les guitares chialent des notes torturées, la basse cogne, et chaque coup de cymbale résonne comme une déflagration nucléaire. On pense à du Neurosis en un peu plus atmosphérique et moins barré ; Dirge est plus cyclique et hypnotisant. Un groupe que l’on aimerait sincèrement voir plus souvent en live car c’est une belle claque.

C’est un pari risqué que de laisser à Cloackroom la responsabilité de prendre la suite de Dirge, puisque les américains ne jouent pas vraiment dans la même catégorie. Cloackroom est plus proche du shoegaze que du metal, et ça, au risque de faire râler les plus TRVE présents ce soir. La voix du chanteur guitariste, fragile et hésitante, fait énormément penser à celle de Morissey, et dans une ambiance vaporeuse et fuzzy très 80’s, Cloackroom nous rappelle les groupes de noise pop de l’époque genre The Jesus and Mary Chain. Dommage que le batteur ne connaisse pas la retenue, celui-ci cogne fort quelle que soit l’énergie du moment, aussi bien sur les passages planants que sur les autres qui balancent plus. Car oui, Cloackroom nous gratifie lors de rares moments d’interludes grasses à souhait. Malgré une formule qui peut sembler alléchante sur le papier, l’ensemble est trop linéaire et chaque morceau se ressemble trop. L’impatience se fait sentir avant les cercles russes.

 

On peut maintenant l’affirmer : tout le monde est là pour voir Russian Circles. La salle qui était jusqu’alors praticable ne l’est plus du tout, et un rapide aller-retour en terrasse aura suffi pour que l’on se retrouve subitement face à un bloc humain infranchissable entre nous et la scène. Les piètres photos pourront en témoigner. A croire que les organisateurs ont vendu plus de places que le Trabendo ne le permettait. Les trois américains arrivent sur scène et entament le concert avec les deux premiers titres de leur dernier album Guidance, “Asa” et “Vorel”. Ces deux titres à la montée progressive ont le don de jouer avec les nerfs du public qui n’attend qu’une seule chose : le paroxysme de la puissance pour pouvoir exploser, enfin.

Russian Circles déroule ses morceaux avec une aisance déconcertante. Un membre alterne sans problème entre la basse et la guitare, au sein d’une même chanson parfois, tout en gérant un pedalboard d’une valeur d’un demi millions d’euros au moins. Même remarque chez le second guitariste, mais qui lui n’a qu’un seul instrument (la honte). Rien d’étonnant pour un groupe passé maître dans l’expérimentation sonore et qui exploite les effets comme personne. Du moindre poil de distorsion au plus petit zeste de réverbération, tout est calculé et réglé comme du papier à musique. Quant au batteur, son lien de parenté avec Shiva est évident. Son jeu est tout simplement incroyable, et l’on se rend compte que toutes les compositions du groupe reposent sur ses patterns de batterie ultra-détaillés, méga-groovy, uber-complexes et à la précision chirurgicale. Si on retrouve quelques titres d’albums plus anciens, le set fait la part belle aux deux derniers albums, avec des titres comme “Mota”, “1777”, “Deficit” ou encore “Afrika”. Déchainer les passions, faire frissonner l’épiderme, bousculer les entrailles, voilà le pari amplement réussi de Russian Circles.

La grâce, voilà le mot que l’on doit retenir de ce concert de Russian Circles. La grâce de l’exécution d’un set impeccable, la grâce d’une musique épique et intelligente, et la grâce dans laquelle ce concert nous a plongé. Dommage qu’il y ai eu autant foule et qu’il était par moment vraiment difficile d’apercevoir quelque chose. Mais face à une telle virtuosité, c’est légitime. Encore chapeau à Dirge, super amuse-gueule avant l’apothéose.

ELEPHANT TREE (+ The Necromancers) – 10/02/2017 – Lyon (Bar des Capucins)

Nous n’allions tout de même pas passer à côté d’Elephant Tree lors de leur tournée française après le bel album qu’ils ont pondu l’année dernière. Et sachant que le perfide trio va ensuite fouler les scènes des plus gros festoches stoner de la saison, il eut été dommage de ne pas les voir en petite configuration. Bienvenue donc à Lyon pour cette date estampillée L’œil de Néron et confinée dans la cave-cœur du Bar des Capucins, voûte rocailleuse suintant la Gaule et la cervoise.

Mais la tâche d’ouvrir la soirée revient aux jeunes loups de The Necromancers, accompagnant les anglais sur l’ensemble de la tournée. Le quartet originaire de Poitiers City Plage et franc-maçonneur de l’édifice Crypte, en profite donc pour dérouiller son futur album à paraître. Un rock sombre et huileux lorgnant du côté d’Uncle Acid, double-pédalé par instants et aux guitares inspirées. Alors oui, la qualité des compos est là, reste au groupe à peaufiner encore la clarté de certains breaks, une attitude scénique moins empruntée et la morgue nécessaire pour affirmer son identité. Mais il y a fort à parier que les gonzes vont réussir à creuser leur sillon dans le paysage musical actuel. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.

Le temps de se payer la tite pinte qui va bien que le trio anglais est déjà en place. Démarrer le set par « Aphotic Blues » plonge le public directement dans le bain. Guitare et basse toute grasse et rentre-dedans, batterie précise et vocaux aériens, la formule n’est pas neuve mais les anglais la maîtrisent de bout en bout, ce qui leur a valu de belles places dans les charts de fin d’année. Les morceaux déroulent, les nuques ondulent, ça chaloupe en ce vendredi soir lyonnais. La sympathie du trio et la qualité d’écriture permettront de passer outre les voix quelque peu en retrait. Une heure, c’est trop court quand on est bien dans le bain. Et ce soir clairement, on aimerait patauger un peu plus longtemps dans les sels de l’arbre éléphant. Las, nous aurons l’occasion de revoir les anglais très prochainement et ce, pour notre plus grand plaisir.

Ainsi s’achève une nouvelle soirée troussée par L’œil de Néron qui depuis un peu moins de 2 ans peut se targuer de quelques jolies affiches entre Rhône et Saône. Et attention EXCLU desert-rock.com, on apprendra plus tard que les Necromancers et Elephant Tree auront eu le droit à une tartiflette, qui, une fois prononcée par un anglais, se transforme en « tarte du flette ». De rien pour l’anecdote, ça fait plaisir.

 

Photos : Oofzos.fr

BLACK SABBATH – 04/02/2017 – Birmingham (Genting Arena, Angleterre)

Une anecdote légendaire résume à elle seule l’importance de Black Sabbath sur les musiques stoner et doom : Chris Goss aurait accepté de produire Blues For The Red Sun lorsque Josh Homme, alors jeune rouquin adepte du mauvais traitement sur guitare, lui aurait répondu qu’il ne connaissait pas Black Sabbath après un concert lourd et ravageur donné par Kyuss dans un club de los Angeles. Car Sabbath ce n’est pas du stoner, ce n’est pas du doom, ce n’est même pas du metal, c’est un préalable à toute idée de musique heavy. Tony Iommi et sa bande ont, à l’aube des années 7O, défini les jalons du genre qui nous rassemble aujourd’hui. Alors, à l’heure où le monstre décide de prendre sa (énième) retraite sur ses terres natales, nous ne pouvions nous empêcher d’être présent.

Birmingham n’est pas ce qu’il convient d’appeler une ville riante. Friche industrielle en mal de reconversion, l’ancien antre métallurgique anglais fût, outre un haut lieu de production automobile, le berceau de Sabbath, Judas Priest, Godflesh, Esoteric, Napalm Death ou Doom. Robert Plant et Glen Hugues aussi sont du coin. Autant dire que oui, Birmingham est une terre de metal et c’est tout naturellement que les pères fondateurs reviennent tarir définitivement la source qu’ils ont eux même forée.

Samedi 4 février donc me voilà devant la Genting Arena – sorte de gros Bercy – juxtaposée à un complexe hôtelier, en périphérie de la ville, entre aéroport et autoroute. Quelques milliers de fans sont déjà rassemblés dans l’immense hall, se ruant sur les nombreux stands, bouffe, boisson et merchandising, dont les prix affichés, combinés à l’affluence donnent à penser que la retraite sera dorée. La salle sera pleine et déjà, lorsque Rivals Sons, chanceuse première partie de l’ensemble de la tournée d’Adieu des ¾ de Black Sabbath, monte sur scène, la fosse est bien garnie. Soyons honnête, vu mon état d’excitation à l’idée de dire au revoir à mes idoles, si gâteuses et incontinentes soient elles, j’aurais pu assister au concert de Jimi Hendrix en première partie sans lui trouver une once de talent. Je me garderai donc de jauger avec honnêteté la prestation de Rival Sons, combo hard rock revival sensuel poseur dont je pense déjà le plus grand mal en temps normal. Les quinquas anglais qui m’entourent ne sont pas avares en applaudissement quant à eux. De mon côté je saluerai uniquement leur sortie de scène, ne me séparant plus que de 20 minutes du vrai tomber de rideau.

Lorsque le backdrop (projeté) affiche en lettres nobles le nom de la bête, tout Birmingham perd la tête et c’est avec la même vidéo qu’au Hellfest (et que sur le reste de la tournée) que s’ouvre le concert.

Comment alors juger la prestation du Sabbath ? Je dirai au mieux de ce que l’on pensait voir. Évidemment les projections vidéos sont pathétiques, évidemment Ozzy fait ce qu’il peut, sans risque ni panache, abusant des « let me see your hands » et autres « God Bless You All » (sérieusement ne faites pas un drinking game sur ces deux phrases, vous risquez le coma éthylique), mais le son est énorme, parfait, et la set list, quoique sans surprise, passe en revue la période qui, en dehors de quelques illuminés, est celle sur laquelle tout le monde s’accorde comme étant la seule qui vaille vraiment. « Black Sabbath » en introduction, « Paranoid » en rappel, et les incontournables « War Pigs » ou « NIB » côtoient « Dirty Women » et « Under The Sun/Every Day Comes And Goes ». Le medley de milieu de set nous permettra de saluer une dernière fois les riffs de « Supernaut », « Sabbath Bloody Sabbath » et « Megalomania » avant l’infernal et habituel solo de batterie, qui nous laissera le temps, finalement, d’aller s’informer du score de Dijon – PSG.

Le groupe lâche des centaines d’énormes ballons sur « Children Of The Grave » et des milliers de confettis siglés Black Sabbath lors de « Paranoid ». Entre foire et concert, la foule exulte et les musiciens viennent une toute dernière fois saluer le public (l’occasion de noter la présence d’Adam Wakeman, fils de, au clavier, qui a, tradition oblige, joué depuis le coté de la scène et que l’on n’a quasiment jamais entendu) avant de gagner le droit de s’octroyer un repos bien mérité, des albums solo et surement un ou deux concerts en festivals durant lesquels ils seront grassement payés. Comptez sur moi pour nier l’existence de cette éventualité et de rêver, égoïstement, que la bête s’est éteinte dans mes bras, avec panache, un samedi soir de février 2017.

