Categories

Archives

A sample text widget

Etiam pulvinar consectetur dolor sed malesuada. Ut convallis euismod dolor nec pretium. Nunc ut tristique massa.

Nam sodales mi vitae dolor ullamcorper et vulputate enim accumsan. Morbi orci magna, tincidunt vitae molestie nec, molestie at mi. Nulla nulla lorem, suscipit in posuere in, interdum non magna.

ELDER (+ Cough + Sunnata) – 06/10/2016 – Lyon / Bron (Jack Jack)

Comme un genre de Pari Mutuel Urbain, L’Oeil de Néron joue avec nos émotions et s’acoquine, platoniquement s’entend et pour la première fois avec le Jack Jack (Mjc de Bron flambant neuve). Une association de bienfaiteurs qui nous propose rien de moins pour son baptême que ce Bal Doom-Doom, poétiquement nommé et à l’affiche internationalement alléchante.

 

SUNNATA

sunnatajackjack
La salle se remplit péniblement alors que les polonais entament leur set qui va devoir se dérouler devant une audience clairsemée mais concentrée. Grosse attente en effet à propos de ce groupe qui tente de s’extirper de la catégorie “espoirs” du doom alambiqué et introspectif. Son dernier rejeton Zorya ayant fait son petit effet au sein de la communauté, le cap du live se fait crucial pour le quatuor. Après un réglage de ventilateur capillaire, Sunnata peut s’employer à tisser ses ambiances. Noires bien sûr, souvent suffocantes ou à l’inverse aérée et planantes, tout semblait réuni pour passer un bon moment clair-obscur dans une quasi pénombre. Le nombre d’ampli sur scène est ahurissant pour ne pas dire démesuré, ce qui fait que la façade n’est que très peu sollicitée à ce niveau. Du coup le rendu global manque de l’ampleur présente sur disque, une sensation de compacité qui ne sied pas forcément à l’immersion suggérée par les compos. Dommage, d’autant que le travail sur les chants, remarquable sur l’album, ne se trouve pas retranscrit comme on aurait pu le souhaiter. Un concert pourtant pas inintéressant (le très bon “Beasts of Prey” qui ouvre le dernier album suscite clairement l’attention) mais sur la longueur une certaine monotonie a tendance à s’installer. Gageons qu’à force de travail et de prestations live le groupe trouvera une unité scénique et sa personnalité, comme peut le laisser espérer un “Long Gone” où les ombres disparates de Yob et Mastodon parviennent à se mêler.

 

COUGH

coughjackjack
Il semblerait que le relatif déclin d’Electric Wizard fasse de plus en plus d’émules, comme un flambeau qui ne demanderait qu’à être repris. S’ôter le groupe anglais de l’esprit s’avère difficile mais avec sa décennie d’expérience et un Still They Prey aux petits oignons, produit par un certain Jus Oborn (tiens tiens…), Cough grimpe d’un gros échelon après quelques années de silence studio. Le son est copieux et les musiciens font preuve d’une complémentarité agréablement bien maîtrisée. Dans le monde du trio, ici deux guitares, réglées suffisamment différemment pour se distinguer individuellement, se partagent le soin d’élargir la lourdeur du propos déjà conséquente. Les nombreux leads et solos inspirés, gavés de wah-wah, se trouvent donc appuyés de rythmiques accroissant significativement l’attraction terrestre au sein du Jack Jack, qui s’est un peu plus correctement rempli. D’autant que le batteur martèle gros fûts et grosses cymbales plus que de raison sur des tempos qui, il faut bien avouer, s’y prêtent allègrement. Le chant clair et plaintif de David est contre-balancé par celui agressif, très black dans l’idée, de Parker, “Rickenbackeriste” de son état. Un set épais et bien mené qui propulse les ricains au rang de confirmation, prêts à retourner entre autres le Desertfest Belgium dont on vous parle très bientôt.

 

ELDER

elderjackjack
Champagne ! Enfin Elder truste les salles de France et de Navarre et par conséquent les colonnes de partout sur le web. Nick nous confiera la difficulté de monter cette première tournée européenne, conjointe avec Cough. Bien leur en a pris, il était grand temps de pouvoir voir évoluer cette formation dans les meilleures conditions possible, à savoir en (co-)tête d’affiche et dans des salles dignes de son talent. En studio comme en live, le trio n’aime pas jouer la facilité, ce qui nous permet d’avoir chaque fois une setlist différente avec son lot de surprise. Ce soir ce sera l’énorme “Release”, extrait relativement méconnu du non moins obèse EP Spines Burn, déterré pour le plaisir de tous. La sono est au taquet et le pied dans la salle est intégral. Il faut dire qu’Elder joue fort, très fort, en plus très fort, très fort. Conséquence de quoi, en contexte live, il perd (un peu) en finesse et gagne (beaucoup) en puissance. Mr DiSalvo, six cordes bien en mains, écœure comme d’habitude autant qu’il émerveille, d’autant que son chant semble se faire de plus en plus dompté. Mr Donovan explore intégralement sa basse avec une facilité qui lui permet une implication scénique de tous les instants et qui laisse pantois. Quant à Mr Couto… L’homme qu’on ne voit pas assez mais qu’on entend bien a décidément le coup de baguette juste; y’a pas, ces mecs réussissent la prouesse de mettre la technique au service de la musique, et sa musique au service de son public. Progressif au sens noble du terme et cette sensation trop rare, irrésistible, qu’ils jouent et se donnent, à fond, pour eux autant que pour nous. Irrémédiablement le temps défile de trop et nos “p’tits jeunes” s’éclipsent déjà, rappelé dare-dare par un public loin d’être rassasié. La dizaine de minutes de “Gemini”, LE tube, en guise de rappel tentera en vain de combler ce creux inabreuvable. Conclusion : vivement la prochaine occasion de les voir et la suite discographique d’un groupe au top de sa forme, comme en atteste Sanctuary, le nouveau morceau expérimenté (pour nous) sur cette tournée.

 

Contrat musicalement plutôt rempli pour cette première qui en appellera, souhaitons-le, beaucoup d’autres, à commencer par le festival Grand Incendie (avec notamment Glowsun et Truckfighters) qui arrive fin du mois. Puissent les quatre-cents yeux et oreilles présentes pour ce dépucelage faire des petits pour les prochains évènements, histoire qu’on puisse se délecter sur Lyon de nombreuses autres soirées de ce genre.

 

Merci à Nico d‘Oofzos.fr – Photos pour le partage de son joli travail.

YOB (+ Black Cobra + Sunnata + Au-Dessus) – 05/10/2016 – Paris (Glazart)

Le 5 octobre dernier s’est tenu une nouvelle édition des Stoned Gatherings, dont la programmation avait de quoi affoler tout être humain doté d’une sensibilité accrue aux fréquences chatouilleuses de côlon. L’événement de la soirée était sans conteste la présence du géant Yob, grand gourou du doom astral, dont la venue en France est aussi rare qu’un Golden Ticket dans une barre de Willy Wonka. La suite de l’affiche n’était pas en reste pour autant, puisqu’on y trouvait le duo roi de la taloche Black Cobra, les excellents Sunnata, et les post-blackeux de Au-Dessus.

14125611_1035346189913054_1604427828020808651_o

Même s’il est encore tôt, le Glazart est déjà bien rempli pour accueillir les lituaniens de Au-Dessus, aperçus il y a quelques mois aux Blackened Gatherings. Les 4 compères sont habillés d’une tunique noire avec capuche sur la tête masquant leurs visages, et si on avait jusqu’ici un petit doute, le pied de micro aux formes géométriques nous confirme la présence d’une force occulte par ici. Pour l’originalité, on repassera. Côté musique, le groupe alterne passages agressifs d’influence black, à d’autres plus écrasants et plus low-tempo, le tout fonctionnant assez bien. Au-Dessus quitte la scène d’une manière tout aussi froide que l’a été leur prestation. Vous inquiétez pas les gars, Aleister Crowley ne vous aurait pas tenu rigueur de lâcher un petit signe de remerciement au public !

20161005_193009

Après l’énorme Zorya, album sorti cette année et sans conteste un des meilleurs de 2016, c’est peu dire que l’on attendait impatiemment de (re)voir Sunnata en live. Pas besoin de plus d’une minute pour être directement plongé dans l’hypnose total, entouré d’une spirale de riffs et d’une basse dont la hargne fait même plier celui qui en joue, au sens propre du terme (attention à la scoliose tout de même). Le groupe est définitivement aussi bon en live que sur disque : “Beasts Of Prey” ou encore “Long Gone” nous le prouvent sans problème. Depuis leur dernière venue au Glazart il y a un an, on sent maintenant un groupe plus mûr, plus à l’aise, et s’accaparant la scène et son public avec une aisance indiscutable. Plus qu’une claque, un crochet du droit.

20161005_200422

Quiconque a déjà écouté Black Cobra a certainement connu des douleurs aux cervicales. Ce duo guitare/batterie de Los Angeles brille dans un sludge rapide et tranchant, dont les fondations reposent sur une batterie excessivement énervée et un guitariste ne laissant que peu de place au silence et à la méditation. Les voir en concert est donc toujours l’assurance de se faire ramoner les tympans sans commisération. Un petit problème subsiste pourtant à chacune de leur performance live : les compositions sont tellement denses qu’il est parfois difficile de distinguer les subtilités de Jason Landrian à la guitare, pourtant nombreuses. Qu’à cela ne tienne, des titres comme “Chronosphere”, “Omniscient” ou “Five Daggers” faisant largement le boulot, on sort de là souillé et content de l’être.

Point d’orgue de la soirée, apothéose finale de toute beauté, les trois américains de Yob arrivent sur scène. La rareté du groupe sur nos terres explique une salle pleine à craquer, surement en grande partie constituée de paires d’oreilles venues effectuer leur dépucelage yobien, le cœur battant et les mains moites. En 20 ans d’existence, le groupe de Mike Scheidt a construit un doom extrêmement profond et intimement lié à la spiritualité et au mysticisme. Quand le groupe commence son set, la force de déflagration de l’ensemble surprend presque nos tympans, que l’on croyait pourtant habitués. Les 3 groupes précédents ne faisaient pas dans le bal musette, mais là, tout est plus… Grand. Cela constaté, vient l’heure de l’extase face à des compositions littéralement absorbantes et pleines d’émotions, faîtes d’arpèges poignants et d’autres moments plus écrasants et impitoyables. Une ode à la vie, qui ne nous fait pas remuer bêtement la tête mais nous laisse bien béat, mâchoire et yeux grands ouverts, filet de bave en commissure des lèvres et cerveau en ébullition.
Dans un tel contexte, on déplore sincèrement les quelques rigolos certainement émoustillés par la bière à l’eau du Glazart qui confondent concert et jukebox et qui entre deux morceaux hurlent à l’attention du groupe des titres à jouer. Toi le profanateur, as-tu déjà vu quelqu’un suggérer au prêtre quel extrait de l’Évangile lire durant la messe du dimanche ? Que ton nom soit maudit.

20161005_215127

Comme souvent avec les Stoned Gatherings, il y en avait pour tous les goûts au menu de ce soir ; des amateurs de sludge épicé aux autres, davantage orientés doom enivrant et agréablement corsé. Une chose est sûre, le dessert a mis tout le monde d’accord. Une sacrée soirée, mais sans Jean-Pierre Foucault.

GREENLEAF, FATSO JETSON, Blackbird Hill – 05/10/2016 – Bordeaux (Void)

On ne savait pas trop à quoi s’attendre sur cette date à l’affiche atypique (Fatso Jetson en tournée avec Greenleaf ??!), sur un mois d’octobre rempli jusqu’à l’indigestion de concerts et tournées de grande qualité, dans une ville au public versatile et insondable, en plein milieu de semaine… Et pourtant !

BLACKBIRD HILL

1-Blackbird-Hill---IMG_2575

Bon, lorsque les locaux de Blackbird Hill prennent la scène, on n’est pas méga rassurés par l’affluence dans la petite salle du Void : les premiers accords folk blues du duo sont entendus par une demi-douzaine de paires d’oreilles seulement. Heureusement, petit à petit le public – qui était essentiellement massé au bar à l’étage ou dehors à profiter d’une chaleur quasi-estivale – commence à garnir gentiment la salle, et semble apprécier la musique atypique de ce duo guitare-batterie pas inintéressant : reposant largement sur des accents blues-rock, le combo n’hésite pas à cracher quelques plans limite country-bluegrass pas déplaisants. Le set est maîtrisé et maintient l’attention d’un public assez bienveillant. Sympathique découverte (pour quiconque est assez ouvert d’esprit), on reverra ce groupe sans déplaisir.

FATSO JETSON

2-Fatso-Jetson---IMG_2699

En quelques minutes à peine, une petite tornade vient débarrasser la minuscule scène pour voir s’installer pieds de micros, guitares et basses, et quelques pédales bien senties. Du coup, très vite les parrains du desert rock prennent la scène, dans une configuration quelque peu atypique en live : le groupe protéiforme s’appuie généralement sur une structure de power trio, or sur cette tournée Dino, le fils de Mario Lalli, vient épauler le groupe avec une seconde guitare. Avec l’indéboulonnable (et impeccable de bout en bout) Tony Tornay à la batterie, et Mathias Schneeberger, leur pote qui dépanne à la basse (il remplace le cousin Larry), Fatso Jetson se présente sous un jour nouveau… Et quelle (r)évolution ! Au-delà de l’énergie de la jeunesse (et du dynamisme qu’elle apporte aux compos), ce nouveau son, ainsi que le potentiel instrumental supplémentaire, sont un vrai bain de jouvence pour le groupe : il faut les voir jouer certains plans en parfaite synchro, ou alterner rythmique et lead (profitons-en pour louer le talent du pourtant encore jeune Dino) pour mesurer la valeur ajoutée apportée par cette combinaison familiale atypique mais bienvenue. Fatso n’a jamais été un groupe à jouer la facilité, et leur set list du jour en décontenancera donc plus d’un : la quasi-totalité du set est issue du nouvel album… qui sort quelques jours plus tard ! Personne ne le connaît donc encore, mais ils s’en foutent : leur confiance dans ces compos est inébranlable, et ils ont bien raison. Après une version un peu biscornue du classique « Magma », ils enchaînent les nouveaux titres, avec une efficacité qui va crescendo. Il faut dire que depuis le début de leur set, la salle du Void s’est blindée d’un public enthousiaste, et l’ambiance est au top. Les impeccables « Then and Now » et « Nervous Eater » constituent un enchaînement irrésistible, sur lequel le barré « Portuguese Dream » (avec Dino au chant bien destroy) vient s’appuyer. Les titres défilent sans temps mort, avec des zicos à fond, et le set se termine par un vieux mais furieux « The Untimely Death of the Keyboard Player », largement déstructuré mais toujours aussi jouissif. Carton plein !

GREENLEAF

3-Greenleaf---IMG_3011

Là encore, il ne faut pas longtemps pour préparer la scène à la configuration du quatuor suédois qui tient aujourd’hui la tête d’affiche. Il faut dire que nos lascars ont ces dernières années arpenté les routes d’Europe en long et en large et n’ont pas volé leur place privilégiée sur cette tournée des clubs (et quelques festivals). Dès qu’ils montent sur les planches, on prend acte de la robustesse scénique et du professionnalisme des scandinaves. Ils commencent par le dynamique « Our Mother Ash », et enchaînent les extraits de leurs deux dernières galettes (les albums avec Arvid au chant, quoi). L’efficacité est remarquable, et musicalement les bonhommes sont au top. Scéniquement aussi, tout le monde se donne à fond sur cette scène de 3 m², à commencer par le démoniaque Tommi qui fait voler sa casquette au bout du 1er headbang après 23 secondes… Le public semble apprécier, encore plus tassé que pour Fatso, le sourire aux lèvres. Il nous manque pourtant un petit quelque chose, à nous petits pinailleurs, difficile à définir toutefois : cet enchaînement de compos qualitatives laisse pourtant admiratif, mais leur transposition en live, même si impeccablement exécutée, n’apporte pas la fièvre que l’on pourrait espérer, et tout semble un peu téléphoné. Même l’instru « Electric Ryder » qui voit Arvid s’éclipser quelques minutes pour ce qui est finalement un long solo de Tommi (et ça fait toujours plaisir) n’apporte plus l’excitation des premières fois. Le titre serait pourtant possiblement prétexte à quelques passages jammés bien sentis… « Stray Bullit Woman », toujours aussi soul, apporte toujours une plateforme bien sentie à Arvid pour déployer tout son feeling, mais ces deux incartades sur la discographie pourtant riche de Greenleaf sont rattrapées par deux titres du dernier album en conclusion, « Tyrants Tongue » et « Pilgrims », encore une fois parfaitement interprétés. On finit le concert un peu partagé entre deux sentiments : la satisfaction d’avoir vu un très bon groupe interpréter de très bonnes compos devant un public enthousiaste est le sentiment qui prédomine. Mais l’on aimerait aussi voir ce groupe hautement talentueux se mettre un peu en difficulté, se confronter à de l’inédit, du old school, des compos moins « policées » que celles des deux derniers albums, de l’impro… Quand on voit le potentiel de ces musiciens, on regrette un peu qu’ils jouent la facilité. Mais on est très tatillons, avouons-le. C’était quand même du grand Greenleaf.

La soirée fut excellente, le public au rendez-vous, on peut donc remercier les Make It Sabbathy d’avoir monté ce plateau en terres girondines !

