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Troisième jour. Comme chaque année, la 3ème matinée est un mix de sensations et d’émotions un peu étrange, mélange de fatigue, de courbatures, d’excitation aussi au regard de la programmation de la journée, envie de bien profiter du sprint final avant l’année prochaine, tout en regrettant déjà l’arrivée imminente de… “la fin” de cette édition 2017 qui a déjà tenu ses promesses. Haut les cœurs ! On repart au charbon… avec le sourire !
BRIGHT CURSE
Le public ne s’est pas déplacé massivement pour applaudir les Londoniens de Bright Curse, mais aucun de ceux ayant fait le déplacement ne l‘auront regretté. Le power-trio doom/psychédélique distille une musique aussi lourde que planante qui ravit les aficionados, et le groupe est récompensé par un public plus que réceptif. Le format court (et frustrant) des premiers sets de la journée ne permet pas au trio de développer ses titres à l’envie, mais le choix de la set list (essentiellement basée sur l’efficace dernier album “Before the Shore”) fait mouche, et ce même si le groupe n’a pas forcément choisi les titres les plus “directs” de son répertoire.
VÔDÛN
Pour Vôdûn, le public s’est déplacé en masse. Un mélange entêtant d’influences vaudous hawaïennes et de stoner pour une musique réellement sulfureuse et pleine d’une magie mystique. Une sorte de Black Sabbath soul qui sort des habituels sentiers battus stoners. Celles et ceux qui avaient déjà assisté à une prestation du groupe ces derniers mois y ont retrouvé les ingrédients clés qui font toute l’originalité du trio anglais… mais avec une maturité encore supérieure. Celles et ceux en revanche qui ne connaissaient pas le groupe (la plus grosse part de l’assistance) repartira abasourdi avec l’impression d’avoir pris une grosse claque.
THE VINTAGE CARAVAN
Nous avions déjà naguère à plusieurs des prestations généreuses du combo hardrockisant islandais à plusieurs reprises. Naguère, ils étaient encore des gamins – presque des ados boutonneux – et la confiance dont le trio faisait preuve sur scène flirtait avec l’arrogance. C’est sur un show en plein jour au Freak Valley 2015 que nous avions vu pour la dernière fois les Scandinaves, qui avaient gagné à leur cause de nouveaux fans, notamment lorsque le guitariste avait contourné la scène pour ressortir dans le public afin d’y déployer un généreux solo de gratte. Un tantinet sceptiques quant à l’évolution de la formation nous attendions cette prestation et – bordel ! – elle s’est bonifiée avec le temps comme le bon pif ! La maturité en plus, The Vintage Caravan perpétue son style hérité des meilleures formations de hard (comme on disait jadis en parlant de musique et qu’il ne faut pas confondre avec les émissions taguées ainsi sur le câble qui se consacrent à une autre forme d’expression plus ou moins artistique) et s’est encore amélioré musicalement. Putain ! Ils ont enchanté une Valley blindée (et pas uniquement à cause de l’effet canicule) avec leur côté entertainer certes mais pas que ! Ils nous ont gratifiés de brulots faciles à aborder qui furent propices aux reprises en cœur d’un public qui finit par les ovationner en fin de set juste après un final du bassiste sur les crash barrière parmi les corps dégoulinants et malodorants. On craignait la comparaison suite à la performance envoutante de Vôdûn, mais c’est pour les suivants que la journée s’annonce compliquée vu le niveau déjà atteint à l’heure du repas.
CRIPPLED BLACK PHOENIX
Ce n’est pas uniquement jour d’élection en ce troisième jour, c’est aussi l’anniversaire de Jonas l’un des trois (trois !!!) guitaristes de la formation britannique qui déploie son œuvre hors du contexte purement stoner. Pour la photo de famille, les photographes présents dans la place ont misé sur un objectif à l’angle XXL afin de faire rentrer les 8 protagonistes de cette chose sur un seul et même cliché. Si ça a sacrément de la gueule autant de monde aligné comme ça sur scène, si côté dégaine le groupe envoie – et se réfère à du – lourd et si la présence féminine fait toujours plaisir dans ce monde de brutes épaisses avinées par la bière, c’était un peu light quand-même question gros son. Si Crippled Black Phoenix est capable de prouesses envoûtantes, le groupe a aussi tout le potentiel de ramollir le public de la Valley (un peu comme celui de l’abus de Muscadet sur la bite des festivaliers de Clisson). Malheureusement, les Anglais ont opté pour un setlist très axé sur la partie calme de leur répertoire et leur show déployé sous une chaleur à la limite du supportable ne restera pas dans les annales comme la meilleure prestation de cette formation – nous les avons connus nettement plus énervés sur scène et ce registre leur sied plutôt vachement bien. La torpeur gagnant les âmes errant depuis trois jours sous la chaleur et dans la poussière en accumulant les courtes nuits de sommeil n’est certainement pas étrangère à notre ressenti ; tant pis pour nos gueules !
UFOMAMMUT
Sans parler d’heureuse surprise, l’on est content de retrouver le trio transalpin aussi haut sur l’affiche, bénéficiant d’un slot « charnière » de fin d’après-midi intéressant. Un signe aussi de reconnaissance qu’il leur faut maintenant valider ; on n’attend donc rien moins qu’un coup de massue pour les 40 minutes à venir. Et coup de massue il y eut. Voire plutôt bulldozer, tant le matraquage en règle appliqué au public fut long, répétitif et ininterrompu. Chaque titre défilant sur la set list « taylorisée » du groupe labourait un peu plus le sillon d’un doom désormais estampillé « Ufomammut » : riffs pachydermiques, rythmique massue, assénée de manière répétitive et lancinante, éructation vocales… La combinaison est désormais reconnaissable entre mille et fait montre d’une efficacité live simplement époustouflante. Par ailleurs, dégagés de tout impératif “promo”, le trio nous gratifie d’une set list impeccable, piochant un peu partout dans sa discographie, et incluant au passage deux nouveaux titres, extraits de son album à venir (et on vous rassure, en première écoute, ils semblent bien tabasser). Clairement, on est écrasés au sol pendant tout le set, et on finit les yeux grands ouverts, sans trop comprendre ce qui s’est réellement passé. Ufomammut atteint un statut indétrônable, maîtrisant l’exercice à la perfection. S’ils arrivent encore à se renouveler (à voir avec leur prochain album studio, imminent) sans dégrader leur performance scénique, on tient sous nos yeux un des rares groupes de doom capables d’élever le genre sur des scènes plus exposées, vers des publics plus variés.
PENTAGRAM
Pentagram sera le gros pincement au cœur de la journée. Non que la prestation ne soit mauvaise, loin de là, mais l’absence de Bobby, empêtré dans ses habituels déboires narco-judiciaires est comme un coup de poignard aux entrailles [ndlr : pour ceux qui auraient raté l’information, Bobby Liebling a été arrêté il y a peu pour de sombres raisons, et le groupe a décidé de continuer en trio sans son frontman]. Le concert est habilement exécuté, avec notamment un Victor Griffin en frontman toujours impeccable à la six-cordes, et pas ridicule derrière le micro, mais aussi un Greg Turley qui prend sa part du job et occupe bien la scène. Le choix de la set list est à la fois impeccable et sans aucune surprise, ne piochant jamais loin du “best of” traditionnel du groupe (propice à quelques perles comme cette excellente version de “20 Buck Spin” chargée en soli). Mais malgré tout, voilà, il manque la présence surréaliste de ce Garcimore halluciné. On croise le tourneur français du groupe, qui confirme : « C’est la dernière fois. Bobby va probablement mourir en prison. »
Ite missa est.
BLUE ÖYSTER CULT
Blüe Öyster Cult livrera par contre sûrement le meilleur show de la journée, et ravira les fidèles avec son hard rock teinté de psychédélique et de références parfois ésotériques, parfois geeks, parfois juste stupides ! L’enchaînement parfait “Godzilla”/ “(Don’t Fear) The Reaper” est obligé de mettre tout le monde d’accord, et le final sur “Cities on Flame With Rock and Roll” achèvera de coucher tout le monde.
CLUTCH
La présence de Clutch en headliner de la Valley est aussi peu surprenante qu’elle est légitime. Déjà il y a trois ans, la « machine » Clutch déroulait des concerts tous plus impressionnants d’efficacité, s’appuyant sur un excellent « Earth Rocker » à l’époque (et, accessoirement, presque 25 années de live dans les jambes, l’air de rien). Bref, c’est un peu l’assurance tous risques. Et de fait, l’heure de concert qui suit n’étonnera personne a priori, sauf ceux qui découvrent le quatuor U.S. en live : Clutch reste une redoutable machine de guerre en live, d’une efficacité quasiment à toute épreuve. Musiciens impeccables de maîtrise et de technique, qui s’entendent parfaitement, un frontman de plus en plus dynamique (Fallon assume complètement et efficacement son job de frontman), le seul point discutable sur un concert de Clutch tient au choix de la set list, en particulier sur un set court d’une heure, générant encore plus son lot de sacrifices. Faire la fine bouche en regrettant le peu d’incursions dans le back catalogue « ancien » du combo serait un combat d’arrière-garde : le groupe ne renie pas son passé, mais s’appuie (et c’est le cas depuis plusieurs années, donc pas la peine de feindre la surprise ou la déception) sur un set de titres plus récents à l’efficacité live (re)connue pour constituer le squelette de ses concerts. On apprécie toujours les vieilles pépites comme « Profits of Doom », « The Mob Goes Wild » ou ce rutilant « Burning Beard » en début de set. Par ailleurs, le groupe enquille les titres sans tergiverser, bien décidé à titrer le plus riche profit de ce slot de 60 minutes dans tous les cas frustrant ; pas de place à la parlotte ou la branlette de manches de guitares… On est donc un peu frustrés de voir débarquer le classique titre de conclusion « Electric Worry », et du coup assez contents de voir que les traditions évoluent puisqu’ils y associent un « X-Ray visions » surprise pour vraiment appuyer leur baroud d’honneur. Bref, Clutch a délivré une prestation de maestro, exactement au niveau de maîtrise et d’efficacité que l’on pouvait attendre. Prise de risque modérée, certes, mais toujours une machine live rutilante, impressionnante. Et dire qu’ils en ont encore sous la pédale…
HAWKWIND
Les légendaires Hawkwind font de nouveau escale à Clisson. La formation britannique pionnière du space-rock, toujours emmenée par Dave Brock, 75 ans, fidèle au poste, vient distiller un son terriblement planant, qui transporte un auditoire ravi dans les cosmos S-F, soutenus par une panoplie de projections psychés stroboscopiques qui en envoient plein les mirettes. Une bien belle façon de finir ce festival, éreinté mais heureux.
Et voilà, l’heure des au-revoir est arrivée, on quitte le site dans la nuit, la tête basse et le dos courbé (un peu accablés par la tristesse c’est vrai… mais aussi par le poids de la fatigue sur nos vieux corps, avouons-le !), en repensant à ces trois journées splendides de ciel bleu et de riffs lourds, de surprises, de révélations, de confirmations… On a adoré cette édition, et on réfléchit déjà à la suivante. En espérant vous y voir !
