|
Publié par TO)))M Desert-Rock a profité de la venue de John Garcia And The Band Of Gold au Trabendo à Paris pour rencontrer le chanteur américain. Motivé et regonflé à bloc, l’ex-Kyuss nous parle de son nouveau groupe, de ses envies, de sa famille et de ses futurs projets, qu’ils soient musicaux ou non. Malgré ses lunettes noires, John Garcia est bien loin de certains clichés qui collent à la peau des rockeurs et on s’est retrouvé face à un mec sympa, attentionné et avec les pieds sur terres.
John, tu es à Paris pour commencer une tournée européenne avec 25 dates. Comment te sens-tu ?
C’est génial ! Je ne suis pas souvent sur la route, et revenir à Paris pour cette première date représente beaucoup de choses pour moi. On a 25 dates en trente jours et j’étais vraiment impatient de commencer, tout comme le groupe. Avec le Band Of Gold, je suis entouré de très bons musiciens, très professionnels, et notre seule motivation est d’être sur scène pendant 90 minutes et de donner le maximum à chaque concert. On est donc très excités.
Tu as décidé de donner un nom à ton groupe, mais considères-tu toujours cela comme un projet solo ?
Oui, c’est mon projet solo, indubitablement, c’est ce que j’ai toujours voulu faire. Mais cette fois je ne voulais pas que seul mon nom apparaisse. Ces musiciens sont tellement doués, ils ont beaucoup participé au projet, ils ont proposé beaucoup de choses, et beaucoup apporté au disque. Ils méritaient un nom, en quelque sorte… On se mettait souvent autour d’une table pour discuter de la direction que nous souhaitions prendre, et on était toujours d’accord. Il m’est donc assez vite apparu normal et logique d’avoir un nom de groupe, et pas seulement mon nom.
Concernant ce nom, il vient de la chanson “Band of Gold”, un morceau superbe interprété par Freda Payne, une chanteuse R&B des 70’s… Je me suis juste dit que c’était un nom vraiment cool pour mon groupe. En tout cas, donner un nom au groupe est un changement significatif, c’est vrai, ça donne l’impression de “nous” plutôt que “moi”, ce qui correspond bien à notre situation : nous sommes très proches, même si nous avons chacun nos autres métiers, nos propres familles…
Justement, rappelle-nous ta rencontre avec ces trois musiciens.
Un jour j’ai été rendre visite à un copain musicien qui répétait avec son groupe dans un local. J’ai réalisé que mon groupe à moi était constitué de gars dans le Kentucky, la Georgie, la Belgique, la Caroline du Nord, etc… Du coup il m’était impossible de faire de simples répétitions… Donc quand j’ai recherché de nouveaux musiciens, il y a environ cinq ans maintenant, je voulais à tout prix des mecs du coin. Le désert est petit, tous les musiciens se connaissent et tout le monde connait les musiciens qui gravitent autour de ce lieu. Le groupe est constitué de Ehren Groban, Mike Pygmie et Greg Saenz. On s’est retrouvé tous ensemble pendant l’été et tout s’est fait naturellement. Ce sont vraiment de bons gars et maintenant on est devenus comme une petite famille, on fait des barbecue, on passe du temps ensemble…
Ce nouvel album a pris un peu plus de temps à enregistrer que prévu… pour quelle raison ?
Oui on a perdu beaucoup de temps… Je me suis lancé dans un projet qui n’a pas abouti : pour être plus libre d’enregistrer dans ma région, j’ai envisagé de monter un studio avec plusieurs personnes, et d’y produire mon album. Mais progressivement il est apparu que les gars avec qui j’avais lancé ce projet ne partageaient pas la même vision que moi, je ne pouvais pas continuer ainsi, nous ne regardions pas dans la même direction. Je n’aimais pas le chemin qu’ils voulaient prendre, j’ai donc décidé d’arrêter avec eux. On a repris contact avec un vieil ami, Chris Goss, pour prendre la suite… Alors certes, ça a généré du retard, mais ce genre de choses arrive, ce n’est pas dramatique.
Les premières critiques de John Garcia And The Band Of Gold sont très positives. Ça te rassure pour la tournée et la suite de ta carrière ?
Bien sûr, ça me rend forcement heureux. Cet album n’est pas pour tout le monde : tu l’aimes ou tu ne l’aimes pas. C’était aussi le cas avec mon album précédent, acoustique. Je sais qu’il y a beaucoup de critiques, je connais cette industrie depuis un moment déjà. Certains aiment, d’autres non, il faut s’y habituer. Il faut apprendre à se détacher émotionnellement de certaines critiques. Si tu dis que cet album est de la merde, OK, je peux comprendre, chacun a son opinion, mais je n’y attache plus beaucoup d’importance. Ça ne fait aucune différence pour moi. Il faut savoir se détacher de ça… L’essentiel est que ça reste toujours un plaisir pour moi de me produire sur scène, de créer des chansons et de sortir des albums… D’une certaine manière c’est ce qui me permet de recharger mes “batteries d’émotion”. C’est ma drogue et c’est ce qui me rend heureux. Lorsque j’écoute mon fils chanter (il a 9 ans, il adore la musique, il écoute Panic! At the Disco, Marshmallow Wednesday, il aime l’EDM…), ça me transporte littéralement – j’ai la chair de poule rien que d’en parler – et c’est l’effet que me fait la musique… Désolé j’ai fait un peu long haha !