GOZU, HOLY GROVE, MØLK – 08/10/2016 (Liège, La Zone)

Quand Gozu a annoncé une tournée européenne pour le mois d’octobre, on les voyait déjà à l’affiche du Desertfest d’Anvers. Que nenni ! Direction Liège en ce samedi soir pour pouvoir apprécier, pour la première fois en chair et en os en ce qui me concerne, le groupe de Boston dont le Revival est sorti il y a peu.

Les Mølk montent sur la minuscule scène de la zone peu avant 21H00. Le quatuor n’a pas besoin de jouer la moindre note pour que l’on comprenne que la partie est gagnée d’avance pour eux : ils jouent en effet à domicile et comptent de nombreuses connaissances dans la salle déjà bien pleine. Bien en place, le groupe fait le job et balance des bûches (« Smoke », « Methamphetamine ») pour échauffer le public avant la suite des festivités. Suite qui, d’ailleurs, ne s’y trompera pas puisque Doug Sherman viendra headbanger discrètement dans la salle aux trois quarts du set des liégeois, bientôt suivi par son compère Mark Gaffney (moins discret vu son gabarit). Lorsque les lumières se rallument, ce dernier ira même féliciter le jeune groupe pour leur prestation.

S’ensuit alors le classique ballet du démontage/remontage de matos avant la prise de pouvoir de Holy Grove. Le gang de Portland, emmené par sa charismatique chanteuse Andrea Vidal, va dérouler un show d’une excellente qualité tandis que Gaff n’a pas bougé d’un centimètre et regarde le set appuyé tranquillement contre un ampli au premier rang tout en sirotant sa Jupi. Emprunt d’une grosse dose de blues, la musique des américains ne laisse pas indifférent, tout comme la bonhomie de sa frontwoman. Ayant découvert un peu plus tôt la spécialité du cru (la mitraillette ak(-47)a « the machine-gun sandwich »), les américains font feu de tout bois et écrasent tout sur leur passage, notamment avec l’excellent « Caravan ». Visiblement très content d’être sur le vieux continent, le groupe joue totalement décomplexé et mise sur le contraste douceur/brutalité. Les barbus gratteux Trent et Gregg tiennent la baraque et envoient du lourd, gras et fuzz. Pendant ce temps là, Andrea, telle une sirène stoner moderne, le visage caché par sa noire crinière, séduit le public avec son timbre heavy rock puissant et envoûtant. L’ambitieux « Nix » réussira à lui seul à rallier de nouveaux supporters à la cause de Holy Grove. Les américains vendront de fait une tripotée de CDs juste après leur set. Le combo de Portland est assurément un groupe à suivre de très près.

Également rassasiés par les mitraillettes, c’est avec des munitions plein les poches que les quatre de Gozu débarquent sur scène. Et il ne faut pas attendre plus de deux secondes avant qu’ils ne commencent à vider leur « Meat Charge(u)r ». Un constat s’impose d’emblée : le Gozu live n’a rien a envier au Gozu sur skeud et le « Bubble Time » qui suit détournera du bar et de la pause cigarette tous ceux qui s’étaient éloignés de la scène.

 

Gozu Live

Le groupe pioche dans ses trois albums et varie les plaisirs en alternant des morceaux au groove ravageur (« Disco Related Injury », « By Mennen ») et les grosses tueries rentre-dedans (« Nature boy », « Meth Cowboy »). Au programme : « Jan-Michael Vincent » (hymne à l’acteur de supercopter) et son intro de basse identifiable entre mille. Après les quelques falsettos qui émaillent le titre, Gaffney s’appliquera à matraquer nos nuques avec le brutal riff final du morceau tout en se déhanchant lascivement avec sa guitare. Effet garanti.

La jeune paire rythmique Grotto/Hubbard groove remarquablement bien dans l’ombre du géant Gaffney, monolithiquement planté au milieu de la scène. Quant à Doug Sherman, il assure le show. Guitare portée très haute sur son T-shirt Death et tête oscillante, notre bonhomme bouge d’avant en arrière, de gauche à droite, en aspergeant de sa sueur amplis, setlist et spectateurs installés au premier rang et en rameutant les spectateurs qu’il juge un poil trop éloignés de la scène.

Autre morceau, autre claque : « Irish Dart Fight » débute par les légers cliquetis de baguettes d’Hubbard tandis que Gaffney se lance dans cette distinctive entame a cappella. Non content de posséder une des voix les plus sexy de la planète stoner, le géant barbu a également la chance d’avoir à sa droite un virtuose du solo en la personne de Sherman. Le gratteux apporte la touche finale à cette bombe live grâce à son toucher hors du commun. Ravi de l’ambiance qui règne dans la Zone, le groupe réclamera d’autres bières avant de jouer les prolongations. Ils dégainent alors l’arme fatale pour tirer une dernière cartouche, non prévue sur la setlist : « Tin Chicken ». Le morceau le plus complexe de Revival permet une dernière fois à Gaffney de démontrer l’étendue de ses possibilités vocales et vient clôturer en douceur une prestation éreintante.

En un peu plus d’une heure, avec un set composé de plus de la moitié de son catalogue, Gozu a fait des dégâts sur son passage. Pas de victimes collatérales ce soir mais très certainement de nouveaux adeptes de leur stoner unique et décalé.

UP IN SMOKE 2016 – Jour 2 (Electric Wizard, Greenleaf, Elder, Pentagram, Legends Of The Desert etc…) – 01 Octobre 2016 (Bâle)

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt dit-on et il fallait bouger mes molles fesses de bonne heure pour assister au début des hostilités qui tapait dans le local (version élargie) avec des formations que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents. Sachant que les organisateurs de cette fiesta ne souffrent pas d’une occlusion des conduits auditifs, j’étais certain d’y trouver mon compte et tel fût le cas, mais pas que !

EPHEDRA

UIS_Jour2---EPHEDRA04


Avec leurs dégaines de rockers orientés du genre bucherons du metal, les premiers régionaux de l’étape avaient une sacrée gueule en piétinant sur la petite scène avant d’envoyer voler les bûches. Je n’allais pas être déçu par cette excellente surprise qui allait foutre le feu sur les planches à l’heure du repas de la mi-journée ! Avec un premier album sorti il y a trois ans et la perspective future de la sortie de « Can’- Ka No Rey » en novembre prochain, les Suisses s’en sont formidablement bien sorti et ont même réussi le coup de force de faire se radiner Gary Arce dans le public ravi qui appréciait ce set entre Karma To Burn et Dozer (que de belles références). Vivement la sortie du prochain opus de ce groupe instrumental à (très) fort potentiel : ils m’ont fait foutrement plaisir !

MOTHER’S CAKE

UIS_Jour2---MOTHERSCAKE01


On reste sur la scène extérieure (et les festivaliers à la mine moins vitaminée que la veille commencent à se pointer en plus grand nombre) pour le second round venu de la proche Autriche. Coutumier des scènes rock au sens large, le trio psychédélique balancera des pièces de toute sa disco, la clope au bec, sans me convaincre à me jeter sur leur merch en fin de set. La voix haut perchée de leur chanteur posée sur leur rock presque kräut m’a laissé un peu de marbre même si certains tires, comme « Gojira », par exemple, tiré de leur dernier opus, s’écoutent agréablement sur disque. On skippe jusqu’aux prochains.

DESERT MOUNTAIN TRIBE

UIS_Jour2---DESERTMOUNTAINTRIBE02


Le prochain c’est la tribu des montagnards désertiques britanniques et c’est tout un programme en soit. Ils partagent avec leurs prédécesseurs sur scène l’affection pour les vocalises haut perchées et se distinguent dans des plans rock hérités des scarabées ou des pierres qui roulent donc ne sont pas si éloignés que ça de l’oasis du désert qui fit les belles heures de la pop anglaises il y a vingt piges. Ce n’est pas mauvais, mais franchement je n’ai pas accroché à la chose qui s’éloignait pas mal des plans bourrins ou doom trustant l’affiche de ce deuxième jour de festival. On skippe à nouveau (ben ça va aller vite comme ça).

WUCAN

UIS_Jour2---WUCAN04


La formation de heavy flûte était la première à se produire à l’intérieur le samedi. La fille spirituelle de Ian Anderson vêtue d’un pantalon du plus pure style tube de dentifrice scintillant a rapidement mis les mâles en mal de sensation dans sa poche (il est vrai que ça changeait des velus croisés précédemment sur scène), mais il serait injuste de ma part de m’arrêter là car, en plus de sa plastique, elle est loin d’être un manche à la gratte, à la flûte et au chant (ça fait pas mal pour une jeune personne). Le kräut psychédélique était de mise durant une prestation des plus efficaces menée de main de maître par un groupe qui sait être à l’aise autant dans les plans calmes que dans les montées en puissance (certes relatives comparées à ce qui suivra sur la petite scène). Les amateurs de rock seventies qui se respectent feraient bien de s’intéresser de très près à cette formation à potentiel plutôt qu’aller consommer le groupe qu’une major teuton veut absolument nous caser comme étant l’incarnation du rock des années septante – revisité avec la techniques du deuxième millénaire – à grands coups de marketing.

BLACK COBRA

UIS_Jour2---BLACKCOBRA05


Les sorciers de San Francisco pourront se targuer d’avoir fait tomber la pluie en même temps qu’ils nous ont gratifié d’un set d’une redoutable violence qui interpelle toujours autant en ce qui concerne leur capacité de foutre un tel bordel à deux seulement. Balançant ses ogives sur des labels s’adressant principalement aux gros lourds (que nous savons parfaitement être parfois), le binôme a fait preuve d’une incroyable maîtrise de son art en alignant quarante minutes durant le meilleur de lui-même dans une débauche de sauvagerie rarement atteinte durant ces deux journées pourtant adressées à un public peu farouche. Tel le métronome, Rafael a cogné sur sa batterie sans jamais faiblir alors que Jason vociférait dans son micro en s’acharnant sur sa guitare. Ce n’était pas une révélation, mais une confirmation de la grande forme de ces Américains dont la dernière pièce en date, « Imperium Simulacra », est une salve de bûches dont certaines ont agrémenté le setlist du jour qui aura bien fait se dandiner les metalleux à vestes à patch de l’assistance (vu l’évidente influence que des formations comme Slayer a eue sur ce combo étasunien).

LEGENDS OF THE DESERT

UIS_Jour2---LEGENDSOFTHEDESERT06FJ


Respect et tout le toutim pour la suite du programme dont, tout comme d’hab en fait, on ne savait pas grand chose avant d’y être confronté. Comme la dernière fois (le petit malin qui a déclaré « C’est la dernière ; tant mieux ! » va se prendre une salade de doigts sur la joue gauche), la doublette Yawning Man et Fatso Jetson s’était vue octroyé un temps de jeu qu’elle allait agrémenter à sa guise. Sa guise sera, selon mon échange avec Gary, 20 minutes d’un groupe, un change over rapide et 20 minutes de l’autre groupe. En fait ce sera au final environ 20 minutes de Yawning Man, le change over pas si rapide que ça, 20 minutes de Fatso Jetson et un super retour sur scène de l’intégralité des protagonistes des deux actes ensemble pour un final de délire à deux batteries avec Mario qui sera resté sur scène tout du long vu son appartenance à l’entier des deux choses. La première phase baillante a été conforme à ce que la bande de Monsieur Arce nous livre depuis des années : sons très slide aériens avec un échange minimal avec le public, mais un savoir-faire exceptionnel (je signale que le fait que le show ne s’éternise pas a permis de ne pas lasser une seule seconde ce que certaines performances plus longues du groupe avait pu générer par le passé). La seconde couche – plus familiale – était réduite en ce qui concerne le setlist, mais pas l’intensité. Accompagné de ses fidèles, le Roi du désert a cédé le micro à son fiston pour le premier titre (l’ode aux Portugaises rêveuses issue de leur tour récent « Idle Hands ») avant de reprendre ses droits pour balancer quelques titres majoritairement tirés du petit nouveau. C’était droit bien tout comme d’hab avec ce groupe à géométrie variable qui se maintient au top depuis quasi le début de l’aventure stoner.

COUGH

UIS_Jour2---COUGH02


On a failli chopper la toux (ça c’est très facile je le concède) à force d’attendre dans le froid que les légendes cessent de jouer et permettent à la formation de Virginie d’entamer leur set. Les bougres avaient pris du retard et les jeunes piaffaient d’impatience d’en découdre avec l’aile dure du public bâlois déjà chaud patate après la performance de Black Cobra. Faisant partie de la redoutable écurie de Relapse, la bande de Richmond est active dans un registre lent et asphyxiant qui extrait la quintessence du sludge et du doom puis y ajoute des samples malsains. Tout un programme et un programme qui a mal commencé puisqu’un guitariste a été arrêté durant le premier titre (« Haunter of the Dark » tiré de l’album de cet été « Still They Pray ») pour des problèmes techniques intervenus du côté cours de la scène. Heureusement solutionnés rapidement, les ennuis techniques ont laissé place à une déferlante assassine particulièrement inspirée par le groupe qui était en tournée avec ses compatriotes de Elder ; de la belle ouvrage comme on dit régulièrement dans les pits.

YOB

UIS_Jour2---YOB02


Du lourd encore, du lourd toujours ; la distribution de bûches entamée à l’extérieur allait se prolonger à l’intérieur avec le trio étasunien à qui nous devons l’incroyable « Clearing The Path To Ascend » sorti il y a tout juste deux piges. La rythmique ultra efficace des Ricains a fait mouche auprès d’un public nourri qui n’a eu de cesse que de les applaudir tout au long d’une performance stoner doom (ou le contraire ; je m’en cogne pas mal). Les chevelus ont interprété leurs gros standards sans créer trop de surprise, mais en créant une certaine proximité avec des bipèdes qui n’avaient pas forcément fait le déplacement rien que pour leurs gueules. Tant mieux – comme on dit par chez moi – car des pépites dévastatrices comme « Ball Of Molten Lead » font toujours mouche sur scène et qu’il serait dommage de passer à côté d’une telle formation.

GREENLEAF

UIS_Jour2---GREENLEAF01


Greenleaf avait déjà joué lors de ce festival il y a quelques années et c’est toujours avec un plaisir certain que nous croisons ces charmants garçons lors des diverses fêtes du riff auxquelles ils participent toujours de manière remarquée. La première remarque c’est que la formation Grandleaf est stabilisée depuis une année et que sa configuration actuelle est certainement la plus efficace scéniquement parlant que le groupe a eue à ce jour. La deuxième remarque est que la prestation du jour avait un quelques relents du dernier Desertfest de Berlin : Greenloom est sur la petite scène et les problèmes techniques rencontrés sur son aile gauche (certainement en lien avec ceux de Cough) l’empêchent de débuter son concert à l’heure convenue alors que le public est chaud telle la baraque à frites anversoise. Je devrai donc patienter avant que « Our Mother Ash » n’enflamme le public du Z7 qui fera une véritable ovation à la bande de Borlänge, réclamant en fin de partie un rappel qui ne viendra jamais en raison d’un spectacle de clown sur le point de commencer sur la grande scène. Bénéficiant d’une bonne cinquantaine de minutes de jeu, les nordistes ont envoyé le meilleur d’eux-mêmes (dont les hits intersidéraux du dernier-né « Rise Above The Meadow ») même si un incident technique (encore ?) vint couper leur set et donna l’occasion à leur incroyable chanteur, Arvid, de se lancer dans une improvisation d’obédience blues avec pour seul appui la batterie de Sebastian. Malgré un appel au public passé en début de show, nos amis n’ont pas réussi à récupérer les chaussures égarées par leur ancien bassiste lors de leur précédente venue, mais ils ont laissé KO le public du Up In Smoke avec leur final d’excellente facture sur l’énorme « With Eyes Wide Open ».

PENTAGRAM

UIS_Jour2---PENTAGRAM05


Groggys après le show énorme de Greenleaf, pourtant sur scène riquiqui du festival, le public peina à rejoindre la grande structure sur laquelle un mythe allait envoyer son concert. Il faut dire que la formation originaire de BoWash entamait sa tournée européenne le jour même et que même si elle court depuis belle lurette après une reconnaissance légitime, elle ne sera certainement jamais adulée à sa juste valeur. Tant pis, il faut s’y faire. Débarqués plus tôt dans l’après-midi, les vétérans trépignaient d’impatience de jouer depuis quelques heures alors que leur charismatique leader errait à l’arrière du festival (et à l’abri de la foule) en solo (configuration dans laquelle je n’ai pas arrêté de la croiser durant la seconde moitié de cette folle journée). Bobby, seul rescapé des débuts de la formation, accompagné de Victor (pour sa quatrième apparition au line up) ainsi que leurs deux acolytes (dont le bassiste Greg Turley est dans la place depuis presque deux poignées d’années) avait mitonné un setlist couvrant l’entier de son œuvre conséquente. Nous eûmes droit à quelques titres de la première trace dans le sillon en guise d’amuse-bouche (« Death Row » et « All Your Sins ») avant d’aller nous perdre dans des méandres plus récents (« Dead Bury Dead » par exemple issu de la dernière fournée) pour nous finir en beauté sur du vintage (« Last Days Here » et « 20 Buck Spin ») durant un show où les vieux protagonistes furent bien mis en évidence sur le devant de la scène notamment grâce aux mimiques du père Liebling et à sa blouse qui pourrait être un bon sujet de mémoire pour les apôtres de Cristina Cordula.

