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Si l’on s’est longtemps demandé comment serait le nouveau lieu du Desertfest, qu’on a eu quelques appréhensions surtout concernant les extérieurs et la circulation, c’est dans une ambiance cool qu’on débarque sur le site du festival aux abords de l’ancien aéroport de Tempelhof. Et si nos craintes quant aux déplacements entre les deux salles se révèlent fondées, on voit quand même bien que le festival du désert a passé un niveau ! En effet la Columbiahalle est un excellent choix d’un point de vue acoustique, bien que les allemands aiment encore pousser le son pas loin de 11. Belle surprise dans cette grande salle avec un balcon à gradins où l’on peut facilement s’asseoir en profitant des concerts.
Côté jardin, une cour où ça sent bon le currywurst et on trouve de quoi se sustenter facilement puisque les bars sont plutôt nombreux, ce qui permet de ne jamais vraiment faire la queue pour une binouze. C’est par cet espace que l’on accède au Columbia Theatre, salle de dimension plus modeste mais tout aussi bien conçue que la première : après avoir passé deux bars jumeaux de chaque côté de la salle, le parterre en escalier permet une vue sur la scène d’à peu près tous les endroits. Seul regret, la petitesse de la salle, dans laquelle il faudra probablement de la vaseline pour faire entrer tout ce beau monde.
Cela fait quelques jours que le running order est tombé, cela murmure son inquiétude vis à vis des recouvrements de concerts un peu partout dans le festival. En effet, précédemment l’organisation avait réussi à faire jouer les groupes avec un entracte qui cette année à disparu et met en place un chevauchement des sets. Il va falloir faire des concessions et l’affiche est si alléchante que cela n’enchante guère.
David Celia & Zuffalo
Cependant pas de drame pour l’heure avec l’ouverture du bal par David Celia & Zuffalo que nous irons voir en coup de vent pour constater son folk psychédélique.
Psychlona
On se rend ensuite, avides et heureux, au set de Psychlona. On y trouve des relents de Goatsnake, ça sent bon le bayou. Le public n’est pas encore totalement présent en ce vendredi après- midi. Il faut sans doute attendre que les Allemands terminent leur journée de travail avant que cela ne se remplisse. L’occasion pour nous de jouir de la salle et surtout du son! Si la qualité reste constante tout au long du weekend il y aurait bien de quoi pardonner les overlaps tant décriés. Les anglais livrent grâce à ce renfort de qualité un set remarquable et que la foule acclame, prête à avaler la suite des festivités.
En repassant par la cour, il est temps d’aller chercher quelques décorations de veste et autres disques au stand de Sound of Liberation où les premiers arrivés pourront retrouver quelques reliques de groupes disparus et constater que le prix de la galette de vinyl atteint de sommets outre Rhin.
Might
On apprécie la scénographie léchée de Might, ce groupe aux accents post et à la voix pas si bien posée. Le batteur se cache derrière un voile dont seule paraît l’ombre et dont la grosse caisse se retrouve décorative et esseulée au premier plan. Il n’y aura pas de quoi nous envoyer en l’air mais il faut avouer que ça a du charme. Ce qui nous permet tout en gardant une oreille sur le duo germanique d’aller découvrir un jardin tranquille derrière la salle et les stands de tatouage où les flashs attendent preneur pour fixer dans la peau le souvenir de ce weekend.
Church of Misery
Mais pas le temps de s’appesantir dans les chaises sous les parasols, c’est l’heure de l’apéro Tokyoïte : Church of Misery va débarquer d’une minute à l’autre. À l’heure où les japonais montent sur scène, du monde a déjà découvert l’étage de la grande salle. Musicalement c’est toujours aussi carré, mais on en attend pas moins du japon. En résumé : c’est une putain de branlée. Le chanteur Hiroyuki Takano, qui cherche à attraper la lumière en titubant, est très en voix. On a envie de s’abandonner à Satan et ses pompes, le set est puissant et enivrant. On vend son âme au doom pour rien, toujours admiratif de la capacité de Tatsu Mikami à porter sa basse au niveau de ses chevilles! Tout ceci ne nous donne pas vraiment envie d’aller jusqu’à la seconde salle. “Brother Bishop” ou “Born to raise Hell” nous captent totalement.
Godsleep
On attendra donc la fin du chapelet des titres dédiés aux tueurs en série pour aller voir Godsleep et sa chanteuse tous arpions hors les chaussettes. En tout cas, ça chauffe comme une bande d’ado dans un garage en plein mois d’août. Pas vraiment des endormis donc. Les girls ont de beaux jours devant elles dans le fuzz.
Dozer
Comme on s’en doutait, la circulation et le changement de salle se fait de plus en plus difficile avec la foule qui afflue de plus en plus à mesure qu’on avance dans les heures. Compliqué de rejoindre Dozer donc! A peine de retour à la main stage, les suédois commencent lourd avec “Big Sky Theory”, et les titres s’enchainent, on retiendra, “Supersoul”, “Born a Legend”, “From Fire Fell”, “Dust For Blood”…on était pas prêts ! Malgré quelques soucis techniques au niveau de la guitare et de la voix sur le tout début, le public ultra chaud les encourage et les soutient. Et de la voix, Nordin n’en est pas avare ! Dozer, c’est une putain de machine à tubes, et on n’hésite pas à remettre une pièce dedans.
Kanaan
Nous délaissons Dozer avant la fin pour aller écouter Kanaan. La circulation est plus fluide lorsqu’un groupe majeur joue et on déambule sans peine entre les fumées des viandes grillées… Kanaan donc s’aborde le ventre plein et les oreilles ouvertes. Il faut batailler ferme pour accéder à la scène et caresser les pieds des jeunes prodiges successeurs de Elder. Cependant l’adolescence étant l’ âge de la masturbation les gars se découvrent un manche et en abusent un tantinet. “Amazon”, “Black Time Fuzz”, “Downpour”, “Pink Riff”, “Solaris” Part I et II… décidément on reste centrés sur la dernière plaque du groupe, ça sent la promo mais qu’importe, leur voie semble toute tracée et mener loin.
Minami Deutsch
Le soleil couchant rejoint Minami Deutsch qui divise l’équipe de Desert-Rock : “pas ma came” pour Pauline, “idéal pour un chill dans quelques canapés cachés du grand public et où l’on croise le chanteur de Greenleaf” pour Sidney. Pas besoin d’avoir un œil sur le set, le Krautrock des nippons se suffit à lui-même.
Gnome
Il faut lever son cul cependant car les Belges de Gnome déroulent et il me tardait de les voir tant les avis divergent. J’avoue ne pas bien savoir à quel saint me vouer, c’est sûr que c’est très cool ce groupe qui sort du lot et se donne à fond faisant naître les chapeaux pointus dans la fosse. mais on est vraiment à la limite du hors sujet en particulier sur “Golden fool”, nouveau titre énervé dont on ne profite guère puisqu’on est physiquement aplati contre un mur sur le côté de la scène. Décision est prise de sonner un repli stratégique.
C’est alors qu’on croise (presque sans surprise) pas mal de connaissances française dont on ne savait pas qu’elles seraient présentes, et le monde du stoner européen étant petit et propice aux mélanges, on croise d’autres camarades, qui venu de Grèce, qui venu d’Espagne se tombent dans les bras les uns des autres. C’est cela aussi l’esprit d’un festival, la musique oui mais la musique en tant que convergence des cultures et des horizons.
King Buffalo
Après tant d’amour partagé c’est à King Buffalo de nous gratifier de ses notes et ce groupe croyez moi, c’est de l’amour en barres ! Le son est si lourd dès l’introduction “Silverfish” que la coursive de la Columbiahalle vibre ! Parfait pour enchaîner plus tard avec “Mammoth”. King Buffalo tient le public au creux de sa main. La beauté envahit le lieu et atteint son climax sur Cerberus.
The Great Machine
On arrive en pleine jungle pour voir jouer les dingues de The Great Machine : déjà que sur album c’était punk à souhait, que dire de la mise de ces trois israéliens ?! A l’image de leur musique, un beau bordel visuel. Ça pogote dans le pitt du Columbia Theatre, ça remue sévère et rien n’arrête le groupe qui comme à son habitude semble-t’il démonte la batterie pièce par pièce pour… la transférer dans le pit ! De là, le set reprend, batteur dans la fosse, entouré des spectateurs ravis et médusés à la fois, tandis que les guitariste et bassiste jouent perchés sur les bras tendus des spectateurs. Les roadies tirent du câble, on l’aide, c’est n’importe quoi et pourtant ça marche ! mes aïeux, quel set !
The Obsessed
Fin de service, il va être l’heure de la dernière branlée et pour cela on a ouvert l’Ehpad spécialement pour faire sortir Wino et ses copains de The Obsessed ! On aime bien l’intro avec “Brother Blue Steel” mais passé “Protect and serve” c’est quand même vachement redondant. Navré amis vieux doomsters, mais la jeunesse se trouve amoindrie, tant et si bien qu’on file se coucher avant la fin du concert aux alentours de “Punk Crusher”, éclatés par la fatigue de ce premier jour intense.
Si pour beaucoup Berlin rime avec grisaille, déchéance post communiste et imperméable mal taillé, pour notre part c’est avec allégresse que nous préparons nos valises pour cette destination et plus encore lorsqu’il s’agit d’aller couvrir le Desertfest pour vous, bande de petits veinards.
En amont du premier jour, les joyeux drilles de SOL, organisateur de l’événement, avaient concocté une sauterie de préchauffe au Cassiopea, dans les anciennes stations de train désaffectées et réhabilitées du Raw Gelände au sein du quartier de Friedrichshain.
C’est dans ce centre culturel que se tenait le Desertfest il y a quelques années, à l’Astra. On y abandonne d’ailleurs notre pote chroniqueur Chris, qui cette année délaisse le stoner pour une réunion d’anciens combattants du Punk & Disorderly. Tandis que les têtes à crêtes se battent à un bout de la zone nous investissons donc le Cassiopea, salle qui à su faire du neuf avec du vieux. Cette salle de concert est capable de tourner sur deux étages, cependant ce soir seul le rez-de-chaussée servira pour cette Warm Up. Après avoir immortalisé l’instant au photomaton du jardin intérieur, et s’être désaltérés sous une boule a facette open air, on glisse vers une salle bondée qui acclame les premiers riffs de Temple Fang.
C’est toujours cool de voir des concerts dans une petite salle, surtout avec l’affiche qui nous attend ce soir ! La soirée commence donc par le groupe Temple Fang, au son un peu lounge stoner. Je ne sais pas si le volume est trop fort ou si nos tympans se sont ramollis à force de ne pas faire de concerts, mais ce qui est certain c’est qu’en Allemagne on ne semble pas trop s’encombrer des restrictions au niveau sonore !
Ceci n’empêche en rien le public de faire valoir le sold out. L’ atmosphère moite du club et les fans qui s’ agglutinent au premier rang donnent leurs lettres de noblesse aux mots Warm Up. Une avalanche de riffs planants entre deux envolées plus costaudes ne suffisent pas pour autant à nous convaincre totalement, loin d’être mauvais, les Hollandais ne déméritent cependant pas et font valoir leur compétence live sans mollir.
Une petite demi-heure plus loin, c’est au tour de de The Devil and the AlmightyBlues de fouler la scène, toujours avec un son beaucoup trop fort et grésillant. Déception, quand tu nous tiens, même si, pour une warm-up, ils auront su garder le public à température.
La set list déroule impéccable, entrée sur fond de négro spirtiual qui fait se gonfler la salle d’un peu plus de monde qui file tout droit vers “Storm Comming Down” ou les désormais incontournable “Time Ruin Everything” et “The Ghosts of Charlie Barracuda”. Malgré ce que pourront dire nos oreilles douloureuses, le front man Arnt Andersen, toujours vêtu de sa toge et de ses colifichets, tient la salle dans sa main du début à la fin du set.
Que dire de cette préchauffe? Une soirée en demi-teinte malgré l’excitation de s’y rendre. Un son craquant au point de faire retomber le soufflé de l’envie de fêter tout cela. Cependant le public est resté compact devant la scène, a croire que c’est nous qui devenons trop exigeants ou accordons trop d’importance au son. Il est vrai que l’on aurait dû savoir à quoi s’attendre et se préparer en se rendant dans un lieu originellement aussi éloigné de la musique. Pour autant, ce lieu justement si imparfait et si particulier nous laissera sans doute cette soirée longtemps en mémoire. Pour l’heure il est temps de s’en retourner aux abords de Tempelhof pour un debrief houblonné et quelques heures d’un sommeil bien mérité.
Alors qu’elle propose une programmation éclectique, et donc parfois même rock (!!), votre serviteur n’avait encore jamais eu l’occasion de découvrir cette salle / complexe culturel de l’agglomération bordelaise. On découvre donc une salle moderne, bien équipée, de taille raisonnable, dans un cadre sympa (bar, terrasse, salle d’expo, etc…). Contexte parfait pour passer une bonne soirée !
Les affaires commencent assez fort avec les locaux de Overcharger en guise de première partie. Le quatuor évolue dans une sorte de metal sludgy rocailleux assez nerveux (on cherche toujours les sonorités “stoner” que le programmateur mettait pourtant en avant sur l’affiche du jour…) qui semble convaincre le public (dont pas mal de potes à eux). Faut dire qu’ils ont l’argumentaire qui va bien : belle énergie, prestation scénique carrée, exécution remarquable (les musiciens touchent leur bille)… Une prestation très honorable, pour un groupe qui mériterait peut-être à trouver une voie musicale plus claire et affirmée.