C’est étonnant de t’entendre dire cela, sachant qu’il y a quelques mois, tu as confié dans une interview que tu pensais que cet album serait ton dernier… Qu’en est-il aujourd’hui ?
J’ai dit ça à un moment où ma foi pour la musique a été ébranlée, et avant qu’elle ne soit ravivée par Chris Goss [ndlr : producteur de l’album] et par mon groupe… Dans l’industrie de la musique, il y a beaucoup de connards et de trous du cul… des personnes qui sont là pour elles-mêmes, qui passent leur temps à prouver qu’ils sont cools mais qui ne font rien d’autres. Je ne suis pas cool, et je ne veux pas être cool, je suis un père de famille et un mari avant tout. Quand j’ai dit que c’était mon dernier album, j’étais malade et fatigué, j’en avais marre de ne voir autour de moi que des gens qui essayaient de me tendre des pièges. Désormais, quand je vois un problème arriver en face de moi, je tourne la tête, et je regarde dans l’autre direction où tout est plus joyeux. Je détourne mon regard et je vois ma fille de 16 ans écouter Post Malone [ndlr : un rappeur], ça me fait marrer, c’est une toute autre sorte de “problème” – dans le sens où j’aurais préféré qu’elle écoute AC/DC ou un truc comme ça – mais c’est un problème joyeux, tu comprends ?… Ou quand je dois aider mon fils à construire une église en modèle réduit alors que j’ai des trucs super urgents à faire… Ce sont des exemples de “bons” problèmes, que je suis content de rencontrer… Ce que je dis n’a probablement aucun sens, haha ! Donc pour revenir à ta question, disons qu’aujourd’hui, si je devais évaluer les chances que John Garcia And The Band Of Gold soit mon dernier album, je dirais qu’elles sont presque nulles…
Quand on écoute ton album, on a l’impression qu’il a été réalisé pour être joué en live…
C’est une très, très bonne remarque. En 2014, mon précédent producteur voulait systématiquement ralentir toutes les chansons, j’ai appliqué ses conseils et je n’ai pas aimé ça. Alors cette fois quand nous avons commencé à enregistrer, j’ai dit “je veux les jouer comme je les jouerais sur scène, je vais les jouer au tempo le plus approprié, je ne veux pas tout ralentir”. Même si parfois le tempo fluctue sur une chanson, je m’en moque, c’est quasiment des erreurs volontaires, parfois ça monte, parfois ça descend, on ne cherche pas des rythmiques identiques au métronome… On veut que ça soit comme ça, que ça bouge, que ça soit vivant, comme en concert. On a voulu créer une émotion avant tout… Quand j’écoute une chanson, je veux être transporté ailleurs et avoir cette émotion… Quand j’écoute “Jim’s Whiskers”, par exemple, je veux être transporté quelque part, je veux me retrouver devant son appartement, là où il est mort… Cette chanson [ndlr : qui parle de Jim Morrison, le chanteur des Doors] réveille de mauvais souvenirs personnellement, car on est en ce moment-même dans la ville où il est décédé – et il est mort trop tôt – or même si cela m’attriste, j’aime l’endroit où ça me transporte. Ça me transporte à Paris, assis en face de ce petit bar, à côté de son appartement où ils l’on trouvé mort… C’est très émotionnel, j’y ai été avec ma femme, ça m’a donné la chair de poule, j’aime tellement ce groupe… Voilà, j’aime là où ça me transporte, j’aime là où “Kentucky II” me transporte, j’aime où “Space Vato” me transporte, même si c’est un instrumental ! Ça m’extrait du moment présent et m’emmène ailleurs… à Paris… Et regarde où je me trouve maintenant : à Paris ! haha.
Quels sont tes plans après cette tournée européenne ? D’autres projets musicaux ?
Oui, j’ai envie de retourner en Australie au mois d’octobre, on a quelques concerts prévus ici ou là… Mais pour l’essentiel je vais continuer ma carrière, retourner à Palm Springs, à l’hôpital vétérinaire [ndlr : John Garcia y travaille avec sa femme]. J’aimerais aussi avoir un peu plus de temps libre pour me reposer car j’ai beaucoup travaillé à l’hôpital ; c’est très fatigant. On a vraiment beaucoup de travail là-bas, beaucoup de pression. C’est un petit hôpital mais on a beaucoup d’urgences à gérer. Quand je suis en tournée, ma femme gère tout elle-même. Je veux aussi passer du temps à devenir le meilleur père et le meilleur mari possible. Je ne le suis pas, j’essaye de l’être. C’est un travail de tous les jours, il faut y consacrer du temps… On y revient, ce sont encore de bons problèmes (sourire).
Je veux aussi continuer avec le groupe, faire des barbecues, boire des bières fraîches et m’amuser. Juste profiter de la vie.