Une courte nuit de sommeil a permis de recharger nos batteries internes ainsi que celles de nos nombreux appareils électroniques. C’est la gueule bien enfarinée que nous nous dirigeons à nouveau vers Clisson en consultant les infos météos qui nous prédisent une journée encore plus chaude et ensoleillée que la veille. Ça tombe bien, vue la poussière ambiante le premier jour déjà, on va déguster pour ce deuxième jour du festival dans une Valley dont l’affiche est sacrément bandante !
LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL
La place est déjà honnêtement remplie lorsque la formation française attaque sa demi-heure de show à 10:30 du mat ! Nous tenons à préciser que les festivaliers ayant privilégié leur hygiène de petits bourgeois ou le petit-déj gargantuesque ainsi que les porteurs de pass VIP qui se rafraichissaient les panards ou le gosier dans leur zone privilégiée peuvent se bouffer une couille – voire un nibard ne soyons pas misogyne – d’avoir manqué LDDSM au Hellfest : car ce fût diablement bon ! Des choix contraignaient les Alsaciens quant à l’orientation de leur setlist et certains sacrifices au malin ont été consentis pour rentre dans le format contraignant de ce type de performance. Au final, les gars ont misé sur une combinaison gagnante qui ravit les bourrins : trois extraits de leur énorme album concept « Human Collapse », un titre d’« Arcane » et une reprise de « Welcome To The Machine » relevée à la sauce de leur dernière production. Investissant toute leur énergie dans la bataille, les cinq types de Strasbourg ont annoncé la couleur d’entrée de jeu avec le pugnace « Trip » et n’ont pas relâché la pression d’un iota durant trente minutes d’un show dont « Determination » demeurera un énorme moment. Alignés sur un rang devant leur batteur, Los Disidentes Del Sucio Motel étaient en totale harmonie en se trémoussant rageusement en parfaite synchronisation rapidement imités par les premiers rangs : preuve irréfutable d’une formule qui a fonctionné comme sur des roulettes, servie par des artistes bien de chez nous qui commencent à avoir sacrément de la bouteille.
PRIMITIVE MAN
Pour ce deuxième jour, le public s’est déplacé en masse pour accueillir les doomeux du Colorado. Eux ne semblent pas particulièrement heureux d’être là, mais il s’agit aussi peut-être d’une pose liée à leur ambiance musicale. Difficile de faire bouger la foule sur des tempos aussi lents, mais la lourdeur du son montre que l’on a pas affaire à des baltringues ! Les gars déchaînent les enfers dans des turpitudes de guitare plombantes, et l’on en ressort tout chamboulé. Disons que l’ambiance du groupe n’est pas spécialement estivale !
MONKEY3
On enchaîne ensuite avec les helvètes de Monkey3 qui viennent délivrer leur stoner psychédélique à une foule compacte (la Valley ne se sera pas vidée du weekend). Un peu court, hélas, mais on sent monter l’intensité au fur et à mesure de la setlist devant un public qui semble apprécier la prestation du légendaire combo suisse.
BONGRIPPER
On attendait beaucoup de ce set, les américains se faisant (euphémisme) rares sur les scènes européennes. Vaguement cultes, le quatuor se retrouve à jouer un peu tôt à notre goût (faut dire qu’on a des critères d’esthètes) ; mais point d’amertume, on espère juste les voir convaincre (et accessoirement écrabouiller) un public de curieux venu très bien remplir cette chère Valley. Ces imbéciles de musiciens, plutôt que de dégainer un assez traditionnel (et efficace) “Hail” en intro s’engagent direct sur le rêche et sablonneux “Worship”, une belle pièce sanguinolente d’un bon quart d’heure ! Sur un set de 40 minutes la démarche frise l’indécence… Surtout que, bêtes à bouffer du foin, les gaziers complètent leur set avec uniquement un second titre étiré sur presque 20 minutes, le très gras “Endless”. Heureusement, malgré ces choix anti-commerciaux au possible, les gars convainquent le public par un jeu de scène dynamique et exubérant… Errr, non, même pas – pendant tout le set, les zicos sont dans leur trip quasi-nombriliste, il n’y a même pas un pied de micro pour dire “bonjour les copains” entre deux titres (5 grosses minutes de feedback bien gras font les meilleures transitions, c’est bien connu), rien que la lourdeur du riff. Et bon sang, ça écrase. La puissance du quatuor anéantit une Valley qui headbangue la bave aux lèvres… Exsangue, on ressort de ce set lessivé, un vague sourire en travers de la bouche en essayant déjà de se remémorer ce qui vient de se passer… Un TRÈS gros moment de cette édition.
BLOOD CEREMONY
Vient le tour de Blood Ceremony et son mélange étonnant de folk rock, d’acid rock version occulte et de hard rock. Fagotés comme des musiciens progressifs des années 1970 (flûte traversière comprise), leur son étrange perd un peu l’auditeur, mais la prestation était tout de même intéressante, ne serait-ce que pour la différence qu’elle offrait par rapport aux autres groupes…
MARS RED SKY
Cocorico ! Les frenchies de Mars Red Sky investissent la scène pour délivrer un set stoner psychédélique typiquement 70’s ! Le trio bordelais est là pour en découdre, et le public venu les applaudir se laisse happer par le déluge sonore qui les emmène planer dans les sphères aériennes. On sent qu’ils sont contents d’être là, et ils gratifient même le public clissonnais d’un nouveau titre.
CHELSEA WOLFE
Assurément le concert de Chelsea Wolfe est très très très attendu par le public de la Valley, fidèle au poste. La Californienne vient défendre son nouvel album, inclassable, mélange de doom, de folk et d’electro ambient. Une prestation pleine de tristesse, un peu poisseuse, qui aura ravi les dépressifs. « Pain Is Beauty », tiré de son dernier album, suffit à donner l’idée.
PRIMUS
Encore une fois, la Valley se trouve l’hôte d’un “ovni” musical qui ne trouve sa place que sur cette scène propice aux sonorités les plus expérimentales et barrées. Alors évidemment, le stonerhead de base aura passé son chemin et profité de la large pause à rallonge (l’enchaînement avec la brune éthérée qui a précédé le trio californien aura permis aux moins éclectiques de se faire une bonne pause repas tranquille pour commencer la soirée). Cela n’empêchera pas un public de curieux, de musiciens (ça “tricote”, sur scène…) ou de nostalgiques de venir assister à la quasi-résurrection du trio déjanté de Les Claypool (même si Primus ne s’est jamais vraiment arrêté de jouer, 90% de leurs prestations se font dans le confort de leur mère patrie). Malheureusement, le concert déroule très vite une arrogance qui nous refroidira un peu (reconnaissons que ça fait une vingtaine d’années qu’on n’a pas vu la formation de San Francisco, et le choc est brutal entre le groupe accessible de joyeux rigolards de l’époque et le trio pompeux et hautain qui se présente devant nous dans la pénombre de lights sur-travaillés). On n’assistera pas à la fin du set, persuadés toutefois que le groupe a délivré une performance à la hauteur de leur talent. Mais ça nous aura laissé froid.
SLO BURN
Après une journée bien remplie de formations représentant toutes les tendances de la scène, et même plus avec Les Claypool et sa bande de joyeux lurons, John Garcia est de nouveau au Hellfest avec l’une de ses multiples formations. Nous n’allons pas bouder le plaisir qui a été le nôtre, que de se taper Slo Burn live, même si la discographie homéopathique du groupe ne justifie en rien le placement des Californiens en tête d’affiche de la deuxième journée dans la Valley. D’ailleurs on s’en branle un peu de ce que peuvent penser certains vu que Garcia incarne quand-même une bonne proportion du mythe fondateur du mouvement et que Slo Burn c’était clairement le truc que nous ne pensions jamais voir sur scène. Le frontman avait pourtant déjà occasionnellement interprété des titres de ce projet éphémère (comme ils disent sur Wikipédia) lors des prestations live qu’il multiplie depuis son retour aux affaires sous de multiples appellations. Excités comme de jeunes pucelles le soir du bal de promo, nous trépignions d’impatience aux douze coups de minuit pour voir la légende. Nous étions nombreux dans ce cas, mais la Valley n’était pas pleine, autant se l’avouer même si c’est douloureux au niveau du postérieur. Le quatuor emmené par sa star a balancé le film d’intro (à l’iconographie pachydermique) avec une grosse poignée de minutes de retard puis il a envoyé son répertoire officiel et officieux dans la foulée. Nous avons humidifié nos petites culottes sur certaines masterpieces (« July » ou l’incroyable « The Prizefighter » par exemple), mais avons aussi été ramenés à la réalité en constatant que le leader vêtu de sa chemise noire était un chouia à la peine sur certains titres. Le groupe a certes rempli son contrat, mais il aurait pu se montrer plus aventureux en insérant autre chose que de l’instrumental comme nouveauté (ils répètent ensemble depuis un moment selon leurs dires) voire en proposant une vraie heure de concert puisque c’est cinq minutes avant la fin officielle que les lumières se sont éteintes sur la scène de la Valley. Malgré le ressenti un poil mitigé de types qui deviennent exigeant avec les années, les spectateurs présents dans la place pourront se targuer d’avoir vu Slo Burn lorsqu’ils raconteront leur jeunesse à leur descendance.
« July » résonne toujours dans nos crânes quand nous rejoignons notre véhicule dans la nuit moite pour aller décharger la multitude de cartes-mémoire qui nous permettra de prolonger, avec vous, cette journée de festivités à la gloire du riff démoniaque.
Cette année encore la programmation du Hellfest dédie une scène entière (et la presque exhaustivité de sa programmation sur 3 jours) à des genres musicaux qui trouvent généreusement écho dans les pages de Desert-Rock toute l’année. Et c’est donc tout aussi naturellement que nous avons à nouveau pris nos cliques, nos claques, nos bloc notes et nos appareils photos pour vous faire partager à nouveau cette expérience pour un gros week-end encore une fois marqué par le lourd soleil, et l’ombre bienveillante de notre scène fétiche, la Valley…
VERDUN
C’est aux français de Verdun que revient l’illustre mais lourde tâche de lancer les hostilités sous cette tente qui va accueillir la plupart de nos pérégrinations ce week-end. Sacrée pression, d’autant plus que la tente est très correctement remplie pour un début de festival (l’occasion de rappeler les progrès énormes accomplis par l’organisation dans l’accueil du public, qui a pu pénétrer sur le site bien plus rapidement que l’an dernier). Avec sérieux et concentration, les montpelliérains entrent dans la bataille avec la rage que leur confère intuitivement leur patronyme. Lourdeur des riffs et torpeur naissante d’une atmosphère de canicule se marient à merveille pour faire headbanguer un public attentif mais encore un peu apathique (il s’économise peut-être ?). Sur scène c’est carré, bien fait et ça sonne – mention particulière pour cette frappe de mule, qui martèle même des passages limite tribaux pour appuyer des rythmiques bulldozer, voire martiales. Cette lenteur patibulaire déchirée de toutes parts par ces hurlements terrifiants finissent de convaincre une assistance qui repart avec le sentiment que décidément, ce week-end, ça ne sera pas que de la déconne.