Overcharger
Pas l’affluence des grands soirs aujourd’hui (un week-end ensoleillé de 4 jours a un peu vidé Bordeaux et sa banlieue malheureusement) mais le remplissage de la salle est très correct lors de la montée sur scène de Mudweiser. Rappelons que le quatuor a déjà gratifié la capitale girondine d’une visite il y a six mois environ… mais pas de quoi lasser un public désormais un peu mort de faim côté concerts depuis une paire d’années sur Bordeaux et alentours… C’est donc le cœur léger que l’on prend la première salve en pleine face, avec le très efficace “Invitation”, dont le gros riff donne le signal de la translation du bar vers la salle. Confirmation : le son dans la salle est très bon, et la proximité avec le groupe toujours au rendez-vous (les vannes fusent et les échanges entre les membres du groupe et le public interviennent tout au long du concert – il faut dire que Reuno ne se prive pas de mettre à profit chaque transition pour déconner).
Pas de surprise côté scénique, on retrouve le dispositif que l’on connaît bien avec un Reuno souriant et groovy en frontman solide, Saïd en guitariste de plus en plus à l’aise avec l’exercice scénique, et Jay sur le côté qui balance sa basse dans tous les sens, en impeccable binôme avec le nouveau batteur, Bryan (impeccable). Tout ça respire la maîtrise et le plaisir de jouer ensemble, ça fait du bien…
Côté set list, petite déception : à une paire d’exceptions près, on se retrouve avec exactement la même set list que pour leur dernier set. Avec le choix du groupe de ne jouer que des titres de leur premier et dernier album, forcément la liste des choix est réduite. Par ailleurs, n’ayant pas l’opportunité de jouer des dizaines de dates par an, forcément le quatuor se retrouve sur une sélection de titres solides, maîtrisés, qui composent une bonne set list. Et on ne va pas cracher sur ces solides “My World”, “High again”, She’s Like Cocaine”, et en particulier sur les bien gras “The Hunt” et “Blasted Forever”. En revanche, on est assez content de voir apparaître “Reckless Dream” pour une bonne torgnole live. Le milieu du set propose toujours cette fenêtre lente/mid-tempo composée de “Daughters” et “Sister Mary”, salvatrice respiration avant une fin de set toute en rudesse. Et enfin, le final sur ce beau duo de pur stoner rock que sont “Bumper Hunter” et “Evil Woman” fonctionne à la perfection.
Quelques minutes à peine après la fin du set, le groupe se retrouve au bar, au merch, en terrasse… pour papoter avec le public, relax et bon enfant. A l’image de cette excellente soirée.
Mercredi 10 mai 2023, Corrosion Of Conformity est de retour à Paris, 4 ans après son dernier passage à Glazart. Passons rapidement sur Plainride, formation heavy rock allemande ayant, jusqu’ici, publié deux albums et qui, ce soir, donne l’impression d’un juke box de rock gras, joué avec de jolis et chers instruments. Leurs titres sont tous sous inspiration Clutch, un morceau a le refrain de « Sweet Emotion » d’Aerosmith et le titre qui clôt le set a de forts relents Down. Merci de revenir avec un minimum de vécu et de personnalité.
La petite demi-heure qui sépare les deux concerts sera l’occasion d’écouter des hits de Judas Priest et de ZZ Top (ce qui est la plus belle chose possible) avant que ne résonne « La Grange » un peu plus fort que les titres précédents et surtout lumières éteintes. Mike Dean (basse) entre seul sur scène et développe le riff entêtant de « Bottom Feeder », vite rejoint par Jason Patterson (batteur live du groupe) puis la paire de guitaristes que sont Woody Weatherman et Pepper Keenan. Le public (un Petit Bain correctement rempli, mais celà fait tout de même peu pour un groupe tel que CoC non ?!) acclame les Américains comme il se doit.
Sur scène des amplis et têtes de la marque Orange donnent clairement le ton. Le son sera rond et gras : « You guys like heavy shit ?! » assène Pepper Keenan avant d’envoyer le riff ronflant de « Seven Days ». Le groupe n’est pas venu pour défendre un quelconque album (rien depuis 2018) et la set list prend des allures de best-of, pour le plus grand plaisir d’une fosse en communion. Le public a tous les âges, et la proportion de femmes présentes fait plaisir à voir. Le groupe donne ce qu’il peut, car, et c’est là que le bât blesse un peu, les musiciens sont fatigués. Pepper Keenan est raide sur les genoux, peu en voix et semble tout de même vouloir que les choses ne trainent pas trop. Le concert est en pilotage automatique, les titres s’enchaînent avec une communication plutôt réduite. Keenan ne prend quasiment aucun solo, à part, bien sûr, celui, harmonisé de « Clean My Wounds » jouée, comme souvent, en version rallongée. Lorsque les rappels sont terminés, la sono passe le titre « Shelter » de Corrosion of Conformity, comme un signe de profonde mélancolie.
Le concert n’aura pas été le plus grand que CoC aura donné en terre parisienne, mais rares sont les groupes de cet acabit à encore offrir une heure de tubes dans des salles à taille humaine. Qu’ils en soient éternellement remerciés.
SET LIST Bottom Feeder Paranoid Opioid Shake Like You Seven Days Senōr Limpio Wiseblood Who’s Got The Fire StoneBreaker 13 Angels Vote With A Bullet
RAPPEL Born Again For The Last Time Albatross Clean My Wounds
C’est avec un bel enthousiasme que l’on se met en chemin pour cette nouvelle édition du Sidéral fest : cette année encore, l’événement (de son petit nom “Bordeaux Psych fest”, qui comme son nom le laisse intuiter vise à valoriser les innombrables facettes de la musique psyche) est encore bien vivant, avec une prog bariolée et audacieuse. Première bonne surprise : le nouveau lieu (volontairement ou non, le festival change de lieu chaque année dans l’agglomération de Bordeaux) s’avère une excellente salle de concert, parfaitement équipée et dotée d’un très bon son, en pleine cité universitaire. Bonne pioche ! Dans l’incapacité d’assister à la deuxième journée, nous nous concentrerons uniquement sur cette première journée, dont la tête d’affiche est un groupe transalpin bien connu… De quoi se préparer à un beau festin, à l’italienne.
Magic Castles
La soirée commence avec en guise d’apéritivo à la cool le groupe Magic Castles. Gardons à l’esprit qu’on est en festival, donc la continuité stylistique n’est pas forcément au rendez-vous, même si le noyau “psyche” reste le fil rouge de la soirée. Illustration directe de ce constat avec le set des américains, qui proposent une sorte de pop-rock psyche assez sympathique : relativement dénué de saturation, le combo délivre un set carré à haute densité mélodique, qui le voit piocher aléatoirement dans la pop anglaise de la fin du siècle dernier ou dans celle des USA des années 80. Bonne musique de mise en appétit.
Do Nothing
Place à l’entrée, avec Do Nothing en antipasto grand-briton, qui propose un rock un petit peu plus nerveux, mélange de dandy rock anglais (les gars sont de Nottingham) classieux, bercé d’influences psyche plus lointaines, le tout baigné de quelques rasades électro. En tous les cas le public (assez jeune globalement) apprécie, et ça se dandine gentiment dans la fosse, où les sourires satisfaits sont au rendez-vous.
Titanic Bombe Gas
Tradition italienne : le plat principal est proposé en deux services. Le primo piatto ce soir est livré par les locaux (d’Hossegor) Titanic Bombe Gas, qui emballent rapidement le public avec une sorte de garage rock psyche-surfisant (un peu cliché pour un groupe de Hossegor… en même temps, il ne sert à rien de lutter contre ses racines…). Initialement prévus pour jouer sur une scène extérieure envisagée hors du complexe, le groupe se retrouve bombardé sur la scène intérieure, l’orga ayant dû revoir ses ambitions du fait des orages s’étant abattus dans l’après-midi ! La configuration du groupe à deux batteurs est un peu anecdotique (votre serviteur peine à trouver la valeur ajoutée des double batteurs en général…) mais pas leur musique, qui cartonne ce soir et chauffe parfaitement une fosse désormais très bien remplie. Les compos empreintes d’un garage rock énergique (on pense parfois aux Hives des débuts quand la guitare en son clair stridente vient surnager sur les rythmiques) emmènent un public incandescent jusqu’à improviser une sorte de wall of death incongru plein d’une énergie libératrice.
Black Rainbows
On arrive au secondo piatto et on n’a plus vraiment faim finalement, on se demande si on va avoir assez d’appétit pour faire honneur à Black Rainbows. C’est à ce moment-là que Gabriele et sa petite troupe entament leur set sur le duo riffu “Evil Snake” / “The Prophet” qui met tout le monde d’accord dès les premiers accords ! Le public est à fond, la salle est bien remplie, et la tension restera au taquet sur toute la grosse heure du set.
Scéniquement, on est sur du basique, ça reste Black Rainbows : c’est joué avec conviction, c’est carré, et c’est fait avec goût. On est sur du gros riff, quelques vocaux ici ou là, et des décharges de wah-wah fuzzées pour armer des soli qui emmènent pendant de longues minutes le public dans des virées cosmiques qui donnent tout son sens à la présence du trio dans ce festival, dédié aux trips spaciaux. Côté set list, c’est du solide, ça va piocher un peu partout dans leur discographie, et même dans le nouvel album à venir dont pas moins de trois extraits seront joués ce soir (mention spéciale au groovy “Superhero Dopeproof”), avec une incartade du côté des MC5, avec leur traditionnelle reprise de “Black to Comm”.
Après un petit soucis d’ampli vite réglé pour Gabriele, le groupe prépare sa sortie sur un “Grindstone” un peu (trop) lent, pour finir sur le gros “The Hunter” pour un final impeccable. Une belle sortie pour un set maîtrisé et solide. On aura rarement vu le groupe aussi efficace, et le public, en sueur, ne nous contredira pas.
Black Rainbows
Il ne nous reste plus de place pour le dessert dans une soirée aussi dense et roborative ! On quitte la salle rassasiés, avec un sentiment de satisfaction assez franc : le Sidéral fest semble toujours fringant. Le public est au rendez-vous, la ligne musicale de la prog, toujours aussi audacieuse, reste cohérente et offre une large place aux découvertes… Evidemment on regrette de ne pas pouvoir assister à cette seconde journée, avec notamment Radar Men from the Moon, on espère juste que le succès aura couronné cette nouvelle édition… pour tracer la route d’une nouvelle édition 2024 !
Cela faisait un bout que nous n’étions pas allés écouter quelques bonnes notes de musique à l’ex-Scène Michelet, ex-Michelet et désormais nommé Décadance. Le lieu porte bien son nom pour le metalleux de passage car oui le remplacement de la déco d’origine par de douteuses couleurs criardes à de quoi laisser dubitatif pour ne pas dire pantois. Mais laissons ces considérations à Valérie Damidot et venons en à l’objet de notre visite, une soirée sous pavillon de Crumble Fight oú sont l’honneur Ecstatic Vision et Weedpecker.
Le maître de cérémonie vient battre le rappel sur la terrasse, c’est la tradition et alors la horde des spectateurs déjà chargée de houblon se rend devant la scène du club à l’étage.
Le quartette qui se définit comme la seconde venue de Hawkwind attaque le set par le seul bout qu’il connaisse, c’est-à-dire celui d’un heavy acide et psychédélique. Bien que la musique de américains aie de quoi en décontenancer plus d’ un, la salle comble est vite happée par le vortex. La frappe métronomique et quasi monotone du batteur est hypnotique. La section rythmique tient la salle dans sa main grâce à un jeu répétitif mais aux patterns pourtant séducteurs.
On en prend plein les oreilles et plein les pieds. La salle fait corps avec le groupe, son plancher renvoyant aux auditeurs toutes les vibrations pendant que les stroboscopes illuminent le visage torturé et satisfait du chanteur. Accompagnés de saxo ils descendent au milieu du public, se roulent par terre, font le show sans concession, haranguant le public où lui filant même sa gratte à l’occasion (Ce qui vaudrait à l’heureux élu de se faire acclamer au nom de Bernard Tapping). Avec de telles conditions suintantes d’absence de clim, la salle devient vite un sauna et nous replonge quelques années en arrière du temps ou cette particularité était une marque de fabrique du lieu. L’heure de set est vite écoulée et on se retrouve à devoir atterrir pour aller se désaltérer encore essoufflé d’une prestation toujours aussi folle et puissante.
Bien évidemment quelques-uns dont je suis se sont interrogés sur la personne de programmer Weedpecker en seconde partie. Comment les Polonais vont ils pouvoir assurer l envol du public après le rouleau compresseur précédent? Cela ne semble pas désarçonner les cinq compères que certains sont venus voir de loin ce soir. Après des balances qui impatientent une partie du public dont je suis, le set démarre sans crier gare. Curieuse approche mais après tout, quoi de mieux pour remplir la salle que d’envoyer un bon son hypnotique et éthéré ?