 

Set List :

  • Black Sabbath
  • Fairie Wear Boots
  • Under The Sun / Every Day Comes And Goes
  • After Forever
  • Into The Void
  • Snowblind
  • War Pigs
  • Behind The Wall Of Sleep
  • NIB
  • Hand Of Doom
  • Supernaut/Sabbath Bloody Sabbath/Megalomania medley
  • Rat Salad (L’occasion d’un solo de batterie chiantissime et d’un arrêt au stand pour les prostates fatiguées de Ozzy, Geezer et Iommi.)
  • Iron Man
  • Dirty Women
  • Children Of The Grave
  • Paranoid

TRUCKFIGHTERS (+ Deville + Dot Legacy) – 26/11/2016 – Nancy (Le Hublot)

Nancy : sa belle place Stanislas, son charmant centre-ville et ses innombrables autres sites culturels tels que le Hublot, qui nous proposa une bien belle affiche. On aurait pu faire un tour du côté de Paris, mais l’envie de profiter pleinement de la fraicheur provinciale du Grand Est était trop grande. Arrivé un peu plus tôt histoire de rencontrer Truckfighters pour une petite interview, le site semble sympathique : salle spacieuse, personnel souriant et odeur rock’n’roll. Mais le show ne commencera pas avant un bon 21h et l’impatience du public pour rentrer (oui parce qu’il fait quand même très froid) se fait sentir. Enfin prêts pour profiter de ce triple choc Rock en train de sillonner dans toute la France.

IMG_5966

C’est Dot Legacy qui ouvre le bal avec une certaine fougue qui ne nous laisse pas indifférents. Ce quatuor Parisien sait se donner : son puissant, énergie débordante et ambiances très variées. On apprécie les nombreuses influences qui en ressortent mais c’est surtout Mars Volta qui nous vient de suite. Le public, un peu timide certes et encore peu nombreux, rend la balle aux musiciens en rentrant doucement dans les variations et délires en tout genre. D’ailleurs, ce jeune groupe n’hésite pas à nous offrir des phases a cappella qui donneront le plus bel effet. Dommage que le son du Hublot se révèle être un peu en dessous de ce qu’on peut attendre pour un show Stoner : murs en béton qui envoient le son parfois dans tous les sens et rapport du volume des voix un peu en dessous des instruments. Donc une bande Made in France à suivre et à revoir au plus vite.

IMG_5974

Très rapidement après, et c’est fort appréciable, Deville est déjà en train de monter sur scène. Ils sont beaux, ils sont forts et surtout, ils se donnent à fond. On ressent de suite la bonne humeur et l’envie de faire plaisir au public, qui commence à croitre. Le guitariste et le bassiste se déplacent sans cesse afin de changer de place et ils partagent énormément avec nous à coup de sourires, de grimaces et d’approches. La base rythmique est parfaite et ça frappe fort. Puis on est un peu déçu encore une fois de ne pas entendre plus la voix de Andreas Bengtsson, qui est souvent étouffée par les instruments, alors que son chant est bien puissant et surtout très nécessaire à la cohésion de Deville. C’est dommage car tout le groupe déploie la grosse artillerie avec des titres comme « What Remains », « Lava », « Make It Belong To Me », la puissante « Deserter » et le magnifique final avec la bien grasse et lourde « Rise Above ». N’empêche que les Suédois nous offrent une belle démonstration artistique et on leur souhaite de gravir un peu plus les échelons de la scène Stoner-Rock.

IMG_5990 (2)

En parlant de Suédois, voilà qu’arrive le duo de choc, Dango et Ozo, avec une certaine envie de faire vibrer Nancy. Puis on découvre un nouveau et énième batteur qui semble heureux de prêter main forte à Truckfighters. Le show démarre sur « Mind Control » pour ensuite nous offrir un large panel de la discographie du groupe. Et étrangement, le volume sonore prend le pas sur ce qu’on avait pu entendre précédemment : son bien fuzz, voix encore un peu faible mais bien mise en place. Puis c’est surtout cette bonne humeur et cette énergie qui fait plaisir à voir. Dango, comme à son habitude, saute dans tous les sens, tombe par terre et s’en va vers d’autres mondes, tandis que Ozo s’amuse avec nous en jouant directement dans la fosse et à nous apprendre à parler Suédois. On regrette un peu quand même que le batteur du groupe soit un peu en dessous des deux comparses. Mais le mur de son et la complicité des musiciens avec le public nous fait oublier ce petit détail. On aura le droit de découvrir deux nouveaux titres de l’opus dont « Calm Before The Storm », puis bien évidement des gros titres comme « Mastodont », « Monte Gargano » et l’incontournable « Desert Cruiser » qui donnera la chance à certains d’entre nous de prendre les micros et de chanter avec le groupe.

 IMG_5983

Ce fut donc une bonne soirée avec un trio Stoner qui fonctionne vraiment bien. On aurait d’ailleurs apprécié voir plus de monde, ce qui n’aura jamais empêché chacun des groupes de tout donner pour cette charmante ville qu’est Nancy.

UFOMAMMUT ( + Cairns + Beesus ) – 02/11/2016 – Paris (Backstage By The Mill)

Avant de s’attaquer à un nouvel album, les italiens d’Ufomammut se sont lancés dans ce qu’ils présentent comme une tournée européenne d’adieu à leur dernier opus en date, Ecate. Au programme de ce très justement intitulé Ecate Farewell Tour, l’intégralité de l’album joué en live. Pour l’événement, ils sont venus au Backstage By The Mill accompagnés de Cairns et Beesus.

14925461_1146182292103406_6538736839367711012_n

On arrive malheureusement trop tard pour Cairns, groupe de doom/sludge, et une fois traversé le pub et passé la porte du fond qui mène à la scène du Backstage By The Mill, on découvre une salle à moitié pleine (ou vide, c’est selon) pendant le set déjà entamé de Beesus. Les 4 romains livrent des compos heavy/grunge assez maladroites, et le chanteur semblant incarner la caricature grossière d’un poète torturé et mal dans sa peau ne fait rien pour arranger le malaise. Coup de grâce, le public n’est pas du tout réceptif et froid comme la mort. Dure entrée en matière.

Qu’à cela ne tienne, si on voulait voir des italiens ce soir, ce sont ceux d’Ufomammut et pas d’autres.
Après un long et massif bourdonnement sonore en guise d’introduction, le groupe ouvre les hostilités. Lumières rouges (qui ne changeront pas de tout le concert, peut être le régisseur lumière était-il en arrêt maladie ce soir là) et projection vidéo d’images kaléidoscopiques viennent planter le décor autour des trois bonhommes, un guitariste, un bassiste chanteur et un batteur. Une formation minimaliste pour des compositions qui le sont tout autant, du moins mélodiquement parlant.
En bon architecte sonore, nul doute qu’Ufomammut a dû passer plus de temps penché sur ses différents effets venus d’ailleurs que sur ses instruments à cordes. Vous ne trouverez donc aucun riffing, mais des bruits de l’espace, des morceaux aux textures travaillées, réfléchies, afin d’élever l’auditeur le plus haut possible lors de passages suspendus dans l’air et le temps autour de la voix réverbérée du chanteur… Ou de l’écraser plus bas que terre avec d’autres plus pesants qui t’enclument le visage sous des basses bien fumantes. Le nom du groupe ne pouvait d’ailleurs être mieux trouvé : la rencontre de l’ovni et du mammouth, la technologie au service de la bestialité originelle.

20161102_212623

Si l’œuvre des mammouths de l’espace est plus qu’honorable, elle demande un certain effort d’attention sous peine de décrocher rapidement et de la juger répétitive et lassante. Et le live de ce soir ne déroge pas à la règle. Certains moments semblent plus longs que d’autres, et on aurait aimé un groupe plus communicatif pour parfois pallier notre inattention. Avouons-le, l’acoustique de la salle n’aide pas. Entre l’énorme pilier situé en pleine fosse et la proximité de l’espace bar, les conditions ne sont pas optimales pour rentrer dans l’ambiance. Une fois Ecate achevé, Ufomammut revient pour un rappel d’une quinzaine de minutes, qui clôture définitivement la soirée.

20161102_214544

Malgré quelques longueurs et un jeu scénique pas franchement excitant, Ufomammut maîtrise sa musique parfaitement et réussi tant bien que mal à nous transporter dans son univers d’un futur préhistorique, où les droïdes côtoient les dinosaures.

Le Grand Incendie : TRUCKFIGHTERS + Glowsun + Montecharge + We Hunt Buffalo – 29 Octobre 2016, Bron (Jack Jack)

Le grand incendie pic

On a quitté L’œil de Néron et le Jack Jack voilà moins d’un mois, la scène encore chaude des braises du Bal Doom-Doom, et voici que Le Grand Incendie ravive les flammes de la fuzz et de la folie. 5 groupes pour un samedi haut en saucisses et en sourires, une première édition qui aura comblé les espérances des quelques 400 personnes ayant répondu présentes.

Montecharge

18h. C’est aux parisiens de Montecharge que revient la tâche d’ouvrir les hostilités. Devant un parterre pas encore rempli et quelque peu timide, le quatuor ne déméritera pas et balancera 40 minutes d’un stoner velu aux riffs et à la rythmique redoutables. A suivre de près d’autant que les gonzes sortent un EP dans pas longtemps.

Glowsun

On était surpris de ne pas voir de merch Glowsun installé avant le début des concerts et pour cause. Les Lillois arriveront au cul de la scène à l’heure de jouer. Arrivant de Parme en Italie où il jouait la veille, bravant bouchons et douane, le trio jette son matériel sur les planches, line-check puis envoie son stoner psychédélique et mental sans prendre le temps de souffler. Un set à la hauteur du talent des français oscillant entre circonvolutions aériennes et moment d’impact maitrisé. On aime. Belle performance de la part de Glowsun vu les conditions marathoniennes pour eux.

Witchrider

Le temps d’ingurgiter hot-dog et bière, de faire un tour devant les vinyls proposés par Bigoût Records que l’on redescend dans la belle et récente salle du Jack Jack pour assister à la performance de Witchrider. Les autrichiens assureront un show bien présent scéniquement et aux entournures plus mélodiques que le reste du plateau. Un zest de Silverchair, un brin de Foo Fighters, le public semble conquit, plus que nous. Mais la sympathie des musiciens et leur joie d’être là ce soir l’emportent finalement.

We Hunt

On avait déjà eu l’occasion de se faire tarter par We Hunt Buffalo lors de fest précédents et la douloureuse sensation de classe crasseuse se fera à nouveau ressentir. Le trio canadien va découper devant nos yeux tout gras de belles et grosses bûches de rock poilus. L’harmonie des voix est remarquable soutenue par des lignes instrumentales maîtrisées. Mission plus qu’accomplie pour le trio à en juger par la réaction du public. LE concert de la soirée pour beaucoup d’entre eux.

Truckfighters

Il est 22h30. L’heure enfin de Truckfighters. Les gens sont là pour eux, l’excitation est palpable. Les suédois ne sont pas venus sur Lyon depuis 5 ans et ont, entre temps, acquis une nouvelle dimension. Que l’on aime ou pas, il convient de reconnaître au trio un « savoir-liver » remarquable et une générosité rare dans la performance. Et même si ce soir, on ne sera pas forcément convaincu par les nouveaux morceaux, la prestation fera mouche. Et des morceaux comme « desert cruiser » ou « mastodont » nous hérissent toujours autant le poil.

Belle première édition pour ce Grand Incendie. Félicitation à L’œil de Néron et au Jack Jack. On espère que l’expérience sera renouvelée l’année prochaine !

Merci une fois de plus à Oofzos.fr pour les photos !

DOPETHRONE (+ Fistula + Grime + Fange) – 26/10/2016 – Paris (Glazart)

Nous, gens du désert, ne faisons pas que vanter les mérites du chanvre et du houblon avec un t-shirt Karma to Burn et une casquette Dozer. Parfois, lorsque l’humeur se fait plus taciturne, on troquerait volontiers cet accoutrement de joyeux drille pour une bonne dose de violence lavée à sec et sans adoucissant. Ça tombe bien, car le 26 octobre dernier, les Stoned Gatherings ont décidé de nous tendre gentiment la bassine pour y cracher notre fiel. 4 groupes préposés au châtiment, avec, dans l’ordre, Fange, Grime, Fistula et Dopethrone. En résumé, du sludge, des cris, de la tension et du chaos. Alors virez-moi votre patch de la NASA et remplacez-le plutôt par celui du GIGN.

