Halfway To Gone – Second Season

Halfway To Gone - Second Season

Halfway To Gone fait partie de ces groupes de stoner rock qui rendent le genre si passionnant. Les composantes essentielles sont là et bien là, un mur de grattes graisseuses dégoulinantes de sueur, une voix rocailleuse à souhait (gageons que quelques hectolitres de houblon y ont laissé leur marque), ce sens du riff qui lamine le cerveau, des rythmiques plombées. Rien de neuf, mais que du bon là-dedans ! Et pourtant, Halfway se dégage de la masse des groupes “suiveurs” par une vraie volonté de varier les plaisirs, les sonorités, de pimenter leur stoner rock par des plans atmosphériques (“Tryptophan”, “Black Coffy”), ou des embardées sudistes du meilleur aloi (“Brocktoon’s wake”, “Whiskey Train”), le tout servi par quelques morceaux instrumentaux groovy à souhait. On ne peut s’empêcher de les rapprocher des excellents Alabama Thunderpussy, voire de leurs potes des Dixie Witch (sacrée comparaison quand même !). La musique, réduite à sa plus simple expression au niveau “instrumental” (le propre d’un power trio qui fonctionne : basse, guitare, batterie – ce devrait être la recette magique de tout combo qui se respecte, pas de foritures !), ne lasse donc jamais l’auditeur, qui peut se manger encore et encore les riffs atomiques de “Great American Scumbag” ou de “Already Gone” avec toujours le même impact. Une bien belle performance, donc, et une vraie bonne surprise que ce skeud !

Hogwash – Fungus Fantasia

Hogwash - Fungus Fantasia

Selon l’expression consacrée, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Une formule toute faite pour justifier la chronique de ce disque sorti il y a près de trois ans maintenant. Que l’on se rassure, il est toujours d’actualité. Autant par le son, la qualité des compositions que par sa valeur historique (en tant que préfiguration du déferlement homérique que connaît actuellement l’Italie en matière de stoner rock). La participation de Hogwash à « Cookery Course » (cf. # 10) et à « Stone Deaf Forever » (cf. ces colonnes) réactualise l’intérêt que l’on pourrait porter au groupe, avec une réserve cependant. Les titres judicieusement et parcimonieusement égrenés de ci, de là, restent quelquefois peu représentatifs du tempérament d’un groupe. Surtout lorsque celui-ci présente plusieurs facettes comme Hogwash. Trompé, je l’ai été. Tout simplement car le groupe présente sur cet album un éventail relativement large de son talent qui va de la Motörpsycho pop au Kyuss groove rock. Joli programme non ? Un disque très long. 70 minutes. 14 morceaux qui oscillent entre les deux influences citées précédemment et qui, quelquefois, les associent. C’est d’ailleurs lorsque l’alliage se fait qu’Hogwash parvient à l’excellence. Un titre comme « Willie the rebel » en est probablement l’exemple le plus représentatif. Démarrage à la Kyuss les bras dans le cambouis. Développement du thème pendant trois minutes. Dérapage remarquablement bien contrôlé pour les trois minutes suivantes. Re-démarrage en direction d’une ambiance plus relax, avec percussions et guitares planantes à la mode Earthlings ? Sublime. Les trois petits gars utilisent avec bonheur percussions-maison, cloches, mandolines et autres synthés en plus des instruments traditionnels du stoner rock. Les morceaux heavy sont évidemment plus dépouillés mais les riffs qu’aligne le groupe restent d’une efficacité incroyable. A l’instar de Motörpsycho, les morceaux de facture plus pop sont souvent très beaux mais à mon goût plus rapidement lassants. « Fungus Fantasia » prend clairement le parti d’un monde multiple et diversifié à l’image de la pochette. A ce titre, il nous donne à entendre l’énorme potentiel de ce groupe italien (l’Italie bientôt une marque de fabrique ?). Reste à savoir s’ils entendent se diriger dans une direction plutôt qu’une autre où alors s’ils tenteront de préserver cet espace de fantaisie qui les animait lors de l’enregistrement de ce premier album.

