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Publié par Jihem On vous avait déjà fait la chronique passionnée, les résumés de concert complètement subjectifs, les photos, les news, … Il ne manquait plus que linterview, ce qui est désormais chose faite. Rencontre avec les trois Lillois sur une place sombre à loccasion de leur concert au Buzzfest. Promis, après on vous lâche avec Glowsun.
Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous nous présenter Glowsun et revenir sur lhistoire du groupe ?
Johan (Guitare, Chant) : Jai formé Glowsun en 1999 avec dautres musiciens de la région de Lille après avoir découvert le stoner, notamment grâce aux concerts organisés par Orange Factory en Belgique. Jai directement apprécié ce style de musique et je suis donc parti dans cette direction. Nous avons rapidement sorti une première démo en 2001 et enchaîné quelques dates. La deuxième démo, « Escape from Hell », a été enregistrée à Mons chez le batteur de Blutch en 2003 mais nous avons splitté peu de temps après.
Deux ans plus tard, en discutant avec Fabrice que je connaissais depuis longtemps, on sest dit que ce serait bien de reformer Glowsun et on a relancé la machine. Nous avons rapidement composé de nouveaux titres qui se sont retrouvés sur « Lost Love ».
Comment Ronan vous a-t-il rejoint ?
Ronan (Basse) : Avec Fabrice, on avait un groupe de rocknroll qui sappelait Attack of the Mutant Camel dans lequel je jouais de la guitare. Nous nous sommes retrouvé à une Fête de la Musique à loccasion de laquelle Fabrice jouait dans les deux formations. On sest dit quil valait mieux concentrer nos efforts sur un seul groupe et jai donc rejoint Glowsun où jai pris la basse.
Vous avez opté pour des morceaux essentiellement instrumentaux. Pourquoi navoir pas donné plus dimportance aux vocaux ?
Johan (Guitare, Chant) : Cà vient en partie dune saturation vis-à-vis des groupes où le chanteur a trop dimportance.
Fabrice (Batterie) : Ce nest pas vraiment un choix, on le sent comme çà, ce nest pas tout à fait une décision réfléchie. Nous jouons avec nos tripes sans trop calculer et lorsque le besoin se fait sentir de mettre du chant, on en met. Mais à aucun moment on ne simpose den rajouter, çà fait partie de notre façon dappréhender notre musique. Le micro est toujours branché lorsque nous composons et ensuite, cest plus une question de feeling.
Johan : Nous essayons aussi de sortir des traditionnels enchaînements couplet-refrain pour donner plus dimpact aux vocaux. Nous évitons le blah-blah pour aller directement à lessentiel et donner plus de sens aux paroles. Quand nous parlons par exemple de « Lost Love », lamour perdu, il ne sagit pas du sentiment quon peut éprouver pour quelquun, cest plutôt en rapport avec la relation entre lêtre humain et la planète et le fait que nous nous dirigeons vers une certaine auto-destruction par manque de respect pour notre environnement.
Acceptez-vous dêtre catalogué comme un groupe stoner ?
Fabrice : Oui, moi çà ne me dérange pas, je pense que çà correspond assez à ce que nous faisons même si nous ne donnons pas dans la copie de Kyuss ou Fu Manchu. Je pense que nous avons réussi à bien définir le concept et le son de Glowsun en se détachant de nos références qui sont très différentes pour chacun dentre nous. La seule référence commune revendiquée, cest The Heads, cest dailleurs pour çà quun de nos nouveaux titres porte le nom de cet excellent groupe anglais.
Vous avez limpression dévoluer dans le même style queux ?
Fabrice : Non, pas du tout, excepté sur ce morceau qui est une sorte dhommage sur lequel nous avons essayé de faire quelque chose qui est un peu dans le même esprit. Mais généralement, on ne se dit jamais quon va faire un morceau dans tel ou tel style. Nous écoutons tous du stoner au sens large ainsi que plein dautres choses et nous nous retrouvons sur The Heads qui est une inspiration commune mais pas vraiment une influence directe.
Johan : Les riffs que japporte sont parfois influencés par ce que jécoute, mais ce nest quun élément déclencheur que je présente aux autres. Nous travaillons sur cette base et chacun apporte ses idées et sa touche, il y a un échange qui au final aboutit à du Glowsun.
Tous vos titres sont donc issus de jams ? Comment se déroule lécriture de vos morceaux ?
Fabrice : On boit un hectolitre de Duvel et ensuite çà coule tout seul !
Johan : A la base, je prépare les choses chez moi, jenregistre des riffs sur mon pc que je propose ensuite à Ronan et Fabrice. Cest un peu une réserve didées dans laquelle nous allons piocher, nous faisons une espèce de collage qui donne lossature des morceaux que nous développons ensemble lors des répet.
Fabrice : On aime aussi beaucoup limprovisation, on balance un truc quon enregistre et on réécoute ensuite pour retenir les meilleurs plans quon retravaille. En général, nous déterminons la structure dun nouveau titre en une heure ou deux et ensuite ce nest plus que de la mise en place, des arrangements, du travail sur lintro ou la fin du morceau … Mais çà va très vite, on pond presque un nouveau morceau par répet même si nous nexploitons pas tout.
Pourtant, vos morceaux sont assez complexes, pas vraiment linéaires. Le fait dajouter une partie plus calme ou un passage psyché, est-ce décidé à lavance ?
Johan : Oui, parfois nous nous concertons, on se dit que ce serait bien de calmer le jeu avant de remettre la pêche. Jaime beaucoup limage des vagues pour décrire notre musique …
Fabrice : Nous essayons dexploiter ce que nous appelons entre nous le côté « mayonnaise », le fait que lintensité monte progressivement pour culminer sur la fin du titre. On le fait au sein des morceaux mais également dans lagencement des titres que nous jouons sur scène pour amener lauditeur à entrer progressivement dans notre trip. Pour les compos, si on attaque par un plan qui dégomme dentrée de jeu, on va avoir tendance à calmer la sauce pour la rendre encore plus intense ensuite.
Vous avez joué une grosse partie de vos dates en Belgique plutôt quen France, même si la tendance est en train de sinverser. Est-ce vraiment un gros problème de jouer du stoner en France ?
Johan : Petit à petit, çà commence à venir, nous allons bientôt avoir loccasion de jouer en compagnie de Zoe à Villeneuve dAscq dans une grande salle, avec une grosse production derrière. Cest la première fois que çà nous arrive (ndlr : depuis, ce concert a déjà eu lieu).
Fabrice : Le problème rejoint en partie ta question concernant le chant. En France, à mon avis, les gens ne sont pas suffisamment ouverts pour le style de musique que nous jouons. Ils nous arrivent très souvent quaprès un concert, des mecs viennent nous dire que cétait bien mais que çà manquait de chant. La différence avec la Belgique, cest que le public attend moins de choses calibrées tandis quen France, il a besoin de repères pour accrocher et apprécier la musique.
Malgré tout, il existe une scène stoner française qui est en train de se développer.
Fabrice : Oui, cest très flagrant ces derniers mois, mais de part le fait que nous ne faisons pas une musique en filiation directe avec Fu Manchu ou la scène suédoise par exemple, nous navons pas vraiment limpression de faire partie de cette scène. Etant donné que Glowsun existe déjà depuis longtemps, jai limpression de faire quelque chose de moins stéréotypé sur lequel on ne peut pas vraiment coller détiquette.
Johan : Il faut dire aussi que la distribution de labels orientés stoner et les concerts sont rares en France et que donc, on y connaît surtout les gros groupes, ce qui donne peut-être une image assez clichée de ce quest le stoner.
Vous avez des relations avec dautres groupes français ? Vous avez limpression que cest vraiment une scène ou bien que chacun fait son truc dans son coin ?
Fabrice : Oui, nous communiquons un peu avec Junkyard Birds, Kubota, Jabberwockies et dautres mais cest encore assez frileux. Le problème, cest que la France est un grand pays. Faire venir un groupe de Toulouse est par exemple plus compliqué que daller jouer à Tournai ou à la frontière luxembourgeoise pour nous. Malgré tout, on communique, on essaye de monter des concerts ensemble et cest appelé à se développer dans le futur.
Revenons un peu sur « Lost Love », votre dernière démo. Lorsquon la compare aux deux démos précédentes, on constate que le style a très fort évolué, en partie en raison du fait que Johan demeure le seul membre originel. Pourquoi avoir gardé le nom de Glowsun dans ces conditions ?
Johan : Le nom existait et était un peu connu, donc on sest dit quon allait le garder même si Fabrice et Ronan ne jouaient pas sur les premières démos, de façon à ce que les gens qui nous connaissaient constatent une évolution.
Fabrice : Cest vrai que sur le coup nous avons été un peu opportuniste mais après tout, Glowsun a été formé par Johan à la base et ce que nous faisons aujourdhui est la continuité de ce quil aurait fait avec dautres musiciens. Nous avons dailleurs déjà trouvé des concerts grâce aux contacts quil avait développé auparavant.
A lheure actuelle, vous disposez dun répertoire important de nouveaux titres. Est-il hors de question de jouer danciens titres issus des premières démos ?