L’astuce fait mouche et il faut peu de temps avant que les rangs ne se resserrent. Le set me semble tout d’abord un peu poussif, cela manque de transport. Le son est bien là, les lights ambiancent la scène à merveille pour un si petit club mais quelque chose ne prend pas tout de suite. Cependant d’un titre à l’autre on monte d’un cran et probablement que le taux d’alcoolémie moyen montant lui aussi la salle se laisse convaincre par ce son à la fois massif, enveloppant et pourtant si léger avec son chant dans les aigus et le clavier qui fait son office avec subtilité tout en jouant les mimes pour exhorter le public à entrer plus loin dans la musique délivrée. Tout cela ne sera pas diminué par une coupure de courant au milieu du set et le groupe reprend de plus belle pour une seconde partie de show qui soulève le public et le conquiert totalement. Les titres les plus massifs font goûter des plaisirs presque proches de Dopelord sans qu’ on ne puisse vraiment l’expliquer. La musique est enivrante à souhait et on s’y plonge totalement, personne ne semble être exempté de ce bain de psyché.
Weedepecker tient 50 minutes de set avant de rendre les armes et malgré un organisateur qui crie depuis le premier rang qu’il reste 10 minutes, malgré les vociférations du public et le rappel scandé durant bien cinq minutes personne ne réapparaîtra sur scène. Clairement une déception pour une fin de set que je n’ose qualifier de fonctionnariale pour ne pas salir les agents de l’État.
Ne soyons pas mauvaise langue cependant, cette soirée était une réussite et clôturait un week-end de pont avec brio. Deux claques musicales pour deux groupes qui loin d’être des découvertes pourtant leur styles avec originalité et talent d’une fois sur l’autre. Je ne sais pas combien de temps vivra encore le lieu mais ce soir il écrivait encore une page de son histoire avec une soirée faite sur mesure par un organisateur bien à la barre de son affaire. Merci Crumble Fight pour cette soirée si réussie.
« Hey Mathieu, pourquoi tu n’organises pas un festival stoner rock sur Paris ? » Si on m’avait donné un dollar à chaque fois que l’on m’a posé cette question, j’aurais aujourd’hui pas loin de 10 dollars, ce qui n’est certes pas non plus une somme délirante, mais ça veut aussi dire qu’on m’a posé la question 9 ou 10 fois. Paris n’a pas des infrastructures adaptées à ce genre de projet ou, si c’est le cas, pas à un prix suffisamment raisonnable pour qu’un tel projet soit viable. Alors quoi de plus évident que de retrouver les redoutables Garmonbozia, responsables – entre 1000 autres choses – de la venue des tournées Up In Smoke sur Paris, à la manoeuvre derrière le Grand Paris Slugde Fest, bel événement consacré aux musiques avec pédale de distorsion, à presque Paris, soit Savigny-Le-Temple, Seine et Marne, communauté d’agglomération du Grand Paris. La tenue du festival à l’Empreinte est, après réflexion, une évidence. Jugez plutôt :
La salle et son équipe est habituée à la musique lourde et la coloration metal et fuzz de l’endroit est évidente.
La salle possède un « club » permettant de faire jouer deux scènes en alternance, à 10 mètres d’écart.
La station RER est en face. Plus près, tu fais le fest directement sur les rails.
La présence d’un espace extérieur « chill » avec lac et grande terrasse rend l’ambiance assez cool, comme une impression de petit espace hors du temps, à 40 minutes de Paris.
Le matériel mis à dispo par la salle permet des petits miracles dont nous reparlerons à la fin de ce report.
Donc le Grand Paris Sludge à l’Empreinte s’est vite imposé comme une heavydence. Et « Grand Paris » souhaitant montrer aux Parisiens que Paris n’est plus uniquement intra-muros, des moyens ont été alloués afin de prouver qu’il est possible de transformer les cités-dortoirs en cités-foutoir, et ce, sans 49.3. Quelques groupes internationaux (Conan, 1000 Mods, Rotor) alliés à la fine fleur de la cause grasse française ont – deux jours durant – été les gardiens du (Savigny-Le)-Temple.
Samedi 22 avril
19h, les portes s’ouvrent, la table de merchandising est généreuse, la bière locale et le public au rendez-vous. On parle de 250 tickets en préventes et le compte se perd sur place, dans les volutes de fumée d’un… (bref j’ai oublié de demander). 20 minutes plus tard c’est à DECASIA de monter sur scène. Le trio, à l’instar de tes Choco-BN, a été fabriqué à Nantes mais tu peux l’acheter à Paris. Le son est gros, le riff est lourd et le bassiste joue aux doigts et a l’œil rivé sur les spectateurs, déjà nombreux à garnir la salle. Leur stoner rock est de facture classique, rond comme un ballon et donne le ton du week-end. Deux nouvelles chansons sont jouées, et le public dit merci avec la nuque. Et puis bon, le chanteur guitariste a un tee-shirt Black Sabbath, donc c’est validé. En même temps, qui refuserait 40 minutes sous la couette avec une Big Muff ?
La suite se passe au Club, avec FÁTIMA en version acoustique. Fátima a grimpé de nombreuses marches de l’underground avec ses trois premiers albums et notamment Fossil, le petit dernier, aussi attachant que référencé. Un petit bonbon qu’il nous faudra déguster en acoustique, la faute à pas de chance, le batteur s’étant esquinté les doigts de la main gauche, en faisant quelque chose d’esquintant, probablement. Ce dernier tient tout de même son rang mais, à deux doigts de pouvoir taper fort, il tape le jam avec ses collègues, dans une configuration qui nous transporte immédiatement 30 ans auparavant, à l’époque des MTV Unplugged. La ressemblance entre le timbre vocal d’Antoine Villetti et celui de Kurt Cobain accentue forcément la sensation. 45 minutes hors du temps, dans ce temple de nouveau sacralisé.
Barabbas
Mais qui a libéré BARABBAS ?!?! Les bandits investissent la scène principale et savez-vous ce qu’ils font du public ? « De La Viande », évidemment. Les titres de leur dernier et excellent album La Mort Appelle Tous Les Vivants se mêlent aux meilleurs extraits de leurs deux précédents albums et cet évangile électrique, au pouvoir salvateur, nous purifie par la force du « Saint Riff Rédempteur ». Bref, en un mot comme en cent, Barabbas a crucifié l’Empreinte et rappelé qu’il n’y a pas beaucoup d’équivalents sur scène, en ce moment, dans les sphères doom.
THE NECROMANCERS est un groupe qui a grimpé vite et doit désormais gérer sa carrière, ainsi que définir la coloration qu’il souhaite donner à sa musique. Parti d’un rock occulte, rétro/satanico/acide, le groupe tend vers quelque chose de plus heavy, tout en gardant une appétence mélodique plutôt intéressante. Leur live du soir déborde d’enthousiasme et s’il manque une petite étincelle (un peu d’entrain par ci, un peu de coffre par là), le public du Club ne boude pas son plaisir et remue bien du croupion!
Conan
CONAN ? Quels sont tes hobbys ? Boarf j’ai toujours aimé écraser mes ennemis, je n’ai rien contre le fait de les voir ramper devant moi, éventuellement entendre les lamentations de leurs femmes, mais je ne vous cache pas que mon truc c’est surtout le gros doom des cavernes. 22h30, Conan transforme le petit lac de l’Empreinte en gros marais putride pour une heure de boue aux vertues apaisantes. Le trio ouvre avec « Levitation Hoax » titre issu de son dernier et très bon album, puis pioche dans sa longue discographie de quoi réduire la salle en bouillie. Mission accomplie, à l’heure de déverser ses spectateurs vers les RER et le parking, l’Empreinte toute entière tremble encore de la déflagration sonore qu’elle vient de subir. Et nous avec.
Dimanche 23 avril…
…au soir, de retour au temple (de Savigny-Le) et à l’Empreinte pour une seconde fournée de fuzz.
La soirée commence pourtant par un extrait de « Grand Paris » de Medine, avant que BRUSQUE ne prennent la scène d’assaut. Le duo est devenu trio, pour trois fois plus de sludge/doom/post trucs gras. Leur premier album, Boîte Noire, est à l’honneur et le boucan perpétré par le groupe remplit de joie l’assistance, venue, de toute façon, pour se faire molester.
La suite se joue au Club où MAUVAISE FOI lance un sample du très sain d’esprit Bone Crusher dans le film Deadbeat At Dawn puis décide de nous saper le moral pour les 45 prochaines minutes. Leur sludge convoque EyeHategod, Acid Bath ou n’importe quelle autre saleté du genre, le tempo est à l’agonie et nous aussi. C’est la poutre, la joie de crever entre amis. Je ne m’attendais pas à un tel niveau de maîtrise et de noirceur. Bravo, tout simplement.
7 albums – nommés de un à sept – de stoner instrumental aux inflexions psychédéliques, voilà ce que propose, depuis 2001, la formation allemande ROTOR. Si tout ça paraît opaque, c’est parce que c’est par le live qu’il faut commencer, histoire de prendre dans le bas ventre le son robotique du groupe, du riff qui tournoie à la section rythmique qui flamboie. Et le concert de ce soir a tout simplement des allures de démonstration.
A peine le temps de dire « geschwindigkeitsüberschreitung », soit « excès de vitesse » en allemand, et nous voici au Club pour le concert de DJIIN, l’une des belles surprises de ce festival. Dans une ambiance aussi chaotique que frénétique, le groupe met la petite salle en sueur, au son d’une harpe électrique que Chloé Panhaleux maltraite comme Hendrix le faisait avec sa guitare. Les Rennais sont complètement allumés et régalent avec quelques extraits de Meandering Soul, sorti chez Nasoni Records, label allemand réputé pour l’audace de ses choix.
1000Mods
La suite et fin du festival a lieu sur la scène principale que les grecs de 1000 MODS investissent en conquérants. J’ai beau ne pas goûter spécialement leur stoner basique, je me dois de reconnaître que la salle est en feu et que je suis moi-même en train de gigoter debout sur une table. Le groupe semble pourtant un peu fatigué, à l’image de la voix de Dany G. sérieusement endommagée par la grosse tournée que les hellènes (qui s’appellent hellènes) effectuent en ce moment, mais la musique du quatuor emporte tout sur son passage notamment quand résonne le riff de « Super Van Vacation ».
Lorsque l’heure est venue de rejoindre les rails ou les roues de son moyen de locomotion, le public du Grand Paris Sludge Festival a la tête pleine de fuzz et ne souhaite qu’une seule chose : revivre tout ça encore une fois. En attendant de savoir si le festival va se pérenniser (il y a intérêt !), sachez tout de même qu’il est possible de voir ou revoir l’intégralité des concerts sur ma chaîne Youtube :
Le Westill est un petit festival sur les terres de son grand frêre, le Hellfest. Ce Petit Poucet commence d’ailleurs à faire entendre ses ambitions, en 6 éditions il est passé du hall du Champilambart, la salle de spectacle de la ville de Vallet à l’exploitation de la scène de taille conséquente bâtie juste à côté. L’affiche de l’an passé nous avait permis de passer un excellent moment et celle de cette année nous promet une fois encore peu de répit malgré l’annulation de dernière minute de Greenleaf excusé pour raison médicale. Dès l’entrée d’ailleurs on se sent gâtés, quasi aucune file d’attente, une amélioration remarquable. Le merch permet de filtrer une partie du flux des festivaliers avant l’arrivée à l’achat des jetons pour les consommations. On trouve sur place des stands de tatouage, un barbier, un luthier et autres stands cannibales pour le portefeuille. Oui vraiment ce cru s’annonce particulièrement bon et on croise bon nombre de festivaliers qui auront franchi plusieurs centaines de kilomètres pour venir voir de quoi il retourne.
MONAS
C’est devant une salle encore éparse que démarrent les hostilités avec pas loin d’une demie heure de retard sur l’horaire attendu. Un démarrage en douceur qui laisse le temps de retrouver nombre de nos camarades que la raréfaction des concerts de notre genre de prédilection en région nantaise nous fait un peu perdre de vue. C’est donc avec bonne humeur que l’assemblée reçoit Monas, une jeune formation Rochelaise de stoner qui depuis quelques temps prend ses quartiers régulièrement pour l’ouverture de diverses programmations. Une fois de plus ils viennent faire le boulot, livrant leur stoner un rien élégant et qui ouvre la tranchée pour les groupes à venir. Ils jouent sans excès, l’acquisition de la scène est un rien timide mais le jeu est propre, accompagné d’une balance bien faite. Le public valide et communique sa satisfaction, mission réussie pour ce trio qui sait démontrer qu’il a bossé ses classiques.
DUSKWOOD
Après un nouveau détour par le bar où s’étalent les offres de bières craft à des prix que l’on rêverait de trouver dans tous les repères de hipsters, Duskwood vient fouler les planches du Champilambart. Le quartette anglais fonce tête baissée avec ses vocaux braillards et sa section rythmique qui envoie le bois. On pourrait craindre au premier titre que cette dernière n’empiète sur le reste de la formation mais il n’en est rien. L’énergie qui fait tourner Duskwood s’appelle Kyuss, cela vient frapper les auditeurs lorsque la voix se fait plus mélodieuse et se superposerait a la perfection sur celle d’un John Garcia. Malgré tout on est loin du copy cat et alors que la salle finit de se remplir sans doute au-delà des 700 personnes, le groupe convainc son auditoire malgré une tendance à laisser mourir ses morceaux plutôt que de leur offrir une vraie conclusion à chaque fois. Une affaire à suivre sur album comme sur la scène donc.