OKKULTOKRATI
Cherchez l’intrus… Aujourd’hui, c’est un peu Okkultokrati qui joue un peu l’anomalie sur cette affiche. Les talentueux hybrideurs musicaux norvégiens, signés chez Southern Lord, proposent un metal lugubre percé de saillies doom, punk, post metal ou même black metal, qui aurait peut-être plus trouvé sa place dans une scène voisine (Altar ou Temple) mais il y serait quand même apparu décalé… Reconnaissons à la Valley cette vocation d’ouverture musicale ! Une ouverture pas complètement valorisée pour ce set qui se joue devant une tente moins remplie que pour Verdun. Pour autant les scandinaves ne déméritent pas : la formation est bien en place mais ça ne suffit pas et le public ne fait pas montre d’un enthousiasme débordant. Prévisible.
NOOTHGRUSH
Tandis que les gradients de température augmentent inéluctablement sur Clisson, l’atmosphère sous la Valley prend un tour franchement glauque avec l’arrivée des californiens de Noothgrush. Enfin, “californiens” peut prêter à confusion ici : n’imaginez pas une poignée de bellâtres aux longs cheveux blonds, shorts et chemises hawaïennes ; Noothgrush vient d’Oakland, banlieue pauvre de San Francisco, port marchand et friche industrielle occasionnellement lugubre, dont la crasse vient couler sur chaque mesure de ce graisseux quatuor. C’est sale, c’est lourd, les riffs s’enchaînent lents ou tortueux, et le chant du longiligne Dino Sommese vient lacérer chaque chanson, jouant du guttural comme du hurlement perçant. La batterie de l’étonnante Chiyo Nukaga enfonce chaque titre avec l’effet d’un marteau piqueur martelant nos innocentes cages à miel… Les glaireux “Useless”, “Hatred for the species” ou le lourdingue “Oil Removed” font leur petit effet sur les cervicales des premiers rangs. Il faut dire que la tente est correctement remplie, et le public encaisse chaque titre comme une nouvelle mornifle, sans vraiment comprendre complètement ce qu’il se passe. Très bon, mais quelque peu déstabilisant. Sortir de la tente après un set aussi gras et lourd pour regagner ce soleil incandescent et ce ciel bleu insolent s’avèrera perturbant. La redescente est rude.
SUBROSA
Originaire de l’Etat mormon de l’Utah, SubRosa n’en est pas à son coup d’essai au Hellfest : en effet, le groupe emmené par Rebecca Vernon s’était déjà produit à Clisson en 2014. Pour sa deuxième prestation en terres nantaises, le public s’est déplacé. Peut-être pas en masse, mais la foule amassée sous la Valley est tout à fait honorable pour cette heure de la journée, où beaucoup préfèrent cuver leur gnôle de la veille au camping. Premier bon point et qui montre que l’on a affaire à un groupe sérieux : ici, pas de connards déguisés. Le public se partage entre ceux qui préfèrent s’allonger et vibrer au rythme de la musique et les aficionados, debout, qui ne perdent pas une miette du show. Musicalement, le combo est irréprochable : venu défendre son album “For This We Fought The Battle Of Ages”, SubRosa, sur ses 45 minutes de set, ne jouera d’ailleurs que trois chansons, toutes extraites de leur dernière livraison. Des mélodies entêtantes qui ne sont pas sans rappeler une version heavy de Bjork sur lesquelles viennent danser les violons font que l’on se sent transporté, l’espace d’un concert, hors de Terre. Éloignée des canon sludge et y mêlant de éléments folk et expérimentaux, SubRosa est réellement un groupe à part, dont la musique ne peut définitivement pas laisser indifférent. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas et réserve un accueil plus que chaleureux aux Américains.
HELMET
Après la performance alambiquée entre doom et plans planants de la formation mixte, un petit tour dans l’enceinte du fest nous a permis de constater que le soleil continuait à taper fort sur les nombreux quidams agglutinés devant les échoppes vendant le merch du Hellfest. Les coutumiers de la fête s’y sont pris à l’avance, mais comme il y a toujours plus de coutumiers : le flot de d’acheteurs semble ne pas pouvoir se tarir alors que certains articles sont déjà sold out. Vu le monde qui flâne dans les allées, le public nombreux devant les Mainstage tout comme d’hab’ et la zone VIP hyper confortable qui ne désemplit pas, nous sommes carrément sur le cul de devoir batailler pour nous frayer un passage sous la tente de la Valley. Ça coince de partout et la fosse à photographes affiche complet alors qu’il est l’heure du goûter : difficile dans ces conditions de se la ramener pour contester la présence des Etasuniens, pourtant assez éloignés du registre musical déployé durant ces trois journées. Les vétérans US bourrins déferlent tels des bulldozers écrasant tout sur le passage. Un carton plein avec des extraits datés de leur répertoire et quelques passages intéressants piochés dans leur toute récente discographie (comprendre « Dead To The World »). L’énorme final sur « In The Meantime » (What else ?) a foutu tout le monde d’accord.
RED FANG
Habitué du Hellfest auquel elle est quasi abonnée, la formation américaine Red Fang est de passage sous la Valley pour défendre son dernier opus en date, “Only Ghosts”, sorti en 2016. La tente est surpeuplée et il est difficile d’y rentrer. Beaucoup se contenteront donc de regarder le set via l’écran géant habilement placé à l’entrée. Le combo livre une prestation exemplaire, époustouflante de puissance et d’efficacité. Privilégiant les morceaux concis et efficaces, Red Fang emporte l’adhésion d’un public venu en masse l’applaudir. Les slams sont légions tandis que le quatuor mené par Bryan Giles enchaîne frénétiquement les tubes stoner sans laisser au public le temps de se reposer ne serait-ce qu’un instant. La lessiveuse tourne à plein régime et laisse un public exsangue, épuisé, mais ravi.
BARONESS
Une drôle de succession de groupes proches de la scène stoner aura marqué cette première journée qui faisait la part belle aux formations populaires chez les hipsters et autres bobos récemment convertis au stoner ou à ses proches satellites. Au passage, on notera qu’une inversion de Red Fang et de Baroness aurait été plus logique selon notre lecture ; toujours est-il que c’est les seconds qui occupent une place de choix dans le running order du jour. Forcément rehaussée des illustrations fantastiques de John Dyer Baizley, la prestation du quatuor US en jette visuellement et les Lourds Of The Valley fantasment en matant la nouvelle guitariste Gina Gleason qui touche plutôt bien sa bille à la guitare en plus d’être un joli brin de jeune fille au crâne à moitié rasé. Côté setlist on a droit à une partie de l’arc-en-ciel discographique de Baroness plutôt du côté mou de la force avec une surpondération de « Purple ». Les deux hits groovy de la mort qui tue que sont « Take My Bones Away » et « March to the Sea » ayant constitué le point d’orgue d’un show qui ne fera, hélas, pas partie de nos meilleurs moments du week-end.
ELECTRIC WIZARD
Plat de résistance de la Valley le vendredi soir, le légendaire combo doom metal Electric Wizard arrive en terrain conquis. Plus que bourrée ras la gueule, il règne une chaleur infernale sous la tente. Lumières rouges et vertes, ambiance lugubre et lourdeur sont au rendez-vous pour un set placé sous le signe de Satan. Cependant, si le public semble ravi, l’on a du mal à accrocher à un concert qui enfile les poncifs du genre comme des perles. Il en va de même côté set list, où le groupe nous propose peu ou prou le même concert depuis des années (aucune surprise, leur top 10 tourne en mode automatique : “Satanic Rites of Drugula”, “Witchcult today”, “Return trip”, “Funeralopolis”, …). Zéro prise de risque. Peut-être que si tous les riffs du groupe n’étaient pas des riffs de Black Sabbath injectés de Tranxène, ce serait artistiquement plus intéressant. Cependant, l’audience ne boude pas son plaisir et fait savoir son approbation au combo britannique.
MONSTER MAGNET
L’air de rien, ça faisait assez longtemps qu’on n’avait pas vu la bande de l’aimant monstrueux sur nos terres, et les voir se rappeler à notre souvenir en headliner de cette première (superbe) journée sous la Valley nous ravit. Côté ambiance, leur dernier passage au Hellfest nous revient très vite en mémoire, le groupe ayant cette fois encore eu la main plutôt lourde sur la machine à fumée. Perdus au milieu de ce dense nuage, le quintette (au line up inchangé ces dernières années) prend la scène derrière un Dave Wyndorf qui marque très vite les esprits : très aminci, le fringuant frontman nous rappelle avec émotion sa fougue du début des années 2000 ! Souriant, plein d’énergie, entraînant, interagissant constamment avec son public, incarnant chaque titre avec passion, il s’affirme à nouveau comme le frontman que l’on a connu par le passé. Et les autres ne sont pas en reste : loin d’un vulgaire backing band, chacun fait le taf et assure une présence scénique plus ou moins outrecuidante (entre les poses guitar hero et le travail rythmique de besogneux, on trouve de tout). En tout cas on ne s’ennuie pas et le groupe est généreux.
Côté set list, pas de grosse prise de risque – il faut dire qu’avec un tel répertoire, difficile de se planter avec des perles comme “Dopes to Infinity”, “Tractor”, “Negasonic Teenage Warhead”, “Look to your Orb for the Warning” ou même un plus rare “I Want more” très efficace en live. Pas franchement de surprise, le groupe se la joue un peu facile… mais quelle efficacité ! Ils terminent néanmoins un peu en eau de boudin, plus de 5 minutes avant la fin, en laissant leurs instruments ronronner dans le noir, laissant le public penser qu’ils reviendront… ce qu’ils ne feront pas, provoquant quelques sifflets plus frustrés qu’énervés. Un très grand Magnet ce soir, et plus globalement la promesse de nouvelles années fastes dans la carrière du groupe.
Crevés mais le sourire aux lèvres, on quitte le site clissonais sous un ciel clément et étoilé avec la perspective de deux autres journées que l’on n’ose espérer de la même qualité. En attendant, on va essayer de grapiller quelques heures de sommeil…
Bien aidés par un tour support probablement bien appréciable de leur écurie Relapse, les américains d’Ecstatic Vision reviennent nous rendre visite, avec notamment une grosse demi-douzaine de dates en francophonie.
C’est aux français de Yeti Lane de lancer les hostilités au Void ce soir, devant un parterre assez… discret. Le dimanche soir, quand il fait beau, le bordelais préfère manifestement rester le cul dans son fauteuil élimé pour comater devant l’inspecteur Barnaby plutôt que de lâcher une poignée d’euros et prendre un pied dont il se souviendra souvent…
Mais bref, Yeti Lane donc, duo parigot qui, s’il ne brille pas par le dynamisme débridé de son jeu scénique, force à l’admiration par sa musicalité : les plans instrumentaux spacy s’enchaînent sur une grosse demi-heure de set, faisant penser à un Mars Red Sky un peu plus planant, baigné de nappes et claviers tendance électro. Sympa et efficace.