14192673_1039753356139004_1677197567815840390_n

Après une courte intro d’un morceau de rap dont notre faible culture dans le domaine ne nous permet pas d’identifier l’auteur, les rennais de Fange montent sur scène. Alors que les premiers sons terriblement lourds se font entendre, le chanteur fait les cent pas, remonté à bloc et prêt à exploser à la moindre occasion. Cet électron libre occupe toute la scène de ses mouvements désarticulés, joue avec le micro et réussit à capter toute l’attention du public. Cette prestation scénique parfaite pallie une musique plus difficilement convaincante, mélangeant mid et low-tempo avec parfois un peu de grind. L’alliance du guitariste, faisant plutôt office de bassiste car surement accordé en drop Z, d’un autre bidouillant des effets sonores non identifiés et poussant la gueulante au micro de temps en temps et des hurlements du chanteur, nous donne un pâté sonore très noisy et dur à digérer.

Sans titre

Au tour des italiens de Grime de prendre la suite. Rien de surprenant dans le sludge du groupe : des riffs coup de poing, une atmosphère lourde et angoissante, et le spectre de Eyehategod jamais très loin. Malgré tous ces points positifs, il manque le petit détail pouvant faire la différence. On passe un bon moment, mais on n’est jamais vraiment séduit. Peut être que le chant, réduit à de simples hurlements, y est pour quelque chose. A tous ceux qui ont déjà osé dire « mais là il chante pas le gars, il crie » (de la même espèce qu’un « mais même un gosse de 4 ans pourrait faire ce Picasso »), nous aurions dû leur imposer l’enchainement très contrastant de Grime suivi de Fistula, pour leur faire comprendre que non, le chant câlin du sludge n’est pas chose aisée.

Sans titr2e

S’en suit Fistula, donc. Avec pas loin de deux décennies d’existence et une discographie aussi longue qu’un dimanche de fiançailles chez Jeunet, les gars de l’Ohio font figure de piliers du genre doom/sludge crado/cul de joint/fragrance whisky. Se faisant plutôt rare en France, on est donc assez content de les voir ce soir. Après quelques légers problèmes de retour énervant notre chanteur au front judicieusement tatoué « rock’n roll victim », le groupe peut dérouler en toute tranquillité son set, piochant dans ses nombreux albums, même les plus anciens.
En plus du chant évoqué plus haut, le niveau général est monté d’un cran. Les compos sont mieux ficelées, mieux maîtrisées, les ambiances sont plus variées, et la fosse commence à connaître ses premiers émois, au rythme entêtant des battements de mon cœur. Transition parfaite pour le prochain groupe qu’on ne présente plus.

de

Après trois albums déjà très bons dans leur besace, Dopethrone décidait en 2015 de s’imposer comme chef de file du néo-sludge avec leur quatrième et excellent opus « Hochelaga », blindé jusqu’à l’overdose de riffs géniaux et teinté d’une atmosphère sombre et savoureusement putride. Un an après, les montréalais nous ont sorti un split avec Fister et un EP intitulé « 1312 ». L’occasion était suffisante pour revenir nous faire un coucou au Glazart, « la maison », comme l’aime à l’appeler Vincent Houde, le guitariste chanteur. Les mecs se sentent chez eux, et ça se sent. Malgré des riffs à glacer le sang et une section rythmique tout simplement écrasante, l’ambiance est sacrément conviviale et bon enfant. Entre deux titres, Vincent nous balance quelques anecdotes bien barrées et joue de bon cœur son rôle de représentant d’un mode de vie délétère, préférant la vodka à l’eau et le THC à l’oxygène. Sur « Scum Fuck Blues », Dopethrone fait même monter ses potes pour partager le micro, notamment le guitariste de Fange. Au milieu de ces festivités, on retrouve pêle-mêle « Dry Hitter », « Dark Foil », « Devil’s Dandruff », le plus récent « Shot Down », ou leur fameuse reprise de « Ain’t No Sunshine », qui passe étonnement bien dans sa version Bill Withers zombifié.

Sans titre

En résumé, une soirée qui a démarré doucement, avec quelques petites étincelles, pour finir en feu d’artifice.

DESERTFEST BELGIUM Jour 3 (Goat, Uncle Acid, Duel, Scorpion Child, Castle, Lonely Kamel, Earth Ship, Komatsu,…) – 16/10/2016 – Anvers (Belgique)

Déjà le dernier jour de ces festivités dans l’agglomération du nord de la Belgique plus connue pour son port, ses diamants, ses vitrines et ses chicons que pour ces fiestas désertiques ! N’empêche qu’avec le soleil qui cogne on s’approche un peu plus de l’ambiance des parties fines avec générateurs qu’avec le crachin du vendredi. C’est en mode touristes décontractés avec lunettes de soleil, chemises hawaïennes et bobs aux couleurs d’apéros made in France que nous avons arpenté les quais et profité du panorama sur la ville qui s’offre aux visiteurs peu sportifs qui montant les 10 niveaux de la tour rouge (qui tache dans le paysage) en escaliers roulants. Mais l’heure des vraies festivités approche, et il ne sera pas dit qu’un concert commencera sans nous !

 

JOSEFIN ÖHRN & THE LIBERATION

1-Josefin ohrn & the Liberation - IMG_7107

Josefin ose centrée sur la Vulture stage en ce dimanche après-midi. Il lui revient l’insigne honneur de donner le coup d’envoi de cette ultime journée du millésime 2016 de ce festival qui donne la frite. Elle est charmante et elle en joue ; les matous dressent l’oreille (what else ?) pour la belle et son band qui nous envoient un krautrock psychédélique dominé par les claviers en ce qui concerne le mix. C’est super lancinant et permet de démarrer l’après-midi tout en douceur et de digérer les meilleurs burgers d’Anvers que nous nous sommes tapés en tant que gastronomes avertis. Avertie, la frontwoman vêtue de noir l’est aussi ; intrépide, elle l’est aussi et nous envoie avec ses Liberation un set presque exclusivement composé de titres de « Mirage », sa dernière production des plus aérienne.

 

DORRE

2-Dorre - IMG_7177

Pas le temps de se laisser bercer par la brune active au rez de chaussée ; il est temps de passer aux choses sérieuses et plus viriles avec les jeunes de Louvain qui vont nous botter le cul à l’étage. Actif dans un registre plus sombre et nettement plus couillu que celui de leur homonyme Julien, le trio envoie un set bruyant que les lourds de l’assistance, déjà dans la place, savourent alors qu’il n’est même pas encore l’heure du goûter ! Le batteur nous aura particulièrement séduit en malmenant son instrument avec ferveur pour faire onduler les bourrins présents tôt cet après-midi tandis alors que certains festivaliers ne sont pas encore parvenus à s’extraire la tête du postérieur. Tant pis pour ces petites natures qui auront loupé un show dissonant et pugnace pour public averti.

 

MOANING CITIES

3-Moaning Cities - IMG_7239

On a déjà vu les jeunes belges de Moaning Cities sur les planches de bon nombre de festivals ces dernières années (Desertfest Berlin, Up In Smoke, et même le Desertfest Belgium pour sa première édition il y a deux ans). On avait donc une vague idée de ce à quoi s’attendre, et à ce titre on n’aura pas été déçus… on aura même été agréablement surpris ! Pas impressionnés le moins du monde par ce slot sur la main stage (devant un public assez nombreux), le quatuor prend la scène avec fougue, et occupe admirablement l’espace mis à sa disposition. Hormis son guitariste / vocaliste un brin statique derrière son pied de micro, les autres dansent et virevoltent (top 10 des mots les plus improbables dans une chronique live Desert-Rock) au fil d’une entame de set composée de morceaux aux rythmiques assez enlevées. Même la batteuse, par ailleurs dotée d’une remarquable frappe toute en puissance, est à fond dans le trip. Le ventre mou du set, plus psyché-atmosphérique (avec le fameux sitar, passage obligé pour tous les concerts du groupe, sur «Easter» aujourd’hui notamment) va un peu doucher l’enthousiasme général, mais le public semble acquis, et le challenge est remporté.

 

KOMATSU

4-Komatsu - IMG_7511

Les Néerlandais nous avaient laissé un agréable souvenir par le passé lors de l’ouverture remarquée qu’ils avaient faite sur une certaine tournée d’une gloire du stoner. C’est donc joyeux comme des drilles que nous avons abandonné la Desert stage pour aller nous serrer à d’autres spectateurs pour le concert du quatuor qui se pointait en voisin. Aux manettes nous croisons une vieille connaissance de nos services, à savoir un ancien Zamarro (extraordinaire trio stoner bâlois d’il y a un paquet d’années que les jeunes feraient bien d’écouter). Dès les premières notes nous remarquons que les Bataves ne sont pas là pour plaisanter. Malheureusement, leur show puissant est rapidement pénalisé par une mise en son qui tape dans le brouillon, et que ce soit au milieu de la foule, au bords de la scène ou juché sur les marchepieds du fonds de la salle (qui servent bien souvent de siège pour spectateurs fatigués voire ivres), la sensation sera la même. On regrettera ce choix d’expression dans l’urgence qui ne nous aura pas permis de nous taper quelques extraits du nouvel album Recipe For Murder One dans des conditions différentes, car des titres comme « Lockdown » ou « Scavenger » – balancés durant le set – nous avaient bien fait hocher du chef lorsque nous découvrîmes cette plaque.

 

EARTH SHIP

5-Earth Ship - IMG_7614

Bien émoustillés par une production discographique sans point faible, et armé d’un dernier album remarquable, Earth Ship, trop rares sur scène, étaient très attendus. Surprise à leur entrée sur scène : le batteur a été changé il y a quelques jours apparemment et… il manque un guitariste ! On apprendra par la suite que Marcel Schulz a quitté le navire (c’est le cas de le dire), sans que le groupe n’ait vraiment communiqué sur le sujet. Bon, évidemment l’emblématique frontman et fondateur du combo Jan Oberg est bien là, ainsi que son épouse Sabine à la 4-cordes. Mais on est quand même dubitatifs sur la capacité du groupe à retranscrire les sonorités élaborées de ses productions vinyliques avec un batteur débutant et une guitare en moins… Côté batterie, dès les premiers titres, le diagnostic tombe : pas de soucis, il n’en met pas une à côté. Côté guitare et son en général, en revanche, le bât blesse un peu. On reconnaît les titres, et niveau puissance sonore et riffs, Oberg abat un boulot colossal avec sa gratte. Mais la force de Earth Ship réside aussi beaucoup dans l’élaboration de ses compos, parfaitement ciselées et travaillées, avec la chape de plomb qui va bien par dessus. . Et dans ce contexte, l’adjonction d’une seconde guitare, et le confort associé pour poser quelques soli bien sentis notamment ou autres harmonies, manque un peu. Mais ne soyons pas tatillon : on se prend quand même une belle déflagration en pleine poire. Évoluant sous un light show rachitique (comprendre : peu ou prou dans l’obscurité) le trio débite sans temps mort son lot de bûches, que l’on encaisse une à une sans piper mot. On ressort donc bien contents, mais aussi avec un léger regret de ne pas avoir pu voir la machine tourner à son plein potentiel ; quand on voit l’efficacité de l’animal avec une jambe en moins, on imagine à peine la claque qu’il doit produire avec tous ses membres.