ELDER

UIS_Jour2---ELDER04


Après les vieux de la vieille, place à la jeunesse avec le trio de Boston qui totalise mine de rien déjà dix ans d’activité au service du riff. Comme à l’accoutumée, le public est nombreux à se presser devant la plus petite scène sur laquelle les Etasuniens s’apprêtent à envoyer du son. Coutumier de leurs prestations, je fais aussi partie des quidams qui voient d’un bon œil ce bain de jouvence au milieu de formations plus datées et nettement moins remuantes sur scène. Les trois lascars nous délivrent une fois de plus une prestation de haut vol dont « Compendium » (tiré de l’énorme « Lore » de 2015 pour ceux qui l’ignoreraient) a été le point d’orgue. Rondement menée, leur performance artistique s’articule autour d’un nombre – très – concis de titres et les interactions verbales avec leur public demeurent très limitées afin que les artistes restent focus sur leur son. Une fois de plus je n’ai pas été scotché par la tenue de scène d’Elder, mais transcendé par leur musique dont on aimerait bien avoir la suite rapidement vu la poutre totale qu’est leur dernière plaque. La petite scène n’aurait pas pu être fermée de plus belle manière qu’avec ces Américains qui ont transporté le – nombreux – public présent dans la place.

ELECTRIC WIZARD

UIS_Jour2---ELECTRICWIZARD04


Dernière transhumance devant la grande structure pour la tête d’affiche et le – déjà – vingtième groupe du festival. Les Britanniques débarqués tôt le matin avec leur matos dans les pognes s’était reposé à l’abri des festivaliers tout le jour et c’est en pleine forme qu’ils ont pris possession de la scène sur laquelle un énorme écran avait été fixé en lieu et place des habituels backdrop afin que les projections de la bande à Jus Oborn s’appuie sur un visuel de fond de scène pour se mettre en scène (vu les jeux de lumière et les chorégraphies de cette bande ça occupe un poil le regard des spectateurs). Question articulation du show, nous avons droit à un titre de Slayer – comme d’hab quoi – ainsi qu’un joyau du terroir local (« Procreation (Of The Wicked) » de Celtic Frost qui m’a ramené trente ans en arrière du temps où j’avais une frange blonde et le nez en trompette comme tous les gosses) puis le déroulé de la machinerie anglaise au statisme redoutable. Le quatuor adepte de la croix renversée a débuté avec deux titres issus de « Black Masses » (dont le titre éponyme) pour aller se plonger ensuite dans la totalité de sa discographie : « Dopethrone » forcément avec le titre phare, mais aussi « Time To Die » son dernier effort en date puis quelques perles des temps anciens avant de nous finir avec le mythique « Funeralopolis » en toute fin de set (et de festival). Le point final de ce set est intervenu pile poil à l’heure convenue et aucun rappel n’est venu perturber l’organisation bien huilée qui règne en ces lieux et voyait le staff s’affairer à plier le matos à peine le dernier accord craché par la sono.

Ce millésime a été – comme les précédents – une réussite totale à mettre au crédit d’une structure aussi sympathique qu’efficace (je les remercie encore) qui arrive à nous faire plaisir années après années en conservant le côté super convivial de la manifestation qui marque le début d’un mois de folie pour la galaxie stoner avec un nombre incalculable de grosses pointures, de moins grosses pointures et de grosses pointures en devenir sillonner les routes du Vieux Continent. Vous pouvez faire des grosses croix au marker dans vos agendas : l’édition 2017 se tiendra les 6 et 7 octobre et vous pouvez compter sur nous pour vous tenir au courant de l’actu de celle-ci !

UP IN SMOKE 2016 – Jour 1 (Truckfighters, Subrosa, 1000Mods, Monkey3, High Fighter etc…) – 30 Septembre 2016 (Bâle)

Une nouvelle édition de la version immobile Up In Smoke prenait ses habituels quartiers d’automne dans les fines volutes de la chimie bâloise. Comme à l’accoutumée, c’est le sourire aux lèvres que je me suis rendu au Z7 de Pratteln (on va dire en gros Bâle pour les brêles en géographie) pour me ruiner ce qui reste de mon ouïe dans une démarche frisant le masochisme pathologique. L’affiche de cette fête vendait du rêve même si certaines défections viendront bouleverser le running order de ce vendredi qui était résolument orienté vers les formations à composante(s) féminine(s). Ce premier jour de festival fût aussi une belle occasion de recroiser les potes coutumiers de ce genre de rendez-vous et de revoir certaines formations ayant déjà agrémenté l’affiche du Up In Smoke suisse.

HIGH FIGHTER

UIS_Jour1 - HIGHFIGHTER03


Comme c’était déjà le cas lors de l’édition 2016 du Desertfest allemand, il revenait aux hambourgeois d’ouvrir les hostilités sur la petite scène de ce festival fantastique qui, en alternant les groupes d’une scène à l’autre, permet de voir l’intégralité des protagonistes sans choix cornélien si ce n’est celui de se nourrir ou de se désaltérer (on vous connaît depuis le temps !). High Fighter, qui a parcouru un chemin énorme depuis ses débuts pour se glisser sur les affiches les plus prestigieuses du style que nous bénissons, a envoyé du lourd et bien bourrin d’entrée de jeu. Ça a visiblement fait du bien par où ça passait vu le headbanging généralisé qui agitait le public présent à l’ouverture de la foire du décibel. En proposant un set regroupant des titres issus du premier EP ainsi que de son récent (et énorme) long format, les Allemands ont foutu dans leurs poches une poignée de nouveaux rockers et ils ne l’ont pas volé. Mona, la frontwoman au shirt de Kvelertak, a capté tous les regards en s’agitant au gré des titres et les lascars qui l’entourent ont sacrément envoyé du pâté ! « Darkest Days » (qui n’a rien à voir avec la version d’Obituary) ainsi que « The Gatekeeper » ont été énormes : merci les gars (et la fille) on a kiffé ce show autant que vous !

SINISTRO

UIS_Jour1 - SINISTRO01


Embarqué en tournée avec Subrosa, Sinistro a été remonté sur l’affiche ainsi que sur la grande scène suite à la défection de Leech. C’est tant mieux pour les Portugais qui n’étaient pas ensablés sur la scène étriquée dévolue aux formations rentre-dedans : ils ont pu déployer un show au visuel d’excellente facture. Il faut dire que la charmante Patricia et sa tenue de scène fort sexy n’étaient pas étrangers à ce rendu qui en aura marqué plus d’un (ou d’une, mais j’ai surtout vu du poil aux premiers rangs). Enrobée par un éclairage de type poursuite, la dame peu vêtue se détachait des spots rouges qui arrosaient le reste de la scène et c’est un peu le fantôme rock’n’roll d’Edith Piaf qui se démenait au son d’une musique lugubre et puissante pas typiquement stoner. Le fadoom déployé par les Lusitaniens, particulièrement mis en valeur par un mix subtil à la console, a été d’une efficacité plus qu’honnête et les torturés qui ont kiffé « Semente » – leur dernier opus – en ont eu pour leur pognon.

GIÖBIA

UIS_Jour1 - GIOBIA01


L’air revigorant du dehors – il ne fait plus très chaud en cette saison sur les bords du Rhin – nous a rappelé à son bon souvenir alors que les Milanais se foutaient en place en effectuant un dernier line check. Le quatuor, qui pouvait se targuer d’avoir de nombreux fans dans l’assistance, a balancé son rock de l’espace noyé dans la fumée distillée sur scène par les machines qu’affectionnent tant nos collègues photographes. On s’en cognait un poil quand-même car l’ambiance était présente et le corbeau ornant le synthé de la partie féminine du groupe transalpin finissait le rendu esthétique bien garage de la prestation. Les compos se sont suivies de manière cohérente durant le temps de jeu accordé et les Italiens ont pu se retirer avec la juste impression du travail rondement mené alors que les amateurs de sensations psychédéliques n’avaient pas besoin de redescendre de leur trip puisque la formation suivante nous avait annoncé un show très psyché (hahahaha vous me la recopierez celle-là bande de sales gosses !).

MONKEY3
UIS_Jour1 - MONKEY302

Les helvètes étaient de retour sur ce festoche dont ils avaient déjà foulé les planches il y a quelques années (mon Dieu que le temps passe vite) et c’est toujours un sacré plaisir que de croiser ces garçons aussi sympathiques que talentueux. A la veille d’un jour off sur cette tournée, les Lausannois affichaient une forme certaine malgré les ennuis de santé récents pour un membre du quatuor. C’est avec un peu d’appréhension que je me suis rendu devant la grand-scène après que le groupe eut terminé son soundcheck lui-même (ce qui n’est pas le cas de certaines formations dont la décence m’interdit de citer le nom dans cette review). Mon appréhension était relative à la volonté du groupe de jouer un show presque exclusivement constitué des titres du nouvel album dans un ordre cohérent (dans l’ordre quoi et sans la dernière partie), moi qui chéris tant certaines compositions des temps jadis. Mais il faut s’y faire et les singes vaudois ne font pas partie des formations qui regardent leur avenir dans un rétroviseur vu leur capacité à innover encore et toujours sans jamais balancer ses influences psychédéliques aux chiottes. Mon appréhension était aussi en lien avec la nouveauté de cette tournée qui voyait Boris, le guitariste qui jouait en Marcel quand on était jeune, se coller derrière le micro pour se caler sur le rendu de leur dernier effort (« Astra Symmetry » qui est présent dans les charts de plusieurs pays : chapeau les mecs !). Il faut dire que le groupe, qui a du métier, avait sacrément bien fomenté son coup en embarquant en tournée l’ingé son qui avait capté son dernier album dans des conditions live : question cohérence on a été bien servi et c’est un show d’excellente facture que Monkey3 a délivré au Up In Smoke en incluant en fin de set un titre issu de « The 5th Sun » son avant-dernier album. Au rayon nouveautés : Boris a grogné comme un phacochère derrière son micro et dB l’a soutenu à la guitare pour enfoncer un peu plus encore le clou psyché dans nos boîtes crâniennes.

DŸSE
UIS_Jour1 - DYSE01

Exit le psychédélisme et welcome la pugnacité avec le duo bien barré. Le batteur et le guitariste de la bande, qui assurent les deux les parties vocales en alternance ou en superposition, se retrouvent à l’affiche d’un événement plutôt stoner alors que leur style lorgne vers un DIY fourre-tout qui puise son inspiration dans la plupart des courants underground de la galaxie rock. J’avais déjà bien aimé le style, et la sympathie, des Germains et leur prestation bâloise n’a pas été source d’une révision de mon jugement. Dÿse a envoyé un show en mode punk pour le plus grand plaisir d’un public au sein duquel les germanophones étaient en majorité (au passage : la représentation francophone était impressionnante ce qui fait toujours plaisir après plus d’une décennie de bons et loyaux services à la cause que nous avions débuté dans l’indifférence générale) et ces quidams ont donc pu chanter en cœur avec le groupe ses hymnes révolutionnaires et humoristiques. Une énergie énorme dégagée par un binôme rompu à l’exercice scénique : leur succès ils ne l’ont pas chipé !

1000MODS
UIS_Jour1 - 1000MODS05

Changement de décors avec les Hellènes qui, comme Sinistro plus tôt dans la journée, avaient profité de la révision de l’horaire pour se retrouver propulsés sur la grande scène à une heure idéale passant même devant le groupe suisse pour lequel ils ouvrent sur cette tournée (étrange). Pour des raisons cinématographiques ou télévisuelles (je n’ai pas obtenu des informations fiables à ce sujet au moment où j’écris ces lignes), 1000Mods avait foutu le paquet pour le visuel de leur show, qui ne s’est pas contenté de n’être qu’un pestacle à regarder. Baignés de bleu, la Rickenbacker pendante sur les genoux au centre de la scène et les regards concentrés, les Grecs – omniprésents sur les événements stoner européens de l’automne – ont profité de décocher quelques flèches issues de leur opus d’actualité (puisque sorti le mois même) « Repeated Exposure To… » dont le sensationnel « Above 179 » qui en plus d’être une pépite sur disque est une énorme baffe en live. Grands habitués des circuits stoner européens et fer de lance (avec quelques autres) de leur incroyable – et bouillonnante – scène nationale, la formation a acquis lors de cette performance suisse une foule de nouveaux fans conquis par leur style à la fois subtil quand il le faut et fort pugnace quand c’est nécessaire.

SUBROSA
UIS_Jour1 - SUBROSA01

Changement de décors et retour à l’extérieur pour une prestation d’un autre style. Les natifs de Salt Lake City en campagne européenne avaient troqué leur place sur la mainstage pour jouer en avant-dernière position juste avant la tête d’affiche de ce premier jour. Formation surprenante à plusieurs niveaux, les Américains s’adressent à un public d’épicuriens. Ça tombe bien : il y en avait une sacrée cargaison ! Majoritairement féminin, le groupe aux deux violons a balancé son doom d’une autre galaxie pour nous transporter durant un temps de jeu généreux (gagné en partie en raison de la nouvelle donne en terme de répartition scénique). Les amateurs de fuzz facile et abordable sont retournés à l’intérieur goûter la gastronomie locale, mais ils étaient peu nombreux. Les autres, les lourds, les bourrins et les barrés s’en sont donnés à cœur-joie à mosher du chef tout en lourdeur presqu’une heure durant sous les coups de boutoirs assénés par un collectif aux influences multiples et au rendu absolument unique. Déjà auteurs d’une prestation remarquée par le public français lors d’un récent passage au Hellfest, ces originaires de la capitale des mormons ont à nouveau marqué des points en déployant une énergie dévastatrice incroyable que je peine encore à mettre en relation avec la pratique de l’archet.

TRUCKFIGHTERS
UIS_Jour1 - TRUCKFIGHTERS02

Dango et Ozo avaient débuté un groupe sous forme de quatuor et avaient livrés par le passé des productions incroyables (dont « Gravity X » qui demeure une plaque énorme). Par la suite, devenu trio et changeant régulièrement de batteur, le groupe est devenu une des grandes sensations de la scène stoner. Il n’est donc pas très étonnant de les voir headliner cette journée d’Up In Smoke cuvée 2016. Il faut dire que depuis que le guitariste moustachu de la bande s’est mis à passer ses concerts à sautiller tel le mammifère australien féru de boxe, les Truckfighters se sont trouvé un nouveau public. Ils sont carrément devenus un acteur majeur en assimilant les gimmicks qui ont fait (ou défait pour les puristes) certaines formations d’un punk en vogue auprès des ados. Je ne vais pas me lancer dans le procès d’un groupe qui marche et qui a déjà suffisamment de détracteurs dans la scène parfois sectaire du stoner et il serait bon de rappeler à certains amnésiques que le succès de la formation n’a pas débuté avant-hier et qu’au-delà des insupportables sauts scéniques, ces types sont de véritables agitateurs de la scène avec leur structure. Il est aussi remarquable de constater que malgré le succès, les Suédois ont su innover avec « V », leur dernière prod, et se mettre en danger (surtout en ce qui concerne la partie vocale). Le parterre était un peu amorphe, ou peu en ligne avec les nouveaux titres du trio alignés sur le setlist, mais le final sur « Mexico » a raccroché les vieux de la vieille lors du rappel.Après cette journée trépidante, l’heure était venue d’aller ranger ma carcasse afin d’être en forme pour la seconde – et déjà dernière – journée de ce festival. Un résumé visuel (ci-dessous) vous résumera un peu cette journée de foufou à laquelle ne manquait qu’une température clémente, mais on ne peut pas tout avoir !

MOTOCULTOR 2016 – 19-20-21/08/2016 (St Nolff)

St Nolff et son site de Kerboulard fait partie de ces charmantes petites bourgades annuellement envahies par une cohorte d’individus peu discrets et en perpétuelle déshydratation : nous. Le Motocultor donc, ses trois scènes aux noms délicieux et sa programmation éclectique, qui laisse chaque année une place de plus en plus importante à nos groupes chéris. Il ne nous en fallait pas plus pour traverser la France et aller vous reporter ces trois jours en Britanie, parsemés de bûches et d’embûches, depuis le trajet jusqu’à la rédaction de cette chronique, en passant par la météo (toutes nos excuses d’ailleurs pour ce délai inhabituellement long et indépendant de notre volonté).

JOUR 1 : Papa c’est quoi le death metal ?

THE MIDNIGHT GHOST TRAIN

j1-midnight

A peine (enfin) arrivé sur l’agréable site du festival qu’une voix bourbonnée nous fait hâter le pas pour rejoindre la Massey Ferguscene, le plus petit des deux chapiteaux. The Midnight Ghost Train y taquine comme à son habitude stoner du désert vitaminé et bluesy, mêls à une énergie aux frontières du punk hautement communicative. Un des points forts du combo du Kansas, qui participe grandement à faire entrer dans sa danse un public qui ne demandait que ça, c’est la proximité de l’intenable Steve Moss avec son audience, qui s’en donne elle aussi à cœur joie. Il faut dire que les compos du trio sont taillées pour le live et incitent clairement les festivaliers à se chauffer pour la suite. Ces derniers ne se font pas prier, répondant généreusement aux nombreuses sollicitations du frontman vers qui la majorité des regards sont tournés. Non pas que la section rythmique, pêchue et groovy à souhait soit inintéressante, mais ce trublion de guitariste/chanteur occupe quasiment à lui seul la totalité de l’espace scénique. Sa guitare parait toute petite et quand sa grosse voix rauque résonne, on a fatalement tendance à écouter ce que ce monsieur a à nous dire, encore plus spécialement lorsqu’il dédie le dernier morceau, un blues interprété à capella en forme de pied de nez, à son père… Un set déroulé à un horaire parfait pour TMGT qui aura assurément gagné de nouveaux fans malgré un son assez mal équilibré, faisant la part belle aux fréquences basses superflues et désagréables (une tendance qui apparemment se sera pourtant améliorée au cours de cette première journée).