Publié par nAn De passage à Paris à l’Archipel pendant sa première tournée acoustique européenne, John Garcia nous a offert un très sympathique tête à tête où il s’est largement confié sur son tout nouveau concept « Unplugged Tour ». C’est d’ailleurs dans un contexte très particulier que ce grand monsieur du Stoner, personnellement très touché par les événements de Paris de ce triste 13 novembre 2015, nous revient avec beaucoup d’humanité, d’amour, et heureux dans ce qu’il fait. Bien plus encore, Mister Garcia nous livre quelques détails pour la suite.
Un an après la sortie de ton premier album, tu repars sur les routes pour nous proposer un tout nouveau concept avec une tournée de concerts acoustiques, et, bien évidemment, on pense tout de suite à ton morceau “Her Bullets Energy” qui clôt l’album sur cette touche acoustique. C’était une façon d’annoncer la couleur pour la suite ?
C’est une idée qui était déjà présente pendant l’enregistrement de mon premier album. Avant même de rentrer en studio, nous avions pu faire quelques dates acoustiques. J’ai tout de suite apprécié cette ambiance plus “intime”. C’est une nouvelle expérience pour moi. Tout le monde connaît très bien ma carrière et c’était juste une étape logique. Juste l’envie de me faire plaisir et faire plaisir aux autres.
J’ai surtout envie d’être heureux et c’est à travers la musique, notamment avec ce nouveau concept acoustique que je le suis vraiment. Et j’apprécie vraiment d’être là ce soir, comme j’ai pu l’être à Berlin ou encore à Londres. Cette opportunité de jouer ne serait-ce que devant 5, 25 ou 75 personnes, bref, je donnerais toujours la même énergie. Car j’aime tellement jouer, performer et rencontrer.
Pour résumer, je me suis concentré sur mon projet solo avec mon nouvel album, en tournant puis en faisant une bonne pause cet été afin d’être avec ma famille. Enfin est arrivée cette tournée acoustique qui se résume ainsi : “Profitez de la vie !”.
Peux-tu nous raconter comment as-tu eu cette opportunité de monter cette tournée acoustique européenne et qu’en est-il de son concept ?
Nous voulons donner cette impression de jouer comme si on était dans un salon, avec cette ambiance intime que l’on ressent notamment à travers les lumières et le lieu. Surtout pas besoin de batterie, de basse ou de guitares qui font beaucoup de bruit. C’est comme si tu étais nu ; juste une guitare, une voix et rien d’autre. En gros, on veut donner cette impression d’inviter les gens chez nous, dans notre salon.
On ressent bien que progresser sur ce type de set te permet aussi d’exploiter ta voix d’une autre manière avec une teinte plus mélodique, plus spirituelle… ?!
En effet, je n’ai pas besoin de pousser ma voix comme sur un concert électrique, je peux l’exploiter différemment et beaucoup plus que d’habitude. Tu sais, chanter n’est pas toujours facile, en tout cas pour moi. Mais je suis toujours enthousiaste d’exploiter ma voix au maximum. Avec ce projet acoustique, ça me permet justement d’aller encore plus loin.
Ça me permet surtout d’apprendre à me connaître mieux, et chaque événement est différent, surtout, l’ambiance est différente, elle change énormément selon l’endroit. L’ambiance n’est pas forcément la même selon les morceaux que je vais jouer, des titres comme « Space Cadet », « Kentucky » ou mes autres nouvelles chansons. Enfin bref, j’essaie de savoir où se trouve ma voix. C’est d’une certaine façon un challenge perpétuel.
Ehren Groban t’accompagne de nouveau sur cette tournée et j’ai comme l’impression qu’il est devenu un compagnon de route important pour toi…
Ehren et moi entretenons une relation importante car tout d’abord, c’est quelqu’un d’honnête. Ce n’est pas seulement un simple chanteur et guitariste, Ehren a pris une place différente par rapport à d’autres musiciens dans ma vie car c’est un super auteur-compositeur. Il a toujours de très bonnes idées, et, tu sais, tout le monde ne peut pas assurer comme Ehren Groban. Il gère à mort en concert car c’est un super guitariste. En plus de ça, on est très proches en dehors de la musique. D’après mon expérience personnelle, trouver cette cohésion entre un chanteur et un guitariste, c’est la chose la plus importante dans un groupe. C’est en tout cas mon point de vue.
J’avais vraiment besoin de quelqu’un de sérieux pour entreprendre cette aventure avec moi, et Ehren est juste l’homme parfait ; un super musicien, un mec bien, un très bon ami et c’est tout ce dont j’ai besoin. Contrairement à d’autres avec qui j’ai pu travailler, nous sommes rarement en désaccord et nous avançons toujours dans les meilleures conditions possibles. J’en suis vraiment heureux.
Et toi en tant que musicien instrumentiste ?
Je fais de la percussion (tambourin, shaker) sur cette tournée acoustique, j’aimerais bien jouer de la guitare, mais je ne suis pas très bon [ndlr : il nous fait une belle imitation de air-guitar].
A propos des différents morceaux que tu interprètes, on y retrouve tout un panel de différents projets que tu as portés, de Kyuss, jusqu’à ton album solo. En tant que personnage qui aura su inspirer de nombreux groupes, est-ce l’occasion de faire le point sur toi-même, de ces (presque) 30 ans d’activités musicale ? Et peut-être une façon de rendre hommage à ta carrière ?