 

MY SLEEPING KARMA

6-My Sleeping Karma - IMG_8021

On est des fous, on va commencer la chronique du set de My Sleeping Karma par la conclusion : on s’attendait à une bonne claquasse, et on l’a bel et bien prise en pleine face. Voilà. Effectivement, on savait très bien à quoi s’attendre : invariablement, ces dernières années, qu’ils aient joué en clubs ou en festivals (grandes scènes, petites scènes), les souriants – à la scène comme à la ville – germaniques ont toujours su tisser en live une trame musicale infaillible, faite de compos impeccables (avec à chaque fois, par respect pour ses fans de la première heure aussi, des titres passant en revue toute sa carrière), d’une dynamique scénique essentiellement basée sur l’échange (les gars se regardent sans arrêt, leur plaisir de jouer ensemble transpire) et d’un coefficient sympathie bluffant (l’humilité des bonhommes à la moindre vague d’applaudissements respire la sincérité). A partir de là, ils pourraient jouer n’importe quel titre que ça passerait presque, pour autant le groupe est armé de belles pépites bien rodées, aux passages atmosphériques et montées en puissance toujours aussi efficaces sur scène («Prithvi», «23 Enigma», «Glow 11», etc…). Doté pour bien faire d’un son remarquable, le concert ne pouvait décemment pas faire autre chose qu’un carton. Le quatuor (oui oui, il y a un claviériste, le gars immobile un peu avachi dans l’ombre à droite, là…) repart donc avec, encore une fois, quelques centaines de nouveaux fans dans sa besace (fallait voir le stand merch se faire littéralement dévaliser après leur set).

 

BLACK SWARM

Youpie : le nom de groupe en “black” de la journée ; ça nous avait presque manqué. Après la délicatesse aérienne de My Sleeping Karma on se cogne à un style plus brutal dans le petit espace qui a revêtu son style underground (et ce ne sera pas la dernière fois de la journée). Ces brutes natives d’Anvers envoient du gros son dans la plus pure tradition du punk à la D.O.A. qui tache et blast sa génitrice. Le bedonnant tatoué du bide et ses trois acolytes rockers d’un autre temps n’ont clairement pas grand chose à partager avec la programmation générale de l’événement et on s’en cogne pas mal. Ça remue bien dans un pit réceptif aux assauts distordus et à la batterie binaire et surtout ça adhère pas mal à la démarche artistique qui en réveille certains. Alors que le set est loin d’être terminé, le brailleur, torse nu, annonce que le groupe va s’arrêter entraînant une réprobation plus que certaine de ses suiveurs. Comme il enchaîne sur le fait qu’eux respectent leurs engagements pas comme Graveyard, nous décorons cette formation – des plus rock’n’roll – du prix du taillage de costard sur ce festival.

 

DUEL

8-Duel - IMG_8374

Avouons-le : en pénétrant dans la Canyon stage, l’essssitation est à son comble à la perspective de voir Duel en live. Deux raisons à cela : d’abord, la plus saine, on a adoré leur première galette sortie il y a quelques semaines et on meurt d’envie de voir ce dont ils sont capables sur une scène. L’autre raison est plus moralement discutable (mais on assume) : le groupe ayant été formé à l’origine par deux dissidents de Scorpion Child, qui joue un peu plus tard sur la même scène… on voulait voir du sang !! La conception fondamentale de la musique développée ces deux formations étant diamétralement opposée, on espérait, un peu malsainement on l’avoue, que le groupe transforme ce potentiel antagonisme en un coriace esprit de compétition… pour botter des culs !! Et bien bottage de culs il y eut, assurément, mais sans vrai lien avec Scorpion Child. Et c’est bien là le tour de force du combo, à qui il n’a suffi que de quelques riffs et d’une première salve de headbanging de Tom Frank pour immédiatement justifier et légitimer l’existence même de Duel, devenu essentiel en trois coups de cuillère à pot. Au bout de quelques secondes, donc, plus grand monde dans l’assistance ne se pose la moindre question, emportés comme un seul homme dans le hard rock / garage / stoner du quatuor texan. L’assistance mange dans la main de Frank, frontman exubérant, véritable boule d’énergie au riffing de tueur. Boom, game over, Scorpion Child n’a pas encore joué qu’ils sont probablement KO debout sans même le savoir.

 

LA MUERTE

9-La Muerte - IMG_8629

Putain ! La Muerte est de la partie et les nostalgiques des années quatre-vingt se sont frottés à poil contre le crépi pour fêter cette excellente nouvelle. Après quelques titres, nous nous rendons compte que l’énorme honneur d’assister à un show de cette formation de légende n’est pas partagé par le plus grand nombre et que, pour une fois, il y a de l’espace dans les premiers rangs de la Desert stage sur une plage horaire des plus prisées. Rien à foutre, les Belges envoient la grosse artillerie et le public présent – les épicuriens quoi – se font carrément plaisir à se retaper les titres imparables d’un groupe prépondérant de la scène underground belge d’il y a presque – oh putain – trente piges ! Pull rayé, gilet destroy et sac en jute sur la tête avec orifices pour les yeux ainsi que la bouche, leur charismatique frontman fout un gros bordel alors que le côté cours de la scène ressemble à ce que proposait Wolvennest (tiens donc) la veille avec force chandeliers ainsi qu’autels à la gloire du rock’n’roll. Les standards du collectif belge, « Couteau Dans L’Eau », « I Would Die Faster », « Shoot In Your Back » ou « Lucifer Sam » ont foutu une sacrée trique aux amateurs de ce genre. Plus enclins à faire les beaux jours d’un fest dédié au punk revival qu’à une concentration stoner peut-être, mais on s’en fout, même si les avis sont partagés, car les amateurs ont pris leur panard !

 

TAU

10-Tau - IMG_8688

Coincés entre une formation qui envoie du bois et nous pousse à l’autodestruction et des mammifères placentaires débarqués de leurs drakkars norvégiens, les Allemands de Tau offrent une accalmie d’un autre temps au public du festival. Guitare en bois et bâtonnets d’encens foutent une ambiance propice aux trémoussements chez les hippies qui ont fait le déplacement à Anvers. Le duo guitare et percus sous influences shamaniques déploie un peu le style qui devait trotter dans la tête d’êtres comme Yoko Ono et Ravi Shankar qui éloignèrent les scarabées de plans prometteurs dans la veine de « Helter Skelter ». C’est mou du genou – et ça se veut pas nécessairement autre chose, au passage – et peine à emballer longtemps les amateurs de gros riffs que nous sommes, surtout qu’à l’étage ça s’apprête à envoyer le lourd ; nous abandonnons la place aux babacools sans grand regret.

 

LONELY KAMEL

11-Lonely Kamel - IMG_8777

Coup dur il y a moins d’un mois, en apprenant que Lonely Kamel s’était séparé de son guitariste lead, Lukas Paulsen, une personnalité emblématique dans les prestations live du combo. Nos trois robustes germains ont rapidement recruté un nouveau partenaire, le jeune Vegard Strand Holthe, qui assure cette tournée, sans que l’on sache s’il fera partie du line-up stable du groupe. Toujours est-il que le bonhomme assure bien ce soir ! Parce que scéniquement, les trois «anciens» ne sont pas les musiciens les plus exubérants de la journée, loin s’en faut, même si les bonhommes savent tenir une scène. Or notre vigoureux soliste a beau être à fond dedans, il n’a alheureusement pas la metal attitude bien badass de Paulsen. Niveau set list, le groupe, le cul entre deux chaises en terme d’actualité (dernier album en 2014… on va se sortir les doigts maintenant, les gars ?), ne joue pas l’originalité et dégaine ses plus beaux brulots (à commencer par «Roadtrip with Lucifer» pour lancer les hostilités) pour le plus grand plaisir d’un public qui n’attendait pas autre chose. Carton plein évidemment pour le redoutable «Evil Man» en milieu de set qui mettra tout le monde d’accord. Même en mode «service minimum», Lonely Kamel est quand même la tête et les épaules au dessus de la mêlée, rien à redire. Rien de flamboyant non plus.

 

UNCLE ACID & The Deadbeats

12-Uncle Acid and the Dead Beats - IMG_8992

Que dire de Uncle Acid qui n’ait été dit mille fois ? Leur set ce soir ressemble aux derniers que l’on a vus d’eux (il faut dire pour l’anecdote que ça fait maintenant pas mal de temps que le line up est stabilisé… C’est louche…) et c’est déjà énorme. Car sur scène et dans le public, il y a un effet «Uncle Acid» absolument tangible, et ce dès les premiers accords de l’incontournable «Mt. Abraxas». Est-ce la voix subtilement nasillarde du père Starrs ? Ces compos impeccables, d’une efficacité redoutable ? Ces musiciens timorés mais interprètes parfaits, qui épaulent un Kevin Starrs brillant autant dans ses rythmiques que dans ses soli ? Cela restera un mystère dont on restera, concert après concert, les plus circonspects observateurs. Scéniquement, Starrs assure le service de base, il est bien dans son set (avec une section rythmique plutôt comparable à des plans de tomates sur pieds qu’à des singes montés sur ressorts, en termes de dynamisme…), et la scène baigne comme d’habitude dans une pénombre calculée, où les bonhommes se retrouvent en contre-jour perpétuel. Toujours est-il qu’on reste bluffé par l’efficacité du groupe et du concept global. Ce n’est pas volé, la démarche est honnête et intègre. Quelle que soit sa personnalité, souvent décriée (à juste titre pour partie), respect à Starrs d’en être arrivé là, à ses conditions, avec sa méthode.

 

CASTLE

13-Castle - IMG_9149

Nous avions déjà capté les Etasuniens lors d’une édition précédente d’un autre Desertfest continental par le passé et après avoir écouté leur nouvelle pièce : « Welcome To The Graveyard », nous trépignions d’envie de nous en retaper une bonne ration. Nous sommes peu dans la Vulture stage alors que le tonton acide est toujours en train d’enchanter son public dans la grande salle. Nous n’allons pas cacher notre plaisir et ne sommes pas les seuls à piaffer d’impatience lorsque finalement le trio prend place. Esthétiquement : rien n’a vraiment changé puisque le chevelu grisonnant caché sous sa tignasse s’agite et participe de manière timorée au chant, que le frappeur est caché derrière ses fûts en assurant métronomiquement son job et que la superbe frontwoman capte l’assistance en raison de sa plastique, de sa gestuelle des plus rock’n’roll ainsi que grâce à sa voix particulièrement bien mise en valeur par le mix du show. On s’en fout plein les fabriques à cérumen avec des extraits super efficaces du dernier opus (que nous continuons à conseiller à qui veut bien prêter une oreille à nos dires) et sommes rapidement rejoints par les quidams quittant la Desert stage au terme de la prestation de la vedette américaine de la soirée.