Johan : Non, je ne veux plus jouer ces morceaux car quelque part, ce ne sont que les ébauches de ce que nous faisons actuellement. Et puis ce ne sont plus les mêmes musiciens et à lépoque je composais tout, alors quaujourdhui nous composons à trois. Rejouer ces morceaux, ce serait pour moi faire marche arrière et on préfère aller de lavant en continuant à composer de nouveaux titres.
Fabrice : Nous avons malgré tout lintention de réadapter un morceau de « Escape from Hell », la deuxième démo, mais on nen dira pas plus.
Vous avez enregistré « Lost Love » il y a plus dun an. Pensez-vous avoir atteint vos objectifs avec cette démo ?
Fabrice : Oui, carrément. Nous ne lavons pas sortie innocemment mais nous ne pensions pas obtenir autant de bonnes retombées en terme de chroniques et de propositions de concerts. Nous lavons sortie sans prétention et çà nous est revenu comme une balle de jockari en pleine tronche, on sest rendu compte quil se passait quelque chose et nous avons décidé de profiter de lengouement relatif. Il nest dailleurs pas improbable que si nous enregistrons un album, ce qui est de plus en plus à lordre du jour, nous introduisions ces quatre titres pour les exploiter complètement car nous en sommes très satisfaits. Ils méritent une vie au-delà de la simple démo.
Vous parlez dun album. Avez-vous déjà eu des contacts avec certains labels ?
Johan : Cest difficile car nous ne faisons pas dans le stoner classique ou le rock classique, on a limpression dêtre un peu marginaux par rapport à ce qui se fait actuellement et les labels sont réticents, dautant plus quavec la chute des ventes de cd en raison dinternet, les labels prennent moins de risques.
Fabrice : Nous avons peut-être une ouverture avec Buzzville, plus précisément avec Buzztown, la structure parallèle quils ont créé pour faire uniquement de la distribution.
Johan : Mais il ny a absolument rien dofficiel pour le moment, on préfère rester prudent.
Fabrice : En fait, il ne sagirait pas vraiment dune signature, cest une aide à lauto-production, Nous leurs livrerions un master entièrement terminé et ils prendraient en charge une partie de la promotion et de la distribution, mais effectivement, rien nest encore signé pour le moment, nous avons simplement évoqué cette possibilité avec les gars de Buzzville.
Par contre, il est très probable quun de nos titres se retrouve sur la prochaine compilation « RocknRoll Boulevard » de ce label. Nous ne savons pas encore sil sagira dun titre de la démo ou dun titre enregistré pour loccasion, ce sera la surprise.
Vous avez de quoi remplir un album ?
Fabrice : Oui, nous bossons continuellement sur de nouvelles compos et léventualité de cet album est une motivation supplémentaire. Des titres comme « Need » ou « The Heads » sont prêt à être enregistrés et je pense que le répertoire tel quil existe aujourdhui mériterait de passer en studio.
Ronan : Le set que nous jouons actuellement est suffisamment cohérent pour faire un album complet et nous avons dautres idées en cours de développement, donc ce nest vraiment pas un problème.
Vous avez récemment fait un concert au Kab à Genève et ce soir vous êtes à laffiche du Buzzfest, ce qui représente deux dates importantes dans votre histoire. Quelle est la prochaine étape que vous aimeriez franchir ?
Johan : Peut-être avoir loccasion de faire un autre festival important mais surtout continuer à obtenir une reconnaissance de la part du public.
Fabrice : Jouer, jouer et encore jouer !! Enregistrer nos morceaux, recevoir de bons échos, … cest important, mais le moteur cest la scène. Parvenir à établir une connexion avec le public, lui faire partager notre trip cest ce qui nous motive le plus. Le fait davoir fait récemment des dates plus importantes est encourageant, nous avons limpression davoir gravi une marche et nous aimerions que çà évolue dans ce sens en décrochant la première partie dune pointure par exemple, mais on nen fait pas une priorité, limportant cest de pouvoir jouer.
Johan : Peu importe la taille de la salle tant que nous prennons notre pied et que le public apprécie.
Ronan : Jouer au Buzzfest, çà le fait, mais si la semaine prochaine on doit jouer dans une cave à Lille, çà le fait aussi, pas de problème. Tant quon séclate et quon connecte avec le public, on est partant.
Le concert au Kab, vous en garder quel souvenir ?
Fabrice : Laccueil incroyable des organisateurs. On jouait dans le cadre du Festival Underground, ces gars ont une solide expérience de lorganisation de concert et nous avons été reçus comme des rois. Nous avons été reçus sur un pied dégalité avec des formations beaucoup plus réputées et nous en gardons un excellent souvenir.
Une dernière question pour Johan. Tu gères laspect graphique du groupe (pochettes, flyers, affiches, …), peux-tu nous parler de ton travail ?
Johan : Ben oui, je suis graphiste et jessaye de travailler dans le rock-art en amenant des idées originales, même si cest un peu prétentieux de dire çà. Jessaye de sortir des clichés metal où on utilise beaucoup de noir, je pense quon peut utiliser des couleurs pour représenter des sentiments plus sombres. Jutilise aussi beaucoup la femme qui représente pour moi la mère-nature, il y a énormément de symbolisme dans mon travail.
Un dernier mot ?
Nous vous remercions pour votre soutien et nous dédions le concert de ce soir à Karine (NDLR : Karine est la conjointe de Shinkibo) sans qui rien naurait été possible.
octobre 2006 par Jihem.
Publié par Jihem Fort d’un récent album intitulé « Electricism » qui devrait logiquement se retrouver en bonne place dans les classements de fin d’année, les Suédois de Generous Maria sont en train de se faire un nom dans la galaxie stoner. Nous avons rencontré Göran, le chanteur charismatique particulièrement affable du groupe quelques heures avant qu’il ne monte sur la scène du Buzzfest.
Vous venez de faire deux dates en Hollande. Cà c’est bien passé, pas trop naze ?
Oui, c’était vraiment bien mais c’est incroyable de constater à quel point tu peux être fatigué après seulement deux jours en Hollande ! On a joué à Rotterdam avec nos potes de 3 Speed Automatic, les concerts étaient très bons et ensuite on a fait la fête chez eux. Cà s’est terminé tard et on a du se lever tôt pour régler des problèmes pratiques, louer une camionnette, ce genre de trucs, mais çà fait partie du boulot.
« Electricism » à reçu énormément de bonnes critiques de la part de la presse stoner, qui est généralement toujours positive vis-à-vis des nouvelles sorties. Qu’en est-il de la presse rock plus généraliste ?
C’est vrai, je vois ce que tu veux dire, mais nous avons aussi eu un bon retour de la part de Rock Hard ou Up Magazine en Hollande ainsi que de la part d’autres magazines plus généralistes et c’est également très important. Buzzville est un label très actif qui vise plus large que le petit monde du stoner et essaye de toucher le plus de monde possible.
Considères-tu cet album comme une évolution ou une continuation de l’album précédent ?
Je dirais que c’est une évolution, ce n’est pas le même album que « Command of the New Rock » en tous points. Il faut dire qu’il y a eu un long laps de temps entre les deux, la réalisation de cet album est le résultat d’un long processus. Nous avons à présent un deuxième guitariste, Danne, qui est avec nous depuis longtemps mais qui ne jouait pas sur le premier album, ce qui change la donne. De plus, c’est lui qui a produit « Electricism », ce qui signifie qu’il a apporté un tas de choses à différents niveaux. Ce n’est pas comme si on faisait les choses de façon complètement différentes mais « Electricism » est plus rock’n’roll, plus « in your face ».
Danne produisait déjà l’album précédent, vous n’avez pas eu envie de prendre quelqu’un d’extérieur au groupe pour avoir un point de vue différent ?
C’est vrai mais il parvient très bien à dissocier les deux rôles au sein du groupe. Cà pourrait être intéressant d’avoir de temps en temps quelqu’un d’extérieur qui apporterait un regard neuf, mais jusqu’à présent, çà marche très bien comme çà.
Si tu devais changer de producteur, avec qui aimerais-tu travailler ? N’y a-t-il pas un producteur avec qui tu rêves de faire le prochain album ?
Je ne sais pas, je n’y ai jamais vraiment réfléchi en fait. Il y a bien quelques mecs de Göteborg avec qui j’aimerais travailler mais je n’ai aucun nom de « producteur de rêve » en tête. Tant que çà fonctionne avec Danne, on continuera comme çà.
Cet album, tout comme « Command of the New Rock » est très varié, mais pourtant on n’y retrouve pas de titre plus psyché comme « Ashram of the Absolute », un titre particulier que les gens semblent particulièrement apprécier. Ce morceau était un accident ?
Cette chanson particulière a été presque entièrement écrite par notre ancien guitariste. En fait, ce n’est pas comme si on réfléchissant clairement au moment de composer en se disant « maintenant, on doit faire ceci ou cela », les choses viennent naturellement et visiblement çà n’a pas été le cas pour cet album, il n’y a pas de titre orienté psyché, on voulait que çà reste plus rock’n’roll. Mais je crois qu’on refera des choses plus psyché sur le prochain album.
D’autre part, il y a un côté très funky dans le riff de « Ripe » sur le nouvel album. Avez-vous d’autres références que le rock, est-ce que le Funk, la Soul, le Jazz … vous inspirent également ?