Burning Witch – Crippled Lucifer

Burning Witch - Crippled Lucifer

Burning Witch est une pièce de l’histoire de la musique. L’équivalent doom de Kyuss. Non pas qu’il furent les instigateurs du genre (encore que… d’un certain type de massacre sonore, si) mais furent aussi peu adulés que les Californiens. Ce n’est bien après que leurs deux EP’s, tout d’abord sortis en vinyles puis réunis dans la compilation répondant au nom de Crippled Lucifer, furent épuisés et disparurent de la circulation, bien après le split du groupe, que ce nom évocateur déchaîna les hordes d’amateurs de musique lourde. Il s’agit sans doute d’un des CDs qui s’est vendu le plus souvent, à des prix exorbitants, sur la machine à engranger les bénéfices qu’est Ebay. Et c’est après des années de réclamations hurlées par une nuée de fans grandissant au fil des années et maintes fois repoussée (annoncée depuis janvier 2006) qu’est enfin parue cette quasi-intégrale de ce groupe aujourd’hui quasi mythique. Quasi, parce qu’il existe toujours des morceaux au stade de démo que les frangins chevelus de Southern Lord gardent au frais, pour une éventuelle réédition, dans 10 ans de plus, afin d’assurer leurs vieux jours. On ne peut pas leur reprocher tant l’hystérie provoquée par cette œuvre se justifie lors de son écoute.

Crippled Lucifer est scindée en deux sessions, plus un live agrémenté des versions démo de certains titres. Je vous ne cacherai pas que ma préférence va à la session ‘Rift Canyon Dreams’, seconde du nom, enregistré par Steve Albini lui-même (oui oui), qui réunit enfin les morceaux de l’ep au titre inédit jusqu’alors, sauf pour les heureux possesseurs comme moi du split Asva/Burning Witch, où l’on retrouve l’intégralité du line-up de cette session plus Dylan Carlson de Earth. Bref.
Le son y est juste monstrueux (et nous sommes encore dans les 90’s), O’Malley pratiquant déjà l’amplifier worship, le Sunn worship d’ailleurs. Musicalement, les influences black metal, Celtic Frostiennes et Sabbathiennes fusionnent pour un résultat tonitruant. Les riffs sont hargneux, pesant, entrecoupés de phases planantes granuleuses, prémisses de l’expérience drone ‘Sunn o)))’ qui naîtra la même année. Mais ce qui rend Burning Witch unique et mémorable, encore aujourd’hui, c’est le chant de Edgy59, Edgy pour les intimes. Tour à tour hystérique ou mélodieux, le chanteur ne laisse pas indifférent. Le psychédélisme se marie à la hargne viscérale du black metal et nous laisse nous interroger sur l’état de santé du vocaliste (impression apparemment fondée) qui frôle la schizophrénie. Le dernier morceau (du split Asva/BW donc) en est la parfaite illustration/ long chemin de croix quasi drone, les invocations se font caverneuses et mystiques, nous ne savons plus vraiment dans quelle sphère musicale nous errons.
‘Towers’ est le premier enregistrement du groupe et si l’on retrouve toutes les caractéristiques évoquées précédemment, comme les passages schizophrènes, les accélérations ‘nordiques’, les coups de boutoirs et la voix de dégénéré d’Edgy, le son, tout aussi imposant perd en précision et le malaise à son écoute perd en incisivité, la précision chirurgicale des riffs d’O’Malley étant l’excellent compagnon de la voix pour vriller nos bulbes rachidiens.

10 ans après sa sortie, 10 ans après les faits, il est plus qu’évident et indispensable d’écrire que ‘Crippled Lucifer’ est un monument de la musique lourde. Rien de moins.