 

SCORPION CHILD

14-Scorpion Child - IMG_9326

Avec le départ des deux pouilleux Tom Frank et Shaun Avants (partis monter le craspec Duel qui nous a frotté les oreilles tout à l’heure sur la même scène), on sait que l’orientation musicale du quintette texan s’est pour le moins «policée» (décision illustrée par leur choix de remplacer Frank à la gratte rythmique par… un claviériste !). Les amateurs de gras et de hargne sont donc restés au rez-de-chaussée dans la Vulture stage pour voir la fin du set de Castle – ils n’auraient rien trouvé à leur goût ici. Pour autant, la prestation de Scorpion Child n’est pas inintéressante : ça joue bien, net, carré, bien propre derrière les oreilles, rien à dire. Leur hard rock vintage est parfaitement maîtrisé, leur approche musicale est vraisemblablement honnête, et leur talent de musiciens est inattaquable. Mais côté excitation, on est bien loin du priapisme. Pas de coupable tout désigné, simplement Black, s’il ne manque pas d’énergie, n’a ni la voix ni le charisme de Robert Plant. Tout comme Cowart : il ne démérite pas en astiquant son manche, mais il n’a ni la classe de Page, ni le talent de Blackmore. Néanmoins, et notre professionnalisme nous force à le reconnaître, Scorpion Child fait très bien ce qu’il sait faire. Sauf que quand il faut choisir un concert à sacrifier pour trouver 15 minutes et aller se ravitailler, le choix est vite fait…

 

GOAT

15-Goat - IMG_9562

Après ce passage dans les 70s, on change complètement d’espace-temps avec la prestation très attendue de Goat. Si vous ne les avez jamais vus en live, les musiciens de Goat jouent masqués et habillés de vêtements de types cérémoniaux. Ils évoluent dans une sorte de musique psyché-hors du temps où se mêlent des rythmes tribaux africains et amérindiens, avec percus diverses, des plans de synthé old school, et des vocaux féminins un peu geignards pour couronner le tout. Scéniquement, c’est une demi-douzaine de musiciens plantés là sans trop bouger, avec deux chanteuses-interprètes qui se baladent et dansent un peu dans tous les sens sur scène, le tout baignant, comme ce fut le cas tout le week end, dans des lights et vidéo-projections très présents. Vous vous mettez tout ça dans la tête, et vous imaginez surtout plusieurs centaines de personnes (que vous avez vues tout le week end headbanguer la bave aux lèvres et le verre de bière tiède à la main devant les plus gras groupes de sludge) se trémousser tous ensemble avec un vague sourire sur les lèvres. Observer le public dans un concert de Goat, c’est assister à autant de danses improbables (dans le sens littéral du mot – pas pour la formule rhétorique usée du chroniqueur en galère) que de spectateurs. Musicalement, vous l’aurez compris, on est dans la pure subjectivité : le groupe plaît ou déplaît, mais ne laisse pas indifférent. En revanche, un point qui fera l’unanimité : en live, il se passe quelque chose d’indescriptible, un certain rapport à l’universalité qui prend toute sa dimension dans le contexte de ce week end, quelque chose qui renvoie ni vraiment à l’ellipse, ni au pur second degré. Une sorte d’existence musicale décalée, hors standards, accessible au plus grand nombre.

 

TOXIC SHOCK

16-Toxic Shock - IMG_9678

Les avis divergent en ce qui concerne la copie belge presque conforme à l’original à tendance suicidaire de Venice. Certains les ont taxés de carrément hors sujet lors de ce fest alors que d’autres se pressaient devant la scène prêts à se lancer dans le premier véritable pogo à prendre place devant la Vulture stage si propice aux plans hors stoner traditionnel. Leur punk rapide fleurant bon le hardcore d’antan s’est déployé avec force efficacité et en débutant leur set – avec du retard et – avec « The Survivalist », ces Belges ont fait le bonheur des nostalgiques de Mike Muir (qui sont gâtés ces temps). Leur style véloce foutrement rentre-dedans et le gros bordel qu’ils ont mis dans la place ont ravi un pit d’adulescents plus prompts à bouger leurs popotins sous les riffs de titres comme « Mr. T » (une débauche thrash comme on n’en fait plus de nos jours) plutôt que de se dandiner lors d’un culte de la chèvre qui faisait le plein à la cave.

 

VODUN

17-Vodun - IMG_9820

La magie du vaudou n’a pas opéré sur tous, mais le trio britannique peut se targuer de n’avoir laissé personne indifférent alors qu’il lui revenait la lourde tâche de clore cette fiesta stoner – et autres styles plus ou moins proches – belge. Comme l’an passé avec Wheel Of Smoke, les programmateurs n’ont pas versé dans le final larmoyant, mais nous ont proposé quelque chose de différent, mais clairement pas hors sujet. Vodun avait pimpé la Canyon stage de décos africaines pour y pratiquer son art. Entre gros heavy rock déluré, soul entraînante et plans afros, grimés comme il se doit, ils ont chauffé à blanc une partie des festivaliers pour l’after qui allait suivre en ce lieu. Plus qu’un concert, les brexcités nous proposent une immersion dans leur univers à la fois chatoyant et terriblement déluré. Nous avons bougé nos culs un peu aussi sous les assauts terribles que le groupe déploie lorsqu’il monte dans le rouge. Une belle manière de mettre un point final à une édition 2016 d’un festival qui flirte avec sa capacité maximale en ce qui concerne l’auditoire.

 

Nous remercions tout particulièrement le public explosif et éminemment sympathique (toujours sympa de croiser une cargaison de potes qui se reconnaitront), l’organisation bien rodée ainsi que les groupes qui nous ont permis de nous extirper de notre mortel quotidien pour trois jours de folie sonore. Vivement l’an prochain où nous comptons voir encore plus de francophones que cette année afin de nous sentir vraiment chez nous !

 

Chris & Laurent

 

DESERTFEST BELGIUM Jour 2 (Pentagram, Monkey 3, Colour Haze, The Atomic Bitchwax, Elder, Hangman’s Chair,…) – 15/10/2016 – Anvers (Belgique)

Après un repos réparateur (salvateur ?), nos vieilles carcasses rouillées sont quelque peu soulagées des efforts fournis la veille et on rejoint à nouveau le Trix en ce samedi très ensoleillé (et dire qu’on va passer l’après-midi dans des salles obscures…), plus tôt qu’hier, car la journée va être encore plus chargée aujourd’hui : 18 concerts, sur 3 scènes, entre 15h et 1h du matin, en gros… On ne va pas perdre de temps à faire de mat, on est déjà en retard pour… les 2 concerts qui ouvrent simultanément cette journée !! Et dire qu’hier on parlait déjà de choix draconiens… ça ne va pas s’améliorer sur ce point.

 

Black Mirrors

1-Black-Mirrors---IMG_4357

Les Blacks machin-truc-chouette sont moins nombreux en ce second jour que la veille puisque les Belges seront les seuls à nous divertir avec un patronyme de ce type en ce samedi fiévreux. En place sur la scène Vulture, la bande de Marcella trouve rapidement son public parmi les fans de formations genre Wucan et quelques autres qui puisent leurs influences auprès de la grande camée que fût Janis Joplin jadis. Les relents bluesy et la peinture de guerre de la frontwoman – genre Angela Gossow du southern blues – feront mouche et participeront à une immersion dans ce second jour de folie qui démarre pour le coup tout en douceur, mais avec force classe.

 

Mother’s Cake

2-Mother's-Cake---IMG_4398

Le concert de Mother’s Cake sur la main stage a été rajouté récemment (si bien qu’il ne figure pas sur le programme officiel distribué à l’entrée du festival, imprimé trop tôt sans doute). Toujours est-il que la très grande salle sonne creux, et on ne peut pas dire que la foule se presse au premier rang. Autre facteur d’explication : la notoriété du combo ne justifierait sans doute pas à elle seule un créneau sur la main stage, et c’est bien plus par opportunité que le trio autrichien se voit ainsi “promu”. Est-ce pour autant volé ? Non, les lascars sont solides, ça joue bien, et même s’ils apapraissent un peu paumés plantés sur une scène aussi grande, ils n’apparaissent pas mal à l’aise. Pour autant, on ne peut pas parler d’un enthousiasme démesuré dans l’assistance (voir les raisons sus-mentionnées…) et le rock fourre-tout du combo (stoner, rock indé, grunge,…) ne restera pas ce soir dans les mémoires de beaucoup de monde, quand on voit ce qui se profile sur l’affiche dans la journée…

 

Wolvennest

3-Wolvennest---IMG_4472

Avant le concert de Wolvennest, un type passe un gros quart d’heure sur la canyon stage non pas à faire le soundcheck (on présume que c’était avant) mais à allumer les dizaines de bougies, fixer les cranes et chandeliers sur les guéridons, allumer les batons d’encens, etc… Une sacrée logistique, pour un concert qui n’aurait sans doute pas bénéficié d’une  franche caution des services de sapeurs pompiers de la ville s’ils avaient étaient sollicités pour évaluer les risques d’incendie… Toujours est-il qu’il y a pas mal de monde dans la salle pour voir ce que ce groupe / projet a dans le ventre : sorte de “all-star band” composé de musiciens pas trop stars (même dans l’underground), les forces en présence (des membres de Mongolito, La Muerte, Aqua Nebula Oscillator…) incitent à la circonspection. Les musiciens montent sur scène, sous le “commandement” de l’emblématique frenchie Shazzula (qui assume son rôle de front-woman, avec son Moog, ses effets et son micro),  et les différentes strates musicales montent progressivement en puissance pour très vite atteindre la pleine puissance de l’objet musical qui évolue maintenant sous nos yeux. Difficile de définir la bête, d’ailleurs, on parle d’un truc un peu lancinant, tendance psyché, bien chargé en agressions guitaristiques (trois grattes et une basse, quand même) pour des passages bien puissants, avec de rares lignes vocales chargées en effets… Et ça passe bien ! le public apprécie tranquillement et headbangue ou ondule selon les plans déployés par le groupe, que l’on sent sérieux, appliqué, et carré. Un bon set, d’un groupe à surveiller de près.

 

Purson

4-Purson---IMG_4611

Hasard ou réelle motivation dans la programmation : les combos avec une ou plusieurs femmes dans leur effectif sont à l’honneur cette année à Anvers, en particulier en tant que chanteuse. Purson rentre dans cette sous-catégorie et… c’est sans doute leur seule spécificité ? Derrière le bon mot, une part de vérité quand même, tant la musique développée par le quintette sur la main stage n’apporte pas franchement un vent d’originalité sur ce Desertfest : résolument orienté 70’s, tendance heavy rock à la Purple ou Cream, on passe le set à essayer de distinguer ce qui les différencie “du lot” (ce n’est pas les seuls sur ce créneau, dirons-nous avec ce sens de la litote emblématique de notre légendaire finesse rédactionnelle). Ca manque de riffs, ça manque de compos efficaces et marquantes, ça manque de prestance scénique, pour attirer vraiment l’attention. On peut facilement aimer ce que fait Purson, mais on a du mal à imaginer que quiconque puisse en devenir fanatique.

 

Giöbia

5-Giobia---IMG_4675

La déjà quatrième formation à se produire alors qu’il n’est pas encore l’heure de l’apéro (mais que certains en ont visiblement déjà abusé), peut s’enorgueillir d’avoir quelques fans dans la place. Le corbeau juché sur le synthé fait un peu cheap après la débauche d’artifices déployée par Wolvennest, mais ce n’est pas le visuel de leurs prestations qui est d’ordinaire le plus prenant. Étalant un garage rock ultra psychédélique et organique, leur style s’apparente au final à un doom ultra light qui fait dodeliner de la tête le spectateur jusqu’à l’hypnotisation totale quand ça marche et jusqu’à la porte de la sortie quand ça ne fonctionne pas. Ces gens étant rompus à l’exercice scénique, ils s’en sortent avec brio et laisseront globalement une bonne impression aux quidams ne les connaissant point d’avant. Une performance malheureusement dans le lieu le moins sexy de la fiesta, coincée entre deux formations des plus attendues.

 

1000 Mods

6-1000-Mods---IMG_4741

La dernière fois que votre serviteur a vu le quatuor grec, c’était il y a 3 ans, quand, en tant que “découverte”, ils ont botté le cul en intro d’un Desertfest Berlin qui n’en demandait pas tant. Depuis, le groupe s’est encore aguerri scéniquement, et vient d’enfanter un nouveau disque remarquable. Un disque dans lequel ils ont pleine confiance d’ailleurs, composant une bonne moitié de leur set list en piochant dedans. Pas sûr en revanche que choisir “Above 179” était le choix le plus judicieux pour rentrer dans un set de quarante minutes (on aime nos 1000Mods bien heavy, que voulez-vous…). Le heavy “Road To Burn” puis surtout l’énergique “Claws” viennent vite remettre les choses en place et lancent enfin comme il faut un set de bonne qualité. Pas plus ? Ben non, on attendait peut-être un peu trop la claque du siècle, ou alors l’usure du fest commence à se faire sentir, ou… Dans tous les cas, l’enthousiasme est palpable, et le public est bien présent et enthousiaste, mais on n’a pas assisté aujourd’hui au meilleur concert du groupe, que l’on sait capable de faire bien plus fort.

