JOHN GARCIA (Janv. 2018)

Desert-Rock a profité de la venue de John Garcia And The Band Of Gold au Trabendo à Paris pour rencontrer le chanteur américain. Motivé et regonflé à bloc, l’ex-Kyuss nous parle de son nouveau groupe, de ses envies, de sa famille et de ses futurs projets, qu’ils soient musicaux ou non. Malgré ses lunettes noires, John Garcia est bien loin de certains clichés qui collent à la peau des rockeurs et on s’est retrouvé face à un mec sympa, attentionné et avec les pieds sur terres.

 

 

John, tu es à Paris pour commencer une tournée européenne avec 25 dates. Comment te sens-tu ?

C’est génial ! Je ne suis pas souvent sur la route, et revenir à Paris pour cette première date représente beaucoup de choses pour moi. On a 25 dates en trente jours et j’étais vraiment impatient de commencer, tout comme le groupe. Avec le Band Of Gold, je suis entouré de très bons musiciens, très professionnels, et notre seule motivation est d’être sur scène pendant 90 minutes et de donner le maximum à chaque concert. On est donc très excités.

 

Tu as décidé de donner un nom à ton groupe, mais considères-tu toujours cela comme un projet solo ?

Oui, c’est mon projet solo, indubitablement, c’est ce que j’ai toujours voulu faire. Mais cette fois je ne voulais pas que seul mon nom apparaisse. Ces musiciens sont tellement doués, ils ont beaucoup participé au projet, ils ont proposé beaucoup de choses, et beaucoup apporté au disque. Ils méritaient un nom, en quelque sorte… On se mettait souvent autour d’une table pour discuter de la direction que nous souhaitions prendre, et on était toujours d’accord. Il m’est donc assez vite apparu normal et logique d’avoir un nom de groupe, et pas seulement mon nom.
Concernant ce nom, il vient de la chanson “Band of Gold”, un morceau superbe interprété par Freda Payne, une chanteuse R&B des 70’s… Je me suis juste dit que c’était un nom vraiment cool pour mon groupe. En tout cas, donner un nom au groupe est un changement significatif, c’est vrai, ça donne l’impression de “nous” plutôt que “moi”, ce qui correspond bien à notre situation : nous sommes très proches, même si nous avons chacun nos autres métiers, nos propres familles…

 

Justement, rappelle-nous ta rencontre avec ces trois musiciens.

Un jour j’ai été rendre visite à un copain musicien qui répétait avec son groupe dans un local. J’ai réalisé que mon groupe à moi était constitué de gars dans le Kentucky, la Georgie, la Belgique, la Caroline du Nord, etc… Du coup il m’était impossible de faire de simples répétitions… Donc quand j’ai recherché de nouveaux musiciens, il y a environ cinq ans maintenant, je voulais à tout prix des mecs du coin. Le désert est petit, tous les musiciens se connaissent et tout le monde connait les musiciens qui gravitent autour de ce lieu. Le groupe est constitué de Ehren Groban, Mike Pygmie et Greg Saenz. On s’est retrouvé tous ensemble pendant l’été et tout s’est fait naturellement. Ce sont vraiment de bons gars et maintenant on est devenus comme une petite famille, on fait des barbecue, on passe du temps ensemble…

 

Ce nouvel album a pris un peu plus de temps à enregistrer que prévu… pour quelle raison ?

Oui on a perdu beaucoup de temps… Je me suis lancé dans un projet qui n’a pas abouti : pour être plus libre d’enregistrer dans ma région, j’ai envisagé de monter un studio avec plusieurs personnes, et d’y produire mon album. Mais progressivement il est apparu que les gars avec qui j’avais lancé ce projet ne partageaient pas la même vision que moi, je ne pouvais pas continuer ainsi, nous ne regardions pas dans la même direction. Je n’aimais pas le chemin qu’ils voulaient prendre, j’ai donc décidé d’arrêter avec eux. On a repris contact avec un vieil ami, Chris Goss, pour prendre la suite… Alors certes, ça a généré du retard, mais ce genre de choses arrive, ce n’est pas dramatique.

 

 

Les premières critiques de John Garcia And The Band Of Gold sont très positives. Ça te rassure pour la tournée et la suite de ta carrière ?

Bien sûr, ça me rend forcement heureux. Cet album n’est pas pour tout le monde : tu l’aimes ou tu ne l’aimes pas.  C’était aussi le cas avec mon album précédent, acoustique. Je sais qu’il y a beaucoup de critiques, je connais cette industrie depuis un moment déjà. Certains aiment, d’autres non, il faut s’y habituer. Il faut apprendre à se détacher émotionnellement de certaines critiques. Si tu dis que cet album est de la merde, OK, je peux comprendre, chacun a son opinion, mais je n’y attache plus beaucoup d’importance. Ça ne fait aucune différence pour moi. Il faut savoir se détacher de ça… L’essentiel est que ça reste toujours un plaisir pour moi de me produire sur scène, de créer des chansons et de sortir des albums… D’une certaine manière c’est ce qui me permet de recharger mes “batteries d’émotion”. C’est ma drogue et c’est ce qui me rend heureux. Lorsque j’écoute mon fils chanter (il a 9 ans, il adore la musique, il écoute Panic! At the Disco, Marshmallow Wednesday, il aime l’EDM…), ça me transporte littéralement – j’ai la chair de poule rien que d’en parler – et c’est l’effet que me fait la musique… Désolé j’ai fait un peu long haha !