WITCHFINDER
Après des balances et une mise en place qui semblent interminables, c’est à Witchfinder de venir alourdir l’atmosphère de leur doom sludge joliment charpenté. Ils ont dû faire venir leur fan base de Clermont-Ferrand ou bien ils ont gagné une notoriété qui a échappé aux programmateurs, toujours est-il qu’avant même que le set ne débute, la fosse qui était restée timide et vide sur deux mètres devant la scène se trouve remplie de rangs compacts et braillards. La playlist est centrée autour du dernier album et n’a vécu l’expérience du feu que lors de la release party du jour d’avant. Accompagné d’une balance très pro, soulignons-le encore, et d’une scénographie brumeuse où les spots sont légion, Witchfinder déroule des titres comme “Marijuana” ou “Lucid Forest” qui passent le banc d’essai avec leur lourdeur éthérée où l’adjonction d’un clavier ponctue au coup par coup les compositions. Cette approche permet à ce dernier de ne rentrer sur scène que quand il est nécessaire. Carton plein pour le quartette qui nous aura offert un set qui aura convaincu même les plus réfractaires à leurs précédentes productions.
SAMAVAYO
Nous avions déjà eu la chance de pouvoir capter Samavayo cette année lors du Desertfest Berlin et pour les 17 bougies de Sound of Liberation. Pour cette date le débit du set est placé sous le signe du heavy psychédélique et après deux ou trois titres la batterie sort ce qu’elle a de plus saccadée à grand renfort de blasts sur-amplifiés, quelque chose semble mal tourner de ce côté car la violence des futs va devenir une constante de la soirée. Les notes orientalisantes issues de l’album Payan adossées (faute à un excès de d’ivresse de jouer sans doute) aux frappes de batterie quasi technoïdes trouvent de l’écho dans la fosse qui reste d’un bout à l’autre du set bien proche de la scène. La consécration intervient comme à chaque fois sur le titre phare du groupe, “Rollin” repris en chœur loin derrière les premiers rangs, mettant au jour le fait que ce festival draine une population de fans réels de la scène stoner. Tout ceci apporte une fois de plus crédit à la potentielle longévité future de ce rendez-vous.
MR. BISON
Pour parachever ce que l’on pourrait considérer comme la première partie de ce festival, c’est au tour des très loquaces italiens de Mr Bison de venir enjailler l’auditoire. Le trio Heavy Psychédélique après une intro floydesque dérive rapidement sur la tonitruance saccadée d’un blues rock assassin. L’épopée du groupe de titre en titre est psychédélique et saturée et flirte plus d’une fois avec un acid jazz libéré, surtout du côté de la batterie. Souvent on se prend à se demander ce qu’il en serait si le batteur était moins présent, mais les deux guitaristes qui l’accompagnent ont tôt fait à chaque fois de démontrer leurs talents et de refuser de se laisser vampiriser. La formation transalpine fait mouche, la salle est aux anges et se régale de ce qu’elle reçoit y compris lors des longues tirades du chanteur à son adresse. A cette heure il est devenu compliqué de s’adosser à la scène, signe que l’œuvre est bonne. You Win, Perfect!
Les deux têtes d’affiche de la journée vont pouvoir tenir le pavé de la soirée. L’amertume de l’absence de Greenleaf s’entend dans beaucoup de discours, la cohorte qui était venue principalement pour les suédois est importante, on espère également pouvoir les retrouver une énième fois aux portes de la maison, mais séchons nos larmes car arrivent Hangman’s Chair et Witchcraft.
HANGMAN’S CHAIR
Enfin, séchons nos larmes…est-ce bien à propos lorsqu’il s’agit d’aller ouïr Hangman’s Chair ? Les vieux routiers de la scène doom dépressive ne font jamais dans la joie et la bonne humeur. Il n’en sera pas autrement ce soir. Ils sont venus déverser le son du désespoir et semble-t-il même de la colère. Sous un set light méticuleusement préparé les corps sont brutaux, propulsés avec leurs instruments aux rythmes des accords implacables qu’ils distribuent à un public assez différent des précédents sets. En effet, la jeune génération de leurs auditeurs s’est rapprochée et plante ses crocs luisants dans le bois de la scène. La force de Hangman’s Chair réside pour les autres, plus anciens acteurs des fosses doom et stoner, dans la puissance du son qui ce soir atteint une apothéose destructrice qui va en pousser plus d’un vers la sortie. On sent que les amateurs de la première heure se sont pour une part détournés du groupe parisien. Mais qu’importe il a gagné de nouvelles recrues là où il en a perdu et que les vents les meilleurs lui en apporte encore.
WITCHCRAFT
De larmes il en sera encore question pour le final, Witchcraft. Il n’y a pourtant rien de larmoyant dans le style ou dans le discours. Certes, mais le groupe arrivera à tirer des larmes de tristesse à ses fans. Le trio livre comme à chaque fois que l’on a pu les voir cette année un set maîtrisé. L’habitude est là et ils sont attendus. On sent qu’ils ont creusé leur trou et que la configuration de la salle ainsi que les efforts portés côté consoles ne devraient que mieux leur servir la soupe. Mais à vouloir continuer à trois ce qui demanderait une formation plus nombreuse, les suédois diluent leur doom mélodique à l’eau déminéralisée. Les compositions se disloquent et chaque partie peine à raccrocher l’autre. Les amateurs du groupe font grise mine, ayant même du mal à reconnaître les titres phares. Perdu dans les brumes d’un rose laiteux de la scène on espère juste que le groupe n’aura pas trop perçu le siphon qu’il a ouvert au fond de la salle et qui petit à petit créé de grands vides. N’allons tout de même pas jusqu’à parler de naufrage, car les ayant vus trois fois cette année j’ai ressenti la même chose à chaque fois. De l’intention mais des moyens qui ne sont pas portés pour poursuivre l’effort des albums. Ce qui ce soir n’empêche pas les fans les plus opiniâtres de rester fixement au pied de la scène pour applaudir et encourager son favori a la moindre occasion.
Le Westill est la preuve qu’on peut avec beaucoup de volonté, de courage et sans doute d’inconscience, réussir là où tant d’autres se cassent les dents. Comptant sur un public bien vivant de fans du genre, une fois encore la réussite est totale et même si comme c’est notre habitude nous trouvons trop facilement le chemin de la critique pour les petits accrocs, il faut saluer bien bas ce festival qui sans solliciter grand monde creuse son trou et fait enfler son nom d’année en année sans jamais se rengorger. Vivement l’année prochaine, nous avons je pense trouver une nouvelle halte live avant les fêtes de fin d’année !
La petite tournée de Mudweiser a choisi pour son avant-dernière date de faire escale au Haillan, à quelques encablures de Bordeaux, dans une petite salle de concert fort sympathique, le Salem. Même si le cadre (zone commerciale voire industrielle) n’est pas vraiment bucolique, l’ambiance en arrivant dans la salle se fait plus chaleureuse, en terrasse ou dans le bar.
Bombtraxx
Le temps de commander un verre et Bombtraxx lance les hostilités dans la salle de concert. Le quatuor bordelais ne manque pas d’énergie et de bonne humeur. Les compos distillent toutes sortes de rock/hard rock, avec des plans très variés, piochant même parfois dans différentes variétés de metal, funk, neo metal, vaguement stoner… On a du mal à voir où ils vont en réalité et à qualifier la ligne directrice musicale du combo, mais en s’essayant à tous ces styles, les musiciens semblent s’éclater, et c’est communicatif, c’est bien l’essentiel.
Lust
Changement d’ambiance pour le second groupe de première partie, les locaux de Lust. Solide et carré dans sa mise en place, le quatuor délivre une musique plus homogène musicalement, développant un genre hybride entre metal, indus, post metal, neo metal… C’est efficace et ça fonctionne pas mal, d’autant plus que le groupe inclut une reprise du “Paranoid” de Black Sabbath et conclut sur une réinterprétation sympathique du “Personal Jesus” de Depeche Mode.
Mudweiser
L’heure est venue de passer au gros calibre, avec les sudistes de Mudweiser. Comme vous le savez, le chanteur du groupe est Reuno, le locace frontman de Lofofora, qui joue son rôle de meneur à la perfection. Gouailleur, blagueur, le chanteur a ce talent de se connecter à son public, qui lui mange dans la main. Mais c’est bien avant tout pour ses cordes vocales qu’il est là, et il met son chant rocailleux, en anglais, au plein service du groupe. Efficace, chaleureux, puissant ou subtil selon le besoin, il n’est pas un simple faire valoir.
A ses côtés les trois autres musiciens sont loin d’être des guignols. Saïd, taciturne, abat un travail de titan avec une seule guitare, bien aidé par un son à décorner des boeufs. Ses compères à la rythmique ne sont pas non plus là pour cueillir des paquerettes : Xav distille ses patterns puissants et/ou groovy sans faille, ce tandis que Jey (par ailleurs guitariste de Verdun), avec son son de basse ultra-saturé, vient opérer la parfaite jonction entre socle rythmique et support mélodique, renforçant la touche de groove typique du groupe.
Le quatuor est là pour défendre son dernier album, le très bon The Call sorti il y a quelques mois, et s’y emploie gaiement, avec pas moins de six extraits joués dans la soirée, dont les excellents “Invitation” en intro, le furieux “High Again” ou le chaloupé “Sad Man”. Pour le reste, le groupe fait complètement l’impasse sur ses deux précédents albums pour ne piocher que dans les galettes réalisées avec Said, à savoir son premier album Holy Shit, et un EP sorti il y a une douzaine d’années, Drug Queens. Un peu étrange cette impasse temporelle, mais compréhensible compte tenu qu’il s’agit de chansons écrites par l’ensemble des musiciens sur scène ce soir. Il y a en tout cas de quoi faire, et le groupe alterne morceaux costauds et mid-tempi, le tout mélant groove et influences stoner et rock sudiste assumées.
L’ambiance est bonne et le groupe est en forme, et la set list défile à vitesse grand V. Du coup, arrivé à la fin, Reuno se renseigne sur l’heure qu’il est : il reste 10 minutes avant le couvre-feu ? On en rejoue deux pas prévues ! On a donc droit aussi à “Bumper Hunter” et “Tied Up” pour un final graveleux-suave du meilleur goût. De quoi regagner nos pénates avec le sourire après ce concert, où Mudweiser, hédoniste et généreux, a encore une fois convaincu.
La galaxie des DesertFest continue son expansion : après Londres, Berlin, Anvers et New York, sans oublier l’éphémère séquelle hellénique, à Athènes en 2016 et 2017, voici venir l’édition de Ghent (Gand), se tenant deux semaines après celle d’Anvers, dans les entrailles du Vooruit, institution des arts vivants du quartier ouvrier de la ville. L’édifice abrite une salle de théâtre, une salle de concert et une autre modulable, les trois étant ici affublées des mêmes noms qu’à Anvers, à savoir Canyon, Desert et Vulture stage. Et croyez-moi le terme « entraille » n’est pas ici galvaudé, la Desert stage se trouve à 200 bonnes marches plus bas que le hall qui accueille le merchandising et le bar principal. Et même si l’ascenseur permet de sauver quelques chevilles ankylosées (en sus de l’évidente priorité PMR), l’idéal reste d’avoir travaillé les quadriceps et autres ischios-jambiers.
Autre fait notable, la présence cocassed’une scène sur une scène. En effet, la salle de théâtre du Vooruit, superbe avec ses fauteuils rouges et ses multiples balcons, sert de décor à la Vulture Stage, consacrée aux groupes plus modestes. Avec la scène de musique installée sur la scène de théâtre, endroit sur lequel s’installe aussi le public, l’endroit à des allures de secret show, et le charme qui s’en dégage est un plus indéniable, notamment pour apprécier pleinement les concerts de Tau & The Drone Of Praise et Wyatt E, deux formations jouant, à leurs manières, la carte du métissage.
Tau & The Drone Of Praise
La première est menée par Sean Mulrooney, multi instrumentiste mêlant le folklore de son Irlande natale avec diverses influences rappelant l’acid rock 60’s, piochant du côté du Mexique par exemple. Accompagné par un groupe appliquant un tempo inspiré des prises de LSD, Tau & The Drone Of Praise convoque un désert dans lequel s’ingère le peyotl en quantité non négligeable. Et ce concert aura été, à ma connaissance, le seul du festival à proposer de le flute et de la mandoline. Très belle découverte pour ma part.
Wyatt E
Wyatt E., venu de Liège, donne dans le doom/drone mêlé de références babyloniennes. Vêtu de tankakat (habits bédouins), le trio installe une transe empruntant autant aux gnaoua qu’aux compositions d’Al Cisneros, le désert ici convoqué étant celui du Sahara. L’univers de Wyatt E. agit alors comme un trait d’union entre deux mondes et le public, massif rapporté à l’endroit, ne s’y trompe pas, se laissant transporter 50 minutes durant. Un autre moment fort du fest.
En début de soirée se sont enchaîné sur la Desert stage, trois ex-grands espoirs de la musique plombée, tous trois apparus à l’orée des années 2010, apportant un vent de fraicheur dans le genre : Pallbearer, Monolord et Elder. Il est interessant de constater, dix ans plus tard, ce qu’ont été les parcours de ces formations :
Pallbearer
Pallbearer pour commencer a creusé le sillon du doom émotif à lourdes guitares et mélancolie affichée, n’ayant pas à mon sens réussi à dépasser la qualité de leur premier album, battus sur leur propre terrain par le retour aux affaire goth/doom de Paradise Lost ou l’émergence d’Hangman’s Chair sur la scène internationale. Peu aidé par un jeu de scène extrêmement statique et les blancs infinis entre leurs morceaux, l’ex espoir Pallbearer est devenu une formation de complément pour festival à riff lent. Frustrant.