Est-ce que c’est une façon de résumer ma carrière allant de Kyuss jusqu’à maintenant ?! Je ne me prends pas assez au sérieux pour tout ça. Je suis avant tout un père de famille, un mari aimant. Dès que je peux, je viens aider ma femme qui travaille à hôpital, et, je consacre le reste de mon temps à la musique.
Difficile de résumer ma carrière, il y a Kyuss, Slo Burn, Hermano ou Vista Chino… [petit souffle] mes différentes collaborations comme Danko Jones ou bien d’autres encore. Et je te le répète, je ne me prends pas assez au sérieux pour tout ça. Tu sais, je n’ai d’ailleurs jamais aimé le rapport à l’argent et la musique, je veux juste rester simple. Après c’est une bonne question car on me reproche souvent tout cela, je n’en ai rien à faire de ce que les gens pensent. Dans ce business, tu dois te détacher de toutes ces critiques. Oui on dit souvent : « oh il a encore un nouveau projet, oh il ne sait pas au final ce qu’il veut faire,… ». Et alors, c’est quoi le problème ? C’est ma vie ! Pas leur vie ! Tu sais, j’aime explorer. Si je reste trop longtemps dans le même délire, je m’ennuie, et tous les gens proches autour de moi le savent. Je désire juste faire les choses quand je veux et comme je l’entends. Et personne ne peut m’interdire ça… J’espère que je ne me suis pas trop éloigné de ta question ?
Non pas du tout, au contraire, on ressent bien que ton inspiration, c’est avant tout “la famille” ?
C’est clair, je vis pour donner du bonheur. Si ma famille est heureuse, je suis heureux. Genre on me demande ce que je veux pour Noël, je ne veux rien car mon cadeau c’est de te voir heureux, c’est ça que je veux pour Noël.
Pour revenir un peu sur cette tournée acoustique, peux-tu nous faire un petit topo des différents morceaux que tu vas jouer ce soir et pourquoi adapter ces derniers plutôt que d’autres?
Bonne question. On essaie avant tout d’isoler un morceau, on se dit : « Tiens, ce morceau par exemple, ça pourrait grave le faire en acoustique ! Pourquoi ne pourrions nous pas la transformer en un délire acoustique ?! » Donc on essaie d’adapter le morceau, on travaille dessus. Ensuite, tu vas avoir des grands classiques style « Space Cadet ». Après on s’est beaucoup concentré sur les nouveaux morceaux que nous avons composés avec Ehren. Globalement on joue onze morceaux comme « Kentucky », « Don’t Even Think About It », … [ndlr : en fait, nous avons eu le droit à 14 morceaux sur la date de Paris, voir la rubrique “Chroniques Live”].
Pour résumer, on essaie des morceaux, si par exemple on prend des chansons de Kyuss, on essaie, si on sent que ça marche, que ça nous parle, on le fait ! Si ça ne le fait pas, on passe à autre chose.
Nous voulions monter un super spectacle, construire ces morceaux différemment. « Space Cadet », voilà un morceau vraiment cool qui m’a toujours donné envie de faire de l’acoustique !
Après l’Europe, peut-on espérer d’autres tournées acoustiques ailleurs dans le Monde ?
En Mai 2016, on revient encore une fois en Europe pour terminer la tournée, ainsi qu’en Irlande, en Écosse, en Espagne, …
Cette tournée ne te donne pas l’envie d’en faire un album acoustique ?
Oui, il n’y a aucune raison pour qu’on ne le fasse pas. C’est quelque chose d’inattendu, je sais, mais ça faisait longtemps que je voulais enregistrer un album acoustique en une sorte de “roadbook”. On va encore me dire que ce n’est pas ce que je devrais faire, bien, je m’en balance. C’est quelque chose qui me semble naturel pour se sentir bien et peu importe les conséquences. J’ai envie de le faire et c’est le plus important. Qui s’en soucie ?!
J’aimerais bien qu’on parle d’un de tes projets, celui de Hermano, où il est question d’une prochaine sortie en 2016. Tu nous avait dit l’année dernière que tu mettais un peu au “garage” tes différents projets. Du coup, on s’interroge énormément sur ta participation au successeur de … Into the exam room.
Ce n’était pas ce que je voulais faire immédiatement, mais les gars voulaient vraiment le faire. Je suis vraiment heureux maintenant avec mon projet et c’est difficile de me détacher pour me replonger dans autre chose que ma carrière solo. Ils veulent faire un nouvel album, OK, mais ce ne sera pas ma priorité. Je ferai peut-être quelques concerts. Mais je suis vraiment concentré à fond sur mon projet. Je veux enfin être libre. Je suis vraiment heureux de ma carrière mais ça n’a pas toujours été évident de faire les choses, et tu sais, je vais avoir 45 ans, ce n’est plus aussi facile qu’avant…
Tu veux garder toute ton énergie pour ton projet solo ?
Oui, tout à fait.
Te connaissant tout de même hyperactif dans la musique, as-tu d’autres projets qui ont le potentiel de ressurgir, ou peut-être même des nouveaux ? Voire de nouveaux featurings avec d’autres artistes ?
Encore une fois, je veux penser à moi, enregistrer un nouvel album solo. Oui, ça je vais le faire, ça me suffit maintenant pour être heureux.