 

C’est étonnant de t’entendre dire cela, sachant qu’il y a quelques mois, tu as confié dans une interview que tu pensais que cet album serait ton dernier… Qu’en est-il aujourd’hui ?

J’ai dit ça à un moment où ma foi pour la musique a été ébranlée, et avant qu’elle ne soit ravivée par Chris Goss [ndlr : producteur de l’album] et par mon groupe… Dans l’industrie de la musique, il y a beaucoup de connards et de trous du cul… des personnes qui sont là pour elles-mêmes, qui passent leur temps à prouver qu’ils sont cools mais qui ne font rien d’autres. Je ne suis pas cool, et je ne veux pas être cool, je suis un père de famille et un mari avant tout. Quand j’ai dit que c’était mon dernier album, j’étais malade et fatigué, j’en avais marre de ne voir autour de moi que des gens qui essayaient de me tendre des pièges. Désormais, quand je vois un problème arriver en face de moi, je tourne la tête, et je regarde dans l’autre direction où tout est plus joyeux. Je détourne mon regard et je vois ma fille de 16 ans écouter Post Malone [ndlr : un rappeur], ça me fait marrer, c’est une toute autre sorte de “problème” – dans le sens où j’aurais préféré qu’elle écoute AC/DC ou un truc comme ça – mais c’est un problème joyeux, tu comprends ?… Ou quand je dois aider mon fils à construire une église en modèle réduit alors que j’ai des trucs super urgents à faire… Ce sont des exemples de “bons” problèmes, que je suis content de rencontrer… Ce que je dis n’a probablement aucun sens, haha ! Donc pour revenir à ta question, disons qu’aujourd’hui, si je devais évaluer les chances que John Garcia And The Band Of Gold soit mon dernier album, je dirais qu’elles sont presque nulles…

 

 

Quand on écoute ton album, on a l’impression qu’il a été réalisé pour être joué en live…

C’est une très, très bonne remarque. En 2014, mon précédent producteur voulait systématiquement ralentir toutes les chansons, j’ai appliqué ses conseils et je n’ai pas aimé ça. Alors cette fois quand nous avons commencé à enregistrer, j’ai dit “je veux les jouer comme je les jouerais sur scène, je vais les jouer au tempo le plus approprié, je ne veux pas tout ralentir”. Même si parfois le tempo fluctue sur une chanson, je m’en moque, c’est quasiment des erreurs volontaires, parfois ça monte, parfois ça descend, on ne cherche pas des rythmiques identiques au métronome… On veut que ça soit comme ça, que ça bouge, que ça soit vivant, comme en concert. On a voulu créer une émotion avant tout… Quand j’écoute une chanson, je veux être transporté ailleurs et avoir cette émotion… Quand j’écoute “Jim’s Whiskers”, par exemple, je veux être transporté quelque part, je veux me retrouver devant son appartement, là où il est mort… Cette chanson [ndlr : qui parle de Jim Morrison, le chanteur des Doors] réveille de mauvais souvenirs personnellement, car on est en ce moment-même dans la ville où il est décédé – et il est mort trop tôt – or même si cela m’attriste, j’aime l’endroit où ça me transporte. Ça me transporte à Paris, assis en face de ce petit bar, à côté de son appartement où ils l’on trouvé mort… C’est très émotionnel, j’y ai été avec ma femme, ça m’a donné la chair de poule, j’aime tellement ce groupe… Voilà, j’aime là où ça me transporte, j’aime là où “Kentucky II” me transporte, j’aime où “Space Vato” me transporte, même si c’est un instrumental ! Ça m’extrait du moment présent et m’emmène ailleurs… à Paris… Et regarde où je me trouve maintenant : à Paris ! haha.

 

Quels sont tes plans après cette tournée européenne ? D’autres projets musicaux ?

Oui, j’ai envie de retourner en Australie au mois d’octobre, on a quelques concerts prévus ici ou là… Mais pour l’essentiel je vais continuer ma carrière, retourner à Palm Springs, à l’hôpital vétérinaire [ndlr : John Garcia y travaille avec sa femme]. J’aimerais aussi avoir un peu plus de temps libre pour me reposer car j’ai beaucoup travaillé à l’hôpital ; c’est très fatigant. On a vraiment beaucoup de travail là-bas, beaucoup de pression. C’est un petit hôpital mais on a beaucoup d’urgences à gérer. Quand je suis en tournée, ma femme gère tout elle-même. Je veux aussi passer du temps à devenir le meilleur père et le meilleur mari possible. Je ne le suis pas, j’essaye de l’être. C’est un travail de tous les jours, il faut y consacrer du temps… On y revient, ce sont encore de bons problèmes (sourire).
Je veux aussi continuer avec le groupe, faire des barbecues, boire des bières fraîches et m’amuser. Juste profiter de  la vie.

 

UNCLE ACID & The Deadbeats (Déc. 2018)

Voilà quelques temps que nous ne nous étions pas entretenus avec Sir Kevin Starrs, aka. Uncle Acid. A l’occasion de la sortie de l’album Wasteland et de la tournée qui l’accompagne, nous avons pu de nouveau sonder le maître à penser de la formation Uncle Acid & The Deadbeats dans un presque habituel jeu de questions/réponses.