Enfin, on est quand même venu pour Ecstatic Vision, et grand bien nous en a pris, on en est vite persuadé. Les quatre ricains rentrent dans leur set avec un professionnalisme admirable. Devant une salle n’accueillant que quelques dizaines de spectateurs, ça force le respect ! Surtout que l’énergie du groupe ne faillira pas une seule minute sur la grosse heure de leur set.
Sur scène, le groupe envoie toujours son gros heavy rock psyché lancinant, mélangeant avec un talent qu’on lui connaît groove suintant et psychédélisme, à travers un mix faisant la part belle à l’efficacité. Chaque riff bien catchy est balancé en pâture, puis rejoué, puis rejoué encore et encore, amenant une progression et une répétition qui développent une ambiance de jam psyché punchy et groovy – une machine redoutable d’efficacité.
Tandis que Doug reste l’inébranlable frontman, lâchant souvent sa guitare pour mieux aller haranguer les premiers rangs, on apprécie aussi l’apport de Kevin Nickles, multi-instrumentisme souriant et efficace, qui ajoute une dimension fun à l’ancien trio devenu quatuor.
On retiendra un set mastoc, avec des morceaux de bravoure comme un “Astral Plane” toujours aussi épique ou encore un “Electric Step” impeccable, issu de leur nouvel album.
Bref, un set dantesque, comme souvent, qui ne fut partagé qu’avec trop peu de monde. La fête aurait été encore plus folle.
C’est devenu maintenant un rendez-vous bien établi : le dernier week-end d’avril consacre le stoner en Europe à l’occasion du Desertfest (en mode combo avec Berlin et Londres). Malgré le Brexit, nous voilà donc en ce vendredi 28 avril dans la capitale anglaise pour 3 jours de son.
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Jour 1
GRAVE LINES
Le temps de récupérer le bracelet sésame qu’il est déjà 14 heures, l’heure pour GRAVE LINES d’éclabousser les murs de l’Underworld avec leur sludge bien gras. Aucun autre groupe ne jouant au même instant, la foule est dense et compacte dans la cave anglaise. Le combo en profite pour dérouler un set d’une excellente qualité, mené par un frontman dépenaillé et en parfaite osmose avec le message misanthrope porté par la musique de son groupe. Ça commence fort.
BLOWN OUT
Le retardataires n’ayant pu se frayer un chemin jusqu’à la scène de l’Underworld se sont logiquement rabattus vers le Black Heart pour le set de BLOWN OUT qui débute à 14H45. Difficile donc en venant de l’Underworld de pénétrer dans cette minuscule salle pour le set des Anglais. Nous y arrivons pourtant et profitons pleinement de l’ambiance « planante » dégagée par la musique du groupe. Le public ne s’y trompe pas et restera dense jusqu’à la fin. Une bonne bouffée d’oxygène.
THE WELL
C’est ensuite l’heure des premiers « choix » qui arrive et nous retraversons la rue qui sépare les deux salles pour choper THE WELL à l’Underworld. Le groupe y déroule ses sonorités Sabbathiennes et le public se dénuque gentiment. Malheureusement pour les texans, le parterre est plus clairsemé qu’en tout début d’après-midi. Un set propre et bien en place, mené par une bassiste plutôt sympathique ce qui ne gâche rien au plaisir.
PONTIAK
Nous partons un peu avant la fin du set pour traverser une autre rue en direction de l’Electric Ballroom et voir Pontiak démarrer cette journée sur la scène principale. Les trois barbus n’attirent pas les foules et balanceront leur stoner « folk » devant un parterre assez clairsemé. Camden veut du gras qui tâche.
BLIND RIVER
Retour à l’Underworld pour une première claque surprise. DEATH ALLEY ayant annulé, ce sont les britanniques de BLIND RIVER qui ont hérité du créneau. Le quintette anglais n’ayant rien à perdre et tout à gagner, il met le feu à la salle dans une ambiance redneck bon enfant. Le bassiste, pieds nus, se secoue dans tous les sens cachant ainsi son visage derrière sa longue crinière pendant que ses deux compères guitaristes la jouent façon duel, se positionnant régulièrement face à face. Quant au chanteur, dans le plus pur style british, il harangue l’auditoire entre les morceaux. Le set est solide, les musiciens sont juste heureux d’être là et le public est à genoux.
1000 Mods
C’est l’heure ensuite de 1000 MODS, la sensation grecque du moment de prendre d’assaut la scène d’un Electric Ballroom bien rempli et complètement acquis à la cause du groupe. Aidés par cette interaction avec un public qui réagit à l’entame des premiers accords de chaque morceau, le groupe place la barre haut en crachant une dose élevée de fuzz à travers les amplis, prélude à une soirée du même acabit. Les cacti poussent également dans la patrie d’Ulysse.
VODUN
Le jeu de ping-pong avec l’Underworld continue et nous partons voir VODUN. Ambiance tribale sur scène avec du tissu bariolé sur les amplis, un guitariste en costume moulant et maquillé pour le carnaval, une amazone peinturlurée et peu vêtue derrière les fûts, et une imposante prêtresse black, toute poitrine et voix fluette en avant. Tandis que le guitariste parsème la musique du groupe d’interludes de « douceur », il est rappelé à l’ordre par la rugosité des frappes de la batteuse qui canalise à elle seule toute la fureur de VODUN. Le contraste visuel/musical est détonnant et ne peut laisser indifférent. Une chose est sûre, VODUN est un OVNI dans la scène stoner actuelle.
GLOWSUN
Au tour maintenant de GLOWSUN, nos amis frenchies, de monter sur la scène de l’EB pour remplacer au pied levé STONED JESUS. Le groupe à pris du l’ampleur et va mettre tout le monde d’accord. Devant une salle quasi pleine, les lillois vont axer leur set sur le dernier opus, faisant bouger les têtes et créant une mini fosse devant la scène. « The Last Watchmaker’s Grave », entre autres, aura permis ce soir au trio de se faire de nouveaux adeptes à Camden.
STEAK
De nouveaux adeptes à Camden, STEAK n’en a nul besoin. Les anglais jouent à domicile dans un Underworld plein à craquer et vont rôder leur nouvel opus, No God To Save, devant un public tout acquis à sa cause. Un set propre et solide, une grosse ration de fuzz servie par un son remarquable. Du STEAK en résumé.
LOWRIDER
C’est maintenant au tour des légendes suédoises de LOWRIDER de faire leur apparition sur la scène de l’EB, comme 5 ans auparavant lorsqu’ils nous avaient promis un nouvel album. Histoire de nous faire avaler la pilule, les TOOL du stoner jouent la carte de l’humour en parlant des 17 années d’écriture bientôt terminées pour le successeur du culte Ode To Io. Et nous balancent quelques nouveaux morceaux qui laissent présager le meilleur, comme si le seul album du groupe n’était sorti il n’y a qu’un an à peine. Bref, le public headbangue, slamme, et reprend en chœur les missiles envoyés par les 4 suédois. Emportés par cet élan, les LOWRIDER ne voient pas le temps passer et se feront couper la chique juste avant leur dernier titre : faudrait pas non plus déborder sur l’horaire, d’autant que les nordiques sont connus pour leur amour du retard !
SLO BURN
Après le set des suédois, et au vu du nombre de personnes présentes à l’EB, nous préférons la jouer prudent et faire l’impasse sur THE PICTUREBOOKS afin d’avoir une place de premier choix pour les légendaires SLO BURN. Cela fait maintenant 20 ans que le groupe s’est fendu de son unique EP quatre titres, et voilà enfin une chance de les voir live. Le SLO BURN original et originel fait donc son apparition et va dérouler son répertoire 1H15 durant. Damon Garrison déchire à la basse tandis que Garcia, manifestement en forme au niveau vocal, va hypnotiser l’auditoire. Seul bémol à l’affaire, une gente demoiselle est obligée de venir sur scène entre chaque titre pour scotcher les paroles du titre suivant devant le chanteur (ce dernier aura beau nous dire que le groupe est là spécifiquement pour nous, on ne peut s’empêcher de penser qu’il se fout de notre gueule et qu’il aurait pu réviser un peu, d’autant que le date est annoncée depuis plus de 2 mois). Cela n’enlève rien à la qualité du set et à la réaction monstrueuse du public sur « Cactus Jumper », « July » ou « Pilot The Dune », morceau qui vient clôturer cette première journée 2017 de la plus magistrale des façons.
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Jour 2
SONIC GYPSY
Beaucoup de monde afflue à l’Underworld pour les vétérans de SONIC GYPSY, bande de copains qui profite pleinement d’être le seul groupe jouant à cette heure indue. Au programme, une grosse demi-heure de rock’n’roll, blues, bottleneck et harmonica, avec une touche de ROLLING STONES. Juste ce qu’il faut pour un réveil en douceur après la journée précédente.
MONOLITHIAN
Malheureusement, entre temps, le Black Heart s’est rempli et il est quasi impossible de pénétrer dans la minuscule grotte pour le set de SAMAVAYO. Nous ne profiterons que de deux morceaux, coincés dans l’escalier avant de repartir pour nous planter devant MONOLITHIAN, duo basse/basse batterie pour lequel la parité homme/femme ne sert pas à apporter douceur et finesse à la musique. C’est lourd, gras et… monolithique. Et ça tranche furieusement avec l’ambiance gypsy d’il y a à peine une heure.
BRULE
Passage rapide à l’EB pour checker des GROUNDHOGS qui ne vont pas nous convaincre et retour rapide au Black Heart pour BRULE qui démarre son set devant une salle à moitié remplie. Le son est gros, et le chanteur en forme. Les londoniens balancent leur heavy doom avant-gardiste devant un public visiblement ravi d’être là. Une prestation solide.
BRUME
A une rue de là, et à une lettre de différence, BRUME prend possession d’un Underworld rempli à ras bord. L’ambiance scénique dégagée par le groupe conquit l’auditoire et fonctionne à merveille avec leur musique lourde et lente qui prend un volume particulier avec ce chant féminin façon prêtresse. Mais pas le temps d’apprécier plus longtemps car la légende du jour arrive bientôt.
AVON
Direction l’EB où AVON, le nouveau combo d’Alfredo Hernandez démarre son set. Légende oblige, Alfredo a le droit de jouer avec sa propre batterie, frappée du logo Duvel, casque vissé sur les oreilles (sur une casquette Duvel… merci Fabrice). Pro jusqu’au bout des doigts, le groupe va enquiller les titres catchy, allant même jusqu’à reprendre « Nova », le titre des Desert Sessions qui leur a valu leur patronyme, devant un EB qui n’en demandait pas temps et réagit au quart de tour. Un set jouissif et toujours un régal pour les yeux de voir l’ex-KYUSS malmener ses fûts.
CELESTE
L’Underworld accueille ensuite CELESTE. Grâce à son gimmick scénique, le groupe va plonger l’Underworld dans une atmosphère incroyablement apocalyptique. Toutes lumières éteintes, hormis les stroboscopes et les frontales rouges qui parent chacun d’eux, les quatre lyonnais vont dérouler leur sludge/post-hardcore et créer la sensation devant un parterre totalement hypnotisé par la furie sonore du combo. Une grosse claque.