D’ailleurs à ce propos, nous avons pu découvrir récemment tes jeunes poulains de Black Mastiff et leur très bon album Music Machine, et donc ton rôle en tant que producteur. Peut-on espérer te voir travailler sur de nouvelles productions ?
Je ne pense pas et je trouve que ce mot “producteur” est inapproprié. On compare tout de suite cela à des gens comme Rick Rubin, Mutt Lang,… Ce sont des vrais producteurs ! Pour moi, produire quelque chose comme les Black Mastiff, c’est beaucoup plus que ça. Je me soucie seulement de leur musique. Mais là, je suis tellement pris par mon projet solo et projet acoustique qu’en ce moment, c’est la seule chose qui m’occupe l’esprit.
Mais qu’est ce que ça signifie ce mot “produire” ? A quoi ça rime ? Et quelle est sa définition ? Tu as des idées, de l’espoir et une vision pour un groupe ! OK, ma définition de la production c’est que quelqu’un se soucie et s’implique dans un projet, et pas pour l’argent, juste pour le projet. J’aime vraiment beaucoup Black Mastiff, tout comme j’ai aimé enregistrer mon album solo, avec Vista Chino, avec Danko,… Et si je ne le sens pas, je ne le fais pas.
Souhaiterais-tu quand même “aider” [pour remplacer le terme “produire” que John n’aime pas trop] des groupes venant d’autres régions du Monde comme l’Europe par exemple ?
J’aimerais en avoir le temps mais si je commence à dire oui, ça va me donner encore plus de travail, puis enchainer et au final, ne plus avoir de temps pour moi.
Ça fait aujourd’hui presque un an, pile-poil, après ta venue à Paris [ndlr : le 2 décembre 2014] afin de défendre ton projet solo, qu’est-ce que ça te fait d’être là ce soir, dans un contexte un peu particulier ?
Bon, je ne vais pas te le cacher, nous avons été très touchés par ce qu’il s’est passé il y a trois semaines à Paris [13 novembre 2015]. Cet horrible acte a résonné jusqu’en Californie. Je ne vais pas te mentir, ma famille m’a demandé pourquoi je partais jouer quand même en Europe. Je n’ai pas hésité un instant et je suis parti. Après, oui, ça m’a traversé l’esprit qu’il pouvait se passer encore quelque chose de grave, mais tu ne peux pas t’arrêter de vivre. Et je trouve ça formidable de pouvoir savourer une bière, discuter avec quelqu’un comme toi et rencontrer de nouvelles personnes. Continuer à mener ma tournée acoustique et apprécier d’être là ce soir. Allons jouer à Paris, partons à Londres ! Car nous ne pouvons pas nous arrêter de vivre ! Nous devons continuer. Tu sais, ce soir plus de 200 personnes seront là, j’apprécie cela, et, je suis venu pour eux. Regarde, Bono de U2 a écrit une chanson qui résume clairement la situation : “La musique est le son de la liberté”, la musique c’est l’évasion. Tu t’évades, ne serait-ce que pour un moment et ça suffit pour te rendre heureux, vivre ; apprécier la vie. Tu sais j’aime vraiment ce que Jesse Hugues et son groupe EODM ont dit à propos de leur désir de revenir au plus vite ici pour être le premier groupe à rejouer au Bataclan… Je l’ai eu au téléphone l’autre jour, et ça compte vraiment pour eux de dépasser tout ça. Tout comme Jesse et Josh le pensent, et je pense que tout musicien l’a en lui : il faut vivre la vie à 100%, et profiter de tous les instants de la vie.
Publié par Laurent
Chaque rencontre avec John Garcia revêt un caractère particulier, et même si ça m’est arrivé un paquet de fois sur ces quinze dernières années, le personnage d’aujourd’hui a changé : il est complètement impliqué dans son projet, en parle avec passion, explique, défend et justifie ses choix et décisions avec assertivité. Pas de doute, le chanteur s’est complètement approprié ce projet : c’est SON disque. Et puis en parler avec lui une grosse demi-heure en coulisses du Hellfest, en plein soleil, dans une ambiance aride avec sable et poussière, revêt un petit caractère particulier, en présence de l’un des géniteurs du vrai Desert Rock…
Ton premier album va sortir dans les prochains jours. Pour toutes tes productions précédentes, tu n’étais qu’un des membres du groupe, désormais c’est ton propre disque. Ressens-tu à ce titre une pression particulière ?
Non, pas la moindre pression, au contraire, en réalité je trouve que c’est même une sorte de libération. Il y a une sorte de liberté à se retrouver assis dans le siège du conducteur, à devoir prendre soi-même les décisions nécessaires, sans avoir à parlementer ou consulter quiconque. Et pourtant, tu as raison, il y a quelque chose de spécial pour moi évidemment sur cet album. Je n’ai pas l’intention de changer la face du rock’n’roll, ni même l’égratigner. J’ai passé ma vie à rassembler cet ensemble de chansons, des chansons avec lesquelles j’ai créé un lien personnel, et cela m’a littéralement passionné. Je les ai toutes rangées les unes après les autres au fil du temps dans mon coffre-fort – en réalité il s’agit d’une boîte en carton dans ma chambre – mais je me sentais de plus en plus mal de les regarder stagner là. Je me sentais si attaché émotionnellement à chacune de ces chansons que ça me faisait mal, ça me rendait triste, de les avoir toutes laissées là, de les abandonner en quelque sorte : en les négligeant, j’avais le sentiment de me négliger moi-même. Je ne veux pas que ça paraisse égoïste, mais il m’a semblé qu’enfin le temps de faire quelque chose que j’ai toujours voulu faire était venu.
