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18 au 20 octobre 2024, voilà tout ce que vous devez retenir de cette chronique et celles des jours suivants : ce sont les dates du prochain DesertFest à Anvers (Antwerpen comme disent les locaux). Bien sûr tout n’est pas parfait mais le ratio plaisir/investissement est gigantesque. Revenons tout d’abord sur le premier des trois jours de ce week-end une fois de plus fabuleux.
SIENA ROOT
Sortie du boulot, rejoindre les amis, faire les 2/3 heures de route, forcément trop juste pour faire l’ouverture, et voir le premier groupe mais pas louper Siena Root dans une Canyon Stage déjà plus que copieusement remplie. Le quatuor suédois est toujours aussi efficace et le public est déjà hyper réceptif. Riche d’une discographie déjà bien remplie, le groupe pioche ses 7 titres dans 6 albums différents ! Autant dire un show best-of qui a dû ravir les fans présents d’autant que Zubaida Solid et sa troupe sont en grande forme et ravis d’être là, nous aussi !
Voilà, c’est parti et bien parti. Si vous êtes marathonien et bien organisé, les shows se chevauchent très peu et vous avez la possibilité de voir tout ou partie de chaque groupe présent. Avouez que ce n’est pas tous les festivals qui le permettent. Alors oui, être bien placé demande parfois d’arriver plus tôt et de zapper la fin d’un autre concert mais théoriquement parlant, on peut (en partie) tout voir.
Ce n’est bien entendu absolument pas ce que je ferai car le DesertFest c’est aussi la possibilité de discuter, de faire des rencontres et de vivre des moments inoubliables y compris en dehors des concerts.
Direction donc le merch et la bouffe !
Côté merch, on retrouve un stand par groupe et des stands présents les trois jours. T-shirt, affiches, CDs et surtout vinyles, patches etc… de quoi dépenser 10 fois votre salaire annuel. Des prix totalement raisonnables. On tourne souvent à 10 € le CD, entre 20 et 30 le vinyle ou t-shirt, pareil pour les affiches. Il arrive très souvent que des membres des groupes soient présents et c’est l’occasion de discuter, de prendre des photos, de faire signer des choses. Un moment partagé impossible dans un grand festival et qui ici est d’un naturel évident. Énorme respect des fans d’ailleurs qui sont souvent nombreux devant les stands.
Côté nourriture, y’a un peu de tout, c’est assez bon mais c’est cher. 15 € la pizza basique, 12 € la part de frites. C’est clairement exagéré et à mon avis le seul point véritablement négatif du festival. Le barnum installé avec ses bancs et tables produit une ambiance unique qu’on ne rencontre qu’en festival et qui, petit plus, vous protège des petites pluies du week-end.
THE OCEAN
Direction la Desert Stage pour The Ocean. En pleine tournée de promotion de leur album, le groupe joue une majorité de titres tirés de Holocene (5 des 9 titres interprétés). Ce groupe allemand atypique est plus un collectif qu’autre chose. Des dizaines de musiciens ont participé à ce projet. Seul Robin Staps (guitare) est là depuis le début (2000). Loïc Rossetti (membre depuis 2009) au chant emmène donc la troupe avec énergie pendant que le groupe joue à la perfection les morceaux. C’est puissant et techniquement impeccable. Le public nombreux est ravi, c’est mérité.
CARLTON MELTON
Carlton Melton retourne complétement la Vulture Stage. La réputation de cette petite scène n’est plus à faire, il s’y passe toujours des choses merveilleuses. Le quatuor américain déboite tout. Des passages planants vous permettent de récupérer mais globalement, c’est hyper puissant et rentre dedans à souhait. Les musiciens sont à fond, le public aussi. Excellent concert, j’en veux pour preuve le monde devant leur stand de merch peu après le show. La Vulture tient sa première pépite du week-end et bien sûr, ce ne sera pas la seule.
TRUCKFIGHTERS
Truckfighters a pour mission de jouer en tête d’affiche du premier jour sur la grande scène. Qu’on aime ou pas, Truckfighters c’est trois gars qui depuis presque vingt ans donnent tout ce qu’ils ont sur scène, sans s’économiser. Ça saute, ça bouge, ça rock de partout. Le public se prend au jeu. Le groupe enchaine à bon rythme et nous donne un show dense et énergique. La setlist est généreuse et n’a pu que combler les fans.
NEBULA
Je les quitte malheureusement avant la fin car pour être bien placé pour Nebula qui clôture la première journée sur la Canyon Stage, mieux vaut avoir un petit quart d’heure d’avance. Pour les avoir vus deux jours avant au Black Lab de Wasquehal (Nord), je sais à quoi m’attendre. Ça va fuzzer dans tous les sens et être excellent. Le groupe a une heure devant lui (le concert au Black Lab a duré une bonne heure et demie) et n’attend pas pour se chauffer et tout donner. Le concert sera donc aussi bon que mercredi en encore plus dense. Ils entament avec “Giant”, fin de l’histoire, la messe est dite, préparez vous à une déferlante de riffs. Michael Amster à la batterie c’est un régal. Le mec a autant de feeling que de force. Ça tape sec et fort tout en groovant quand c’est nécessaire. Ranch Sironi à la basse est indiscutablement fun à regarder et entendre en plus d’être sympathique. Et puis Eddie Glass quoi. Ce mec fusionne avec sa guitare. Vous pouvez passer le concert entier à le regarder sans vous lasser. Ce mec est une légende. Bref, le public est en feu pour clore la première journée. Et si on juge la symbiose entre un groupe et le public aux titres non prévus que le groupe ajoute à sa setlist alors sachez que “Full Throttle” n’était pas prévu. Et quelle version de ce titre, véritable hymne stoner. La performance est magistrale et on termine la première journée dans une ambiance excellente, les fans chantant sur la musique d’ambiance à s’en rompre les cordes vocales.
Bien sur je ne suis pas marathonien et n’ai pas vu tous les groupes de la journées, mais ce fut bien rempli. De ce que je n’ai pas vu, Quicksand revient beaucoup dans les discussions, espérons que je puisse les voir un jour.
Objectif suivant, dormir et reprendre des forces! La première journée fut riche, très riche et il va falloir être opérationnel pour un deuxième jour au moins aussi copieux !
A quelques centaines de mètres de la frontière française, cette petite et active salle de concert fait ce soir le plein… dont pas mal de français ! Il faut dire que ce plateau splendide ne propose qu’une dans l’Hexagone, ce qui pousse à faire quelques kilomètres ! En tous les cas le Psilocybenea est sold out ce soir, et au vu de l’affiche, pas difficile de comprendre pourquoi.
Les choses sérieuses commencent avec Slomosa. Les norvégiens sont apparemment très attendus, et leur montée sur les planches se fait sous une véritable ovation. Leurs innombrables concerts, festivals et tournées diverses ces dernières années ont clairement porté leur fruit, et le quatuor fait preuve d’une assurance remarquable au moment de lancer son set.
Pour une première partie (et donc un temps de jeu limité à 45 min environ) les choix de set lists sont compliqués, ce qui donnera ce soir un set de valeurs sûres. L’intro instrumentale habituelle enchaînée au groovy “Estonia” a fait ses preuves ces dernières années, on ne change pas une équipe qui gagne. Juste après en revanche, le groupe propose une paire “d’inédits”… enfin, on les connaît tous déjà par cœur : probables représentants du prochain album du groupe, à paraître début 2024, “Rice” et “Cabin fever” font déjà partie des set lists du groupe depuis longtemps. Pas de quoi bouder notre plaisir toutefois…
Scéniquement, la maîtrise du groupe est impeccable : malgré un espace TRÈS restreint (le kit de batterie de King Buffalo étant déjà sur place, celui de Jard trouve sa place dans un petit recoin en bord de scène, tandis que les trois autres musiciens doivent se partager les rares mètres carrés laissés disponibles sur cette scène bien modeste. Est-ce qu’ils s’en trouvent pénalisés ? Loin s’en faut : ils se meuvent dans un sens ou dans l’autre, quitte à se bousculer parfois – avec le sourire – , headbanguent, haranguent le public… Le tout sans en mettre une de côté, bien entendu : les parties de guitare sont impeccables, le jeu de basse de Marie est solide (et quel son ce soir !)… Et Ben a des problèmes de voix ? Rien de grave, il s’arrache au maximum sans ne laisser percevoir de défaut, et dans tous les cas il se fait bien aider du public sur “In My Mind’s Desert”.
La triplette finale est, comme toujours, dévastatrice, avec le meilleur du stoner énergique et chaloupé du combo (“There is Nothing New Under the Sun” / “Kevin” / “Horses”), avec Ben qui termine le set dans la fosse pour y jouer ses derniers soli. Quand le groupe quitte la scène, les cris du public sont assourdissants pour appeler à un rappel, ce qui n’est évidemment pas possible pour cause de timing contraint. Un set encore une fois impeccable, qui a autant satisfait les amateurs que conquis les “découvreurs”… Quel groupe !
Même salle, mais deux ambiances ! C’est donc King Buffalo qui investit la scène en tant que tête d’affiche, une scène désormais bien plus vaste sans la batterie et les amplis de Slomosa, et paradoxalement une scène où ils sont moins nombreux et… moins mobiles. Mais pour l’heure, on assiste surtout à un line check express et un peu chaotique, avec surtout une cocasse anecdote : personne ne sait comment retirer le backdrop “Slomosa”, qui ornera donc le fond de scène pendant tout le concert du trio new-yorkais.
Côté énergie, le soufflet retombe quand même lourdement après le set de leurs potes norvégiens, mais c’est ce qui fait aussi l’intérêt et la richesse de ce plateau bicéphale. En tous les cas, dès les premiers accords onctueux de McVay, emmenés par la basse moelleuse de Reynolds et rythmés par la batterie relax de Scott Donaldson, on se laisse embarquer dans un tout autre espace-temps, une zone musicale où l’on prend le temps de poser les choses, de développer des strates musicales plus travaillées. McVay emmène l’ensemble avec un charisme cool remarquable : au delà de son confort à la 6-cordes (il pourra nous faire penser au travail de Boris de Monkey3 concernant sa contribution musicale à son groupe) il maîtrise gentiment la tension du set, en véritable chef d’orchestre et vraie “force tranquille” du trio.
La set list va vraiment chercher dans quasiment toutes les productions du groupe, et pas uniquement le dernier triptyque, qui aurait largement suffi à construire une set list imparable le cas échéant. Le trio a construit un cheminement impeccable et riche, donc la meilleure illustration est en intro, avec cet enchaînement irréaliste (tant il coule sous le sens) entre “Eta Carinae” et “Grifter”, avec la rythmique de la conclusion du premier qui fait directement écho à l’intro du second (essayez d’aller les écouter, vous verrez). Il en va de même sur tout le set, où le trio gère la tension en véritables professionnels, alternant passages psyche plus planants, limite space rock parfois, et montées en tension nombreuses et efficaces. De véritables montagnes russes musicales et émotionnelles durant plus d’une heure de set, tel qu’illustré par ce final sur le désormais incontournable “Cerberus”, titre riche et épique, propice au voyage et aux montées en pression riffues.
McVay et Reynolds restent globalement dans leur coin de la scène chacun, avec toujours ces petits pas de danse et ces sourires pour le bassiste, et un certain flegme de la part du guitariste chanteur, qui ne se dépareille pas toutefois de réactions en lien avec le public. Musicalement, leur usage de leurs instruments leur permet de proposer une gamme sonore bluffante pour simplement trois musiciens : boucles, effets, synthés, claviers, pédales de guitare / basse, etc… Jamais on ne se dit que la richesse sonore des albums souffre du passage en live.
L’ensemble est mené avec décontraction et assurance, et le set se termine après les douze coups de minuit, heure à laquelle tout le monde quitte gentiment la salle, le sourire aux lèvres. Quelle excellente soirée !