En tant que groupe composé d’autant d’individualités, nous écoutons tous un tas de choses très variées, en particulier Danne, Jeppe et moi. En ce moment, dans le van, nous écoutons par exemple des trucs des années 40 et nous ne sommes donc pas uniquement influencé par le rock. Forcément, on retrouve une toute petite partie de ces influences dans notre musique, comme c’est en effet le cas pour « Ripe ».
La pochette de « Electricism » à une fois de plus été réalisée par Malleus. Doit-on y voir un concept comme c’était le cas pour « Command of the New Rock » inspiré de 2001 : Odyssée de l’espace ?
Non, cette fois-çi nous avons entièrement laissé l’initiative à Malleus. Nous lui avons présenté les titres et il est arrivé avec cette pochette. Pour « Command of the New Rock », nous avions beaucoup discuté avec lui, il y avait eu beaucoup d’échanges car nous avions une idée de ce que nous désirions. Mais cette fois-çi nous l’avons laissé faire et nous avons attendu qu’il nous présente le résultat final que personnellement j’aime beaucoup.
Parlons un peu de labels. Vous avez deux albums, un EP et un 7’’, tous sorti sur des labels différents. Est-ce que Buzzville est enfin le bon ?
Oui, je pense. Ce sont des gens sympas, ils sont efficaces, ils font ce qu’ils promettent de faire … ils font vraiment du très bon boulot. Notre label précédent, Lunasound, partait dans un tas de directions différentes pour suivre les nouvelles tendances, ce qui au final les a perdu.
Et comment en êtes-vous arrivés à signer avec Buzzville ?
C’est notre manager qui nous a mis en relation avec eux. Nous connaissions le label mais nous n’avions aucun contact et il les a démarché, eux et d’autres labels, pour savoir s’ils ne voulaient pas rééditer « Command of the New Rock » dont on avait récupéré les droits. Lunasound avait revendu son catalogue à un label américain et çà ne rimait plus à rien, on n’a jamais entendu parler de ces mecs. A ce moment là, l’enregistrement de « Electricism » était presque terminé et Buzzville a accepté de le sortir également, ce qui tombait bien.
Christian, le guitariste de The Awesome Machine, joue sur la reprise de « Precious & Grace ». Est-ce que vous avez beaucoup de contacts avec les autres groupes suédois où çà se limite uniquement à ceux qui viennent de Göteborg ?
On a quelques contacts avec des groupes d’autres régions, on a souvent joué avec Abramis Brama qui sont originaires de Stockholm, on a aussi déjà joué avec Dozer. Mais c’est vrai qu’on est plus proche des groupes de Göteborg, ce sont pour la plupart des potes, on se croise dans les bars, on joue ensemble …
Je te demande çà car vu de l’extérieur, la Suède représente un peu l’Eldorado au niveau du stoner, il y a pleins de groupes mais chacun semble faire son truc de son côté.
Oui, je comprends que la Suède puisse passer pour un Eldorado, il y a pleins de bons groupes, mais ce n’est pas comme s’il y avait des clubs à chaque coin de rue, la scène n’est pas si vivante. En plus, la Suède est un grand pays, les groupes viennent d’un peu partout et tout n’est pas concentré au même endroit. Ce n’est pas simple d’avoir une scène très active dans ces conditions.
En fait, c’est un peu comme partout en Europe, il y a de bons groupes, des clubs et un public restreint qu’on retrouve à chaque concert. Ce n’est pas trop frustrant de ne pas toucher un public plus large ?
Bien sur, ce serait mieux de toucher plus de monde, c’est évident. Mais d’un autre côté, nous avons l’occasion de jouer en Allemagne, en Hollande, en Belgique et je l’espère, bientôt en France, ce qui nous permet de découvrir un nouveau public.
D’un autre côté, on a le sentiment que beaucoup de groupes préfèrent rester dans l’underground pour garder leur indépendance. Comment réagirais-tu si vous étiez approché par un major ?
C’est facile de dire que tu veux rester indépendant et beaucoup de groupes te diront qu’ils ne veulent pas signer sur un major. Mais je pense que ce serait bien pour avoir plus d’argent. Pas plus d’argent en poche mais plus de moyens pour l’enregistrement et la promotion, ce qui permettrait de passer plus de temps en studio et ce serait vraiment stupide de refuser çà, donc je crois que j’accepterais. Mais le fait d’être sur un petit label et de garder son indépendance a également son charme et justement, avec Buzzville, on est face à des gens avec qui on peut discuter, ce ne sont pas des mecs en costumes, tout est basé sur la confiance réciproque et c’est quelque chose de très important.
Une dernière question qui te concerne plus personnellement. Tu es un grand fan d’Iggy Pop, que penses-tu de la reformation des Stooges ?
Oh, c’est vraiment difficile car généralement, je pense que des trucs comme çà puent. Mais je ne peux m’empêcher d’être curieux, je pense que c’est fun pour eux de pouvoir refaire quelque chose ensemble après presque 40 ans, çà doit être magnifique. Mais en même temps, je préfère ne pas savoir, j’aurais préféré que les choses restent comme elles étaient et qu’on n’y touche pas. J’adore Iggy même s’il n’a plus sorti grand chose de bon depuis longtemps. Je continue à acheter ses albums par habitude mais je crois qu’il n’avait pas besoin de reformer les Stooges.
octobre 2006 par Jihem.
Publié par Chris En tant que grand inconditionnel du quatuor scandinave qui est une des locomotives du stoner européen après ses dix années d’activité dédiées aux Dieux du rock’n’roll, j’ai rapidement fait le point avec Johan avant qu’il ne débarque à nouveau dans la région. Le guitariste Tommi ainsi que le chanteur et guitariste Fredrik sont en studio pour mettre en boîte le prochain album de leur projet commun Greenleaf que j’attends impatiemment pendant que le groupe prépare cette seconde tournée consécutive à la sortie de leur dernier opus Through The Eyes Of Heathens. Sans grande actualité si ce n’est leur présence sur le deuxième volume de Sucking The Seventies et la venue d’un nouveau batteur prénommé Olle, on a rapidement fait le tour du propriétaire en attendant novembre
Salut Johan, vous êtes à nouveau sur les routes européennes quelques mois après votre dernière tournée. A quoi devons-nous nous attendre pour ce tour ?
Salut ! Cette tournée sera grande. Cela fait dix mois que nous avons terminé la dernière, c’est trop long. Nous sommes en train de la préparer. Préparez vous à tout, car tout peut arriver. Un nouveau batteur, Olle, par exemple.
Allez-vous inclure des titres que vous n’avez pas joué sur la dernière tournée comme Supersoul que vous n’aviez pas faite à Genève ?
Oui nous le ferons. Nous essayons toujours de changer le setlist chaque soir.
Comment choisissez-vous les morceaux que vous allez interpréter ?
Tout ce qui à l’air bon. Nous savons en fait que les gens ne veulent pas voir deux fois le même show et il en va de même pour nous. Nous ne voulons pas jouer le même set pendant trois semaines.
La dernière fois que nous nous sommes croisés, vous m’aviez dit que le deal avec votre Small Stone vous permettrait de jouer aux Etats-Unis. Pourquoi n’avez-vous pas traversé l’Atlantique depuis ?
Oui, les plans étaient ainsi, mais notre batteur Daniel a quitté le groupe quand nous étions sur le point de le faire et donc nous ne pouvions plus. Nous y sommes allé en deux-mille quatre pour l’album Call It Conspiracy. C’était fun et nous espérons bien y retourner un jour.
Comme vous n’avez rien à promouvoir actuellement, comment la tournée à venir a-t-elle été mise en place ?
Nous avons encore Through The Eyes Of Heathens à promouvoir comme nous n’avons fait qu’une seule tournée après sa sortie. Mais quand Daniel est parti nous ne pouvions plus rien faire. Nous sommes resté ainsi dans l’attente d’un nouveau batteur. Désormais nous en avons un ce qui signifie que nous pouvons nous produire sur scène.
Vous vous retrouvez quand-même sur la bande son d’un jeu vidéo de hockey. Comment s’est passé cette collaboration entre une formation underground et l’industrie des loisirs électroniques qui est très préoccupée par ses bénéfices ?
En fait nous n’avons rien à voir avec ce projet. Notre label, Small Stone, est à l’origine de cette collaboration, mais nous en sommes heureux. C’est vraiment cool !
Vous m’aviez déclaré que le stoner serait toujours un style underground. Quel effet ça fait d’être dans le top ten de l’année du plus gros site web stoner avec votre dernier album ?
C’est vraiment cool. C’est toujours agréable d’être apprécié pour quelque chose que tu as fait.
Daniel a quitté le groupe après une intense collaboration. Comment s’est passé cette séparation avec un membre de votre famille ?
Erik a quitté le groupe il y a quelques années. Daniel nous a quitté après la dernière tournée, mais c’est toujours désagréable de perdre un membre et un bon copain comme ça.
Quel effet ça vous fait de jouer désormais avec un type qui a dix ans de moins que le reste du groupe ?
C’est cool. L’âge n’a vraiment aucune espèce d’importance dans la musique. Olle est un bon musicien et un type formidable ce qui nous suffit.
Vous êtes ou avez tous été impliqués dans des projets parallèles, un album devait sortir avec votre guitariste Tommi et un ex-membre de Lowrider. Quand pourrons-nous entendre ça ?