BLACK SPIDERS
Hypnotisé, le public de l’EB le sera aussi par le rock’n’roll bon enfant et sans prise de tête des BLACK SPIDERS qui vont électriser une salle bien remplie. Ça plaisante sur scène, et ça enquille les riffs sans sourciller devant une fosse en feu. Difficile pour ceux qui ne connaissaient pas les BLACK SPIDERS de ne pas rester pris au piège dans la toile tissée par leur rock sans concession. Une deuxième grosse claque.
MAMMOTH WEED WIZARD BASTARDS
Fort de l’expérience de début d’après-midi, choix est fait de faire l’impasse sur INTER ARMA pour tracer directement au Black Heart. Profitant de l’entre deux sets, nous nous positionnons devant la scène et profiterons du set de MAMMOTH WEED WIZARD BASTARDS. Forts du constat qu’un groupe possédant un de ces 4 mots dans son nom ne pouvait être foncièrement mauvais, les anglais ont claqué les 4 histoire que l’on comprenne le sérieux de la chose. Le Cœur Noir de Londres entre en transe dès les premiers accords et la température n’aura de cesse de monter dans la salle. Après deux grosses claques, voilà une bonne grosse bûche.
SCISSORFIGHT
Direction ensuite l’Underworld pour un SCISSORFIGHT qui va impressionner, aidé en cela par une fosse exclusivement composée de fans. Nos revenants américains enflamment la foule, portés par un Doug Aubin qui sait tenir une scène et profiter de l’ambiance pour asseoir la suprématie de son groupe. Le bonhomme est juste brutal, parfaitement en phase avec la férocité de la musique de ses comparses. Et le public de reprendre en chœur, dans le micro qui leur est tendu par Doug, les hymnes que sont « Tits Up » ou encore « Blizzards, Buzzards, Bastards ». Grandiose.
BONGZILLA
Vous l’aurez sans doute compris, point de JOHN GARCIA BAND pour nous aujourd’hui. Et point de TURBONEGRO également. Direction au bar de l’Underworld pour commander une Trooper (bien dégueulasse au passage) et revenir pile devant la scène avant l’arrivée de BONGZILLA. Quand les chantres du chanvre arrivent enfin, la salle est pleine à craquer (on doit certainement refuser du monde à l’entrée) et malheureusement privée du droit de… fumer des cigarettes qui font rire. Muleboy, particulièrement défoncé, promet donc au public de faire une pause clope pendant le set, histoire de se détendre un peu, avant de revenir dans l’Underworld. Il n’en sera rien. Makela et Cooter, vraisemblablement bien défoncés (surtout Makela) se rabattront sur la bière (surtout Cooter) pour assurer un set qui s’apparente plus à une répétition en public qu’à un véritable concert. Ambiance bizarre donc entre des moments où rien ne semble se passer et de furieuses transes soniques et sonores. C’est Magma derrière les fûts qui tient la baraque et évite le désastre de fort belle manière, impulsant le rythme en plantant ses yeux dans ceux de ses deux acolytes. Makela branle du manche et frise même la chute lorsqu’il tente d’escalader la rambarde pour aller larsener l’ampli qui se trouve derrière. N’empêche que même complètement stoned, le gus est transcendé dès qu’il se met en mode « bûche ». Quand ça joue, BONGZILLA est juste incroyable, et s’apparente à une dangereuse machine de guerre.
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Jour 3
WIZARD FIGHT
Point de BONGZILLA pour nous aujourd’hui, l’éloignement de la Roundhouse avec les autres spots nous aurait fait sacrifier plus d’un set. Nous restons donc autour de la station de métro Camden Town pour un démarrage de journée brutal. C’est en effet WIZARD FIGHT qui débute, et débite, au Black Heart envoyant son doom/sludge en pleine tronche de tous les lève-tôt présents en ce dimanche.
HARK
A peine le temps de respirer que HARK va écrabouiller l’Underworld avec son rock teinté de sludge. Le trio gallois, devenu il y a peu quatuor, est plutôt mal placé dans le running order mais profite de la renommée qu’il a déjà pu acquérir pour détourner des festivaliers du deuxième set de BONGZILLA. Puissant à souhait et unique en son genre, HARK s’insinue inexorablement dans les têtes, dévissant une tapée de nuques au passage.
ELEPHANT TREE
Beaucoup de festivaliers ayant fait l’impasse comme nous sur la Roundhouse, nous préférons zapper BOSS KELOID et rester à l’Underworld afin de nous assurer une place de choix pour ELEPHANT TREE. Bonne pioche puisque nous serons devant la scène pour le set des londoniens tandis que l’Underworld déborde sur les trottoirs. Quand le trio attaque, le public (ainsi que des mecs de STEAK présents en bordure de scène) est prêt à recevoir sa première gifle de la journée. Ponctuée par une version ralentie et alourdie de « Paranoid » (tout un symbole), la prestation s’apparente plutôt à un Uppercut avec un « U » majuscule, comme celui que s’est mangée Vladimir Klitschko la veille dans cette même ville. ELEPHANT TREE : les Anthony Joshua du Desertfest.
MAMMOTH STORM
Après tant de classe, et un déphasage après 3 jours de festival, une pause déjeuner s’impose. Nous revoilà fin prêt pour MAMMOTH STORM. Les vikings font honneur à leur patronyme et assomment le public du Black Heart avec un déluge de décibels et un doom sans concession. Les murs du Cœur Noir vont encore trembler et suinter le sludge pendant plusieurs semaines.
PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS
Direction l’Underworld, attisés par la curiosité PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS. Avec un set à la fois sonore et visuel, les anglais ne laissent pas indifférents. Portée par des riffs lourdement accrocheurs, la musique du groupe fleure bon BLACK SABBATH, à tel point qu’on s’attend presque à voir le père Ozzy débouler sur scène. Il n’en est rien : le chanteur, vêtu d’un simple short de boxe, beugle, hurle, rampe, et vit son concert. Il martyrise également son pauvre clavier qui n’en demandait pas tant. Tandis que ses acolytes tiennent la baraque à coup de riffs incisifs et de rythmiques de plomb, Matt focalise donc toute l’attention pour une prestation visuelle proche de l’orgie cradingue et répugnante. Nos sept cochons portent ainsi plutôt bien leur nom.
CANDLEMASS
Fin de journée approchant oblige, nous prenons enfin la direction de la Roundhouse et arrivons juste à temps pour le début du set de CANDLEMASS. Premier constat : l’acoustique de l’endroit est impressionnante. Deuxième constat : les vétérans doomsters scandinaves sont en forme. Le show est bien rôdé et fait la part belle aux brûlots des eighties que sont “Nightfall” et “Ancient Dreams”. Quand résonne « A Cry From The Crypt », le mot épique prend tout son sens. La Roundhouse a déjà un genou à terre.
SLEEP
Déboule enfin SLEEP. La scène est on ne peut plus minimaliste, la batterie étant littéralement coincée entre deux murs d’enceintes devant lesquels Cisneros et Pike viennent se planter. Beer belly en avant, dieu Pike décoche son premier riff. Et la terre s’arrête de tourner, le temps de s’écouler, et la Roundhouse se transforme en un volcan sur le point de se réveiller. Le trio groove comme jamais et fait trembler une capitale anglaise qui sent poindre l’apocalypse. Et lorsque retentit l’intro de « Dragonaut », l’éruption tant attendue se produit. Les riffs de Pike se répandent comme de la lave en fusion et détruisent toute trace d’humanité sur leur passage. Un SLEEP prophétique donc qui viendra ponctuer son set par l’outro de “Dopesmoker”. Ne reste plus au trio qu’à contempler la fumée qui s’élève des cendres de la Roundhouse, et planter guitare et basse devant les amplis pour un dernier larsen salvateur.
Le concept du Glad Stone Fest est une chouette initiative : c’est la fête de la musique de Glad qui, en septembre 2010, organise une sorte de mini festival avec les groupes qu’elle aime histoire de dépenser vite fait bien fait ses indemnités licenciement. Un concert unique qui en a, sans autre raison particulière que la passion, amené huit autres. Se sont alors succédés des noms aussi prestigieux ou prometteurs que Conan, Mos Generator, Midnight Ghost Train, Greenleaf, Glowsun, Abrahma, Samothrace, Stoned Jesus, Valley Of The Sun, Blaak Heat (Shujaa), Sunnata, Wheelfall, Enos ou Domadora sur à peu près toutes les scènes que compte l’underground parisien. La liste d’amis répondant présents s’est élargie et c’est désormais à Glazart qu’a lieu la 9ème édition qui a cette particularité d’être, comme les 8 précédentes, la dernière que Glad organise.
Glazart, 18h30, le temps de savourer du houblon sur la plagette et déjà les premières notes de Deliverance nous happent devant la scène. Ici pas de banjo ni de rednecks consanguins mais deux membres d’Aqme (et ex-Lazy) aux guitares, un ex-Abrahma (et actuel Junior Rodriguez) à la batterie et le chanteur de Memories of a Dead Man. Un line-up affriolant pour 45 minutes de blackened sludge bien branlé, noir comme le charbon et crasseux comme des oreilles de doomsters en fin de festival. Leur premier album vient de sortir chez Deadlight Entertainement et nous ne saurions que trop vous conseiller d’y jeter une oreille.
Eux aussi signés sur le petit mais courageux label ariègeois, Cowards, combo naviguant à vue entre sludge, musiques « post » et black metal, investit la scène ensuite. Affichant alors une agressivité saisissante, le quintet déverse rage et riffs durant son temps imparti devant un public grandissant et quelques nuques déjà se balancent avec frénésie.
Leur premier album était d’ailleurs sorti chez Throatruiner, label du chanteur de Fange qui, hasard du calendrier, prend la suite sur la scène de Glazart. Leur apocalypse sonore étreint l’assistance pour ne les recracher qu’à la fin du dernier larsen. Épique.
Seul groupe étranger de l’affiche, Wolvennest verse dans un doom planant et ésotérique. La scène emplie de bougies et de décorations occultes, le collectif (dans lequel on retrouve un membre de Mongolito et un de La Muerte) articule des riffs oscillant entre heavy lent et early black metal, dans une veine rappelant un peu Blood Ceremony. Au chant et programmations, Shazzula incante, psalmodie et embarque Glazart dans une dérive douce amère vers les abysses. Un grand, un très grand moment.
Pour clôturer, Hangman’s Chair, que l’on ne présente plus, investit la scène après un introduction sur « Ecoutez moi les Gavroches » de Renaud. Le quartet déroule alors une petite heure de son heavy rock dépressif. Piochant principalement dans This Is Not Supposed To Be Positive publié en 2016 et jouant évidemment les titres du split avec Greenmachine sorti il y a quelques semaines, dont la somptueuse « Can’t Talk », probablement le meilleur titre du groupe. Si l’on peut regretter qu’aucune chanson de Leaving Paris ne soit jouée et que juste « No Rest I’ve Found » n’ait été extrait de (A Lament For…) The Addicts, le moins que l’on puisse dire c’est que le show de ce soir était indiscutablement génial.
Vivement le Glad Stone Fest X au Zénith avec Gojira tiens.