Confirmation en passant voir Grave puis Rotting Christ sous la Dave Mustage, pour qui la technicité exige une propreté sonore autre qu’un déluge de grosse caisse…

ENTOMBED A.D.

Fort heureusement il en sera tout autre en découvrant la Supositor Stage, la seule (petite) scène extérieure idéalement entourée d’arbres et dont l’accès en pente est très agréable pour la visibilité de tou(te)s. En assistant aux balances d’Entombed A.D., on sent qu’il va se passer un truc costaud. Plus facile que sous les chapiteaux de gérer la diffusion des basses et le son va ici être à la hauteur de la carrière des suédois. Les craintes dues à l’éclatement du groupe s’envolent avant même les premières notes, les gaillards sont en grande forme et vont nous envoyer un petit best-of de leur death reconnaissable à l’accordage bien plus bas que la normale. Car depuis plus de 20 ans et le mythique Wolverine Blues, toujours bien présent dans ses playlists, le groupe s’est employé à alourdir sa musique, si bien qu’on est dans un groove régulièrement pas si loin de nos tumultes habituels. La bonhommie de L-G Petrov n’ayant d’égal que sa sympathie, tout le monde s’en donne à cœur joie de part et d’autre des crash-barrières.

Après une petite escapade champêtre aux abords du chapiteau où Fleshgod Apocalypse s’emploie à essayer de rendre son death technique et symphonique compréhensible, vient le tour les norvégiens de Shining dont la réputation accapare la majorité des festivaliers restants.

 J.C. SATAN

j1-jcsatan

Mais malgré des températures en dessous des normales de saison, la curiosité et le charme de la Supositor nous attirent plutôt vers J.C. Satàn. Les bordelais(es) vont remplir leur mission du soir en en surprenant plus d’un(e) à l’aide de leur mélange déluré. Bouffant à pas mal de râteliers, on passe en gros d’un garage rock punkisant pour glisser petit à petit vers un côté plus psyché au fur et à mesure du set, bienvenu pour éviter de frôler l’indigestion. Une chanteuse dans la grande tradition noise vit ce qu’elle raconte et prend un malin plaisir à triturer la justesse de ses cordes vocales. Un grand type s’amuse lui aussi à jouer avec les dissonances, planté derrière ses claviers et autres joujous. Une bassiste discrète mais impeccable dans son rôle de grooveuse, un batteur au kit minimaliste et au jeu très percussif forment une section rythmique qui sait insister sur la répétition sans trop lasser. Ce qui laisse la place au guitariste à la fière moustache d’exercer pas mal de facéties, batterie d’effets à l’appui, avec des riffs ou des solos plus ou moins noisy, mais souvent très blues au fond et que n’auraient probablement pas renié un certain Josh Homme. Qui plus est bien au delà du simple accompagnateur et taquin derrière son micro. Une surprenante et bien sympathique découverte, un set assurément bien rodé et pour lequel l’effort fourni afin de se mettre dedans aura été récompensé. S’ils passent près de chez vous…

Point bière/cidre : Bretagne oblige, outre les trois types de bières (la Motoc’ et l’ambrée étaient bien bonnes), on a le choix entre plusieurs cidres (tous artisanaux et fort rafraîchissants). Avec Modération bien sûr, celui qui n’est jamais là (il déteste les festivals…).

 *****

JOUR 2 : L’apocalypse selon St Nolff.

Les “nuits” en festival étant ce qu’elles sont et le “pèlerinage” ravitaillement étant ce qu’il fut, un besoin irrémédiable de gras se dut d’être comblé.

FANGE

j2-fange
Et comme parfois les choses sont bien faites, c’est à Fange qu’est revenue la lourde tâche de palier ce manque. C’est qu’en termes de gras, les Rennais savent de quoi ils parlent, merci bien. Un gras crade et poisseux, qu’ils nous pressent vicieusement sur la tronche. Bien connus des services du coin et donc attendus, les quasi-locaux disposent de tout l’arsenal à sludger nécessaire. En particulier le guitariste qui comble l’absence de bassiste lui-même et constitue à lui seul une bonne partie de la tessiture du groupe. Un matos imposant exploité avec les accords et effets qui font mal, complété par un gars qui triture des sons à l’aide de pédales, ajoutant larsens et autres joyeusetés disgracieuses. Sont vraiment pas contents, et la sono de la Massey Ferguscene en gronde de plaisir. Le batteur cogne un peu trop fort pour des pieds de cymbales qu’il faudra sans cesse resserrer, quand ce n’est pas son chanteur qui fait tomber ses pieds de micros. Car ce dernier n’arpente pas seulement la scène sans arrêt, il la fracasse, la martyrise et semble vivre ces moments comme une torture exutoire, éructant de façon grave ou aigüe avec la même hargne, parfois même avec le micro plus près des cordes vocales, ou avec deux tours de jack enroulés autour du coup. Et puisqu’il n’y a pas que le sludge qui est dégueu, nos gentils amis n’hésitent pas à lorgner parfois côté d’un death voire grind poisseux (rappelant même certaines ritournelles d’Entombed A.D. la veille), alors que la pluie dégouline elle aussi de part et d’autre du chapiteau. “Eh ben putain ça fait du bien” serait-on tenté de dire mais y’a la bienséance, bordel.

Ce samedi est placé sous le signe du contraste (tant musical que météorologique) et les grands écarts stylistiques sont nombreux : on passe donc du sludge au hard rock rafraichissant de Giuda, puis au metal moderne fourre-tout mais bien foutu d’Hypno5e. On glisse à nouveau complétement, du côté punk rock aquatique cette fois avec les vainqueurs du tremplin, Sordid Ship, qui transforment la Dave Mustage en joli foutoir à l’aide de bouées et autres requins gonflables, toujours fun. Certains se retrouveront d’ailleurs devant Goatwhore, qui enchaînent là-bas dehors et qui va nous mettre une bonne taloche avec son black thrash vingt ans d’âge made in New Orleans, teinté de punk et d’un savoir faire indéniable.

VALIENT THORR

j2-valient

Mais revenons à nos moutons du désert sous la Massey Ferguscene, où Valient Thorr, visiblement remis de sa dure soirée de la veille, s’apprête à investir les planches. Le son du combo privilégie la puissance à la clarté, suffisante tout de même pour apprécier l’habileté des protagonistes. Déjà couillue sur album, la musique des Thorrs en prend une paire de plus en live. Survitaminés dans ce contexte, les titres sont immédiats, les breaks, bien sentis, marchent à tous les coups et malgré leur côté parfois téléphoné, ça suinte tellement le rock ‘n roll qu’on en a cure. Les solos, en duel ou harmonisés fleurent bon le heavy (crédo également du solide bassiste), sacrée paire de gratteux que nous avons là, poussée dans ses retranchements par un batteur disons sportif, qui castagne tout le long du set avec une intensité qui le fait lui même sourire et donne cette urgence punk aux morceaux. Et puis il y a ce frontman inénarrable, Valient “you know what I’m talkin’ ’bout” Himself, que juste chanter semble ne pas contenter du tout. Alors il fait son sport en même temps, et entre pas de danses/footing et pompes, finit vite par tomber quelques couches vestimentaires. Doté d’une longueur de barbe et de cheveux équivalentes, le sieur balance ses vocaux un peu braillards avec une rapidité de diction plutôt au dessus de la moyenne, qui fait une grande partie de son attrait. Et même essoufflé, ce joyeux drille ne perd pas une seconde de son temps de parole, usant de sarcasmes sur les quelques travers de notre belle société.

Conséquence logique de tout ça, le quintet de Caroline du Nord se taille un beau succès mérité sous une tente de plus en plus mouvante, et prouve qu’il est l’un des groupes qui montent actuellement, à suivre d’ailleurs en tournée avec Clutch.

CULT OF LUNA

Le constat est accablant : il est inutile d’assister à un show de Cult of Luna depuis les premiers rangs dans l’espoir de mieux voir jouer les musiciens, ceux-ci n’étant quasi jamais éclairés de face. Même chose concernant le so n: le septuor s’étant fait spécialiste de l’occupation de l’espace sonore, l’utilisation de la stéréo prend avec lui tout son sens en étant placé au milieu des enceintes. Pour capter au mieux les subtilités des véritables toiles sonores que tissent les quatre manches, les deux batteries et les différents artifices créateurs de climats. Difficile de décrire l’imposante unité du rendu provoquée par tout ce petit monde… La petite tente est déjà bien garnie lorsque le groupe entame la vingtaine de minutes de “Vicarious Redemption”. Risquée mais réussie, cette entrée plonge directement le public dans l’ambiance froide et hypnotique chère aux suédois, capable d’immerger chacun dans ses propres méandres. Le nombre de slams par minute en prend un sacré coup. Axé étrangement aux trois quarts sur l’album Vertikal avec les interprétations des excellents “I: The Weapon” et “In Awe Of”, le set sera ponctué par “Ghost Train”, planant et propice à un light show épileptique, lunettes anti-éclipses conseillées. Aucun titre de Somewhere Along The Highway, pourtant joué en intégralité sur la dernière tournée, mais des morceaux choisis et enchaînés méticuleusement pour faire de ce bien trop court concert un moment hors du temps. Seuls quelques légers problèmes de son très ponctuels n’entacheront qu’à peine une prestation proche de la perfection.

NEUROSIS

j2-neurosis
Dur d’enchaîner direct après ça, surtout avec les parrains du genre, qui vont enfoncer le clou sous la Dave Mustage d’à côté. L’atmosphère pesante est évidemment toujours de rigueur chez Neurosis, trois décennies au compteur, tout de même, au service de la chape de plomb, quand même. Une noirceur menée différemment de leurs fils spirituels que l’on vient de quitter. Plus brutes dans leurs constructions, les compos du quintet font l’effet d’un rouleau compresseur, qui sait se faire subrepticement oublier pour mieux vous aplatir. Scott Kelly, grisonnant mais toujours véhément, et ses fidèles sbires sont plus que rompus à l’exercice et se passent même depuis quelques temps de tout artifice lumineux, seuls quelques spots éclairent la scène et ne changent qu’à peine de teinte entre les morceaux. Une démonstration de gestion des ambiances uniquement musicale donc, et personne n’en met une à côté, certainement pas Jason Roeder (à ses heures perdues batteur chez Sleep…) qui sait mener une barque et allier puissance et finesse. Mention spéciale également à Steve Von Till à la deuxième gratte, qui appuie quelques vocalises, ajoutant encore en profondeur à l’ensemble plutôt bien mis en son, si l’on excepte quelques machines parfois difficilement discernables dans un mix qui défrise. Les californiens ont ainsi réaffirmé leur position dans le monde du post-hardcore plombé, si besoin était, “coincés” entre deux groupes dont ils sont une influence majeure.

Carpenter Brut va ensuite apporter fraîcheur et surprise avec leur metal electro dansant, en grande partie pour cause de perte du running-order manuscrit du jour. La toile tendue en fond de la Massey Ferguscene laisse à penser que c’est Amenra qui va investir les planches. Mais ce sont bien les frenchies, fans du John cinéaste dont ils empruntent patronyme et images, qui vont y mettre le feu. Kitch très 80’s et excellent son.

AMENRA

j2-amenra

Pour parachever cette soirée du post, nous avons droit à l’étoile montante du style, les belges d’Amenra. Le côté visuel est soigné, alternant pénombre, visuels souvent fixes et glauques en fond de scène ou lumières plus présentes selon l’enveloppe musicale du moment. Côté sono ça crache très fort et le quintet va prouver qu’il a très bien étudié le style, qu’il pousse dans ses retranchements. On serait tenté de réduire leur musique à un mélange des deux groupes maîtres du genre passés un peu avant, mais il faut leur reconnaître une personnalité et une façon de composer qui leur est propre. Globalement plus violent, ce post-hardcore là est aussi plus abrupt dans ses enchaînements et ses breaks qui plongent la grande tente bien remplie dans un climat asphyxiant et donne envie de se (re)plonger dans l’œuvre des flamands. Cette nuit les rêves vont être étranges…

Excellente idée que de nous avoir proposé ce triptyque éprouvant, qui aura fait planer un parfum de Roadburn en terres bretonnes.

Point bouffe : Parce que oui de temps en temps il faut se sustenter avec du solide et le Motocultor propose une carte relativement variée et correcte au niveau qualité, aux prix conformes à ceux pratiqués habituellement en festival.

 *****

JOUR 3 : Du gras, du thrash et du gras.

On quitte des belges la veille pour en trouver d’autres, pour le coup ceux de Leng Tch’e qui se sont occupés du traditionnel réveil en douceur du dimanche, à l’aide d’un death grind mené par un chanteur sacrément volubile. Ultra-communicatif derrière des musiciens indéfectibles, son growl est assassin et il fait presque à lui seul le charme de ce show. Partageant son micro avec ses fans, dans la fosse ou carrément sur scène, appelant ces derniers à un “gang-bang interracial” (comprendre wall of death avec lui en plein milieu, le bonhomme étant d’origine africaine). Sans oublier l’inévitable slam. Revigorant.

STONEBIRDS

j3-stonebirds
Après leur apparition remarquée, entre autres, au Hellfest, les StoneBirds bénéficie d’une place de choix sur la Massey Ferguscene, forts d’un album sur lequel ils ont su s’émanciper d’un stoner assez classique pour tendre vers quelque chose de plus abouti et personnel. Les compos sont longues et pas forcément immédiates, avec des constructions plutôt alambiquées et variées dans leurs ambiances, globalement sombres et introspectives, aux confins du doom, du sludge et du post. On reste bien accroché dans le set, regrettant néanmoins de ne pas s’être préalablement imprégné de la musique du désormais trio centre-breton. La façade est plutôt bien réglée mais le chant, plus rock dans l’esprit et peut être mixé un poil trop en avant, va régulièrement souffrir de problèmes de justesse sur ses passages les plus ardus. C’est que le garçon a placé la barre très haut, avec ses vocaux intransigeants et recherchés mariés à un jeu de guitare riche et travaillé. On mettra donc volontiers cela sur un jour (à moitié) sans, d’autant qu’on peut se délecter d’un jeu de basse fretless et donc souvent en glissés, lui aussi minutieux et délicat, chacun se complétant ou se laissant le soin de donner la teinte du moment. Quelques chœurs venant de la gorge s’invitent de temps à autre, et derrière les fûts ça cogne juste et propre. En gros il semblerait bien qu’il faille compter sur StoneBirds, qui s’invite dans le club fermé mais ouvert des groupes, français ou non, qui poussent le bouchon pour développer une personnalité qui commence à faire souvent défaut ces derniers temps… Plus qu’à suivre.

En guise de goûter, les thrashers de Lost Society vont nous faire faire un bon dans l’espace temps pour nous rappeler avec plaisir et brio la fougue d’un Metallica des débuts. Les (jeunes) finlandais vont déployer énergie hors du commun, technique irréprochable et retourner la Dave Mustage. Le service de sécurité, irréprochabe durant ces trois jours, aura eu du fil à retordre.

Dommage pour Vektor dont le thrash, plus tarabiscoté, sera plus compliqué à déchiffrer, malgré des musiciens de très haut niveau, en particulier un batteur/viking spectaculaire.

CONAN

j3-conan

Épique, Conan l’est dans sa musique, bien sûr. Dans son rythme de tournée, aussi. Présent sur tous les fronts, le trio anglais taille vaillamment sa route, à coups de hache à trois mains. Retour de Chris Fielding à son poste derrière sa basse et son micro. La guitariste de Samothrace, Renata avait assuré l’interim avec brio ces derniers mois mais n’avait forcément pas l’amplitude vocale nécessaire pour compléter Jon Davis et ses phrasés scandés si particuliers. Si l’évolution du groupe sur son dernier rejeton Revengeance a pu décevoir certains fans, l’exécution live reste colossale de pesanteur. Servi par un mix impressionnant, une constante voire un point d’honneur chez Conan, ce doom massif nous transporte sans peine sur son champ de bataille, même dépourvu des excellents visuels qui renforçaient naguère l’immersion dans un concert du groupe. Rich Lewis est toujours aussi monstrueux derrière son kit qui ne l’est pas moins. Son jeu plus foncièrement metal, aux touches parfois jazzy et sa façon de tripoter ses cymbales ont vraiment apporté quelque chose de différent, qui explique probablement en partie la direction musicale empruntée et ses morceaux plus rapides. Blood Eagle est logiquement bien représenté avec ses “tubes”, mais les débuts sont boudés, au profit bien sûr du petit dernier. Les dix minutes de “Earthenguard” concluent d’ailleurs les hostilités comme elles concluent l’album, en plongeant avec brio le chapiteau dans une lourdeur planante.