Ça commence à sentir la rentrée cette histoire ! Les festivals d’automne occupent tous les week-ends, et les tournées annoncées depuis quelques mois se matérialisent un peu partout dans l’hexagone et autres pays limitrophes. C’est dans ce contexte que les plutôt rares The Atomic Bitchwax gratifient la France de trois jolies dates en headliner, dont cette soirée en banlieue bordelaise, dans cette petite mais impeccable salle Sortie 13.
Pas de première partie (c’est dommage, il y a pas mal de formations locales qui auraient apprécié, sans doute, de partager les planches avec ce groupe culte), on a donc juste le temps de papoter un peu et on est jetés direct dans le bain, à l’heure prévue, où l’assistance vient garnir en quelques minutes la petite salle. Même s’il n’y a pas des centaines de personnes, la capacité de la salle est parfaitement adaptée – pour un groupe qui a peu tourné en Europe dans sa carrière, et encore moins en headliner, prétendre à une plus grosse affluence ne serait pas raisonnable.
Quoi qu’il en soit, le groupe se chauffe sur une instru dérivée du “Frankenstein” de Edgar Winter en mode énervé, pour enchaîner direct, à son habitude, sur leur standard catchy “Hope You Die”. Le son est impeccable, et les gars sont en grande forme : ça joue, voire, comme me le souffle mon voisin dans l’assistance, “ça tricote”. La dextérité des musiciens est bien connue et documentée, et les voir sous nos yeux ne fait que nous le rappeler : Garrett Sweeny, le “petit nouveau” lead guitarist de Monster Magnet depuis quand même une douzaine d’années (!!) est un brillant soliste, peu démonstratif, mais d’une efficacité redoutable. Peu d’effets, peu de digressions, peu de gesticulations, mais du riff du riff du riff, et au milieu, des soli-éclairs, véloces et percutants. De l’autre côté de la scène, l’ineffable Chris Kosnik, désormais ancien Monster Magnet (il y a été remplacé par le discret Alec Morton ces dernières années) ne se dépare pas de son éternel sourire, et délivre entre chaque titre quelques bons mots au public, vannes bon enfant et contextualisations bienvenues de certaines chansons. Son jeu de basse, entre groove de forcené, mélodiste hors pair et technique impeccable (il faut voir les doigts de sa main gauche danser sur les cordes…), vient faire un lien parfait entre les leads de Sweeny et la pure rythmique, où il est épaulé par l’impeccable Bob Pantella, machine à rythme indéboulonnable. Techniquement, ça se plante là, mais sans démonstration, toujours au profit de brulots stoner jams nerveux et acérés, taillés pour le live, pleins d’énergie, de riffs glorieux et de soli météorites.
Côté set list, on ne va pas tergiverser, on est dans du “best of” ce soir, et le groupe étant si rare en concert, on ne va pas s’en plaindre : on est venus pour prendre du pur Atomic Bitchwax, on a exactement ce qu’on voulait. On a donc “Forty-Five” avec son gros riff soul-70’s et Kosnik au micro, les deux furieuses instru “Ninja” et “War Claw” autour du thème du King-Fu, la très Earthless “Kiss the Sun”, et le groovy “Liv a Little” pour finir le set… Enfin pas vraiment, après 50 minutes, les gars vont prendre une bouffée d’air frais et reviennent pour une paire de titres, dont le furieux standard “Shit Kicker” en conclusion – avec un discret dernier petit rappel riffique d’Ed Winter pour quitter la scène !
Une petite heure pour faire le job, et le groupe quitte la scène devant un public ravi. La durée du set était nickel finalement : au vu de l’énergie dépensée par le groupe, et de la vitesse d’interprétation, une quinzaine de titres ont été joués, largement de quoi repartir avec des souvenirs plein les cages à miel ! Sitôt sortis de scène, les gars vont dans la zone bar / merch / chill pour papoter avec le public, signer des skeuds, et finir de ravir un public qui n’en attendait pas tant pour clôturer cette excellente soirée.
« On a l’impression que la France entière est en vacances » disait Lori S. chanteuse, guitariste et maître à penser d’Acid King dans une interview pour Rock Hard, au moment d’évoquer les difficultés qui étaient les siennes pour trouver quelqu’un pour faire jouer son groupe à Paris en plein mois d’août. Par chance, la situation s’est débloquée : par la grâce d’une alliance entre l’asso lilloise Cerbère Coryphée et les Stoned Gatherings, le miracle s’est produit et Acid King a pu poser ses flycases à Glazart sur la route du Sonic Blast Festival au Portugal.
En ouverture, la sensation francilienne Fatima est venue apporter sa science du riff. 10 titres, dont pas mal de nouveaux, sont joués (7 sur les 10 morceaux proposés), ce qui fait de ce concert un véritable teaser pour les impatients. Au milieu les classiques « Turks Fruit » ou « Archville » transportent l’auditoire et de nombreux spectateurs repartent avec le vinyle de Fossil sous le bras, convertis qu’ils sont au rock psyché-orientalo-doomy de la formation.
Rapide changement de plateau et Acid King monte sur scène, Lori S. étant accompagné du line up de l’album, soit Bryce Shelton (basse) et Jason Weller (batterie), sans Jason Landrian de Black Cobra qui avait, dès le départ, annoncé qu’il ne serait pas sur la tournée. « Salut nous sommes Acid King de Californie », Lori S. Introduit les choses sobrement avant de dérouler Beyond Vision, le dernier album en date du groupe, en intégralité. Une idée merveilleuse tant ce disque est sublime et le public présent (un peu plus de 250 personnes) part immédiatement en voyage. Avec « Electro Magnetic » et « Beyond Vision » en point d’orgue, le set est magistral et lorsque vient le moment des rappels, Lori S. et son orchestre lancent deux des meilleures banderilles de leur cultissime album Busse Woods et laissent le public exsangue, quoi qu’un peu triste de retrouver la terre ferme.
Complètement rincés par notre éprouvante journée de la veille et son affiche insensée, cette quatrième et dernière journée du Hellfest s’annonce plus raisonnable, mêlant certains des sets les plus attendus du week-end avec des artistes méconnus, voire incongrus… L’esprit et les oreilles grandes ouvertes, on est donc parés dès l’aube à déguster ce programme alléchant.
DOODSESKADER
Retrouver un groupe de la très hypée Church of Ra (AmenRa en leader d’un troupeau de groupes plus ou moins obscurs) à l’ouverture d’une journée sur la Valley nous semblait étrange, mais au bout de quelques minutes, l’aspect « décalé » de ce duo basse-batterie est plus cair. Emmené par Tim De Gieter, le bassiste d’AmenRa qui a foulé la même scène il y a trois jours, Doodseskader propose une sorte de post-metal sludgy bien barré, alternant séquences nerveuses et passages plus ambiants. Se partageant le chant, les deux drilles évoluent entre cris furieux et passages quasiment rappés. Créant un bon lien avec le public (bien aidé par ses communications en français), le duo déroule un set atypique mais pas inintéressant, devant un public somme toute assez clairsemé, mais pas ridicule (la fatigue des trois jours a laissé des traces, et les prévisions météo alarmistes ont incité pas mal de monde à rester au lit un peu plus longtemps…).
WOLVENNEST
Disons-le tout de go : voir un groupe dark et lourd comme Wolvennest à midi en plein air ne correspond pas au set-up idéal pour leur permettre de développer leur identité musicale – et ce n’est pas les quelques discrètes volutes d’encens perceptibles qui vont y changer grand-chose. On se concentre donc sur la musique, et là-dessus pas de surprise : le combo franco-belge développe une sorte de gros doom / post-metal, mêlé à des ambiances occultes bien senties. Emmené par rien moins que trois guitares (et une basse), les assauts riffiques du sextette font mouche, bien aidés (à nouveau) par un son impeccable, clair et puissant. Tandis que leur vocaliste Shazzula pourrait récupérer toute la lumière si elle le souhaitait, elle ne se met pas en avant plus que ses collègues, et apporte aussi des sonorités intéressantes via ses différents instruments, dont un thérémine amplement utilisé. Le public, qui n’est pas encore trop dense malheureusement (pour les mêmes raisons que le groupe précédent) est bien dedans, faisant écho à la prestation appliquée et solide du combo. L’ambiance se densifie au fil du set, sous l’influence d’un ciel qui s’assombrit, pour laisse tomber les premières gouttes de pluie quelques minutes avant la fin du concert. Une marée de vêtements de pluie bariolés fait son apparition dans le public pour une fin de concert un peu étrange…
S’ensuit un véritable déluge qui vient rincer et imbiber le site pendant une grosse heure, durant laquelle chaque emplacement su site un peu à l’abri est exploité par le public.
EMPIRE STATE BASTARD
La formation d’ex-membres de Biffy Clyro qui met en avant sur sa carte de visite l’illustre Dave Lombardo n’aura pas trouvé de meilleure adresse pour s’exhiber que celle de la Valley. Un choix qui va encore sans doute faire jacter, mais qui a le mérite d’attirer sur cette scène de fond de cour un public bigarré, constitué de curieux motivés (sous la pluie, ça demande une certaine abnégation), qui ne savent pas trop à quelle sauce ils vont être mangés (le premier album du groupe sortira sur la seconde moitié de l’année). La musique que délivre ce quatuor peu orthodoxe surprend les amateurs du rock alternatif policé de Biffy Clyro, même si le vocaliste Simon Neil a toujours vendu son side project comme violent et nihiliste : il serait vain de tenter de la décrire autrement que par melting pot agressif, Core Machin ou tout autre qualificatif fourre-tout qui explose les tympans. Tandis que Neil saute et se contorsionne dans tous les sens, vomissant ses tripes à chaque couplet (le tout sous la pluie, en short et mocassins à glands, la grande classe), une large part du public est venu pour voir Lombardo (caché derrière son monticule de futs et cymbales…), et sera satisfait des quelques notes de “Raining Blood” au milieu d’une avalanche d’autres riffs qui s’échinent à tenter de détruire le lieu alors que toutes les cataractes du ciel s’ouvrent sur nous. A coup sûr nous sommes biens dans le festival des musiques extrêmes.