Ce jeudi 6 avril, Garmonbozia organisait au Backstage By the Mill à Paris une soirée à ne manquer sous aucun prétexte, puisqu’elle réunissait Deathrite et surtout Mantar, un des meilleurs groupes live de la dernière décennie, si ce n’est du siècle, oui Monsieur. Ajoutons à cela deux excellents albums sortis en 2014 et 2016. La liste s’allonge et les absents commencent à se bouffer les doigts. Calmez-vous, on vous raconte tout ci-dessous.
Les allemands de Deathrite ouvrent la soirée en toute violence avec sa guitare crado, ses blasts et ses vocaux caverneux. Comme vous pouvez vous le figurer, Deathrite ne fait pas dans la dentelle mais plutôt dans le death old school. On pense aux groupes de la vague swedish death metal genre Entombed ou Dismember, avec ce son particulièrement moche et caractéristique de la fameuse pédale HM2, avec un penchant assez punk. Deathrite insère aussi quelques passages plus lents et plus lourds, qui ajoutent un peu de morbidité à l’ensemble. Seul bémol, le jeu scénique du groupe n’est pas franchement folichon et enjaillant. Sur ce genre de musique, on s’attend quand même à un peu plus d’énergie et autre chose que « je lève mon pied de micro, je le repose, puis je le relève, yeah, vive le rock ». Musicalement, on pourrait se demander quel rapport il y a avec Mantar, qui évolue dans un registre complètement différent, et c’est finalement tant mieux. On a souvent l’habitude d’avoir des groupes assez similaires à l’affiche d’une même soirée, mais ce soir on est bien content de se faire réveiller par le death grind de Deathrite.
La salle commence à être déjà bien remplie lorsqu’arrive le tour de Mantar, entité maléfique et cinglée née de la fusion de Hanno Klärhardt et Erinç Sakarya. Comme d’habitude, les deux bonhommes anticipent les litres de sueur qu’ils s’apprêtent à perdre et arrivent torse poil avant d’entamer « Cult Witness ». Mantar en live ne se fout pas de toi : ce groupe ne joue pas de la musique mais la vit et l’incarne.
La crasse des morceaux occupe la chair des membres, surtout celui du guitariste chanteur. Le filiforme Hanno déforme son corps élastique pour adopter les positions les plus tortueuses et inconfortables, il s’écrase contre le mur, se plie en deux accroupi au sol, se crispe, se raidit. Face à lui se dresse Erinç et son physique d’armoire normande, qui soutient le regard de Hanno tout en menant à mal ses fûts. La tension entre les deux membres est saisissante.
Tous les deux se livrent littéralement corps et âme à leur musique et quittent leurs rôles d’interprètes pour devenir les victimes du monstre qu’ils ont crée. Forcément, une interprétation aussi spectaculaire a des retombées sur le public, qui se déchaine crescendo au fil des morceaux : « Cross the Cross » qui nous rappelle les meilleurs riffs de Black Cobra, « Sundowning » qui permet à Erinç d’achever complètement sa batterie, ou le tubesque « Era Borealis » où toute la foule reprendra ensemble le refrain. Une heure de set et le groupe est déjà parti. On attend un rappel, en vain. Dommage.
Deathrite a ouvert les hostilités d’une manière plus qu’honorable et Mantar n’a pas failli à sa réputation. Une telle prestation dans une salle intimiste comme le Backstage By The Mill fait rentrer la soirée au panthéon des meilleurs concerts auxquels j’ai pu assister, sans exagération. Le set de Mantar est tout de même passé très vite et on aurait volontiers terminé sur un rappel, mais tant pis. Mantar über alles !
Ce dernier lundi, Garmonbozia remettait les couverts d’une affiche à succès que l’on commence maintenant à bien connaître: My Sleeping Karma accompagné de Colour Haze au Divan du Monde. 2 groupes allemands qui font maintenant figure de référence dans la sphère stoner, autant dire que ce rendez-vous était un incontournable pour les aficionados du style. C’est donc sans surprise que la soirée se jouait à guichet fermé.
[photos : Daali Vänn]
Devant une salle bien remplie, My Sleeping Karma entre sur scène et avant de jouer la première note, le groupe s’enlace sereinement, sans un cri de guerre. Ce petit rituel qui ouvre chacun des concerts de My Sleeping Karma est assez emblématique de l’union qui règne au sein des membres. A l’heure où de nombreux groupes qui commencent à accumuler un certain nombre d’années d’existence se foutent sur la gueule et se détestent tous mais continuent à tourner pour des raisons pécuniaires, My Sleeping Karma semble être à des années lumières de ce modèle là. Si les 4 bonhommes font de la musique ensemble, c’est parce qu’ils ont ça dans le sang et qu’ils s’aiment. Et c’est ce qui transpire de chacun des lives du groupe, celui de ce soir ne faisant pas exception. Tout le monde a le sourire aux lèvres et s’implique corps et âme dans chacun des morceaux joués. Forcément, une telle communion et une telle énergie sont très vite significatives pour les spectateurs, impossible de ne pas être soi-même happé par les méditations de ces 4 bouddhistes du stoner. Avec ce son toujours inimitable et caractéristique, le groupe fait défiler sa discographie, de leur dernier opus Moksha en passant pas les plus anciens et désormais classiques “Ephedra”, “23 Enigma” ou bien “Ahimsa”. Avec sa bonne humeur communicative et ses morceaux planants, assister à un live de My Sleeping Karma refile toujours la pêche. Plus efficace que le Lexomyl, mais tout aussi addictif.
[photos : Daali Vänn]
Colour Haze poursuit la soirée et entame son set alors que des images kaléidoscopiques et colorées brillent sur l’écran derrière eux. Le ton est donné, celui d’un psychédélisme directement inspiré des 70’s, avec la patte stoner et bluesy en plus bien évidemment. Autant le dire tout de suite, 90% des morceaux de Colour Haze reposent sur le jeu du guitariste chanteur Stefan Koglek, qui porte chaque composition où bon lui semble avec ses solis et ses quelques riffs. Car oui, vous trouverez plus de solo que de gros riffs qui tâchent chez Colour Haze. Dans cette ambiance tamisée, le son chaud de Stefan ronronne doucement, et la basse et la batterie ne manquent pas de le soutenir, toujours avec cette retenue et cette finesse légèrement folle évoquant un peu le jazz. On pourrait se croire sur le plateau de One Shot Not. Il est loin le temps où l’on remuait sur My Sleeping Karma… Mais attention, Colour Haze est aussi capable de nous faire bouger, avec des titres au groove imparable comme “Mountain” ou “Aquamaria” qui ne manquent pas leur cible et déchainent la fosse comme il se doit. On trouvera aussi les tout aussi funky “Love” et “Roses” ou encore “Magnolia” et “Labyrinthe”, tous deux extraits de leur dernier album sorti il y a peu, In Her Garden. On peut cependant reprocher à Colour Haze de se perdre parfois dans quelques longueurs, où le groupe semble être en pleine jam-session interminable. Une fois l’éblouissement devant la virtuosité du guitariste passé, certains morceaux lassent et font naître une légère impatience au sein du pit ; on va se chercher une autre bière, on regarde sa montre… Malgré cela, voir Colour Haze en live est toujours l’assurance d’un bon moment.
Une soirée à la hauteur de ses promesses ; My Sleeping Karma et Colour Haze se complètent parfaitement bien et nous font une nouvelle fois passé un très bon moment. Merci à eux!
Pau ville rock ? Un peu d’ironie et d’amertume derrière cette fausse question, a fortiori quand on connaît bien la ville. Quelques assos pourtant se bougent depuis des années, à l’image de A Tant Rêver du Roi, vétéran activiste de la capitale béarnaise, qui a fait venir ce soir l’un des meilleurs groupes du genre en France (et ailleurs) ; un beau geste qui mérite un coup de chapeau.
Alors avant tout le public fut-il au rendez-vous ? Oui au regard de la capacité de cette petite salle (un modeste complexe très cool proposant aussi des locaux de répèt’ pour les groupes) : on comptera au pifomètre un peu moins d’une centaine de personnes environ, qui remplissent presque complètement ce petit espace confortable. Soit, si on le projette en proportion de la population respective de chaque ville, l’équivalent d’un concert de 2500 personnes à Paris quand même ! Pas de quoi rougir, quoi, un résultat très honorable…
Pour chauffer les effectifs, Beat Still Noise Us, un projet-concept pour le moins atypique, où Sébastien s’active derrière son kit de batterie, seul en scène. Le bonhomme lance des loops, samples, nappes de synthés d’un simple coup de baguette, et ajoute à ces plans tour à tour punchy ou hypnotiques ses parties de batterie en fond. Drum’n’bass, électro, tout y passe, et le public accroche pas mal, malgré un jeu de scène (logiquement) un peu ennuyeux, pas vraiment boosté par un light show rouge pour le moins statique…
A peine le temps de déguster un peu de houblon issu de productions locales, et l’on se rapproche de la petite scène sombre et cosy où le trio prend place. Aguerris par des dizaines et des dizaines de concerts donnés dans le monde (peu de groupes, a fortiori français, peuvent s’en prévaloir), les bordelais s’engagent dans une intro presque ouatée, avec une montée en tension progressive bienvenue. Peu à peu se dessine un set immersif, construit dans une volonté d’efficacité optimum, et ciselé au scalpel. Peu d’interruptions (quelques échanges souriants avec le public – souriant lui aussi, béat même), les titres s’enchaînent avec souplesse et logique. Le groupe plante comme à son habitude des paysages variés, alternant ses rythmiques bardées de plomb emblématiques avec des plans légers emportés par le chant de Julien, modulant toujours à la perfection son instrument (oui oui) vocal. La formule a fait ses preuves et continue de convaincre, tout en affirmant encore l’identité du groupe et sa spécificité.
Même si son dernier effort se taille logiquement une belle place dans la set list de ce soir, le reste de la riche discographie du groupe n’est pas oubliée, avec quelques saillies dans le superbe “Stranded in Arcadia” (superbe “Hovering Satellites”) ou l’album éponyme entre autres.
Sur l’incontournable “Strong Reflection”, tandis que la fin du set se dessine, Jimmy grimace un peu, ce qui peut presque paraître logique au vu des rythmiques pachydermiques qu’il dresse depuis plus d’une heure avec son partenaire Matgaz. Bel exemple sur ce titre d’ailleurs, dont la conclusion est étirée et appuyée pour un effet surenchérissant dans la lourdeur… Sauf que non, il y a un petit soucis d’ordre médical (rien de grave, on rassure les fans du groupe), qui force le trio à interrompre le set un peu abruptement, heureusement près de la fin du dernier titre du set. La frustration se noie donc dans la lente et plaisante “redescente” d’un public conquis.
La soirée fut excellente, et se termine avec encore de vastes sourires (et encore quelques décilitres de houblon).
Jeudi 19 mars, New Noise était à l’initiative (avec Kongfuzi) d’une soirée au Trabendo réunissant Russian Circles, Cloackroom et Dirge. Une soirée en adéquation avec la direction artistique du magazine, ne se bornant pas à un genre précis mais allant là où il y a de l’originalité et du sang neuf (et un tantinet de hype, il faut l’avouer). Si les trois groupes cités restent assez différents les uns des autres, ils se rejoignent sur leur orientation vers le lourd et le percutant, où batterie et basse fusionnent pour nous assener de douloureuses taloches. En bref, une soirée où il ne faisait pas bon de trainer vers l’ampli basse.