GRAVEYARD

j3-graveyard

Surprise et volupté de retrouver Graveyard à l’affiche de ce Motocultor, probablement le groupe le moins “metal” de ces trois jours. Coutumiers du fait puisque régulièrement présents sur les plus gros festivals du genre, les suédois n’hésitent pas à introduire leur set par une ballade, “Slow Motion Countdown” en l’occurrence. Ils vont d’ailleurs insister sur cette facette de leur discographie avec quasiment un titre calme sur deux. Pari osé mais les festivaliers présents ne semblent pas s’en plaindre, loin s’en faut. Il faut dire que le son est plutôt bon et Joakim Nilsson est en voix. Axel Sjöberg va lui aussi marquer un bon paquet de points avec son jeu de batterie bien loin des codes du metal mais tout aussi (voire plus) impressionnant avec ses roulements insistants. Les extraits du dernier effort studio du groupe passent vraiment bien, notamment le très blues “Too Much Is Not Enough” (sans ses choeurs gospel) et un “From A Hole In The Wall” bien plus enlevé, chanté par Truls Mörck, le bassiste à la Rickenbacker. Une sensation de demi-teinte se dégage malgré tout de ce concert, de part le choix de la setlist, celui de la Dave Mustage un peu clairsemée et l’horaire, pas vraiment idéal pour apprécier au mieux du rock entre du doom et du sludge.

BONGZILLA

j3-bongzilla

Mine de rien, l’heure est venue d’assister au premier concert de Bongzilla dans nos contrées, vingt ans de sludge cradingue et fumeux à son actif, à base de riffs propices au jam. Je m’en foutistes jusqu’au bout des ongles, les ricains débarquent plus que tranquillement, prenant comme à leur habitude le temps de (beaucoup) fumer avant de commencer à faire larsenner leurs amplis, qui vont eux aussi fumer. Bon, on adhère ou pas au côté apologie de l’herbe du combo mais il faut avouer que ça met une drôle d’ambiance sur comme sous la Massey Ferguscene (Je rêve où tout le monde autour de moi est en train de fumer !?). “Gestation” déboule, délicieusement plombée et les nuques se délient immédiatement, sous la surveillance de Jon Davis (de Conan) qui a prêté ses baffles au guitariste/”chanteur”. Un Mike “Muleboy” Makela en forme, dont on se demande comment les cordes vocales arrivent à supporter ce qu’il leur inflige. Le matos est très vert/orange, le son en façade est très bon et la petite heure de set va passer bien trop vite, pour le public comme pour le groupe, qui va un peu trop étirer des versions par ailleurs énormes de “Keefmaster” et “Grim Reefer”, dont les breaks centraux improvisés seront prétextes à s’en refaire tourner un petit. Un nouveau morceau, le premier depuis dix ans, nous est offert et apparemment les gars du Wisconsin ne sont pas encore prêts de lever le pied sur l’épaisseur. Au contraire même puisqu’ils ralentissent quasiment tous les tempos, à tel point qu’un dernier morceau n’aura pas le temps d’être joué. Conséquence de cette nonchalance extrême, le set se conclue un peu en eau de boudin sur un jam qui commençait à traîner plus que de raison. Un concert jouissif mais alors quelle bande de sales gosses…

Le temps ensuite de se dire avec Soulfly que Max Cavalera ferait peut être mieux d’arrêter de se ridiculiser, les Nashville Pussy s’installent à côté pour faire la fête. Indéboulonnable, le groupe reste fidèle à sa réputation et balance un set impeccable en forme de greatest hits. Ce fameux couple Ruyter Suys/Blaine Cartwright tire son épingle du jeu et met une bonne ambiance sous la Massey Ferguscene qui n’en demandait presque pas tant. Elle intenable et lui débonnaire, l’alchimie est toujours présente et c’est tant mieux.

La fatigue finit de commencer à opérer mais les organisateurs ont prévu de quoi nous maintenir en éveil et en émoi. Les vétérans du thrash Testament vont atomiser la pauvre Dave Mustage qui commencerait presque à se démonter toute seule tellement tout est imposant chez les ricains : le son, les lights, Gene Hoglan… Un groupe et un line up de tueurs qui n’a pas finit de faire headbanguer les foules.

Plus que compliqué après ça de rentrer dans le set de Batushka et son black doom théatral et intrigant…

Et histoire de se finir gentiment, Ministry va finir de nous fracasser le cerveau à l’aide de son metal indus très metal et très indus. Son violent, lumières violentes, images violentes et Al Jourgensen est définitivement un frontman hors pair. Rideau.

Point camping/orga : Apparemment un des points faibles des éditions précédentes, l’organisation très amateure semble avoir fait un bond en avant. Malgré ce problème d’impression de running order et le manque d’affiches récapitulatives sur le site, on retiendra une jauge tout à fait confortable que ce soit pour les concerts ou les commodités. Quelques heures de pointes inévitables aux bars ou au point restauration, des toilettes sèches en nombre suffisant, le site et le camping sont assez bien aménagés et pensés. Bon point aussi les battements entre les concerts permettant quelques pauses sonores bienvenues. Espérons que l’aventure puisse se poursuivre et s’améliorer dans les années à venir !

[Crédit photos : droits réservés Motocultor Festival / F. Lampin, G. Mathieu, M. Wino]

Volcano Sessions #2 (Blaak Heat, Abrahma, Sunder,…) – 27/08/16, au milieu des montagnes

C’est pas compliqué, là où il y a de la hauteur, y a un château. Les ancêtres des amis clermontois de Black Owl étaient soient des gros flippés, soit possédaient des actions dans l’BTP moyen-âgeux, toujours est-il que c’est au pied d’une de ces majestueuses constructions qu’une petite centaine de privilégiés s’est retrouvée pour ces Volcano Sessions #2. Cadre majestueux, temps solaire insolent, Saint Nectaire salivant, un Jo Riou Graphic Designer de rigueur pour tout événement stoner et 6 groupes balayant un champs large d’influences stoner, grunge et psychédélique, voilà les ingrédients réunis pour ce cocktail fort en bouche et riche en fibres.
Fuzzy Grass1
C’est sous les coups de 15h30 que débarque la ptite troupe de Fuzzy Grass, sa guitariste, son thérémine et ses riffs qui fleurent bon le zeppelin. La musique des toulousains passe crème en ce début d’après-midi et c’est sous les envolées vocales du chanteur que les premières blondes se font siffler la pinte comme il se doit. On craque des cigarettes, on fait le bisou aux copains, on croise Domadora qui chille tranquilou, on rencontre de nouvelles personnes en laissant le soin à Decasia de s’installer pépouze pour nous asséner ensuite ses jams maîtrisés. Ca groove collectif et le trio s’intègre parfaitement à la vue verdoyante qui s’offre à nous. Les notes, la ptite moustache, les envies rythmiques, ça elektrohash sévère chez le trio et ça n’est pas pour nous déplaire.
Decasia1
Bière-Clope-Jo Riou
Space Fisters0
Au tour de Space Fisters d’investir les quelques ptits mètres carrés de tapis-scène. Avec ces trois montagnards, la neige ne sera plus jamais en deuil tant leur musique jouissive rouste les séants et désarticule les moindres jonctions osseuses. Déstructuré, violent et gras, un régal pour les oreilles, un calvaire pour les headbangueurs. Soulevons nos gobelets en plastique à leur ingé son, Frank, qui à l’instar de celui de Mars Red Sky, nous concocte toujours un mix aux ptits oignons.
Le gaillard restera d’ailleurs aux manettes pour Sunder. Et le set des lyonnais résonnera parfaitement dans cet écrin naturel. Leur psychédélisme 60s vibrera de manière nouvelle, la voix faisant toujours des merveilles soutenue par ces claviers vintage. On va pas se mentir. On est foutrement bien. Black Owl détient un ptit diamant avec ce festoche.
Sunder1
Saint Nectaire-Jo Riou-Bière
La nuit est tombée, il fait un peu plus froid, il est temps pour Abrahma et ses riffs noir pétrole de débouler. Finie la gaudriole, on est là pour les tourments de l’âme et l’introspection. Le public est présent, abasourdi par les riffs et les litres de bière qu’il s’est enquillé. 5ème groupe de la journée, 5ème ambiance et l’environnement qui change lui aussi. Magique.
Abrahma1
L’alcool et la fatigue faisant leur effet, une spécialité culinaire à base de patate viendra sauver l’immense creux en nos estomacs chamboulés.
Et de finir cette journée par Blaak Heat et ses envolées orientales et dynamiques. Un ptit mix claudiquant ne viendra pas à bout des compos riches en vitamines du combo. Le dernier album se fera dérouiller de belle manière et l’on se sera ravi de les recroiser sur la route, les gaillards.
Blaak
C’est des étoiles pleins les yeux, de la bière plein le sang, des patates plein l’estomac et des orties plein les pieds que l’on regagne le camping Quechua sauvage, tout content que nous sommes de nous être fait déniaiser par la chouette noire et ses belles idées. Merci Black Owl, à l’année prochaine !
Panomara
Un grand merci à Red Door pour les photos ! Vous pouvez retrouver son travail par ici:
https://www.facebook.com/reddoorbdx/about/?entry_point=page_nav_about_item&tab=page_info

MONDO GENERATOR (+ Bukowski + Loading Data) – 05 Septembre 2016 – Paris, La Maroquinerie

Non, la rentrée n’est pas réservée qu’aux enfants. Nous aussi, après une disette musicale de quelques mois sous le soleil, la Maroquinerie nous propose de ressortir nos bouchons d’oreilles et nos plus beaux t-shirts pour rempiler une nouvelle saison de décibels et de bière à l’eau. Au programme ce soir, Mondo Generator, la fameuse formation de Nick Oliveri, et les frenchies de Bukowski et de Loading Data.

Qui dit rentrée dit également météo catastrophique (équation scientifiquement prouvée), c’est donc sous le crachin que l’on rejoint la Maroquinerie. La salle pour l’instant boudée pour le bar extérieur va vite se remplir dès l’arrivée de Loading Data. Formé il y a maintenant 17 ans (!), ce groupe français s’est construit une belle réputation au fil des années, faite de nombreuses tournées européennes et américaines et de tubes de Pento. Lo, chanteur gominé à la voix de baryton, se déhanche sur des rythmiques simples et hypnotiques, et sa bougeotte est sérieusement contagieuse. Souvent qualifié de « crooner desert rock », le terme est en effet parfaitement exact concernant Loading Data. La voix, l’attitude, les riffs, l’influence blues, la sueur… tout est là.
Seule une question demeure : le nom du groupe. Parce qu’il n’existe rien de plus chiant qu’un chargement de données.

Ceux s’intéressant à la scène parisienne ont déjà entendu parler de Bukowski, puisque le groupe formé il y a bientôt 10 ans est assez connu de la sphère metal, après avoir à ses débuts un peu penché du côté du stoner. Entre quelques conneries balancées au micro par Matthieu Dottel, le guitariste, Bukowski livre un power-rock sous amphétamine responsable des premières excitations dans la fosse. Si la musique manquant parfois d’originalité ne convainc pas toujours, l’énergie scénique du groupe est plus que louable. Tout ça sent bon le punk et ça fait plutôt plaisir. On tenait aussi à adresser une grosse pensée au guitariste Clément qui a perdu environ 120 fois sa sangle de guitare durant le concert, et au pauvre roadie s’évertuant le même nombre de fois de la lui remettre tant bien que mal. La vie peut parfois être injuste, on compatit.

L’histoire de Mondo Generator s’avère plutôt mouvementée. Initialement fondé en 1997 par Nick Oliveri comme un side project, le groupe sera rapidement mis de côté au profit d’un nouveau né, Queens Of The Stone Age. Malgré un emploi du temps plutôt bien rempli (carrière acoustique, Vista Chino, Dwarves et autres projets), Oliveri maintient le groupe cahin-caha avec quelques sorties sporadiques dont aucune n’a vraiment marqué son temps. Résolument plus punk que stoner, Mondo Generator et ses morceaux aussi courts qu’efficaces pourraient convaincre si le concert de ce soir n’était pas à moitié constitué de reprises de Kyuss et de QOTSA. Quand le concert s’ouvre sur « Molten Universe » et qu’il se termine « You Think I Ain’t Worth a Dollar… », et qu’entre les deux on trouve du « Gonna Leave You », et bien on ne sait plus vraiment si l’on est face à Mondo Generator ou à un tribute band. Certes, on ne cache pas notre plaisir d’entendre en live ces morceaux légendaires. Le problème, c’est qu’ils éclipsent toutes les autres compositions du groupe, à tel point que l’on n’attend qu’une seule chose : la prochaine reprise.
Si John Garcia ou Brant Bjork ont réussi à s’affranchir du géant Kyuss, difficile donc d’en dire autant pour Nick Oliveri qui continue de resservir les mêmes morceaux depuis 25 ans, malgré tout le talent qu’on peut lui accorder.

Les deux premiers groupes sentaient la joie de vivre, mais Mondo Generator nous a laissé un léger goût amer : impossible de choisir entre le bonheur d’avoir perdu 3 litres de sueur (et un tibia) sur « Green Machine », et entre la tristesse de voir un groupe toujours debout grâce à des morceaux qui ne sont pas de lui. C’est comme si le public de Beyoncé venait entendre du Destiny’s Child. Ou si le public de Michael Jackson venait entendre du Jackson 5. Cette dernière proposition s’avère difficilement réalisable, mais vous avez compris le principe.

HELLFEST 2016 – jour 3 (Black Sabbath, Kadavar, Rival Sons, Grand Magus, The Skull, Death Alley, Lecherous Gaze, Stonebirds,…) – 19 Juin 2016

Ces deux jours, et en particulier cette seconde journée terrible, nous auront littéralement épuisés. Ce n’est pas pour autant que l’on arrive en traînant des pieds, bien au contraire, car cette troisième journée, moins dense en stoner « pur », s’annonce pleine de découvertes et de valeurs sûres. Il s’agit par ailleurs des dernières heures avant ZE climax, l’apothéose sabbathienne que plusieurs dizaines de milliers de personnes attendent sans s’en cacher depuis le premier jour…

STONEBIRDS

1 Stonebirds - IMG_1770


On arrive tôt pour être sûr de ne pas rater Stonebirds : on a pris une grosse claque avec leur dernier album « Into the fog…and the filthy air » sorti l’an dernier, et les échos de leurs quelques prestations live ces derniers mois étaient pour le moins élogieux… hors de question des les rater ! En revanche le « grand public » accuse le coup de ces deux terribles journées, et la tente n’est pas complètement remplie ce matin. Tant pis pour eux, ils nous rejoindront en cours de route ! Première satisfaction, le trio breton bénéficie d’un très bon son, élément clé pour retranscrire la profondeur et la richesse de sa musique : le puissant « After the Sin », morceau riche et tortueux, n’aurait pas supporté d’approximation sur le sujet, et on est rassuré. L’interprétation étant sans faille elle aussi, on se fait plaisir à s’immerger à nouveau dans les titres anguleux, tout à tour aériens et oppressants du combo. Scéniquement, leur musique n’est pas propice au headbang forcené ou aux sauts de cabri depuis la grosse caisse ; pour autant on sent nos bonhommes complètement dans leur set, et même si Fañch intériorise un peu plus, il ne faut pas oublier le travail qu’il abat, qu’il s’agisse de ses lignes vocales parfaitement retranscrites (comme sur l’émouvant « Into the fog ») ou de ses parties de gratte elles aussi impeccables. Un excellent set qui aura séduit un public peu agité mais clairement appréciatif de la performance.

LECHEROUS GAZE

2 Lecherous Gaze - IMG_1913


Les déjantés de Lecherous Gaze nous avaient laissé un souvenir quelque peu brutal il y a quelques années lors de leur passage au Desertfest Berlin : leur attitude punk et Lakis Panagiotopulos, leur chanteur déjanté (qui avait joué tout son set avec la tête dans un collant), détonnaient dans un environnement psyche ou doom… C’est donc avec un grand intérêt qu’on attend de voir s’ils ont évolué (j’ai failli dire « grandi », bande de sales gosses…) et quel type de performance ils vont proposer cette fois. Faut dire que le « Johnny B. Goode » râpeux, sale et déjanté joué en entier durant le soundcheck nous a un peu mis la bave aux lèvres… Le set commence d’ailleurs sur « Animal Brain », brulot à mi-chemin entre Chuck Berry et les Sex Pistols, en gros, permettant à Panagiotopulos de commencer à faire son show (mimiques, fausse bosse de bossu bricolée avec un vieux tee shirt…). Faut dire que derrière ses pitreries, les gaziers envoient du gros steak garage bien gras, et peuvent même effleurer des passages presque psyche (comme sur « New Distortion »). Quand le chanteur part backstage le temps d’une de ces jouissives plages chargées en soli testostéronés, c’est pour mieux revenir la gueule et le torse entourés avec un large rouleau de scotch rigide « duct tape »… Gros budget accessoires ! (et je vous passe les détails du gars backstage hurlant à la mort quand il faut lui arracher le scotch dans les cheveux après le concert). Sans prétention, grosse énergie, musiciens décalés mais pas manchots… Pas le set du siècle musicalement mais un bon gros moment de fun !

DEATH ALLEY

3 Death Alley - IMG_2019


Devenus en un album l’un des poids lourds de cette folle vague rétro-heavy stoner, les Hollandais de Death Alley ont été dépêchés pour pallier le forfait de Valkyrie et faire grimper un peu plus encore la température sous la Valley. Une mission parfaitement remplie, à grand renfort de boogie (hard) rock, extraits de leur premier et unique album avec en point d’orgue les 12 minutes imparables de “Supernatural Predator”. Décidément ce groupe est un des plus excitants de cette nouvelle génération.