 

 

Salut Kevin, merci de nous accorder un peu de temps, on imagine bien qu’entre la promo de l’album et la tournée tes journées sont chargées. Du coup si tu le permets, nous allons rentrer directement dans le vif du sujet : Wasteland sonne et ressemble à la description d’un monde pourri. S’agit-il seulement d’une description, d’une histoire, ou d’une prise de position, d’un message que vous voulez transmettre indirectement ?

Bien vu, c’est un peu de toutes ces choses à la fois. C’est à l’auditeur de décider ce qui se passe.

 

Des groupes comme Uncle Acid ont une influence et un ” pouvoir ” significatif sur leur public. Est-ce que tu es à l’aise avec ça. Restes-tu malgré tout prudent avec tes messages, paroles, etc…?

Je n’y pense pas vraiment en fait. Je crois que la plupart des gens savent que lorsque je chante sur des sujets sombres, je ne suggère pas à l’auditeur de faire quoi que ce soit de ce genre, c’est simplement une histoire que je raconte. Mes textes sont habituellement basés des chose qui sont arrivées dans le passé, moi je les embellis. De toutes façons la plupart des gens s’en foutent probablement ! (Rires)

 

Uncle Acid a toujours été considéré comme un One Man Band. Est-ce que que tu partages cette vision du groupe ?

Eh bien, personnellement je ne vois pas vraiment ça comme un groupe composé d’un seul mec. J’écris tout et je joue de quelques instruments, mais c’est quand même un groupe. Je suppose que c’est un peu comme Neil Young et Crazy Horse, ou W.A.S.P., où il y a un gars qui a une vision et un gars qui écrit les chansons. Il faut toujours un leader, mais chacun joue son rôle.

 

Par rapport à ça, tu pourrais décrire ton processus d’écriture habituel : est-ce que tu viens avec tout le matériel ou est-ce que c’est un processus collectif ?

C’est moi qui amène tous les éléments. J’ai toujours fait comme ça. Je fais des démos brutes et je les envoie à tout le monde pour que les autres puissent apprendre les chansons. C’est la meilleure façon de travailler pour moi, et la plus rapide !

J’ai lu avec surprise quelque part que tu avais eu recours à un producteur “extérieur”, ce qui n’est pas l’habitude du groupe. Est-ce vrai ?

(Surpris) Non, je ne sais pas d’où tu tiens ça ! Je l’ai produit moi-même. En revanche on travaille avec des ingénieurs du son différents, ceux des studios, ça explique d’ailleurs pourquoi l’ingénieur change tout le temps. Nous enregistrons dans différents studios mais c’est toujours moi qui produis. J’ai déjà une vision de ce que je veux exactement avant de me lancer dans l’enregistrement, donc c’est très facile pour moi de faire la production. Avoir à expliquer le son à quelqu’un d’autre peut s’avérer très difficile… J’aime le processus de réalisation d’un album, de la planification à l’écriture, en passant par la démo, le suivi, les overdubs, le mixage, l’implication dans l’artwork… puis une fois l’album terminé entre tes mains, tu as un sentiment de réussite.

 

Tu confirmes par contre que tu as effectivement encore une fois changé de studio, ce changement-là t’a-t-il satisfait ?

Ouais tout s’est bien passé. Le studio était super. Tu as raison, on n’a jamais été deux fois de suite dans le même studio. Je trouve que c’est agréable d’aller dans des salles et des lieux différents, d’utiliser différents équipements pour voir ce qui se passe. Mais tu sais, plus largement, si je n’étais pas satisfait de quoi que ce soit, le disque ne sortirait pas. Ce n’est pas plus compliqué… C’est l’une des raisons pour lesquelles je travaille tant tout seul, parce que je sais exactement ce que je veux.

 

L’album apporte son lot de nouveautés aussi, par exemple la chanson “Bedouin” sonne différemment de ce à quoi nous sommes habitués avec Uncle Acid, surtout avec l’utilisation des cors/trompettes. Était-ce juste une idée que tu as eu en écoutant de nouveaux sons ou en utilisant du matériel pendant l’enregistrement, ou était-ce sous-entendu par le thème de la chanson et l’ambiance dont elle avait besoin ?

J’ai entendu le son dans ma tête et j’ai utilisé un synthétiseur pour imiter le son des trompettes que j’entendais. Nous avons déja utilisé des cordes, des harmoniums et des mellotrons, donc passer à des cuivres synthétisés n’était pas si difficile, mais cela semble surprenant pour beaucoup de gens. J’imagine que ça ajoute un élément psychotique…

 

Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est ton label, Rise Above, auquel tu es toujours fidèle. C’est bien connu, c’est un label plutôt petit, avec des moyens limités. Bien sûr, j’imagine que tu as eu pas mal de propositions d’autres labels. Qu’est-ce qui te fait rester avec eux ?

J’ai un contrat et c’est le genre de choses que j’aime honorer ! Je n’ai jamais vraiment eu d’autres offres en réalité… Je ne suis probablement pas la personne la plus facile à vivre dans le travail parce que je n’accepte pas vraiment les directives ou les conseils de qui que ce soit. Rise Above a toujours été super et ils nous ont laissé faire ce que nous voulions sur tous nos albums. J’accorde plus d’importance à cette liberté qu’à quoi que ce soit d’autre, alors je crois que c’est le meilleur label pour le groupe.