Je ne sais pas vraiment, mais je l’ai entendu et ça sonne terriblement bien.
Grand Punk, I Are Droid, Greenleaf…il me semble que certains membres du groupe doivent avoir des journées de soixante heures. Est-il possible de se concentrer autant dans chacun de ces projets que dans Dozer ?
Dozer sera toujours le premier choix pour chacun d’entre nous. Mais quand nous avons du temps libre, c’est-à-dire du temps à tuer, cela signifie pour nous de la musique d’une manière ou d’une autre.
Qu’est-ce qui vous motive dans le fait de jouer dans plusieurs groupes ?
Je pense que c’est le besoin de varier les styles musicaux. Nous ne pouvons pas tout faire dans Dozer donc nous avons besoin de trouver d’autres structures pour le faire.
Certains groupes, à l’instar de Metallica, ne sont pas pour cet état de fait. Les membres du groupe ont-ils leur mot à dire à propos des side-projects ou êtes-vous entièrement libres ?
Chacun fait ce que bon lui semble. Cent pour-cent de liberté aussi longtemps que le temps de Dozer n’est pas volé.
Vous avez récemment enregistré la reprise Vinegar Fly. Pourquoi ce choix pour un cover ?
Ce n’est pas notre première reprise, mais nous l’avons faite pour un split 7” avec les Finlandais de Sunride. Comme cette production n’a jamais vu le jour, nous avons fini par le mettre sur notre myspace.
Vous êtes au programme du second volume Sucking The Seventies. Quel titre avez-vous enregistré pour cette compilation qui sort sous peu ?
Nous avons repris Mongoloid de Devo. Je pense qu’il s’agissait d’une idée de Daniel qui est un grand fan de Devo.
N’avez-vous jamais été intéressé par l’enregistrement d’un album de cover de groupes qui ont influencé votre style ?
Non jamais. Nous laissons ceci aux coverbands.
Comme d’habitude, je me demande quand nous aurons droit à votre Alive I sur cd ou dvd maintenant que certains groupes de stoner en sortent.
Je l’ignore. Quand ça sonnera juste je suppose. Quand nous aurons de bons enregistrements.
Votre fantastique morceau Big Sky Theory semble ne jamais s’arrêter lorsque vous l’interprétez sur scène. Comment vous sentez-vous au terme de cette longue et psychédélique partie de votre set ?
C’est un très bon morceau que nous apprécions tous beaucoup. Je me sens bien avec ce titre puissant, lorsque nous le Terminons, j’ai juste envie de le rejouer.
Quels sont vos prochains projets après cette tournée européenne ?
Nous allons nous mettre au travail pour le prochain album et peut-être tourner aux States.
octobre 2006 par Chris.
Publié par Chris Alors là les enfants ! Nous ne sommes pas peu fiers de vous présenter cette interview d’un groupe francophone. Et quel groupe : Zoe, c’est le nom du groupe qui m’a mis sur le cul en ce milieu d’année ! Originaire de la fameuse Côte d’Opale, le quatuor nous en dit un peu place par l’intermédiaire de son chanteur et guitariste Fred. Actif dans un registre assez proche d’Hermano, de Dozer ou de Sparzanza pour le rendu final, le combo fait dans le bref et percutant, mais évite soigneusement les redondances sur son dernier effort “Make It Burning” qui m’a franchement mis une grosse baffe. Ces lascars nous prouvent qu’il faudra aussi compter sur eux et que le stoner n’est pas une spécialité scandinave. Rock’n’roll !
Pourrais-tu brièvement nous présenter Zoe ?
Zoe est né en 1997. Nous sommes tous originaires de Calais, ville portuaire du nord de la France. Aldo est moi sommes les deux membres d’origine, Eric nous a rejoint en 2003 et Vince en février 2006, juste avant la sortie de “Make It Burning”.
Tous les musiciens de Zoe proviennent d’horizons musicaux assez différents de ce que vous pratiquez aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce rock’n’roll furieux quelque part entre le punk’n’roll et le stoner ?
C’est une évolution qui s’est faite progressivement, au fil des changements de line up, et il y en a eu pas mal… Au départ notre musique était résolument seventies. Fuzz, wha wha, Fender Rhodes, venaient agrémenter des compos entre MC5 et les Stooges avec des textes en français. Aldo, bien que guitariste, était le chanteur et moi le guitariste. Puis nous avons interverti les rôles, je suis passé au chant (en anglais) tout en gardant la guitare et Aldo a repris la guitare. Cependant, avec le temps nous nous éloignions de nos influences rock’n roll et nous sommes passés par des périodes plus ou moins psychédéliques. En 2003, avec l’arrivée d’Eric nous avons décidé de revenir aux sources avec comme mot d’ordre l’énergie, on avait envie de voir les gens headbanger à nos concerts. Vince, qui est plus influencé metal hardcore, est venu ajouter sa pierre à l’édifice.
Vous revendiquez tous des influences différentes puisque ça va de Noir Désir à Motörhead en passant par Tool. Qu’est-ce qui fait l’unité au sein de la formation ?
C’est vrai qu’on a des influences sensiblement différentes mais c’est justement cela qui fait l’unité du groupe, personne n’est confiné dans un style musical précis, et même si chacun a ses petites préférences, on aime tous le rock n roll ! Bien que dans Zoe la moyenne d’âge soit comprise entre 25 et 42 ans, on est autant influencé par la musique des seventies que celle des nineties.
Et quelles sont celles qui influencent votre style actuel ?
Je dirais globalement le courant stoner avec Kyuss, Fu Manchu, la vague rock’n roll scandinave avec Gluecifer, The Hellacopters, le power rock de Monster Magnet et bien sûr Motörhead, AC/DC, …
Vous avez ouvert ou partagé la scène avec beaucoup de combos punk ou métal. Etait-ce pour toucher un nouveau public ou était-ce motivé par le peu de groupes stoner voire rock’n’roll qu’on croise en France ?
Disons que dans le nord de la France la tendance est effectivement plutôt metal et on n’a pas encore eu énormément l’occasion de jouer en dehors de la région. Donc quand on nous propose de jouer avec tel ou tel groupe si les conditions sont acceptables, on y va. Cela nous a d’ailleurs permis de constater qu’on passait finalement assez bien partout.
D’ailleurs puisque nous en sommes à parler de styles musicaux. Comment définissez-vous le vôtre ?
On nous classe dans la catégorie stoner. Mais je pense qu’on est tout simplement un groupe de Rock’n’roll !
Et puisque nous parlons de la France , quel regard portez-vous sur la scène stoner francophone actuelle et quels sont vos rapports avec ses différents acteurs ?
Au risque de te décevoir, à part Glowsun, je ne connais pas beaucoup de groupe stoner francophone. Ah si ! Il a aussi Blackstone dont le dernier album est également distribué par Brennus, il me semble. J’ai lu à leur sujet dans la presse “premier groupe de stoner en France”. Est-ce vraiment du stoner ? J’ai l’impression que cet estampillage est devenu un peu “fourre-tout” et que l’appellation est galvaudée. On dit qu’on fait du stoner pour ne pas dire que l’on fait du hard rock. Pour moi, ce qu’on pourrait appeler stoner c’est Kyuss, Fu Manchu. Zoe du stoner ?… Ce qui est certain c’est qu’il y a un regain d’intérêt pour le rock dans la francophonie et c’est le principal. Un groupe dont on se sent proche dans la démarche : Houston Swing Engine. Je suis certain que ces mecs ont digéré plein d’influences, ça se ressent dans leur musique.
Vous avez passé un deal avec Brennus pour album “Make It Burning” n’était-ce pas un danger de se retrouver sur un label estampillé métal ?
Lorsque nous avions enregistré notre première demo avec Eric en 2003s, nous l’avions envoyé en masse aux labels. Nous avions reçu beaucoup d’encouragements, mais personne n’était réellement intéressé pour nous signer. Sauf un, Alain Ricard de Brennus. Il nous avait répondu que dès que nous aurions enregistré un album, nous pourrions éventuellement travailler ensemble bien que nous ne soyons pas tout à fait dans le créneau des groupes dont il assure la distribution. Nous l’avons donc contacté à la fin de l’enregistrement de “Make It Burning” et il a accepté. Il est d’ailleurs lui-même assez étonné puisque nous faisons partie des meilleures ventes d’album par correspondance sur le site de Brennus.
Vous avez co-produit ce disque avec Laurent Prevost de MDB Concept Studio dans le 59. Comment s’est déroulée la collaboration avec un étranger à vos compos ?
Laurent est le batteur du combo hardcore lillois No Flag. Donc pas tout à fait dans notre style. Cependant dès le départ, il s’est investi à 200%. Il a très vite compris ce qu’on voulait et ce qu’on aimait. Juste avant la sortie de l’album, notre batteur Jean-Luc, avec qui Aldo et moi jouions depuis plus de 15 ans, a quitté l’aventure. Cela a été un coup dur alors que l’album était prêt à sortir. Avant de trouver son remplaçant, Laurent nous a dépanné et il l’a remplacé sur une date. Tout ça pour dire qu’il a vraiment participé activement à l’élaboration de l’album et à sa sortie.