The SKULL

5 The Skull - IMG_2199


Drôle d’idée d’avoir planqué The Skull sur la Altar, obligeant le doomster à faire une infidélité à sa tente habituelle. Drôle d’idée aussi pour ce groupe, composé d’ex-Trouble et nommé d’après un album de ces derniers de ne jouer que si peu de titres de la légende doom de Chicago. Eric Wagner et les siens défendent en effet un maximum leur seul (et très bon) album “For Those Witch Are Asleep”, en en jouant la moitié et réservant à la fin du set quelques incursions dans la discographie de Trouble dont « The Tempter » et « At The End Of My Daze » qui soulèvera un public certes épars mais totalement passionné.

UNSANE

6 Unsane - IMG_2338

Après le set fort apaisé de King Dude aux influences notoires de l’Homme en noir, la Valley prenait une orientation nettement plus bourrine avec le trio de New York. Mené pied au plancher par le vociférant Chris Spencer, le trio de la Grosse Pomme nous a envoyé un set tonitruant de belle facture. Cinquante minutes d’un déluge sonore trépidant avec un setlist taillé sur mesure pour le live qui était principalement tiré des excellentes productions que sont « Scattered, Smothered & Covered » (du millénaire passé) et « Visqueen » (nettement plus récent, mais plus au rayon frais). L’option de nous en foutre plein la gueule a été payante pour les vétérans à casquettes de baseball qui ont fait l’effort de nous remercier en français après avoir pilonné en règle la place. Le titre « Committed », qui fut d’une sublime sauvagerie, résume le mieux cette débauche d’énergie menée de main de maître par une formation ramassée sur elle-même au milieu d’une scène qui semblait presque démesurément grande sur ce coup.

KADAVAR

7 Kadavar - IMG_2460


La dernière fois qu’on a vu Kadavar au Hellfest, ils étaient clairement sur la pente ascendante, à deux doigts d’exploser pour atteindre un niveau de notoriété qu’ils n’ont pas quitté depuis. C’est donc en seigneurs que nos trois grands chevelus barbus montent sur scène et engagent l’introductif « Lord of the Sky ». Bien décidés à appuyer leur dernière production, le trio franco-germanique pioche allègrement dedans pour remplir rien moins que la moitié de sa set list de ce soir. Ce choix audacieux s’avèrera moins casse-gueule que l’on n’aurait pu le craindre : les nouveaux titres se fondent finalement pas mal dans la discographie du groupe, et stylistiquement, on n’y voit que du feu. Bref, ça ne détonne pas… Sauf que, diantre, on aurait bien aimé quelques titres un peu plus chauds que les insipides « Old Man » ou « Last Living Dinosaur » pour enflammer un peu cette set list qui se perd un peu dans le mid-tempo (dans lequel ils excellent, il est vrai). Pas beaucoup de relief, quoi. Reste que les bonhommes ont une assurance et une efficacité instrumentale qui laisse pantois : les deux grands échalas à droite de la scène déroulent une rythmique parfaitement huilée (mention spéciale, encore et toujours, au déjanté Tiger, qui n’a rien à envier au Animal du Muppets show en terme d’attitude scénique…) tandis que Lupus aligne ses riffs et ses somptueux soli avec fougue et (reconnaissons-le) grand talent. On ne pourra pas non plus dire que les allemands sont en mode automatique : ils se donnent bien dans le set et font (très) bien ce qu’on attend d’eux. Le public est à fond, d’ailleurs. Reste qu’on aurait apprécié quelque chose d’un peu moins policé, un peu plus fou…

RIVAL SONS

8 Rival Sons - IMG_2560


Dernière formation de notre culte à se produire dans la vallée pour cette édition, les Ricains de Rival Sons précédaient deux performances d’une toute autre limonade qui allaient faire un carton : Jane’s Addiction et Puscifer. La venue de la bande de Navarro et Farrel, même s’ils se baladent par ici ces temps, constituait un événement de plus à mettre au crédit du Hellfest 2016 qui fut riche en exclusivités dont la remise en route d’Hermano – ou des Ludwig Von 88 c’est selon votre âge – et le set de la veille de With The Dead. La Valley était pleine pour le show du groupe qui sert de support à Black Sabbath sur sa (dernière ?) tournée et le public allait accompagner la formation de Jay Buchanan tout au long de sa prestation. Les plans apaisés étaient propices à des accompagnements vocaux de la part de la foule qui s’est transformée en chœur des petits chanteurs à la croix à l’envers pour supporter le frontman à son invitation (il n’a pas eu à insister bien longtemps le bougre) surtout à l’occasion des refrains pour lesquels ces Californiens ont une extraordinaire expertise. Les interventions au chant des collègues de ce clone scénique d’Eddie Vedder, les light hyper soignés et le groove ahurissant du quatuor ont enchanté les bipèdes sous la tente et la masse agglutinée dans son prolongement. Si l’effet « dernier acte stoner » a certainement joué en leur faveur, il n’a pas tout fait : ce show a été une des toutes bonnes surprises pour les membres de notre rédaction qui ne s’étaient pas trop attardés sur ces poulains d’Earache qui viennent tout juste de nous livrer leur cinquième production : « Hollow Bones ». Cette nouvelle livraison s’est même invitée à la party, mais c’est leur précédent effort, « Great Western Valkyrie », qui a constitué le noyau central de cette prestation de haut vol dont le seul point faible fut incontestablement le format limité à 60 minutes.

GRAND MAGUS

Rassembleur et efficace, voici les deux qualificatifs qui conviennent le mieux, et de loin, au concert que livra le trio scandinave en cette dernière journée du Hellfest 2016 alors que le soleil disparaissait à l’horizon. La Valley était occupée par Jane’s Addiction qui allait ravir son monde avec un final à base de suspension et Ghost ainsi que Megadeth se passaient le témoin sur les scènes principales de la manifestation. Loin de ces tumultes populaires, nous étions nombreux à rejoindre l’Altar après avoir fréquenté d’autres scènes (Warzone et Valley en priorité) durant trois jours pour venir savourer le son lourd made in Stockholm. Question son : ce set a été d’une excellente qualité et même si la bande à JB a viré metal depuis belle lurette, ils nous ont fait super plaisir avec des hymnes imparables comme « Varangian », « Iron Will » ou « Hammer Of The North ». Malgré un dispositif de réception de slammer fort étoffé, prêt à récupérer des corps suants, le public s’est contenté de hocher du chef en scandant des « hey » et des « hoho » le sourire aux lèvres. Ce fut fuckin’superbe comme le déclara le chauve à la Flying V avant de nous souhaiter bonne nuit et de nous intimer l’ordre de rester lourd : on va suivre ce sain conseil c’est promis !

BLACK SABBATH

black sabb

En pleine tournée d’adieu, les pères fondateurs du heavy metal sont venus à Clisson pour que le public français lui présente ses respects, une dernière fois. Et il était nombreux, massé devant la mainstage. Après une vidéo aussi ridicule que mal faite, Iommi, Butler, Ozzy et leur jeune batteur se présentent sur les notes inquiétantes mais célébrissimes de « Black Sabbath ». Le concert sera alors un grand moment de communion si l’on ne se formalise pas trop des effets vidéos pathétiques sur les écrans géants et du traditionnel et insupportable solo de batterie après “Rat Salad”. Ozzy est plutôt en voix, balançant, comme à son habitude des « God bless you all » et des « I can’t fuckin hear you » à tout va. Derrière, Iommi et Geezer sont solides comme les rocks qu’ils ont toujours été. La plupart des classiques y passent et « Paranoid » nous est bien évidemment servi en rappel. Un concert qui sera apparu comme émouvant aux nostalgiques et probablement amusant pour les autres.

 *****

Et c’est en tous les cas sur ces derniers riffs cultissimes que se conclue le Hellfest 2016, une édition qui, cette année encore, aura enchanté (et fatigué) les desert-rockers que nous sommes (et que vous êtes probablement). Cet engagement de programmation à connotation stoner / doom / sludge / etc…, ancré dans la continuité, nous promet une affiche 2017 déjà appétissante… Pourra-t-elle dépasser celle de 2016 ? Déjà l’an dernier on n’y croyait pas, et pourtant… Donc on vous fixe RDV au même endroit dans un an !

 

Iro22, Chris, Laurent

HELLFEST 2016 – jour 2 (Fu Manchu, Hermano, Goatsnake, With The Dead, Torche, Mantar, Crobot, Hangman’s Chair, Lumberjack Feedback) – 18/06/2016

Après une courte nuit de sommeil, nous rejoignons la verte prairie du Hellfest pour la deuxième période de la cuvée 2016. Le ciel est clément, la température agréable et la foule pénètre nettement plus rapidement sur le terrain que la veille. L’affiche du jour est hyper bandante et c’est tout sourire que nous nous précipitons dans la Valley pour la première prestation de cette journée qui a connu moult chamboulements en ce qui concerne sa programmation. De très grosses pointures sont de la partie et il y a même des revenants dans les parages. Nous n’allions pas nous faire prier pour squatter un maximum notre antre de prédilection malgré la météo de Loire-Atlantique car, après tout, nous n’avions pas fait le déplacement pour parfaire notre bronzage.

THE LUMBERJACK FEEDBACK

1 The Lumberjack Feedback - IMG_0476


Pour nous tirer de notre torpeur, les sympathiques programmateurs de l’événement sont allés chercher la structure nordiste qui nous a gratifié en début d’année de l’incroyable « Blackened Visions » (dont l’écoute est chaudement recommandée par la rédaction). La formation instrumentale – au goût irréprochable pour la mise en scène de sa musique – a débuté sa prestation devant un public peu nombreux, mais visiblement ravi d’être présent. Il faut préciser que contrairement à ce qui s’était passé la veille, les festivaliers ont pu pénétrer rapidement dans le périmètre du festival (certains devaient déjà accuser les excès de la veille : tant pis pour eux !). Actif dans un registre qui poutre pas loin de bandes genre Cult Of Luna (ça y est je l’ai placé), le groupe incarne avec d’autres, comme les Lyonnais de Celeste par exemple, un certain renouveau du metal hexagonal très orienté sludge et doom. Le son de la prestation a été d’excellente facture et ces invités de – toute – dernière minute ont sacrément fait de l’effet auprès des quidams dans la place. Il faut avouer que la présence de deux batteurs sur l’estrade apporte un rendu tribal plutôt plaisant ainsi qu’une touche visuelle qui ferait presque oublier l’absence de vocaliste. Bref, à l’aise sur scène, les Lillois nous ont foutu un bon coup de pompe au cul pour débuter cette journée du bon pied ce qui n’était pas gagné d’avance vu leur convocation tardive en raison de la malheureuse défection des Crazy Canucks de Dopethrone.

Ayant découvert depuis peu Steak Number Eight, on s’est ensuite précipités pour les voir sur la mainstage 1, mais on préfèrera finalement ne pas en parler ici : les conditions étaient probablement moyennes (pas de soleil mais pas de pluie), la set list inadaptée, le public amorphe, le son perfectible (peu de relief il est vrai) et nos petits gars un peu perdus et inhibés sur cette scène géante… Quoi qu’il en soit, le concert était médiocre et on préfère attendre de les revoir en bonnes conditions pour vraiment jauger ce groupe .

HANGMAN’S CHAIR

2 Hangman's Chair - IMG_0579


Tout comme leurs prédécesseurs (et compatriotes), les Frenchies se voient contraints de convertir un maximum de fidèles en une trentaine de minutes. Même si l’espace s’est quelque peu garni entre les deux premiers actes de cette folle journée, l’exercice n’est pas des plus aisés et la haute maîtrise des Franciliens va les aider à accrocher rapidement les festivaliers curieux ou déjà acquis à leur cause. Les chevelus vont taper essentiellement dans leur dernière sortie en date, « This Is Not Supposed To Be Positive », durant ce set qui s’achèvera quelques minutes après que le clocher de l’église de Clisson aura sonné les douze coups de midi. Le frontman velu du quatuor pourra s’enorgueillir d’avoir délivré une prestation frisant la perfection en ce qui concerne ses parties vocales, lesquelles ne sont pas toujours le point fort des groupes du genre. Le rendu de leur performance sera très similaire à ce que les Parisiens livrent sur leurs nombreuses plaques. Pas de grosse surprise, mais une confirmation de tout le bien que nous pensions de ces gens.

CROBOT

3 Crobot - IMG_0656


Dire qu’on a été surpris par Crobot relève de la litote. On s’attendait à un énième groupe de vintage rock soporifique et/ou rébarbatif, pour tout dire, mais dès que nos quatre gaillards ont pris la scène, on a vite compris que ça serait une toute autre paire de manches : déployant l’énergie d’un Death Alley sur une base musicale mélangeant Orchid, Witchcraft, ou Horisont, et invoquant tour à tour Led Zep ou Deep Purple, le combo pousse la synthèse en art, et transforme l’hommage en création respectueuse… et foutrement excitante ! En passant de titres aussi furieux que « Necromancer » (et ses excellents passages d’harmonica) jusqu’à des mid-tempo efficaces comme « La Mano de Lucifer », en passant par son groovy nouveau single « Not For Sale », les titres tapent juste. Sur scène, les gars sont déchaînés : Brandon au chant est au taquet dans son rôle bien assumé de frontman, le guitariste bouge dans tous les sens et monte une demi-douzaine de fois debout sur son ampli, le bassiste danse sans arrêt et accueille son chanteur sur ses épaules, … Les gars sont dedans et ne s’ennuient pas ! Musicalement on n’est donc pas dans l’originalité la plus absolue, mais il y a tant de talent dans ces compos et tant de fougue dans cette interprétation qu’on ressort groggy de ce set. Et avec le sourire siouplé ! Un vrai coup de pied au cul de tous ces combos opportunistes et suivistes qui s’engouffrent encore de nos jours dans cette brèche musicale. A suivre de très près.

MANTAR

4 Mantar - IMG_0797


Ceux qui étaient au Doomed Gatherings en mai le savaient, les autres l’ont appris à leurs dépens : en live Mantar est un véritable rouleau compresseur. Le duo allemand, guitare / batterie, déverse une coulée heavy sur la Valley, se servant à parts égales dans ses deux albums (“Death By Buring”/2014 et “Ode To The Flame”/2016). L’audience, littéralement emportée par la fougue d’Hanno Klänhardt, intenable malgré son corps décharné, se secoue à l’unisson jusqu’aux derniers larsen de « White Nights », à mes yeux l’un des plus grands moments du week-end.

TORCHE

5 Torche - IMG_0842


Les amateurs de riffs graisseux ont clairement fait une parenthèse entre le set roboratif en la matière de Mantar et celui, à venir, de With The Dead. Reste une Valley très correctement remplie tandis que Torche fait son entrée – et les présents n’auront pas à le regretter. Sans surprise, le sympathique quatuor floridien enquille les titres sans trop tergiverser, avec fougue, bonne humeur et efficacité. Il a constitué pour aujourd’hui une set list « sans risque », où il fourre les meilleurs titres de ses deux classiques, « Meanderthal » et « Harmonicraft », et quelques extraits de son récent « Restarter », sa première production chez Relapse sortie l’an dernier (ils se lâcheront sur le rappel, constitué uniquement de titres de leur dernier opus). C’est donc sans déplaisir que l’on entend à nouveau les efficaces « Kicking » ou « Grenades », ou bien sûr le furax « Healer » qui fera quelques dégâts dans la fosse. Même si le groupe souffre occasionnellement d’un son défaillant (basse…) il fait le job et emporte l’adhésion d’un public qui, aujourd’hui en particulier, était plutôt là pour manger du gras ou du sable. Beau challenge de se retrouver au milieu de cette affiche…

WITH THE DEAD

6 With The Dead - IMG_0974


Les concerts de With The Dead se comptent sur les doigts d’une main de mort vivant. Depuis la publication de leur album en 2015, le « supergroupe », composé à la base de la section rythmique ancestrale d’Electric Wizard et de Lee Dorrian (voix de Cathedral et tête pensante de Rise Above Records, entre autres), ne se sera produit live que 3 fois (deux dates anglaises plus le Roadburn Festival) c’est dire si leur venue au Hellfest était attendue. Désormais en quatuor et se produisant sans Mark Greening remercié (ce dernier était présent la veille avec Ramesses), With The Dead joue son album, dans l’ordre et sans fioriture. Il y a alors deux façons de voir leur set : soit l’on ressort déçu que rien de particulier n’ait été proposé voire un peu agacé par le jeu de scène statique des musiciens et cette attitude si particulière qu’a toujours eu Dorrian en live, soit l’on se contente de ces 40 minutes de doom chic et propret, conscient qu’elles ne se représenteront pas de sitôt. De mon côté je n’ai pas vraiment réussi à trancher.

GOATSNAKE

7 Goatsnake - IMG_1038


Drôle de parcours que celui de Goatsnake. Formation culte s’il en est, en sommeil pendant 15 ans, de tous les groupes stoner reformés, il est probablement celui dont le retour discographique a été le plus réussi. C’est bien simple, il n’y a rien à jeter de leurs trois disques et quelques EPs. Reste que les rares incursions faites par le quatuor en Europe se font sans réelle logique ni promotion. Pour autant le Hellfest semble être constamment un passage obligé, et ce pour notre plus grand plaisir. Le concert du jour sera une sorte de best of de ce que le groupe propose de meilleur, puisant autant dans ses anciens albums que dans le nouveau, proposant « Black Age Blues » et surtout l’incroyable « Killing Blues » à un parterre médusé par le bonheur. Si l’on peut regretter l’absence de « IV » dans leur set list, toutes les autres pépites sont au rendez-vous et Pete Stahl fait le show, comme à son habitude, entre roulades et soli d’harmonica, quand son fil de micro ne s’emmêle pas sur sa bouteille de vin. Plus qu’un set, une messe absolue.