LEGION OF DOOM
Bonne nouvelle : le ciel semble un peu s’éclaircir et la pluie se résorber tandis que les légendes du doom montent sur scène. Legion of Doom, LegionS of Doom… le patronyme du groupe est à l’image de sa genèse : gentiment boiteux et manquant de robustesse. Né sur les bases d’un tribute band à Erik Wagner (légendaire vocaliste de Trouble, anti-vax décédé du COVID…), le « super groupe » a été initié par Ron Holzner, discret mais emblématique bassiste de Trouble, qui a perpétué une part plus modeste de la carrière de Wagner à ses côtés avec The Skull. Il embarque son confrère Lothar Keller (guitare) et Henry Vasquez (un des plus solides batteurs de ce genre musical, qui, outre The Skull, a aussi officié au saint de Saint Vitus) dans l’aventure, et le projet évolue vers un hommage aux vétérans du doom metal culte, en élargissant le scope vers Saint Vitus, incarné par le sémillant (!) vocaliste Scott Reagers. Le compétent mais méconnu guitariste Scott Little vient compléter la formation, jusqu’à ce qu’à un moment, sans trop savoir pourquoi ou comment, Karl Agell (vocaliste oublié du « Blind » de Corrosion of Conformity, un album dont le titre le plus connu, « Vote with a Bullet », est interprété par un autre chanteur…) se retrouve incorporé dans le projet, de manière aussi irrationnelle que saugrenue. Le décalage est immédiatement tangible, alors que le groupe foule les planches sur un doublé de C.O.C. : même si « Dance with the Dead » reste un bon titre, son interprétation par des esthètes du doom est sans saveur. Deux titres plus tard, Agell passe le témoin à Reagers pour une séquence qui élève un peu la barre, avec le très bon « Trapped inside my Mind » de The Skull, et surtout le gros « War is our Destiny » de Saint Vitus. Les frissons. Les titres défilent ainsi, partagés entre chaque chanteur, dans une démarche décousue (deux titres chacun, en gros, et ça change…), culminant avec un très bon « Psychotic reaction » de Trouble pour clore les débats avec classe. On retiendra le vrai plaisir de retrouver ces vétérans à l’œuvre, qui en ont toujours sous la pédale manifestement. En revanche, avec tout le respect que l’on doit au vocaliste, l’ajout de Agell n’apporte non seulement rien à l’équation, mais fait perdre en cohésion à l’ensemble (et nous prive de quelques autres classiques de Saint Vitus par exemple). Un bon moment, qui aurait pu être meilleur sans cette idée étrange…
DOZER
Seule formation réellement estampillée stoner durant cette journée dont l’affiche est aussi variée que la météo du jour, les vétérans de la scène vont bouter le feu pour la seconde fois aux terres de Loire-Atlantique. Le quatuor lance les hostilités sur l’incroyable « Big Sky Theory », une perle commise jadis sur Through The Eyes Of Heathens (qui est de loin leur meilleure plaque à ce jour) alors que les suédois écumaient encore les salles européennes avec une précision de métronome. Un peu tendus et réservés en début de set, les quatre de Borlänge se lâchent rapidement, à l’image de Fredrik, qui semble s’énerver sur une corde cassée en début de set, mais qui pourtant assurera une prestation quatre étoiles sur le reste du concert, impeccable vocalement notamment. Le quatuor déploie live une poignée de compos tirées de leur dernière livraison en date, Drifting In The Endless Void, et l’exercice s’avère très convaincant, avec « Ex-Human, Now Beast » ou « Dust For Blood », par exemple, qui ont trouvé une place cohérente aux côtés de bombes intemporelles comme « Rising ». Le final sur « Mutation/Transformation » s’avérera du plus bel effet et c’est un public heureux que les Nordiques ont abandonné sur la plaine moite de la Valley. Ce public ne demandera, à l’unisson, que de recroiser très vite les Suédois, qui semblent décidés à se refoutre – enfin – sérieusement aux affaires, maintenant qu’ils ont du nouveau matos en rayon et que, même après une quinzaine de piges d’apparitions live homéopathiques, ils conservent une cohérence scénique fonctionnelle. Les lascars, croisés plus tard alors qu’ils se ravitaillaient, paraissaient aussi heureux que nous de leur concert diurne, qui leur a offert l’opportunité d’aller admirer sur scène des formations ayant influencé Dozer naguère, en bons mélomanes qu’ils demeurent.
MUTOID MAN
Le trio de Brooklyn – un tiers Cave In (cordes et chant), un tiers Converge (Batterie) – vient foutre un beau bordel à l’heure où la pluie manque de revenir. Le tour de chant mi mélodieux mi braillard s’assied sur une avalanche de blast assez éloignée de notre ligne éditoriale, même si par moments on semble déceler un poil de Mastodon, vite rattrapé par des sonorités plus rock’n’roll voir faisant penser à Metallica. En conséquence de quoi notre sens du devoir mis à mal nous a mené sous d’autres cieux pour un peu de repos avant que ne reprennent les hostilités.
DANCE WITH THE DEAD
Devons nous parler d’avanie alors que nous revenons vers la Valley pour cet avant dernier concert ? Nous arrivons un peu en trainant les pieds, harassés que nous sommes par tant de bons moments pris en quatre jours, et c’est là le choc le plus complet. La scène stoner du Hellfest a été transformée en technival ! Si on ne trouve sur place ni chevreuil, ni chien à punk, nos oreilles sont soumises à rude épreuve par le show synthwave qui se déroule sur scène. Un trio à clavier, mi guitare mi boum boum fait danser le public qui sans honte se laisse aller et piétine, saute, crie “allleeez”. Aussi vite arrivés, aussi vite repartis. Nous vous informons qu’une cellule psychologique a été mise en place pour l’équipe de Desert-Rock, et que vous pourrez bientôt manifester votre soutien à leurs familles grâce à une cagnotte en ligne.
THE MELVINS
Vue la tonalité de la journée nous ne savons pas trop à quoi nous attendre avec The Melvins. La troupe de trublions a pour habitude de cueillir son public là où on ne les attend pas, pour le meilleur comme pour le moins meilleur. Et en plein dans cette expectation, nous constatons que la formation ne comporte que trois zicos sur cette tournée avec le Roi Buzzo en tête de gondole dans sa tenue de couronnement. La belle soirée que voilà : en une heure le combo efface toutes les déconvenues de la journée, que ce soit avec “Zodiac” qui casse des nuques et fait se dresser des poings rythmiques et rageurs, ou avec une surprenante reprise de “I Want To Hold Your Hand” des cafards de Liverpool. Plutôt que de nous garder sur une route bien tracée, The Melvins nous offre un crochet par le savoureux “Hammering” où le bassiste multiplie les poses dans son costume rouge vif au guidon de sa Firebird. Les Houdini du rock font léviter les corps au-dessus du public, et le tour “Honey Bucket” marche à merveille avec pour assistante l’asso de sécurité des Challengers qui met en lieu sûr chaque slammer. La vague enfle et “Revolve” allume un brasier dans le pit – décidément aucun album majeur du groupe ne nous sera épargné, le pied le plus total. Encore quelques mesures et il est temps pour The Melvins de nous faire des adieux suants et chaleureux. Nous quittons alors l’enfer du festival sur un petit nuage, le cœur léger et le sentiment du devoir bien accompli.
Conclusion
Pour bilan de cette édition, revenons un instant sur cette nouvelle Valley. Le sentiment parmi les festivaliers est encore mitigé à l’heure où nous écrivons ces lignes. La perte de la tente aura fait souffrir du soleil et de la pluie les moins téméraires. Côté programmation, concernant les headliners les « grosses locomotives » ont fait le plein (Clutch, Melvins, Monster Magnet, Amenra…) même lorsqu’elles étaient plus « bariolées » (Triggerfinger,…), avec une mention spéciale pour la journée du samedi, où le public a rempli la fosse du début à la toute fin de journée. Globalement, le public a répondu présent et aucun groupe n’a fait de « bide » (même si les assistances étaient plus clairsemées pour les premiers groupes dans la journée, naturellement, ou encore quelques groupes plus « décalés » comme Greg Puciato, Empire State Bastard, Botch dans une moindre mesure…). La capacité d’accueil remaniée, dans ce nouvel espace plus « évasé », a permis à plus de monde d’assister aux concerts (finis les concerts regardés sur les écrans hors de la tente blindée), et même dans la plupart des cas de se rapprocher bien plus facilement des premiers rangs. Pour encadrer les spectateurs, l’équipe de sécurité, dont les Challengers, a cette année encore été impeccable de sérieux et de professionnalisme, mais aussi de bonne humeur et de bienveillance – qu’ils en soient félicités et remerciés !
Du point de vue pratique, l’isolement de la scène est plutôt apprécié, donnant des allures de havre de repos au lieu, qui s’est par ailleurs vu doté d’espaces nourriture et de commodités (dont l’ancien emplacement était souvent critiqué pour le délicat fumet qui en émanait parfois). Le son quant à lui, et c’est là l’essentiel, a gagné en précision et en amplitude.
En résumé la Valley, qui évoluera encore l’an prochain, finira par être adoptée à n’en pas douter par la majeure partie de ses habitués, pour peu que la programmation ait encore l’opportunité d’offrir de belles journées sous le signe du stoner, du sludge et du doom. A défaut, le festival y gagnera une scène medley isolée à juste titre et propice aux expérimentations plus ou moins risquées.
Clairement ce jour 3 était dans notre radar depuis des mois. L’affiche hallucinante justifiait (sur le papier en tout cas) à elle seule la venue en terres clissonaises. Le public, dense sur toute la journée (ce qui ne fut jamais le cas en continu sur chacun des autres jours), a manifestement fait le même diagnostic que nous. Le soleil cogne déjà très dur dès les premières minutes de la journée, participant à sa manière à peaufiner l’ambiance désertique propice à l’accueil des groupes du jour… On va s’hydrater et déguster…
DECASIA
Ayant vu ces prometteurs frenchies en club quelques fois, nous avons pu en apprécier la haute qualité. Notre seule inquiétude à l’heure oú le trio s’apprête à fouler les planches est de savoir si les compères arriveront à remplir un si grand espace de leurs exquises sonorités psychédéliques et sauvages. Ayant remporté leur place sur l’affiche dans le cadre d’un tremplin musical, le trio français vient ce matin gagner ses lettres de noblesse tout en ressuscitant la Valley que l’on attendait depuis deux longues journées. Pros et heureux à en exploser, le groupe annihile les chagrins des aficionados de la Valley désireux de retrouver un peu plus de cohérence stylistique dans la programmation.
SPIRIT ADRIFT
Old school as well, Spirit Adrift porte son heavy metal vintage jusque dans la façon des gratteux de poser leurs accords, d’un geste finissant médiator brandi vers le ciel. Le public lui aussi brandit le poing et les cornes sous cette avalanche de riffs féroces et précis enfoncés à coups de cymbale crash. Se félicitant d’ouvrir la voie aux guitaristes de prestige qui se succèderont ici ce jour, et auxquels il rend un hommage sincère, le groupe monté et emmené par Nathan Garett se paie même le luxe de passer au banc d’essai du live son titre sorti le jour même. Déviant ostensiblement depuis quelques mois/années de leur doom metal des débuts, le groupe développe désormais des ambiances plus proches du heavy metal. La chorégraphie datée, les pieds sur les retours, a fait mouche quand bien même le registre musical était plus en lien avec ce qui allait se déployer dans la journée sur les main stages.
KING BUFFALO
Avec son sens du phrasé, King Buffalo ne laisse pas le loisir au public de se lasser de leur musique lumineuse comme une queue de comète. Le public se désintègre à la chaleur de cette incandescence et de celle de l’astre solaire qui atteint à cette heure son zénith. Le moment choisi pour programmer les etasuniens n’est peut être pas des plus propices pour admirer ce phénomène astral mais c’est un détail vite surmonté car la prestation est hors norme et confirme que la journée le sera également. Sean McVay – qui plus est aujourd’hui blessé à la cheville – ne brille pas par son explosivité en terme de prestation scénographique, mais tel un Isaiah Mitchell un peu plus tard ou encore un Stefan Koglek de Colour Haze, le grand ténébreux distille un jeu de guitare aussi classieux qu’inspiré, hypnotisant un public nombreux, qui s’attendait vraisemblablement à une prestation de haute volée. Un regain de vitalité souffle sur le public de la Valley qui comme aux beaux jours ondule, collé, serré, libéré, délivré (ne nous remerciez pas, c’est cadeau !).
CROWBAR
Voilà bien longtemps que la fleur de lys n’avait pas pavoisé en terre de chouannerie. Elle revient aujourd’hui sur l’étendard de Crowbar. Un Crowbar très en forme à en croire les hurlements de tonton Kirk, déroulant un set éprouvé depuis le début de la tournée et que nous avions pu goûter sans modération à Berlin. Une fois de plus, nous ne nous retiendrons pas de tout croquer à belles dents, qu’il s’agisse des classiques et classieux « All I Had (I Gave) », « Planets Collide », etc… ou même des récents et pertinents ajouts, à l’image du brutal et efficace “Chemical Godz”. Le groupe de la Nouvelle-Orléans déroule ses titres bulldozers à la mécanique scénique froide et super huilée. Un supplément d’âme et de spontanéité n’aurait pas été de refus, mais qui sommes-nous pour exiger quoi que ce soit des maîtres du bayou ? Le bulldozer fait son effet et, évidemment, déclenche les prémices du déluge, quelques gouttes de pluie tombant à la minute exacte où Windstein termine le dernier accord de « Broken Glass » en conclusion ! Qu’est-ce qu’il vous faut de plus qu’un signe du ciel ?