Monolord
Monolord est un groupe de petits malins. En agrégeant les meilleurs ingrédients du genre stoner/doom – toute fuzz dehors – et en maquillant leur manque flagrant de qualité de composition par un son plus massif qu’un séquoia, le trio suédois s’est taillé une réputation solide, plus ou moins sur la base d’un seul riff, celui – impeccable – d’« Empress Rising ». Si à mon sens leur discographie jouit d’une trop grande clémence auprès des spécialistes es stoner, on ne peut rien enlever à la puissance qu’ils dégagent une fois sur scène (et passer derrière Pallbearer est un plus indéniable). Exemple frappant : « I’ll Be Damned » en live frappe par sa lourdeur, sa double pédale féroce et transforme le chaton Monolord en tigre flirtant avec le death metal. Merci pour ce moment.
Elder
Elder a par contre acquis un tout autre niveau. Les quatre américains, berlinois d’adoption m’ont toujours frappé par l’aisance technique et la grande cohérence dont ils font preuve. Leur discographie, ne souffrant d’aucune faille majeure et ne ressemblant – au final – à rien d’autre (on sent l’influence Colour Haze mais après ?) est sublimé une fois leurs meilleurs morceaux portés sur scène. En quatre titres Elder transforme la salle en grande vague d’énergie pure, avec, comme toujours « Dead Roots Stirring » en point d’orgue (cette reprise de riff, qui peut résister à ça ?). À voir si le nouvel album du groupe, annoncé pour fin novembre ne va pas encore faire passer un palier à une formation amenée, à mon sens, à régner sur le genre.
Je n’ai malheureusement pas pu assister au live d’Orange Goblin (convaincu qu’ils ont, comme toujours, gagné le prix Motörhead du concert le plus énergique de la journée), pour ne pas rater une miette des deux principales raisons de ma venue en Flandres Orientales : Coven et Candlemass.
Coven
Les deux concerts de Coven qu’il m’a été donné de voir jusqu’ici m’avaient toujours laissé un goût étrange dans la bouche. Entre un set approximatif au Roadburn et une prestation certes bien meilleure mais tout de même un peu tapée au Fall Of Summer, le retour de Jinx à la musique a, jusque-là, plus tenu du moment d’Histoire que du plaisir mélomane. Les choses sont désormais réparée grâce à la prestation très touchante du groupe au DesertFest. Avec un backing band renouvelé, s’articulant autour de musiciens d’Indianapolis, notamment Alex Kerchal (clavier, ingé son au studio Postal Recording) et Chris Owens (ex-Cursed Blade), Coven semble habité par une volonté nouvelle. Sur scène tout le décorum satinico-kitch est de sortie, bougies, crânes et cercueil évidement, dont Jinx sort comme à chaque show. Si Witchcraft Destroys Minds & Reaps Souls, son album culte, est à l’honneur avec 7 titres joués, la set list du groupe pioche également trois morceaux sur Coven (2013) en plus de « Blood On The Snow » titre ayant donné son nom à l’album publié en 1974. Mais mon bonbon du concert est « The Crematory », enregistré en 2016 pour l’EP Light The Fire, porté par une mélodie arabisante aussi envoutante que l’est Jinx, avec son masque et sa lanterne. Ma meilleure soirée d’Halloween et un excellent concert que je dois malheureusement quitter prématurément à cause d’un chevauchement de 10 minutes avec le début du set de Candlemass (SERIEUSEMENT LES ORGANISATEURS ??)
Candlemass
Les suédois de Candlemass, sur le point de publier le très honnête Sweet Evil Sun, leur 13ème album, clôturent la Desert stage avec autorité. 75 minutes de doom épique pur et racé. Une setlist sans surprise, se concentrant évidement sur Epicus Doomicus Metallicus (1986) et piochant dans le meilleur de la période Messiah Marcolin, un groupe sûr de sa puissance de feu (quel son, quelle voix de Johan Langqvist), tous les ingrédients sont là pour un concert parfait. Bien sûr j’aurais aimé quelques surprises dans le choix des morceaux, notamment entendre live « Scandinavan Gods » le banger du prochain album à venir, et déjà sorti en single sur la toile, et pourquoi pas « House Of Doom » de l’album précédent, mais comme l’a constaté le groupe en effectuant un sondage à main levée : une bonne moitié du public présent voyait Candlemass pour la première fois. Une raison bien suffisante pour dérouler les classiques, et finir par l’irrésistible doublette « Demon’s Gate » et « Solitude » (à noter d’ailleurs que la setlist prévoyait « Dark Reflection » qui n’a pas été jouée, probablement par manque de temps). Tout ceci n’empêche pas Leif Edling et les siens de sortir sous l’ovation d’une salle exsangue, conscient d’avoir passé un moment d’une rare force. Le concert du fest, mais j’étais conquis avant même qu’il commence.
Candlemass
Immense succès pour le DesertFest version Gand, avec son lieu chargé d’histoire, son public nombreux et des prestations plus que convaincantes. A l’année prochaine ?
Le set de Bongripper a fait l’effet d’une déflagration hors normes lors du Desertfest Anversois le dimanche soir, proposant un set d’une densité et d’une maîtrise qui en a laissé plus d’un – nous inclus – pantois. Impossible d’en rester là et d’attendre l’une des prochaines éventuelles tournées du groupe, super rare sur scène ; il nous fallait une nouvelle dose, et nous avons donc sauté dans un véhicule pour parcourir les routes sous vents et pluies pour rejoindre cette belle (!) ville de Dortmund, pour la date suivante de leur petite tournée.
NOORVIK
Premier changement notable : après le vaste confort de la grande salle du Trix, retour à une configuration plus habituelle pour le groupe, le JunkYard étant un club rock d’une capacité de quelques centaines de personnes, en banlieue de Dortmund. Et pour l’heure, c’est à Noorvik d’ouvrir les hostilités. Le quatuor de Cologne déroule un set de presque une heure fort plaisant, proposant une sorte de post-metal instrumental assez lourd, à velléité progressive. L’une des spécificités du groupe tient à leurs intros, quasiment toutes constituées de longs plans rock atmosphérico-mélodiques, avant de monter en pression pour le reste du morceau. Sur le set complet, on pourra s’interroger sur ce principe quasi-systématique, mais on ne fera pas la fine bouche, en ayant quand même bien goûté ces séquences bien pesantes qui nous ont mis dans l’ambiance.
NOORVIK
L’heure de Bongripper arrive vite et comme à l’accoutumée c’est sans effet ni mise en scène que les quatre musiciens de Chicago montent sur scène, démarrant le bruit de fond qui se transforme progressivement en intro au classique “Hail” – déja intro du set de la veille. On ne va pa rechigner à se prendre la même claque une seconde fois ; on est plutôt du genre à tendre l’autre joue après avoir pris une telle mornifle la veille. Même cause, mêmes effets : malgré une sono qui ne rivalise pas avec celle du Trix anversois (celle du JunkYard n’est pas à la peine pour autant), le son dévastateur du groupe vient nous cueillir et nous écraser au sol pendant le gros quart d’heure que dure le morceau.
Baignés par un light show modeste mais efficace, les musiciens occupent leur place et leur rôle habituel : sous le regard de O’Connor qui l’air de rien mène les débats derrière ses futs avec sa frappe gigantesque, les deux guitaristes Dellacroce et Pleckham jouent avec implication leurs parties imbriquées, et Ron Petzke, élément fondamental du son Bongripper, joue ses lignes de basse avec force en milieu de scène, frappant ses cordes sans les ménager. Le tout est bien en place et redoutable d’efficacité.
Comble du bonheur, le groupe choisit ensuite d’interpréter “Slow” issu de leur dernier album, un beau bébé de 25 minutes rempli jusqu’à la gueule de riffs plombés, de séquences aux dynamiques variées, le tout balancé avec la subtilité d’un sac de parpaings. Le public headbangue comme un seul homme pendant le reste du set, qui se conclut classiquement (et presque ironiquement au vu du titre) par le colossal “Endless” pour un dernier très gros quart d’heure de triturages de cervicales.
Le concert se termine via un feedback des guitares et le traditionnel petit rituel d’extinction via leur pédalier respectif. Quelques salutations et il est temps pour chacun de retrouver le cours normal de sa petite vie… après un passage au merch.
Requinqués après quelques heures de repos et de tourisme sous un soleil radieux, nous revoilà gagner le Trix pour la dernière journée du festival. La programmation de la veille était dense et riche ; celle d’aujourd’hui s’annonce sur le papier du même acabit… mais dans un style différent ! A l’annonce des groupes quelques semaines auparavant, cette journée nous a quelque peu interloqué, avec quelques incursions notamment dans le metal extrême un peu déstabilisantes, et il nous tardait de voir ce que cette savante mixture allait donner…
POLYMOON
Point de choc pour commencer, on est cueillis à notre arrivée par les volutes sonores de Polymoon qui envoute déjà les premiers arrivants, dans la petite salle Vulture. Les jeunes finlandais développent un efficace rock psyche, space parfois, qui fonctionne très bien sur un public encore peu garni malheureusement. Le quintette part parfois défricher quelques autres sentiers musicaux avec un peu moins de réussite toutefois. Scéniquement, menés par un talentueux vocaliste vestimentairement un peu androgyne, le groupe est bien en place et ne démérite pas. Même s’il est un peu difficile de distinguer le groupe de la quantité de groupes officiant dans un genre proche, leur prestation nous aura agréablement surpris.
PLAINRIDE
Sur disque, le trio “presque quatuor” allemand nous avait modérément convaincu. En voyant avec quelle énergie ils engagent ce set, la séduction prend immédiatement ! Le guitariste et bassiste, enjoués et charismatiques en diable, tiennent bien la scène et le (petit) public répond présent. Au bout de quelques titres toutefois, la machine semble tourner un peu en rond… et à vide ? Symptomatiques, ces 2 titres qui voient un percussionniste venir sur scène à leurs côtés n’apportent pas grand chose de significatif. Plainride n’est pas mauvais ni inintéressant : son stoner énergique et empreint de rock/blues est intéressant. Mais il a du mal à tenir la distance et à apporter quelque chose de neuf.
INCANTATION
Se démarquant des festivals stoner pur sucre, (ce Desertfest nous avait par exemple marqué avec la prestation “hors sujet” des Belges de La Muerte lors de son édition de 2016), et avec le succès de manifestations comme le Roadburn, nous ne sommes pas étonnés de croiser des pionniers du death metal à l’affiche. Franchement pas notre rayon, la prestation aux voix gutturales et aux passages ralentis semblait poussive et peinait à convaincre son propre public.
SLEEPWULF
Les jeunes suédois de Sleepwulf ont sorti récemment leur second album chez Heavy Psych Sounds. Leur prestation sur la petite Vulture stage en est une bonne illustration : mélodies catchy et lignes vocales prépondérantes viennent soutenir leur psych rock gentiment vintage. L’ensemble est bien fait, dynamique et bienveillant, et le public n’en attend guère plus.
SLOMOSA
Etrange constation faite par Slomosa en début de set : non seulement ils jouent pour la deuxième fois consécutive au même Desertfest, mais de plus celui-ci occupe une place bien à part dans leur histoire, s’agissant l’an dernier de leur premier concert hors de leur Norvège natale. Que de chemin parcouru depuis par le talentueux quatuor ! Des festivals à la pelle (dont un Hellfest), des tournées partout en Europe… Joli palmarès en une année. En tous les cas, il ne faut pas longtemps pour prendre la mesure des progrès du groupe et de l’aisance scénique qu’il a acquise ces derniers mois. On pouvait noter quelques flottements sur leurs précédentes prestations, imprécisions ou légères faussetés ici ou là (qui ne nuisaient pas vraiment à leurs concerts) ; cette époque est révolue, et le set de ce soir est solide, en maîtrise, et exécuté avec confort par des musiciens sûrs d’eux, que l’on sent se faire de plus en plus plaisir. Un plaisir partagé, assurément. Espérons voir Slomosa continuer à gravir les échelons : ils ne manquent pas d’envie, ça devrait aider.
BELZEBONG
Que dire d’original d’un concert de Belzebong ? Difficile pour un groupe de doom instrumental, dont la prestation scénique s’est toujours cantonnée à un trio d’irsutes polonais dans une sorte de headbanging perpétuel, pas toujours synchronisé… Le tout vient au service d’un stoner doom d’école, lourd et énervé comme il faut, sur lequel on ne peut décemment pas formuler la moindre critique. Leur prestation prend une toute autre dimension aujourd’hui, dans la très grande Desert stage, où étonnamment, le groupe plutôt habitué aux petits clubs sombres se retrouve à l’aise devant un public venu en nombre headbanguer en coeur. Prévisible musicalement, mais impeccablement exécuté. Challenge réussi !
CITIES OF MARS
Le trio velu manque de pot en ce qui concerne son placement à l’ordre du jour. Un quidam désirant assister aux prestations entières de Belzebong et de se taper un steak à l’étage se devait de faire l’impasse sur les Suédois ce qui est bien dommage, mais n’a toutefois pas déstabilisé ces lascars. Ces derniers sont les auteurs du super gag de la journée voire du festival : une fois le linecheck terminé pile poil à l’heure du début du set, le public s’est un peu exprimé et le frontman a déclaré un truc du genre merci les gars on se voit dans 40 minutes en virant son instrument puis son collègue lui a dit que non en fait ils devaient commencer (on est encore tordu de rire à l’heure d’écrire ces quelques lignes). Bref ça a envoyé de la buche après le quart d’heure déconne et ça l’a fait avec brio le temps que nous y avons assisté.