 

Elder

7-Elder---IMG_4994

Après être allé se faire foutre chez les Grecs, c’est maintenant au tour des Ricains de nous gaver de leur heavy rock cosmique ultra efficace et ça a été putain de bon ! Comme à l’accoutumée dans ce type de configuration, les membres du trio sont fort éloignés les uns des autres durant la performance et ils ont l’air comme en transe chacun dans leur bulle (juste en ce qui concerne l’aspect visuel car ça joue carrément ensemble et nous ne sommes pas en train d’assister à une performance de free acid jazz  pour épicuriens de ce sous-genre). On se demande en quoi le culte de l’huitre bleue a influencé le style du groupe de la Nouvelle-Angleterre pour que leur chanteur-guitariste se pare d’un pareil shirt, vu qu’on a droit à un set de grande classe du genre rouleau-compresseur en puissance, mais avec une qualité sonore remarquable. Les triplés se permettent de nous gratifier d’un titre inédit en annonçant leur retour en studio en fin d’année (youpie ! youpie !) en plus de ses classiques imparables en live (qui a dit « Compendium » ?) et surtout leur velu bassiste assure plus de trois minutes d’un titre fleuve avec une corde en moins sans abdiquer. Quand on connaît le niveau musical visé par ce groupe actif depuis déjà dix piges, on s’incline. Boston Strong !

 

Arabrot

8-Arabrot---IMG_5189

Le quatuor norvégien, injustement méconnu dans nos contrés fête pourtant 15 ans et 6 albums d’existence. En tournée européenne avec Weedeater, le groupe profite donc du DesertFest pour rappeler que leur rock étrange, entre doom de fermier et psychédélisme allumé, est de toute première qualité. Difficile de décrire leur son mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils auront laissé la Vulture Stage en fusion.

 

Cough

9-Cough---IMG_5222

En tournée avec Elder, le quatuor américain est très attendu sur la Canyon stage, à en juger par l’affluence. Il faut dire que son dernier album a bluffé pas mal de monde, même si le talent intrinsèque du combo n’a jamais été un secret pour quiconque avait déjà vu les gonzes live notamment. Illustration de fort belle manière aujourd’hui encore, avec une prestation de toute beauuuté. Force du groupe, les genres musicaux s’entremêlent, passant de plans doom hallucinés à des assauts sludge, au sein d’un même morceau la plupart du temps. Les tessitures vocales respectives du binôme derrière le micro (Chandler le bassiste dans le registre le plus guttural et Cisco le guitariste pour le chant plus direct, en puissance) viennent appuyer cette schizophrénie musicale, qui emporte le public dans un tourbillon doom de très haute tenue. Superbe set.

 

Colour Haze

10-Colour-Haze---IMG_5419

Le trio allemand fait clairement partie des formations qui ont forgé le stoner européen que ce soit à travers leurs propres productions ou via les secousses qu’ils ont foutues dans le paysage avec Elektrohasch Records, label mythique fondé par leur guitariste. Le trio allemand possède une maîtrise totale de son art qu’il distille sur scène avec une haute technicité, qui s’inscrit clairement dans le haut du panier. Le trio allemand peut tout se permettre vu son statut y compris de débarquer sur la grande scène d’un festival en blazer pour certain et d’attaquer bille en tête avec un inédit fleuve à l’heure du repas. Le trio allemand a acquis une notoriété telle qu’il se cogne pas mal des règles et installe son stand de merch à l’extérieur de la zone marchande de la fête pour y vendre ses plaques et celles des poulains de son écurie. Le trio allemand a sorti des productions absolument fantastiques qui sont un véritable plaisir pour les oreilles lorsqu’on les écoute dans son salon avec une sono digne de ce nom. Le trio allemand a bénéficié, à Anvers, d’un son en lien avec son art et en a fait planer plus d’un. Le trio allemand nous a quand-même un peu gonflé à la longue avec une interaction verbale plus que mesurée avec son public (pourtant acquis d’avance) et un show d’un statisme phénoménal. Mais nous les aimons encore et leur adresserons encore longtemps des cœurs avec les doigts.

 

Hangman’s Chair

11-Hangman's-Chair---IMG_5550

Est-il vraiment nécessaire de vous présenter Hangman’s Chair ? Devenus l’un des poids lourds de la scène française en 4 albums et une centaine de concerts toujours puissants, les quatre parisiens jouent à l’extérieur. Enfin pas totalement lorsque l’on sait le nombre de compatriotes à avoir fait, comme nous, le voyage jusqu’à Anvers cette année. Reste que les programmateurs du festival, ne sachant probablement pas encore vraiment à qui ils ont affaire, les ont programmé sur la Vulture Stage, sorte de bar à la capacité modeste. Le groupe n’en aura cure et déroulera trois quart d’heure de leur heavy rock aux relents 90’s, drogue et suicide, grunge et hardcore, doom, bières et relents de pigeons cancéreux. Si l’on peut regretter, nous autres habitués du groupe, de ne pas les avoir vu avec Back Drop, grosse scène, belles lumières et son de mammouth, ceux qui les auront découvert ce soir auront bien compris à qui ils ont affaire. Espérons que les programmateurs aussi.

 

The Atomic Bitchwax

12-The-Atomic-Bitchwax---IMG_5781

Super stoner power trio de la mort qui tue, la formation du New Jersey ne bénéficiait pas de la grande scène pour son opération cornet d’frites, mais d’un placement optimal coincé entre deux formations de lourdingues actives dans un autre registre et d’une heure de rêve pour envoyer ses riffs tueurs. Le public est donc nombreux à converger devant la Canyon stage pour des sensations plus classiques que d’autres tornades dévastatrices croisées sur les planches de la salle de la ville du diamant en cette fin de semaine. Débutant son set sur une reprise d’un titre du mythique de « The Wall » engendré jadis par une formation au patronyme rose (ça change du black en vogue lors de ce Desertfest) qui sera ponctué d’une salutations aux motherfuckers que nous sommes, les Etasuniens ont tout envoyé durant un concert de grande classe intercontinentale. Loin d’être des débutants ou des manches, ils n’ont assurément pas surpris le chaland, mais ont confirmé une nouvelle fois leur efficacité scénique que ce soit au niveau de l’intensité du show, de la virtuosité ou du spectacle. Ils ont tapé de l’instrumental pur jus et aussi quelques perles issues de leur – plus qu’honnête – discographie et nous ont une fois de plus laissé un excellent souvenir (et certainement converti de nouveaux suiveurs).

 

Weedeater

13-Weedeater---IMG_5865

C’est d’une autre limonade dont il s’agit à l’étage inférieur avec le trio de malades de Caroline du Nord. Dans le fait il n’y a pas vraiment de trace de limonade sur scène, mais une bouteille de Jack que le bassiste louche porte fièrement au bout de son majeur en adressant un fuck de soulard au public. Le trio (encore un !) est un peu perdu sur cette grosse structure vu son goût pour le positionnement ramassé au centre contre le bord de la scène avec la batterie au centre et installée perpendiculairement à la foule. Ces clowns (qui eux n’ont pas besoin de masques) se mettent en condition dans leur plus pure tradition en buvant, crachant sur la batterie et grimaçant. C’est du Weedeater habituel qui sera déroulé durant une heure à grands coups de mimiques appuyées par un strabisme convergent du bassiste redneck de la bande. Pas de grosse surprise, ça tombe bien, nous n’étions pas là pour ça, mais une confirmation du talent d’entertainer dont font preuve ces Ricains qui envoient un sludge des bayous enfumé et ultra efficace. La danse de la nuque a été omniprésente durant ce concert du type bourrin que nous chérissons tant.

 

Salem’s Pot

14-Salem's-Pot---IMG_6337

Désormais titulaires de la carte AOC Riding Easy, et avec un dernier album particulièrement jouissif sous le bras, les suédois sont bras dessus, bras dessous avec leurs partenaires de label Electric Citizen pour conquérir les scènes européennes au son de leur heavy rock psyché typique 70s. On attendait donc beaucoup de leur prestation du jour, et on était pas les seuls : le public, tassé, a la bave aux lèvres et est largement constitué de connaisseurs qui entonneront la plupart des titres à l’unisson avec le groupe. Un peu engoncés sur la microscopique Vulture Stage, le combo se marche un peu sur les pieds tant son attitude scénique est aussi festive que chaotique. Les masques de carnaval, comme sur la pochette de leur dernier disque, ne sont pas étrangers à ce sentiment de bazar… Et musicalement, on est pas loin de cet état d’esprit, avec bien souvent des intros ou passages presque chaotiques qui mènent, lorsque le groupe se prend en main et se ressaisit, à des montées en puissance d’une efficacité remarquable. Bref, Salem’s Pot ne ressemble pas à grand chose de connu sur scène, mais il se dégage quelque chose de leur prestation qui les rend atypique et hautement infectieux. Il faut vraiment les suivre de près…

 

Ahab

15-Ahab---IMG_6374

Après le bal masqué, nous retrouvons une avant-dernière fois la Canyon stage pour cet avant-dernier jour de festival. Les vestes à patch et les pentagrammes sont aux avant-postes pour ce grand raout métallique aussi obscur que l’atmosphère visuelle déployée de leur set. Les Germains balancent leur doom psychédélique à leurs apôtres dans la fosse qui semblent goûter à cette ambiance fort lancinante au final. On aimerait parfois plus de violence dans la musique envoyée par les Teutons qui sont particulièrement à l’aise dans les plans couillus supportés par les growls gutturaux du hurleur qui sait aussi être chanteur avec une puissance remarquée. C’est rudement bien ficelé et ça fonctionne plutôt bien. Il faut avouer que les lourds se font un trois à la suite d’anthologie avec Weedeater, Ahab et Pentagram qui débuteront leur show alors que la Canyon résonnera encore sous les assauts de la rythmique pachydermique des Allemands.

 

Pentagram

16-Pentagram---IMG_6571

Tête d’affiche sur la Desert Stage d’une samedi soir aussi complet que du quinoa bio, les légendes du doom se présentent dans une forme éblouissante. Avec Victor Griffin à la guitare, et ce son chaud qui n’appartient qu’à lui, Pentagram réalise une prestation sublime. Bobby est en pleine forme (dans la limite de ce que peut donne une vieille sorcière lubrique de 62 ans s’entend) et la set list coule comme un bon best off, sans mic mac. Cerise sur le pentacle le groupe décide de balancer l’ensemble de son équipement durant « 20 Buck Spin ». Amplis, guitares puis batterie, tout y passe tandis que Liebling fait le mort allongé dans tout se désordre. Une fin dantesque pour un concert que l’on n’est pas prêt d’oublier.