Mondo Generator – Use once and destroy me

Mondo Generator - Use once and destroy me

“Use once and destroy me”, voila bien un titre prémonitoire pour un dvd qui ne servira qu’une fois. Soyons franc, tout dans ce dvd est mauvais.
Si je vous dis que 19 des 20 titres présents sur ce dvd sont filmés avec une seule caméra, allez vous le croire? Certaines prises de vues sont même faites depuis le public. Ça bouge, c’est mal cadré, ça tremble, c’est sombre, c’est trop clair… je continue?
Puisque la vidéo est mauvaise, autant utiliser le son qui va avec. Et bien oui, pourquoi faire un enregistrement professionnel lorsque l’on peut faire un travail d’amateur débutant? Ça gresille, ça sature, c’est inaudible, c’est pas synchro avec la video… je continue?
Du côté de l’interactivité c’est plus propre. Forcement, lorsque l’on fait des menus statiques sans même un fond sonore, on ne prend pas de risque.
Bref, à vouloir faire trop authentique, on en finit pas faire un produit médiocre.

Throttlerod – Pig Charmer

Throttlerod - Pig Charmer

Les parents du petit Throttlerod devaient être une belle paire de gros bourrins. Dans tous les cas, au vu du résultat bien dégénéré du rejeton, je soupçonne monsieur et madame de partager des liens étroits, du genre la même maman, si vous voyez ce que je veux dire. Parce que la musique de ces cinglés n’est pas très belle à voir : son de basse ultra-saturé, batterie sèche et lourde, le tout baigné sous une avalanche de guitares tout à tour ulra grasses et acérées comme des shrapnels. Imaginez un peu le croisement improbable de Mastodon, Mustasch, Bongzilla et Meshuggah (décidément, la génétique nous réserve des surprises…).

“Pig Charmer” (tout un programme dans le titre de l’album !) est donc à réserver aux amateurs de gros metal. Ils y trouveront un album furieux, certes un peu violent, mais aux compos très travaillées, pour un résultat d’une efficacité remarquable. Le groupe, encore une fois, se renouvelle et prend un virage plus poussé hors de sentiers battus d’un stoner qui pourrait se mordre la queue. Le groove teinté sudiste de Matt Whitehead porte encore cette galette vers des contrées malsaines mais intéressantes. Un album que l’on sent, comme ses prédécesseurs, sur une voie de consécration, une pierre de plus vers un album référentiel… qui ne saurait tarder ! Dans l’absolu, un bon disque.

Antler – Nothing that a bullet couldn’t cure

Antler - Nothing that a bullet couldnt cure

Décidément, Small Stone (qui peu à peu devient l’un de mes labels préférés !) est en plein trip “revival”, avec récemment la sortie de Brought Low, et là de Antler, 2 combos aux racines musicales solidement plantées dans le terreau 70’s.

Je n’ai pas envie de passer des heures sur cette chronique, et pourtant le disque le mériterait. La sincérité, le talent qui se dégage de cette musique force l’admiration et le sourire. Ces mélodies sont si bien ficelées, ces arrangements si audacieux (chœurs, orgue, piano, etc…), que la musique qui en découle nous met dans un bain oldies savoureux. Le tout baigne dans une prod moderne, pêchue, qui donne tout le relief nécessaire aux chansons du sextette.

11 titres se succèdent ainsi, alternant entre influences des Allman Brothers, Lynyrd Skynyrd (3 membres de Roadsaw figurent au line up, ça explique pas mal de choses), du gros classic rock ricain qui fait mouche, le tout sur des compos qui vont droit à l’essentiel (il y a des titres parfaitement construits qui ne dépassent pas les 3 minutes !).

Bref, ce disque est un petit bijou, un travail de passionnés de grand talent, à recommander.