HERMANO

8 Hermano - IMG_1156


Certes, il n’y a pas de groupe de la dimension de Rammstein sur les main stage en simultané, mais quand même… Il se passe clairement quelque chose quand, dix minutes avant le set de Hermano, on constate que la Valley est déjà remplie. Quelque chose qu’on ne voit quasiment jamais pour des groupes de tête d’affiche sous la Valley ! Difficile pourtant après plusieurs années d’inactivité d’imaginer le niveau de notoriété du combo américain. Et bien on peut d’ores et déjà l’affirmer : le pari des programmateurs du Hellfest est gagné, haut la main. Pour ce concert en exclu européenne (et probablement mondiale, à voir sur le reste de l’année), le quintette a mis les petits plats dans les grands et constitué une set list absolument imparable, composée d’extraits de leurs trois albums, à commencer par une entame rageuse avec un « Left Side Bleeding » efficace, associé à un « The Bottle » qui rappellera le talent du combo pour les mid-tempo, associant riffs percutants et groove imparable sur une base blues. Tout est là, et le reste de la set list en fera la démonstration dans toutes ses variantes. Sur scène, les musiciens (qui, comme le rappellera Garcia, habitent tous à plusieurs centaines voire milliers de kilomètres les uns des autres, sauf Dandy et Garcia, voisins) montrent un plaisir d’être ensemble et de jouer sur scène qui ne fait pas l’ombre d’une doute : le trio rythmique (Chris Leathers derrière les fûts, et le duo Dandy Brown / Mike Callahan) est efficace et incisif, tandis que Dave Angstrom, que l’on a connu plus exubérant, reste un impeccable soliste et riffeur. Quant à John Garcia, qui évidemment capte toute l’attention, on aurait pu le penser éteint, tant il répète à l’envie depuis plusieurs mois avoir fait une croix sur ses autres projets (hors sa nouvelle carrière solo)… on est donc agréablement surpris de le retrouver non seulement parfaitement juste sur ses parties vocales, mais en plus bien impliqué dans le set (on l’avait par exemple senti plus en retrait sur le set de Unida il y a 2 ans…). Le groupe nous gratifie en milieu de set d’un nouveau titre, un mid-tempo qui aura du mal à nous transcender en première écoute, mais qui apparaît dans la veine de la production déjà connue du groupe. Côté public, l’ambiance est à la fois électrique et enjouée : de bout en bout de la tente, tout le monde chante, headbangue ou ondule selon la chanson, et sourit… Le groupe remplit son slot d’un peu moins d’une heure et finit par un trio dévastateur « Kentucky » / « Manager’s Special » / « Angry American » afin de mettre tout le monde d’accord : Hermano a joué le set parfait, et l’on n’en espérait pas moins.

FU MANCHU

9 Fu Manchu - IMG_1561


Troisième géant étasunien du stoner à se produire d’affilée sur notre scène de prédilection en cette deuxième soirée, les Californiens du sud se sont vus upgradés en headliner du jour de la Valley suite à l’annulation de Down sur laquelle nous n’avons pas franchement envie de revenir. La place est bondée ; il faut avouer que comme concurrents directs les Américains ont les vieilles gloires de Twisted Sister et les bourrins plus très jeunes de Napalm Death. Étrange programmation que celle de cette journée qui n’a pas une grosse pointure comme tête d’affiche, mais une multitude de formations brillantes qui se succèdent toutes les heures dans tous les styles possibles et imaginables. Moins rare que ses deux prédécesseurs dans nos contrées, Fu Manchu bénéficie non seulement d’un passé qui les range au rayon des pères fondateurs du genre, mais aussi d’une technicité de haut vol qui sera particulièrement frappante ce soir-là. Habitués à tous types de scène, leur assurance et leur énergie font mouche, et le public ne s’y trompe pas : malgré son statut d’outsider, le quatuor mythique va déclencher de multiples slams durant son set de soixante minutes. En ce qui concerne la set list, nous ne boudons pas le plaisir qui a été le nôtre en se retapant les vieux standards que sont « Hell On Wheels », « Godzilla », « Evil Eye », « Eatin’ Dust » ou « King of the Road ». Il faut concéder qu’avec la réédition récente de « Daredevil », nous attendions plus de titres de cet opus que « Push Button Magic » envoyé en troisième position. Mais pas de grosse surprise de la part de la bande des Scotts si ce n’est une fin en forme de zizi tout mou post orgasmique sur « Saturn III » à qui nous aurions préféré un titre nettement plus véloce. Au final, nous aurons assisté à une excellente performance de la part d’un groupe qui n’aura pas volé son statut de tête d’affiche vu la place de choix qu’il occupe dans nos cœurs de – vieux – rockers.

Après ces joyeuses choses, la prairie a été illuminée d’un feu d’artifice à la gloire de Lemmy qui interrompait toutes les prestations et contraignait donc le running order de la soirée. Tout le monde a versé sa larme alors que nous n’avions pas le sentiment, l’an passé dans des circonstances identiques, que tout le monde était fan de Motörhead. Cette grande communion – soutenue d’extraits vidéo du concert de l’an dernier – achevée, nous avons bataillé avec les réseaux pour vous livrer notre résumé en image de la journée (voir la vidéo ci-dessous !) puis sommes aller dormir du sommeil du juste afin d’être d’attaque pour une dernière ligne droite placée sous le signe de l’éclectisme (y compris dans la vallée des stonerheads).

[A SUIVRE]

Chris, Iro22, Laurent

HELLFEST 2016 – jour 1 (Sunn O)), The Melvins, Earth, Wo Fat, Ramesses, Monolord…) – 17/06/2016

Pour l’équipe de Desert-Rock, l’édition du Hellfest 2016 se présentait sous les meilleurs augures, avec une flopée de retours attendus sous la Valley et, d’une manière plus générale le dernier concert de Black Sabbath sur le sol français. Ce ne seront ni les annulations de Down, Dopethrone, Windhand et Kylesa, ni la météo, finalement clémente, qui auront eu raison de notre joie lors de ces 3 jours de fête et de gros son au sein du tout meilleur festival metal généraliste d’Europe.

Retour sur le premier jour d’un week-end d’enfer en enfer.

MONOLORD

1 Monolord - IMG_9725


Alors que le gros du public trépigne dans la file d’attente avant la palpation sécuritaire devant la Cathédrale servant d’entrée au festival (et ils devront s’armer de patience vu l’heure et demi d’attente constatée en ce vendredi matin) et que de The Shrine envoie les hostilités sur une scène de grande taille (ce qui contraindra certains stonerheads à effectuer un choix cruel), le trio de Gothenburg balance sa purée collante dans la Valley. Notre tente de prédilection est peu remplie pour le début de ce premier set de trente minutes qui débute à 10 heures trente du mat quand-même. Le public présent, de plus en plus nombreux au fil du set, est très réceptif aux riffs empreints de lourdeur que les Suédois balancent avec fougue durant leur demi-heure de jeu. Ces lascars, qui ne ménageront pas leurs efforts pour nous faire adhérer à leur cause, se permettront même d’envoyer une nouvelle compo à mi concert. Comme d’habitude, nous avons apprécié l’énergie que le trio, habité par son art, déploie en concert et surtout leur grosse capacité à nous faire entrer dans leur monde très heavy marqué de rythmiques entêtantes. Coutumiers des performances des Scandinaves, nous avons la sensation que leur musique nous colle à la peau après leur concert comme la boue du festival colle à nos godasses en ce premier jour.

THE SHRINE

2 The Shrine - IMG_9821


Malgré un travail remarquable concernant la programmation et les horaires des groupes, il y a bien quelques frustrations et choix cornéliens à opérer pour tout fan de gros riffs durant ces trois jours… Et le premier de ces choix doit être opéré dès les premières minutes de cette édition 2016, avec une ouverture de festival simultanément opérée par Monolord et The Shrine, un groupe que nous affectionnons particulièrement. Le trio de heavy-punk-stoner-garage-rockers californiens grimpe donc sur cette mainstage 2 bien trop grande pour eux, bien décidés à tirer le meilleur de cette opportunité. A cette heure-ci, les américains souffrent du même problème que Monolord : le public est clairsemé, et comme souvent à ces horaires sur la main stage, globalement plutôt passif. Le soleil a par ailleurs le bon goût de resplendir sur la demi-heure de set du groupe, ce qui rend l’apathie contagieuse. Mais l’énergie est là, et se reposent sur un set de compos parmi leurs plus péchues, bien sûr. On citera notamment l’énervée « Worship », mais aussi « Death to Invaders » et son riffage majestueux. Plus remarquable : sur une petite demi-heure de set, le groupe prend quand même le temps de faire monter le déjanté Beb, du groupe punk rock rémois (!!) culte mais confidentiel Soggy (combo qui a plié les gaules depuis plusieurs années mais dont The Shrine est fan) pour une interprétation énergique de leur classique « Waiting for the War ». Respect pour ça. Mais bon, on aurait aimé voir le groupe dans un contexte plus favorable à l’énergie qu’il déploie sur scène.

STONED JESUS

3 Stoned Jesus - IMG_9934


Soyons honnêtes, on a été habitués ces derniers mois à des prestations en dents de scie de la part de Stoned Jesus : sans jamais manquer d’énergie, le trio ukrainien a parfois proposé un jeu approximatif (ou même faux), des set lists un peu boiteuses… Mais aujourd’hui, c’est tout bon. Déjà le public est bien plus dense que pour Monolord sous la Valley (probablement composé d’une bonne part de personnes frustrées de ne pas avoir pu assister au set des doomsters suédois). Ensuite, le groupe est d’excellente humeur, en particulier Igor, son inébranlable frontman. Enfin, la set list est impeccable : ils commencent à emballer la machine avec « Electric Mistress », enchaînent avec un doublon issu de leur dernier album (« YFS » / « Here Come the Robots ») pour, et c’est couillu, finir sur un « I’m the Mountain » d’un bon quart d’heure (faut oser, quand on a un créneau de 30 minutes…). La vitrine est donc judicieusement choisie, et le public découvre aujourd’hui un groupe énergique et enthousiaste, maniant le riff aussi bien que les plans parfois plus prog, le tout chargé de soli impeccables d’Igor, ainsi que de passages tendance jams bien exécutés. Aujourd’hui c’était un jour avec, et c’est tant mieux.

WO FAT

4 Wo Fat - IMG_0005


Tout comme Monolord qui les ont précédés quelques heures avant, les Ricains vont nous botter les fesses durant quarante minutes. Ils suivent une formation un peu plus légère lors de cette journée sous le signe du trio dans la Valley (et pas du triolisme bande pervers !). Le stetson trône bien placé sur la tête d’ampli Orange durant le show que proposent les Texans qui viennent de nous gratifier d’un « Midnight Cometh » auquel nous souhaitons le même succès que celui qu’a rencontré au sein de notre communauté son prédécesseur « The Conjuring ». Le show – terriblement couillu – des Etasunien sera propice à quelques figures de style de la part de la frange agitée du public qui en profitera pour prendre de la hauteur. Une mention spéciale au bassiste de la formation qui contribuera fortement au rendu méga blast de cette prestation de grande classe qui aura grandement agité la danse de la nuque du peuple de la vallée qui grossit à vue d’œil maintenant que les festivaliers débarqués tôt le matin ont pu pénétrer l’arène après un contrôle chronophage annoncé et fort compréhensible par les temps qui courent malheureusement

RAMESSES

5 Ramesses - IMG_0110


Fraichement reformé suite à l’éviction de Mark Greening de With The Dead, Ramesses a été dépêché par le Hellfest en remplacement de Windhand afin de faire couler le doom sous la Valley. Avec l’indéboulonnable Adam Richardson à la basse et Alex Hamilton (Bossk) à la guitare, les anglais frappent fort d’entrée en envoyant « Master Your Demons » issu de l’EP We Will Lead You To Glorious Times. Le groupe bénéficie d’un son excellent et situe son propos aux confins du doom, croisant les ambiances extrêmes du black metal dans les méandres torturés de leur musique d’apocalypse. Sans fioriture et avec toute la sauvagerie qui habite ce trio, les 40 minutes que durent le set sont magistrales, avec en point d’orgue un final dantesque sur « Baptism Of The Walking Dead ». La Valley plus que bien remplie pour l’horaire aura tremblé de bonheur et d’effroi.

EARTH

6 Earth - IMG_0278


Earth a pas mal tourné ces derniers mois, et dire qu’on a la bave aux lèvres à la perspective de les revoir sur scène est assez éloigné de la réalité. Reconnaissons en revanche que le public, nombreux en cette fin d’après-midi, est ravi de voir débarquer le quatuor américain, l’accueillant avec une belle acclamation. Et dans ce contexte, la prestation du groupe s’avère impeccable, ou en tout cas parfaitement conforme à ce qu’on pouvait en attendre… A commencer par une set list qu’on qualifiera sans trop de peine de prévisible (l’enchaînement « Torn by the Fox of the Crescent Moon » / « There is a Serpent Coming » en intro, « Old Black » en conclusion…), incluant quand même ce qui semble être un inédit – cool pour les aficionados. Après, sur scène, pas vraiment de surprise, avec un Dylan Carlson qui joue le frontman, certes, mais avec le dynamisme de ses riffs : des mouvements lents, presque théâtraux, peu d’interactions avec son public… A l’image d’Adrienne, derrière ses futs, à fond dans son trip, accompagnant chaque frappe de gestes lents et amples, à l’image d’une hypnotisante danse tribale quelconque… jouée au ralenti ! Bref, Earth a fait du Earth, qu’on aime ou pas, et ils l’ont bien fait. Ceux qui sont rentrés dans le trip ont adoré.

MELVINS

7 The Melvins - IMG_0299


Nous avions adôôôré la performance à double batteurs que l’ovni de Buzz Osborne avait exécutée lors de la dernière édition du Up In Smoke sédentaire de Bâle et attendions donc beaucoup de ce concert à Clisson. Tuons le suspense d’entrée : nous resterons sur notre faim avec ce concert du côté du Phare Ouest. King Buzzo n’est accompagné que de deux collègues de boulot pour ce set de presqu’une heure au moment de l’apéro. Comme il pleut dehors (et quand il pleut par ici : il pleut vraiment) les fans peu hardcore et solubles d’Hatebreed viendront grossir les rangs du public présent sous la structure protégée au fur et à mesure que le temps passe ce qui permettra aux Américains de se produire finalement devant un parterre bien garni. Côté mode, au terme de l’hymne servant d’ouverture à leur prestation, nous découvrons le gourou échevelé de la bande vêtu de sa mythique toge d’illuminé accompagné de deux larrons aux shirts noirs estampillés respectivement batteur et bassiste (des fois qu’ils se gourent de positionnement sur le terrain) en paillettes que Cristina Córdula crédite d’une note honorable. Côté musique, « Basses Loaded », le récent effort du groupe, sera fort discret même si son morceau de fin («Take Me Out to the Ball Game ») résonnera après un intermède de chorale à trois voix qui laissa le public pantois. Globalement, on assista, au Hellfest, à un show au setlist très éclectique (à l’image du son déployé par ce groupe) qui tapa aussi bien dans la genèse de leur œuvre (« Gluey Porch Treatments »), dans les opus de la décennie écoulée ainsi que dans une sélection de titres parus sur des productions plus obscures. Les fans indécrottables, aux chaussures crottées, de la formation ont certainement goûté à ce show qui nous laissa quelque peu frustrés tant ce collectif est capable de délivrer des shows beaucoup plus transcendants que celui auquel nous assistâmes lors de la Teuf de l’Enfer.

SUNN O)))

8 Sunn O)) - IMG_0440


Annonçons-le tout de go : l’objectivité, tout comme le sens commun, finalement, n’ont pas de place dans le cadre d’un concert de Sunn O)). Ce postulat ainsi formulé, c’est avec une grande impatience que l’on gagne la Valley, déjà noyée dans un épais brouillard synthétique (les machines à fumée crachent non stop depuis un bon moment déjà !) ; tout juste y distingue-t-on cette configuration scénique pour le moins atypique, avec des murs d’amplis à taille humaine disposés comme en arc de cercle. Nos quatre prêtres du son, comme en procession, prennent place un à un dans cet espace, et entament un rituel dont peu de monde ressortira indemne. Précisons à ce stade que la Valley n’est pas vraiment blindée, comme chaque année pour les principaux artistes sous cette tente, et il faut dire que ce soir en particulier, la concurrence du set de Rammstein (et de son grand spectacle quasi assuré) fait du mal. Mais les puristes seront récompensés : dès le premier accord dégainé (on ne peut pas parler de riff quand plusieurs minutes séparent chaque accord… si ?), maître SOMA fait vrombir la puissance tellurique de ce mur d’ampli, allant pousser dans leurs retranchements les pourtant grandes capacités des subs du Hellfest, et vient faire vibrer à l’unisson les corps surpris/apeurés/amusés d’un public qui ne sait pas vraiment sur quel pied danser pendant une heure. Ainsi se crée cette communalité qui fera la force du set tout du long, que l’on peut résumer par cette phrase que l’on retrouve en en-tête de la spec technique du groupe : “Audio philosophy : maximum volume yields maximum results“. Le maître de cérémonie incontesté sera Attila, qui incarne pleinement le set, en théâtralité évidemment, mais aussi en pure technique vocale : sa technique époustouflante, mêlant growls profonds et incantations, est captivante. Plus qu’un concert, on a vécu une expérience mémorable, et la configuration « Hellfest », que l’on pensait inadaptée pour ce type d’événement, s’avère finalement, une fois la nuit arrivée, parfaitement compatible. Une claque.