J’ai lu quelque part que tu as du mal à interagir ou à créer un lien avec le public en concert quand il filme ou prend des photos avec son smartphone. En partant  de ce besoin de lien avec le public, apprécies-tu le public des festival en général ? J’imagine qu’il est plus difficile de communiquer avec un public dans ce genre de situation. A moins que tu n’aies une approche différente de ce genre de performances ?

Ouais, il y a effectivement une approche différente pour jouer dans les festivals. Tu joues souvent face à des gens qui ne connaissent pas ta musique, donc l’idée est de les convaincre, et de le faire vite et fort. C’est comme une vitrine pour ta musique. Si tu arrives à les faire bouger ou headbanguer, c’est déjà que tu as une assez bonne connexion. Quand on joue en tant que headliner, on s’attend à ce qu’il y ait des fans qui deviennent presque hystériques et montrent qu’ils apprécient le spectacle. Je ne comprends pas comment tu peux payer un billet pour regarder le show au premier rang, sur un écran de 5 pouces. En tant qu’interprète ça me déconcentre, et j’imagine que c’est la même chose pour les gens qui se tiennent derrière et autour d’eux. Nous avons désormais un écran de 6 mètres derrière nous sur scène, donc si tu veux vraiment profiter des couleurs qui flashent et de tout le reste, du coup tu peux regarder ça et lâcher ton téléphone.

 

Tu as réalisé la vidéo de “Shockwave City”, tu fais des illustrations pour tes albums et j’ai aussi lu quelque part que tu aimerais pouvoir faire ton propre film si tu en avais les moyens. Tu cherches à te tourner vers une expression artistique plus complète en passant de la musique à l’image ?

(Soupir) Ouais, ce serait formidable. J’espère qu’un jour, je pourrai me mettre à faire des films pourris et des putains bandes-son pour les accompagner.

 

Écoutes-tu des groupes récents, en particulier des  groupes de la scène Doom ou Psych ? Notamment ceux lesquels vous partagez souvent la scène…

Pour être honnête, je n’écoute pas spécialement les nouveaux groupes de Doom car ce n’est pas vraiment mon truc. Parmi les groupes un peu récents, mes préférés sont Danava et Blood Ceremony, car ils écrivent de supers chansons, mais ils sont tous les deux plus anciens que nous ! Il y a pas mal de bonnes choses qui sortent, il n’y a qu’à les chercher ! (rire)

Tu choisis toi-même les groupes avec lesquels tu tournes ? Que peux-tu nous dire sur ceux qui vous accompagnent sur votre nouvelle tournée ?

Ouais, on a  L.A. Witch avec nous et elles sont géniales. Je recommande aux gens de venir assez tôt pour ne pas les rater. C’est parfois agréable d’avoir des groupes qui ne sont pas des choix évidents, mais ça marche quand même bien. Elles ont l’air d’avoir d’être bien reçues par nos fans jusqu’ici, donc c’est vraiment génial.

 

Pour conclure, “Wasteland” décrit un monde de surveillance et de propagande… Vois-tu parfois passer des infos folles ou effrayante à propos de Uncle Acid ?

Beaucoup de choses qui sont écrites à notre sujet sont inexactes, alors j’ai l’habitude. Une bonne part est sans importance, mais si les gens se donnaient la peine de faire des recherches, ils pourraient trier le vrai du faux. Au final c’est comme tout, beaucoup de gens sont trop paresseux pour vérifier ce qu’ils lisent.

 

Merci beaucoup pour le temps que tu nous as accordé ! Au plaisir de te revoir très vite sur la tournée.

Merci à vous et à très vite !

CLUTCH (août 2018)

La paire d’albums “Earth Rocker” / “Psychic Warfare” aura clairement assis Clutch a un niveau de popularité jamais atteint jusqu’ici, leur ouvrant l’accès au “grand public” (grands festivals, grandes salles de concert en tête d’affiche, prestations télévisées…). Pour autant, stylistiquement, d’aucuns ronchonnaient en constatant une sorte de “plafonnement”, tout en étant, dans le genre, proches de la perfection. On attendait donc un peu ce “Book of Bad Decisions” au tournant, reconnaissons-le. On a eu l’occasion d’en parler avec Neil Fallon (chant) pour lever le voile sur leur nouvelle galette…

 

 

L’un de nos collègues dans l’équipe a sa théorie sur votre discographie : vos meilleurs albums seraient ceux qui clôturent une “trilogie”, et précèderaient chacun un changement de “style” de votre musique. Cette théorie ferait de “Book of Bad Decisions” l’un de ces albums charnières…

Neil Fallon : Oh, c’est une théorie intéressante… Je pense que chaque album est un instantané de là où nous nous trouvons en tant que groupe à ce moment précis. Dans certains cas nous ressentons le besoin d’étendre vraiment notre horizon musical vers d’autres directions, mais dans d’autres cas pas vraiment… Quoi qu’il en soit, ce sont toujours les quatre même mecs qui jouent des mêmes instruments, donc il y aura toujours un son bien spécifique, qui reste une constante de notre musique. Mais on a vraiment cette crainte de nous répéter, et c’est important, en tant qu’artiste, de ressentir que l’on progresse avec le temps qui passe.

 

Revenons donc au moment où vous vous êtes retrouvés tous les quatre, avec l’intention d’écrire ce nouveau disque… Quelle a été votre approche ?