Samsara Blues Experiment – Long Distance Trip

Samsara Blues Experiment - Long Distance Trip

Après avoir écumé toute l’Europe et la Côte Est du pays de Barack, le quatuor de Berlin sort sa première ‘vraie’ production. En effet, bien qu’actif depuis un bail, notamment avec Terraplane, Christian et ses collègues n’avaient jusqu’alors sorti qu’une bonne démo (chroniquée dans nos pages) et aligné deux titres sur deux compilations (‘Berliner Ring 2’ et ‘Droned Earth 16’). Autant dire que nous attendions ces lascars au tournant et ‘Long Distance Trip’ remet les compteurs à l’heure.
Dans la plus pure tradition de la vague actuelle de rock psychédélique à la sauce teutonne, Samsara Blues Experiment devrait faire un malheur auprès des inconditionnels de Colour Haze ou de My Sleeping Karma. On navigue avec eux dans une galaxie à la fois aérienne et barrée. Les fans de Sleep peuvent se réjouir : le dernier titre de l’album s’étale sur plus de vingt-deux minutes.
Dépassant allégrement un tour d’horloge, cette galette aligne six plages variées qui ont toutes en commun de grosses influences psychédéliques seventies et des structures alambiquées. Tout débute ici avec un long titre lancinant qui pourrait être l’improbable résultat du remplacement de David Gilmour par Jimi Hendrix dans le Pink Floyd des temps jadis : treize minutes de rock aérien (et un peu grailleux) en support de gros délires à la guitare qui éclipsent presque les rares parties déclamées. S’ensuit le meilleur titre à mon goût : ‘Army Of Ignorance’ ; c’est aussi l’un des plus brefs. Cette plage ne laisse aucune place aux voix et on tape dans le heavy rock à la Dozer. Une tuerie rapide qui blaste et entraine ma tête dans une bonne grosse danse de la nuque. Pour terminer le trio du début on passe à ‘For The Lost Souls’ : une composition de presque dix minutes qui débute dans le style psychédélique soft et va ensuite se perdre du côté débridé de la force avec un apport de synthé au son désuet qui apporte une touche bien kiffante.
‘Center Of The Sun’ évolue dans un registre assez semblable à la plage précédente avec quelques minutes de plus et des vocaux plus appuyés qui tapent dans un registre plus halluciné. Une plage bien foutue qui met en avant le travail réalisé par Richard Behrens et le groupe au Big Snuff Studio de Berlin. S’ensuivent quatre minutes acoustiques avec ‘Wheel Of Life’ qui vient nous préparer à l’apothéose de cette plaque : ‘Double Freedom’. Un titre d’une longueur insolente où la formation classique de stoner rock s’adjoint les services d’une sitar dans ses passages apaisés et où tout ce joyeux monde envoie du lourd de concert lors de gros délires barrés flirtant de très près avec le doom.
Un petit délice pour les fans de gros sons bien délirants avec un format à des années lumières des trois minutes chrono que nous servent quotidiennement les vassaux de l’industrie du disque dans leurs médias aseptisés.

Causa Sui – Causa Sui

Causa Sui - Causa Sui

En guise d’intro, un déluge sonore qui fait la part belle aux larsens et fracassements de cymbales, le tout ponctué d’un cri primal qu’on avait plus entendu depuis Iggy sur « T.V Eye ». Ca sent le souffre, l’adrénaline pure, la rage adolescente à peine canalisée. Le morceau s’appelle « Ventura Freeway » et effectivement, çà trace sec, laissant sur le bord de la route toute velléité de nuancer le propos. Les nuances, c’est pour plus tard. Pour le moment, il n’est question que de riffs sauvages, de solos incendiaires et de vocaux cramés. Le rock’n’roll peut encore être dangereux en 2006, ces quatre danois le démontrent avec brio.Alors que les percus hypnotiques qui introduisent « Where The Streams Collide » pourraient laisser penser que la grosse baffe assénée en guise d’ouverture n’était qu’un feu de paille, les guitares déboullent en force pour vous en remettre plein la tronche. Et on en redemande. Et ils ne se feront pas prier longtemps pour se laisser aller à quelques instincts primaires.Soyons présomptueux. Avec ce premier album, Causa Sui reprend les choses là où Monster Magnet les avait laissées avec « Spine of God ». Ni plus ni moins. Tout comme la bande à Wyndorf, ils remettent l’acid-rock et le psychédélisme au goût du jour sans néanmoins partir aussi loin dans les délires cosmiques. Et si on parle de psychédélisme, n’allez pas penser au patchouli, à l’encens et à toutes ces conneries de hippies. Vous trouverez bien un peu de sitar ou quelques percus mais leur truc, c’est surtout le son de guitare bien gras qui évoque plus le ronronnement d’une Harley en vitesse de croisière que les promenades en sandales dans les champs de fleurs. Ce qui n’empêche pas les compos hyper-soignées exécutées avec une maîtrise irréprochable. Et puis ces mecs n’ont peur de rien. Ni de faire un morceau soutenu par un harmonica survolté, ni de pondre des titres de plus de 12 minutes pendant lesquels on ne s’emmerde jamais grâce à leur talent pour monter lentement en puissance avant d’exploser à coups de riffs libérateurs. Seul « Workings of the Great Blue Swells » qui clôt l’album pourrait vous inciter à imiter Morrison dans sa célèbre danse de shaman complètement allumé, mais la plupart du temps, les passages calmes (entendez par-là ceux plus propice à la consommation de substances hallucinogènes) ne sont que prétexte à mettre en valeur la déflagration sonore qui suit. Il n’y a que sept morceaux sur cet album mais c’est largement suffisant pour convaincre que l’on tient là un groupe au potentiel énorme. Un must. Foncez.