 

Electric Citizen

17-Electric-Citizen---IMG_6914

Alors qu’Ahab termine d’envoyer du gras à l’étage et que Bobby et sa bande cassent la baraque au sous-sol, les Etasunien font parler le fuzz dans la Vulture et nous qui pensions être seuls, sommes frappés par une affluence certaine. Il faut dire que le quatuor fait montre d’atouts nombreux : ils maîtrisent bien leur style, pratiquent un rock accessible pour le grand nombre et ont une frontwoman qui ne passe pas inaperçue. La donzelle joue de plusieurs cartes pour ne pas laisser indifférent : elle a une coupe de cheveu absolument ridicule ainsi qu’une plastique absolument pas ridicule qu’elle a mis en valeur dans une tenue des plus sexy (ce qui marche souvent avec les lubriques que vous savez être quand vous peuplez les fest rock). Musicalement ça touche sa bille et surtout ça assume : le bassiste qui s’est blessé l’après-midi-même en chutant dans les backtages assure le show sur un tabouret avec une jambe écorchée mise au repos. Si le manque d’originalité a été avancé par certaines langues de pute, la formation régate avec Elder en ce qui concerne la palme du bassiste incarnant le mieux l’esprit du rock’n’roll lors de cette deuxième journée.

 

Monkey3

18-Monkey-3---IMG_6967

Enfin le tour des singes suisses déjà croisé au Up In Smoke lors de cette tournée consécutive à la sortie du petit dernier « Astra Symmetry », qui se distingue par une présence remarquée dans de nombreux charts européens. Pas de surprise pour les fins limiers que nous savons parfois être puisque nous sommes prêt pour ce show qui sera dans la lignée de celui déployé à Bâle deux semaines plus tôt. Les Helvètes font leur dernier album, mais pas entièrement puisqu’ils n’ont droit qu’à quarante-cinq minutes pour conclure cette journée de folie. Boris se colle au chant et il touche comme on dit par chez nous et on en vient à s’étonner de ne l’entendre chanter que maintenant vu sa prestance ainsi que sa capacité à moduler sa voix. Le garçon chante et beugle de manière assez naturelle sans forcer le trait et sans péjorer sa finesse à la guitare. Question rythmique : ça déroule avec une apparente facilité et une efficacité redoutable (c’est ce qu’on aime chez ces gens-là). Malgré l’incroyable section rythmique, les vocalises du plus bel effet et la gratte psychédélique, c’est un autre élément qui va carrément nous trouer le cul. Celui dont dB n’est pas le nom pour de vrai dans la vraie vie et qui se cachait naguère derrière ses claviers avec sa clope électronique (les temps changent), va nous gratifier d’un final qui écrase sa chatte en accomplissent un solo magique en harmonie avec le gratteux titulaire dans son ombre. Un énorme talent et une performance qui nous a scotché même si nous regrettons beaucoup son format beaucoup trop court.

 

La proverbiale fièvre du samedi soir n’est sans doute pas pour rien dans le flux de personnes qui montent dans la Canyon Stage après le set de Monkey 3 : l’after party commence avec un set de DJ qui emmènera les plus valeureux jusqu’à 3h du matin… Nous n’en ferons pas partie ce soir, préférant reprendre quelques forces avant la très grosse journée qui nous attend demain…

 

 

[A SUIVRE…]

 

Chris, Laurent, Iro22

 

DESERTFEST BELGIUM Jour 1 (Red Fang, Yob, Torche, Black Cobra, Black Rainbows, Coogan’s Bluff, Joy, SubRosa, …) – 14/10/2016 – Anvers (Belgique)

Troisième édition pour l’édition anversoise du Desertfest, qui a l’air de trouver son rythme et sa place dans le calendrier très chargé des festivals de stoner. Cette année encore, l’affiche proposée aura su convaincre le plus grand nombre, les rares billets restant en vente ayant trouvé preneur les derniers jours avant l’événement. C’est donc devant des pancartes « sold out » que nous ouvrons les portes vitrées du Trix cette année encore, bien motivés pour dévorer quelques dizaines de concerts… Clairement, et nous y reviendrons, le choix de la programmation pantagruélique de ce type d’événement est questionnable : tous les concerts se chevauchent sur les différentes scènes, et il est techniquement impossible de tout voir. Or faire des choix sur une affiche comme celle-ci est parfois facile, mais trop souvent cornélien : Yob ou Black Rainbows ? 1000 Mods, Elder ou Arabrot ? Hangman’s Chair ou The Atomic BItchwax ? Earth Ship ou My Sleeping Karma ? Uncle Acid, Lonely Kamel ou Castle ? etc… On a décidé de tout faire (au mépris de notre santé mentale et physique… pour toi, public !), et donc de tout « picorer », mais la frustration rémanente est un paramètre à prendre en compte dans l’approche de ce festival… Il faut en être conscient. Mais rentrons plutôt dans le vif du sujet.

 

Black Wizard

1-Black-Wizard---IMG_3174

C’est les Canadiens de Vancouver qui servent d’appetizer pour cette nouvelle édition de ce Desertfest automnal dans le plat pays. Comme l’an passé – et comme ce sera le cas durant les trois jours de festivités – la foule est compacte devant la scène Vulture (la plus petite des trois scènes sur lesquelles les groupes vont se succéder jusqu’au dimanche soir). Si nous prîmes un coup de pied au cul l’an passé d’entrée de jeu avec une formation qui envoyait des grosses bûches (Planet Of Zeus), il n’en fût pas de même cette année – en ce qui nous concerne – avec le heavy metal très traditionnel de la Colombie Britannique certes bien envoyé, mais pas des plus excitants. La configuration de la salle, le stress d’une belle journée de course dans une Belgique qui a bien changé en une année, les plans tirant presque sur le Maiden des temps jadis ou le constat d’être déjà agglutinés comme des poissons dans une boîte qui conserve ne nous fit pas trop taper du pied ou remuer les cervicales.

 

Alkerdeel

2-Alkerdeel---IMG_3230

On monte au premier étage pour retrouver la très bonne salle « Canyon », qui sera le théâtre de certains des meilleurs shows de cette année. Ce ne sera pas vraiment le cas avec Akerdeel malheureusement. Sans être inintéressant, leur set ne restera pas dans les annales. Proposant une sorte de metal bien barré, protéiforme (le tee-shirt du guitariste à l’effigie de Mr Bungle est sans doute une indication en terme au moins de « non-cohérence » musicale), le groupe balance ici ou là des plans de batterie blast-beattés ou presque, des lignes vocales beuglées, le tout dans des compos vaguement sludg-esques, aux structures torturées… Résultat : les zicos sont (légitimement) concentrés sur leurs instruments, prêtant peu d’attention à un public pourtant bienveillant. Desservi par une mise en son qui souffle le chaud et le froid, le set des locaux ne convaincra pas grand monde.

 

Torche

3-Torche---IMG_3238

En première partie de Red Fang sur leur tournée européenne, Torche se voit naturellement ajouté à l’affiche du jour au Trix – leur notoriété justifiant quant à elle le choix de la main stage, qu’ils inaugurent pour cette édition 2016. Sans aucune surprise, le quatuor ricain déroule son set avec efficacité et professionnalisme. Leurs « hits » (généralement issus de leurs premières productions) remportent tous les suffrages, leur permettant de glisser ici ou là quelques titres récents moins connus (et par ailleurs moins efficaces, ça se voit dans le public). On retrouve par la même occasion le light show emblématique de la main stage, avec des vidéo projections envahissantes, certes (servent d’éclairages et viennent de fait se projeter sur tous les musiciens), mais généralement bienvenues et parfaitement adaptées aux groupes. Le son dans la salle aurait mérité d’être un peu mieux travaillé, en revanche. On a déjà vu Torche en live plusieurs fois, et même si ce set ne restera pas dans le top 3, la prestation délivrée était honnête, efficace, et aura contenté la large part du public présente.

 

Sub Rosa

4-Subrosa---IMG_3443

Déjà croisés deux semaines plus tôt à Bâle, les belles Américaines et les Ricains montent sur l’estrade de la petite structure alors que la majorité du public (ça joue à guichets fermés) est encore en pleine torchée devant la Desert stage. Nonobstant ce placement qui paraît handicapant, quel n’est pas notre étonnement de voir un public nombreux se presser pour se taper une bonne tranche de doom bien dark (et parfois folk) balancé à grands coups de violons dévastateurs. A l’aise dans cette configuration qui sied bien à leur art, la formation mixte s’en sort plutôt bien sur cette scène dans le prolongement d’un bar qui est peu mise en valeur par les lights dans la plus pure tradition de l’underground (les photographes ont apprécié la chose).

 

Your Highness

5-Your-Highness---IMG_3553

Alors que SubRosa est en plein set, il est temps de décrocher pour la seconde prestation à envoyer du son sur la Canyon stage. Ce chevauchement – ni le premier, ni le dernier du week end – oblige à effectuer des choix entre une formation ou une autre voire entre une formation et un cornet de frites (et vous nous savez gastronomes). C’est du pays des frites (quand on parle de gastronomie…) que provient le quintette actif dans un registre des plus couillus et bien barré. Ça fait un putain de bien par où ça passe même si ça sort un peu du cadre stoner pur sucre en tirant clairement des ogives metal parfois entrecoupées de plans bluesy. Le rasé hurleur s’égosille et nous comprenons clairement pourquoi un des protagonistes arbore un t-shirt de Kvelertak, mais cherchons toujours le lien avec celui d’Orchid enfilé par un de ses collègues. Une bonne montée en pression avant de rejoindre une des grosses sensations de la journée deux étages plus bas.

 

Yob

6-Yob---IMG_3687

C’est face à une foule compacte et enthousiaste que Yob prend possession de la Desert Stage à 21h précise. Le trio d’Eugene, Oregon verse sur l’assemblée son metal en fusion, à la croisée d’un death metal allumé et d’un doom des plus cosmiques. Si la set-list ne présente pas de surprises (elle est même, concert de festival oblige, amputée d’une voire deux chansons, telles « Atma » ou « Adrift in The Ocean »), elle se concentre sur l’essentiel. La puissance de « Ball Of Molten Lead » ou de l’incontournable « Burning The Altar » répondent à l’émotion absolue que procure « Marrow » perfection issue du dernier chef-d’œuvre du groupe sorti en 2014. Un live de Yob est toujours un moment à la charge émotionnelle indescriptible, bien au dessus du reste de la compétition. Reste qu’il faudrait au moins 3 ou 4 heures de show pour ne pas en ressortir un poil frustré.

 

Black Rainbows

7-Black-Rainbows---IMG_3857

Le deuxième orchestre “black-quelque-chose” sur trois à envoyer du gras aujourd’hui, le fait à nouveau dans l’espace le plus riquiqui. Tant pis pour les ceusses qui ont voulu entendre quelques notes de plus de la bande à Mike Scheidt car la salle est archi-comble quand les Italiens balancent la purée. Le son est au top et les épicuriens venus en force sont aux anges. Les Transalpins ne sont plus des débutants et ils savent comment faire headbanguer les quidams avec leur groove imparable entre vieux Aerosmith et space rock sous acides. Les fans ont apprécié les plans jams ajoutés à des compos comme « The Cosmic Picker ». Avec un final d’anthologie sur la reprise des légendaires MC5 («  Black To Comm »), ils provoquent presque des ruptures de la nuque auprès de certains mélomanes.

 

Coogan’s Bluff

8-Coogan's-Bluff---IMG_3958

Changement de décors avec la formation cuivrée du nord de l’Allemagne que vos envoyés spéciaux avaient déjà remarquée lors de la dernière berlinale désertique. Les Teutons adoptent leur configuration scénique habituelle : la batterie à l’avant-centre en bords de scène, les instruments à cordes sur les ailes et la section cuivre à l’arrière. Le public a le sourire aux lèvres ; il faut dire que nous avions croisé des festivaliers excités telles de jeunes pucelles carrément impatients d’assister à ce show. Le chevelu de devant balance sa rythmique métronomique comme structure centrale de compos progressives du genre krautrock si cher à nos cousins germains alors que les ailiers lui donnent une patine vintage et que le binôme du vent colorent ce son propice aux trémoussements d’une touche toute personnelle pas si éloignée que ça des grosses formations ska à cuivres. C’est dans la poche pour cet animal bizarre qui entraîne les premiers rangs dans des pas de danse au son du trombone à coulisse (l’instrument le plus rock’n’roll de la voie lactée). Carton plein pour un ovni qui semble avoir le vent en poupe ces derniers temps auprès d’un public plutôt jeune et festif (car c’est pas les corbeaux à pentagrammes qui se déhanchaient dans le pit).