GRANDMA’S ASHES
Invité de dernière minute, le trio hexagonal se retrouve propulsé sur un créneau très visible en raison de l’annulation de la venue des ukrainiens de Stoned Jesus, retenus au pays en application de récentes évolutions des contraintes administratives, imposées par leur pays belligérant. Coincé entre deux pointures de la scène stoner, dans un style musical un peu décalé (une sorte d’indie rock chaloupé aux accents psych-grungy) Grandma’s Ashes relève ce challenge avec brio, devant un public curieux ne connaissant majoritairement pas leur répertoire. Pari tenu, pari gagné.
THE OBSESSED
Il y a des fessées qui se perdent ! Des tartes aux doigts qui se manquent ! The Obsessed prend sa place avec un public honteusement clairsemé. On aurait bien vu tout ça plus compact. D’autant plus que backstage, le beau monde se presse pour baver devant les cultes doomsters, et notamment les trois quart de Clutch qui n’en perdent pas une miette (notons que Jean-Paul Gaster assiste même au concert dans la fosse, planté dans les premiers rangs du public, incognito !). Qu’importe, la bande à Wino fait le rock et c’est classieux. La belle setlist de standards mériterait un encadré au-dessus du lit, un modèle du genre que délivre sans ciller ce grand quartette de professionnels : tous les classiques y sont (« Freedom », « Brother Blue Steel », « Blind Lightning »… n’en jetez plus !), bien accompagnés de déjà incontournables titres de leur dernière production (les redoutables « Punk Crusher », « Sacred »…). On espère une bamboche plus échevelée côté public malgré tout, sans quoi la soirée va tourner à la représentation de commerce plus qu’à la grand-messe stoner. The Obsessed malgré cela se montre impérial, faisant don aux premiers rangs de quelques t-shirts à leur gloire à la fin de leur set ! La classe.
EARTHLESS
Un set hors norme attend le public qui ne le sait pas. Depuis la sortie de son excellent dernier album Night Parade Of One Hundred Demons, on est habitué à ce que le trio propose en live au moins l’un ou les deux morceaux-titres issus de ce dernier (part 1 & 2). C’est le cas aujourd’hui, et c’est un sacré signe de courage et de confiance dans la qualité de son dernier ouvrage : pour une première venue au Hellfest, et dans un format contraint et court, la tendance pour un groupe consiste généralement à caler un max de compos, et de proposer une sorte de best of. En proposant direct deux titres de 20 minutes et quelques chacun, Earthless pose ses attributs sur le billot et attend la sentence… et elle est immédiate : l’adhésion du public est directe, dès lors qu’Isaiah Mitchell lâche sa première décharge de leads fuzzés, à grands renforts de wah-wah de l’espace. Que l’on puisse bouder le groupe en studio cela s’entend (à peine), qu’on ne fasse pas corps avec lui en live c’est totalement impossible. Après avoir interprété la reprise “Stoned Out of your Mind” (de Speed, Glue & Shinki, une cover assez récurrente dans leurs set lists – on l’avait déjà entendue plusieurs fois), et vu qu’ils n’ont pas tergiversé et qu’il leur reste quatre à cinq minutes avant la fin de leur créneau, le groupe lui adjoint une salve complémentaire avec “Cherry Red” (une autre reprise, des Groundhogs). C’est toujours bon à prendre (sachant que plusieurs groupes au cours du week-end ont gâché de précieuses minutes restantes sur leur créneau), même si le trio n’a pas besoin de ça pour mettre tout le monde d’accord, des crash barrières jusqu’ à l’orée de la Warzone. La virtuosité de ce tiercé gagnant a fait mouche, les Hippies ont laissé tout le monde baba.
MONSTER MAGNET
Qu’écrire au sujet de Monster Magnet qui n’ait jamais été écrit ? Routinière du Hellfest, la bande à Dave Wyndorf se retrouve en avant-dernière position sur une affiche oú elle aurait pu tout aussi bien comme de par le passé s’inscrire en headliner. Comme à son habitude le combo historique déroule un set d’un grand professionnalisme, en particulier dans l’interprétation : s’appuyant sur un light show efficace mais sobre (notons ici la qualité du support « lights » apporté aux groupes sur tout le week-end, y compris dès la matinée !), les musiciens sont évidemment impeccables (dont le nouveau bassiste Alec Morton, qui a notamment traîné ses pattes d’eph’ chez les extraordinaires Raging Slab, et qui est ce soir sobre scéniquement mais efficace soniquement), solides dans l’interprétation et dans le jeu de scène, Wyndorf en tête, en leader évident et assumé de la formation. Côté set list, on a cru à une grosse surprise avec une entame déstabilisante (la reprise « Born to Go » de Hawkwind, et le vieux et rare « Superjudge »), mais c’est finalement l’efficacité absolue qui a été visée, avec une set list qui va majoritairement piocher dans les pépites de Powertrip (dont le plutôt rare « Bummer ») et de Dopes to Infinity. Le set d’une heure se passe à une vitesse folle. Le public, qui s’agglomère petit à petit au fil du set (en commençant pendant le set des très attendus Iron Maiden, on perd l’opportunité de capter un certain nombre de curieux !), constitue d’abord une fosse relativement calme bien que réceptive et branlante du chef, avant de se lâcher un peu plus en fin de set, voire se laisser aller à quelques gentils slams. L’explosion de « Spacelord » sonne le glas du concert, malgré l’ambition du groupe de porter quelques titres supplémentaires. Le public, ignorant de ce dernier fait, repart le sourire aux lèvres et le pied léger.
CLUTCH
Depuis le temps que les américains jouent dans le coin (Main stage, Valley, Main Stage, Valley,…), rien d’étonnant à ce que la foule se masse compacte au pied de la scène (clairement l’assistance la plus dense rencontrée sur tout le week-end) pour savourer l’arrivée du groupe sur l’habituelle bande son de leur reprise du « Money » de Chuck Brown. Bonne surprise : c’est le bassiste de Fu Manchu, Brad Davis, qui remplace Dan Maines (ce dernier étant retenu chez lui pour des questions « personnelles »). Il faudra trois titres puis l’arrivée de “Earth Rocker” pour que le public cède totalement aux appels de Neil Fallon, qui depuis la scène multiplie, comme à son habitude, les postures et gestes d’illustration de son chant toujours aussi bien porté – notons sa prestation vocale en tous points impeccable tout du long du set. A ses côtés, Tim Sult et Davis sont postés en fond de scène, inamovibles, occupés à distiller les riffs pour l’un, le groove emblématique du quatuor pour l’autre (Davis parvient sans peine à mimer l’attitude scénique du titulaire du poste). Dans le même temps, derrière, Jean-Paul Gaster défonce son kit comme à son habitude, dans une grâce et une subtilité sans équivalence dans le circuit musical contemporain – le bonhomme est hypnotisant. Les headliners s’emparent de l’âme de la foule qui ne demande pas mieux que de se sacrifier sur l’autel du stoner au son de “Pure Rock Fury” et autres classiques des set lists du groupe. Jamais exactement là où on les attend (sauf concernent le niveau qualitatif), le quatuor dégaine deux petites raretés extraites de leur premier album, des titres qui ont presque trente ans et s’intègrent à la perfection dans le set (même si peu connus du public). En conclusion d’une journée d’anthologie, le public reprend en chœur “Electric Worry”, qui sera enchaîné au moins percutant « The Face » pour conclure cette soirée.
Il est temps désormais pour nous aussi de dire “vamonos, vamonos!” et d’abandonner la Valley pour une poignée d’heures. La journée fut intense, chaude par bien des aspects (dont la météo) et dense par la qualité et la quantité de groupes remarquables. On guettait ce troisième jour très prometteur, il aura atteint, voire dépassé nos attentes. Une journée dont on se souviendra… Pourtant il reste encore un quatrième jour, avec une poignée de noms très attendus aussi.
Une météo idéale s’installe et va baigner Clisson toute la journée : gentiment nébuleux, le ciel distille quelques rayons de soleil filtrés, réduisant un peu la chaleur, pour mieux accompagner cette journée qui s’annonce riche en surprises, temps forts et… décalages…
MY DILIGENCE
Fouette cocher, car la qualité n’attend point ! Et c’est aux aurores tel l’Express Poney que My Diligence réveille le public de la Valley qui n’a pas oublié de régler son réveil. Avec l’appui de leurs samples finauds, l’atypique trio Bruxellois (deux guitares et une batterie) nous offre la garantie de la grâce et de la violence noise à défaut de s’orienter vers leurs compositions les plus proches de la scène stoner. Une formation qui mériterait à gagner quelque hauteur dans le running order tant l’art est maîtrisé.
LLNN
Les danois s’imposent avec un son aussi bas que l’enfer, pour un set aux allures de tour dans une essoreuse à linge, qui envoie le festivalier valdinguer contre des vocales surpuissantes, emmenant un Dark post metal qui ne s’encombre pas de légèreté malgré un synthé, ce dernier suivant la ligne de conduite de ses collègues. Une fessée le cul à vif en bonne et due forme y compris lorsque la guitare est laissée de côté par le frontman pour aller exciter la foule.
HELMS ALEE
Le trio à majorité féminine bénéficiait d’un placement étrange en regard de sa notoriété, toute relative dans nos contrées : actif pourtant depuis plus de quinze ans, le groupe est surtout connu comme première partie de groupes plus prestigieux (Melvins, Russian Circles, Cave In…) et délivre une musique aux atours post rock imprécis (quelques bons riffs surtout emmenés par la basse, pas mal de travail sur l’utilisation des guitares pour des sons d’ambiance, des lignes vocales disparates partagées entre les trois protagonistes…). Malheureusement la foule s’érode au contact d’une démarche artistique possiblement inadéquate.
PRIMITIVE MAN
Doom à descente d’organe. Même si on est loin de l’approche chirurgicale, le trio bosse l’approche viscérale du sujet. Bim, tiens, prends ça dans ta gueule ! Les deux équarisseurs à cordes, affairés sur leurs billots truffés de bidules électroniques pour développer des ambiances bruitistes entre des séquences de riffs écrasantes, et distillant quelques growls gras et épais, hachent menu le public en ne leur dispensant que de rares interactions ou même regards. Brut de décoffrage, violent, mais redoutablement efficace.
BONGRIPPER
Dans l’aspiration du trio du Colorado, le trio de Chicago prend la scène à un horaire étonnamment tôt au vu de leur statut. Pas de pied de micro, set-up minimaliste, Bongripper ne s’embarrasse pas d’artifice et engage lentement un solide « Hail » devant une assistance réceptive à ce classique des doomsters US. Plantés chacun dans leurs coins sur une scène trop grande pour eux, les musiciens (qui dans leur carrière scénique ont probablement peu vu la lumière du jour) exécutent néanmoins leur sacerdoce avec force, rigueur et maîtrise de leur sujet. Leurs interactions sont rodées, organiques quasiment, et les regards entre eux leur permettent de se caler sur les différentes sections de leurs morceaux fleuves. Au bout d’un quart d’heure, c’est « Slow » qui vient clôturer la set list du jour (deux titres en tout !) avec ses 25 minutes de haute densité riffique et mélodique. Le set se clôture de manière un peu abrupte selon les standards du groupe (pas de redescente sonore à base de bidouilles sur les pédales d’effet), et même s’il restait quelques minutes sur leur créneau, impossible de caler un de leurs titres en supplément. Clairement un quart d’heure de plus (et une ambiance moins « ensoleillée ») aurait permis au groupe de proposer une prestation de plus haut vol, même s’ils ont sans doute posé la barre la plus haute de la journée.