The Sick – …And The Hell With It !

The Sick - ...And The Hell With It !

Pendant leur temps libre, le guitariste et le batteur de Dozer s’entourent de deux copains pour faire du punk rock qui va vite. Il y a incontestablement du Hellacopters, du Turbonegro, du Dwarves, du Zeke et du Backyard Babies première période là-dedans. Expérience qui mérite d’être saluée pour trois raisons au moins. La première, c’est qu’il est toujours réjouissant de voir et d’entendre que des gars peuvent se dégager d’un style pour aller en visiter un autre, avec brio qui plus est. La seconde, c’est que ces suédois là semblent vraiment être des bourreaux de travail. La troisième, c’est qu’en regard des deux premières raisons, ces mecs là apparaissent vraiment comme de graves fondus de rock’n’roll. En somme, l’illustration parfaite que la spontanéité rock’n’roll peut perforer le rigorisme protestant. Et inversement. Dans tous les cas, y a des résultats. Belle leçon.

Queens Of The Stone Age – Queens Of The Stone Age

Queens Of The Stone Age - Queens Of The Stone Age

Kyuss est mort.
‘Des cendres de Kyuss est né Queens Of The Stone Age’, voilà ce qui était inscrit sur le sticker accompagnant ce premier album du nouveau groupe de Josh Homme, Nick Oliveri et Alfredo Hernandez. On s’attendait donc de la part du combo à des riffs accrocheurs et à une rythmique implacable, un peu dans la veine de leur ancien groupe. Pourtant, dès l’entame de Regular John, c’est la surprise totale. Certes, riffs et rythmiques sont au rendez-vous, mais on ne peut s’empêcher de rester bouche bée.
Tout d’abord, la musique de QOTSA est à des années lumières de celle jouée par Kyuss. De son ancien groupe, Homme a gardé le côté « aérien » et « expérimental » et s’est débarrassé du côté heavy. Et force est d’avouer que le résultat est vraiment convaincant. Ajoutez à cela une deuxième surprise de taille, le joli brin de voix de Josh Homme qui bluffe tout son monde et prouve qu’il n’est pas qu’un guitariste/compositeur d’exception, et vous obtenez un disque essentiel, pas vraiment stoner mais envoûtant de bout en bout.
En seulement 11 titres, QOTSA révolutionne la musique rock et à coup de titres plus grandioses les uns que les autres. Que ce soit le très robotique ‘You Would Know’, le catchy ‘Regular John’, l’impressionnant instrumental ‘Hispanic Impressions’ ou le furieux ‘How To Handle A Rope’, l’auditeur est ébahi par tant de maîtrise. On frise même le génie sur ‘Mexicola’, et son intro de basse particulièrement intense, et sur le lancinant et magnifique ‘You Can’t Quit Me Baby’ (sans doute deux des meilleurs titres du groupe).
Au même titre que Sky Valley, cet album est une bible, qui, malgré une diversité musicale évidente n’en garde pas moins une véritable cohésion. C’est riche, vivant, et diablement bien écrit. Bref, des disques comme ça, on en redemande. Mais comme ça ne court pas les rues, on n’a pour seule solution que de se le repasser en boucle.
God save the Queens.