Quand as-tu commencé à penser à l’éventualité de faire un disque solo ?
Quand j’avais dix-neuf ans.
Vraiment ? Et concrètement tu avais déjà des chansons pour ce disque à l’époque ?
Oui, je suis sérieux ! J’ai écrit la chanson sur laquelle joue Robby Krieger [ndlr : « Her Bullets Energy »] quand j’avais dix-neuf ans.
Les paroles et la musique ?
Non, les paroles sont venues plus tard.
On a senti les prémices de ce disque il y a quelques années alors que tu en avais lancé une incarnation via le concept-projet « Garcia vs. Garcia ». J’imagine que la concrétisation du disque dans ton esprit a bien avancé depuis ce temps. Lorsque tu écoutes ton disque aujourd’hui, comment le comparerais-tu avec la façon dont tu l’envisageais à l’époque ?
C’est une bonne question. Il est bien meilleur que je ne l’avais espéré à l’époque, en fait. Je pense que c’est lié au fait que j’ai eu beaucoup de temps pour le laisser mûrir, « mariner » en quelque sorte. Mes producteurs, Harper Hug et Trevor Whatever ont facilité ce processus : j’ai passé de super moments dans le studio, à créer et à injecter une nouvelle vie dans ces chansons qui pour certaines – comme « Her Bullets Energy », la plus ancienne dont je te parlais tout à l’heure – existent depuis plusieurs années. Et puis je me dois de rendre honneur à qui de droit : quelqu’un comme Danko Jones m’a écrit une chanson, quel honneur ! C’est vraiment génial. De même, je suis récemment tombé amoureux d’un jeune groupe appelé Black Mastiff, et j’ai repris l’une de leurs chansons appelée « Rolling Stoned ». Donc, tu vois, de nouvelles choses ont été injectées tandis que je m’apprêtais à redonner vie à ces chansons issues de ma vieille boîte en carton. On s’est donc retrouvés – moi, Harper et Trevor – à écouter toutes ces chansons et à sélectionner un par un tous les musiciens pour chaque titre, c’était vraiment cool !
Tu dis que ces chansons et l’idée du projet sont très anciennes, pourtant j’ai l’impression que le processus d’enregistrement a été très rapide, que les choses se sont concrétisées rapidement…
Absolument.
Qu’est-ce qui t’a donné ce coup d’accélérateur ?
Je pense juste que c’était le bon moment, tu vois… Vista Chino voulait enregistrer un nouveau disque, et j’ai dû dire non. « Maintenant c’est à mon tour »… Tous ceux qui connaissent un peu ma carrière savent que je ne reste jamais au même endroit très longtemps. Je suis toujours dans une sorte de processus d’exploration. Mais pour autant il faut toujours être actif, rester dans la partie : j’adore chanter, j’adore monter sur scène, aucun doute là-dessus. Mais on attend de moi des comportements ou des décisions qui ne sont pas forcément ceux que je souhaite adopter. Si tu es un « artiste » [ndlr : fais de gros guillemets avec les doigts en grimaçant…], un véritable « artiste », pourquoi ne restes-tu pas dans ta putain de chambre pour te chanter des sérénades à toi-même ?… Ce n’est pas un trip égoïste « moi moi moi moi moi », mais j’ai une relation avec ces chansons, j’ai une relation avec tous ces gens qui m’ont encouragé durant toutes ces années et sincèrement j’adore toujours autant chanter ! Que ça soit devant cinq personnes ou cinq cents personnes. Regarde : Unida joue ce soir en même temps que Black Sabbath, il est donc très probable que je joue devant moins de cinq personnes, mais je le ferai quand même, ça ne changera rien !
J’imagine qu’on a dû te dire, dans ton entourage, que privilégier ton projet solo n’était pas forcément un choix logique, étant donné que Vista Chino et Unida semblent avoir actuellement un bon potentiel commercial…
[Silence] On m’a dit parfois que ça pouvait nuire à une sorte d’héritage… Mais… Y a t-il des règles ?! Y a t-il des règles pour protéger « l’héritage » de quelqu’un ? Quel est ce putain d’héritage ? Comment quelqu’un peut-il sérieusement dire que je ne devrais pas faire ça pour ne pas nuire à mon « héritage » ?! Je n’arrive même pas à concevoir que quiconque puisse penser ainsi ! « Ca va nuire à ton héritage »… Putain, est-ce que tu as perdu ta putain de tête ?? [ndlr : difficile de retranscrire une phrase avec quatre « fucking »…] Tu es sérieux ?? Tu es en train de me dire que tu te considères comme une putain de légende et que tu vas détruire ton pseudo-héritage… Arrête de déconner… Enfin bref, j’arrête de déblatérer, je pourrai disserter pendant des heures sur tout çà…
Qui ont été les musiciens avec lesquels tu as enregistré l’album ? Considèrerais-tu cela comme un groupe ?