Premier constat, on trouve dans la salle déjà bien remplie de nombreuses espèces autre que le commun barbu en veste à patch fleurant la bière et saisissant l’occasion d’un silence entre deux chansons pour meugler une fantaisie hilarante et ô combien originale du genre « à poil !». Le public est éclectique, et c’est la preuve que Russian Circles draine un large public (puisqu’on suppose que tout le monde est venu pour eux, à moins que ça ne soit pour le foodtruck situé en extérieur et proposant des burgers à 10€, sait-on jamais).
Les parisiens de Dirge sont chargés d’ouvrir la soirée. Formé en 1994, Dirge a mené son existence à l’ombre des projecteurs, qu’ils auraient pourtant mérité sur eux depuis un paquet d’années. Au départ tourné vers le metal industriel, le groupe s’est dirigé petit à petit vers un post-metal cérébral qui ne se soucie pas de la case dans laquelle on va le ranger. C’est sombre, les guitares chialent des notes torturées, la basse cogne, et chaque coup de cymbale résonne comme une déflagration nucléaire. On pense à du Neurosis en un peu plus atmosphérique et moins barré ; Dirge est plus cyclique et hypnotisant. Un groupe que l’on aimerait sincèrement voir plus souvent en live car c’est une belle claque.
C’est un pari risqué que de laisser à Cloackroom la responsabilité de prendre la suite de Dirge, puisque les américains ne jouent pas vraiment dans la même catégorie. Cloackroom est plus proche du shoegaze que du metal, et ça, au risque de faire râler les plus TRVE présents ce soir. La voix du chanteur guitariste, fragile et hésitante, fait énormément penser à celle de Morissey, et dans une ambiance vaporeuse et fuzzy très 80’s, Cloackroom nous rappelle les groupes de noise pop de l’époque genre The Jesus and Mary Chain. Dommage que le batteur ne connaisse pas la retenue, celui-ci cogne fort quelle que soit l’énergie du moment, aussi bien sur les passages planants que sur les autres qui balancent plus. Car oui, Cloackroom nous gratifie lors de rares moments d’interludes grasses à souhait. Malgré une formule qui peut sembler alléchante sur le papier, l’ensemble est trop linéaire et chaque morceau se ressemble trop. L’impatience se fait sentir avant les cercles russes.
On peut maintenant l’affirmer : tout le monde est là pour voir RussianCircles. La salle qui était jusqu’alors praticable ne l’est plus du tout, et un rapide aller-retour en terrasse aura suffi pour que l’on se retrouve subitement face à un bloc humain infranchissable entre nous et la scène. Les piètres photos pourront en témoigner. A croire que les organisateurs ont vendu plus de places que le Trabendo ne le permettait. Les trois américains arrivent sur scène et entament le concert avec les deux premiers titres de leur dernier album Guidance, “Asa” et “Vorel”. Ces deux titres à la montée progressive ont le don de jouer avec les nerfs du public qui n’attend qu’une seule chose : le paroxysme de la puissance pour pouvoir exploser, enfin.
Russian Circles déroule ses morceaux avec une aisance déconcertante. Un membre alterne sans problème entre la basse et la guitare, au sein d’une même chanson parfois, tout en gérant un pedalboard d’une valeur d’un demi millions d’euros au moins. Même remarque chez le second guitariste, mais qui lui n’a qu’un seul instrument (la honte). Rien d’étonnant pour un groupe passé maître dans l’expérimentation sonore et qui exploite les effets comme personne. Du moindre poil de distorsion au plus petit zeste de réverbération, tout est calculé et réglé comme du papier à musique. Quant au batteur, son lien de parenté avec Shiva est évident. Son jeu est tout simplement incroyable, et l’on se rend compte que toutes les compositions du groupe reposent sur ses patterns de batterie ultra-détaillés, méga-groovy, uber-complexes et à la précision chirurgicale. Si on retrouve quelques titres d’albums plus anciens, le set fait la part belle aux deux derniers albums, avec des titres comme “Mota”, “1777”, “Deficit” ou encore “Afrika”. Déchainer les passions, faire frissonner l’épiderme, bousculer les entrailles, voilà le pari amplement réussi de Russian Circles.
La grâce, voilà le mot que l’on doit retenir de ce concert de Russian Circles. La grâce de l’exécution d’un set impeccable, la grâce d’une musique épique et intelligente, et la grâce dans laquelle ce concert nous a plongé. Dommage qu’il y ai eu autant foule et qu’il était par moment vraiment difficile d’apercevoir quelque chose. Mais face à une telle virtuosité, c’est légitime. Encore chapeau à Dirge, super amuse-gueule avant l’apothéose.
Nous n’allions tout de même pas passer à côté d’Elephant Tree lors de leur tournée française après le bel album qu’ils ont pondu l’année dernière. Et sachant que le perfide trio va ensuite fouler les scènes des plus gros festoches stoner de la saison, il eut été dommage de ne pas les voir en petite configuration. Bienvenue donc à Lyon pour cette date estampillée L’œil de Néron et confinée dans la cave-cœur du Bar des Capucins, voûte rocailleuse suintant la Gaule et la cervoise.
Mais la tâche d’ouvrir la soirée revient aux jeunes loups de The Necromancers, accompagnant les anglais sur l’ensemble de la tournée. Le quartet originaire de Poitiers City Plage et franc-maçonneur de l’édifice Crypte, en profite donc pour dérouiller son futur album à paraître. Un rock sombre et huileux lorgnant du côté d’Uncle Acid, double-pédalé par instants et aux guitares inspirées. Alors oui, la qualité des compos est là, reste au groupe à peaufiner encore la clarté de certains breaks, une attitude scénique moins empruntée et la morgue nécessaire pour affirmer son identité. Mais il y a fort à parier que les gonzes vont réussir à creuser leur sillon dans le paysage musical actuel. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
Le temps de se payer la tite pinte qui va bien que le trio anglais est déjà en place. Démarrer le set par « Aphotic Blues » plonge le public directement dans le bain. Guitare et basse toute grasse et rentre-dedans, batterie précise et vocaux aériens, la formule n’est pas neuve mais les anglais la maîtrisent de bout en bout, ce qui leur a valu de belles places dans les charts de fin d’année. Les morceaux déroulent, les nuques ondulent, ça chaloupe en ce vendredi soir lyonnais. La sympathie du trio et la qualité d’écriture permettront de passer outre les voix quelque peu en retrait. Une heure, c’est trop court quand on est bien dans le bain. Et ce soir clairement, on aimerait patauger un peu plus longtemps dans les sels de l’arbre éléphant. Las, nous aurons l’occasion de revoir les anglais très prochainement et ce, pour notre plus grand plaisir.
Ainsi s’achève une nouvelle soirée troussée par L’œil de Néron qui depuis un peu moins de 2 ans peut se targuer de quelques jolies affiches entre Rhône et Saône. Et attention EXCLU desert-rock.com, on apprendra plus tard que les Necromancers et Elephant Tree auront eu le droit à une tartiflette, qui, une fois prononcée par un anglais, se transforme en « tarte du flette ». De rien pour l’anecdote, ça fait plaisir.
Une anecdote légendaire résume à elle seule l’importance de Black Sabbath sur les musiques stoner et doom : Chris Goss aurait accepté de produire Blues For The Red Sun lorsque Josh Homme, alors jeune rouquin adepte du mauvais traitement sur guitare, lui aurait répondu qu’il ne connaissait pas Black Sabbath après un concert lourd et ravageur donné par Kyuss dans un club de los Angeles. Car Sabbath ce n’est pas du stoner, ce n’est pas du doom, ce n’est même pas du metal, c’est un préalable à toute idée de musique heavy. Tony Iommi et sa bande ont, à l’aube des années 7O, défini les jalons du genre qui nous rassemble aujourd’hui. Alors, à l’heure où le monstre décide de prendre sa (énième) retraite sur ses terres natales, nous ne pouvions nous empêcher d’être présent.
Birmingham n’est pas ce qu’il convient d’appeler une ville riante. Friche industrielle en mal de reconversion, l’ancien antre métallurgique anglais fût, outre un haut lieu de production automobile, le berceau de Sabbath, Judas Priest, Godflesh, Esoteric, Napalm Death ou Doom. Robert Plant et Glen Hugues aussi sont du coin. Autant dire que oui, Birmingham est une terre de metal et c’est tout naturellement que les pères fondateurs reviennent tarir définitivement la source qu’ils ont eux même forée.
Samedi 4 février donc me voilà devant la Genting Arena – sorte de gros Bercy – juxtaposée à un complexe hôtelier, en périphérie de la ville, entre aéroport et autoroute. Quelques milliers de fans sont déjà rassemblés dans l’immense hall, se ruant sur les nombreux stands, bouffe, boisson et merchandising, dont les prix affichés, combinés à l’affluence donnent à penser que la retraite sera dorée. La salle sera pleine et déjà, lorsque Rivals Sons, chanceuse première partie de l’ensemble de la tournée d’Adieu des ¾ de Black Sabbath, monte sur scène, la fosse est bien garnie. Soyons honnête, vu mon état d’excitation à l’idée de dire au revoir à mes idoles, si gâteuses et incontinentes soient elles, j’aurais pu assister au concert de Jimi Hendrix en première partie sans lui trouver une once de talent. Je me garderai donc de jauger avec honnêteté la prestation de Rival Sons, combo hard rock revival sensuel poseur dont je pense déjà le plus grand mal en temps normal. Les quinquas anglais qui m’entourent ne sont pas avares en applaudissement quant à eux. De mon côté je saluerai uniquement leur sortie de scène, ne me séparant plus que de 20 minutes du vrai tomber de rideau.
Lorsque le backdrop (projeté) affiche en lettres nobles le nom de la bête, tout Birmingham perd la tête et c’est avec la même vidéo qu’au Hellfest (et que sur le reste de la tournée) que s’ouvre le concert.
Comment alors juger la prestation du Sabbath ? Je dirai au mieux de ce que l’on pensait voir. Évidemment les projections vidéos sont pathétiques, évidemment Ozzy fait ce qu’il peut, sans risque ni panache, abusant des « let me see your hands » et autres « God Bless You All » (sérieusement ne faites pas un drinking game sur ces deux phrases, vous risquez le coma éthylique), mais le son est énorme, parfait, et la set list, quoique sans surprise, passe en revue la période qui, en dehors de quelques illuminés, est celle sur laquelle tout le monde s’accorde comme étant la seule qui vaille vraiment. « Black Sabbath » en introduction, « Paranoid » en rappel, et les incontournables « War Pigs » ou « NIB » côtoient « Dirty Women » et « Under The Sun/Every Day Comes And Goes ». Le medley de milieu de set nous permettra de saluer une dernière fois les riffs de « Supernaut », « Sabbath Bloody Sabbath » et « Megalomania » avant l’infernal et habituel solo de batterie, qui nous laissera le temps, finalement, d’aller s’informer du score de Dijon – PSG.