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Mise à jour 2011 pour la remasterisation.

Nous sommes en 2011, voilà bien plus d’une décennie que le premier album des Queens of the Stone Age est sorti. Man’s Ruin n’existe plus depuis bien longtemps et les contrats avec Loosegroove (pour les USA) et Roadrunner (pour l’Europe) sont terminés depuis des années. Du coup, après avoir vendu des cartons entiers de Songs for the Deaf, la demande des fans à la recherche de la version vinyle et/ou cd du premier album (contraints de l’acheter à prix d’or sur le marché de l’occasion) est trop forte, il faut faire quelque chose. Voilà ce qu’on appelle une occasion idéale de se lancer dans une réédition et, l’opportunité ne se représentant pas toujours, pourquoi ne pas en profiter pour faire une remasterisation de l’album. Alors qu’en est-il de cette nouvelle version ? Tout dépend de quel côté on se place.

Supposons que vous possédiez déjà l’album.
Dans ce cas, soyons clair, cette remasterisation n’apporte pas une plus value suffisamment intéressante pour investir les quelques euros demandés. Certes il y a les titres bonus, mais il ne s’agit là de rien d’inédit et ma foi, si vous avez déjà le premier album en cd (ou vinyle) peut être possédez vous aussi les splits avec Kyuss et Beaver. Et si ce n’est pas le cas, à vous de voir, les titres bonus ne sont pas non plus les meilleurs du groupe.
Il faut dire que, contrairement à un paquet de premiers albums qui mériteraient bien une bonne petite remasterisation, le premier effort des Qotsa avait déjà un pur son, une identité propre, un peu crade mais pas trop. Le genre de son assez authentique sans trop faire garage ou amateur. Alors oui, cette remasterisation apporte quelques petites choses. L’ensemble est plus clair, chaque instrument se détache un peu mieux, on trouve quelques effets (un peu de reverb par ci par là) mais ce n’est pas non plus une révolution.

Supposons maintenant que vous ne possédiez pas encore l’album.
Là, je dirai que la question ne se pose même pas. Avec ou sans remasterisation, cet album est une pure merveille de bout en bout. C’est l’un des pierres fondatrices du stoner (au sens large). La remasterisation ne trahit en rien l’esprit de l’album, elle ne le change que très peu. On peut même se dire que c’est le produit que Josh Homme aurait voulu sortir s’il avait eu plus de moyens et de temps à l’époque. Donc plutôt que de dépenser une fortune pour obtenir la première version, croyez moi sur parole, celle-ci est largement à la hauteur, n’hésitez pas une seule seconde.

El Caco – Solid Rest

El Caco - Solid Rest

Chronique un peu tardive pour le second album d’El Caco, mais avant de chroniquer leur dernière production, il m’a semblé intéressant de faire un léger retour arrière vers 2003.

Seconde galette des norvégiens d’El Caco, donc, difficilement “accessible” (VPC obligatoire pour la commander, et encore !), et… légère déception. Le groupe avait fait montre sur “Viva” d’une variété de genres et d’une maîtrise impressionnantes pour un groupe “tout” jeune (il est rare detrouver telle qualité sur le premier album d’un groupe). Passé cet effet de surprise, que reste-t-il ? Ben en gros, la même chose… mais sans l’effet de surprise !

Ben ouais, El Caco assure toujours autant, la gratte démonte tout sur son passage, le chant est varié et puissant (un peu trop bourrin sur “Marionette”…), et les compos sont excellentes : encore une fois un album rempli de chansons accrocheuses, remarquablement écrites. La variété de genres abordés (et maîtrisés) laisse là aussi pantois. Une constatation cependant : l’affiliation stoner se perd peu à peu au profit du metal “moderne”… Le son quant à lui est parfait, avec la prod de Daniel Bergstrand (oui ZE Daniel Bergstrand !), là encore rien à dire.