La scène rock de votre région semble être très ouverte vu que les groupes collaborent quand bien même ils pratiquent des styles fort différents. Cette unité n’est-elle qu’une impression ou un fait avéré ?
Non c’est un fait, il y a en général une bonne entente voire une entraide entre des groupes qui pratiquent des styles différents, une forme de respect, je pense, pour le travail bien fait. Par exemple, il y a Dee n Dee, groupe de metal indus de Calais avec qui on forme une vraie famille. On partage tout, ou presque… L’association LX qui organise des concerts sur Calais et s’occupe de chercher des dates pour Dee n Dee et ZOE nous a donné un sacré coup de main pour le financement de l’enregistrement de l’album, l’association Relief qui est pourtant tendance electro nous a aidé également. Et puis la MPT de Calais où nous avons récemment fait une résidence, la ville de Calais aussi qui nous a “prêté” le théâtre municipal où s’est déroulé l’enregistrement du clip “Think Today”, et j’en oublie sûrement… Je pense qu’il y a dans notre région une réelle envie d’aider les groupes sérieux et motivés, que ce soit au niveau des groupes entre eux ou des institutions qui ont en charge la promotion et le développement des musiques actuelles. C’est une chance !
Vous avez engagé des moyens dans la réalisation d’un excellent clip “Think Today” qui se trouve sur votre dernière production, des passages télé ont-ils déjà été dealé ?
C’est Benoit Hénon, un ami qui fait partie du collectif lillois Digital Vandal, qui a réalisé le clip. Pour ce qui est de sa diffusion, c’est en cours. Malheureusement, il n’y a que très peu de chaînes qui diffusent des clips et les réponses sont rares. Cependant, le clip sera diffusé prochainement sur oc-tv.net, une télévision sur Internet.
Pensez-vous que le statut d’intermittent du spectacle qui existe – encore – en France soit un frein à une certaine créativité avec son quota minimum de shows par année ?
Je ne pense pas que ça soit un frein à la créativité puisqu’il y a de plus en plus de groupes. Par contre, il est certain qu’il faut vraiment tourner un maximum pour obtenir ce statut, qui est en plus très précaire. Beaucoup de musiciens qui ont le statut d’intermittent du spectacle sont d’ailleurs bien souvent obligés de faire de la technique pour joindre les deux bouts.
Comme vous vous produisez régulièrement avec des formations politiquement engagées, comment jugez-vous la scène stoner qui est très apolitique ?
Chacun son truc, tout dépend du contexte. Il y a peut-être aussi une part d’implicite. Je ne sais pas si la scène stoner est à proprement dite apolitique, ce qui est sûr c’est qu’il y a plusieurs manières de faire passer un message. En ce qui nous concerne, on ne peut pas dire qu’on soit un groupe engagé politiquement bien qu’il nous arrive parfois de revendiquer des idées. C’est le cas de titres comme “Make It Burning” ou “Strike It On” qui dénoncent – sans rentrer dans les détails – les méfaits de notre société de consommation et l’endormissement général qu’elle induit. Cependant, pour nous la musique passe avant tout et les textes plutôt sont secondaires, ou à la limite c’est plus le sens général, l’ambiance qu’ils peuvent dégager, qui nous intéressent et ils ne sont pas à prendre au sens littéral. Pour cela il y a des groupes comme Lofofora, Trust, Parabellum, Sick Of It All, Ministry,… qui le font très bien.
Quels sont vos prochains projets ?
Tout d’abord on commence à composer avec Vince qui a un jeu de batterie beaucoup plus fluide que celui de Jean-Luc notre ancien batteur et cela semble très prometteur. Les premiers concerts avec lui nous ont boosté, il apporte un sacré regain d’énergie. Nous aimerions pouvoir retourner en studio d’ici l’été deux-mille-sept, mais pour l’instant nous nous focalisons sur la tournée, nous avons pas mal de dates dans notre région, mais nous aimerions nous exporter un peu plus. Nous avons quelques contacts dans l’est de la France et il est probable que nous allions jouer là-bas d’ici peu. Une tournée de quelques jours en Allemagne est envisagée pour fin octobre, et nous aimerions aussi bien sûre venir jouer en Suisse.
As-tu quelque chose à ajouter ?
Nous sommes avant tout un groupe de scène, donc si nous passons près de chez vous et que vous voulez une bonne tranche de rock’n roll bien grasse, venez nous voir ! Je pense que vous ne serez pas déçu. J’aimerais également ajouter que si nous sommes quatre sur scène, sur la route nous sommes une super équipe de potes (techniciens son, lumière, roadies, merchandising, …). C’est comme une famille : Ils passent leur temps à se défoncer pour que tout aille bien et ils croient en nous. C’est pour leur rendre la pareille à notre manière que l’on interprète parfois sur scène “We Are The Road Crew” de Motörhead. Et enfin, longue vie à Desert Rock !!!
octobre 2006 par Chris.
Publié par Chris Ce qu’il y a de marrant avec ce groupe bien barré qui blaste à l’écart des chemins balisés, c’est qu’ils n’ont jamais inclus de photos des nombreux membres du groupe dans les visuels de leurs quatre albums. Aussi il a fallu chercher un peu dans le sympathique Bikini Test de la Tchaux pour trouver Johannes Persson, guitariste et chanteur de la formation, qui ressemble plus à Monsieur tout-le-monde qu’à un bidouilleur fou. Une fois que nous avons mis la main dessus nous l’avons interrogé dans les règles de l’art sur son projet musical.
Comment se passe cette tournée européenne ?
Johannes : C’est certainement la meilleure que nous ayons faite et spécialement les deux dernières semaines avec notre passage en Angleterre. Il y a eu de bons jours et de mauvais jours aussi là-bas, mais en Irlande c’était bien et nous avons joué à guichet fermé à Londres ce qui était hallucinant.
Cette tournée a débuté avant la sortie de votre dernier album Somewhere Along The Highway’. N’est-ce pas un danger que de jouer des morceaux inconnus de votre public ?
Je l’ignore, mais comme ce sont les meilleurs morceaux que nous ayons jamais composés, les gens seront plutôt favorables pour acheter notre nouvelle production.
Et comment les gens ont-ils réagi à l’écoute de ces nouvelles plages ?
C’était impressionnant car quand tu es en tournée et que tu as déjà quatre disques derrière toi ainsi que tout le matos, ça devient un peu ennuyeux de rejouer certains titres pour nous. Par exemple nous ne jouons pas et ne rejouerons pas The Watchtower’ pour un bout de temps.
Vous avez décidé de tourner sans votre chanteur Klas resté à la maison pour cause de paternité – , comment s’est passée la mise en place du groupe avec cette nouvelle configuration sans frontman sur scène ?
C’était un challenge, nous jouons quatre nouveaux morceaux et je chante sur deux d’entre eux sur le disque et Fredrik (guitare et percussions) sur un. Pour les autres, j’ai composé les vocaux avec Klas et j’ai aussi fait ceux que je chante donc il n’y avait pas de problème pour ces titres. Pour le reste des titres, Klas a une énergie dans sa voix que personne d’autre ne possède, donc j’étais vraiment challengé là-dessus même si ça fait dix ans que je joue sur scène. J’avais aussi déjà chanté, mais jamais en tant que lead, désormais c’est devenu une routine. L’enfant n’est pas encore né, il doit encore attendre environ deux semaines.
Comment avez-vous réagi à cette décision, trouve-tu normal que dans un groupe, le chanteur reste à la maison alors que vous sortez un disque et partez sur la route pour la promotion ?
Oui, je pense qu’on ne peut pas argumenter contre cet état de fait.
Carrément ?
Nous savions que cela devait arriver et que nous aurions des difficultés avec Klas, j’ai aucune idée de ce qui va se passer à l’avenir. Sur le nouvel album il y a sept titres et sa voix n’est posée que sur trois d’entre eux c’est donc pas si dérangeant que ça.
Reporter la tournée n’était pas une option envisageable à vos yeux ?
Non ! Aucun membre n’a plus d’importance qu’un autre dans notre groupe. J’espère que nous tournerons de nouveau en sa compagnie, mais on ne sait jamais comment les choses tournent avec les enfants.
Vous êtes à l’affiche des Eurockéennes de Belfort. Pensez-vous partager la même chose avec le public de ces festivals qu’avec votre public dans un club à taille humaine ?
Il s’agit de deux choses totalement différentes, nous jouons dans les festivals devant bien plus de monde y compris des gens ne nous connaissant pas, nous rencontrons de nouvelles personnes, jouer dans des festivals et une des meilleures choses pour faire mieux connaître un groupe. Jouer dans les clubs est bien plus intime car les gens se déplacent que pour nous. Je n’ai pas vraiment de préférence pour l’une ou l’autre de ces deux types de prestation, il s’agit clairement de deux choses incomparables, mais qui nous apportent beaucoup de plaisir.
Somewhere Along The Highway’ est sorti depuis une quinzaine de jours, comment le public et les médias ont-ils réagi à cette nouvelle production ?
La presse à 90% a apprécié et le reste ne l’a pas trouvé franchement mauvais, mais ça arrivera. Nous savons que quelques journalistes ne l’apprécieront pas car nous avons évolué. La stagnation est la chose la plus horrible pour un groupe Nous ne pouvons pas faire comme Iron Maiden qui propose la même chose depuis plus de vingt ans. Nous cesserons avant !