Le groupe lâche des centaines d’énormes ballons sur « Children Of The Grave » et des milliers de confettis siglés Black Sabbath lors de « Paranoid ». Entre foire et concert, la foule exulte et les musiciens viennent une toute dernière fois saluer le public (l’occasion de noter la présence d’Adam Wakeman, fils de, au clavier, qui a, tradition oblige, joué depuis le coté de la scène et que l’on n’a quasiment jamais entendu) avant de gagner le droit de s’octroyer un repos bien mérité, des albums solo et surement un ou deux concerts en festivals durant lesquels ils seront grassement payés. Comptez sur moi pour nier l’existence de cette éventualité et de rêver, égoïstement, que la bête s’est éteinte dans mes bras, avec panache, un samedi soir de février 2017.
Nancy : sa belle place Stanislas, son charmant centre-ville et ses innombrables autres sites culturels tels que le Hublot, qui nous proposa une bien belle affiche. On aurait pu faire un tour du côté de Paris, mais l’envie de profiter pleinement de la fraicheur provinciale du Grand Est était trop grande. Arrivé un peu plus tôt histoire de rencontrer Truckfighters pour une petite interview, le site semble sympathique : salle spacieuse, personnel souriant et odeur rock’n’roll. Mais le show ne commencera pas avant un bon 21h et l’impatience du public pour rentrer (oui parce qu’il fait quand même très froid) se fait sentir. Enfin prêts pour profiter de ce triple choc Rock en train de sillonner dans toute la France.
C’est Dot Legacy qui ouvre le bal avec une certaine fougue qui ne nous laisse pas indifférents. Ce quatuor Parisien sait se donner : son puissant, énergie débordante et ambiances très variées. On apprécie les nombreuses influences qui en ressortent mais c’est surtout Mars Volta qui nous vient de suite. Le public, un peu timide certes et encore peu nombreux, rend la balle aux musiciens en rentrant doucement dans les variations et délires en tout genre. D’ailleurs, ce jeune groupe n’hésite pas à nous offrir des phases a cappella qui donneront le plus bel effet. Dommage que le son du Hublot se révèle être un peu en dessous de ce qu’on peut attendre pour un show Stoner : murs en béton qui envoient le son parfois dans tous les sens et rapport du volume des voix un peu en dessous des instruments. Donc une bande Made in France à suivre et à revoir au plus vite.
Très rapidement après, et c’est fort appréciable, Deville est déjà en train de monter sur scène. Ils sont beaux, ils sont forts et surtout, ils se donnent à fond. On ressent de suite la bonne humeur et l’envie de faire plaisir au public, qui commence à croitre. Le guitariste et le bassiste se déplacent sans cesse afin de changer de place et ils partagent énormément avec nous à coup de sourires, de grimaces et d’approches. La base rythmique est parfaite et ça frappe fort. Puis on est un peu déçu encore une fois de ne pas entendre plus la voix de Andreas Bengtsson, qui est souvent étouffée par les instruments, alors que son chant est bien puissant et surtout très nécessaire à la cohésion de Deville. C’est dommage car tout le groupe déploie la grosse artillerie avec des titres comme « What Remains », « Lava », « Make It Belong To Me », la puissante « Deserter »et le magnifique final avec la bien grasse et lourde « Rise Above ». N’empêche que les Suédois nous offrent une belle démonstration artistique et on leur souhaite de gravir un peu plus les échelons de la scène Stoner-Rock.
En parlant de Suédois, voilà qu’arrive le duo de choc, Dango et Ozo, avec une certaine envie de faire vibrer Nancy. Puis on découvre un nouveau et énième batteur qui semble heureux de prêter main forte à Truckfighters. Le show démarre sur « Mind Control » pour ensuite nous offrir un large panel de la discographie du groupe. Et étrangement, le volume sonore prend le pas sur ce qu’on avait pu entendre précédemment : son bien fuzz, voix encore un peu faible mais bien mise en place. Puis c’est surtout cette bonne humeur et cette énergie qui fait plaisir à voir. Dango, comme à son habitude, saute dans tous les sens, tombe par terre et s’en va vers d’autres mondes, tandis que Ozo s’amuse avec nous en jouant directement dans la fosse et à nous apprendre à parler Suédois. On regrette un peu quand même que le batteur du groupe soit un peu en dessous des deux comparses. Mais le mur de son et la complicité des musiciens avec le public nous fait oublier ce petit détail. On aura le droit de découvrir deux nouveaux titres de l’opus V dont « Calm Before The Storm », puis bien évidement des gros titres comme « Mastodont », « Monte Gargano » et l’incontournable « Desert Cruiser » qui donnera la chance à certains d’entre nous de prendre les micros et de chanter avec le groupe.
Ce fut donc une bonne soirée avec un trio Stoner qui fonctionne vraiment bien. On aurait d’ailleurs apprécié voir plus de monde, ce qui n’aura jamais empêché chacun des groupes de tout donner pour cette charmante ville qu’est Nancy.
Avant de s’attaquer à un nouvel album, les italiens d’Ufomammut se sont lancés dans ce qu’ils présentent comme une tournée européenne d’adieu à leur dernier opus en date, Ecate. Au programme de ce très justement intitulé Ecate Farewell Tour, l’intégralité de l’album joué en live. Pour l’événement, ils sont venus au Backstage By The Mill accompagnés de Cairns et Beesus.
On arrive malheureusement trop tard pour Cairns, groupe de doom/sludge, et une fois traversé le pub et passé la porte du fond qui mène à la scène du Backstage By The Mill, on découvre une salle à moitié pleine (ou vide, c’est selon) pendant le set déjà entamé de Beesus. Les 4 romains livrent des compos heavy/grunge assez maladroites, et le chanteur semblant incarner la caricature grossière d’un poète torturé et mal dans sa peau ne fait rien pour arranger le malaise. Coup de grâce, le public n’est pas du tout réceptif et froid comme la mort. Dure entrée en matière.
Qu’à cela ne tienne, si on voulait voir des italiens ce soir, ce sont ceux d’Ufomammut et pas d’autres.
Après un long et massif bourdonnement sonore en guise d’introduction, le groupe ouvre les hostilités. Lumières rouges (qui ne changeront pas de tout le concert, peut être le régisseur lumière était-il en arrêt maladie ce soir là) et projection vidéo d’images kaléidoscopiques viennent planter le décor autour des trois bonhommes, un guitariste, un bassiste chanteur et un batteur. Une formation minimaliste pour des compositions qui le sont tout autant, du moins mélodiquement parlant.
En bon architecte sonore, nul doute qu’Ufomammut a dû passer plus de temps penché sur ses différents effets venus d’ailleurs que sur ses instruments à cordes. Vous ne trouverez donc aucun riffing, mais des bruits de l’espace, des morceaux aux textures travaillées, réfléchies, afin d’élever l’auditeur le plus haut possible lors de passages suspendus dans l’air et le temps autour de la voix réverbérée du chanteur… Ou de l’écraser plus bas que terre avec d’autres plus pesants qui t’enclument le visage sous des basses bien fumantes. Le nom du groupe ne pouvait d’ailleurs être mieux trouvé : la rencontre de l’ovni et du mammouth, la technologie au service de la bestialité originelle.
Si l’œuvre des mammouths de l’espace est plus qu’honorable, elle demande un certain effort d’attention sous peine de décrocher rapidement et de la juger répétitive et lassante. Et le live de ce soir ne déroge pas à la règle. Certains moments semblent plus longs que d’autres, et on aurait aimé un groupe plus communicatif pour parfois pallier notre inattention. Avouons-le, l’acoustique de la salle n’aide pas. Entre l’énorme pilier situé en pleine fosse et la proximité de l’espace bar, les conditions ne sont pas optimales pour rentrer dans l’ambiance. Une fois Ecate achevé, Ufomammut revient pour un rappel d’une quinzaine de minutes, qui clôture définitivement la soirée.
Malgré quelques longueurs et un jeu scénique pas franchement excitant, Ufomammut maîtrise sa musique parfaitement et réussi tant bien que mal à nous transporter dans son univers d’un futur préhistorique, où les droïdes côtoient les dinosaures.
On a quitté L’œil de Néron et le Jack Jack voilà moins d’un mois, la scène encore chaude des braises du Bal Doom-Doom, et voici que Le Grand Incendie ravive les flammes de la fuzz et de la folie. 5 groupes pour un samedi haut en saucisses et en sourires, une première édition qui aura comblé les espérances des quelques 400 personnes ayant répondu présentes.
18h. C’est aux parisiens de Montecharge que revient la tâche d’ouvrir les hostilités. Devant un parterre pas encore rempli et quelque peu timide, le quatuor ne déméritera pas et balancera 40 minutes d’un stoner velu aux riffs et à la rythmique redoutables. A suivre de près d’autant que les gonzes sortent un EP dans pas longtemps.
On était surpris de ne pas voir de merch Glowsun installé avant le début des concerts et pour cause. Les Lillois arriveront au cul de la scène à l’heure de jouer. Arrivant de Parme en Italie où il jouait la veille, bravant bouchons et douane, le trio jette son matériel sur les planches, line-check puis envoie son stoner psychédélique et mental sans prendre le temps de souffler. Un set à la hauteur du talent des français oscillant entre circonvolutions aériennes et moment d’impact maitrisé. On aime. Belle performance de la part de Glowsun vu les conditions marathoniennes pour eux.
Le temps d’ingurgiter hot-dog et bière, de faire un tour devant les vinyls proposés par Bigoût Records que l’on redescend dans la belle et récente salle du Jack Jack pour assister à la performance de Witchrider. Les autrichiens assureront un show bien présent scéniquement et aux entournures plus mélodiques que le reste du plateau. Un zest de Silverchair, un brin de Foo Fighters, le public semble conquit, plus que nous. Mais la sympathie des musiciens et leur joie d’être là ce soir l’emportent finalement.
On avait déjà eu l’occasion de se faire tarter par We Hunt Buffalo lors de fest précédents et la douloureuse sensation de classe crasseuse se fera à nouveau ressentir. Le trio canadien va découper devant nos yeux tout gras de belles et grosses bûches de rock poilus. L’harmonie des voix est remarquable soutenue par des lignes instrumentales maîtrisées. Mission plus qu’accomplie pour le trio à en juger par la réaction du public. LE concert de la soirée pour beaucoup d’entre eux.
Il est 22h30. L’heure enfin de Truckfighters. Les gens sont là pour eux, l’excitation est palpable. Les suédois ne sont pas venus sur Lyon depuis 5 ans et ont, entre temps, acquis une nouvelle dimension. Que l’on aime ou pas, il convient de reconnaître au trio un « savoir-liver » remarquable et une générosité rare dans la performance. Et même si ce soir, on ne sera pas forcément convaincu par les nouveaux morceaux, la prestation fera mouche. Et des morceaux comme « desert cruiser » ou « mastodont » nous hérissent toujours autant le poil.
Belle première édition pour ce Grand Incendie. Félicitation à L’œil de Néron et au Jack Jack. On espère que l’expérience sera renouvelée l’année prochaine !
Merci une fois de plus à Oofzos.fr pour les photos !