Mais bon, pourquoi dans ce cas est-ce que l’on reste un peu sur sa faim ? Cet album est largement meilleur que la plupart des sorties de 2003/2004, mais j’en attendais plus… J’attendais d’être épaté à nouveau, j’attendais un renouvellement spectaculaire (un peu bête de ma part, après un seul album…)…

Etrange (et paradoxal) d’être déçu par un si bon album… Je touche du bois pour le prochain.

Hidden Hand (The) – The Resurrection of Whiskey Foote

Hidden Hand (The) - The Resurrection of Whiskey Foote

S’il y a des valeurs sûres dans le stoner, Wino les écrase toutes. S’il y a des icônes parmi les musiciens attachés au genre, il les balaie tous d’un revers de main. Le père Weinreich déboule donc avec la nouvelle galette de son énième bébé, The Hidden Hand.

Et tout comme toute valeur sûre, il n’y a pas de changement radical à attendre, même après plusieurs écoutes. C’est du Hidden Hand tout craché, à savoir l’une des incarnations les plus solides, les plus franches du collier, parmi les quelles Wino a posé ses guêtres. Power trio rafraîchissant, Hidden Hand propose un stoner tendances heavy et doom, sans jamais se vautrer complètement dans un seul genre. On rencontre au gré de l’album des plages pur stoner, d’autres très doomesques, mais toujours le groupe rebondit où on ne l’attend pas. Plus étonnante dans ce contexte est l’impression de cohérence musicale, d’homogénéité qui se dégage de cet album. On passe d’un doom classieux et “accessible”, lent, pâteux, grassouillet (“Someday soon”), à des titres plus directs, tranchants, riff-based (“The lesson”, “Lightning Hill”), et excellant surtout dans ces mid-tempos percutants, marque de fabrique du groupe, tels le morceau titre “The resurrection of Whiskey Foote”. Et quelle que soit la tendance musicale que semble suivre un morceau, on est toujours marqué par l’aspect rêche, torturé des compos, et ce chant hanté, vociféré parfois, que ce soit par Wino ou le bassiste Bruce Falkinburg.

The Hidden Hand propose ainsi une bonne poignée de titres faisant honneur au genre, riffus en diable, lourds, percutants, en y ajoutant (et c’est sans doute cela qui distingue ce groupe de tous ceux que Wino a préalablement dirigés) ce “southern groove”, probablement lié au rattachement du groupe (le Maryland) : riffs graisseux sertis par une basse ronflante, des couches de sludge, quelques passages d’harmonica parfaitement bien sentis, on ne s’y trompe pas. Du tout bon, il n’y a pas mensonge sur la marchandise. A mon avis le meilleur album de The Hidden Hand (et j’avais adoré les deux précédents !).

Valis – Champions Of Magic

Valis - Champions Of Magic

Pour quelle raison n’ais-je jamais vraiment jeté une oreille à Valis, mystère. Je sais pas, une aura étrange rattachée à un groupe que je pensais plus probable de trouver dans les colonnes un peu “prétentieuses” d’un Elegy ou autre mag gothico-élitiste. Les a priori, hein, allez comprendre…
Peut-être aussi le fait que l’arrière garde du grunge de Seattle se retrouve dans l’ombre de ce groupe/projet bien particulier, à l’image de son leader Von Conner, ancien Screaming Trees, qui embauche son frangin et débauche des ex (?) TAD ou Mudhoney. Que Valis, dans ces conditions, ne verse pas une seule seconde dans le grunge, même de qualité, est la première surprise de cet album.
La seconde c’est bien la qualité des chansons, des compositions d’une richesse remarquable, variées, originales. On va pas tous les citer non plus, mais on peut quand même mentionner “Universe” avec ses lancinants licks de gratte et son riff impeccable, le très étonnant “Pass me by”, éhontément popisant, mais redoutablement efficace et honnête, “Kill the ones you love” avec son envolée épique à la fin, groovy en diable, une véritable machine à taper du pied.
Musicalement, c’est du “space stoner” du meilleur aloi, un peu comme du Nebula-meets-Orange Goblin, sans les penchants doom. Ici tout est aérien, la cymbale est à la fête, les vocaux sont gavés d’effets (un peu trop, c’est le seul point un peu faible de ce combo à mon avis). La prod est impeccable, remplie d’effets sonores tout à fait ingénieux et bienvenus, discrets mais efficaces (comme les grésillements “spatiaux” derrière “Kill the ones” ou les maracas sur “Love loader”), et le son de guitare est quant à lui impeccable, travaillé au scalpel, un véritable travail d’orfèvre du son.
Champions Of Magic est en réalité originellement un EP sorti en 2005 blindé par Small Stone de nouveaux morceaux (15 chansons quand même !!), qui se révèle (en ce qui me concerne) être un formidable pied à l’étrier pour découvrir cet excellent groupe.