Les Ramones l’ont réalisé avec brio !
Oui, mais c’est ennuyeux et peu efficient. Ca ne te challenge pas en tant que musicien de faire toujours les mêmes morceaux sauf si tu le fais pour le fric !
Votre dernière production est tout de même assez proche de Salvation’.
C’est la même chose, mais une marche plus haut. Nous avons tout essayé de la faible résolution, des batteries électroniques et des banjos. Les vocaux ont été diminués et les synthés ont pris plus de place.
Il est aussi un peu moins remuant.
Sûrement.
Il explose littéralement à la fin de l’ultime plage Dark City Dead Man’, était-ce une manière de procéder pour éviter de vous retrouver frustrés ?
C’est sûr que cette partie est bien en place. Je l’ignore, mais c’est ce que nous devions faire, nous aimons la dynamique. Pour nous, depuis le début, il était question de dynamique même si le reste est assez calme. Nous ne pouvons pas jouer calmement une heure. Ce morceau a une dernière partie vocale qui se colle vraiment bien dessus.
La version promotionnelle de l’album est entrecoupée de messages publicitaires pour cet opus qui nous empêchent de rentrer vraiment dans la musique. Comment avez-vous pu faire une chose pareille ?
Nous n’étions pas pour et avons beaucoup ri à l’écoute de ceci (ndlr : pas moi !) . Nous ne voulions pas ceci, mais des journalistes mettent des disques sur le web donc nous devions nous protéger aussi.
Le disque est déjà découpé en 99 plages ce qui semble suffisant non ?
C’est ce que j’ai dit à Earache, mais ils ont dit qu’il était tout de même assez facile de regrouper ceci. Nous n’avions rien à dire.
Vous vendez un ep sur la tournée. Que peux-tu me dire de ce nouvel objet uniquement trouvable sur les lieux de concerts ?
La première reprise est un morceau de Smashing Pumpkins que nous avons mis en boîte en cinq minutes lors d’une session studio précédente il y a trois ou quatre ans; les vocaux ont été posés dernièrement dessus. L’autre reprise c’est un morceau de mon groupe favori Unbroken tiré de leur album Life. Love. Regret.’. Il s’agit un peu du même processus, nous nous sommes décidés à travailler sur une autre reprise.
Pourquoi avoir opté pour des artwork ne vous présentant jamais ?
Comme je te l’ai confié, aucun membre n’a plus d’importance qu’un autre et nous ne faisons pas ça pour qu’on nous reconnaisse, nous nous en foutons, je me sens mal quand on me reconnaît en tant que musicien. Nous ne voulons pas mettre des photos de nous dans l’artwork car l’important réside dans la musique et dans les émotions que nous voulons faire passer avec. Ceci dit, notre guitariste Erik qui s’occupe de ça le fait très bien presque parfaitement.
Vous êtes sur Earache depuis quasi-toujours
non, le premier album était d’abord sorti sur un label indépendant et ils ont repris les droits
et ce label est spécialisé dans le death metal, le black metal ou le grind
des musiques que je n’écoute pas
vous êtes un ovni sur cette structure.
Ils nous apprécient et font un assez bon boulot. Ce n’est pas le meilleur label, mais certainement pas le pire. Tous les groupes ont des problèmes avec leurs maisons de disques.
Vous ne craigniez pas d’être assimilé aux groupes qui sortent sur ce label ?
Je ne pense pas que ça pose un réel problème. Le plus grand problème que nous avons c’est qu’aucun d’entre nous vient de la scène metal et n’écoute ça.
Comme vous n’êtes pas un groupe metal, comment décris-tu votre style ?
Ce n’est pas mon boulot ! J’écris la musique et laisse ceci aux autres.
Et pourquoi, penses-tu que vous êtes assimilés par certains à la scène stoner ?
Nous sommes plus proches d’eux, nous aimons Sleep et Andreas (basse) est un énorme fan de Queens Of The Stone Age ainsi que de Kyuss. Nous avons enregistré un morceau qui a d’énormes influences stoner, il n’est pas sur l’album. Il sera certainement bientôt sur I-Tune Music Store et pas en CD.
Quels sont vos projets ?
Nous allons finir cette tournée, faire quelques festivals cet été et retournerons sur la route en automne prochain avec une partie aux Etats-Unis et peut-être le Japon.
Vous retournez en studio et sortez un album l’an prochain ?
J’aimerais déjà le sortir maintenant. Nous avons quelques projets avec d’autres artistes, il y a quelque chose dans l’air.
Comment composez-vous ?
Erik et moi écrivons en jammant ensemble. Puis nous enregistrons ceci et ajoutons les touches individuelles.
Un dernier mot ?
C’est cool d’être en Suisse, nous avons fait un de nos meilleurs concerts l’an passé à Lausanne.
juin 2006 par Chris.
Publié par Laurent L’album éponyme de RBO nous mis une vraie petite claque, lors de sa sortie il ya quelques semaines. On n’y a donc pas réfléchi à deux fois avant de demander une interview au groupe. L’occasion nous fut donc donnée de discuter avec David Jacob, bassiste du groupe et l’un e ses membres fondateurs. Un véritable mordu de musique, un passionné qui nous a convaincu sans mal de l’honnêteté de la démarche du groupe et de sa musique. On n’en attendait pas moins !
Pour commencer, peux-tu nous résumer rapidement l’histoire de RBO, votre rencontre, etc
?
En fait il s’avère qu’avec Lol, le chanteur, on se connaît depuis quelques années, depuis le début des années 90, disons. On a monté un groupe ensemble qui s’appelait P-Vibes, sur Paris, qui était un groupe de rock-fusion, assez proche de ce qu’on fait avec RBO, parce qu’on considère finalement que Royal Bubble c’est un peu la continuité de P-Vibes… Donc on se connaissait depuis que je jouais dans P-Vibes à l’époque, jusqu’à ce que je rejoigne Trust, tout simplement. Puis on s’est retrouvés, avec Lol, il y a un peu plus de deux ans, on a dit “on remonte un groupe ensemble ?” et j’ai dit “OK”. Et voilà, c’est reparti !
Et pourquoi ne pas avoir tout simplement reformé P-Vibes et continué sous cette forme ?
Parce qu’on voulait partir sur de nouvelles bases, tu vois, c’est une nouvelle histoire, une nouvelle aventure. C’est la continuité de notre rencontre, à Lol et moi, mais en fait c’était quand même une nouvelle aventure musicale
D’où vient le nom du groupe ? C’est plutôt original dans le genre, c’est mûrement réfléchi ou c’est juste un délire
?
Voilà, exactement, c’est un délire, et je te promets que pour la première fois c’est un nom de groupe qui est venu très très vite ! D’habitude on se torture l’esprit pour trouver un nom de groupe, et là c’est arrivé très rapidement ! On voulait à l’origine un nom composé, et il s’avère que “RBO” ça sonne bien, tu vois
Donc voilà !
Parlons de toi quelques instants : tu me disais que tu avais arrêté P-Vibes pour rejoindre Trust pour leur reformation, mais, depuis, on n’a plus trop entendu parler de toi, en tout cas plus sur des medias “grand public”
Qu’est-ce que tu as fait depuis ?
Oh mais il s’est passé un paquet de choses quand même, même si c’est vrai que j’ai tendance à me faire assez discret
J’ai continué avec Manu Lanvin pour qui j’ai bossé sur 2 albums et pour qui j’ai co-réalisé le 2 ème album, il y a eu aussi l’album de La Grande Sophie et l’album de Doc Gynéco sur lesquels j’ai joué aussi, Melissa Mars parce que je bosse beaucoup avec mon vieux frangin Franck Langolff
Et puis surtout un paquet d’albums que j’ai réalisés, comme l’album d’un artiste stéphanois qui s’appelle Pascal Descamps, et là je suis en plein mix du prochain album de Djamatik, l’ex Neg’Marrons, que j’ai réalisé
Et puis Royal Bubble ça me prend pas mal de temps aussi, tu vois, on peut dire que ces dernières années ça n’a pas chômé !
David dans Trust, à l’époque… (à gauche)
Comment décrirais-tu le style musical de RBO ?
Et bien je dirais tout simplement que c’est du rock. Après, j’ai toujours eu un peu de mal avec les qualificatifs qu’on met derrière le mot “rock”
On va dire que RBO c’est un groupe de rock, tout simplement, avec des mecs qui ont envie de faire de la musique ensemble, en gardant le style qu’on avait quand on avait 14 ans, lorsque l’on a décidé à un moment donné de faire de la musique, c’est à dire jouer avec des potes en groupe
Même si on a des influences diverses, au sein du groupe, c’est surtout l’histoire d’un groupe qui veut faire de la musique sans “vouloir faire comme
”, RBO fait de la musique, c’est pas compliqué. Je reconnais que c’est un problème auquel on est confrontés : on a du mal à nous classifier véritablement
On est un peu proches des Red Hot dans notre façon de concevoir les trucs, parce qu’aujourd’hui, les Red Hot c’est même très difficile de pouvoir les classifier. Royal Bubble c’est un peu pareil, finalement, dans le principe
Tout ça est très lié, est-ce que les influences du groupe sont “collégiales” ou bien est-ce que RBO est plutôt la somme de multiples influences individuelles ?