 

Red Fang

9-Red-Fang---IMG_4094

La tête d’affiche de cette première journée est attendue au tournant : face à un public potentiellement un peu « die-hard du stoner », le power rock vaguement sludgy et fuzzé des natifs de l’Oregon pourrait être un peu trop « propre » pour certains. Très vite cette hypothèse est effacée, et c’est à mettre au crédit d’une parfaite maîtrise de la part du groupe dans l’exercice live. Dans l’attitude, d’abord : le serrage de pognes entre potes avant de commencer le set, comme d’hab’, et la machine à tubes démarre en enquillant certains de leurs plus grands classiques dans les premières minutes : « Wires », « Malverde », « Crows in Swine », « Blood Like Cream », etc… Aucune place laissée au hasard, efficacité avant tout. Le public, manifestement pas bégueule, se délecte. Le rythme étant bien lancé, des extraits du nouvel album du groupe sont disséminés ici ou là, sans faire trop baisser la tension. Le point d’orgue se situera toutefois pour beaucoup d’entre nous sur ce final où Mike Scheidt montera sur scène sur « Dawn Rising », sur lequel il apporte ses vocaux caractéristiques, comme sur album. Une rareté en live pour le groupe, et donc à mettre à son crédit en terme de prise de risque. Un très bon set, et une tête d’affiche pas volée.

 

Joy

10-Joy---IMG_4226

Il aura fallu s’extirper difficilement de la grande salle pour rejoindre une dernière fois le lieu où nous demeurons serrés les uns contre les autres (c’est toujours le top avec l’arrivée de l’automne si propice aux ruissèlements de morve depuis nos naseaux) afin de faire connaissance avec le combo californien qui est en tournée avec les magiciens noirs qui ouvraient le festoche. Il est aussi nécessaire ici de mentionner que nos pérégrinations dans le Trix nous ont fait perdre quelques kilos (ce qui n’est pas un mal vu notre penchant pour la gastronomie), mais nous ont aussi vu croiser à plusieurs reprises des militaires en tenue de combat armés de fusils d’assaut dans l’enceinte-même du festival (un signe des temps qui terni un peu le décor d’une telle fête). Proche du stoner des temps jadis, le trio psychédélique nous ramène des années en arrière avec ses sonorités généreuses et seventies, sa basse chaude et groovie, sa gratte bien fuzzée, ses solis et la wah wah usée sans être abusée. Un vent sec et désertique qui nous aura rabiboché avec certaines de nos racines avant d’aller nous prendre une énorme déculottée sonique au premier étage.

 

Black Cobra

11-Black-Cobra---IMG_4263

Trop rare sur nos terres, le duo nord-californien se retrouve sur l’affiche du jour en lien avec Yob, pour lesquels ils ouvrent sur leur tournée du moment. Beaucoup ont pu prendre la mesure récemment de la puissance dégagée par le combo sur scène (la tournée sus-mentionnée a fait quelques étapes en francophonie, et le groupe a aussi joué au Up In Smoke, entre autres), et pour les autres, la déflagration sera encaissée dans la douleur. Est-ce l’effet de manque qui accroît ce constat ? Toujours est-il que l’efficacité du groupe a pris une envergure remarquable : doté d’un son massif ce soir, leur puissance nous explose littéralement au visage. Après une journée de festival pas forcément la plus orientée « saturation », le contraste n’en est que plus marquant. Tandis que Jason Landrian déroule l’artillerie lourde sonique avec sa terrifiante six-cordes doublée de son chant perforant, Rafa derrière son kit impressionne tout autant sinon plus : sans effort apparent, le bonhomme bastonne ses kits comme une mule, et dérouille sa grosse caisse (d’une seule jambe, s’il vous plaît !) pour mieux produire sur les tympans abasourdis de l’assistance l’effet d’une bataillon de Panzer sur les terres gelées d’un champs de bataille soviétique au milieu de siècle dernier. Imaginez en gros l’efficacité de Mantar dans sa configuration binomiale, associée à la puissance de feu d’un High On Fire en pleine forme. Décoiffant ! Malgré la fatigue de cette fin de première journée, on reste subjugués par l’enchaînement de déferlantes qu’on prend en pleine gueule, au fil d’une set list sans temps mort, trop courte à notre goût : 45 minutes c’est à la fois suffisant pour botter un maximum de culs et insuffisant pour notre soif de décibels.

 

C’est donc exsangues, après une journée déjà riche en concerts de qualité, qu’on regagne nos pénates – en faisant l’impasse sur l’after party, dont les horaires sont clairement ce soir incompatibles avec notre métabolisme de vieux rockers. On va prendre des forces pour la journée de demain, prometteuse elle aussi…

 

[A SUIVRE…]

 

Chris, Laurent, Iro22

 

ALL THEM WITCHES – 10/10/2016 – Paris (La Maroquinerie)

12998535_10154095749524717_5679287316186865096_n

Le 10 octobre dernier avait lieu à la Maroquinerie le concert des All Them Witches, groupe de 4 gringos tout droit venus de Nashville avec Santiag au pied et tabac à chiquer en poche. Non, en réalité rien de tout ça, mais le groupe est un tel produit de la culture américaine qu’on souhaitait grossir le trait et utiliser de vieux clichés bien ringard. Ces boys mixent en effet tout ce que leur sacro-sainte terre a pu leur offrir : du stoner, du heavy, et entre les deux, une bonne tranche de blues avec cheddar fondu. Leur troisième album sorti l’année dernière, il était temps de voir les gaillards à l’œuvre.

Notre emploi du temps serré comme un ristretto napolitain ne nous permet malheureusement pas d’assister à la prestation de The Great Machine, groupe de stoner israélien chargé d’assurer la première partie. Notre faute reconnue et auto-expiée, passons directement au vif du sujet.
La soirée a lieu à guichet fermé, et on étouffe déjà dans le sous-sol qui sert de salle de concert à la Maroquinerie, coincé entre ce qui s’avérera être le retour basse (RIP nos tympans) et le grand frère de Chabal. All Them Witches ratisse un public large, c’est indéniable. Les 4 membres arrivent sur scène d’un pas nonchalant, le style faussement négligé et cradingue, chose caractéristiquement américaine. Encadré du guitariste et du claviériste, le bassiste chanteur trône au milieu de la scène armé d’une magnifique Rickenbacker. Derrière, le batteur est déjà torse nu. Ok, ces mecs n’ont pas de temps à perdre. Comme dit plus haut, All Them Witches est le résultat d’influences assez variées, le paysage que l’on voit défiler est donc rarement le même. Souvent, la tiédeur du blues vient réchauffer nos corps déjà moites, et la voix de Michael Parks y est surement pour quelque chose. Le chanteur (appellation amplement mérité puisqu’il s’agit ici d’un VRAI chanteur) nous fait dresser les poils de sa voix doucement meurtrie sur des rythmiques ternaires du Mississippi.

 

Parfois aussi, un brin de pop suranné s’invite à la table, et cette fois-ci, le claviériste Allan Van Cleave en est le principal responsable. Le bonhomme, qui couple son clavier Rhodes avec des pédales d’effet, nous fait inévitablement penser au grand Ray Manzarek (claviériste des Doors jouant sur le même clavier et lui ayant donné ses lettres de noblesse), et ajoute un cachet et une classe incroyable à la musique du groupe.

20161010_212944
Le guitariste Ben McLeod se charge quant à lui de nous assener du gros riff stoner soutenu par une basse très présente, et décolle parfois dans le ciel sur fond de trips acidifiés directement hérités des 70’s. Pour rester dans l’époque, on a même le droit au traditionnel et un peu dépassé petit solo de batterie, qui n’atteindra malheureusement pas le niveau d’un Moby Dick (n’est pas Bonham qui veut).
Le tout est servi avec une belle énergie et un son particulièrement bien équilibré, ne laissant aucun membre sur le banc.

20161010_212202

Vous l’aurez compris, All Them Witches pioche dans plusieurs tiroirs pour composer une musique qui vient de partout, ce qui en fait un groupe venant de nulle part et plutôt atypique dans le milieu de la fuzz. On est donc heureux d’avoir fait ce voyage à travers les âges avec eux ce soir, et c’est avec plaisir qu’on remontera dans leur DeLorean.

Fu Manchu (+ Mexican Six Shooter) – 9/10/2016 – Paris (La Maroquinerie)

13501545_10153683247158862_7929977200821771902_n
En pleine tournée européenne, Fu Manchu est venu faire un tour du côté de Paris. Affiché complet, il était évident que ce concert allait nous laisser un sacré souvenir. Arrivé tout juste à temps pour le début du show, on prend le temps de se désaltérer après l’épreuve des bouchons parisiens endimanchés, et on peut enfin se lancer dans la fosse.

Les festivités démarrent timidement avec le groupe Mexican Six Shooter. Effectivement, la salle se remplit progressivement, mais on sent qu’il manque encore un peu de monde. On se demande si ce soir, l’ambiance va être électrique ?! Au fur et à mesure, on se prend un peu au jeu avec un power trio qui lance une musique teintée de garage rock, rockabilly et possédant une certaine légèreté Stoner. Il n’empêche qu’il manque un soupçon de groove, ce qui n’interdit pas les applaudissements qui s’intensifient après chaque morceau. Mais on comprend bien qu’ouvrir pour un monstre comme Fu Manchu, n’est pas forcément évident ; on dira que le contrat a été rempli.

Juste le temps de profiter de la charmante terrasse de la Maroquinerie, mais aussi de contempler cette très belle salle, que le roadie principal des Californiens est en train de tester tous les instruments. La salle commence déjà à avoir des frissons rien qu’en prenant connaissance des sons de guitares. Ça s’annonce Fuzz à souhait. C’est bon, tout le monde est présent, il n’y a presque plus moyen de se déplacer, sauf pour les courageux qui osent pénétrer dans la fosse.

 

IMG_5656 (1)

Nos oreilles découvrent une bande son très pop rock style années 1980 : on se croirait plongé dans une bande son à la Scarface ou à la GTA Vice City. Et puis, le groupe monte sur scène avec un air décontracté, les guitares entre les mains et les baguettes prêtes à tout casser. Les amplis sonnent, crient et c’est parti ! Dès lors, l’ambiance générale est déjà énorme, tout le monde se déhanche et bouge. Le groupe enchaîne titre sur titre sans jamais s’arrêter : presque une vingtaine de morceaux. Alors difficile de tout retenir, bien qu’on se délecte de gros titres style « Hell on Wheels », « Boogie Van » ou encore « Drive ». Le public continue de s’approprier la salle en se bousculant, en slamant, en chantant (même les riffs de guitare). Le quatuor nous offre notamment cette superbe reprise qu’est « Godzilla ». Le ton est rythmé, lourd, et, le volume semble monter selon le choix des pédales du chanteur/guitariste Scott Hill. Puis d’un coup net, sans qu’on s’y attende, les premiers riffs de « Evil Eye » envahissent la salle parisienne : c’est le point de non-retour, la cerise sur le gâteau. Encore quelques titres et ce live de pure qualité nous laisse un sourire qui persistera encore le lendemain.

Donc il est clair que ce 9 octobre fut mémorable pour tout fan du groupe ou de l’univers Stoner en général. Encore un grand bravo à Fu Manchu et aussi à ce public d’enfer.

Se connecter