Nous avons commencé à composer cet album en janvier 2017 dans notre propre studio, le Doom Saloon, dans le Maryland. Ce que je trouve le plus intéressant dans Clutch, c’est que l’on arrive chacun dans le studio avec nos propres idées, avec chacun des orientations musicales différentes. Mais c’est à quatre que nous construisons, collectivement, à partir de ces idées, des chansons finalisées pour nos albums. On essaye de laisser les chansons venir à nous naturellement. La particularité cette fois, pour cet album, est que nous savions effectivement ce que nous ne voulions pas répéter de notre album précédent…

 

 

Je trouve l’album beaucoup plus varié et riche que “Earth Rocker” et “Psychic Warfare”. Cela faisait aussi partie de votre intention initiale ou simplement le résultat du processus naturel de composition et d’enregistrement ?

Content que vous l’ayez noté… Et bien, un peu des deux, je pense. Vance Powell [ndlr : le producteur du disque] nous a beaucoup aidé dans ce sens, en particulier pour donner à cet album un son frais et live. Il faut savoir que nous avons vécu avec toutes ces chansons depuis un moment sur la route avant de rentrer en studio. Une fois que l’on est arrivés dans le studio de Vance, on s’est installés et on les a simplement jouées, tous les quatre ensemble. Mais elles avaient toutes déjà une identité très forte avant de les enregistrer. Le temps passé à écrire ces morceaux était aussi plus long que d’habitude pour nous, j’ai eu le sentiment que c’était clairement plus relax que pour l’album précédent, ce qui a probablement contribué à cela…

 

Vous avez donc passé plus d’un an à composer ce disque ! Est-ce habituel pour le groupe ? Vos albums précédents avaient été plus rapides à produire il me semble…

Oui c’est vrai, je pense que c’est le plus long de notre carrière… Ce qui est sûr c’est que nous avions décidé de consacrer tout le temps nécessaire pour écrire le genre d’album que nous avions besoin de faire. Nous voulions à tout prix éviter de nous précipiter dans la phase de composition. En revanche, on se connaît aussi assez bien pour savoir que si l’on ne se fixait pas de dates limites assez strictes pour nous remuer, rien n’avancerait ! Haha. C’est l’avantage et l’inconvénient d’avoir notre propre label, Weathermaker Music : nous sommes des deux côtés de la table, et c’est assez difficile parfois, de trouver le meilleur compromis entre l’engagement de sortir un nouvel album, et le souhait de ne pas générer un stress nuisible à notre processus d’écriture… Par chance, les planètes étaient alignées cette fois quand nous avons tout planifié, du choix du producteur et du studio, jusqu’aux dates d’enregistrement. Les dates une fois planifiées nous ont en fait permis d’avoir une année pleine pour la composition.

 

 

Sur cette période vous n’avez pourtant pas été inactifs et avez assuré plusieurs tournées. Est-ce que ça a été particulièrement l’occasion de tester certaines chansons en live ?

Absolument ! Nous avons toujours joué de nouveaux morceaux en live quand nous en avions l’opportunité. C’est avant tout pour notre besoin personnel, même si je pense que quelques personnes dans le public doivent aussi apprécier… (sourire) C’est vraiment la meilleure méthode pour vérifier que les chansons sont solides. On l’a beaucoup fait l’an dernier, sur notre tournée avec Primus : on faisait des ajustements et des petites modifications chaque soir, pour voir ce qui fonctionnait ou pas. On amène aussi notre matériel d’enregistrement partout avec nous en tournée, pour enregistrer les différentes évolutions. En revanche, c’est quand même rare que l’on écrive une chanson complètement sur la route, mais on essaye de les tester et les ajuster au maximum sur scène.

 

A t’écouter, l’influence de Vance Powell sur cet album semble importante. Pourquoi avoir mis fin à la relation avec Machine, votre producteur précédent, et pourquoi avoir porté votre choix sur Powell ?

Nous étions très satisfaits de nos albums précédents réalisés avec Machine, et ils ont eu beaucoup de succès, “Psychic Warfare” inclus. Mais comme je te disais, nous avions vraiment l’intention de distinguer ce disque des deux précédents. Un ami, qui est très proche de Chris Stapleton [ndlr : chanteur-compositeur orienté country, qui rencontre un gros succès en Amérique du Nord depuis une dizaine d’années], nous a parlé de Vance. Quand j’ai regardé la discographie de Vance, je me suis rendu compte qu’il avait produit un grand nombre d’albums que j’adorais, sans que je sache qu’il était derrière ces disques ! Les albums de Stapleton ont un super son, c’est vrai, mais Vance a aussi une super oreille pour la musique plus heavy. Il a passé plusieurs années sur la route comme ingénieur du son. Puis il a notamment travaillé pour Red Fang, Jack White, sur des disques très heavy… et ils sonnent super bien !

 

Comment se passe le travail avec Vance Powell en studio ?

Son studio, Sputnik Sound, est basé à Nashville, Tennessee. Il dispose de tout le matériel imaginable en termes d’amplis vintage, et ça ne le dérange pas du tout de passer tout le temps nécessaire à essayer tous les amplis pour trouver le son le mieux approprié pour chaque chanson. Ce qui m’a le plus impressionné chez lui était le fait qu’il ait une approche différente pour chaque chanson, comme une entité à part entière, à la fois pour son enregistrement mais aussi son mixage. Au final, chaque chanson a donc sa propre personnalité, même si l’album au global reste un tout, cohérent.