Il y a des groupes qui font l’unanimité dans Royal Bubble, quand tu mentionnes Led Zeppelin, par exemple, on est tous d’accord, parce qu’encore une fois ça rejoint la musicalité : des mecs qui sont tous ensemble, qui ne se posent pas de question et qui font de la musique. Pour RBO, c’est plutôt un état d’esprit
C’est plutôt une question de démarche, finalement, plutôt que simplement des influences musicales ?
Ben voilà, c’est ça, nous on ne se prend pas la tête, mais ça ne nous empêche pas de continuer notre histoire, tout comme un groupe de rock le faisait dans les années 80 ou 70 : on fait notre truc tranquilles, on se pose pas de questions
Au moment de composer les morceaux et d’enregistrer l’album, comment as-tu envisagé ton jeu de basse pour RBO ? As-tu essayé de suivre une ligne ou un style homogène sur tout l’album, ou bien as-tu essayé de t’adapter à chaque chanson ?
C’est plutôt ça, oui : on a eu une démarche plus spontanée, lorsque l’on compose je ne pense pas à la ligne de basse en priorité
Tu n’as pas eu par exemple un modèle, un type de jeu que tu as essayé de suivre sur tout l’album ?
Non, parce que finalement, notre démarche a toujours été la même : on a ces influences, mais on voulait avant tout faire notre propre truc. Sur Royal Bubble, on s’est vraiment focalisé sur les chansons, on voulait avant tout faire des chansons. Après, ce qui peut-être rigolo (et tu peux te réécouter l’album dans cette optique, tu verras), comme on a voulu l’enregistrer comme des puristes, ensemble, en live, sans se prendre la tête, tu remarqueras que la basse c’est un peu une main gauche d’un clavier, et la guitare c’est une main droite d’un pianiste ! Donc quand tu écoutes Royal Bubble, le mec il est en train de jouer, c’est pas plus compliqué, et il y a une voix et un batteur qui joue derrière, la démarche est minimaliste : il y a cette sensation de simplicité, sans se creuser la tête
Alors c’est très simple dans la démarche, mais bon, après, pour faire, c’est une autre histoire !
Parlons un peu du chant, sans aborder la voix bien particulière de Lol Nico, pourquoi avoir choisi le chant en anglais ? Vous êtes tous français dans le groupe, non ?
Ouais, et pour tout dire Lol est même d’origine catalane, ce qui explique que l’album existe en version espagnole
Le chant en anglais, c’est parce que l’on veut pouvoir s’exporter, et qu’avec l’anglais c’est beaucoup plus facile. Avec Lol, ça fait un paquet d’années qu’on se connaît, et pour avoir plusieurs fois essayé de chanter en français, on retombe toujours sur les mêmes problèmes : “ça sonne trop comme ci, ça sonne trop comme ça”
J’ai entendu Bernie (Trust), il avait un style très particulier, après tout de suite quand on chante en français, tu vois
on pense à lui ?
Voilà , hahaha ! Il l’a fait très très bien dans son style de musique, mais depuis, quand sur une musique un peu énervée ça chante en français, ça fait penser à lui, quoi
Et ça, ça a déjà été fait.
C’est Marc Varez qui a enregistré la batterie sur cet album, mais il a quitté le groupe depuis. Peux-tu nous dire pour quelles raisons il est parti, et en profiter pour nous présenter son remplaçant ?
Marc avait d’autres objectifs, d’autres perspectives, même. Il avait d’autres ambitions, d’autres choses à faire, on ne voulait pas le retenir, tout simplement. Après, le choix du batteur s’est porté sur Rodolphe Perroquin, que j’ai rencontré pour avoir joué avec lui avec Ilene Barnes, une artiste américaine. Ca s’est très bien passé, et il s’est très bien intégré dans le groupe. Et voilà, le prochain album sera avec Rodolphe Perroquin, c’est clair !
L’album a été enregistré il y a un an et demi environ, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour le sortir ?
Tout simplement parce qu’il fallait trouver les bonnes personnes, encore une fois c’est une question d’état d’esprit. On aurait toujours pu avancer différemment, le sortir plus vite, mais on voulait prendre notre temps, pour nous il n’y avait pas d’urgence. On en voulait pas faire un “one shot” avec Royal Bubble, on veut vraiment que ça dure le plus longtemps possible. On a eu des problèmes de distributeurs, des problèmes de maisons de disque, dans le genre où tu signes le lundi et le mardi c’est plus la même personne qui s’occupe de toi
Bref, le temps que tout ça se mette en place, le temps que la promo se mette en place petit à petit, l’histoire du changement de batteur qu’il fallu régler
Et puis tu sais, organiser la promo pour un groupe de rock, en France, qui chante en anglais, ça va prendre un peu plus de temps, on en était conscients. Donc on a préféré prendre le temps de faire les choses bien, plutôt que de bâcler le travail, voilà.
Et qu’est-ce que vous avez fait, en tant que groupe, pendant tout ce temps ? Et les prochaines étapes, c’est quoi ?
On a beaucoup répété, on a fait quelques concerts, et là on est en train de penser aux prochaines compos, évidemment ! Quoi qu’il arrive, il y aura un album qui se fera très vite. On a aussi une tournée qui se prépare pour la rentrée, des concerts sur les mois à venir. On va apporter des nouveaux titre dans notre set pour les gens qui sont déjà venus nous voir et qui connaissent l’album.
Est-ce que tu es satisfait des retours que tu as eus jusqu’ici sur l’album, la façon dont il a été reçu ?
Et bien moi je suis content, il y a un bon feedback. Ca se passe même mieux que je ne pouvais l’espérer. C’est vrai que le chemin a été difficile, mais il y a un bon retour. Les gens sont agréablement surpris d’entendre un groupe comme ça, et encore plus quand ils viennent nous voir sur scène.
Comment vois-tu RBO, en tant que groupe : est-ce plutôt un “super-projet” à durée de vie limitée, un groupe parallèle pour chacun de vous, votre groupe prioritaire
?
Il faut que tu saches que c’est mon projet prioritaire, RBO. C’est ce que je répète souvent à mes frangins : voilà, j’arrive à 40 balais, je fais 40 ans cette année, c’est mon premier projet, ma première aventure personnelle, ça n’a rien à voir avec un projet comme Trust, par exemple
C’est en quelque sorte le premier projet dont tu sois à l’origine
Ouais, c’est un projet très intéressant, et ça rejoint une question que tu me posais tout à l’heure : il y a des groupes comme Trust qui sont un peu des locomotives. Je n’ai pas la prétention de dire que RBO est une locomotive, mais j’espère que RBO va pouvoir redonner envie à des gamins de jouer de la musique sans se prendre la tête, de pouvoir se rendre compte qu’on peut faire des chansons sympa, qu’on peut faire des albums rapidement
Qu’ils viennent nous voir sur scène pour s’apercevoir qu’on peut faire de la musique, leur donner envie de jouer des instruments
C’est un projet ambitieux, et pourtant il n’y a rien de compliqué. Il faut qu’on parte sur la route, tout simplement, et c’est ce qui est en train de se passer : il faut aller au devant du public, parce que la vérité elle est là. La vérité, c’est pas de rester enfermés en studio et de faire des albums, c’est d’aller voir le public. C’est pour ça qu’on est en train de travailler et qu’on a hâte de partir sur la route !
Parle-nous un peu de cette reprise de The Cure, “Lullaby”, que l’on retrouve sur l’album : The Cure n’est pas vraiment un groupe que l’on retrouve généralement en tête des influences des groupes de rock
C’est pas a priori un groupe dans notre style, c’est clair, mais la chanson est sympa, voilà. Je sais pas, on aurait pu reprendre un titre du répertoire français, pourquoi pas, tu vois
C’est le guitariste, Alex, qui nous a suggéré ce titre. On l’a joué et tout de suite c’est arrivé, on se l’est bien approprié. On en a fait une reprise personnelle de RBO, je la trouve très fraîche, ça correspondait bien à ce qu’on avait envie de faire et d’entendre, et le titre rentrait très bien dans le set de l’album, on kiffe toujours à le jouer sur scène, et voilà ! Je trouve que c’est un groupe qui a sa place dans la scène actuelle, ils font toujours de bonnes chansons
Souvent on attend qu’un artiste soit mort pour reprendre ses titres, faire des versions hard-rock ou autre
C’est un peu cliché, alors que eux sont toujours là et font de bonnes chansons. Et sur le prochain album il y a aura certainement encore une reprise un peu “bizarre”, comme ça.
Pour finir, je te laisse la parole, comment décrirais-tu l’album de RBO et votre musique en général, si tu devais inciter nos visiteurs à l’écouter ?
Je dirais : “à l’ancienne”, on a fait un album artisanal, franc et rock, voilà. C’est un album qu’on a fait parce que c’était ce qu’on avait envie d’entendre ! Je crois que c’est un petit moment de fraîcheur, un petit moment de bonheur, il y a 12 chansons, ça passe tout seul, ça passe très très vite
Voilà, c’est un petit moment de rock, une petite bulle de fraîcheur, c’est pour ça qu’il faut l’acheter, cet album
avril 2006 par Laurent.