WEEDEATER
Popeye a fumé tous ses épinards. En une fraction de seconde, le public est couché par la première salve de notes, et trois mesures plus tard c’est la brume odorante du vert frichti qui recouvre la vallée. Une fois les biscotos gonflés il n’a plus qu’à laisser rouler la machine en prenant soin de l’alimenter régulièrement de Jack Da’. Le cocktail fait merveille, rompant les nuques et soulevant le sol à la seule force des infrabasses, assurant ainsi la parfaite continuité du set de nos héros de Bongripper. Les standards des rednecks, qu’il s’agisse “God Luck & Good Speed”, “Jason The Dragon” ou “Weed Monkey” en conclusion sont passés en revue pour la plus grande joie des fans aglutinés à la barrière et chantant en cœur avec Dixie qui réalise en toute fin de set un splendide jeté de chaussure. Prévisible, voire téléphoné de A à Z, mais toujours aussi efficace.
GREG PUCIATO
La prestation de l’ex résident évadé de Dillinger Escape Plan laisse les fans transis d’amour extatiques. Que ce soit les mains jointes en prière ou la paupière gonflée et humide, une petite portion du public habituellement étranger à la Valley se laisse capter par un set que nous aurons l’inhumaine dureté de juger inapproprié, et de fait confinant au pathétique. Basant largement sa set list sur son premier album solo, et un peu du dernier, et incorporant un titre de Dillinger et un autre de Alice In Chains (« Them Bones », reprise sans intérêt, introduite en rappelant qu’il était là en support de Jerry Cantrell l’an dernier), le vocaliste développe un heavy rock sans relief, très radio-friendly (sauf quand il se lance dans une saillie vocale Dillingeresque, sortie de nulle part). De son piédestal, le frontman ne s’est sans doute pas rendu compte de l’éclaircissement continu de la fosse, ce qui aura au moins le mérite de préserver son petit cœur et son ego.
TRIGGERFINGER
Arrivés aux premières lueurs de « First Taste » certains d’entre nous durent (avec un certain plaisir) ouvrir une voie à la machette dans cette foule si dense. A croire que ce groupe qui roule sa bosse si bien à l’étranger et si peu en France aura laissé un souvenir indélébile lors de son dernier passage au Hellfest en 2015. D’une classe folle, le trio emmené par un redoutable Ruben Block (au four et au moulin en tant que machine à riffs catchy et vocaliste-crooner-groovy impeccable) déroule un set qui fera sautiller de joie un public qui n’aura pas désempli durant l’heure de set. Mais voilà, le choix si mainstream de Triggerfinger fait souffler un vent de révolte dans les voiles des puristes. Oui la Valley s’ouvre aux showmen de tous poils gagnant quelques milliers de nouveaux adeptes et sacrifiant par-là ses plus légitimes enfants. La Valley devient petit à petit la terre d’accueil de toutes les formations sortant des sentiers battus. Même si parfois, comme c’est le cas ici, il faut admettre que les artistes maîtrisent leur sujet et réalisent le carton plein.
BOTCH
Une Botchrie ! Les Mathcoreux ouvrent grand un puits dans les cages à miel des festivaliers. Re-formés après un break de vingt ans, les papas (papis) quadras/quinquas sont néanmoins pleins d’énergie : Dave Verellen en particulier, saute dans tous les sens, crache ses poumons dans le micro et… passe tous les moments entre les morceaux à retrouver son souffle ! Rien de déshonorant, mais les années passent…
Deux titres suffiront pour nous convaincre du décalage énorme du style musical pratiqué par le quatuor, constat culminant ici mais largement alimenté par les trois dernières prestations de la journée.
Nos jambes prennent la direction du repos du guerrier, laissant nombre de nos camarades exposer leur bonheur jusque sur les réseaux sociaux. Honte à nous. La journée de demain s’annonce énorme…
Nous voici revenus en terres clissonaises pour cette nouvelle édition, encore une fois riche en groupes de qualité, en artistes à découvrir… Organisé cette année sur quatre jours au lieu de trois habituellement (on conviendra que le festival sur deux week-ends de 2022 était un format exceptionnel), il commence par une journée un peu plus “light”, avec un début des hostilités en milieu d’après-midi, et, pour nous, une journée plutôt orientée “ouverture” en termes de styles musicaux…
Avant-propos : deux salles, deux ambiances
Le gros sujet au cœur des discussions de ce week-end est celui du déménagement de la Valley cette année. Placée dans un espace « miroir » de la War Zone désormais (sous le bienveillant regard de Lemmy sur ces deux environnements désormais), en lieu et place d’une zone de culture viticole, la scène proposée est posée au bord d’un terrain herbeux, pas encore bien nivelé, où sont posées sur les premiers décamètres au bord de la scène des plaques de protection au sol temporaires (bien utiles pour éviter boue, poussière, etc…). Avec une régie assez proche et un long bar qui ferment bien l’espace, le son n’a pas la place de trop se dissiper, et est globalement excellent sur tout le week-end. Le terrain, en léger dévers sur toute la surface, offre la possibilité de bien voir la scène quasiment où que l’on soit, jusqu’aux stands de restauration et bars en fond de terrain. Malgré un accès un peu compliqué pour les grosses têtes d’affiche en venant du site principal, la zone d’accueil est plus vaste que l’ancienne Valley, on y circule plus facilement pendant les concerts, et il est plus aisé de gagner les premiers rangs (et l’espace situé sur la droite de la scène a toujours été très praticable, même pour les concerts avec le plus de monde) – c’est un point appréciable en terme de capacité d’accueil pour celles et ceux qui se souviennent des concerts où la tente « dégueulait » de monde, et qu’il était impossible d’y accéder à moins de 50m. Le principal grief et regret exprimé est évidemment lié à la disparition de la tente, qui apportait cette « intimité » agréable, mais aussi une ombre bienfaitrice sous le soleil, et une protection salutaire sous la pluie (les deux auraient été utiles ce week-end). Cela remet les spectateurs de la Valley “au niveau” des autres festivaliers, sans privilège particulier, ce qui aura déçu pas mal de monde… Il se murmure toutefois que cette configuration un peu « bricolée » cette année serait revue plus largement pour l’édition prochaine, avec des aménagements plus ambitieux… A suivre.
HYPNO5E
En à peine dix mesures de ce que l’équipe promo du Hellfest décrit comme du « post-metal cinématographique », la question de la pertinence de Hypno5e sur la Valley se pose. C’est dans une ambiance de plein soleil assez inadéquate que nous ingurgitons les premières mesures de ce weekend – la tente de la Valley a disparu et il faudra l’accepter car la météo annonce quelques jours à rôtir du festivalier.
TODAY IS THE DAY
Produisant une sorte de melting pot sonore d’où émanent les relents de mille styles brutaux (sludge, post metal, indus…), le trio étasunien (dans lequel officia naguère Brann Dailor le batteur du pachyderme Mastodon) ne s’est pas laissé demonter par un incident technique (une coupure électrique) qui les a privés de son durant plus de 15 min. Poussant jusque à la dissonance bruitiste des notes tantôt lourdes tantôt speed, notre combo récupère le temps qui lui est dû, alors que le stage manager désemparé gesticule tel un poulpe sous acide sifflant la fin de partie (en réalité, ce décalage n’aura aucune incidence pour le planning de la suite de la journée – chapeau bas à l’équipe technique).
DVNE
Tandis que l’assistance était peu garnie jusqu’ici, le quintette anglais (avec des français dedans) fait rapidement le plein de festivaliers, ravis d’écouter ses sonorités inclassables : un clavier 80’s en fond de gros riffs post core et de voix tour à tour cristalline et vociférée, voilà qui peut désarçonner le simple quidam mais pas les dames et monsieurs habitués de la Valley. Si d’aucuns étaient restés sur le bord de la route, impossible qu’ils n’aient pas rapidement raccroché les wagons et se soient laissés submerger par l’univers funeste de ces cinq musiciens dans la brume, bien portés par un son aux petits oignons.
CANDLEMASS
Tels des explorateurs de l’extrême, nous nous aventurons hors de la Valley pour aller fouler le bitume (beurk) sous la tente Altar où se produisent les vétérans du doom metal. Très vite le quintette assume et affirme son statut, via une prestance scénique impeccable : tous les musiciens sont à fond dans leur set et délivrent exactement ce qui est attendu, à savoir une prestation de haut vol. Edling délivre des bases rythmiques solides et nerveuses, sur lesquelles Johansson et Björkman collent les classiques riffs Candlemassiens et autres soli de grande classe (durant lesquels Johan Längqvist s’éclipse toujours en bord de scène pour laisser briller les copains). Un Längqvist que par ailleurs on retrouve très en voix, impeccable dans tous les registres, tout en occupant bien son rôle de frontman. La set list laisse zéro place à la surprise : deux tiers de Epicus Doomicus Metallicus sont joués, de même que les incontournables « Bewitched », « Well of Souls », etc… Seul « Sweet Evil Sun » (morceau titre de leur dernier LP, qui passe bien en live) apportera un petit sentiment de fraîcheur, mais globalement on ne va pas se plaindre : on est venus (en nombre, la tente est blindée) prendre une leçon de doom metal classique, et on l’a prise. Des seigneurs.
CELESTE
Beneficiant d’un slot(h) de choix suite à l’annulation de la lune molle, le quartette de gones nous fera nous demander « mais où est Babar ? » Dans la frappe du batteur pardi ! Céleste excelle là où tant d’autres échouent. Chaque mesure apporte son lot de blasts et de hargne venus du plus fin des black metal mâtiné de sludge. Avec une lampe frontale pour troisième œil les lyonnais décloisonnent les genres et font le plein d’amateurs dans le pit, avant que les plus fragiles ne filent se positionner recevoir le Bisou sur la main stage.
AMENRA
La flandre vindicative vient une fois encore déverser le culte de Râ à la Valley. En noir et blanc, chaque flash de lumière est un coup de poignard qui soulève le cœur et la tête. Les belges calcinent l’âme d’un public venu en masse et encerclent les accès de la Valley. Mais à peine « Boden » et « Razoreater » terminés, les rangs s’éclaircissent. Le groupe a beau être hypé il n’est pas si facile à saisir, même lorsque résonnent les notes de « Plus prêt de toi », et soyons francs : il est l’heure pour nous aussi d’aller considerer l’intérieur de nos paupières.
Ainsi se termine donc cette première journée, qui si elle fut plus courte (premiers concerts en milieu d’après-midi) n’en fut pas moins bien remplie, qualitativement et quantitativement.
Il faut se projeter dans cette situation : être fan de stoner, doom et assimilés dans la région de Pau, c’est se satisfaire d’avoir, à moins de 50 bornes, deux concerts maximum par décennie dans des genres approchants. Le précédent, c’était Mars Red Sky en 2017. Pour le reste, c’est minimum 4h de route aller-retour. Alors découvrir que Messa fait escale à Jurançon, village de l’agglomération paloise, ce samedi soir, nous aura vite convaincu que l’occasion ne pouvait décemment pas être ratée. Apparemment nous fumes plusieurs à prendre la même décision, car la très belle salle est très décemment remplie, pour une date aussi improbable (au pifomètre entre 100 et 200 personnes).
Orbel
La première partie est proposée par un combo basque, Orbel. Le quatuor développe un univers musical minimaliste, ambiant, une sorte de dark-synth… Imaginez un groupe de trip-hop anglais du siècle dernier passé à la sauce post-rock. Avec une (ou deux) voix très en avant, chantant en basque par ailleurs, l’identité du groupe est marquante – mais le genre musical est un peu loin de nos sphères de prédilection. Notons un très bon accueil du public.