STEAK
Les anglais de Steak entament leur set dans le noir (récurrence de la Canyon stage : les lights dégueulasses, poussées ici dans leurs derniers retranchements), seulement éclairés par la projection d’extraits de vieux Kurosawa sur leur backdrop (rappel un peu cliché de la thématique samourai présente dans leur dernier disque). L’occasion de voir qu’un second guitariste vient désormais garnir l’effectif (live) du groupe – pour un apport marginal dans les faits. Les premiers titres, mid tempi mélodiques issus de leur dernière galette, sont bien exécutés par des musiciens sérieux et passent bien l’épreuve de la scène, mais peinent à susciter une fougue énorme de la part du public. Un peu plus loin dans le set quelques titres provoquent un peu plus d’applaudissements, mais globalement, le public est plutôt curieux (et le fond de la salle peu dense). Le constat en fin de concert est mitigé, surtout si l’on met en perspective ce groupe vétéran en comparant ce set avec le succès public bien plus franc des quatre jeunes talentueux et fougueux qui sont passés juste avant sur cette même scène.
LUCIFER
Bénéficiant d’un slot particulièrement intéressant, les rockers venus du nord ont proposé un set séduisant tant au niveau de la forme que du fond. Pour la forme, une projection du genre devanture de cabaret d’un autre temps et des lights particulièrement abouties ont servi d’écrin à ces personnages soignant bien leur apparence (et celle de leurs accessoires scéniques). En s’excusant d’entrée de jeu de ne pas être un groupe de stoner – on a pris l’habitude de ne pas avoir que du stoner lors de cette fête du désert anversoise – la frontwoman Johanna a ouvert les festivités après une mise en bouche instrumentale et le show des scandinaves s’est déployé avec maestria. L’ex-agitatrice de The Oath et l’ex-batteur d’Entombed ou le chanteur-guitariste de The Hellacopters (vous choisissez en fonction de votre éducation musicale, nous ne sommes pas là pour juger) se sont entourés de camarades talentueux et diablement efficaces. L’excitante curiosité autour du duo infernal qui nous agitait à leurs débuts a laissé la place à un focus sur l’exécution musicale et la tenue de scène qui sont les atouts fondamentaux de cette formation, constituant toujours un bon moment pour tout amateur de heavy rock teinté de doom à l’ancienne.
Mr BISON
Embrayant sur la petite scène au moment où les estomacs commençaient à crier frites, au moment où Lucifer terminait une prestation de haut vol au sous-sol et au moment où les spécialistes se dirigeaient à l’étage pour la curiosité du jour, les Toscans ont délivré un set fort sympathique. Contrairement aux déclarations de leurs prédécesseurs, ils n’ont pas eu l’obligation de déclarer que eux faisaient du stoner, car de stoner il était bien question tout au long de ce set mené tambour battant par un batteur puissant et technique. Affublé de son couvre-chef de grande classe, le guitariste a déployé de son côté ses riffs psychédéliques, soutenus par la basse, qui ont fait taper du pied les quelques festivaliers dans la place qui se sont payé une bonne tranche de pizza durant un set peu gâté question placement horaire, mais terriblement en lien avec l’intitulé du festoche.
STYGIAN BOUGH
Quelle hérésie de programmation que de proposer Stygian Bough en chevauchement avec le créneau de Bongripper : les deux groupes évoluant dans un doom exigeant partagent inévitablement une part de la même fan base… On sait donc que l’on ne pourra pas voir le set en entier, mais l’on se laisse aspirer par son entame sans réserve : le trio composé de Bell Witch (duo basse – batterie) et de Aerial Ruin (Erik Moggridge, guitare) propose d’emblée la pièce maîtresse de leur album, à travers les 20 minutes de “The Bastard Wind”, un titre épique et lent, tout en puissance retenue, où la guitare de Moggridge vient compléter la basse 7-cordes (!!) de Dylan Desmond, qui apporte un spectre de sonorités inédites, tout en puissance. Scéniquement, l’ensemble est aussi dynamique que la musique : peu mobile, calme, concentré, propice à l’introspection. L’exécution est en tout cas impeccable et retranscrit bien les nuances de l’album. C’est le coeur lourd (avec un mélange de frustration et de colère) que l’on doit quitter la Canyon stage pour redescendre dans la main stage pour ce qui s’annonce comme l’inmanquable de la soirée…
BONGRIPPER
Le quatuor de doomsters de Chicago a fait le plein : l’assistance dans la Desert Stage durant leur set sera la plus dense de la journée, avec un public plus nombreux encore que la supposée vraie tête d’affiche. Toujours en mode low profile absolu, ils montent sur scène dans la pénombre et branchent leurs instruments en laissant monter la tension avec le feedback de leur guitare, pour voir se matérialiser l’intro du classique “Hail”. Et là, le bulldozer est lancé et n’interrompra son ouvrage qu’une heure plus tard, de la même manière. Et au milieu : du riff, du riff, du riff, assénés par cette paire de bretteurs concentrés sur les bords de la scène. Au centre, la paire rythmique basse / batterie vient faire office de marteau pilon dans ce qui ressemble littéralement à une entreprise de destruction très massive de nos deux tympans (et de ce truc spongieux entre les deux). Le son dans la Desert stage est absolument massif et le public, plusieurs centaines de corps qui headbanguent non-stop en osmose, prend en pleine face les deux autres obus que sont “Satan” et “Endless”. Il est trop tôt pour faire des bilans, mais il est évident au sortir de la salle que le set absolument dévastateur de Bongripper est l’un des moments les plus incroyables du week-end.
HIPPIE DEATH CULT
Après avoir ramassé nos ratiches sur le sol de la Desert Stage tombées durant la distribution de moellons, nous avons osé le retour dans l’ambiance bar-rock du rez pour une nouvelle prestation de hard rock fuzzée. La formation de Portland, Oregon, qui pratique un style peu en lien avec la dentelle nous a semblé aussi légère qu’une bière light US, assommés que nous étions encore. C’est frustrant car les soli proprets étaient en place, le public était dans la place (comme quoi il n’y avait pas que des lourds en ce dernier jour de festivités désertiques) et la frontwoman proposait autre chose que certaines de ses homologues tapant dans le registre fluet. Pas révolutionnaire certes, mais tonique et cohérente, la prestation était à la hauteur de ce qui était attendu aussi bas sur l’affiche. Merci à ces Ricains ne nous avoir ramené aux basiques durant 50 minutes.
WUCAN
Pour ceux qui ne sont pas passés par le « sas de décompression » de la mini-Vulture stage (cf. concert précédent) la transition entre le rouleau compresseur Bongripper et la légèreté de Wucan pique un peu… En tous les cas, le quatuor germanique ne manque pas de dynamisme et tout est fait pour régaler le public : leur frontwoman extraordinaire (dans le sens littéral) Francis (!) Tobolsky mène clairement les hostilités, que ce soit en terme de prestation (sa présence scénique écrase ses comparses) ou même musicalement – son chant puissant est l’une des caractéristiques fortes du groupe, de même que ses apports à la flute traversière (!!) ou encore à la guitare. Le heavy rock 70s dynamique du quatuor fait tout pour envoûter une salle très correctement remplie. Malheureusement pour vos serviteurs, le choc de a transition est un peu brutal à digérer et on a du mal à rentrer dedans. Mais reconnaissons au groupe un réel talent pour produire un set de qualité, ce qui leur permet de se démarquer (notamment par rapport aux autres groupes du week-end évoluant dans un genre musical proche).
WOLVES IN THE THRONE ROOM
Tête d’affiche de ce dernier soir en Flandres, le quatuor d’extrémistes du metal n’a pas besoin d’annoncer qu’ils ne font pas du stoner au début de leur prestation vu leur dégaine et celle de leur batterie. En cherchant très loin, il y a bien cette adhérence due à leur passage chez Southern Lord durant leur longue carrière, mais c’est tout, basta, point final ! Ces Etasuniens de la Côte Est pratiquent un black metal redondant qui honnêtement n’a pas rameuté les foules du grand jour dans la salle. Ça blast en continu, les volutes de fumées emplissent l’espace, ça pose les pieds sur les amplis quand la fosse à photographes est pleine, les morceaux sont introduits par des intros pour metalleux classiques, le bassiste et les deux guitaristes se succèdent au micro, les tenues de scène sont pittoresques, etc. tout l’attirail est sorti pour la grande messe noire des dévots du malin et nous on est sorti de la salle aller humer l’air ailleurs en se disant que si quelqu’un avait eu le bon goût de montrer son cul on se serait cru à la Temple en juin.
TONS
Après les frites mayo dans les foodtrucks du Trix on s’est rendu une dernière fois dans la minuscule salle de plein pied qui prolonge le bar des lieux, pour se taper du Tons. C’est la première fois durant cette fête du riff que nous pouvons évoluer à loisir dans cet espace d’ordinaire si peu propice aux déplacements. Le public est très clairsemé pour le set des Transalpins. Le public est par ailleurs très réduit durant ces dernières heures de festivités et le gros de la troupe a rejoint le premier étage pour se presser devant la scène où se déroulera le dernier set qui contribue à la ligne stoner de la manifestation. La formation de Turin nous a balancé, à grands coups de basse jouée aux doigts, du matos inédit qui sera au sommaire de sa toute chaude dernière production. Le show déployé dans l’espace réduit a à nouveau été propice aux mouvements de balancier des fidèles hypnotisés par la lourde rythmique et ils ont pu en profiter jusqu’au bout puisqu’il n’y avait pas de chevauchement avec la prestation du bigfoot qui allait suivre.
SASQUATCH
Il est en quelque sorte de tradition de clôturer le Desertfest Belgium dans la Canyon stage, pour un dernier concert généralement propice au « lâchage complet » comme on dit techniquement, une sorte de baroud d’honneur. Cette édition n’y fait pas exception, avec les ténors du stoner californien Sasquatch comme maîtres d’ouvrage, l’affaire semble bien embarquée. Plus triste tradition anversoises, ce créneau tardif et en fin de week-end fait aussi office de voiture-balai pour toute la viande saoule du Trix qui tient encore sur ses jambes (et a encore la force de monter l’escalier)… Quoi qu’il en soit, le set du trio étasunien entame avec professionnalisme un set qui reposera sur les classiques et raretés de l’ensemble de leur carrière, alternant mid tempi roboratifs (“Roller”, “Just Couldn’t Stand the Weather”…) et déflagrations nerveuses (un décisif “Chemical Lady” qui mettra le feu au pit, “Rational Woman”…). L’enchaînement des missiles sol-air vient faire exploser le pit comme aucun autre set du week-end… ça moshe et ça slamme dru ! A noter que les salves successives n’auront pas réveillé le responsable des lights de la canyon stage, qui n’a toujours pas trouvé le bouton pour allumer les spots en façade sur les groupes, baignant encore et toujours les musiciens dans une pénombre violacée un peu usante… Mais le groupe n’en prend pas ombrage (vous l’avez ?) et déroule son set avec une efficacité qui force le respect. Keith Gibbs pète sa pédale en cours de set et de dépit branche son son en direct sur une seule pédale fonctionnelle, sans que ça n’ait le moindre effet « audible » sur la qualité des riffs qui se succèdent dans nos esgourdes (comme quoi, la technique…). Comme on le prévoyait (et l’espérait), ce fut l’un des plus gros sets du week-end.
Un peu difficile de faire la synthèse à chaud d’un festival aussi bigarré : la variété de la programmation (et notamment ses incartades « hors sujet ») n’a pas nui globalement à l’intégrité du fest (il faut dire aussi que les groupes concernés n’ont pas vraiment fédéré les plus grosses foules), qui ne se « roadburn-ise » pas encore (comme on l’a plusieurs fois entendu au détour des couloirs). Au final la proposition de bons concerts nous aura convaincu, et vient supplanter les désagréments (un public flamand peu aimable, des concerts qui se chevauchent générant pas mal d’énervement et peu de temps pour se détendre, une petite salle trop frustrante où seule une poignée de spectateurs peuvent vraiment voir ce qu’il se passe…). Bref, le bilan du week-end est encore une fois positif, et il ne serait pas étonnant de se recroiser lors de la prochaine édition dès l’année prochaine… et les suivantes ?
Cette nouvelle édition du Desertfest Anversois sur le papier propose les mêmes atouts qui font son succès depuis plusieurs années : son lieu de festivités (le Trix, un complexe de presque trois “vraies” salles parfaitement adapté aux concerts), son emplacement (Anvers, proche de la France notamment), son affiche pléthorique… Pourtant elle se distingue des éditions précédentes, notamment par une programmation audacieuse, avec un certain nombre de groupes dont l’affiliation aux sonorités qui nous sont familières apparaît pour le moins discutable (death metal, black metal, rock…). Mais l’affiche globale aura fini de nous convaincre (encore une fois) et c’est le coeur léger et l’esprit ouvert que l’on se rend en terres flamandes.
Pour des raisons bassement logistiques, nous n’arriverons sur place que le samedi, 2ème jour du festival, et prendrons donc le train en route…
HALF GRAMME OF SOMA
C’est sur les sonorités du groupe grec que nous sommes accueillis dans le complexe. Première signature du prometteur label Sound of Liberation Records, le jeune quintette sort dans quelques jours son troisième album, dont il interprète une bonne part sur scène cet après-midi. C’est l’occasion de confirmer la qualité d’écriture dont ils font preuve, proposant des titres qui, au bout de quelques écoutes seulement, restent en tête pour longtemps ! Le groupe a aussi pour caractéristique de ratisser assez large musicalement, et en particulier de frôler des terres plus soft qui nous font un peu décrocher parfois, avec l’effet d’un concert un peu sur “courant alternatif”. Toutefois le groupe est solide sur scène et laisse entrevoir un bon potentiel.