Publié par Chris Gonflé à bloc après la sortie de son nouvel album The Beast Is On Your Track et de son nouveau clip, le trio bâlois fait en notre compagnie le point sur sa lourde actualité de ce début d’année. Après une quinzaine de concerts effectués depuis le premier janvier dont un à Genève – le chanteur et guitariste de la formation stoner, Markus, nous en dit un peu plus sur ce groupe qui explore toutes les facettes de ce style fort méconnu mais ô combien génial.
Comment s’est passé la tournée avec Psychopunch ?
Nous avons passé de superbes soirées avec ces mecs. Je pense que Psychopunch/Zamarro est une bonne formule pour le public rock. Les deux font du rock heavy avec des mélodies, mais sans être tout à fait pareils
ce sont des gens super sympa et ils savent faire la fête ! C’est ce que nous faisons la plupart du temps. C’est presque sûr que nous allons encore faire du rock ensemble!
Lors de votre passage à Genève, j’étais un peu déçu de voir seulement une centaine de personnes dans la salle. Vous pensez que le stoner est condamné à rester underground ou bien c’est seulement comme ça en Romandie?
C’est dur à dire. Probablement oui. Le stoner et le rock sont en général trop bruyants, trop fous, trop lourds pour un Suisse moyen. C’est pourquoi nous appartenons au milieu underground, mais ça nous plaît. Même si on joue devant peu de monde. Mais je suis sûr que nous pouvons faire venir plus de monde
la prochaine fois à l’Usine il y aura au moins 200 personnes!
Comme vous êtes très pro sur scène, n’est-ce pas un peu frustrant de jouer devant si peu de monde?
Non pas vraiment. Nous avons déjà joué devant cinq personnes. Cela fait partie du truc et nous l’acceptons en professionnels. Quoi qu’il en soit, nous aimons surtout être sur scène et la baptiser avec notre sueur. Nous recherchons toujours le show rock parfait parce que ça fout la patate !
Vous venez de sortir le premier clip du nouvel album et vous avez choisi “Ocean” comme premier single. Pourquoi cette chanson (et pas “Hurricane”?)
Il y a toute une réflexion promotionnelle derrière. Quand tu dépenses de l’argent pour un clip, tu dois choisir le morceau qui a le potentiel d’être joué le plus. Et “Ocean” est une bonne chanson avec une bonne accroche dans le refrain. C’est vrai, c’est plus pop que “Hurricane”, mais elle exprime aussi un élément important de notre identité en tant que groupe. D’ailleurs, l’autre choix était “Baptized in Sweat”.
Le clip a été tourné dans une piscine et le scénario est très différent de vos autres clips. Comment cela se fait-il?
Nous voulions faire quelque chose de spécial, quelque chose qui énerve un peu nos fans. Michael Koch et Nica Giuliani (qui ont fait le clip) ont eu cette idée des filles dans l’eau qui allaient changer le rythme à cause de notre musique. Nous aimons ce clip et il tourne en boucle sur plusieurs chaînes en Suisse, aux States, en Allemagne et en Autriche. Et on a un bon retour. C’est difficile de donner une image à notre son rock à travers un clip. Mais de jouer les hardrockers nous semblait juste ridicule!
“The Beast Is On Your Track” est sorti depuis peu. Quels sont les échos dans la presse?
Jusqu’à maintenant, les échos sont bons et ça fait plaisir. Parce que nous travaillons notre son et nous sommes des accro du rock. C’est sûr, nous ne sommes plus des nouveaux venus et avec “Lust in Translation” nous avons présenté un bon album de rock dont nous sommes fiers. C’est possible que la presse s’attende à plus maintenant et est donc plus critique. Mais ce n’est pas un problème, nous pouvons toujours faire mieux.
Et vos fans?
Ils aiment l’album. Quand nous jouons quelque part, ils connaissent déjà les paroles. C’est sûr, on ne peut jamais plaire à tout le monde. Pour certains, il faudrait qu’il soit plus mélodique, pour d’autres plus heavy. Beaucoup nous disent qu’ils apprécient de plus en plus l’album au fur et à mesure qu’ils l’écoutent. C’est cool parce qu’il y a toujours le danger qu’un album devienne ennuyeux après un moment. Si vous avez aimé le premier, vous aimerez celui-là. Parce que c’est le même studio et le même producteur, je pense même que le son sur le deuxième album a encore plus la patate. Nous connaissions l’endroit où nous allions bosser et nous connaissions Jack et il nous connaissait. Cela aide beaucoup!
avril 2006 par Chris.
Publié par Chris Le quatuor de la région lausannoise est certainement l’une des formations les plus en vue du moment dans la galaxie stoner francophone. Il nous a semblé nécessaire de faire plus ample connaissance avec cet ovni psychédélique ayant opté pour une expression musicale dénuée de paroles, mais pas de talent. C’est Boris, le guitaiste en marcel, qui s’est collé à l’interview pour nous éclairer sur l’actualité de ces helvètes signés sur un label belge (si c’est pas beau la francophonie).
Tout d’abord comment s’est passé la tournée Buzzville’ en compagnie de Sparzanza et Honcho qui évoluent dans un registre assez différent du vôtre ?
La tournée s’est très bien déroulée. Les trois groupes ont été bien reçus et la diversité de l’affiche proposée a beaucoup plu au public. Je tiens à souligner que Sparzanza et Honcho, outre être des bons groupes sont aussi des personnes super cool avec qui il est très agréable de tourner.
En parlant de ce label, comment s’est passé le deal avec une structure belge alors que vous n’étiez pas géographiquement destinés à collaborer avec un label se trouvant à 1’000 bornes de chez vous pour un premier album ?
Aucun problème à ce niveau. Tout se fait par téléphone ou e-mail. Le contact est bon et constant. D’autre part ce deal nous a permis de sortir de Suisse, ce qui est vital pour un groupe comme le nôtre.
Penses-tu que la Suisse ait des structures suffisantes pour des groupes comme vous ?
Non, mais certains passionés de stoner essayent de nous aider en Suisse et s’est déjà cool, merci à eux (Oliver, Karim, Ezra, Daniel, etc…).
Penses-tu que le statut d’intermittent du spectacle pourrait à terme dynamiser la scène rock helvète ?
Oui, bien sûr ! Mais cela reste utopique pour la mentalité suisse car la musique n’est considérée que comme un hobby. Dommage.
Comme toutes les formations romandes, en Suisse vous vous consacrez plus aux scènes francophones que germanophones alors qu’en dehors de ces deux régions linguistiques les groupes jouent dans les mêmes types de salles. Comment expliques-tu ce fait ?
Nous n’avons quasiment jamais joué dans des régions francophones, alors il m’est difficile de répondre à cette question.
Vous vous qualifiez de formation stoner. Comment expliques-tu le regain d’intérêt actuel pour ce style musical ?
C’est frais, large au niveau des styles, honnête et pas encore infesté par le gros business. Je pense que beaucoup de gens ont besoin de retrouver de l’autenticité dans la musique. Il faut juste les aider à connaître tous ces groupes car la médiatisation en est difficile.
Comment décrirais-tu ce style à un non-initié ?
Libre et vrai.
Est-ce pour pallier l’absence de chanteur, ordinairement le frontman de la plupart des formations, que vous projetez les images sur la batterie ?
Oui et non. C’est aussi pour proposer un spectacle complet et attractif visuellement tout en accentuant le côté psyché de notre musique.
Qui se charge de les passer pendant vos prestations live ?
Personne. Picasso (basse) a fait le film lui-même et on le passe à l’aide d’un simple magnétoscope. Tout se fait à la “roots” dans Monkey3. Manque de moyens finnanciers probablement !
Et comment se fait le choix des images à projeter ?
Picasso s’en charge. Il est libre de faire ce qu’il veut. Nous lui faisons confiance.
Parmi vos influences, vous citez Kyuss et des dinosaures des 70’s toutes planantes, mais avec vocaux. Quelles sont les formations qui vous ont motivées à vous consacrer à l’instrumental exclusivement ?
Aucune. C’est un choix personnel.
Vous avez tous un passé musical assez spécifique qu’est-ce qui crée le ciment au sein de votre formation ?
L’envie et le plaisir de faire un truc dans lequel on se sent bien et ou chacun à sa place d’expression.
Vous projetez des images de Pink Floyd et intitulez un morceau du nom d’un énorme projet 35007′ qui sont dans un registre assez planant. Qu’est-ce qui vous a motivé à reprendre les Melvins qui sont dans un registre assez différent du vôtre ?
Le morçeau Lividity est cool et collait bien à notre état d’esprit du moment.
Où en êtes-vous du processus de composition ou d’enregistrement du successeur de Monkey 3′ ?
On a une bonne partie de l’album de prêt et on entre en studio fin avril 2006.
Vous semblez être intéressé à poser des voix sur votre prochain album. Comment imaginez-vous l’intégration de vocaux sur vos morceaux ?
Aucune idée, les nouveaux morçeaux sont prévus pour être des instrumentaux.
Avez-vous déjà une idée du type de registre (smooth/agressif) qui se marierait le mieux à votre style ?
Smooth mais couillus.
Avez-vous déjà quelques dates de prévues pour le début de l’an prochain ?
Non, nous nous concentrons d’abord sur l’album.
janvier 2006 par Chris.
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