 

 

De nos jours, les albums sont généralement plus courts, et les modes de “consommation” de la musique ont changé. Une part grandissante du public semble “picorer” des chansons à la volée, au fil des offres en streaming notamment… Dans ce contexte vous sortez un album de pas moins de 15 chansons ! Quelle mouche vous a piqué ?!

Haha ! C’est sûr que l’importance que prend le streaming aujourd’hui sur le marché a sans doute pour conséquence que moins de personnes écoutent des albums entiers, du début à la fin, comme on le faisait auparavant… Et je vais peut-être vous surprendre, mais je ne pense pas forcément que ce soit quelque chose de négatif. Toutefois, à titre personnel je reste attaché à mes vieilles habitudes. Pour moi il est toujours très important d’avoir une connexion physique avec la musique. Ecouter un album, écouter les paroles, créer un lien entre la musique et la pochette ou les images… Après, je dois avouer que nous n’avions pas forcément l’intention d’avoir 15 chansons au final sur ce disque. Pour tout dire, nous pensions en enregistrer une quinzaine, mais n’en sortir que 12 ou 13 au final. Or au fur et à mesure que les chansons sortaient de la phase de mixage de Vance, nous nous sommes aperçus que nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord sur quels titres nous mettrions de côté. Donc vous les avez tous ! Haha !

 

Certaines de vos chansons font preuve de choix d’instrumentation audacieux et marquants, à l’image de l’apport de piano et de claviers (sur “Vision Quest” ou “Emily Dickinson”), de cuivres (“In Walks Barbarella”), etc… Il semble compliqué d’envisager de jouer ces chansons en live sans cet apport de production… Vont-elles rester uniquement sur disque ou bien est-il envisageable de les retrouver en live ?

Les chansons ont toutes été écrites avec l’intention d’être jouées par nous quatre sur scène. Toutes les instrumentations complémentaires sont apparues plus tard en fait, donc les chansons originelles fonctionnent a priori sans ces ajouts. On a la grande chance de connaître plein de super musiciens qui ont été assez sympas pour venir jouer sur ces chansons, et on est ravis du résultat. Mais nous ferons de notre mieux pour jouer ces chansons en live sans les dénaturer pour autant !

 

 

Vos tournées s’enchaînent et, en Europe en particulier, on vous voit assurer tour à tour des tournées en tête d’affiche, des festivals, des première parties de groupes d’horizons différents… Avez-vous une stratégie bien établie ? La seule ligne directrice semble être que les salles et concerts sont de plus en plus gros…

On a eu la chance de faire de longues tournées en Europe avec Thin Lizzy et Motörhead, pour promouvoir nos deux derniers albums, c’était énorme. Leurs fans nous ont super bien accueillis, et sont même largement revenus nous voir lorsque nous avons à nouveau joué ensuite en tête d’affiche. En ce qui concerne les festivals, c’est toujours le pied d’y jouer, en plus d’avoir à chaque fois l’opportunité de faire connaître notre musique à de “nouvelles oreilles”. Nous avons conscience d’avoir les meilleurs fans du monde, qui nous soutiennent depuis de nombreuses années, et qui eux-mêmes incitent de nouvelles personnes à nous écouter. Aucun groupe ne peut rêver mieux.

 

Après 27 années et une douzaine d’albums maintenant, quel est selon toi le secret de la longévité de votre quatuor ?

En ce qui me concerne j’ai commencé avec ce groupe dans le but de m’éclater avec mes potes et d’apprendre à jouer de la musique. Et en toute honnêteté, c’est toujours le cas maintenant. Si nous fonctionnons bien ensemble, je pense que c’est essentiellement parce que nous avons une vision similaire de ce qui fonctionne bien pour ce groupe. Je peux avoir des idées sur la basse, ou sur la batterie, et les autres peuvent avoir d’autres idées, mais rien ne se concrétise vraiment tant que nous n’avons pas joué autour de ces idées, tous les quatre ensembles dans une salle. Par ailleurs, nous adorons jouer en concert, partir en tournée et jouer nos chansons devant un public. C’est aussi un élément très important pour nous en tant que musiciens : si ça n’avait pas été le cas pour nous quatre, je peux vous garantir que Clutch n’existerait plus depuis longtemps !

 

 

Laurent & Iro22

MUDWEISER (Janv. 2018)

Les Sudistes de l’hexagone nous gratifient d’une excellente nouvelle plaque : « So Said The Snake » qui transpire par tous les pores les influences des bayous d’un autre sud. La pièce est proposée, tout comme leurs précédentes productions, par Head Records qui se bouge les fesses pour agiter la scène régionale au sens large. Nous avons profité de cette occasion pour faire le point avec deux membres de ce quatuor qui est dans le circuit depuis des lustres : Jay (basse) et Reuno (voix) ; enjoy et courrez chez votre épicier préféré pour récupérer la rondelle !

 

 

« So Said The Snake » sort 5 ans après « Angel Lust ». Pourquoi avoir attendu si longtemps pour remettre le couvert ?