GNOME
C’est sur la Canyon Stage, la structure ayant la capacité club, que l’histoire belge suivante s’est déployée. Les bonnets du trio ornaient leurs têtes d’ampli avant même que la formation n’attaque son set de manière fort virile. Les passages doom étaient pleins de promesses et furent appréciés par vos dépêchés, mais les incursions répétées sur d’autres rivages musicaux peinèrent à les convaincre totalement. Au final, nous avons délaissé le registre jam doom qui tape tous azimuts, y compris dans les plans presque jazz, au profit d’un placement adéquat pour déguster le set de Unida qui commençait deux étages plus bas. L’inconvénient des chevauchements de concerts !
UNIDA
Hallucinante place réservée dans le running order au quatuor américain : il y a quelques années, Unida était headliner du week-end sur un autre Desertfest, et même headliner de la Valley au Hellfest. Les voici aujourd’hui ouvrir la journée en début d’après-midi sur la main stage… Certes, John Garcia, concentré exclusivement sur sa carrière solo, n’est pas là, mais les connaisseurs savent que le groupe est essentiellement le bébé d’Arthur Seay et Mike Cancino… Frustrant. D’autant plus que le groupe assure : épaulés à la basse (un poste “volant” chez Unida) par Collyn McCoy (bassiste de Ultra Electric Mega Galactic le groupe solo de Ed Mundell, Aboleth…) le groupe bénéficie de fait d’un atout indéniable, McCoy délivrant des lignes de basse puissantes, groovy et envoutantes, élément clé de la musique de Unida (à noter que par fougue il ira même jusqu’à casser l’une de ses cordes de basse, obligeant le groupe à improviser un peu autour de riffs divers, AC/DC, Sabbath…). Seay assure pour sa part des parties de guitare impeccables et un lot généreux de mimiques en tous genres, à son habitude. Quant à Mark Sunshine, le nouveau chanteur (que vous aurez peut-être entendu chez Riot God) il n’est jamais à la peine, et a le bon goût de ne pas mimer Garcia. Côté set list, pas de faux pas non plus, le groupe tape dans la valeur sûre : “Wet Pussycat” pour commencer, un rugissant “Black Woman” pour finir, et entre les deux, du riff, du mid tempo, du groove, des soli à la pelle… Classique ! Bref, sans être magique pour autant, ce set justifiait d’une place plus haut sur l’affiche, plutôt que de se voir reléguer face à ce public insipide de début d’après-midi. Frustrant.
IRIST
L’atmosphère sombre soutenue par un jeu de lights hyper basique, la promiscuité et la chaleur faisant luire les corps ont été propices à la prestation de la bande d’Atlanta. Une frange de vos envoyés y a trouvé son compte, mais il faut être honnête : si ce show a été une énorme tuerie mixant des influences d’Isis, de Cro-Mags et de Celeste, il ne s’agissait pas de stoner du tout.
SLOMATICS
Les trop rares Slomatics s’emparent de la Canyon stage et il leur faut bien peu de temps pour se mettre le public dans la poche. Il faut dire que l’énergie déployée par le trio irlandais est au rendez-vous, de même que l’originalité : proposant un stoner pêchu et lourd, aux confins du doom bien souvent, le groupe se distingue aussi par un second guitariste qui fait aussi office de bassiste (par un truchement technique dont votre serviteur vous passera les détails). Dotés d’un son bien gras, le groupe s’appuie sur son efficace batteur-vocaliste, dont le chant est parfois étonnant (voire même dissonant) mais néanmoins efficace. Le public ne s’y trompe pas et réagit très favorablement.
NAXATRAS
Encore un combo grec aujourd’hui, et c’est cette fois aux jeunes virtuoses du psych rock de s’emparer de la main stage. Maîtrisant son art sur le bout des doigts, le groupe jouera sa meilleure carte ce soir, celle de l’efficacité : entamant son set par son hit intemporel “On the Silver Line”, ils convainquent rapidement le public qui ne tarde pas à monter en tension. Les sourires se déploient dans l’assistance au fil de ces dodelinements de têtes irrépressibles que génère la musique de Naxatras. Scéniquement pourtant, il ne se passe pas grand chose (lights anémiques, musiciens concentrés et assez statiques…) mais l’enchaînement des titres psyche instrumentaux envoutants prouve une nouvelle fois son efficacité. On aimerait pour notre part voir le groupe apporter un peu plus de folie à ses sets… mais sa musique s’y prête-t-elle ?
ROSY FINCH
L’ibère a été rude sur la minuscule Vulture Stage de ce Desertfest flamand et la technique a été rude avec la riot grrrl d’Alicante. Les aficionados piaffaient d’impatience à l’heure du début prévu de la fiesta, mais des problèmes techniques ont retardé celui-ci. Une fois la salsa balancée, on goûte à quelques plans doom enchevêtrés dans des gimmicks punk et on se barre ailleurs en raison des chevauchements et aussi parce que c’est un peu hors sujet pour nous.
RADAR MEN FROM THE MOON
Ailleurs, c’est à l’étage, pour un nouvel exercice annoncé comme mélangeant de nombreuses influences dont certaines dans nos cordes. C’est la fête quand on découvre les deux batteries sur scène : ça ne sert pas à grand chose musicalement, mais question visuel et propension à faire bouger les corps c’est du meilleur effet. Les instrumentistes effectuant leurs derniers réglages nous rappellent agréablement le Kvelertak des temps jadis. Au taquet nous sommes pour nous démener comme des diablotins lorsque déboulent les bataves, mais rapidement nous sommes désorientées par ce post tout accompagnant des lignes de voix faiblement mixées et un peu perdues dans leurs reverb. Ça chie, mais ne nous convainc pas à prolonger au-delà du délai nécessaire pour rejoindre la Desert Stage.
PALLBEARER
L’évolution musicale du groupe depuis ses débuts ne nous incite pas à nous précipiter au premier rang du set des américains de Pallbearer, le quartet emmenant désormais franchement son doom sur des terrains ultra mélodiques et atmosphériques. La prestation scénique du groupe confirme ce postulat, avec des postures emphatiques et dramatiques à chaque riff (lent), des musiciens imprégnés jouant les yeux fermés, déroulant un doom-pathos atmosphérique un peu plombant, manquant, pour le doomster un peu basique (que nous sommes), de puissance. Le public n’est pas vraiment massé à ce stade, mais les premiers rangs semblent apprécier, ce qui prouve (mais nous le savions) que Pallbearer a trouvé son public. C’est bien cela l’essentiel.
MY DILIGENCE
Même si nous avions déjà pas mal profité du gras durant cette première partie des festivités, il était impératif de s’en enfiler aussi dans le système digestif afin de maintenir nos physiques d’Apollon (qui font pâlir d’envie les représentants de tous les webzines de la terre). Nous avons ainsi loupé le départ de la diligence. Nous nous sommes rattrapés sur la fin du set du trio qui avait fort bien fait le plein de spectateurs sur la petite scène. Le trio originel de la capitale du Royaume de Belgique a déployé un rock parfaitement à l’aise dans ses phases les plus pugnaces, propices aux ondulements frénétiques du public, ainsi que dans ses phases plus aériennes terriblement envoûtantes. Un peu à l’image du petit dernier sorti avant l’été : « The Matter, Form and Power », les Belges font l’étalage de leurs talents sur scène.
ALUNAH
On savait bien, en rentrant sur la Canyon stage, que l’on n’y retrouverait pas le Alunah d’il y a quelques années, ce combo aux relents doom que l’on avait appris à apprécier. Leur dernier album nous avait préseenté un tout autre groupe. Il ne nous faudra que quelques secondes pour confirmer que la formation qui se présente sous nos yeux n’a plus grand chose à voir, musicalement et scéniquement. Leur nouvelle chanteuse Siân Greenaway, très (trop?) largement mise en avant par le groupe depuis son arrivée dans le line-up, débarque avec moultes franges et cheveux pour capter l’essentiel de l’attention de l’assistance. Musicalement, le groupe a dérivé, on le sait, vers un mélange de heavy rock vintage chargé aux différentes saveurs 70s (et même 80s). Au final, l’ensemble sied fort bien au public apparemment, qui, bien que modérément nombreux, semble apprécier le set. Il est vrai que, dans son genre, le groupe s’en sort plutôt bien.
ELDER
Comme à Munich il y a quelques mois et comme c’est la coutume de la formation originaire du Massachusetts, c’est avec le hit intersidéral « Compendium », en version XL, que les hostilités sont lancées dans la plus grande salle, qui est blindée pour l’occaz. Avec une entrée en matière de ce calibre, le quatuor a posé le niveau et s’est imposé comme un des tout grands moments de cette cuvée, malgré quelques errements à la fin du premier tiers de ce show de soixante minutes. Puissance et virtuosité se sont déployées durant ce set mortel qui a vu les premiers surfeurs des foules s’élever au dessus de la masse des premiers rangs, celle qui bouge. Celle qui ne bouge pas : c’est la masse agglutinée sur les chemins d’accès, sur les hauteurs ainsi que derrière les dix premiers rangs rendant les déplacements fastidieux et désagréables, vu qu’une translation de 20 centimètres semble pour certains festivaliers aussi pénible qu’une ablation mammaire à l’égoïne rouillée ou une castration au fer à souder (on est old school dans la maison et on fait encore du genrisme en 2022). Hormis ce désagrément indépendant des prouesses d’Elder, c’est un carton plein pour les Etasuniens et on humidifie d’avance nos strings léopard à l’idée de déguster leur prochain opus, Innate Passage, programmé pour le 25 novembre.
THE NECROMANCERS
La nouvelle incarnation des Necromancers sur disque nous a déstabilisé, et l’on attendait de voir sur scène de quel bois se chauffe le groupe. Quelques accords suffisent à nous confirmer que le penchant pris sur album se concrétise en live. Le nouveau chanteur Basile Chevalier-Coudrain ne manque ni de talent vocalement ni de charisme. Pourtant, l’ambiance déployée par le groupe n’a plus rien à voir avec ce léger penchant sombre que l’on aimait dans son incarnation plus “occult”. Le constat est implacable par exemple lorsque le groupe, en milieu de set, engage un de ses titres emblématiques, “Salem Girl”, qui se retrouve presque aseptisé par l’exercice, tout badigeonné d’un arrangement hard rock à la rythmique sautillante, et du coup dépouillée de ce son dark subtilement sale auquel on était habitué. Ayant abandonné l’une de ses spécificités, le groupe se retrouve de fait dans la cour de jeu de très nombreux autres groupes presque similaires, dont il peine à émerger musicalement. On a du mal à cerner la stratégie…
WEEDPECKER
Le combo polonais est rare sur scène, et c’est avec plaisir que l’on gagne la scène Canyon, quelques minutes après la claque prise dans la grande salle avec Elder. La transition entre les deux groupes a du sens, tant les partenaires de label (et amis) ont en commun une qualité de composition hors norme (on verra d’ailleurs Nick de Elder monter voir le concert du groupe dès son propre concert terminé). Plus imprévisible dans sa discographie, restait à voir ce que valait le groupe en live. Le groupe est bien en place, proposant sur scène une bonne partie de la richesse sonore déployée sur disque. Le chant par exemple, partagé entre trois musiciens (dont le batteur) apporte un bon relief à l’ensemble. Pour le reste, le set se déroule avec des moments plus ou moins intenses (les titres du dernier album ont un peu plus de mal), mais soutenu par une prestation solide en tous points. Musicalement, il est difficile de reprocher quoi que ce soit au groupe, mais passer après Elder aujourd’hui, dans un genre musical “cousin”, ne joue pas forcément en leur faveur, malheureusement. Un bon set toutefois.
RED FANG
On devisera à loisir sur l’opportunité de continuer à considérer Red Fang comme ténor du genre musical qui nous occupe (il y a “Desert” dans “Desertfest”…), pour autant, chacun de ses concerts est attendu par un public de plus en plus large : la grande Desert Stage est à nouveau pleine comme un oeuf (un vrai plaisir pour circuler, le public flamand de base s’avérant charmant et gracieux à plus d’un titre…). Sans créer de suspense, la prestation du jour ne viendra pas ternir le tableau de chasse du quatuor américain. Le groupe prend les planches (devant un immense backdrop où les super projections estampillées Red Fang s’enchaînent durant tout le concert) et propose une entame comme on en a rarement vu, enchaînant une poignée de hits furieux qui viennent embarquer le public dans un tourbillon : “Blood like Cream” enchaîné à “Malverde” mettent tout le monde d’accord, et derrière c’est une longue série de tubes à intensité variable qui défilent : “Hank is Dead”, “Wires”… Un tourbillon de claques ! Et les premiers slammers ne se font pas attendre longtemps… L’ambiance s’apaise un peu à chaque mid-tempo (et surtout avec les nouveaux titres, pas encore pleinement digérés par tout le monde semble-t-il) mais le groupe sait reprendre le public par le cou et ne le lâche plus jusqu’à la fin. Une belle démonstration.