Non, ce n’était pas du tout un groupe. Tous ces musiciens individuellement très talentueux ont été sélectionnés un par un par Harper Hug, Trevor Whatever et moi-même, spécifiquement pour chacune des chansons. Tom Brayton, le batteur-percussionniste a joué sur tout le disque, et pour l’anecdote, il a tout fait en deux jours ; il l’aurait même fait en un seul jour, mais c’est nous qui n’étions pas prêts ! Mais sinon, tous ces gens, à l’image de Robby Krieger, Nick Oliveri, Mark Diamond et Tom Brayton des Dwarves, Chris Hale et Damon Garrison de Slo Burn, Dave Angstrom et Dandy Brown de Hermano… – je ne t’en cite que quelques uns – sont des gens dont nous nous sommes entourés pour nous aider à créer cette vision que j’avais.
Tu as annoncé il y a quelques semaines à peine le nom des musiciens qui allaient t’accompagner en tournée. Peux-tu nous les présenter brièvement et nous dire comment tu les vois prendre place dans ton projet musical ?
Bien sûr : il s’agit de Greg Saenz à la batterie, Mike Pygmie à la basse et Ehren Groban à la guitare. Et j’espère bien qu’ils continueront avec moi après cette tournée, en tout cas c’est mon but. Ils habitent tous dans le désert comme moi, ils ont tous des parcours et des profils différents, ils ont tous joué dans plusieurs groupes auparavant. On a commencé à répéter et ça fait du bien d’avoir un groupe local ! Unida est mon seul autre groupe dont les musiciens habitent les uns près des autres. Les mecs d’Hermano sont éclatés dans tout le pays, et c’est pareil pour Vista Chino et Kyuss Lives !… Etre capable un jeudi soir ou un vendredi soir de se dire « j’ai un nouveau riff, allons jouer là-dessus et jammer » – « OK, j’amène le barbecue et on mange sur place »… C’est un super feeling.
Dans quelle situation est-ce que cela place tes autres projets, dont tu viens de parler ?
C’est un peu le côté doux-amer de la situation pour moi : cette tournée de Unida sera la dernière que je ferai avant… un bon moment.
Ca fait combien « un bon moment » ?
Un long moment, un très long moment. J’ai garé Vista Chino dans un garage, Hermano est aussi dans le garage, et Unida va bientôt y atterrir aussi.
Et est-ce qu’ils vont tous être dans le même « garage » ou bien l’un d’eux est susceptible d’en sortir plus tôt ?
Je ne me pose même pas la question.
C’est vraiment “John Garcia” en priorité.
Absolument. Je suis très satisfait de ma situation actuelle. J’aime être à la place du conducteur, je m’y sens bien. Tu sais, j’ai toujours voulu faire ça, et c’est génial, enfin ! Ahhhh, la liberté…
J’aimerais maintenant discuter de quatre chansons un peu spéciales de ton album, à commencer par “Rolling Stoned” dont tu nous as parlé précédemment. On peut imaginer que ton album était susceptible d’intéresser pas mal de musiciens renommés, et pourtant tu as choisi de faire une reprise d’un groupe canadien peu connu…
Le statut ne veut rien dire pour moi. Leur attitude, leur tempérament et leur comportement ne sont pas “cools”, et j’aime ça : ils sont vrais, ils sont normaux, on peut les toucher, on peut les approcher et leur parler. Ils ne font pas partie du petit monde “cool”, et moi non plus : je ne traîne pas backstage en me la jouant rockstar, parce que je n’en suis pas une et ils ont exactement le même type d’attitude. Je n’ai aucune envie d’être cool, et eux non plus : ils ont juste envie d’être des maris, des pères de famille, des amis… Ce sont des gens normaux ! Ils ont fait la première partie de Vista Chino au Canada, à Edmonton, et ils ont joué cette chanson “Rolling Stoned”. Je n’avais aucune idée de qui il s’agissait, je rentrais juste dans la salle à ce moment-là, et je me suis dit : “Holy shit ! Mais qui sont ces gars ? Je veux reprendre ce titre, je me fous de qui il s’agit, je veux reprendre cette chanson”. Je suis allé les voir après le concert et je leur ai dit : “Je n’ai jamais dit ça à personne d’autre de toute ma vie, mais je vous adore, j’aimerais que vous veniez dans le désert et j’aimerais m’impliquer dans votre prochain album”. Alors ils m’ont regardé et m’ont dit : “tu as probablement bu quelques verres de trop, va faire un tour et passe une bonne nuit”. Et le lendemain, je leur ai dit que je n’avais pas changé d’avis, et mieux encore : je voulais reprendre “Rolling Stoned”.
Parlons de “5 000 Miles” : tu connais Danko Jones depuis longtemps, tu as chanté sur plusieurs de ses chansons en studio, tu as chanté en live sur certains de ses concerts… Est-ce simplement un juste retour des choses que de le retrouver sur ton album ?