Place aux têtes d’affiches du soir, Messa. Les italiens n’ont pas fini de capitaliser sur leur concert du Roadburn 2022, où ils ont eu l’opportunité de proposer un set aménagé, avec quelques musiciens supplémentaires. Convaincus du potentiel du concept, le groupe a non seulement sorti l’enregistrement sur disque, mais s’est embarqué sur une tournée spéciale, “extended line-up”, qui le voit prendre la scène chaque soir avec trois musiciens complémentaires…
Le “cas” Messa est complexe : portés par une fanbase transie, il est difficile depuis quelques années d’envisager un regard nuancé (voire distancié) sur leur musique. Ce soir en tout cas, s’il nous en fallait encore une illustration, les amateurs des quelques rares sonorités vaguement doom du quatuor transalpin ne seront pas à la fête. Les atours résolument folk apportés par les musiciens (et pas vraiment ethniques ni tribaux comme on entend dire ici ou là) transforment les chansons du dernier album (“Orphalese”, “0=2”,…) sans pour autant les révolutionner. Elles gagnent en densité instrumentale ce qu’elles perdent en (relative) puissance. Harmonies, soli, parenthèses acoustiques… Les arrangements apportés par ces instruments complémentaires sont discrets mais nombreux : claviers, mandolines, guitares, flute traversière, saxophone, etc….
Scéniquement, il ne se passe pas grand chose (encore moins que d’habitude) : on se retrouve pendant plus de 30 minutes devant une brochette de 6 musiciens alignés en rang d’oignons (Rocco le batteur est derrière), très statiques, parfois assis, en mode joueurs introvertis (“immergés dans la musique” lit-on parfois chez nos plus lyriques collègues). Le public écoute avec le sourire et semble passer une bonne soirée.
Un peu plus tard, la carte “intimiste” est jouée, avec quelques musiciens qui quittent la scène pour n’en laisser que trois puis quatre en mode acoustique, assis. Deux titres sont joués dans cette configuration (dont le vieux “Confess”), pour virer sur des accents country sur la fin…
Avant de conclure, on dit au revoir aux musiciens “extended” pour proposer une poignée de titres en configuration Messa “classique”. Encore une fois, il ne faut pas être fan des plus anciennes productions du groupe, étant donné que ne seront joués que des titres du dernier album sous cette incarnation. Difficile de rentrer dedans en revanche : après nous avoir gentiment bercé pendant quarante minutes, “Dark Horse” fait un peu de bien, mais le pataud “Suspended” ne paraît pas le meilleur choix pour remuer un peu les corps et les esprits. Le quatuor revient sur scène pour un (prévisible) rappel sur “Rubedo”, qui fonctionne pas mal, mais qui peine à nous extirper de notre état mi-cotonneux mi-comateux.
Une heure et puis s’en va. Le public (une minorité d’amateurs du groupe, une majorité de curieux) a apprécié la soirée. Pour notre part, l’ennui a prédominé : peu d’énergie, pas de transfiguration des chansons… Les hordes de fans habituels du groupe auraient sans nul doute trouvé ce tour de chant remarquable, ce ne fut pas le cas de votre serviteur qui a trouvé tout celà plutôt dispensable ; un dispositif à la valeur ajoutée discutable.
Après une nuit de sommeil trop courte et une visite attentive du marché aux puces de Mauerpark, il est temps de retourner occuper le terrain de la Columbiahalle pour ce dernier jour de Desertfest. C’est d’ailleurs avec beaucoup de fatigue qu’on attaque cette troisième journée de réjouissances, et ça se voit parce que le public arrive bien plus tard que les autres journées. Peut-être est-ce aussi dû à la qualité moindre des groupes du jour par rapport aux deux précédents ? J’avoue que nous n’avons pas été meilleurs que nos camarades, séchant le concert de Perilymph, trop fatigués pour courir et être à l’heure.
Dommengang
Nous ouvrons donc cette journée sur le concert de Dommengang. Quand bien même les paupières se font lourdes, ça balance pas mal à Berlin avec eux et on profite du fait qu’il n’y ait pas encore trop de monde dans la petite salle. A peine le temps d’apprécier les Portlandais qu’on file à Blood Ceremony, et je sens que la journée va s’enchaîner sans que je n’ai rien le temps de voir !
Blood Ceremony
Ravalant ma frustration vis à vis de ces sempiternels overlaps je débarque pour le set de Blood Ceremony – et tu sais à quel point j’aime les groupes à voix féminine ? La réponse est : a lot ! Mais quand en plus ça joue de l’orgue et de la flûte traversière, mon petit cœur de sorcière est conquis !
Daily Thompson
Un tour rapide du côté de Daily Thompson me fera dire que ce n’est pas spécialement ma came, je passe en coup de vent et ne m’y retrouve pas. Beaucoup de monde ceci dit remplit le Théâtre, signe que je n’ai pas tout capté à priori.
Bongzilla
En retournant vers la scène principale, on constate qu’une descente de douane a lieu sur le trottoir devant le festival. 3 camionnettes de flics encadrent les tour bus garés le long du trottoir. Faut-il s’en étonner alors que c’est le set de Bongzilla qui va démarrer?
On attend donc qu’ils arrivent sous un épais nuage de fumée bien odorante, et là, déception, le chanteur s’est mis au bong électronique. Ça a carrément moins de gueule pour un groupe qui prône la fumette même dans son nom ! La douane repartira brocouille et nous aussi. Bongzilla est tellement plus à sa place sur la scène d’un club ! Ce set nous laisse clairement sur notre faim, et après en avoir échangé avec quelques uns des festivaliers le sentiment est le même. Un set mené selon les standards du groupe mais le manque de proximité laisse l’auditeur décrocher.
Ecstatic Vision
Laissant derrière nous le sludge herbeux nous allons voir de quoi il retourne avec Ecstatic Vision. Pour ma part, je les ai vus il y a une semaine à Nantes et j’ai hâte d’en reprendre une pelletée. Ça ne manque pas, le groupe est aussi barré quel que soit le lieu et quelle que soit la scène. Le chanteur fait mine de se pendre avec son micro, et les parties de flute ou de sax ajoutent la touche d’originalité necessaire pour que cette formation ne soit pas qu’un agréable foutoir. Vivement la prochaine.
Mono
Passage obligé par la grand salle pour aller voir ce que donne Mono (encore une fois…), s’agit-il d’une soirée techno au Berghain ou de Mono ? On se le demande ! L’OVNI de la prog de cette année c’est eux ! Beaucoup ont adoré leur set, mais je suis restée perplexe face aux réglages sonores de la batterie dont la caisse claire était beaucoup plus forte que le reste. Choix du percussionniste ou erreur technique ? On ne le saura pas. Une fois de plus la rédaction est unanime, Mono mais pas trop.
Gaupa // L.A.Witch // Slift
L.A WITCH
Que dire du set de Gaupa ? et de celui de L.A.Witch ? Deux sets pas fous. On est fatigués et leurs vibes ne sont pas recues comme il se doit.
Heureusement entre les deux sets il y a Slift, les petits cœurs des français présents battent fort alors que leurs compatriotes montent sur scène. Clairement le chauvinisme a tendance à placer ce groupe un cran au-dessus de ce qu’il est réellement. Cependant il faut admettre que les gars connaissent leur partition. Les morceaux sont impeccables et majestueux, pas mal de gens dans la fosse levitent au-dessus du sol. Pour notre part, seule incompréhension, cette incapacité à finir un set sans faire durer 1000 ans le dernier morceau. Dommage, on a frôlé la classe internationale.
GAUPA
L.A.WITCH
Uncle Acid & The Deadbeats
Voilà c’est la fin, Uncle Acid & The Deadbeats viennent clôturer ce weekend de folie. D’aucuns diront que c’était le meilleur concert du week-end, et ils n’auront certainement pas tort. La bande à Kevin Starrs a offert une prestation du feu des enfers, enchaînant les opus comme j’ai enchaîné les verres de Club Mate tout le week end : sans concession ! Et si on ressortira certainement avec un torticolis de ces trois jours de festival, ces derniers n’y seront clairement pas pour rien !
Les spectateurs sortent en transe du concert, le festival les a épuisés mais conquis. Dur de se dire qu’on ne remettra pas cela demain, mais à la fois quel soulagement, c’était si intense. Cette édition du Desertfest Berlin s’annonçait douteuse, mais les craintes ont vite été balayées, et si les overlaps et la jauge réduite du Columbia Theatre ont écorné notre plaisir, c’est là chose vite oubliée car la sélection rigoureuse des groupes, l’organisation sans pépin, la qualité humaine du festival du désert en font une perle que l’on espère retrouver dans cet écrin où un autre l’an prochain !
Un des avantages du Desertfest c’est ses horaires. En effet, les sets ne commençant pas avant 15-16h, l’ habitude est prise de faire du tourisme avant de se rendre sur le site. C’est donc après être allé faire quelques emplettes berlinoises et bu nos économies sur Alexanderplatz que nous voici de nouveau sur le chemin d’un Döner de première qualité, passage obligé avant de prendre un digestif auditif près de Tempelhof au sein de la Columbiahalle.
Plainride
On démarre doucement avec un groupe que l’on aurait pu apprécier ou non la semaine passée (cf. la chronique de Iro22). De notre point de vue et dans le contexte présent, Plainride est le groupe parfait pour commencer ce second jour du Desertfest, avec un petit côté heavy qui réveille bien ! Et, on ne va pas se mentir, ma passion minets est assouvie !
High Desert Queen
Pas besoin d’aller bien loin puisque le second concert du jour, High Desert Queen se tient également sur la scène de taille club du Columbia Theatre. Réveil difficile ? Prends une dose d’High Desert Queen avec un grand verre d’eau, tu verras, ça met un coup de fouet instantané ! Le groupe déchaîné utilise pour carburant de la tequila à même le goulot, ce qui permet au frontman d’assurer ses gesticulations rythmiques.
Fatso Jeston & Sean Wheeler
La circulation est fluide sur l’autoroute du kiff entre les deux salles, et c’est sans peine que nous arrivons pour le goûter et Fatso Jeston sur la mainstage. À l’image des membres du groupe, on est clairement sur une musique de boomers, qu’on comprend pas toujours bien. Les titres se suivent et se ressemblent, et ça ne me convainc pas le moins du monde. L’esprit de contradiction de Sidney Résurrection lui fera dire que c’est dans les vieux pots qu’on fait les vieilles soupes. En tout cas, l’enthousiasme est intact et Sean Wheeler qui accompagne le groupe sur la tournée, s’effeuille après s’ être pris pour un prédicateur maléfique tenant à bout de bras des magazines de poésie satanique dans une jam totalement folle. Ce dernier finit par disparaître pour permettre à Fatso de tenir le crachoir sur la reprise de “Going Out West” de Tom Waits.
Mr Bison
C’est à mi parcours du set que l’on arrive sur Mr Bison et si les Italiens sont habituellement plutôt du genre à nous enchanter avec leur stoner pas piqué des vers, il sera compliqué pour ne pas dire impossible de rentrer dans le set. La faute à ces couvertures entre les sets et à une salle qui à chaque concert sera désormais pleine à craquer et où nous n’ accèderons que grâce à notre privilège de chroniqueur pendant que pas mal de copains resteront bloqués à l’entrée de la salle où les vigiles surveillent la jauge, avec la règle “un entrant pour un sortant”.
Greenleaf
Ceci ne nous empêchera pas d’aller kiffer Greenleaf, et faisant fi du recouvrement nous quittons le Theatre pour la grande scène. Mais quel enfer de commencer un concert sur un problème technique (tiens, mais ça nous rappelle le set de Dozer hier ça, dont les deux groupes partagent le batteur et le guitariste). C’est le cas pour Greenleaf et malgré un premier titre sans guitare, Arvid au chant nous emmène avec lui, faisant presque oublier les couacs ! Bravo ! La salle s’est remplie bien plus tôt qu’hier, à croire que les suédois déplacent les foules. Serait-ce une erreur de les programmer aussi tôt ? Quoi qu’il en soit c’est pour le plus grand plaisir des fans que Arvid finit par se rouler sur scène et s’effondre sous le regard médusé de ses acolytes avant que ne se clôture le set.