Jay : On a fait pas mal de dates en 2013 suite à la sortie de « Angel Lust ». Ensuite j’ai eu pas mal  de temps de pris avec mon arrivée dans Verdun et la préparation du premier album ainsi que mes débuts dans Doctor Livingstone, mais on ne s’est jamais arrêté de composer pendant ce temps-là. On avait vraiment l’envie de se prendre le choux sur chaque partie de chaque morceau et que tout sonne parfaitement.

 

Quelle est la priorité que vous accordez à Mudweiser par rapport à vos carrières respectives ?

J : Je prends chaque groupe dans lequel je joue avec la même envie de créer et jouer dans le plus d’endroits possibles, et par rapport à ma carrière professionnelle, je sers des bières dans un bar rock, donc ça va dans la même direction on dira.

Reuno : Pour ma part, d’un point de vue planning, c’est Lofofora qui me prend le plus de temps et qui représente la part la plus « professionnelle » de ma passion. Jusqu’à maintenant, on arrive à jongler pas trop mal. Ça veut dire qu’à plusieurs reprises, lorsque les Lofos étaient en repos, de mon côté j’étais en tournée avec Mudweiser.

 

Mudweiser, à l’origine, est un groupe un peu à côté de vos carrières respectives. L’engouement du public ne vous a t-il jamais donné envie de vous y investir plus ?

R : Depuis toujours ce qui importe c’est le plaisir que l’on prend à jouer ensemble et que l’on peut donner. On n’a aucun plan de carrière. L’engouement du public ne nous a que rarement permis d’aller jouer ailleurs que dans des clubs, donc c’est difficile de se rendre compte de ce qui pourrait nous arriver si on prenait l’avenir du groupe plus au sérieux. Je ne connais pas non plus de groupe dans ce style en France qui vive de sa passion ou qui fasse 50 dates par an…

 

Avec des projets artistiques menés en parallèle et assez peu de concerts annoncés, comment allez-vous propager votre nouvelle production auprès des gens qui ne vous connaissent pas encore ?

R : En faisant de super interviews sur des blogs de ouf ! Mudweiser n’a pas d’autre structure que Head Records pour tourner ou la promo. Tout cela se fait de manière assez artisanale et ça nous va bien comme ça. Ne vous inquiétez pas, on quand même 18 dates de prévues entre fin janvier et fin mars et de nouvelles salves de dates devraient s’organiser prochainement.

 

 

Vous être clairement une valeur sûre de la scène stoner hexagonale qui n’est pas le pays le plus rock qui soit. Quelles sont vos envies en ce qui concerne le fait d’exporter votre son dans les grands rendez-vous stoner européens où il aurait sa place ? Tournées européennes, festivals type Desertfest, Up in Smoke…

R : Nous n’avons peut-être pas assez de connexions avec la scène européenne… En même temps nous ne sommes pas programmés sur les festivals français non plus…

 

Comment considérez-vous vos engagements dans des formations très en vue (Verdun ou Lofofora) et leurs impacts sur Mudweiser : atout pour trouver des plans, ou handicap car déjà très impliqués voire étiquetés ?

J : Le fait de jouer dans Verdun n’a que des avantages à tous les niveaux à mon sens. Il y a pas mal d’endroits où l’on va jouer avec l’un qui permet d’avoir des contacts pour l’autre. Ce sont deux scènes différentes, mais pas tant que ça au final, le public est sensiblement le même… ou peut l’être, pour ne pas offenser les puristes, hein ! Et même le fait de jouer avec Doctor Livingstone a ses avantages malgré la différence de style [ndlr : on est plutôt sur du metal tendance black] . Le seul problème pourrait être au niveau du temps libre pour tourner mais en s’y prenant tôt cela se gère sans problème… pour l’instant du moins.

R : Je pense qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients, malgré ça certains ne prendront peut-être même pas la peine d’écouter parce qu’ils n’aiment pas Lofo, par exemple, et ben tant pis pour eux.

 

Le titre de ce nouvel album provient des paroles de la dernière plage de l’album, « The Snake » ; est-ce une référence à une éventuelle éducation religieuse ? un règlement de compte ? Autre ?

R : Non rien de personnel ; cette expression c’est une façon assez « déresponsabilisée » de parler de la petite voix intérieure qui peut venir foutre la merde quand elle te dit : « Allez ! Un petit dernier, tu te coucheras plus tôt demain » ou encore « Mais colle-lui un coup de boule à ce tocard ! ».  La petite voix symbolisée par un diable sur l’épaule dans les BDs, celle qui fait toujours prendre la décision la moins sage…

 

 

Le dernier titre : « The Snake » est le seul à aller flirter au-delà des 6 minutes et l’exercice est particulièrement réussi tout comme « Useless Prick » dans le même style qui se cantonne lui à 5 minutes. Quelles sont les limites que vous vous fixez en ce qui concerne le processus de composition ?

J : On ne se fixe aucune limite au moment du processus de composition, chaque morceau grandit comme on le sent sur le moment. Sur le précédent c’était plutôt l’inverse, on avait tendance à faire partir les ambiances assez souvent, là on avait envie de choses plus directes mais rien n’a été planifié.

 

Les paroles de Mudweiser ainsi que les extraits de dialogues insérés sur les titres sont en anglais. Pour quelle raison avez-vous opté pour cette langue alors que votre frontman est particulièrement à l’aise tant pour le chant que pour l’écriture dans votre langue maternelle ?