SUMA
Une partie de la délégation a quitté la grand salle où la tête d’affiche déployait son talent grand public, pour rejoindre l’obscurité de la Vulture Stage où quelques épicuriens se sont délectés d’une prestations intense et prenante des vétérans suédois. Le batteur, torse nu, centré sur la scène officiait comme maître de cérémonie de ce sabbat déployé devant une assistance congrue, mais hypnotisée par le groupe, qui a fini par emmener les corps dans une trance fédératrice prisée par la tribu des sludgeux-doomeux. Les incantations, plus que des chants standardisés, ont présidé à cette immersion aux relents tribaux, dans une salle plongée dans la chaleur et l’obscurité. Une énorme prestation qui a catapulté son auditoire dans une autre dimension lui faisant encore plus regretter les rares apparitions scéniques d’un groupe qui n’a rien sorti de neuf depuis une tripotée d’années.
PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS
Difficile cas que celui de Pigs(x7). Musicalement le groupe délivre un stoner pêchu piochant aussi dans le vieux doom US, noise rock, etc… un genre musical moderne, intéressant mélange, séduisant à plus d’un titre. Cette musique trouve sur scène une incarnation lui apportant une autre dimension, en particulier avec l’écrasante prestation de Matt Baty : le vocaliste a beau être épaulé de musiciens loin d’être timorés, sa prestation complètement déjantée devient le centre d’attraction du groupe. Le public, dans sa majorité, semble y voir un petit phénomène (et en un sens, ça en est un, évidemment). Pour notre part, ce saugrenu zébulon scénique vient obérer la proposition musicale du groupe, qui ne se démarque pas dans la même proportion (on sort du concert en se disant “quel déjanté ce mec, ce concert était fou” et non pas “quelle set list, quels riffs incroyables”). Souhaitons qu’avec le temps le groupe rééquilibre les forces et fasse valoir sa musique avant tout autre artifice. Le fond et la forme…
Un bilan à chaud de la journée nous laisse déjà le souvenir d’un bon nombre d’excellents concerts pour cette première (pour nous) journée. Il nous tarde déjà la prometteuse seconde journée, qui nous tend les bras… après quelques heures de repos !
La pandemie et ses longs mois de confinement ont bouleversé l’ordre des choses dans de nombreux domaines, à commencer par celui des tournées, puisqu’après deux ans quasiment sans festival, tous les groupes reprennent la route, tous en même temps. Résultat on ne compte plus les concerts déserts, la faute au prix du ticket ou à la sur-abondance d’évènements sur une même semaine. Mais tout ce bazar amène aussi d’heureux moments, comme ce concert de Nebula de dernière minute à Paris, le troisième de leur histoire, 3 ans après le Petit Bain sur la tournée Holy Shit et leur venue dix ans plus tôt en ouverture de Monster Magnet pour défendre Heavy Psych.
Un concert gratuit, au Supersonic, pas dans la salle, puisque cette dernière est en travaux mais dans les locaux du disquaire adjacent. Plus de 150 personnes répondent à l’appel et quelques retardataires devront alors attendre la sortie de spectateurs pour pouvoir rentrer à leur tour. En première partie, Thud, trio parisien dont le premier album est à prévoir d’ici à la fin de l’année. Mené par des musiciens rompus à l’exercice de la scène, notamment Régis Lavisse avec Blues Power Band, Thud s’exprime avec une grande révérence de ses ainés, QOTSA en tête, et fait secouer les têtes des spectateurs qui leur réserveront un accueil bien chaleureux.
Un peu avant 22h, Nebula investit la scène. Eddie Glass a les cheveux intégralement blanc mais passé ce choc, il a toujours la même acuité sur les frettes de ses Gibson. Avec Tom Davies et Michael Amster, il passe donc une grosse heure à revisiter l’imposant répertoire de Nebula. Transmission From Mothership Earth, le petit dernier se paye une jolie part du set (mention à « Existential Blues » appelé à rester dans les futures setlist) et bien sûr ce sont le titres de To The Center les plus appréciés, à commencer par le morceau titre (joué en milieu de set) ou la pépite « Freedom » vraisemblablement non prévue au menu et servie en dessert.
En un mot comme en 353 (oui j’ai compté) des concerts comme celui ci, j’en reprendrais bien tous les lundi.
Loin de l’agitation d’un Hellfest 2022 hors norme, on célébrait cette année la dixième édition du Rock in Bourlon. Située près de Cambrai, la commune de Bourlon se démarque de son “voisin” clissonnais par une ambiance familiale et décontractée (et la présence de sandwiches camembert cuits au barbecue, c’est peut être un détail pour vous mais pour moi cela veut dire beaucoup) mais aussi par une qualité de programmation qui laisse rêveur quand on sait que le festival à toujours été à prix libre. Depuis une décade, le Rock in Bourlon met en avant la scène stoner / musiques psychédéliques avec des groupes comme All them Witches, Toner Low, Karma to Burn, Monolord, Mars Red Sky ou encore Five the Hierophant, et des groupes au style gravitant autour de cette base stoner comme Eyehategod, Mantar, Coilguns ou Ddent. Pour sa dixième, le festival nous propose quelques mutations comme l’ajout d’une seconde scène et une troisième journée de concert. Pour notre plus grand bonheur, l’affiche reste, elle, dans la lignée des années précédentes.
Vendredi 24/06/2022
Grosse inconnue de cette première journée, et du week-end en général : la pluie !… Longtemps la météo nous promettait averses, orages accompagnés d’une pluie de sauterelles… Plus de peur que d’humidité en finalité puisque la plus grosse saucée du week-end aura lieu pendant le montage des tentes.
C’est donc le postérieur posé sur l’herbe que j’attaque le festival avec les italiens berlinois de Sneer. On est rapidement envoûté par les lignes de chant sombre et fragile de la chanteuse alors que le mariage entre rock, pop psyché et post rock opère sur la foule qui intègre le festival.
Moins à l’aise avec la musique plus punk de Yonic et Tunic (quelle puissance de la part de la chanteuse de Yonic cela dit), la première claque de ce Rock In Bourlon viendra avec les anglais de Desert Storm. Situé pile poil entre heavy metal et doom, Desert Storm masse les nuques de la fosse à la perfection et nous enfouit sous une avalanche de riffs brutaux allant même sur certains morceaux vers des sonorités et une lourdeur plus stoner rappelant Elephant Tree. Le chant primitif et l’énergie déployée par le groupe amène une ambiance heavy épique. Performance plutôt impressionnante car les anglais ne s’appuient pas sur une imagerie scénique marquante et ont plutôt opté pour un look de papa façon Lowrider.
Desert Storm
Invité à jouer sur chacune des journées, et l’affiche étant cette année peu orientée vers ces sonorités, Ecstatic Vision sera le facteur saxophone et psychédélisme du festival. Après des balances à rallonge (phénomènes récurrents de la nouvelle scène, cela dit le son était correct voire très bon à chaque fois), le fougueux quatuor nous délivre un premier set plutôt puissant et brut. Comme à son habitude, le guitariste et multi instrumentiste rayonne de bonheur et semble complètement absorbé par la musique, jonglant entre guitare, saxophone et flûte. Leur chanteur Doug est tout aussi hyperactif. Dès le premier morceau il fait monter des gosses sur scène pour danser avec eux (bon, sans succès, mais en même temps les petits étaient sobres) puis enchaîne les danses, sauts sur scène tout en assurant à la guitare et à l’harmonica. La foule est bien moins énergique, balayée par les vagues de saxo et la puissance du groupe…
Il sera d’ailleurs difficile d’enchainer sur les concerts suivants… Toutefois, impossible de manquer Eyehategod, tête d’affiche du jour, qui commence son concert devant une foule enfin dense (pas évident de rassembler un vendredi, l’affluence augmentant à partir du début de soirée). Pas fan du groupe que ce soit en studio ou en concert, la mayonnaise prendra cette fois-ci pour moi. Il faut dire que les américains sont particulièrement énervés ce soir et emportent tout sur leur passage. La fosse elle aussi est survoltée, venant provoquer plusieurs fois Mike Williams et Jimmy Bower ainsi qu’en multipliant les actes de maltraitance sur la barrière de sécurité.
Samedi 25/06/2022
Un des (nombreux) avantages du Rock In Bourlon est que les concerts ne commencent que l’après-midi. C’est donc frais et reposé que l’on attaque cette seconde journée décimée par les annulations. Maggot Heart, Nekromantheon puis Thou, cette journée semble maudite d’autant qu’elle est menacée à nouveau par les orages… Insect Ark démarre d’ailleurs courageusement sous la pluie et devant des festivaliers cachés dans les tonnelles du merch et du bar.
Portrayal of Guilt
La journée démarre vraiment pour moi avec les fabuleux polonais de Moonstone. Leur doom aux odeurs stoner et heavy vient chasser instantanément le mauvais temps à gros coup de riffs aussi lents que massifs. On est pris dans le mouvement dès le premier morceau pour ne s’arrêter d’headbanguer que 5 à 10 minutes après le dernier morceau, les riffs résonnant encore dans nos corps.
Difficile de se remettre de cette bûcherie et pourtant Sordide, qui avait clôturé la soirée précédente, vient remplacer Maggot Heart en proposant un set très qualitatif de covers de Nirvana. Plus influencé par l’énergie punk du groupe, Sordide balance des titres comme “Tourette’s” ou “Territorial Pissings” avec un son cru et une certaine authenticité (j’en ai regretté de ne pas avoir eu la foi d’aller les voir la veille, je ne me ferai pas avoir la prochaine fois).
Profitant des lieux sur les concerts suivants (la zone merch est toujours intéressante à Bourlon, celle du sandwich camembert l’est tout autant mais pour d’autres raisons plus vitales !) c’est avec Messa que cette seconde journée reprend d’un point de vue musical. Ne les ayant jamais vus et n’ayant que très peu écouté leur dernier album, la peur d’être déçu était présente mais s’est très rapidement dissipée devant l’aura de Sara et la qualité du son. Le contraste entre la subtile fragilité du chant et l’atmosphère pesante, parfois à la frontière du doom, des mélodies était juste fantastique.
On se remet à peine de nos émotions qu’Inter Arma nous ramène brusquement sur terre pour nous enfoncer la tête sous le gazon bourlonais. Encore plusieurs crans au-dessus de l’intensité mise par Desert Storm la veille, Inter Arma nous prend littéralement aux tripes et vient à son tour nous masser nuque et vertèbres.
L’enchaînement avec le second set d’Ecstatic Vision me sera fatal, venant achever ma barre d’énergie. Ce second concert sera en tout point similaire au premier, à la différence prêt que cette fois aucun gamin n’aura fini sur scène.
Dimanche 26/06/2022
Cette dernière journée commence avec une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise est que Midnight Ghost Train est contraint d’annuler son concert… La bonne c’est que le soleil est enfin de retour ! Un soleil magnifiquement accompagné par le rock tropical apocalyptique de We Need A Plumber (la formule vient d’eux). L’ambiance sur scène est plutôt décontractée, avec un guitariste nous annonçant que tel morceau parle des accidents de voiture (ou des cassoulets carrefour) ou cataloguant leur musique de rock tropical apocalyptique. Définition plutôt juste vues les compositions lumineuses, agrémentées de nombreuses percussions, appelant clairement au voyage… l’aspect fin du monde venant sans doute des passages plus tortueux techniquement.
Une mise en bouche qui vient réveiller nos popotins et suivie par les non moins entraînantes mélodies de Djinn, décalant son créneau de l’après-midi pour remplacer la voix rocailleuse de Midnight Ghost Train. Devant une foule qui grossit malgré le concert spécial dans l’église de Bourlon (la chaleur et le monde présent là-bas auront eu raison de notre patience), les bretons marquent par la maîtrise de leur rock psychédélique, guidé par la voix rocailleuse de Chloé, et gagnent en assurance scénique au fur et à mesure que les morceaux passent, Chloe se jetant carrément dans la fosse sur le dernier morceau !
Djiin
La logique voudrait qu’ensuite Ecstatic Vision entre en scène pour la troisième fois du week-end afin de nous achever et c’est exactement ce qu’il va se passer puisque les américains ont encore de l’énergie à revendre. Un troisième set plus psychédélique et moins brut que le premier, mais avec une ambiance plus chaude côté public (le groupe jouant cette fois sur la scène principale) motivant Doug à monter en haut de la scène puis à se faire quelques frayeurs lors de la redescente. Une petite déception toutefois d’entendre des morceaux déjà joués lors des deux premiers jours, le fait de les voir 3 fois laissant espérer au moins un concert plus particulier (en acoustique ou un album joué de bout en bout par exemple).
Malgré la fatigue qui commence à tirer, impossible de finir cette édition 2022 sans aller voir Slift. Peu de souvenirs, hormis ce sentiment d’être complètement emporté par les vagues psychédéliques du groupe, les jambes se transformant en coton et la tête se désolidarisant du reste pour s’échapper dans la nuit … !
Slift
Cette année encore le Rock In Bourlon nous a enchanté et cela malgré les pépins techniques ou d’organisations qui ont glissé sur la bonne humeur des festivaliers et des bénévoles. On ne le dira d’ailleurs jamais assez, mais les bénévoles sont en or et sont impossibles à dissocier de la réussite de cet évènement. Ce cru 2022 se voulait sans doute plus grand pour ce dixième anniversaire, avec cette seconde scène, ce jour supplémentaire et cette affiche encore plus éclectique que les années précédentes. On sera là l’an prochain, en espérant une onzième édition, pas forcément plus grande, mais fidèle à son atmosphère si particulière et si captivante musicalement.