Valley of The Sun
L’enchaînement avec Valley of The sun aurait pu être parfait si une fois de plus la structure de la seconde salle ne minorait pas notre plaisir. Prendre le set en cours et se retrouver coincé face à une enceinte ce n’est pas le meilleur compromis pour kiffer un concert, quelle que soit la qualité développée par le groupe, qui comme à son habitude délivre un set avec rigueur et professionnalisme.
Gnod
Afin de prendre un peu de repos j’ai laissé Sidney aller documenter la deuxième scène où se tenait le concert de Gnod. Un set qui le surprendra en particulier par un passage quasi Dub avant de monter dans les tours et de ravager la petite salle pendant que dans la cours entre les deux scènes se tiennent des concerts de groupes amateurs locaux et autres karaokés sous les bravos d’une terrasse de biergarten bien remplie.
Corrosion of Conformity + Crowbar
J’ai pu assister aux sets de Corrosion of Conformity et Crowbar et autant te dire que c’est le fin fond du bayou qui débarque en masse à Berlin à grands renforts de riffs puissants ! Le combo se tient à 30 minutes d’écart et arrive comme un hydroglisseur pour imposer leur sludge lancinant dans les chaumières de Kreuzberg ! Dans les deux cas on retrouve des titres cultes comme “Vote With a Bullet” pour le groupe de Pepper ou “Like Broken Glass” du côté de Kirk. Comme d’hab, ça tabasse, ça fait le taf et on est joie de les voir en forme sur scène !
Corrosion of Conformity :
Crowbar :
Mother Engine
Entracte qui valait le coup, avec Mother Engine. Crois-le ou non, la petite salle c’était the place to be à 20h50, si bien qu’il était une fois de plus carrément difficile de se frayer un chemin vers les maîtres du Kraut. Pour ma part c’est ce genre de groupes que tu découvres en live et qui te fous une claque dès les premières notes. Moi qui ne suis pourtant pas méga-fan des groupes instrumentaux, je me suis laissée embarquer par les relents psyché du trio allemand (jusqu’à en mouiller ma p’tite culotte). Et c’est avec grande tristesse que j’ai du quitter la salle avant la fin du set (fichus overlaps) pour aller au concert tant attendu du jour.
Monolord
Voici donc Monolord, c’est avec une joie non dissimulée qu’on retrouve Thomas Jager en meilleure forme sur scène, et apparemment heureux d’être là. Avec ses deux compagnons d’infortune, ils livrent un son impeccable, comme d’hab, et on en attendait pas moins d’eux. Petite surprise de trouver “Empress Rising” en milieu de set, qui m’a d’ailleurs bien fait baliser parce qu’à une demie-heure de la fin, on s’imaginait déjà qu’ils allaient la faire durer jusqu’à plus soif (ça s’est déjà vu). Heureusement non, et c’est finalement avec “Rust” qu’ils terminent pour le plus grand plaisir de nos esgourdes mais pas de l’ostéopathe qui m’a remis la nuque en place lundi !
Messa
Côté Club, c’était l’heure pour Messa de passer en mode super groupe. Un set gavé d’instruments acoustiques, remplissant la scène généreusement. Côté musique, nous sommes vite allés nous préparer mentalement pour la finale de cette journée. Désolé pour les fans, il y a des préséances à respecter. Tout ce qu’on peut vous dire c’est que les Italiens sont tombés en panne sur la route du retour chez eux. Quand ça veut pas…
Mantar
Enfin voici les tant attendus Mantar. Tu connais certainement la désormais célèbre Mantarte. Bah là c’était x10. Sans hésiter le concert le plus lourd de ces deux premiers jours. C’était d’ailleurs à la fois étonnant de les voir en tête d’affiche et en même temps pas du tout puisqu’ils jouent à domicile en Allemagne. Mantar c’est sale et propre en même temps, ça démonte des nuques à tour de bras et on en redemande. Entre “Cross the Cross”, “Astral Cannibal”, “Hang Em Low”,… Sauf certainement pour les blagues en allemand entre les titres qu’on a évidemment pas comprises, mais au vu des rires du public, on peut en conclure que les compères sont drôles ! Rassure-toi, ils ne sont pas prêts de se reconvertir dans les sketches, et on a bien hâte de se refaire péter la gueule par leurs futures interventions !
Nous rentrons donc sur les genoux et sans un chicot dans la bouche à notre collocation. Retour qui se fait seul tant beaucoup de nos compatriotes ont décidé de fuir ce dernier set, sans doute trop craintifs devant la fessée annoncée.
Si l’on s’est longtemps demandé comment serait le nouveau lieu du Desertfest, qu’on a eu quelques appréhensions surtout concernant les extérieurs et la circulation, c’est dans une ambiance cool qu’on débarque sur le site du festival aux abords de l’ancien aéroport de Tempelhof. Et si nos craintes quant aux déplacements entre les deux salles se révèlent fondées, on voit quand même bien que le festival du désert a passé un niveau ! En effet la Columbiahalle est un excellent choix d’un point de vue acoustique, bien que les allemands aiment encore pousser le son pas loin de 11. Belle surprise dans cette grande salle avec un balcon à gradins où l’on peut facilement s’asseoir en profitant des concerts.
Côté jardin, une cour où ça sent bon le currywurst et on trouve de quoi se sustenter facilement puisque les bars sont plutôt nombreux, ce qui permet de ne jamais vraiment faire la queue pour une binouze. C’est par cet espace que l’on accède au Columbia Theatre, salle de dimension plus modeste mais tout aussi bien conçue que la première : après avoir passé deux bars jumeaux de chaque côté de la salle, le parterre en escalier permet une vue sur la scène d’à peu près tous les endroits. Seul regret, la petitesse de la salle, dans laquelle il faudra probablement de la vaseline pour faire entrer tout ce beau monde.
Cela fait quelques jours que le running order est tombé, cela murmure son inquiétude vis à vis des recouvrements de concerts un peu partout dans le festival. En effet, précédemment l’organisation avait réussi à faire jouer les groupes avec un entracte qui cette année à disparu et met en place un chevauchement des sets. Il va falloir faire des concessions et l’affiche est si alléchante que cela n’enchante guère.
David Celia & Zuffalo
Cependant pas de drame pour l’heure avec l’ouverture du bal par David Celia & Zuffalo que nous irons voir en coup de vent pour constater son folk psychédélique.
Psychlona
On se rend ensuite, avides et heureux, au set de Psychlona. On y trouve des relents de Goatsnake, ça sent bon le bayou. Le public n’est pas encore totalement présent en ce vendredi après- midi. Il faut sans doute attendre que les Allemands terminent leur journée de travail avant que cela ne se remplisse. L’occasion pour nous de jouir de la salle et surtout du son! Si la qualité reste constante tout au long du weekend il y aurait bien de quoi pardonner les overlaps tant décriés. Les anglais livrent grâce à ce renfort de qualité un set remarquable et que la foule acclame, prête à avaler la suite des festivités.
En repassant par la cour, il est temps d’aller chercher quelques décorations de veste et autres disques au stand de Sound of Liberation où les premiers arrivés pourront retrouver quelques reliques de groupes disparus et constater que le prix de la galette de vinyl atteint de sommets outre Rhin.
Might
On apprécie la scénographie léchée de Might, ce groupe aux accents post et à la voix pas si bien posée. Le batteur se cache derrière un voile dont seule paraît l’ombre et dont la grosse caisse se retrouve décorative et esseulée au premier plan. Il n’y aura pas de quoi nous envoyer en l’air mais il faut avouer que ça a du charme. Ce qui nous permet tout en gardant une oreille sur le duo germanique d’aller découvrir un jardin tranquille derrière la salle et les stands de tatouage où les flashs attendent preneur pour fixer dans la peau le souvenir de ce weekend.
Church of Misery
Mais pas le temps de s’appesantir dans les chaises sous les parasols, c’est l’heure de l’apéro Tokyoïte : Church of Misery va débarquer d’une minute à l’autre. À l’heure où les japonais montent sur scène, du monde a déjà découvert l’étage de la grande salle. Musicalement c’est toujours aussi carré, mais on en attend pas moins du japon. En résumé : c’est une putain de branlée. Le chanteur Hiroyuki Takano, qui cherche à attraper la lumière en titubant, est très en voix. On a envie de s’abandonner à Satan et ses pompes, le set est puissant et enivrant. On vend son âme au doom pour rien, toujours admiratif de la capacité de Tatsu Mikami à porter sa basse au niveau de ses chevilles! Tout ceci ne nous donne pas vraiment envie d’aller jusqu’à la seconde salle. “Brother Bishop” ou “Born to raise Hell” nous captent totalement.
Godsleep
On attendra donc la fin du chapelet des titres dédiés aux tueurs en série pour aller voir Godsleep et sa chanteuse tous arpions hors les chaussettes. En tout cas, ça chauffe comme une bande d’ado dans un garage en plein mois d’août. Pas vraiment des endormis donc. Les girls ont de beaux jours devant elles dans le fuzz.
Dozer
Comme on s’en doutait, la circulation et le changement de salle se fait de plus en plus difficile avec la foule qui afflue de plus en plus à mesure qu’on avance dans les heures. Compliqué de rejoindre Dozer donc! A peine de retour à la main stage, les suédois commencent lourd avec “Big Sky Theory”, et les titres s’enchainent, on retiendra, “Supersoul”, “Born a Legend”, “From Fire Fell”, “Dust For Blood”…on était pas prêts ! Malgré quelques soucis techniques au niveau de la guitare et de la voix sur le tout début, le public ultra chaud les encourage et les soutient. Et de la voix, Nordin n’en est pas avare ! Dozer, c’est une putain de machine à tubes, et on n’hésite pas à remettre une pièce dedans.
Kanaan
Nous délaissons Dozer avant la fin pour aller écouter Kanaan. La circulation est plus fluide lorsqu’un groupe majeur joue et on déambule sans peine entre les fumées des viandes grillées… Kanaan donc s’aborde le ventre plein et les oreilles ouvertes. Il faut batailler ferme pour accéder à la scène et caresser les pieds des jeunes prodiges successeurs de Elder. Cependant l’adolescence étant l’ âge de la masturbation les gars se découvrent un manche et en abusent un tantinet. “Amazon”, “Black Time Fuzz”, “Downpour”, “Pink Riff”, “Solaris” Part I et II… décidément on reste centrés sur la dernière plaque du groupe, ça sent la promo mais qu’importe, leur voie semble toute tracée et mener loin.
Minami Deutsch
Le soleil couchant rejoint Minami Deutsch qui divise l’équipe de Desert-Rock : “pas ma came” pour Pauline, “idéal pour un chill dans quelques canapés cachés du grand public et où l’on croise le chanteur de Greenleaf” pour Sidney. Pas besoin d’avoir un œil sur le set, le Krautrock des nippons se suffit à lui-même.
Gnome
Il faut lever son cul cependant car les Belges de Gnome déroulent et il me tardait de les voir tant les avis divergent. J’avoue ne pas bien savoir à quel saint me vouer, c’est sûr que c’est très cool ce groupe qui sort du lot et se donne à fond faisant naître les chapeaux pointus dans la fosse. mais on est vraiment à la limite du hors sujet en particulier sur “Golden fool”, nouveau titre énervé dont on ne profite guère puisqu’on est physiquement aplati contre un mur sur le côté de la scène. Décision est prise de sonner un repli stratégique.