R : Comme pour le reste, il n’y a pas eu de préméditation. Ça allait de soi pour moi de chanter en anglais dans ce projet. Peut être aussi dans les soucis de faire quelque chose de complètement différent de ce que j’avais l’habitude de faire…

 

Reuno, tu as toujours eu une sensibilité politique affirmée. Pourquoi n’as-tu pas été tenté de la prolonger dans Mudweiser (si ce n’est à travers quelques discrets plans, comme l’intro de « 7am Zombie ») ?

R : Même chose que ce que je te disais à l’instant : le groupe ne s’y prête pas forcément. Et puis je ne suis pas porte-parole patenté des chanteurs anarcho-enervés. Sinon, sur l’intro de « 7am Zombie », c’est Charles Manson qui parle. Alors comme personnage engagé, c’est pas non plus le sous-commandant Marcos !

 

Votre proximité avec le sable et la mer aurait pu vous amener à développer un son proche des formations californiennes. Comment le son des bayous de Louisiane a-t’il réussi à vous séduire à ce point ?

J : On préfère boire des bières que d’aller surfer voilà tout ! hahaha

R : Autour de Montpellier il y a plein de marais et de moustiques, tu sais, mais pas de surfer !

 

Vous citez Kyuss et Nashville Pussy dans votre bio actuelle qui sont des groupes au rendu assez propret par rapport au son boueux que vous déployez. Quelles sont les formations qui vous ont guidé dans ce style gras plutôt redneck ?

R : Ces noms sont cités depuis la première bio – faudrait qu’on la remette à jour, haha… C’est surtout à l’image de ces groupes que l’on se réfère. Le côté trippé psyché de Kyuss hérité de Black Sabbath, et l’aspect teigneux, mal dégrossi de Nashville nous ressemblent encore pas mal. Par rapport au chant, ceux qui m’influencent le plus pour Mudweiser sont John Fogerty, Ian Astbury, John Garcia, …

J : Avec Ole (guitare), on est assez friands des groupes 70’s tels que Lynyrd Skynyrd et Allmans Brothers, et la vague COC, Crowbar , Acid Bath et autres Down qui reprennent ce côté bluesy et crade que l’on aime tant.

 

Vous traînez vos guêtres depuis un certain temps dans la scène stoner française. Quel est votre regard sur cette scène, sachant que vous connaissez d’autres scènes musicales dans l’Hexagone , avec leurs publics, leurs acteurs ?

R : Cela reste une étiquette un peu générique qui regroupe plusieurs mouvances plus ou moins metal, psychédéliques, expérimentales, etc… Mais qui intéressent tout de même un public assez limité dans le nombre. Comme d’autres scènes confidentielles, cela se renouvelle pas mal, parce qu’il faut garder la foi pour faire des groupes plus pour le fun que pour le succès, et ça c’est pas évident pour tout le monde…

 

Constatez-vous comme nous que la scène stoner/sludge/doom de Montpellier (à laquelle vous êtes liés) est actuellement en grande forme avec des formations comme Mudweiser, Verdun ou The Mistaken Sons of Alabama ? Savez-vous l’expliquer ?

J : Je ne saurais l’expliquer, on joue la musique qu’on aime avec nos tripes… et on aime bien les gens du nord quand même ! Hahaha

R : Montpellier est historiquement une ville assez rock n’roll où les groupes ont toujours été plus graisseux qu’ailleurs… Alors ce style lui va à merveille je suppose…

 

 

On sent bien que tout le trip « américain, chapeau et pochettes d’un autre temps » est un second degré assumé, malheureusement certaines personnes dans le public ne le perçoivent pas forcement. Comment composez-vous avec cette situation ?

R : C’est surement des cons alors. On est loin de se sentir prisonnier de ça, et d’ailleurs on n’en fait pas des caisses non plus. Mais surtout, on n’est pas là pour plaire aux coincés du bulbe, quel que soit leur bord. On aime le bourbon, le son des V8, Elvis, Johnny Cash, des centaines de trucs, de films et de groupes américains, et aussi ce rapport ambigu, que nous, Français, entretenons avec ce pays. S’il fallait faire en fonction des susceptibilités et des limites de chacun, on serait rentré en religion ou on ferait de la pub.

 

Le cinéma d’horreur semble vous inspirer graphiquement (en particulier vos deux dernières pochettes) et musicalement (insertion de speeches entre les titres). Quelle est votre principale source d’inspiration en ce qui concerne Mudweiser ?

R : Pour les visuels comme pour les textes, ce sont toutes les histoires sordides, les losers magnifiques, dans la vraie vie comme dans les textes de blues, ou le roman noir des années 50/60, qui attisent mon imagination. Et évidement aussi le cinema de Roger Corman et la série B voire Z des années 60 et 80. Sur « So Said The Snake » une chanson est inspirée par « Midnight Cowboy » [ndlr : “Macadam Cowboy” en anglais, le classique de John Schlesinger sorti en 1969 et multi-oscarisé] et une autre par « Basket Case » [ndlr : un slasher des années 80, réalisé par Frank Henenlotter, retitré en français “Frêre de sang”], par exemple.

 

Pour bien se finir, votre label – Head Records – présente Mudweiser de la façon suivante: « Mudweiser c’est le nom que l’on donne à un pick-up boueux ou à une chiasse de lendemain de cuite. ».
A
lors, plutôt tout-terrain ou plutôt chiasse ?

R : Chiasse tout-terrain !

 

Se connecter