Mais quel honneur, vraiment, je suis un fan de Danko. C’est un ami, et un gars super. Quand “Sleep Is The Enemy” est sorti [ndlr : le troisième album de Danko Jones] et que j’ai fait cette chanson avec lui [ndlr : “Invisible”], il m’a emmené en tournée avec lui juste pour chanter cette chanson avec lui. Quant à “5000 Miles”, on parlait énormément ensemble, de relations : nous avions nos femmes, je venais d’avoir ma fille, nous échangions beaucoup sur tout ça. Et ça m’a rappelé l’émotion que l’on ressent lorsque l’on rentre de tournée pour retrouver sa famille. Par ailleurs, il a aussi enregistré les parties de guitare pour cette chanson, chez lui à Toronto. Mais c’était une super expérience, un honneur, quel mec super…
“All These Walls” est une sorte de nouvelle incarnation de “Cactus Jumper”, un titre un peu obscur de Slo Burn. Pourquoi avoir choisi de reprendre ce titre méconnu ?
Bien vu [Sourire]. Cette chanson me parle, plus que d’autres… Je ne sais pas pour quelle raison, je ne connais pas la formule qui fait qu’elle me touche au cœur plus que les autres, mais en tout cas elle est toujours sortie du lot pour moi, je l’ai toujours adorée. C’est un peu comme si je lui avais dit : “J’ai une idée te concernant : je vais te mettre de côté et je te ressortirai plus tard”. Ce n’est pas une nouvelle version améliorée, c’est juste une version différente.
En as-tu changé les paroles ? On dirait que tu l’as fait partiellement…
Tu as raison, je ne les ai pas toutes changées. Pour tout dire, j’ai retiré les parties qui contenaient des grossièretés, je voulais que l’album au global ait une certaine “tenue”, pour ne pas dire une certaine classe. J’ai donc changé quelques paroles et je lui ai donné un titre qui me parlait plus.
Le dernier titre dont je voulais parler bien sûr est “Her Bullets Energy”. Comment Bobby Krieger [ndlr : guitariste des Doors] s’est retrouvé dessus ?
La base c’est ça : j’ai toujours adoré les Doors. Tu sais quoi, je ne connais personne qui ne soit pas un fan des Doors, personne qui ne soit un jour venu me dire un truc du genre : “Tu sais quoi : je n’arrive vraiment pas à apprécier ce groupe”. Quand j’ai écrit cette chanson, en 1989, si quelqu’un m’avait dit alors: “Hey, quand tu auras quarante-trois ans tu enregistreras cette chanson et Bobby Krieger viendra jouer de la guitare flamenco dessus”, j’aurais répondu : “Tu as pété un plomb, t’es complètement cinglé !”. Il y a quelques mois, en écoutant cette chanson, ce sont mes producteurs qui m’ont fait la remarque : “J’imagine bien une guitare hispanique sur ce titre” – “J’aime bien cette idée Harper, mais qui connais-tu qui joue de la guitare hispanique ?” – “Et bien, il y a Robby Krieger par exemple” et j’ai répondu : “Arrête tes putains de connerie… Haha, ça serait bien hein, super, wouhou ! Bon, et sinon, sérieusement, t’as des noms ?”. [rires] Mais il m’a dit qu’il connaissait Robby, et a proposé de lui faire écouter la chanson, pour voir s’il l’aimait… Et la première pièce du puzzle était posée. La seconde pièce c’est quand on nous a dit qu’il aimait la chanson, et on s’est donc retrouvés dans son studio à Glendale [ndlr : en banlieue de Los Angeles] pour l’enregistrer…
Mais il ne joue pas toutes les guitares de cette chanson, qui joue le reste ?
C’est vrai. Monique Caravello et Dandy Brown ont tous les deux joué les parties de guitare acoustique sur cette chanson, tandis que Robby a fait toutes les parties solo sur la chanson : c’est comme s’il avait fait des soli et improvisé sur tout le long de la chanson. C’était un moment monumental d’être dans le studio avec lui pendant qu’il jouait ses parties…
Ca filait la chair de poule, j’imagine…
La chair de poule, tu parles : je me chiais littéralement dessus oui [rires] ! Et puis c’est un mec vraiment sympa. Je ne joue pas au golf, mais lui si, beaucoup, et on a parlé de golf bien plus qu’on n’a parlé de la chanson ! Étant donné que j’habite dans un coin où il y a plein de golfs, il vient souvent y jouer, en fait, c’est rigolo…
As-tu déjà réfléchi à quoi vont ressembler tes setlists sur la tournée à venir, quels morceaux tu vas jouer ?
Oui. Évidemment je vais jouer des morceaux issus de mon album, une large part de l’album même. C’est normal. Mais je voudrais rajeunir un peu le set… Par exemple, je voudrais y mettre du Slo Burn. On va aussi bien sûr jouer quelques titres de Kyuss, mais des chansons que ni Vista Chino, ni Kyuss Lives, n’ont jamais jouées, et que même Kyuss, à l’époque, a peu ou pas jouées : des chansons que j’aime et que les fans ont rarement entendues. “Thong Song”, “Gloria Lewis” et même des instrumentaux comme “800”… Des titres un peu en dehors même de ce que Kyuss avait l’habitude de jouer, des chansons auxquelles les gens ne s’attendent pas. Tu sais, j’adore toujours autant un bon vieux “Green Machine” et les autres… Donc on va bien jouer quelques classiques, mais on va aussi injecter pas mal de nouveautés.
|
|