C’est alors qu’on croise (presque sans surprise) pas mal de connaissances française dont on ne savait pas qu’elles seraient présentes, et le monde du stoner européen étant petit et propice aux mélanges, on croise d’autres camarades, qui venu de Grèce, qui venu d’Espagne se tombent dans les bras les uns des autres. C’est cela aussi l’esprit d’un festival, la musique oui mais la musique en tant que convergence des cultures et des horizons.
King Buffalo
Après tant d’amour partagé c’est à King Buffalo de nous gratifier de ses notes et ce groupe croyez moi, c’est de l’amour en barres ! Le son est si lourd dès l’introduction “Silverfish” que la coursive de la Columbiahalle vibre ! Parfait pour enchaîner plus tard avec “Mammoth”. King Buffalo tient le public au creux de sa main. La beauté envahit le lieu et atteint son climax sur Cerberus.
The Great Machine
On arrive en pleine jungle pour voir jouer les dingues de The Great Machine : déjà que sur album c’était punk à souhait, que dire de la mise de ces trois israéliens ?! A l’image de leur musique, un beau bordel visuel. Ça pogote dans le pitt du Columbia Theatre, ça remue sévère et rien n’arrête le groupe qui comme à son habitude semble-t’il démonte la batterie pièce par pièce pour… la transférer dans le pit ! De là, le set reprend, batteur dans la fosse, entouré des spectateurs ravis et médusés à la fois, tandis que les guitariste et bassiste jouent perchés sur les bras tendus des spectateurs. Les roadies tirent du câble, on l’aide, c’est n’importe quoi et pourtant ça marche ! mes aïeux, quel set !
The Obsessed
Fin de service, il va être l’heure de la dernière branlée et pour cela on a ouvert l’Ehpad spécialement pour faire sortir Wino et ses copains de The Obsessed ! On aime bien l’intro avec “Brother Blue Steel” mais passé “Protect and serve” c’est quand même vachement redondant. Navré amis vieux doomsters, mais la jeunesse se trouve amoindrie, tant et si bien qu’on file se coucher avant la fin du concert aux alentours de “Punk Crusher”, éclatés par la fatigue de ce premier jour intense.
Si pour beaucoup Berlin rime avec grisaille, déchéance post communiste et imperméable mal taillé, pour notre part c’est avec allégresse que nous préparons nos valises pour cette destination et plus encore lorsqu’il s’agit d’aller couvrir le Desertfest pour vous, bande de petits veinards.
En amont du premier jour, les joyeux drilles de SOL, organisateur de l’événement, avaient concocté une sauterie de préchauffe au Cassiopea, dans les anciennes stations de train désaffectées et réhabilitées du Raw Gelände au sein du quartier de Friedrichshain.
C’est dans ce centre culturel que se tenait le Desertfest il y a quelques années, à l’Astra. On y abandonne d’ailleurs notre pote chroniqueur Chris, qui cette année délaisse le stoner pour une réunion d’anciens combattants du Punk & Disorderly. Tandis que les têtes à crêtes se battent à un bout de la zone nous investissons donc le Cassiopea, salle qui à su faire du neuf avec du vieux. Cette salle de concert est capable de tourner sur deux étages, cependant ce soir seul le rez-de-chaussée servira pour cette Warm Up. Après avoir immortalisé l’instant au photomaton du jardin intérieur, et s’être désaltérés sous une boule a facette open air, on glisse vers une salle bondée qui acclame les premiers riffs de Temple Fang.
C’est toujours cool de voir des concerts dans une petite salle, surtout avec l’affiche qui nous attend ce soir ! La soirée commence donc par le groupe Temple Fang, au son un peu lounge stoner. Je ne sais pas si le volume est trop fort ou si nos tympans se sont ramollis à force de ne pas faire de concerts, mais ce qui est certain c’est qu’en Allemagne on ne semble pas trop s’encombrer des restrictions au niveau sonore !
Ceci n’empêche en rien le public de faire valoir le sold out. L’ atmosphère moite du club et les fans qui s’ agglutinent au premier rang donnent leurs lettres de noblesse aux mots Warm Up. Une avalanche de riffs planants entre deux envolées plus costaudes ne suffisent pas pour autant à nous convaincre totalement, loin d’être mauvais, les Hollandais ne déméritent cependant pas et font valoir leur compétence live sans mollir.
Une petite demi-heure plus loin, c’est au tour de de The Devil and the AlmightyBlues de fouler la scène, toujours avec un son beaucoup trop fort et grésillant. Déception, quand tu nous tiens, même si, pour une warm-up, ils auront su garder le public à température.
La set list déroule impéccable, entrée sur fond de négro spirtiual qui fait se gonfler la salle d’un peu plus de monde qui file tout droit vers “Storm Comming Down” ou les désormais incontournable “Time Ruin Everything” et “The Ghosts of Charlie Barracuda”. Malgré ce que pourront dire nos oreilles douloureuses, le front man Arnt Andersen, toujours vêtu de sa toge et de ses colifichets, tient la salle dans sa main du début à la fin du set.
Que dire de cette préchauffe? Une soirée en demi-teinte malgré l’excitation de s’y rendre. Un son craquant au point de faire retomber le soufflé de l’envie de fêter tout cela. Cependant le public est resté compact devant la scène, a croire que c’est nous qui devenons trop exigeants ou accordons trop d’importance au son. Il est vrai que l’on aurait dû savoir à quoi s’attendre et se préparer en se rendant dans un lieu originellement aussi éloigné de la musique. Pour autant, ce lieu justement si imparfait et si particulier nous laissera sans doute cette soirée longtemps en mémoire. Pour l’heure il est temps de s’en retourner aux abords de Tempelhof pour un debrief houblonné et quelques heures d’un sommeil bien mérité.
Alors qu’elle propose une programmation éclectique, et donc parfois même rock (!!), votre serviteur n’avait encore jamais eu l’occasion de découvrir cette salle / complexe culturel de l’agglomération bordelaise. On découvre donc une salle moderne, bien équipée, de taille raisonnable, dans un cadre sympa (bar, terrasse, salle d’expo, etc…). Contexte parfait pour passer une bonne soirée !
Les affaires commencent assez fort avec les locaux de Overcharger en guise de première partie. Le quatuor évolue dans une sorte de metal sludgy rocailleux assez nerveux (on cherche toujours les sonorités “stoner” que le programmateur mettait pourtant en avant sur l’affiche du jour…) qui semble convaincre le public (dont pas mal de potes à eux). Faut dire qu’ils ont l’argumentaire qui va bien : belle énergie, prestation scénique carrée, exécution remarquable (les musiciens touchent leur bille)… Une prestation très honorable, pour un groupe qui mériterait peut-être à trouver une voie musicale plus claire et affirmée.
Overcharger
Pas l’affluence des grands soirs aujourd’hui (un week-end ensoleillé de 4 jours a un peu vidé Bordeaux et sa banlieue malheureusement) mais le remplissage de la salle est très correct lors de la montée sur scène de Mudweiser. Rappelons que le quatuor a déjà gratifié la capitale girondine d’une visite il y a six mois environ… mais pas de quoi lasser un public désormais un peu mort de faim côté concerts depuis une paire d’années sur Bordeaux et alentours… C’est donc le cœur léger que l’on prend la première salve en pleine face, avec le très efficace “Invitation”, dont le gros riff donne le signal de la translation du bar vers la salle. Confirmation : le son dans la salle est très bon, et la proximité avec le groupe toujours au rendez-vous (les vannes fusent et les échanges entre les membres du groupe et le public interviennent tout au long du concert – il faut dire que Reuno ne se prive pas de mettre à profit chaque transition pour déconner).
Pas de surprise côté scénique, on retrouve le dispositif que l’on connaît bien avec un Reuno souriant et groovy en frontman solide, Saïd en guitariste de plus en plus à l’aise avec l’exercice scénique, et Jay sur le côté qui balance sa basse dans tous les sens, en impeccable binôme avec le nouveau batteur, Bryan (impeccable). Tout ça respire la maîtrise et le plaisir de jouer ensemble, ça fait du bien…
Côté set list, petite déception : à une paire d’exceptions près, on se retrouve avec exactement la même set list que pour leur dernier set. Avec le choix du groupe de ne jouer que des titres de leur premier et dernier album, forcément la liste des choix est réduite. Par ailleurs, n’ayant pas l’opportunité de jouer des dizaines de dates par an, forcément le quatuor se retrouve sur une sélection de titres solides, maîtrisés, qui composent une bonne set list. Et on ne va pas cracher sur ces solides “My World”, “High again”, She’s Like Cocaine”, et en particulier sur les bien gras “The Hunt” et “Blasted Forever”. En revanche, on est assez content de voir apparaître “Reckless Dream” pour une bonne torgnole live. Le milieu du set propose toujours cette fenêtre lente/mid-tempo composée de “Daughters” et “Sister Mary”, salvatrice respiration avant une fin de set toute en rudesse. Et enfin, le final sur ce beau duo de pur stoner rock que sont “Bumper Hunter” et “Evil Woman” fonctionne à la perfection.
Quelques minutes à peine après la fin du set, le groupe se retrouve au bar, au merch, en terrasse… pour papoter avec le public, relax et bon enfant. A l’image de cette excellente soirée.
Mercredi 10 mai 2023, Corrosion Of Conformity est de retour à Paris, 4 ans après son dernier passage à Glazart. Passons rapidement sur Plainride, formation heavy rock allemande ayant, jusqu’ici, publié deux albums et qui, ce soir, donne l’impression d’un juke box de rock gras, joué avec de jolis et chers instruments. Leurs titres sont tous sous inspiration Clutch, un morceau a le refrain de « Sweet Emotion » d’Aerosmith et le titre qui clôt le set a de forts relents Down. Merci de revenir avec un minimum de vécu et de personnalité.
La petite demi-heure qui sépare les deux concerts sera l’occasion d’écouter des hits de Judas Priest et de ZZ Top (ce qui est la plus belle chose possible) avant que ne résonne « La Grange » un peu plus fort que les titres précédents et surtout lumières éteintes. Mike Dean (basse) entre seul sur scène et développe le riff entêtant de « Bottom Feeder », vite rejoint par Jason Patterson (batteur live du groupe) puis la paire de guitaristes que sont Woody Weatherman et Pepper Keenan. Le public (un Petit Bain correctement rempli, mais celà fait tout de même peu pour un groupe tel que CoC non ?!) acclame les Américains comme il se doit.
Sur scène des amplis et têtes de la marque Orange donnent clairement le ton. Le son sera rond et gras : « You guys like heavy shit ?! » assène Pepper Keenan avant d’envoyer le riff ronflant de « Seven Days ». Le groupe n’est pas venu pour défendre un quelconque album (rien depuis 2018) et la set list prend des allures de best-of, pour le plus grand plaisir d’une fosse en communion. Le public a tous les âges, et la proportion de femmes présentes fait plaisir à voir. Le groupe donne ce qu’il peut, car, et c’est là que le bât blesse un peu, les musiciens sont fatigués. Pepper Keenan est raide sur les genoux, peu en voix et semble tout de même vouloir que les choses ne trainent pas trop. Le concert est en pilotage automatique, les titres s’enchaînent avec une communication plutôt réduite. Keenan ne prend quasiment aucun solo, à part, bien sûr, celui, harmonisé de « Clean My Wounds » jouée, comme souvent, en version rallongée. Lorsque les rappels sont terminés, la sono passe le titre « Shelter » de Corrosion of Conformity, comme un signe de profonde mélancolie.
Le concert n’aura pas été le plus grand que CoC aura donné en terre parisienne, mais rares sont les groupes de cet acabit à encore offrir une heure de tubes dans des salles à taille humaine. Qu’ils en soient éternellement remerciés.
SET LIST Bottom Feeder Paranoid Opioid Shake Like You Seven Days Senōr Limpio Wiseblood Who’s Got The Fire StoneBreaker 13 Angels Vote With A Bullet
RAPPEL Born Again For The Last Time Albatross Clean My Wounds