Giant Brain – Thorn of Thrones

Giant Brain - Thorn of Thrones

Sur un label qui se démarque par l’homogénéité de ses sorties (en gros : du gros, du lourd, du massif), Giant Brain fait office d’intrus. Leur album précédent se targuait de “krautrock”, un qualificatif partiellement adapté pour un groupe de gros rock bien charpenté qui baignait dans un gros bain électro, sans pour autant verser dans le pur indus.

Giant Brain semble avoir mûri dans cette voie : ils proposent cette fois un vrai album (presque 2 fois plus de chansons, plus courtes, moins “barrées”), avec en revanche une plus grande diversité de “genres”, ou tout du moins de sonorités. Batterie et boîte à rythmes se mélangent, guitares et samples “indus”, guitare sèche, ça part un peu dans tous les sens. Mais si ce manque de ‘ligne directrice” ne vous perturbe pas, vous êtes parti pour déguster quelques bonnes rasades de rock, et du groove à revendre.

Au final c’est plutôt bien fait, et ça s’écoute avec un réel plaisir, pour peu qu’on soit ouvert d’esprit. En gros c’est le disque idéal pour tout fan de stoner ET d’électro. Malheureusement, ce public existe-t-il seulement ? Et si oui, entendra-t-il parler de ce groupe qui lui tend les bras ? Pour un public de niche, donc : à réserver à un public averti !

Alabama Thunderpussy – River City Revival

Alabama Thunderpussy - River City Revival

Mon premier contact avec Alabama Thunderpussy a été laborieux, je dois le reconnaître, et c’est donc avec d’autant plus de force que j’invite les plus grand amateurs de bonne musique à faire “l’effort” nécessaire pour les apprécier comme ils le méritent.Je me suis donc mis à écouter River City Revival un peu “forcé”, pour me préparer à les voir en concert en 2001, et les interviewer… Leur connection au stoner, à l’époque, ne me semblait pas évidente (hormis leur filiation à Man’s Ruin). Le chant est violent, les guitares surpuissantes… Les premières écoutes furent donc surprenantes, mais petit à petit j’ai commencé à “voir” (Allelujah mes frères !). Ces riffs qui “tournent” sans fin, ces plages instrumentales enlevées, cette basse groovy… Et les chansons de cet album ont commencé à me paraître familières : les compositions sont complexes (ah si, écoutez bien, ce sont de vrais bons musiciens !) et pourtant accrocheuses. Le chant de Throckmorton (un peu en retrait dans le mix, pour mieux mettre en avant l’armée de guitares, voir “Mosquito”) manquait peut-être encore à l’époque de diversité, mais transpire la puissance, la chaleur et la sincérité. Le duo de guitaristes est remarquable, enchaîne rythmiques, soli, passages “aériens” (acoustiques ou pas) avec aisance et efficacité…Au moment de choisir un morceau “emblématique”, marquant, on est un peu ennuyé : l’album est d’une homogénéité remarquable, montrant encore plus l’image d’un groupe à l’identité affirmée. On peut parler de “Dryspell” (sans doute le plus puissant) ou encore de “Own worst enemy” (sans doute la plus “stoner”…), mais franchement, cet album ne débande pas du début à la fin ! A noter la sympathique reprise de “Rockin’ is my business” des excellents Four Horsemen (les vrais, pas Metallica !). Leur meilleur album à ce jour est certainement Staring At The Divine (à mon goût), mais River City Revival est assurément l’album de la révélation. Il se doit donc de figurer dans toute discothèque qui se respecte…

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