KVELERTAK

Après avoir goûté à du tout bon et a du franchement nettement passable, nous avons splitté et une partie de l’équipe s’est rendue sur la scène qui poutre : la Warzone. Le sextuor de Stavanger y a délivré une prestation de bonne facture en visitant son dernier opus en date, « Nattesferd », ainsi que ces deux premières plaques : « Meir » et l’album éponyme. Les standards et autres singles des Norvégiens ont été balancés avec ferveur dans la zone de combat qui était honnêtement remplie alors que des formations bankables se la donnaient sur les Mainstages.

C’est donc en norvégien dans le texte que nous nous sommes partiellement finis à grands coups de riffs précis et véloces avant de rejoindre nos pénates afin de vous envoyer un résumé vidéo de cette journée (ci-dessous) et de nous revigorer pour la suite d’un festival dont l’affiche orientée stoner du jour numéro deux nous foutait une sacrée érection !

[A SUIVRE]


Chris, Laurent, Iro22

BRIGHT CURSE – 8/06/2016 – Reims (l’Appart café)

1

Quelle belle soirée que ce mercredi 8 juin en direct de la  ville des sacres : Reims. Entre deux journées pluvieuses, la chaleur et les bulles ont été au rendez-vous afin de motiver la faune rémoise pour y découvrir le power trio Bright Curse à l’Appart café, à l’occasion de leur dernière date de tournée.

En pleine période promotionnelle avec la sortie de leur premier album Before The Shore, le groupe s’est offert une belle petite tournée de trois semaines en Europe (Pays-Bas, Allemagne, Suisse et surtout en France). Nous avons eu le plaisir de les rencontrer avant le show à Reims, et les trois comparses nous avaient promis un bon dernier live avant de rentrer à Londres pour un peu de repos. Chose promise, chose due, autant vous dire que ce concert fut des plus énergiques, malgré un public un peu timide et l’absence d’une première partie qui aurait pu permettre de réchauffer l’ambiance pour l’entrée du trio.

2

En ce qui concerne le son, et pour ceux qui connaissent l’Appart Café, il n’y a pas beaucoup de miracle et c’est l’ambiance « bar » qui domine dans les esgourdes. Pourtant, Bright Curse a réussi à franchir le mur du son en déployant un cocktail guitare/basse explosif. On n’en attendait pas moins avec la puissance de frappe de Zack et de sa batterie, tendance gros monstre avec sa grosse caisse de 26 pouces. Puis vocalement, le volume se ressent un peu juste, mais grâce au coffre déterminé et la très belle justesse vocale de Romain, on passe un très bon moment ! Ainsi, la bande nous a proposé un set puissant, certes un peu court, avec des titres comme « The Shore », « Lady Freedom », la sublime « Shaman »,  la délicieuse  « Mind Traveler » ou bien encore « Candles and Flowers ».

En soi, cette soirée fut des plus réussies et donne envie d’en voir d’avantage tant Bright Curse respire une authentique bonne humeur et une fraternité qui inspire à tous l’envie de partir avec eux sur les routes. Vivement la prochaine !!!

3

LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL, CHRON GOBLIN, BRIGHT CURSE et SIX MONTHS OF SUN – 7/06/2016 – Genève, Usine

Chron-goblin-07.06.2016

Flashback sur ce qu’était la scène stoner avant un certain regain d’intérêt ces dernières années avec ce plateau généreux qui vient balancer des riffs un mardi soir à l’Usine de Genève : il y a très très peu de monde et c’est tant pis pour les absents parce que perso j’y ai trouvé mon compte ! Il faut dire que cette date voyait se rencontrer la tournée réunissant deux excellentes signatures du label Ripple Music (les français de Los Disidentes Del Sucio Motel, avec les canadiens de Chron Goblin) avec un groupe local ainsi que les excellents Bright Curse, eux aussi en tournée européenne sur la même période. Sur le papier, de quoi passer une superbe soirée…

Six Months Of Sun

6MOS

Les régionaux de l’étape entament les hostilités avec leur stoner 100 % instrumental qui rappelle agréablement Karma To Burn. C’est terriblement pugnace, comme d’habitude en fait, et le trio prend un sacré plaisir à balancer ses compositions entrecoupées de dialogues de film de grande classe dont « Un Prince A New York », vous voyez le genre j’en suis certain ! C’est pas sexy chocolat, mais le public – concis – hoche bien du chef voire même un peu plus. Difficile de résister à l’efficacité que déploie la formation sur scène tant elle est contagieuse. Christophe, à la guitare, Cyril, à la basse, ainsi que Daniel, à la batterie qui m’aura carrément laissé sur le cul, déploient leur art et conquièrent de nouveaux fans parmi les néophytes qui n’avaient pas encore eu la chance de les croiser sur scène. Je recommande chaudement un saut sur leur Bandcamp à ceux qui n’auraient pas encore eu l’extrême plaisir de les admirer sur scène.

Bright Curse

BC
Avec Before The Shore, leur dernière plaque en date sortie il y a quelques semaines à peine, le trio aux deux tiers francophone basé à Londres succède à la triplette genevoise et on change carrément de registre musical. On ne change pas le backdrop, puisque les locaux ont joué avec celui de Bright Curse, durant la première partie du set, mais un sabotage de Zacharie, le batteur, verra le groupe terminer son set sans ses couleurs en fond. Annoncé comme une formation doom sur l’affiche, les Londoniens vont forcément surprendre les gens qui ne les connaissaient pas. Composé de titres de leur dernier opus, sauf un titre issu de leur premier effort, le groupe propose un show rentre-dedans avec des versions nettement plus débridées de ses compositions. « Lady Freedom » prenant au passage une grosse paire de couilles. Max à la basse et Romain, chant et guitare, assurent le show à l’avant de la scène sans trop en faire, et même l’apaisé « Candles and Flowers », écrite suite aux événements parisiens de novembre dernier, arrive à capter le public de lourds présent dans la place.

Chron Goblin

CG
Après un très rapide changeover, les Canadiens balancent leur boogie heavy devant une audience un peu plus fournie que pour les groupes précédents. Il faut dire que les membres des autres groupes viennent soutenir les musiciens en action et bouger un peu le timoré public local. Le vocaliste de la bande flirte avec le style Garcia et des applaudissements nourris viennent ponctuer tous les titres. L’ombre du Grand Kyuss plane sur cette prestation qui va se dévergonder au fur et à mesure que le show avance et se terminer de manière bien désinhibée pour le bonheur des petits et des grands présents dans la salle.

Los Disidentes Del Sucio Motel

LDDSM
Venus en voisin, les Alsaciens de LDDSM assurent la tête d’affiche de cette parfaite petite sauterie stoner. Plus nombreux sur scène que les groupes qui se sont succédés jusqu’ici, ils peinent à être contenus sur la petite scène de l’Usine. Je remercie Arnaud d’avoir signalé la fin de la pause clope à l’extérieur de sa grosse voix sinon j’aurai certainement loupé le coup d’envoi du set du quintet… Et je l’aurai certainement regretté ! Dévoilant un bon nombre de perles issues de leur encore tout chaud Human Collapse, distribué en avant-première sur le tour, les Français emballent les spectateurs en deux coups de cuillères à pot ! C’est carrément la grande classe durant un peu moins d’une heure (le couvre-feu est respecté), et les zicos terminent dans le public (on ne peut pas parler de premiers rangs) sur « Z » tiré de « Arcane ». Ce fut carrément un plaisir que de faire connaissance avec les nouvelles compositions de cette formation montante en live plutôt que sur disque (mais je vous rassure cette production est aussi excellente que le fut ce set) vu le virage dur opéré par LDDSM. Une excellente soirée, même si le public local ferait bien de se bouger les fesses même quand il n’y a pas un groupe signé sur une grosse structure qui se produit sur scène à Genève.

DOOMED GATHERINGS – Jour 3 (Elder, Monolord, Toner Low, Electric Moon,…) – 16/05/2016 (Glazart, Paris)

En ce lundi de Pentecôte, clôturant un week-end du même nom des plus gras, ayons une pensée émue pour Frère Clément qui a eu un empêchement de dernière minute l’empêchant d’assister aux célébrations.
Pour finir en beauté, le line-up du jour aura été (encore) des plus variés et intéressants, entre découvertes, confirmations et bûches bien sûr !
(Et toujours notre compteur de doom, rappelez-vous, nous en étions à 15)

 

CAROUSEL

Pour bien commencer un troisième jour de festival, il est important de se ressourcer. Pour ça les gars de Pittsburgh ont de quoi réveiller les troupes, avec leur hard rock teinté de heavy. Tout y est, on fait un bon d’une trentaine d’années en arrière et l’énergie du quatuor fait mouche. Pas grand chose de doom (16) là-dedans mais vu qu’on est loin d’être fermé d’esprit on se laisse emporter aisément par l’énergie du groupe. Rien de bien original certes mais une implication sans faille, qui nous offrira un réveil matin des plus agréables.
Palme d’Or du Rock ‘n Roll.

 

DDENT

D.DENT J3

Après s’être ressourcés, il est important de se replonger dans une ambiance plus en adéquation avec l’intitulé du festival. Pour ça les gars de Paris ont de quoi assombrir le ciel du Glazart, mâtinant leur post-metal d’éléments industriels et une façon de mener ses compos vraiment intéressante. Fonctionnant par vagues, le trio prend son temps pour entremêler ambiances chaloupées et montées d’adrénaline. Les locaux vont faire glisser progressivement la salle dans leur monde, menés par un guitariste visiblement complètement dans son trip, tatoué de (presque) partout et empêchant à lui seul le côté rédhibitoire que peut revêtir une musique intégralement instrumentale. Mariant riffs, effets typiques du genre parfois balancés au clavier ou encore passages tout en arpèges et en délicatesse. Le tout sans interruption, chapeau. La section rythmique est riche elle aussi et les franciliens nous ont mis une belle claque. A surveiller de très près.
Palme d’Or Instrumentale.

 

CHAOS E.T. SEXUAL

Chaos E.T Sexual J3

Après s’être replongés dans l’ambiance, il est important de s’enfoncer dans les méandres de la noirceur. Pour ça les gars de Paris ont de quoi embarquer le Glazart avec leurs projections exécutées en live et leurs machines qui remplacent le batteur. S’il est toujours inhabituel de voir dans ce genre de concert des musiciens derrière un ordinateur, la sauce réussi à prendre, les compos étant bien ficelées et le côté atypique, interloquant au début devient prenant au milieu et destructeur à la fin du set. Un doom (17)-industriel froid et déshumanisé qui aura hypnotisé une assistance perplexe de prime abord mais qui sera rentrée dans la danse au fur et à mesure. Des membres de NNRA, vus deux jours auparavant, sont de la partie, une autre facette d’un monde glacial.
Palme d’Or de la Froideur.

 

ELECTRIC MOON

Electric Moon J3

Après s’être enfoncés dans les méandres de la noirceur, il est important de se réchauffer le corps et l’esprit à l’aide d’une bonne dose de doom (18)-psyché. Pour ça les allemands ont de quoi nous emmener en voyage (autour de la lune). Attendu depuis longtemps au Glazart, le trio va catapulter le public loin de Paris. Le set, composé de deux morceaux/jams immersifs et rondement menés d’une bonne vingtaine de minutes chacun, va passer à la vitesse de la lumière. Ce qu’il vaut mieux quand il faut arriver jusqu’au satellite terrestre en une petite heure seulement. Le jeu de guitare de Sula fait montre d’une maîtrise étourdissante, agençant des parties bouclées gorgées d’effets spatiaux, appuyé par la basse de Miss Lulu, toute en simplicité et en rondeur et soutenue par batterie métronomique de Marcus. Pas décontenancé le moins du monde par un changement de corde forcément inopiné, le trio déroule avec aisance. A joutez à cela des projections fort bienvenues, Electric Moon nous aura offert une belle promenade sans bouger de notre place. Ça valait le coup d’attendre quatre ans…
Palme d’Or du Psychédélisme.

 

TONER LOW

Après s’être réchauffé le corps et l’esprit, il est important de se prendre une troisième dose de Toner Low. Pour ça les hollandais nous écrabouiller puisqu’ils nous ont gardé leur album le plus velu pour la fin. Choix et/ou logique chronologique, le fait est que ce dernier LP, décliné en phases, est un monstre doom (19) psychotropique. Les feuilles de weed de la pochette tournoient sur le drap blanc, et on comprend que le trio est prêt à nous enfumer le cerveau. Pachydermiques, les compos de ce « III » sont d’une lourdeur en contexte live incomparable. On a quasiment l’impression d’assister à un set basé autour d’un seul (gros) riff décliné à l’infini, un peu comme un certain « Dopesmoker ». Véritable massage physique et sensoriel, ce troisième concert va laisser des traces indélébiles sur un public abasourdi qui reste coi quelques secondes avant d’applaudir les courtes pauses entre les titres. Les nombreux vinyles à feuilles vertes fleuriront dans les bras des spectateurs. Remercions Daan, Jack et Miranda pour leur incroyable gentillesse, tout étonnés et heureux de déambuler trois jours durant sur la plage (pas abandonnée) ou devant les concerts. Bénissons l’orga de nous avoir offert ces trois moments uniques et sentons nous privilégiés d’avoir assisté à ces événements déjà légendaires dans l’histoire du doom (20).
Palme d’Or du Jury III.

 

MONOLORD

1 Monolord J3

Après s’être pris une troisième dose de Toner Low, il est important de se préparer pour LA bûche tant attendue du festival. Pour ça les gars de Göteborg ont de quoi laisser des traces indélébiles sur nos nuques. Jouissant d’une cote de popularité grandissante et presque étonnante pour un groupe du genre, Monolord semble être le groupe le plus attendu du week-end, tellement que lorsque les balances sont achevées vingt minutes avant le début du set, pas grand monde ne bouge de devant la scène. A raison, car le trio va (quasiment) nous achever avec ses coups de boutoir dont seuls les groupes du Nord semblent avoir le secret. Son doom (21) sombre, quasiment dépressif, déclenche les sourires d’une assistance qui s’en donne à cœur joie, à la limite du déchirement de cervicales. Étonnant… Partout où ils passent, les suédois ne laissent aucun répit à leur public qui, un peu maso sur les bords, en redemande. On peu même regretter qu’ils ne soient pas montés sur scène plus tôt pour qu’on ait droit à un titre supplémentaire, c’eut été la grande classe. Un son plus qu’à la hauteur, un batteur qui cogne sans retenue, un bassiste qui malmène sa Rickenbacker plus que de raison, un gratteux aux riffs et à la voix possédés et un concert qui s’achève sur un « Empress Rising », véritable tube doom (21), appesanti et rallongé. Thomas, Esben, Mika : merci pour la taloche…
Palme d’Or de LA Bûche.

 

ELDER

Après s’être préparés pour LA bûche du festival, il est important de terminer avec l’un des groupes les plus prometteurs de ces dernières années. Pour ça les gars de Boston ont de quoi clôturer ce festival avec le talent qu’on leur connaît. Pas foncièrement doom (22), pas complètement stoner mais totalement capable et clairement progressif dans l’approche de ses compositions, le trio va éclabousser le Glazart de sa classe et prouver pourquoi c’est lui parachève les hostilités festives. Inutile de rappeler la qualité de son dernier album, une des meilleures offrandes de l’année passée, suite logique et idéale du déjà fameux « Dead Roots Stirring ». En seulement une demie décennie les jeunots américains se sont installés tout en haut de la pyramide. Et pour cause : un guitariste chanteur ahurissant de dextérité, exploitant bien plus que ses six cordes et abattant le boulot d’au moins deux gratteux tout en assurant des parties vocales inspirées même si elles ne sont pas le point fort du groupe. Si on sent bien que le bonhomme semble être la tête pensante et le moteur du combo, derrière ça fait beaucoup plus qu’assurer avec un bassiste plus que souriant, au taquet, et un batteur qui ne l’est pas moins. Peu importe le morceau joué l’effet est immédiat, toutefois « Gemini », le tube, remporte le plus de suffrages auprès d’un public qui chante les paroles et prend grave son pied, et on le comprend. On finit logiquement par « The End », un des rappel les plus réclamé du week-end.

Palme d’Or tout Court.

 

Et bien, ces trois jours furent une sacrée expérience sonore, proposant une palette de groupes variés et bons chacun dans leurs styles. On déplorera juste un léger décalage entre le standing de l’endroit et les tarifs très parisiens pratiqués au bar (pourtant en légère baisse par rapport à d’habitude au Glazart) et sur les food-trucks (différents chaque jour), mais autant de baffes différentes pour un style de niche, ça fait plus que plaisir d’avoir assisté à ça entouré de passionnés. Un gros bravo aux Stoned/Doomed Gatherings (pas simple d’organiser tout ça dans un endroit aussi exigu) et aux groupes qui ont tous (au moins) assuré. Bisous barbus et à l’année prochaine !

 

[Photos : Valérie Girodon]

13139031_1761996747345498_527407391141701074_n

Se connecter